[ Clos ] Feu Millénaire (Solo)

[Konari]

Cette fois, Lilanthe était allée bien plus loin qu’elle ne l’avait jamais été. Elle n’avait plus vu les montagnes depuis longtemps. En sachant ce que cherchait vraiment la jeune demoiselle, on n’était en droit de se demander ce qu’elle faisait là. Si officiellement elle était une mercenaire, enfin… Si on pouvait dire d’une gamine de quatorze ans qu’elle était une mercenaire, autrement dit, elle ne l’était pas. En réalité, Lilanthe n’avait de cesse de rechercher son frère et son père, même si elle était plus attachée à son frère qu’elle avait le mieux connu. Pour marcher sur leurs traces et essayer de les retrouver, elle avait passé un certain grade qui lui octroyait en quelques sortes plus de pouvoirs, mais ça n’était pas suffisant… Sans un sourire, Lilanthe avait quitté Terros et retrouvé sa chienne, celle-ci l’avait suivit, mais ne semblait pas prête à la rejoindre et la Flamenoise avait alors comprit que leur chemin se séparait là. Visiblement la Malosse n’avait pas vraiment comprit ce que comptait faire Lilanthe et s’était fourvoyée sur ses intentions, celle-ci pour toute réponse l’avait confiée à une Championne d’Arène de Mizuhan qui sembla intéressée par la créature de ténèbres et de flammes, une femme rousse pas trop aimable.

Si Lilanthe la regrettait ? Difficile à dire… Elles ne s’entendaient plus depuis un moment et la chienne avait préféré la fuir, alors sans doute qu’elle lui en voulait… Tous ces derniers évènements étaient un peu confus, mais en définitive, Lilanthe se retrouvait seule à poursuivre des fantômes. La demoiselle avait changé, sa bonne humeur semblait s’être volatilisée et à la place se trouvait maintenant une volonté un peu étrange : Lilanthe voulait plus de pouvoir. Non pour asseoir une autorité, mais pour être reconnue, persuadée que cela l’aiderait, à se faire respecter des plus âgés, parce qu’a quatorze ans, elle n’était considérée que comme une gamine, et tout aussi certaine que d’être célèbre lui permettrait de retrouver la trace de ceux qu’elle avait perdus. Toutes ses idées et sa volonté se mélangeaient en elle, au point de ne pas savoir exactement comment l’expliquer. La seule chose qu’elle savait c’est qu’elle devait comprendre la nature de son pouvoir… Et quoi de mieux pour le comprendre que de se rendre dans un désert ?

Lilanthe voulait plus de puissance et pour comprendre l’essence même du pouvoir de feu, elle avait donc décidé de venir dans le désert, lieu même de la naissance de ce pouvoir si puissant. La chaleur y était atroce, mais cela lui était égal et elle ne le supportait pas trop mal, Flamenoise de naissance et aussi parce qu’elle essayait d’user de son pouvoir pour minimiser l’impact de la chaleur du désert sur elle. Elle avait dû traverser le pays seule pour arriver jusque là et rencontré quelques difficultés, car après tout, les enfants étaient des cibles faciles. Mais s’était sans compter sur ses pouvoirs qu’elle se faisait un plaisir de développer… Pour pallier à sa solitude, elle avait déjà commencé à faire apparaître des djinns. Enfin, un djinn, une apparition soudaine de feu, avec pour l’instant une silhouette assez vague, pas totalement informe mais ne ressemblant à aucune créature connue, plutôt à une sorte de génie élémental à l’air malaimable, un peu comme dans contes pour enfants. Le seul problème, c’est qu’en plus de ne pas avoir de forme précise, le djinn devenait également incontrôlable. Ainsi, Lilanthe n’avait pas plus réussi à contrôler son invocation qu’à y mettre fin. Tant pis… Elle finirait bien par disparaître ! Mais peu importe. La demoiselle avait maintenant atteint les ruines d’une ancienne ville, une ancienne civilisation disparue. Lilanthe sentit quelque chose de mystique dans ces lieux, pas comme un sentiment mais plutôt une idée : personne ne savait qui avait habité cette ville, ni pourquoi il n’en restait que des ruines et pas de survivant. Quel âge pouvait avoir ces ruines ? Lilanthe entra dans la ville, prête à balancer sa magie au premier truc qui surgirait. Mais sa méfiance s’endormit après une heure ou deux  passées à découvrir la ville sous toutes ses coutures. Entrant dans chacune de ce qui avait sans doute été des maisons, elle n’avait rien trouvé d’autre que du sable. Ce n’est que plus loin, dans une « demeure » isolée qu’elle s’arrêta un instant pour essayer de visualiser ce qu’avait été la vie des gens… Mais sans résultat. Comment pouvait-elle mettre une image sur du vide ? En sortant, un coup de vent –le seul depuis des jours- s’engouffra dans les murs à moitié écroulés et déplaça une bonne quantité de sable.

Lilanthe s’en protégea comme elle put, essayant d’éviter avant tout le sable dans les yeux et toussa à plusieurs reprises pour avoir avalé malgré tout de la poussière. Se frottant les yeux et les réouvrant, elle découvrit une pokéball à moitié ensevelit… Ce détail la frappa. Un pokémon… Y en avait-il un à l’intérieur ? Etait-ce tout ce qui restait d’une ancienne civilisation ? Etait-il seulement encore vivant ? Lilanthe n’avait jamais vu de mort, de près ou de loin. Après un long moment de réflexion, Lilanthe attrapa la balle avec lenteur, semblant redouter le moment ou sa main toucherait l’objet.  Elle ne retint pourtant pas son geste et ses doigts touchèrent la coquille. Qui n’avait d’ailleurs absolument rien de différent avec une autre. Lilanthe hésitait pourtant, au fond, ne sachant ce que pouvait contenir la chose… Mais en apparence, elle avait l’air décidée. Finalement, la demoiselle mit une petite pression sur l’œil central de la balle, qui lui sembla t-il, mit un moment avant de réagir. Elle n’était pas experte, d’autant que son ancienne compagne n’était jamais dedans, mais les balles n’étaient-elles pas sensée réagir quelque chose comme tout de suite ? Peut-être était-elle endommagée… Quoiqu’il en soit, une grande forme se dessina, pas si grande que cela mais plutôt volumineuse, de la taille d’un grand chien. Lilanthe resta figée, en voyant le forme au départ rouge changer de couleur pour devenir d’un beau crème se fondant parfaitement à la couleur du désert et se préciser pour devenir celle d’un Feunard. La jeune fille ne bougea pas, ne sachant pas trop ce qu’elle avait en face d’elle finalement, et le renard, immobile comme une statue lui rendit son regard. Il constata avec un pincement au cœur l’état de l’ancienne ville…  Qu’avait-il pu se passer ?

« Tu m’as libéré. » Dit alors le Feunard sans bouger, les yeux luisants.
« Qui es-tu ? » Répondit Lilanthe, avant de prendre conscience qu’elle répondaiit à un Feunard qui venait de lui parler.

La pokéball s’envola de sa main pour se poser devant le renard majestueux avant de se briser. Il était libre.

« Tu m’as libéré de ma prison, je suis enfermé de cette balle depuis tant de temps… »
« Combien ? »

Le Feunard regarda avec tristesse la ville, avant de répondre à Lilanthe.

« Cela doit faire mille ans. Cette ville était grouillante de vie, puis j’ai été enfermé… Je ne sais pas ce qui s’est passé… J’ai attendu qu’on me rappelle, mais un jour j’ai trouvé que cela faisait très long, alors je suis sortit, mais tout semblait sur le point de s’écrouler. J’ai eu peur, je suis rentré dans ma balle… »
« Mille ans… C’est pas possible… Comment tu fais pour parler ? Ca non plus c’est pas possible, je dois avoir une hallucination ! »
« J’ai acquis ce pouvoir avec le temps, être enfermé dans une balle provoque certains traumatisme à la longue, mais… »

Le Feunard se tut, restant toujours parfaitement statique. Pauvre Feunard ! Il avait l’air complètement perdu et Lilanthe était sûre qu’il avait peur maintenant que sa balle s’était brisée, sans doute trop vieille pour avoir supporté d’être déterrée puis manipulée. Mais Lilanthe n’en revenait toujours, cela étant, elle ne pouvait que croire ce qu’elle avait effectivement sous les yeux… Un pokémon millénaire… C’était… rarissime, incroyable !

« Alors ça veut sans doute dire que tu es le seul à avoir connu cette ville… Aucun livre d’histoire ne renseigne sur ce qu’elle a été, ni sur ce qui est arrivé… Il n’y a aucun survivant de connu non plus… »
« Je sais… »
« Qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? »
« Je l’ignore. »
« Ben… Je commence à bien connaître le monde sauvage et il te faudra sûrement quelqu’un pour te faire connaître notre époque, si tu veux… »

Le Feunard resta silencieux et considéra un instant l’enfant. Elle avait malheureusement raison, il ne connaissait rien de ce nouveau monde et n’avait plus de refuge, il lui faudrait se nourrir, mais il ne connaissait plus rien… Peut-être que rester un moment avec cette gamine lui permettrait de passer à autre chose… mais si tôt cette pensée émise, il la trouva ridicule. Comment pouvait-il passer à autre chose ?!

« Seulement je te préviens, vu que ma pokémon m’a lâchée à cause de ça, moi je cherche surtout à retrouver mon frère et mon père disparut pendant une guerre il y a quelques années, alors je voyage pour développer mes pouvoirs et les mettre au service du plus offrant. Ca permet de voyager et de gagner un peu ma vie, j’envoie un peu d’argent à ma mère au Village Cosmo dans la Montagne Efferos. »

Cette enfant ressemblait à quelqu’un qu’il avait connu, mais ses souvenirs s’étaient un peu estompés avec le temps. C’était rassurant quelque part, mais le Feunard n’avait pas envie de se dévoiler pour autant.

« D’accord, mais ne t’attend pas à en savoir plus sur moi. Et le jour où je voudrais m’en aller, il faudra me laisser partir. »
« D’accord… J’ai une pokéball, mais je me doute que tu ne veux plus en voir, enfin ça reste pratique parfois… »

Lilanthe sortit une balle neuve qu’elle posa devant le Feunard. Ce dernier hésita, il ne voulait pas être capturé… Il ne voulait pas appartenir à quelqu’un encore… Cela étant, il n’avait jamais été trompé par ses anciens maîtres, il ne savait juste pas ce qui était arrivé, il n’avait aucune raison de se montrer méfiant face à la jeune fille. Le Feunard appuya finalement de lui-même sur le bouton de la patte, il disparut une seconde et réapparut sur le sable. Il verrait bien ce qu’il se passerait par la suite, en attendant, il restait libre, Lilanthe lui avait promit.