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Message par Ninj Mer 2 Jan 2013 - 1:10

[Contrainte no1 : Insister sur la description des lieux et des personnages.]
[HS : ce RP se déroule dans plusieurs endroits assez espacés, ce qui explique la présence de certains Pokémon d’autres zones voisines en plus des Pokémons des ruines.]

Malgré une certaine réticence, la magnifique Feunarde avait décidé d’accompagner les deux gijinkas au fin fond du désert de Flamen. Selon eux, un clan entier de renards vivait derrière ces nuages de sable fin. Une nouvelle vie auprès des siens, loin des humains… voilà ce qu’elle était venue chercher ici.
Sa petite protégée entre les crocs, elle s’avançait à découvert au milieu d’anciennes ruines recouvertes par le sable. Le dragon des sables et sa cavalière gijinka l’avaient abandonnée à quelques mètres d’ici avant de reprendre leur route sans un mot. Le trajet avait été parfaitement silencieux, presque tendu. Elle ne savait toujours pas quoi penser de ces créatures contre-nature, les gijinkas. Ils n’étaient pas ces monstres qu’elle s’était imaginée : des créatures mi-humaines, mi-Pokémon, tel le résultat raté d’une expérience scientifique. Non, le résultat était beaucoup plus propre : sous leur forme animale, personne ne pourrait deviner leur véritable nature. La petite Pichu avait d’ailleurs réussi à la duper un bon moment, entre ses airs enfantins et son physique si habituel. Par contre, sous forme humaine, les gijinkas semblaient être la proie d’un malheureux jeu du hasard… si la Pichu se transformait en une petite fille tout à fait méconnaissable, le dragon, quand à lui, avait su conserver ses ailes écaillées. De plus, sa tenue d’un vert aussi sombre que celui de sa crinière ne passait pas inaperçue, tout comme ces lunettes aux verres teintés de rouge qu’il portait constamment.

Mais ce qui l’intriguait le plus n’était pas leur physique, mais leur caractère. Ils étaient… deux Pokémon tout à fait normaux. Avec une capacité unique, mais qui ne changeait pas leur façon d’être. Et bien qu’ils ne soient pas un modèle de sympathie, ils l’avaient tout de même accompagnée jusqu’ici sans rien demander en retour. Etait-elle déjà en train de les regretter, quelques secondes à peine après les avoir quittés ? Non… simplement, la curiosité l’aurait certainement poussée à en apprendre plus sur ces étranges créatures. Evidemment, sa progéniture étant plus importante que sa soif de connaissance, la renarde ne comptait jamais retourner les voir. Pourtant, allez savoir pourquoi, elle se souvenait de ce lieu dont ils parlaient avec une telle mélancolie… Le "roc des cactus"… sans doute seraient-ils heureux là-bas, tous les deux ? Elle l’espérait pour eux.

A première vue, l’endroit que lui avaient conseillé les deux autres semblait inhabité. Le soleil à son apogée resplendissait dans le ciel, pour une fois libre d’exercer son aura sans l’intervention d’un nuage de sable turbulent. Sous cette chaleur bienfaisante, la renarde balayait du regard ces ruines à l’architecture stupéfiante. La main des hommes avait façonné chaque dalle de ces lieux, avant de céder sa place à une nature capricieuse. L’ordre et l’harmonie des villes humaines n’étaient plus, balayés sous un épais duvet sablonneux. Certains bâtiments étaient ensevelis, d’autres encore accessibles… mais la majorité s’étaient écroulés sous l’usure du temps.

Au final, l’endroit n’était pas des plus accueillants. Et pourtant, rassurée par le sable chaud qu’elle sentait sous ses pattes, la Feunarde s’y sentait déjà mieux que sur ses anciennes terres. Confiante, elle s’enfonça un peu plus au milieu des ruines, jusqu’à arriver au cœur de cette citée abandonnée. Face à elle, un mur imposant se dressait fièrement en direction des cieux. Le reste du bâtiment s’était effondré, et pourtant, ce qui était autrefois une ouverture semblait l’inviter à entrer à l’intérieur. Perplexe, la renarde osa tout de même franchir cette démarcation… tous les sens en alerte, elle portait son attention sur le moindre petit détail qui trahirait la présence d’une créature dans les environs. Traces de pas… ombres… respirations…

Et c’est ainsi qu’elle les vit. Sitôt qu’elle eut franchi cette frontière chimérique, des ombres accoururent dans sa direction. La ressemblance était si frappante… le même pelage doré reflétant la lumière du soleil, les mêmes queues battantes aux mouvements fluides et réguliers, les mêmes yeux aux reflets aussi rouges que des flammes infernales… d’autres Feunards. Une véritable armée de Feunards, accompagnés d’au moins autant de petites têtes curieuses aux pelages orangés. Une seule créature brisait cette harmonie qu’elle distinguait face à elle. Un mâle, plus imposant que les autres, avait eu la chance d’être affublé d’un magnifique pelage chromatique qui effaçait à lui seul la splendeur de ses congénères.

Hésitante, l’étrangère s’approcha lentement de ce dernier. Son regard était celui d’une battante : n’abandonnant pas sa fierté, la Feunarde refusait de réclamer sa place à la façon d’une jeune brebis égarée que la mort pourrait faucher d’un instant à l’autre. Sa venue ne serait pas celle d’une victime, mais celle d’une jeune recrue prête à apporter sa force à ce clan.

Son jeune renardeau toujours endormi entre ses crocs, elle s’arrêta à quelques mètres seulement du mâle à la crinière argentée avant de lui transmettre sa volonté d’un simple regard. Les deux renards restèrent ainsi immobiles une longue minute, sous les glapissements intrigués de leurs semblables. Amie, ennemie… chacun attendait la réponse du mâle dominant.
Ce fut la jeune enfant qui rompit cette tension palpable entre les deux renards. Elle s’éveilla d’un adorable petit cri, attirant l’attention de sa mère, et mettant fin à ce duel de regards interminable. Amusé, le mâle se mit à rire. Un rire généreux et plein de sincérité. Sans un mot, l’ensemble des Pokémon présents repartirent vaquer à leurs occupations. Le mâle en avait décidé ainsi, l’étrangère pouvait rester parmi eux. Personne ne chercha à le contredire, et en quelques instants seulement, la jeune mère se retrouva seule au milieu du sable.


Les renards sont des animaux solitaires. Mais étrangement, ceux du désert ont finalement décidé de s’organiser en meute. Chacun chasse pour sa propre famille, chacun creuse son propre terrier… mais lorsqu’un étranger s’invite sur leur territoire, l’ensemble du clan se mobilise pour défendre leurs terres. Sans doute était-ce là le résultat de nombreuses années d’expériences solitaires… plutôt que de laisser leur espèce s’éteindre, les Feunards avaient préféré mettre leur orgueil de coté au profit d’une vie plus sûre.
Quoi qu’il en soit, à la seconde où elle fut acceptée dans le clan, l’étrangère découvrit les ruines sous un tout autre jour. Là où seul le vent l’avait accueillit auparavant, elle rencontra bon nombre de ses semblables. Un étranger traversant cette partie des ruines n’aura jamais la chance de croiser le moindre Pokémon, lui avait-on expliqué, car la prudence est de mise au sein du clan.

Jour après jour, la Feunarde apprit à vivre auprès des siens. Elle découvrit les nombreuses cachettes dont regorgeaient les ruines, mais également les nombreux pièges qui menaçaient ceux qui osaient s’aventurer aussi loin dans le désert. Elle fit aussi plus ample connaissance avec le renard argenté. Intrigué par la volonté de cette étrangère, il était revenu la voir plus tard dans la journée pour lui expliquer les rudiments de la vie en plein désert. Il lui avait également présenté ses cinq enfants : trois avaient le même âge que sa propre fille, tandis qu’un autre avait quelques années de plus. Quand à l’ainé, il avait déjà ses six queues parfaitement formées. Malheureusement, aucun n’avait eu la chance d’hériter du pelage si particulier de leur père. L’argenté, le pelage de l’élu, celui qui les guiderait durant le prochain millénaire… c’est ainsi qu’il avait été choisi, et c’est ainsi qu’il espérait transmettre son héritage.

Après de nombreuses semaines passées à côtoyer l’étrangère, l’argenté décida de lui faire une offre des plus inattendues. Il lui offrait de devenir la mère de sa prochaine portée. Sous le charme de cette renarde au caractère à la fois dévoué et combattif, il voyait en elle la mère idéale pour l’héritier du clan du désert. Surprise, la femelle ne sut que répondre. Ses yeux lui hurlaient d’accepter cette proposition… son cœur également ne pouvait refuser de partager la vie de ce mâle à la fois charmant et resplendissant… mais était-elle vraiment prête à vivre à ses cotés ? Enfanter à nouveau reviendrait à s’enchainer définitivement à ce mâle qu’elle connaissait à peine, et à ce désert au sein duquel elle dessablait chaque jour de nouveaux mystères. Oublier définitivement son ancienne vie… devenir une renarde du désert… était-elle vraiment prête ?


« Un mois. Dans un mois, soit je viendrai te rejoindre… soit je redeviendrai aussi insignifiante à tes yeux que les autres femelles qui nous entourent. », Répondit-elle, sur un ton aussi calme que sérieux.

C’était ainsi, elle le savait. Le mâle n’avait qu’un seul souhait, trouver celle qui enfanterait son successeur. Si elle refusait, il ne prendrait plus le temps de vivre à ses cotés comme il l’avait fait ces dernières semaines. Elle l’avait remarqué. Dés le premier jour. Mis à part les mères de ses enfants qui venaient uniquement nourrir leurs petits sans qu’il ne leur accorde le moindre regard, aucune femelle n’approchait jamais l’argenté. C’était lui qui venait les chercher. Et il n’en côtoyait qu’une à la fois. Au final, sa proposition avait beau l’avoir surprise, elle s’y était toujours attendue…

Quand à son choix définitif… elle ne le fit qu’une petite semaine plus tard.

Comme à son habitude, le mâle passa chercher sa future compagne après s’être correctement rassasié aux alentours de midi. Comme à son habitude, l’étrangère l’accueillit d’un large sourire, prête à passer du bon temps en sa compagnie. Comme à son habitude, le soleil rayonnait à son zénith, bannissant la moindre petite parcelle d’ombre des murs de la citée en ruines. Sauf qu’aujourd’hui, une violente tempête de sable sévissait à l’extérieur, suffisamment puissante pour balayer la quiétude des différents peuples du désert. Aujourd’hui également, le regard de l’étrangère ne se posa pas uniquement sur l’argenté, mais aussi sur ses enfants qui l’accompagnaient. Car enfin, aujourd’hui, ces petites boules de poils qui suivaient leur père n’étaient plus au nombre de cinq, mais bien de quatre.


« Où est passé l’aîné ? », demanda l’étrangère, un soupçon d’inquiétude dans la voix.

Après-tout, elle avait fini par s’habituer à ces jeunes Goupix qui suivaient constamment leur père. Ces fidèles toutous ne manquaient jamais la moindre de ses actions. Que ce soit à la chasse, pour combattre ou dans la vie de tous les jours, ils apprenaient à vivre en l’observant. S’étant faite à l’idée de s’unir au mâle d’ici quelques semaines, la renarde avait même appris à les apprécier, et à les aimer comme elle aimait sa propre fille. Elle s’imaginait d’ailleurs que ce sentiment était réciproque chez l’argenté. Hélas… là était son erreur.


« Hé bien, il est là. », Répondit le mâle en désignant du museau le cadet.

L’étrangère resta interdite. Le mâle sourit, l’air de rien. Pire, il n’accorda aucun importance à l’incohérence de sa réponse, et vint simplement s’allonger aux cotés de sa bienaimée comme il le faisait chaque jour. Mais il était déjà trop tard… la vérité venait d’éclater. Sur la défensive, la femelle attrapa sa fille en un éclair avant de s’écarter du mâle. Ce dernier la regarda faire sans comprendre, un air de sincérité dans les yeux… sans comprendre… à cet instant, l’incompréhension était bien la seule et unique chose qui réunissait encore ces deux êtres.


« Que s’est-il passé ? », interrogea la femelle, aussi froide qu’une juge face à un meurtrier.

Le mâle mit quelques secondes à comprendre de quoi sa future compagne voulait parler. Il ne comprit qu’en posant son regard sur ce petit bout de chou qu’elle portait dans sa gueule. Le mort ? Etait-bien cela qui la mettait dans cet état ? Pourquoi ? Il ne comprenait pas… il ne la comprenait pas.


« Tu le sais bien… nous vivons en plein désert. Pour chasser, nous sommes parfois obligés de traverser des pans entiers de désert. Pour boire, nous devons lutter contre les autres prédateurs afin de protéger le peu d’eau capable de subsister sur ces terres. Ne serait-ce que pour sortir, nous devons affronter ce sable qui tourbillonne dans les cieux, et qui n’attend qu’une erreur de notre part pour nous arracher à la terre. Chaque jour, certains d’entre nous disparaissent. C’est ainsi… c’est là la dure loi du désert. Voilà plusieurs mois que tu vis parmi nous, tu le sais bien… », Répondit le mâle, aussi naturellement que s’il racontait une histoire innocente à ses enfants.

Oui, elle le savait. Elle l’avait compris. Mais elle l’avait enfoui au fond de son cœur en espérant ne jamais devoir y faire face… certaines femelles disparaissaient de temps à autres. Certaines familles passaient de dix à neuf enfants du jour au lendemain… mais jusqu’à aujourd’hui, elle avait toujours mis ces changements sur le compte de son manque d’attention. Peut-être confondait-elle avec quelqu’un d’autre… peut-être n’étaient-ils que neuf finalement… personne ne semblait se préoccuper de ces disparitions, pourquoi s’en serait-elle inquiétée ? De plus, elle ne les connaissait pas. Jusqu’à aujourd’hui, tout ceci n’avait eu aucune importance à ses yeux…


« Nous n’avons pas le droit de nous attacher. Je pensais que tu l’avais compris, mais… », Hésitant, il posa son regard sur la petite femelle que transportait l’étrangère. Elle prenait beaucoup trop soin de sa fille… en se rapprochant d’elle, il avait essayé de lui faire oublier son renardeau. Il souhaitait qu’elle s’éloigne de cette petite créature chétive, afin que la souffrance soit moindre à l’avenir. Le jour où elle mourra. Cette petite ayant été bien trop chérie de sa naissance à aujourd’hui, elle serait parfaitement incapable de vivre en plein désert, et il en était bien conscient. Mais qu’importe… elle en aurait d’autres. Des tas d’autres. Les larmes de la perte d’un renardeau ne valaient la peine de couler qu’après la majorité de ce renardeau, le jour où il était apte à devenir un grand et magnifique Feunard. Après un profond soupire de déception, le mâle tenta d’abattre une dernière carte… celle de la sincérité. « Tu sais… c’est probablement le sort qui attend ta fille. Tu n’es qu’à ton premier renardeau, tu n’imagines pas encore les épreuves qui peuvent se dresser sur la route d’une jeune Goupix. Pour ma part, j’ai arrêté de compter depuis longtemps le nombre de Goupix que j’ai élevé… penses-tu que ce petit coin de désert serait suffisant si la vie était aussi sûre pour nous ? »

Il n’avait pas tort… les Feunards vivaient facilement un millier d’année. Et visiblement, ce clan était installé dans ces ruines depuis bien longtemps maintenant, peut-être même depuis le jour où ces ruines étaient devenues ce qu’elles étaient à présent. Et pourtant, en quelques semaines à peine, elle avait déjà rencontré un bon pourcentage de ses membres au moins une fois. Oh, ils étaient bien quelques centaines… mais quelques centaines de femelles capables d’engendrer plusieurs petits chaque année… et pourtant, le clan ne grossissait pas. Evidemment, c’était ainsi. La loi du désert… à coté, même la loi du plus fort semblait être une farce agréable.
Désabusée, l’étrangère se redressa et prit la direction de la sortie du terrier. Elle avait fait son choix. Il ne la reverrait jamais. D’ailleurs, aucun des Feunards du clan ne la reverrait jamais. Et si un jour, par hasard, elle revenait dans ces ruines, elle n’y trouverait que des ombres au milieu d’un désert de sable infini. Elle quittait le clan… elle quittait cette existence dangereuse qui mettait en péril la vie de son renardeau pour partir à la recherche d’une vie plus sûre.
Avant de quitter les lieux définitivement, la renarde posa une dernière fois son regard rouge vif sur le beau pelage argenté du dominant. Il était si magnifique… quitter ce clan lui brisait le cœur… elle avait été bien accueillie, elle appréciait ce sable chaud, ce soleil brûlant et ce calme ambiant… seule, sans doute serait-elle restée. Mais elle n’était pas seule. Soupirant à son tour, la renarde accorda une dernière parole à ce mâle et aux quatre marmots qui l’accompagnaient :


« Merci d’avoir été franc. Désolé, mais je ne peux m’y résoudre… tu as sans doute raison, je m’engage certainement dans une épreuve trop difficile pour moi… mais je suis incapable de vivre comme vous. Ma fille… est tout pour moi… absolument tout… », L’autre la regardait d’un air compatissant. Il ne comprenait pas… mais il voyait bien la souffrance que ressentait cette étrangère, habituée à d’autres coutumes que celles du désert. Si la perte d’un enfant qui n’était pas le sien la faisait autant souffrir… peut-être n’était-elle pas capable d’enfanter son successeur, après-tout.

Sans un mot, il lui jeta un dernier regard rappelant le premier contact qu’il avait eu avec cette femelle. Ses yeux n’avaient pas changé. Elle était toujours cette même guerrière qui avait su le charmer. Peut-être… serait-elle capable de survivre, et de faire survivre cet enfant ? Peut-être… qui sait ? Pour sa part, il l’encouragerait aujourd’hui. Mais demain… il l’oublierait, tout comme il avait déjà oublié son fils aîné, et tous les autres avant lui.

C’est ainsi… voici la dure loi du désert. La vie apporte joie, souffrance, amour et haine… mais qu’importe la nature de ces sentiments… ils seront tous balayés de la même façon par le sable de la prochaine tempête.

Suivant son instinct, la renarde brava les dangers du désert pour préserver la vie de son enfant. Le sable mordant s’infiltrait entre ses poils, blessant son corps et celui de sa fille. Deux larges trainées de larmes coulaient le long de ses yeux à peine entrouverts. Elle pleurait. Pour la douleur de son corps. Pour celle de sa fille. Et pour ce choix qu’elle venait de faire. Tout n’était que sable autour d’elle. Les ruines avaient disparues derrière un épais nuage de sable, et même le ciel n’offrait plus la moindre petite source lumineuse à la renarde solitaire. Elle était seule. Seule face à ce désert turbulent qui venait de lui sauter à la gorge. Sa fille hurlait de terreur, son cœur battait plus vite que jamais… elle était perdue. A présent, il ne lui restait plus qu’une chose à faire si elle voulait donner une chance de survivre à sa progéniture… lui offrir sa propre vie.

Prenant à cœur son rôle de mère jusqu’au dernier souffle, la renarde se roula en boule et installa sa progéniture au creux de son pelage. Aucun grain de sable ne saura franchir cette barrière de poils brillants qu’elle offrait en protection à sa fille. D’ici quelques heures, la tempête cesserait son attaque démesurée, emportant avec elle la vie d’une créature solitaire… et abandonnant derrière elle cette Goupix innocente. Triste mais déterminée, la Feunarde murmura ses dernières paroles réconfortantes à l’intention de sa fille avant de fermer les yeux, et d’attendre que la faucheuse viennent accomplir sa basse besogne…

Le temps passa. Une heure… peut-être même deux. Et pourtant, elle était encore là. La tempête rugissait toujours autour d’elle, mais le sable ne l’atteignait plus. Trop blessée pour envisager le moindre geste, la renarde resta parfaitement immobile malgré son incompréhension. Elle sentait un souffle régulier au dessus de sa tête… une forme massive qui ne semblait craindre ni le sable, ni le vent. Pourquoi la protégeait-il ? Cette question restait sans réponse…

Petit à petit, la renarde sentait sa faiblesse prendre le dessus. Cet affrontement face à la nature l’avait épuisée. Elle ne pouvait plus lutter… sa fille… il fallait protéger… sa fille…

*******

Après avoir déposé la renarde près des ruines antiques, les deux gijinkas reprirent leur route en direction du "roc des cactus". Malgré les années, tous deux se rappelaient du chemin exact pour rejoindre ce paradis désertique. Un véritable retour aux sources… ils l’avaient toujours voulu sans vraiment y croire. Et à présent, leurs pas les dirigeaient vers cette immense montagne au cœur du désert…
Mais contrairement à son amie, le Libegon n’était pas revenu uniquement pour ce lieu paradisiaque. Il souhaitait également retourner auprès des siens. Dans cette immense galerie où il avait passé son enfance à creuser, creuser et creuser encore… depuis son évolution, sa vie n’avait été qu’affrontements, guerres et déceptions. Une vie simple, faite de plaisirs simples et d’ambitions simples… il ne souhaitait rien de plus. Après un dernier regard, les deux amis se séparèrent au sommet du "roc des cactus". Le cœur plein d’espoirs, l’humain aux lunettes teintées de rouge reprit lentement sa forme animale, et se remit en route, seul, en direction de ces grottes où Ninj l’avait capturé.

Le Libegon avait bien grandi depuis cette époque. Dire qu’autrefois, il avait été une de ces petites boules orange à quatre pattes. Aujourd’hui, il était un grand et majestueux Libegon au regard perçant, ne craignant ni le vent, ni le sable. Malheureusement… ces derniers temps, ses ailes chamboulaient cette vision magnifique de la créature qu’il était. Alors que tout son corps respirait la force et la jeunesse, ces membres qui faisaient autrefois sa fierté refusaient de bouger. Voir un dragon traverser le désert en marchant… ce spectacle était assez unique en son genre.
Tous les soins avaient été envisagés, et même l’œuf curatif du Pokémon d’Ys n’avait su faire la différence. A présent, seul le temps réparerait les dommages subits par le dragon durant son affrontement au colisée. De longs mois de récupération auprès des siens… un repos aussi bien moral que physique… voilà ce qu’il espérait au milieu de ce désert aride.

Après de longues heures de marche éreintantes, le dragon arriva finalement à destination. De l’extérieur, ces grottes n’avaient absolument pas changées. L’endroit était assez discret, un simple voyageur passerait à coté sans même y accorder la moindre importance. On n’y apercevait que quelques trous circulaires peu engageants creusés dans la roche. De plus, la grotte était uniquement souterraine. Elles ne dépassaient de la surface du sol que de quelques décimètres. Suffisamment haute pour que Ninj la repère… mais bien trop basse pour attirer l’attention d’une autre personne.

Et pourtant, sous ses pattes, le Libegon devinait des kilomètres et des kilomètres de galeries, menant parfois à des trésors inestimables aux yeux des humains. Mais pour eux… ces grottes n’avaient qu’un but. Héberger leur peuple. Le lieu de vie des Kraknoix… certains passaient leur vie entière sans connaitre la lumière du jour. Creuser, toujours creuser… une seule chose pouvait obliger un Kraknoix à quitter son nid pour remonter à la surface : la faim.

Ayant pratiqué cette méthode de chasse des années durant, le dragon pouvait repérer ses confrères sans aucune difficulté. A certains endroits, le sable semblait comme attiré par un point précis… de mini sables mouvants, mais dont le mouvement serait presque indiscernable à travers le déplacement régulier du sable provoqué par le vent. Pour la créature négligente qui oserait poser une patte à cet endroit précis… la mort surgirait du sable, attrapant sa patte pour ne plus jamais la relâcher.  Lentement, le piège se refermerait… la victime hurlerait : de douleur, de craintes… elle sentirait le sable progresser lentement sur son corps, jusqu’à ce que finalement, même sa tête disparaisse à travers le manteau fin du désert. Etouffée, puis dévorée par ce piège mortel, la victime s’en irait de cette terre sans laisser la moindre trace…

C’est ainsi. Voici la dure loi du désert. Allez savoir pourquoi, en retrouvant cette façon de vivre qu’il avait toujours connu dans son enfance, le dragon se sentit hésitant. Après avoir passé tant de temps en dehors des galeries, il voyait les choses différemment… ces pauvres proies innocentes qui tombaient entre les crocs de la mort… il n’arrivait plus à les voir comme de simples repas. Inlassablement, la Pichu de Ninj se substituait dans son esprit à ces victimes qui ne comprenaient que trop tard ce qui leur arrivait. Il avait côtoyé ces nombreuses créatures, aussi différentes les unes que les autres… pourtant, il continuait à se nourrir, à chasser, à tuer… mais cette humanité qu’il avait acquis éveillait en lui de nombreux cauchemars.

Des cauchemars qui ne disparaissaient jamais. L’avantage d’une vie simple, c’est qu’on ne pense à rien. Manger, travailler, dormir… la seule question que l’on pourrait se poser serait celle de notre prochain repas. Et encore, il n’est pas question de comment l’attraper… mais seulement d’essayer de deviner ce qui se laissera bêtement surprendre, et à quelle heure cela arrivera.
Malheureusement, cette vie n’a rien d’une félicité quand notre esprit est déjà empli d’horreurs. Jour après jour, seul le noir des galeries accueille notre regard. Le bruit incessant des claquements de mâchoires contre la roche berce notre esprit… mais rien ne saura effacer ce passé qui nous hante.

Les Kraknoix vivent en société. Un seul chef dirige l’ensemble des galeries. Il y a plusieurs années, ce chef, il l’avait été. Mais aujourd’hui… il n’était plus rien. Il n’était qu’un Libegon qui s’incrustait au milieu du groupe. Bien trop imposant pour traverser la totalité des galeries… bien trop puissant pour effectuer un travail minutieux… bien trop différent pour pouvoir vivre avec eux. Contrairement à la renarde, le dragon ne s’est jamais vraiment adapté à ce retour aux sources. Dés le premier jour, il eut l’impression de côtoyer d’autres créatures que celles qu’il avait connu dans son enfance. Et pourtant… rien n’avait changé. La seule chose qui avait changé, c’était lui.

Le dragon eut beau faire des efforts pour se réintégrer au groupe, il se rendit bien vite compte que c’était impossible. Malgré tout, il resta dans la grotte, attendant que les semaines passent. Même s’ils ne semblaient pas le considérer comme l’un des leurs, les Kraknoix ne le chassèrent pas. Et bien qu’aucune boule orange ne lui adressa la parole, il finit par comprendre leur façon de penser : il était ici chez lui. Il eut d’ailleurs l’occasion de croiser d’autres Libegons au cours de son séjour. En discutant avec eux, il remarqua que les autres dragons étaient plus ou moins dans la même situation que lui. Cette grotte était un refuge, un lieu de quiétude où rien ne pouvait leur arriver. Généralement, ses confrères revenaient après avoir été blessés, lorsque la nourriture leur faisait défaut, ou même lorsque la tristesse s’emparait de leur cœur. Finalement, c’était un peu son cas… il restait dans ces grottes le temps de soigner ses ailes. Mais pour rien au monde un Libegon n’échangerait la liberté acquise lors de son évolution contre un véritable retour aux sources comme il avait envisagé de le faire.

Cet endroit n’avait rien du paradis dont il rêvait. C’était une simple tanière où se retrouvaient de vieux camarades après de longues années passées à parcourir les cieux.

Etrangement, après s’être fait à cette idée, le Libegon se sentit beaucoup mieux auprès de ses semblables. Il ne cherchait plus à s’intégrer. Il restait près de l’entrée de la grotte, observant les tempêtes qui sévissaient à l’extérieur. Et à leur tour, les Kraknoix jouèrent leur rôle. Certains lui apportèrent même de la nourriture, par respect pour leur ainé. Il n’était pas un étranger parmi eux, et encore moins un incapable. Il le comprenait à présent… il était un ancien. Leur rêve, leur avenir… s’ils ne lui parlaient pas, ce n’était pas par répulsion… c’était par respect pour cet aîné à coté duquel ils n’étaient rien. Dans leur silence, tous le remerciaient pour son temps passé auprès d’eux lorsqu’il était jeune, tous l’encourageaient pour son avenir… et tous espéraient un jour le retrouver dans les cieux, comme deux frères traversant une tempête sans aucune crainte.

Rassuré, le Libegon passa le temps restant à se reposer, attendant calmement que ses ailes ne retrouvent toute leur vigueur. Durant ces longues nuits éternelles au cœur des galeries souterraines, il ne pensait qu’à une personne… son amie de toujours, celle qui lui avait souri, celle qui l’avait aidé à progresser, malgré son jeune âge… la Pichu de Ninj. S’en sortait-elle de son coté ? Il était triste d’avoir du la laisser seule au "roc des cactus" tout ce temps… mais ici, au milieu de tous ces Kraknoix, la souris n’était qu’une proie. Il retournerait la voir le jour où ses ailes bougeraient à nouveau. Il lui avait promis. Et ce jour-là, il l’emmènerait haut dans le ciel. Au dessus des tempêtes et des nuages, plus haut qu’il ne l’avait jamais été… et ensemble, ils s’envoleraient vers une nouvelle vie.

C’est ainsi qu’après plusieurs mois passés dans la grotte de son enfance, le Libegon salua ses camarades silencieux avant de repartir une nouvelle fois vers de nouveaux horizons. Il avait rêvé d’un jour rentrer chez lui… aujourd’hui, il était heureux de l’avoir fait. Mais les choses ne s’étaient pas déroulées comme il l’avait imaginé. Bien que le souvenir de ces quelques mois resterait ancré dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours… sa véritable vie n’était pas ici.
Fier, et enfin remis de ses blessures, l’imposant dragon déploya ses ailes, balayant une partie du sable chaud qui l’entourait. Poussant un cri terrifiant à l’attention de cet avenir qui l’attendait, le dragon s’éleva dans les cieux, traversant la tempête de sable sans aucune difficulté. Le sable… comment pourrait-il craindre sa propre nature ? Lui, Libegon, le seigneur des sables… il ne craignait ni le sable, ni le vent. Et à présent, il partait rejoindre la seule qui comptait à ses yeux.

Après plusieurs minutes de vol, des cris de terreur attirèrent l’attention du dragon volant. Portant son regard à travers le sable tourbillonnant qui l’entourait, le Libegon observa le sol. Une forme animale reposait sur le sable. Immobile, la créature semblait déjà morte… du moins, elle ne luttait plus. Une proie facile pour un carnivore comme lui…
Sans vraiment être affamé, le Libegon descendit au moins pour identifier la créature à l’origine de ces cris. Ce n’est qu’après s’être posé à même le sol qu’il la reconnut. La renarde en elle-même n’était pas si reconnaissable. Son physique, bien que magnifique, était celui de tous ses semblables. De plus, le sable la recouvrait en partie, et son visage était habilement camouflé derrière ses nombreuses queues. La seule et unique chose qui la caractérisait en ce moment, c’était cette petite créature protégée derrière une muraille de poils qu’il entendait hurler de peur. Les Feunards du désert ne protégeaient pas leurs enfants, il le savait. En cas de danger mortel, la femelle se serait enfuie seule, abandonnant son petit derrière-elle. Aucune autre renarde ne serait suffisamment folle pour donner sa vie à cette petite créature qui ne tiendrait pas dix minutes dans un milieu si hostile…

Bien plus humain que le Kraknoix qu’il était à l’époque, le dragon décida de sauver cette fragile créature et sa mère blessée. Sans un mot, il disposa ses pattes de part et d’autre du corps de l’animal, et plaça ses ailes en paravent.
Le temps passa, mais lui restait parfaitement immobile, protégeant l’étrangère de tout son corps. Il n’était plus un jeune Kraknoix… il n’était même plus un simple Libegon… il était devenu lui-même, avec son histoire, ses pensées, et sa façon de vivre. Et aujourd’hui, il avait décidé de sauver cette Feunarde qu’il avait amené ici.
Sitôt la tempête terminée, le dragon attrapa la créature inconsciente entre ses griffes pour l’emporter avec lui. Gardant la petite entre ses crocs comme il avait vu sa mère le faire si souvent, il traversa les cieux où le soleil avait repris ses droits pour se diriger à nouveau vers le "roc des cactus".

Une fois à proximité de l’immense paroi rocheuse perdue au cœur du désert, le Libegon repéra immédiatement la jeune Pichu. Comme prévu, elle attendait son retour, sagement assise sur le rebord de la falaise, à l’endroit exact où un Libegon l’avait déposée à l’époque de son premier vol. Mais pourtant, ce n’était pas une petite souris jaune qui fixait les cieux de son regard perçant en l’attente du dragon… mais une jeune enfant humaine à la chevelure dorée.

*******

Après que le Libegon s’en soit retourné chez lui, la Pichu se retrouva livrée à elle-même. Elle savait que son ami reviendrait, qu’il ne l’abandonnerait pas… mais d’ici son retour, elle allait devoir vivre seule.
Elle n’avait pas à se plaindre du lieu : le "roc des cactus" était un endroit magnifique. Fier pilier dressé au milieu du désert, il portait à son sommet un lac resplendissant dont l’eau reflétait les rayons du soleil avec la même intensité qu’un miroir. Une végétation luxuriante s’était développée autour de cette oasis : sable, herbe, cactus et arbres fruitiers se côtoyaient, offrant aux visiteurs de cet endroit un paysage unique digne des plus belles merveilles que cette terre pouvait offrir. De plus, l’altitude de cette oasis la protégeait des nombreuses tempêtes de sables qui sévissaient sur le reste du désert. La seule et unique difficulté de vie de ce lieu résidait dans celui qui les dominait tous : le soleil. Le jour, l’astre lumineux illuminait le roc comme nulle part ailleurs, et les quelques arbres étaient la seule protection dont les habitants du roc pouvaient profiter. Les nuages étant aussi rares que l’eau, il était inutile d’envisager une averse régulière pour se rafraichir… l’oasis était la seule et unique option pour ceux qui recherchaient ombre et eau.

Heureusement, cet endroit était également un havre de paix. Durant les quelques mois passés sur le roc, la Pichu eut l’occasion de rencontrer un bon nombre d’autres Pokémon. Des Cacnéas, principalement, mais également quelques insolourdos, plusieurs Hippopotas, et évidemment, des Vibraninf, comme à sa première venue. Mais aucun de ces Pokémons n’avait engagé le moindre combat. Certains étaient pourtant des ennemis mortels, proies et prédateurs… mais ici, personne ne faisait couler le sang. L’eau était pure, le sable était doux… il y régnait une telle quiétude que les esprits de tous semblaient se vider de leurs émotions les plus malsaines.

Au final, plus qu’une oasis, le "roc des cactus" était un véritable paradis caché au cœur d’un enfer de sable. Probablement le seul endroit où la loi du désert n’osait plus intervenir…

Par contre, contrairement aux galeries des Kraknoix et aux ruines antiques, ce lieu ne pouvait accueillir un peuple entier. Faisant seulement quelques centaines de mètres de circonférence, l’oasis n’accueillait que des Pokémons solitaires ou de simples voyageurs. Difficile d’accès et peu modelable, l’endroit n’avait jamais attiré le moindre conquérant.

Malgré tout, la solitude n’était pas le plus dur à supporter pour la jeune souris électrique. Tout d’abord, elle n’était pas seule… de plus, son ami n’était pas loin. Sans jamais le voir, elle le sentait. Elle pensait à lui, tout comme il devait penser à elle chaque jour. Et malgré ces nombreuses heures passées à fixer l’horizon en espérant apercevoir son ombre dans les cieux, elle avait au moins la chance d’attendre dans de bonnes conditions.

Durant ces longs mois de repos au sommet du "roc des cactus", la Pichu avait régulièrement alterné entre ses deux formes. Aucun Pokémon ne sembla s’inquiéter de ce pouvoir mystérieux qu’elle possédait. Qu’elle soit une minuscule souris ou une enfant de taille humaine, tous la reconnaissaient et l’accueillaient auprès d’eux de la même façon. Elle se sentait bien… elle se sentait chez elle. Ce décor éblouissant, cette chaleur continue, cette ambiance reposante… pour rien au monde elle n’aurait quitté ce lieu paradisiaque.

Et pourtant, après ces trois mois passés à vivre dans ce monde quasi-féérique, la Pichu était prête à repartir à son tour, comme ses deux camarades. Mais ce n’était pas son choix. Ce n’était pas sa volonté. Ce n’était pas sa faute. Simplement, bien qu’il soit si agréable, ce lieu n’était pas pour elle.

Personne ne s’était jamais plaint. Tous les Pokémons l’acceptaient telle qu’elle était. Cette remarque, elle se l’était faite elle-même : malgré tout le bonheur qu’elle ressentait en vivant ici, la jeune Pichu se savait de trop dans ce lieu paradisiaque. Pire, elle troublait l’harmonie qui régnait en ces lieux. La raison ? Ses rêves, ses principes… sa volonté.

Chaque jour, l’enfant appelait la foudre à déferler sur ce havre de paix. Chaque jour, elle s’entrainait à maîtriser cet élément qu’elle côtoyait depuis toujours...
Sous sa forme animale, elle luttait pour résister à sa propre puissance. Elle eut d’ailleurs l’occasion de tester tout cet équipement qu’Ys lui avait conseillé. Plusieurs petits yeux curieux l’observaient à chaque fois : il n’était pas courant de voir une Pichu complètement recouverte de laine de Wattouat. Des pieds à la tête, pas un seul centimètre de son corps n’était visible, à l’exception de ses yeux qui observaient, et de ses mains d’où s’échappaient les nombreux éclairs de ses attaques. Poussant des cris de rages à en faire trembler la montagne d’où elle attaquait, elle repoussait chaque jour ses limites, et les limites de cette laine qui l’embarrassait.  Lorsqu’elle en était entièrement recouverte, le résultat était impressionnant… la foudre pouvait déferler pendant des minutes entières, zébrant un ciel pourtant dépourvu du moindre nuage de pluie. Mais évidemment, il lui était impossible de faire le moindre mouvement sans trébucher. Une grosse boule de laine… pire qu’un véritable Wattouat ! L’expérience fut amusante, mais peu concluante. D’autant que même avec cette capacité de charge, elle était encore loin d’attendre l’endurance qu’elle recherchait.
Insistante, elle tenta tout de même plusieurs solutions moins encombrantes. Elle essaya notamment de ne conserver de la laine que sur ses bras et autour du cou. Mais en s’observant dans l’eau claire du lac de l’oasis, elle ne put s’empêcher de pouffer de rire. Entre ses lunettes de vol bleues sur le front, et cette laine qui recouvrait encore un bon pourcentage de son corps, elle ressemblait presque à une humaine habillée…
Prise dans le rôle de son personnage, elle se surprit même à s’amuser aux cotés d’autres Pokémons grâce à cette laine, notamment en la portant comme un humain porterait une écharpe : fixant les autres Pokémon d’un faux air hautain, elle leur parla à la manière d’une bourgeoise avant de rajuster son écharpe, comme certaines caricatures le faisaient avec de la peau de bête. Autant dire que les fous rires de groupe étaient courants sur ce petit ilot de paradis… s’était-elle déjà amusée de la sorte avec Ninj ? Pas dans ses souvenirs… le dresseur avait beau être attentionné, les moments de rires se faisaient plutôt rares.

Finalement, après de nombreux essais, la souris délaissa la laine. Elle l’offrit d’ailleurs aux habitants du roc, qui ne manquèrent pas de jouer avec pendant de nombreuses lunes. Pour sa forme animale, elle était de nouveau dans l’impasse… il ne lui restait qu’à reprendre son entrainement habituel : celui d’encaisser la douleur jusqu’à pouvoir l’ignorer complètement. Un entrainement douloureux, mais qui avait eut le mérite de porter ses fruits jusqu’à aujourd’hui.

Heureusement pour elle, la souris ne passa pas la totalité de son temps à subir le contrecoup de son corps malhabile ! Sous forme humaine, ses entrainements devenaient tout de suite plus supportables. Elle ne comprenait pas cette différence… pourquoi son corps animal était-il incapable d’assumer sa véritable nature sans artifice ? Une blague de mère nature, probablement…

Quoi qu’il en soit, une fois sa forme humaine revêtue, la Pichu devenait une toute autre créature. Elle était ravissante. Toujours vêtue d’une belle robe aux couleurs unies recouvrant la totalité de son corps, elle rendrait folle de jalousie n’importe quelle humaine de son âge. Son visage était angélique : ses yeux d’un bleu très clair ensorcelaient ceux qui osaient y plonger leur regard… son petit sourire espiègle révélait son véritable caractère, mais le reste de son visage était si doux, si enfantin, qu’on ne pouvait imaginer la moindre once de méchanceté dans son cœur. Ses cheveux dorés venaient compléter ce tableau angélique en bouclant au niveau de ses épaules.
Lorsque le hasard la vêtait d’une robe blanche aussi pure que le lac qu’elle côtoyait, la Pichu avait vraiment tout des angelots décrits dans les livres de légendes. Par contre, lorsqu’elle revêtait une robe à la couleur sombre, un contraste inquiétant apparaissait au grand jour, comme si le fond de son cœur blessé se révélait aux yeux de tous.

La souris avait également eu l’occasion de se découvrir une dernière tenue purement par hasard. Ses entrainements étant plutôt sportifs, elle pestait régulièrement contre ces robes qui l’empêchaient de se mouvoir correctement. Soit elle trébuchait, en se prenant les pieds dans ce tissu inutile, soit elle se déplaçait beaucoup trop lentement pour effectuer la moindre attaque digne de ce nom. Et un jour, tandis qu’elle tentait de bondir avec cette robe pour s’agripper à une branche d’arbre, elle eut la surprise de sentir ses vêtements se resserrer contre son corps.
En une seconde à peine, sa robe était devenue aussi courte qu’une mini-jupe, lui arrivant au dessus des mollets et des avant-bras, laissant ses membres parfaitement libres de leurs mouvements. Abasourdi par cette métamorphose inattendue, la gamine avait lâché la branche à laquelle elle se tenait pour aller s’écraser au sol. Elle était encore loin d’une véritable tenue de combat… mais ainsi vêtue, l’enfant pouvait retrouver toute son agilité bienaimée.

Depuis ce jour, ses entrainements changèrent du tout au tout pour elle… sous sa forme animale, la Pichu recherchait la puissance, et la résistance que son corps ne pouvait lui offrir… et sous sa forme humaine, elle ne recherchait plus que l’agilité dont elle avait l’habitude.

Le "roc des cactus" était un endroit parfait pour s’entrainer. Du calme… personne pour vous déranger… aucun risque d’être attaquée après s’être épuisée seule… jamais elle n’avait autant progressé en si peu de temps. Mais elle ne pouvait plus imposer toute cette violence à ses camarades pacifiques.

A chaque coup de tonnerre, les enfants sursautaient. A chaque éclair zébrant le ciel, les oiseaux s’envolaient. A chaque nouvelle attaque qu’elle déchainait, l’oasis entière tremblait… beaucoup d’entre eux étaient intrigués par cette douleur qu’elle s’infligeait. Elle en impressionnait beaucoup, tandis que d’autres enviaient sa volonté. Chaque jour, des dizaines de petits yeux curieux l’observaient en silence, tremblant dans leur coin en attendant que l’orage passe. Pour eux, elle se l’était promis : aujourd’hui serait son dernier entrainement.

Elle était prête. Prête à repartir. Prête à combattre ceux qui s’en prendraient à elle. Prête à rechercher à nouveau un moyen de supprimer le contrecoup de ses attaques.

Lorsqu’elle vit l’ombre de son camarade apparaitre face à elle, l’enfant resta immobile. Elle sentit seulement une larme de joie couler le long de sa joue. Enfin… il volait de nouveau… vêtue pour l’occasion de sa robe blanche, elle fit un signe de la main à son camarade, persuadée qu’il l’avait déjà repérée.
Ce n’est qu’une fois plus proche qu’elle remarqua la créature entre les griffes du dragon. Une Feunarde… non, pas n’importe quelle Feunarde. LA Feunarde. Que faisait-elle ici ? N’était-elle pas retournée parmi les siens ? Intriguée, elle se redressa pour aller accueillir son ami comme elle le devait.

Après d’émouvantes retrouvailles entre le dragon et sa cavalière, empruntes de larmes et de salutations chaleureuses, le Libegon expliqua comment il avait retrouvé la Feunarde perdue au milieu des sables infinis. Sans plus attendre, les deux Gijinkas emmenèrent la mère et sa progéniture auprès de la source d’eau du roc afin de soigner ses blessures, et d’attendre qu’elle ne reprenne connaissance…

Les heures passèrent… peu à peu, la respiration de la renarde redevenait calme et paisible. Ses blessures ne saignaient plus, et son corps semblait se regorger d’énergie sous l’effet de la chaleur du soleil. Contre son corps, sa petite pleurait à chaudes larmes, implorant tout ce qui pourrait l’être de sauver sa mère. Et enfin, après être restés à son chevet tout ce temps, les deux gijinkas purent observer les yeux de la renarde se rouvrir lentement pour découvrir qu’elle n’avait finalement pas encore rejoint l’au-delà.

Sa première réaction fut d’enlacer sa petite, et de vérifier qu’elle ne souffrait d’aucune blessure. Ce n’est qu’après avoir examiné le moindre poil de la Goupix qu’elle daigna enfin poser le regard sur ses deux sauveurs.

Ses yeux s’écarquillèrent. Après tout ce qu’elle avait raconté sur eux… après tout ce qu’elle avait pensé de leur espèce… c’était finalement ces deux gijinkas qui étaient venus à son secours. Immédiatement, la renarde se répandit en excuse, puis remercia les deux autres du fond du cœur, comme elle ne l’avait jamais fait. Elle s’était tellement, tellement trompée sur leur compte… et sur sa propre idée de la vie…

Les dernières larmes séchées, chacun prit le temps de raconter ses mésaventures de ces derniers mois. D’autres Pokémons de l’oasis se joignirent au groupe, intrigués par ce rassemblement, si bien qu’au final, la scène rassembla une bonne vingtaine de créatures installées en cercle à proximité du lac. Les histoires des Kraknoix, des Feunard et du "roc des cactus" furent accueillies avec attention par tous ces curieux spectateurs. Si bien qu’au final, cette journée se termina sous les rires et les applaudissements de tous.

Ils entamaient leur dernière nuit dans ce désert. Leur dernière nuit au "roc du cactus" avant de nombreuses années… car demain, une fois encore, ils reprendraient la route des airs, ensemble, tous les quatre. Et bien qu’aucun d’entre eux ne sache ce que l’avenir leur réserve, ni le lieu qu’ils souhaiteraient atteindre au plus profond de leur cœur, une seule chose était certaine : leur vie n’était pas ici.

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