[ Clos ] Le naufrage d'une pirate [solo]

[Eeva Slanzar]

Le combat avait rapidement été mené. Eeva n’avait fait preuve d’aucune pitié face à la jeune dresseuse, ni même d’aucune des qualités dignes d’un Champion, car, depuis sont retour d’Arkan, la femme était d’une humeur exécrable. Et depuis, elle écrasait ceux qui venaient la défier avec une méchanceté jamais connue chez ce qui était sensé être un exemple de dressage et de respect des pokémons. Sauf qu’Eeva était bien loin de l’être… Et la rousse n’avait pas été méchante et blessante qu’avec les jeunes dresseurs en quête de victoire, mais avec ses propres pokémons… Elle était violente même, pas physiquement, mais elle ne supportait plus le caractère de plus en plus intenable de la Farfuret, qui le lui rendait bien. Les deux étaient en conflit permanant. Au point que la Farfuret faisait parfois mine d’attaquer. La jeune dresseuse qui lui faisait face partit, son Tylton dans les bras après que son poney de feu n’ai fait fondre une bonne partie de l’Arène. Eeva l’avait écrasée. La première manche s’était disputée entre un Evoli et la Givrali d’Eeva. Le renard roux semblait doué et très obéissant, mais sont niveau n’était pas suffisant et puis, combattre en étant gelé n’était pas très facile n’est-ce pas ? Cette manche avait donc été remportée sans aucune difficulté par la Championne et la deuxième avait appelé un Nidoran. Celui-ci s’était montré particulièrement combatif mais la Farfuret qui avait surgit de nulle part, sans que l’on ne lui demande rien, l’avait mit K.O en deux attaques successives. Le Ponyta s’était retrouvé en face du Lokhlass. Malheureusement, tout était loin d’être aussi simple. La Givrali n’avait pas montré le meilleur d’elle-même et la géante des eaux de glace avait refusé de combattre, entrainant sa disqualification, malgré les ordres de sa dresseuse, elle s’était enfoncé au fond du bassin et n’était pas reparue. Pendant que le Ponyta se déchainait sur la banquise, la Farfuret était retournée au combat contre l’avis d’Eeva, ce qui lui avait valut une correction sévère. Et puis le Tylton, sortit par curiosité et non pour combattre, s’était fait agressé par la furet sans raison apparente, si ce n’était qu’il n’était pas d’accord avec son comportement excessif en duel et l’avait fait savoir. En bref, le duel avait dérivé au n’importe quoi ou Eeva avait écrasé son adversaire comme un moucheron malgré tout. Et à vrai dire, elle ne tenait d’aucune importance dans lequel ses pokémons avaient défigurés ceux de son adversaire. Le dernier pokémon sitôt mit à terre, Eeva avait quitté la salle, laissant en plan la jeune Anthère. Ou un nom comme ça, enfin, peu importe… Que la gamine ait été scandalisé ou quoi lui était égal. Eeva passa le reste de la journée sans se préoccuper de ses pokémons et alla sur la banquise.

Le froid était mordant, mais Eeva serrait les dents. Elle était furieuse. Furieuse que ces imbéciles de tortionnaires, ceux qui avaient gâché sont enfance s’en soient aussi bien sortis en mourant paisiblement, elle aurait mille fois préféré les assassiner. Les choses étaient bien plus simples quand elle était pirate. En ce temps là, il n’y avait aucune conssession. Revenir ici n’était qu’une mauvaise idée et d’ailleurs comment avait-elle eu la sottise de croire qu’elle arriverait a quoique ce soit avec cette bande de pèlerin des glaces ? eux qui passaient leur journée devant une cheminée à l’auberge en se racontant les vieilles histoires d’antant ! Eeva, sous sa cape de fourrure, avait ressortit son vieux sabre. Elle passait ses nerfs sur la glace, frappant les blocs d’eaux solides, aussi fort que le lui permettaient ses muscles. Elle passait sa rage dessus, détachant des morceaux de glace à chaques coups. Elle savait toujours tenir un sabre, mais elle ne pouvait nier qu’elle en avait perdu la maitrise. Ses coups n’étaient plus si précis,, moins techniques, moins puissants… Et pour cause… Combien cela faisait-il de temps qu’elle était ainsi, à jouer les Championne chaque jour durant ? Eeva réfléchissait. Environ six mois… Six mois !  Pas étonnant qu’elle ne se soit ramollie, tant de temps sans brandir un sabre, elle avait pratiquement oublié comment on coupait une gorge ! Les grands raids lui manquaient, et la navigation aussi. Elle n’aurait tout simplement jamais dû revenir ici de cette façon, il aurait été plus simple et satisfaisant de mettre la ville à feu et à sang, tout bonnement… Elle était pirate, pas diplomate ! Pour finir, dans un grand coup d’estoc mal placé, la lame du sabre déjà édenté se brisa et l’extrémité libre se logea dans le bras d’Eeva. Elle maudit son sabre et retira de son bras le métal. Ses pupilles exprimèrent la douleur qu’elle refusa d’avouer et elle jeta le sabre aussi loin que possible dans les eaux polaires du nord. La lame survola un instant la banquise, avant d’entamer une chute dans l’océan et finir par couler. Mais la rousse n’en était pas moins furieuse. Le crépuscule tomba sur le pôle nord, plongeant la région dans d’étranges lueurs ondulantes vertes. Mais Eeva s’en foutait et rentra furibonde. L’Arène était fermée depuis longtemps et l’arbitre était partit. De toute façon, sans elle, il ne pouvait y avoir de match… Elle hurla après ses pokémons, leur ordonnant de venir immédiatement. Elle avait des choses à régler, avec eux et ailleurs et entendait bien mettre les choses au point. Mais rien ne vint et aucun d’eux ne répondit. Seule la Givrali montra le bout de la truffe, mais la bouda et resta dans son coin. De nouveaux, Eeva hurla après les deux autres, mais toujours aucune réponse. Décidée, elle alla elle-même les chercher, alors qu’elle se trouvait dans une arrière salle, l’arène en elle-même n’étant réservée qu’aux matches.

Et quelle ne fut pas sa surprise. Eeva découvrit dans l’un des murs un trou béant.. L’air du dehors s’y engouffrait, ayant fait baisser la température de manière vertigineuse depuis un bon moment. Le visage déformé par la surprise, Eeva cherche des traces de ses pokémons et d’un éventuel enlèvement. Mais il n’y en avait aucune, les deux pokémons se seraient au moins défendue, mais tout semblait à sa place. En fait, c’était exactement ça, tout était en place, normal pour ainsi dire. A la différence qu’il y avait un trou béant dans l’un des murs, donnant directement sur l’océan. La Givrali arriva et regarda Eeva, les yeux pleins de reproches, ce qui n’échappa pas à la rousse. Il n’y avait qu’une seule explication à cela… Aucune trace de chambardement, de bataille, rien n’avait été volé, un trou de la taille de sa Lockhlass dans le mur et deux de ses trois pokémons disparus… Elles avaient fuguées. La Lohklass et la Farfuret étaient parties, ensembles. Constatant ce fait, Eeva eut un choc. Jamais elles n’avaient osé quoique ce soit et jamais elles ne l’auraient osé… Et pourtant… Pourtant Eeva en avait la preuve sous les yeux. Que c’était-il passé pour que cela n’arrive ? La Grivali refusa d’approcher et d’aider en quoique ce soit sa dresseuse. Elle n’était restée que par loyauté mais était loin d’approuver le comportement d’Eeva. Dans l’après-midi, farfuret avait prit sa décision, en accord avec Lockhlass. Elles refusaient de subir plus longtemps le traitement que leur infligeait Eeva depuis toutes ces années. Et puis, il y avait une chose que la Givrali ne pouvait comprendre, d’après Farfuret ; c’était le vol dont elles étaient issues. Les deux pokémons aussi avaient une histoire et des souvenirs et entendaient bien retourner vers leur passé, retrouver leur premier dresseur avec qui –farfuret en était convaincue- elles auraient été bien plus heureuses. Alors elles étaient partie, invitant Givrali a les rejoindre, mais elle avait refusé. Néanmoins, Lockhlass lui laissa une chance de les retrouver si le cœur lui en disait en lui faisant connaître leur destination. Et ce fut tout. Mais la Givrali ne comptait pas vendre la mèche à Eeva : celle-ci l’avait bien cherché et devrait se débrouiller sans son aide, elle ne révélerait rien.

Plusieurs jours passèrent où l’Arène dut être fermée. Il n’y avait plus de pokémon, Eeva ne pouvait plus recevoir de défit. Mais elle ne tenait pas a ce que les évènements ne se sachent et elle fit passer cette fermeture pour une prise de vacances. Et d’ailleurs, la rousse ne tarda pas à quitter la ville. Elle devait se rendre à l’évidence… Mais refusait de l’avouer, ces quelques jours où elle se retrouva seule face à elle-même, dans l’arène vide et glaciale la força a réfléchir. Elle venait de prendre une claque phénoménale… Comme toujours dans ces moments là, il n’y avait qu’une personne a pouvoir lui apporter les réponses qu’elle attendait… Une personne qui se trouvait dans un seul endroit… quelque part sur Erasia. De Fla’or, Eeva quitta la banquise pour les terres enneigées. La Givrali l’accompagnait mais refusait de se ranger dans sa pokéball. La rousse dû faire avec, ainsi qu’à son obstination à vouloir l’ignorer. Il lui fallut des jours et des jours, des semaines de marche pour traverser les plaines de Mizuhan et atteindre Comodo, après avoir fait un cours séjour dans l’Auberge du Dragon. Il y avait toujours beaucoup de passants, dresseurs, autres voyageurs ou marchands ambulants, mais elle n’avait pas trouvé le type de personne qu’elle recherchait. Sans doute que l’endroit était un peu trop bien famé pour cela… Alors elle continua sa route. Si ce n’était que cela… Pourtant, un soir sur les quais de Comodo, elle reconnu sans difficulté une personne de sa caste. Non pas qu’elle ne le connaisse personnellement, mais on reconnaissait toujours ses semblables. Ils discutèrent un moment, semblant parler aux yeux des traînards de la journée terminée, du beau temps et de la bonne pêche. Mais une fois les oreilles indiscrètes rentrées dans le confort chaud des maisons, la conversation fut tout autre. Eeva recherchait le Capitaine Frith (tout comme toutes les forces de l’ordre d’Erasia), mais seuls rares privilégiés savaient où le trouver. Malheureusement, ce n’était pas le cas du faux mendiant, bien qu’il eut vent de quelques rumeurs…

Eeva partit dès le lendemain, vers les rumeurs qui devaient l’amener à Tarouga. Cela faisait bien dix ans qu’elle n’était pas retournée là-bas… Le Capitaine du navire marchands n’avait pas l’air ravit de devoir passer par la ville pirate, mais malheureusement pour lui, c’était la dernière route a peu près sûre ces derniers temps, Eeva entendit alors que les pirates faisaient du zèle depuis quelques semaines. Sur le navire, il n’y avait rien à faire et la traversée fut incroyablement longue et ennuyeuse, pour Eeva qui d’ordinaire, n’aimait que la mer et la houle sauvage de ses flots indomptés. Mais pas cette fois, elle avait de toute façon l’esprit trop occupé. Pendant les quatre semaines où le navire voguait sur une mer d’huile, Eeva s’impatientait, passant ses journées sur le pont, accoudée au bastingage à regarder l’horizon. Mais cela ne fit pas avancer plus vite le voilier. Ils arrivèrent finalement, en soirée où le brouillard se levait déjà dans la cité. Eeva disparut du navire marchand enveloppée dans une cape grise à capuchon, camouflant soigneusement son image, si bien qu’on ne pouvait plus deviner s’il y avait sous ce vêtement un homme ou une femme. Le navire repartit très vite, fuyant la ville pirate. Descendant dans les tavernes de débauches bien connues de la rousse, elle alla directement à sa source d’information de ces dix dernières années, Vilaina la Bavarde, toujours au courant de tout mais qui se faisait chèrement payer pour ses tuyaux. Et quand on dit chèrement… Il ne lui fallut pas moins de trois sacs d’or pour lui délier la langue… D’après Vilaina, le Capitaine Frith avait été aperçut en ville et le bateau, Le Carthage, accosté non loin de la ville. Eeva but d’un trait son verre et fila dans l’auberge où devait être le Capitaine. La rousse entra, évitant de justesse l’enseigne du Rat des Mers, pensant une nouvelle depuis longtemps, qu’elle devait être changée de place… Restant enveloppée dans sa capuche et se mettant dans un coin sombre, elle attendit que l’auberge ne se vide ou mieux, que la personne qu’elle recherchait ne se montre enfin. Mais il n’en fut rien et elle resta à attendre une partie de la nuit. Ce n’est que vers quatre heures du matin qu’elle put aborder le tenancier, laissant somnoler les deux ou trois personnes encore présentes. D’après l’aubergiste, Eeva venait trop tard, Le Carthage avait levé l’encre depuis quelques jours. Ce qui signifiait qu’Eeva n’avait pas finit de le pister. L’aubergiste refusant de lâcher quelconque informations, la rousse recourut aux menaces pour lui tirer les vers du nez, retrouvant ses vieux réflexes. Mais il ne savait rien. Dépitée, Eeva sortit du bar et marcha dans la ville. Dans les ruelles sombres enveloppées de brouillards, on accosta la rousse, prêt à vendre une petite information pour une « modique » somme. Ce qui s’apparentait à environ trois cents pièces d’or, une fortune presque… Eeva le maudit, maudit pirate ! Contre fortune, information faite, elle put néanmoins apprendre qu’on aurait peut-être vu Le Carthage se diriger vers Terros, contournant Flamen. Pour aller où ? La rousse l’apprit en échange bien sûr, « de quelques pièces » de plus. Cave de la Lune… Ce nom ne lui disait rien… Rentrant brusquement à l’auberge, elle obtint du tenancier les derniers éléments, les caves se trouvaient à l’ouest de Terros, sur une île… Et on pu lui apprendre qu’un bateau se rendait à Palma dès le lendemain. Et ce lendemain, Eeva monta à bord du Naufrage du Nord, clandestine, suivant les traces fantômes du Carthage…