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[ Clos ] Quand la nature reprend ses droits [Solo]

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Message par Soriu Tiadramat Dim 6 Jan 2013 - 19:21

« Vous pouvez rester ici pendant deux bonnes semaines si vous le désirez. »

« Merci beaucoup mais je pense que si j’ai payé un loyer d’un mois pour cette maisonnette, c’est bien parce que je compte me reposer durant tout ce mois avec Elena. Elena, nous pouvons y aller. Je vais t’emmener là-bas. »

« Votre femme va bien ? Cette rose est magnifique, est-ce qu’elle est à vendre ? »

« Non.  »

Il avait répliqué cela sèchement, bien décidé à ne pas continuer sur cette voie alors qu’Elena vint se coller contre Soriu avec tendresse. Elle toussote légèrement, ne pouvant plus cacher son état au jeune homme. Du sang, elle a un mouchoir dans lequel elle crache des glairs ensanglantés. C’est horrible à regarder, c’est horrible à voir mais pourtant, c’est la sinistre et triste vérité. Soriu marcha à côté d’elle, l’aidant à se mouvoir jusqu’à la maisonnette. C’était une agréable chaumière, éloignée des autres, au beau milieu d’une clairière. Il y avait bien un bon kilomètre de marche et vue la fatigue d’Elena, il avait décidé de la prendre dans ses bras, la soulevant comme une mariée.

D’ailleurs, cela fit rire la jeune femme aux cheveux verts, disant qu’il était enfin temps de profiter d’un peu de temps à eux deux. Soriu ouvrit la porte grâce à ses pouvoirs psychiques, regardant la maisonnée de l’intérieur. La première chose qui l’intéressa fut la cheminée, un tas de bûches étant présent pour leur permettre de tenir le mois. Tant mieux, si Elena avait froid, il pourrait alors la réchauffer. Niveau nourriture, par contre, il y avait de quoi tenir une semaine d’après ce qu’il remarquait. Il n’avait pas voulu que d’autres personnes viennent, c’est pourquoi il allait cuisiner et préparer à manger pour elle.

D’ailleurs, c’est ce qu’il fit pour leur premier soir, forçant Elena à s’installer dans un lit douillet et chaud. C’était ce genre de vie qu’il voulait avec elle. Une vie à deux, une vie isolée des autres. Une vie isolée d’autrui. Qui ne serait rattachée à personne. Voilà tout. C’était tout. Il allait soigner Elena par ses propres moyens. Il savait que cet endroit lui ferait un bien fou. D’ailleurs, elle reprenait des couleurs à force de bien manger et elle lui souriait. C’était le plus important, vraiment le plus important. C’était tout ce qui comptait pour lui. Qu’elle soit heureuse.

---------------

Une semaine s’était écoulée. Une longue et horrible semaine. Dans un saut, il y avait de l’eau mélangée au sang. Les convulsions, les tremblements, l’effroi, tout. Tout ! TOUT ! Tout ! Il y avait tout ! Rien n’avait changé ! Tout avait empiré ! Elena toussait, crachait, tremblait ! Elle devenait pâle comme … comme … NON ! Non et non ! NON ! Il ne penserait pas ça ! Il allait trouver le moyen de soigner Elena ! Il allait trouver le moyen ! Il passa une main sur le front d’Elena, celle-ci lui souriant faiblement, un filet de sang s’écoulant de ses lèvres.


« Elena, je vais aller explorer les environs. Enfin non, je ne veux pas te laisser seule ma douce. Je ne peux pas te laisser seule. »

« Alors … tu peux me laisser ici et ne pas revenir, n’est-ce pas ? Je ne t’en voudrai pas, Soriu. Tu le sais déjà. Tu sais parfaitement  que je … »

« Ne raconte pas de bêtises,  comme si j’allais t’abandonner. Tu sais aussi bien que moi que c’est impossible. Je ne te laisserai jamais, Elena. Qu’importe ce que les gens disent, qu’importe ce que les gens pensent, qu’importe ce qui se passe. Je serai toujours auprès de toi mon amour, jusqu’au bout … et je ne crois pas que je veux que la mort nous atteigne aussitôt. Alors, je vais aller trouver un remède pour te soigner et ensuite, nous profiterons tous les deux de cette maisonnée. Qu’est-ce que tu en penses ? On pourrait s’aimer sur cette peau d’Ursaring au sol,  non ? Toi et moi … ça serait merveilleux. Il faudrait que l’on profite enfin de chacun, n’est-ce pas ? »

« Ca serait le plus doux des remèdes. Ca serait le plus tendre des soins. Rien qu’à l’idée d’en parler, je me sens déjà mieux. »

Elle eut un petit rire avant de se pencher rapidement, recrachant quelques glairs ensanglantés. Soriu passa un doigt sur ses lèvres, récupérant le filet de bave rouge qui s’écoulait. Il ne voulait pas montrer sa tristesse mais … il se sentait mal. Il voulait l’aider et pour ça, il devait la laisser seule. Mais il ne pouvait pas, c’était tout simplement impossible de la laisser seule. Pourtant, elle vint le rassurer avec tendresse, caressant sa joue :

« Je ferai le strict minimum mon amour. Je me lève, je mange, je me recouche. Je ne serai pas capable de me rendre faire belle lorsque tu reviendras »

Il eut un petit rire, lui signalant qu’elle était déjà la plus belle des femmes. Il n’était pas forcément rassuré mais elle lui caressa la joue et lui murmura que c’était mieux qu’il parte maintenant pour aller trouver ce médicament miracle, non ? Plus il perdait de temps, moins elle serait en état de l’accueillir. Avec une extrême réticence, le jeune homme aux cheveux blancs se redressa et laissa la main d’Elena quitter sa joue. Il l’embrassa sur les lèvres, qu’importe sa maladie avant de quitter la maisonnée. Lorsqu’elle fut seule, le corps d’Elena commença à briller légèrement.

« Il est troublé, cela se voit. Je ferai mieux de préparer cela. »

Oui. Elle devait faire ça avant qu’il ne soit trop tard. Elle poussa un léger soupir qui se voulait apaisant tout en posant une main sur son cœur. Prendre son calme et contrôler ses émotions. Cela … était une chose nécessaire à faire. Car elle ne pouvait savoir ce que le futur allait prévoir pour elle et lui. Elle ne devait plus qu’espérer que Soriu revienne le plus tôt possible. Mais dans le pire des cas, elle se préparait mentalement, mentalement à tout ça. Elle devait prendre sur elle-même et imaginer le pire avant le meilleur. La vie ne lui avait pas fait de cadeau.

Quelques heures plus tard, elle était terriblement épuisée et pâle, le teinte livide. C’était à peine si elle pouvait bouger mais elle avait réussi ce qu’elle voulait. Maintenant elle devait se reposer … c’était le plus important. Se reposer et attendre Soriu. C’était la meilleure chose à faire. Elle ferma les yeux, prenant une profonde respiration tout en pensant à lui. Où qu’il se trouvait, elle sera toujours à ses côtés. C’était la plus belle chose à faire et … La porte s’ouvrit d’un violent coup de pied, la forçant à rouvrir ses yeux. Pourtant, elle ne bougea pas de sa position, tournant juste sa tête :


« Votre éclaireur cachait difficilement sa présence. Mon mari ne l’a même pas remarqué car il était trop inquiet pour moi.»

Elle s’en doutait depuis le moment où elle avait entendu poser cette question de la part de l’homme qui leur avait loué cette maisonnette. Soriu était trop inquiet à son sujet. Il s’était toujours trop préoccupé à son sujet, beaucoup trop. Comment réagir autrement ? Elle savait ce que cela voulait dire. Elle savait ce que cela représentait. C’était si compliqué, beaucoup plus compliqué qu’il ne voulait le croire. Elle ne chercha pas à se relever, regardant les trois hommes qui penchaient leurs têtes vers elle.

« Hey, mais elle est plutôt mignonne. C’est vrai  que la rose est pas mal non plus. »

« Je crois bien qu’une petite session de … »

Le cou de l’homme qui allait prendre la parole se brisa, l’unique œil d’Elena devenant rose. Pour qui est-ce qu’ils la prenaient ? Une faible femme ? Ils allaient comprendre leur douleur et … oh … son crâne. Elle avait mal … tellement mal. Les deux autres hommes reculèrent, surpris de la puissance d’Elena mais déjà trois autres firent leurs apparitions. Elle n’arrivait à rien, plus rien du tout. Elle se sentait si faible, si fragile. Elle passa une main sur son front, murmurant :

« Pardon Soriu, je ne crois pas que je pourrai attendre jusque-là. »

Du sang commença à s’écouler de la rose de cristal. Son œil avait le même symptôme alors que déjà, deux bras vinrent se tordre, empêchant à des hommes de la capturer. Néanmoins, le nombre était beaucoup trop important et elle se retrouva rapidement paralysée. Les hommes s’écrièrent :

« Arrachons-lui la rose ! Puis … le reste. On va lui apprendre à nous résister. De toute façon … »

Ils n’avaient pas prévu de juste récupérer la rose, loin de là. Hahaha. Des petits couteaux dans leurs mains, l’une d’entre elles vint extirper de force la rose de cristal offerte par Soriu à Elena. Le début de la fin …  Elena prit une profonde respiration, fermant son unique œil. Elle était prête, plus que prête. Elle murmura avec lenteur :

« Les humains sont des êtres stupides. L’humanité est horrible. Néanmoins … elle mérite quand même qu’on lui laisse une chance … simplement pour des êtres comme Soriu. »

---------------

« Une semaine, ça fait déjà une semaine. »

Il se répétait cela, anxieux et terrifié. Une semaine sans Elena Depuis le début de son existence, quand il a eu Elena, c’était la première fois qu’il partait sans elle. C’était la première fois qu’il était ainsi, livré à lui-même. C’était la première fois qu’il devait se débrouiller seul. Il n’était pas courageux, il n’était pas fort, il n’était pas un héros. Il était juste un jeune homme qui avait besoin d’une personne à ses côtés, qui se montrait sous son meilleur jour quand la Gardevoir était à ses côtés. La preuve ! Cela faisait une semaine maintenant qu’il était à la recherche d’un médicament ou de quelque chose capable de soigner Elena. Le problème, c’est qu’il n’avait aucun indice sur sa maladie, rien du tout même. Pourtant, il avait pris tout le reste de ses économies au cas où et se trouvait maintenant dans un lieu des plus mal famés. D’ailleurs, il avait de nombreuses marques sur le corps. Se battre pour obtenir ce que l’on désirait, c’était souvent une règle élémentaire.

« Alors comme ça, tu recherches un remède miracle, c’est ça mon petit gars ? C’est pas donné mais je te promets qu’avec ça, qu’importe la maladie que t’auras, tu te sentiras en meilleure forme. Par contre, c’est pas donné, tu as du blé quand même sur toi ? Car je suis pas un bon samaritain. »

Il hocha la tête sans un mot, montrant son épaisse bourse d’argent à un homme d’une cinquantaine d’années, déjà aux cheveux grisonnants et avec un sourire édenté. Et ses habits pouilleux. Il se moquait de lui ou pas ? Non, il devait se montrer responsable et capable. Elena lui faisait confiance pour revenir. Il tendit quelques pièces au vieil homme mais celui-ci continua le mouvement, il fallait plus, bien plus même ! Il haussa un sourcil, regardant cet être cupide. C’était pour Elena … Il était prêt à tout pour Elena, vraiment prêt à tout pour la soigner. Il envoya la bourse complète. Il travaillera dur pour obtenir à nouveau de l’argent pour elle.

« Bien bien bien, ça me semble être une somme convenable. Je vais aller chercher la poudre et le liquide qui va avec. N’essaie pas de m’arnaquer ou tu risquerais d’avoir de gros problèmes. »

Ah bon ? Il devait le craindre ? Mais qu’importe, il n’était pas impressionné. Que ça soit par le vieil homme ou alors les personnes autour de lui qui le regardaient avec méfiance et amusement. Un mauvais payement égal un tabassage dans les règles de l’art avec dépouillage. Il sait ce que vaut ce monde, il le sait parfaitement. Mais il peut supporter ce monde, il peut le supporter tant qu’elle est à ses côtés. C’est le plus important à ses yeux.

« Tiens, tu lui fais boire ça après avoir mis la poudre à l’intérieur. Par contre, faut pas attendre trop longtemps donc sépare bien les deux. Faut que ça soit bu en même temps que la poudre … et ça fera effet dans le corps. Effet garanti sauf pour le goût, compris ? »

Un petit sachet de poudre ? Avec une odeur horrible ? Et ce liquide verdâtre ? C’était horrible mais en même temps, il ne pouvait pas vraiment donner son avis. Néanmoins, son œil borgne regardait le vieillard avec suspicion avant que celui-ci ne reprenne :

« T’en fais pas, c’est pas empoisonné. Juste dégueulasse et ça laisse un arrière-goût dans la bouche. Mais ça, on s’en fout non ? T’as une sacrée maladie à soigner et t’étais prêt à tout pour pouvoir t’en occuper. Si t’es désespéré pour venir jusqu’ici, je ne vais pas te chercher des noises. Question de principe : les personnes tordues, on évite de les avoir comme ennemies. »

Il ne fait qu’hocher la tête sans même répondre aux propos. Il récupéra la cruche fermée ainsi que le sachet de poudre, s’éloignant sans demander son reste. Il avait beaucoup plus à faire, beaucoup plus même. Sans même prévenir, sans crier gare, il s’était mis à courir à toute allure lorsqu’il fut hors de ce quartier. Retrouver Elena ! Retrouver Elena et la soigner ! Retrouver Elena maintenant ! Soigner Elena ! La soigner et la revoir sourire ! Recommencer à vivre avec elle !

---------------

A cette allure, il ne lui fallut que quelques heures à lui couper le souffle pour retourner à la maisonnée. Ah … Il faisait peut-être froid, il neigeait peut-être mais qu’importe. Il était heureux, plus qu’heureux même. Il allait retrouver Elena et … Ca veut dire quoi ça ? Pourquoi est-ce que la porte est défoncée ? POURQUOI EST-CE QUE LA PORTE EST DEFONCEE ?!

Il commença à courir à nouveau, qu’importe le point de côté qu’il avait à la hanche. Elena ! Elena ! Qu’est-ce que ça voulait dire ?! La neige ! La neige à l’entrée était là depuis combien de temps ? Ca faisait des … à cause de la hauteur de la neige, ça faisait des jours. Des jours ? Des jours ? Il pénétra dans la maisonnée, commençant à crier le nom d’Elena jusqu’à ce qu’une forte odeur ne lui pique les narines. Cette odeur … cette odeur. Non, non et non ! C’était pas possible ! PAS POSSIBLE ! Il marcha à vive allure vers l’origine de l’odeur, arrivant  jusqu’à la chambre où Elena se reposait. Là aussi, la porte avait été défoncée.


« E… Elena, c’est pas possible. Je rêve hein ? El… Elena … C’est juste une attaque mentale, rien d’autre. Rien d’autre. »

Ce corps qui baignait dans une flaque de sang durcie, ce n’était pas Elena. Ce corps lacéré de toutes parts, dépouillé de ses vêtements, ce n’était pas Elena. Ce corps souillé par la semence masculine sur son entrejambe et ailleurs, ce n’était pas Elena. Ce n’était pas Elena. Ce n’était pas Elena. Ce n’était pas Elena. Pas du tout. C’était juste son imagination fertile. Il se rapprocha du corps en état de putréfaction, celui-ci s’illuminant légèrement. Elena … c’était Elena. C’était Elena ! Il le savait bien ! Il le savait ! Il avait Elena qui se tenait devant lui ! C’était Elena ! ELENA ! Elena qui lui souriait ! Elle rayonnait ! Elle était là ! Il relâcha le sachet de poudre et la cruche, celle-ci se brisant au sol avant de foncer vers sa femme. Il la traversa, le surprenant alors qu’il s’écroulait sur son corps. Sa femme, sa femme, Elena était au sol. Elle était au sol, elle souriait, malgré ce sang et ce … ce … Ah ! AH ! Non ! Ce n’était pas Elena au sol ! Elena, c’était celle qui lui tournait le dos ! C’était …

« Soriu ? Si tu vois ce message, c’est que la maladie m’a emportée. Ou alors, peut-être est-ce cette personne qui était dans les environs de notre maisonnée ? En train de nous espionner ? Je ne sais pas mais cela m’importe peu. Je ne sais pas pendant combien de temps je pourrais concentrer mes derniers pouvoirs psychiques. »

Qu’est-ce qu’elle racontait ?De quoi est-ce que … AH ! Ces cadavres autour d’elle ?! Il y en avait au moins quatre ou cinq ! Des hommes ! Deux avaient leurs pantalons en bas des jambes. Non, non, non ! C’était pas ça ! C’était pas ça ! C’était … Ah ! Ah ! Ses mains tentèrent d’agripper la femme aux cheveux verts qui se tenait au-dessus du corps sans vie mais … rien à faire. C’était une incarnation de l’esprit … son incarnation. Ses dernières paroles.

« Je pense savoir ce qu’était ma maladie même si je n’ai jamais osé t’en parler. Tu sais que les maladies humaines sont différentes de celles des pokémons, n’est-ce pas ? Malgré mon apparence, j’ai toujours été une pokémon. Une créature comme les autres. Mais il s’avère qu’en même temps, j’ai été agressé par les maladies humaines. Incapables de se défendre, cela n’a fait qu’empirer de jour en jour. On ne peut pas lutter contre la vie, on ne peut pas lutter contre la mort. On ne peut pas lutter contre les forces naturelles qui régissent le monde. Mon existence n’était pas naturelle. Je n’étais pas naturelle. Je n’étais pas réellement une pokémon, je n’étais pas réellement une femme. J’étais un peu des deux. Je voulais me rapprocher de l’humaine sans jamais pouvoir l’atteindre. Je voulais quitter cet aspect pokémon sans jamais pouvoir l’abandonner. J’étais une aberration … et les aberrations doivent disparaître, c’est leur destin. Peut-être que nous n’avons jamais goûté au fruit interdit, toi et moi mais ces années passées à tes côtés m’ont permis de comprendre à quel point il était possible de briser les frontière même si tout cela a un coût. Pendant plus de quatorze ans, j’ai appris à te découvrir, à te connaître et à t’aimer. Tu me l’as bien rendu mais cela t’a lié à moi d’une manière bien plus horrible que je ne le pensais.

Tu te rappelles de Serena ? Cette femme était faite pour toi. Elle était humaine comme toi. Les humains vont avec les humains, les pokémons avec les pokémons. Mais toi, tu n’y tenais guère compte. Tu m’aimais d’un amour maladif, d’un amour possessif. Tu ne voyais que moi et j’étais heureuse, comblée, dans un autre monde. Mais cette rose que tu m’as offerte avait aussi ses épines. Les gens te regardaient bizarrement, te dévisageaient, te vilipendaient. Tu étais un monstre, un être tordu, un détraqué. Mais cela ne te dérangeait pas. La seule chose qui existait à tes yeux, c’était moi. Uniquement moi, rien que moi. Tu ne te liais à personne, tu n’avais plus aucun contact avec autrui, tu ne cherchais même pas à te rapprocher de quiconque. Ne trouves-tu pas … cela triste en un sens ? Moi qui suis la pokémon des sentiments, des émotions et de l’étreinte, je ne te donnais pas la possibilité de pouvoir t’épanouir, te développer, de te donner une place dans ce monde. Cet amour que tu éprouvais pour moi était sincère et pur, je le sais. Mais cet amour n’aurait jamais dû avoir lieu, n’aurait jamais dû se produire. J’ai profité de ta faiblesse sentimentale après la mort de Serena pour y prendre cette place vacante dans ton cœur. Si tout cela ne s’était jamais produit, peut-être que ... tu serais devenu un champion d’arène ? Quelqu’un d’important ? Il n’est jamais trop tard pour commencer maintenant. Tu es de Mizuhan, l’armée voudra surement de toi ! Tu ressens une empathie immense envers les pokémons, je suis sûre que tu pourrais aussi en élever ou t’occuper d’eux ! Tu as tellement de choix … et moi je te restreignais. Je t’empêchais de te développer mais aujourd’hui, c’est fini. »


Fini ? Qu’est-ce qu’elle racontait là ? C’était quoi ça ? C’était quoi ça ?! Pourquoi est-ce qu’elle pointait maintenant un doigt vers lui ?! C’était quoi ce petit fil doré qui sortait de l’index gauche d’Elena ?! Et c’était quoi ce fil qui sortait du sien ?! Pourquoi est-ce que c’était le même ?

« Aujourd’hui, je te libère de ce lien qui nous unissait. Aujourd’hui, avec ma mort, je te libère de tes engagements envers ma personne. Soriu Tiadramat, j’ai été très heureuse de vous connaître. Ma vie n’aurait pas pu être plus merveilleuse ailleurs qu’à vos côtés. Soriu Tiadramat, découvrez ce monde qui vous entoure. Soriu Tiadramat, ne haïssez pas l’humanité, aimez-là, trouvez votre place en elle. Soriu Tiadramat, je serai toujours dans votre cœur … pour l’éternité. Soriu Tiadramat, je vous aime … mais votre bonheur n’est pas à mes côtés. »

Pourquoi ce … Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle souriait ? Pourquoi est-ce qu’elle souriait si elle pleurait ? Pourquoi est-ce que ce fil doré qui reliait leur index … était en train de disparaître ? Ah non ! Il ne devait pas disparaître ! Il ne devait pas ! S’il disparaissait, alors … alors … Non non ! Le bas du corps d’Elena était en train de disparaître ! Son visage souriant et parfait, comme s’il n’avait jamais subit cette agression physique, ne devait pas disparaître !

« Adieu … Soriu Tiadramat … mon amour. »

Plus rien … plus rien du tout. Il ne restait plus rien … sauf le froid de l’hiver qui pénétrait dans la maisonnée par les portes défoncées. Plus rien du tout. Il s’écroula à genoux, devant le cadavre de celle qu’il avait aimé. Avec lenteur, sa main droite commença à passer sur son corps, cherchant à soigner ses entailles, à la laver de cette impureté, à passer sur les cicatrices qui avaient blasphémé cet être si parfait. Ses derniers restes en tant que Gardien Elemental, ses derniers pouvoirs liés à l’eau. Ses derniers instants … les dernières larmes qui émanèrent de son œil gauche crevé, cet œil gauche qu’il n’avait pas hésité un instant  à se lacérer pour ressembler à celle … qu’il prenait dans ses bras.

« Ma place dans l’humanité, Elena ? Tu as toujours été très drôle, vraiment très drôle. Ma place dans l’univers … je n’ai pas à essayer de m’y intégrer. S’il n’a pas voulu de toi alors il ne m’intéresse pas. Elena, je vais te trouver un endroit merveilleux où tu pourras reposer en paix … mais je suis désolé, je ne peux pas leur pardonner … pas du tout même. Je suis mort avec toi. Lorsque je quitterai cet endroit, je t’aurai rejoint. »

Avec lenteur, il souleva le corps d’Elena, le déposant dehors au beau milieu de la neige. Il retourna dans la maisonnée avant d’en sortir quelques instants plus tard. La maisonnée flamba derrière lui alors qu’il reprenait le corps d’Elena, disparaissant sous la tempête. Ce fut la dernière fois que l’on le vit en tant « qu’être humain ».

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Soriu Tiadramat
Soriu Tiadramat
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