[ Clos ] Pour ses beaux yeux [Asaka/Melian]

par Gareth Ivanoé Lun 24 Déc 2012 - 17:49

[HRP : Comme il me semblait que Yûn-yûn voulait lancer ce topic avant le nouvel An, et comme je ne serai pas là la semaine prochaine, et bien, je lance...]

Et voila.

Ce n'était pas la première fois qu'il venait au pays de l'élément aérien. Pas non plus la première fois qu'il en visitait la capitale, Alfen. Il n'en avait pas gardé beaucoup de souvenirs, mais reconnaissait parfois une statue, un temple, une échoppe particulière. Mais c'était la première fois qu'il se rendait quelque part sans but particulier, ou plus exactement, en se cachant à lui-même ce but.

L'idée l'avait effleuré au moment de prendre ses fonctions de champion. On lui avait bien sûr touché deux mots au sujet de ses sept collègues actuels, annonçant qu'il risquait d'y avoir des changements pour certains postes durant sa propre période d'activité, et en lui assurant sans donner trop de précision, qu'il aurait bien l'occasion de les rencontrer tous au moins une fois. Il connaissait déjà certains, de réputation, comme Peter, le Dragon Master Nalcien, Tyla, la Mizuhannienne plutôt célèbre dans le milieu, Mélian, sa propre compatriote.

Mais un nom l'avait marqué, plus que les autres. La seconde Championne du pays de l'Air se nommait Asaka Chôkô. A la seconde même où il l'apprit, Gareth s'efforça de se persuader qu'il s'agissait d'une coïncidence, un malheureux hasard. L'inconnue était Nalcienne et portait le même nom qu'une certaine jeune fille... Mais elle n'était sans doute pas la seule dans ce cas ! Qui était-il pour savoir si ce prénom d'Asaka n'était pas très répandu dans la contrée des vents ? Il avait tenté, en vain, d'oublier cet incident, d'attendre que la femme vienne se présenter à lui si ça lui chantait, et de s'apercevoir qu'elle était, bien entendu, une toute autre personne que celle à qui il pensait.

Sauf qu'elle n'était pas venue, ni elle ni personne d'autre, et qu'il n'avait donc pas pu s'ôter du doute qui l'étreignait de plus en plus. Cette fille lui avait brisé le coeur, il lui en voulait, il pouvait même la haïr en se forçant un peu... Mais il l'aimait. Non, il l'avait aimée. Et il y avait une chance, une minuscule chance pour qu'il soit en mesure de la revoir... Et il dût se rendre à l'évidence : il en avait envie.

Son autorité de Champion lui avait permis d'obtenir assez vite une monture de prêt de la part de son armée pour se rendre à Nalcia. Il avait d'ores et déjà prévu une quelconque excuse pour expliquer son départ, mais on ne lui demanda rien - il fallait dire que l'arène n'était pas surchargée ses derniers temps, et ses services d’entraîneur Pokémon n'étaient pas non plus trop demandés. Il le regretta presque - est-ce que personne n'allait donc le retenir ? L'empêcher d'y aller, de commettre l'énorme erreur qu'il avait l'impression de commettre ? N'allait-on pas lui demander des comptes, alors qu'il allait voir la femme qui avait probablement volé tellement de secrets militaires et causé la mort de soldats Terrosiens ? Non, bien sur, il était le seul à savoir. Heureusement. Autant pour elle que pour lui.

Après de nombreuses heures de voyage, alternant vol et marche à pieds pour ne pas fatiguer trop son oiseau, Gareth avait atteint Alfen. Il était entré dans la ville, regardé un peu de travers par les gardes de la porte, avec son uniforme de soldat Terrosien, et avait sorti son badge pour expliquer qu'il était là pour ses obligations de Champion. Là encore, personne ne lui avait rien dit. Il semblait n'y avoir aucun obstacle entre lui et cette fameuse Asaka... Si ce n'était sa propre peur.

Enfin bref. Il y était. Il n'avait plus qu'à se diriger vers l'arène, se présenter à la Championne, et repartir. Mais cette distance, ces actions si aisées, semblaient impossibles à envisager.

par Asaka Chôko Ven 28 Déc 2012 - 12:20

La première chose que la Championne aux oiseaux fit, en réintégrant son fief, fut de se précipiter sur la Poste Roucool. Elle ne prit même pas la peine de descendre de sa monture tricéphale au moment de pénétrer dans l’enceinte de la capitale nalcienne. Pas le temps. Et chaque seconde comptait. Se fichant éperdument de la queue qui était formée dans le bâtiment, elle s’était avancée jusqu’au comptoir et avait exigé un vol express. Personne ne lui fit la moindre remarque sur son attitude. Sa réputation au sein de sa ville n’était plus à faire, et personne n’avait envie de se frotter à cette furie.

Dès que le Pokémon porteur de sa missive s’était envolé pour les contrées terrosiennes, Asaka était retournée chez elle. Maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre… En espérant que son amie ne tarderait pas. La vie du seigneur déchu était en jeu. Et elle était bien décidée à ne pas laisser la Triste Dame acquérir un nouveau sujet.

Quelques jours passèrent et, enfin, la Championne aux poisons parvint jusqu’à son habitation, précédée par Nusumi qui était venue l’accueillir et la guider au milieu des rues labyrinthiques de la capitale. Asaka poussa un très discret soupir de soulagement, et s’avança vers sa collègue.

« Salut Vipère. Chuis contente de te voir, mais j’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances. Bon, mon message était peut-être pas très clair, mais tu vas très vite comprendre pourquoi je t’ai fait venir. »

Sans attendre, la Furie d’Alfen saisit la sphère de son nouveau combattant, et l’activa. Le globe bicolore se scinda et libéra son occupant dans un flot lumineux aveuglant. Mais la masse qui se matérialisa demeurait clouée au sol, couchée sur le flanc. Ganka avait perdu connaissance, mais il semblait toujours respirer. Heureusement. S’il avait clamsé avant même qu’on ait pu lui apporter des soins, elle l’aurait tué. Pour avoir rompu sa promesse, la condition pour laquelle la Championne aux oiseaux avait accepté d’en faire un de ses serviteurs.
Effrayée par cette grosse bestiole et cette odeur de sang qui était presque étouffante, Yoshiko se précipita jusqu’à sa dresseuse et s’accrocha à ses vêtements, dans son dos. Les larmes perlaient déjà à ses yeux globuleux. Son corps de chitine rouge frissonnait, faisant crisser ses ailes translucides. Asaka leva les yeux au ciel.

« Si tu réagis comme ça, ça va pas le faire, Yoshiko. »

A ces mots, la petite libellule essaya de se calmer. Au bout d’une poignée de secondes, elle réussit à réprimer ses tremblements. Même si une légère vibration était encore perceptible.

« C’est mieux. Vipère, si tu as besoin de quoi que ce soit, ou d’aide, n’hésite pas. Et si y’a des trucs qu’il te manque, j’envoie Nusumi les acheter –oui, sale piaf, j’ai bien dit acheter. Jusque là, j’ai essayé de ne pas le sortir de sa pokéball, et princesse essayait de maintenir son état avec ses pouvoirs, à travers le métal. Je sais pas si ça a été efficace, mais on en est là… »

par Melian Jeu 3 Jan 2013 - 23:18

La championne de Kabana n'avait rien à faire ces derniers temps. Son père monopolisait les patients faciles, afin de se faire de l'argent, et les challengers n'étaient pas très nombreux en ce moment. A part une demoiselle de Nalcia qu'elle avait accueilli récemment, personne ne franchissait les lourdes portes de l'arène. Et la jeune femme tournait clairement en rond. Oh bien entendu, elle entraînait ses Pokémon, recommençait à accumuler diverses potions, mais ça ne semblait être jamais assez, et ça devenait lassant à la longue. Elle avait besoin de bouger, mais elle ne voulait pas partir sans motif. C'est pour ça que lorsqu'elle vit un Roucool messager s'écraser contre sa vitre, elle ressentit un vif plaisir au fond d'elle. Vif plaisir qui se teinta bientôt d'une inquiétude sourde. Le message était bref, signé d'un nom qu'elle connaissait bien, et qui lui demandait de venir au plus vite. Elle regarda l'oiseau, mort de fatigue, et fit signe à Hanasai de sortir une potion tonique pour lui, ainsi que de quoi manger. Il allait bientôt devoir repartir, mais grâce à tout ce qu'il prenait, sa vitesse et son endurance seraient boostées. Il ferait le trajet en moitié moins de temps et pourrait rassurer au plus vite la Nalcienne. Elle écrivit une rapide réponse, demandant à son amie de lui préparer une chambre pour son arrivée. Puis, elle autorisa le Roucool à se reposer un petit quart d'heure avant de se tourner vers ses Pokémon. Néanmoins, habitués au situation d'urgence, et ayant perçu le regard inquiet de la Terrosienne, ils se déplacèrent d'eux même, rassemblant tout ce dont elle pourrait avoir besoin. Ils étaient particulièrement entraînés à ce genre de cas, et Hanasai, Kogane et Akugi se présentèrent face à elle. Elle fit signe à Akora de venir, vu qu'elle ferait partie du voyage pour s'entraîner auprès de l'Herbizarre. Elle en était à quatre compagnon, comme toujours. Les plus fidèles, en quelque sorte, et une apprentie. Après que la fleur quadrupède ait placé les potions capitales dans la besace de la femme aux poisons, celle-ci prépara quelques affaires de rechanges, et prit un stock de bandage assez conséquent. Une fois son paquetage bouclé, elle prit ses Pokémon avec elle, l'Arbok s'enroulant autour de sa taille. Elle confia l'arène à ses compagnons et fila vers le service de montures. Il n'y avait personne ici non plus. Elle demanda un Ptéra, Pokémon rapide, qu'on lui remit sur le champ. Elle sortit, grimpa sur le rapace rocheux, et décolla, filant vers Nalcia.

Le voyage ne dura pas très longtemps. En quelques jours, elle était dans le pays de l'Air, se dirigeant vers la capitale. Elle laissa le ptérodactyle défoncer les dalles sous ses serres lorsqu'elle se posa lourdement au sol et remercia le fossile, le rappelant. Puis, tenant ses affaires, elle marcha d'un pas preste vers l'arène. Elle remarqua à peine du coin de l'oeil un homme planté comme un piquet devant la bâtisse, qui semblait hésiter à rentrer. Un challenger ? Peut-être, elle ne savait pas, tout son esprit était concentré sur son objectif. Elle s'attendait au pire après tout, le message ne décrivait pas l'état du Pokémon, juste que son état était des plus graves, et qu'il semblait agoniser, bientôt passer au point de non retour. Alors se concentrer sur un homme, de dos, devant une arène, ça n'était pas le moment. Elle se dit néanmoins qu'il était un peu vieux pour être un challenger. Mais bon, on commençait sa vie quand on le voulait, hein ? Seul Kogane, qui prit le temps de pivoter la tête, retint un sifflement de surprise, en reconnaissant le nouveau compatriote de la championne, Gareth, qui avait obtenu la gestion d'une arène à Terros aussi. Le serpent lui adressa un signe de tête, comme pour l'inviter à venir.

La femme en kimono poussa les lourdes portes et salua prestement Asaka. Elle était contente de la revoir, même si en effet, ça n'était pas le moment de casser du sucre sur le dos des challengers autour d'une tasse de thé. Elle eut un sourire un peu crispé, tout son esprit déjà tourné vers l'effort qu'elle allait devoir fournir. Les propos de la Furie d'Alfen n'étaient pas rassurants. Elle était franche, ne faisait pas dans la demi-mesure, et si elle disait que c'était grave, alors Melian n'aurait pas plus de cinq minutes pour établir un diagnostique complet et entamer des soins. Elle regarda le lion de foudre jaillir de la sphère et s'écraser sur le flanc, du sang commençant déjà à s'écouler sous lui. Aussitôt, les Pokémon accompagnant la Terrosienne sortirent de leurs sphères. La Rozbouton sembla choquée devant un tel spectacle, mais elle savait qu'elle n'avait guère le choix... Et la présence de l'Herbizarre à ses côtés était assez rassurante. Akugi, devant la scène, perdit un peu de son entrain. Aussi étrange cela puisse paraître, elle restait une gamine qu'un rien pouvait choquer. Et ça, ça la déstabilisait vraiment. La jeune guerrière entendait les ailes de Yoshiko et eut un fin sourire.

« Hanasai, Doux Parfum, ça calmera un peu tout le monde. Akugi, tu restes là, tu me maintiens son âme dans son corps. Yuki Yûki, si tu veux bien nous aider, nous ne serons pas trop de deux pour établir l'étendue des dégâts à l'intérieur de son corps. Kogane, tu sais déjà ce que tu as à faire. Akora, regarde et apprends. »

Chacun ayant reçu sa tâche, ils commencèrent à s'y atteler. Le serpent aux écailles mauves commença à vérifier la température du fauve. La Spectrum veillait à ce qu'il reste bien en vie, essayant de déterminer si les dommages internes étaient conséquents. L'Herbizarre essayait de rassurer le petit bourgeon et la libellule, dont les tremblements pouvaient gêner la guerrière. Pendant ce temps, celle-ci observait la tête du roi déchu, observant les plaies, son esprit commençant à lister ce dont elle aurait besoin, classant les urgences, les plaies à traiter au plus vite, ce qu'elle pouvait confier aux autres, etc... Néanmoins, elle sentait que la situation devenait un peu tendue. Alors elle essaya, tant bien que mal, d'apaiser tout ce beau monde.

« Je te dirais ce dont j'ai besoin. J'ai peur de ne pas avoir pris assez de bandages, il faudra peut-être aller en acheter encore un peu... Surtout qu'il va falloir les changer, il vaut mieux avoir des réserves. Tu peux envoyer Nusumi faire ça, si tu veux. De plus, il faudrait que Yoshiko s'apaise un peu plus, le Doux Parfum devrait y aider. Mais le bruit qu'elle produit peut déconcentrer tout le monde, et les Luxray ont quand même l'ouïe fine, ça l'agressera quand il reviendra à lui. Ah et sinon, j'ai l'impression que quelqu'un cherche à te parler mais n'ose pas pénétrer dans l'arène, tu devrais peut-être aller regarder... Ca te changerait un peu les idées, non... ? »

Elle ne voulait pas dire que la championne aux oiseaux la dérangeait, loin de là. Mais ça devait être un peu pesant pour elle de voir l'un de ses futurs compagnons dans cet état. De ce qu'elle devinait, Asaka était quelqu'un pouvant fonctionner avec la loi de la nature. Chacun doit mourir un jour. Mais si une telle chose s'était produite, si elle avait ramené le fauve avec elle, ça n'était pas pour rien, et il y avait une raison. Si elle pouvait prendre l'air et essayer de se détendre, ça lui ferait probablement un peu de bien... Qui plus est, Melian n'était pas en mesure de dire que « tout irait bien ». Elle ne baissait pas les bras, mais elle ne pouvait rien affirmer. Finalement, au bout de quelques instants supplémentaire, elle avait une vision d'ensemble de l'étendue des dommages. Ca n'était vraiment pas beau à voir. Elle allait devoir, avant tout, s'occuper des yeux crevés. Ils pouvaient s'infecter, et étaient bien plus proches du cerveau que les autres plaies, dont l'Herbizarre pouvait se charger. Si jamais un problème survenait dans les cavités des globes oculaires, il ne s'en relèverait probablement pas. Elle ouvrit son sac, retroussa ses manches et commença à s'affairer autour du lion, prenant un linge mouillé pour commencer à nettoyer les yeux du Pokémon. Même si elle ne posait pas son regard sur la jeune femme estropiée, elle sentait sa présence. Elle essaya de la rassurer un peu, comme elle le pouvait :

« Ce que tu as fait a stabilisé son état. Ca ne l'a pas réellement arrangé, mais il ne s'est pas dégradé pour autant, et tu as pu le maintenir en vie, en évitant que les dommages s'étendent. Tu lui as octroyé un sacré sursis... »

Ce n'est que quelques instants que la médecin percuta que l'homme qu'elle avait vu était très probablement Gareth Ivanoé, le nouveau champion de Seian. Elle ne l'avait pas reconnu sur le coup, et maintenant, c'était un peu tard... Tant pis, au pire, elle irait lui présenter ses excuses plus tard. Pour le moment, elle avait autre chose à penser, et elle devait se montrer très minutieuse dans le soin qu'elle apportait au visage défiguré du fauve. Elle ne devait pas commettre d'impair. Le moindre sursaut pouvait tout aggraver, l'ambiance devait rester le plus sereine possible autour d'elle si elle voulait réussir.

par Gareth Ivanoé Sam 2 Fév 2013 - 23:45

Alors qu'il continuait à tergiverser sans parvenir à faire un choix entre aller de l'avant ou rentrer chez lui la queue entre les jambes, une jeune fille le dépassa sans lui adresser un regard, entrant à l'intérieur du bâtiment sans en demander la moindre permission, sans s'annoncer d'aucune manière. Gareth avait pu reconnaitre, après quelques instants de doute, Mélian, sa camarade championne. Il n'avait jamais eu l'occasion de lui adresser la parole, ni même de la rencontrer, mais on lui avait déjà fait voir des portraits d'elle et surtout, elle était très réputée pour avoir à ses côtés en permanence son Arbok. Le serpent sembla lui aussi savoir à qui il avait à faire et lui adressa un signe étrange. Tentait-il de le pousser à suivre la Terrosienne ? Etait-ce un coup du destin ? Ridicule. Qu'est-ce que cet animal pouvait bien connaitre de ses états d'âme ?

Outre le serpent, qui était déjà en lui-même suffisamment impressionnant, ce qui frappait Gareth à la vue de la jeune femme, c'était ce sentiment d'urgence qui animait ses mouvements. Que faisait-elle aussi loin de chez elle ? Le soldat la savait médecinà ses heures, peut-être était-ce cet aspect de sa personne qu'on avait réclamé si loin de leur pays. Y avait-il une personne malade à l'arène ? Ou, du coup, un Pokémon ? Finalement, ce n'était peut-être pas le meilleur jour pour rencontrer la Championne...

Non. C'eut été lâche de profiter de cette hypothèse pour prendre la fuite, quand bien même il risquait de faire une grosse erreur. Le jeune homme fit le premier pas, puis le second et tous les suivants, pour venir se poser pile au pied du bâtiment, devant l'entrée. Les portes de bois étaient finement sculptées, ornementées d'oiseaux en tout genre. Les Champions de cette arène avaient toujours été des mordus de Pokémon volants, après tout. Gareth s'interessa à l'écriteau à côté de la porte, celui censé annoncer les spécificités de l'arène, les disponibilités du Champion, toutes sortes d'informations qu'il aurait voulu donner. Lui-même avait fait faire celui de sa propre arène lorsqu'il avait pris la place d'Asuka. Etait-ce une façon de gagner du temps, ou bien pour en savoir un peu plus sur la demoiselle qu'il allait rencontrer ? Quoi qu'il puisse en être, il lut l'annonce avec intérêt.

En raison des difficultés du Champion actuel à se mouvoir, le terrain a été légèrement changé. Désormais, les matchs d'arène se dérouleront au sol et à ciel ouvert. Merci de votre compréhension.

Que dalle ! Je vois pas pourquoi le terrain initial devrait changer ! Alors, j'espère pour vous que vous n'avez pas le vertige, j'ai pas envie d'affronter un trouillard qui reste cloué au sol dès qu'il est quelques mètres au-dessus du sol ! Avis aux Flamenois et détenteurs de Pokémon de type feu : je serai sans pitié !

L'homme releva la tête, décontenancé. Si ni l'écriture, ni l'apparente vulgarité, ni même ce mépris du Feu, n'avaient pu renseigner Gareth quant à l'identité de la Championne, un point en particulier le perturba. L'allusion faite à des difficultés de déplacements. De quoi cela s'agissait-il ? La Championne était-elle vieille, suffisamment vieille en tout cas pour ne plus pouvoir marcher ? Était-elle handicapée motrice ? Ce n'était donc pas Asaka. Enfin, pas son Asaka... A moins qu'il ne lui soit arrivé, à elle aussi, beaucoup d'aventures durant ces quelques années passées.

Mais alors que lui n'avait toujours pas osé franchir la porte d'entrée de l'arène, quelqu'un finit par en sortir.

par Asaka Chôko Mer 13 Fév 2013 - 22:54

La Furie d’Alfen, en entendant sa collègue évaluer l’état de son nouveau combattant, poussa un soupir de soulagement. Elle avait eu raison de suivre son instinct et les conseils de sa princesse déchue. Par ailleurs, elle gratifia cette dernière un regard reconnaissant. Si elle avait perdu ce noble être, elle s’en serait voulu. Parce qu’elle l’aurait fait souffrir inutilement, tout comme cela avait été le cas pour Hoshiyo et Yuki Yûki lors de cette funeste nuit où elle avait perdu l’usage de sa jambe…

Le Doux parfum eut l’effet escompté, heureusement. La petite libellule, humant avec plaisir la douce fragrance libérée par la créature mi-végétale, mi-animale, s’envolant jusqu’à elle et se posa sur le bouton de fleur partiellement ouvert. Elle inspira alors avec délectation cette odeur à nulle autre pareille. Elle aurait pu demeurer ainsi une éternité durant. D’autant plus que sa dresseuse, bien loin de blâmer un tel comportement, était au contraire satisfaite qu’elle agisse ainsi. Yoshiko calmée, rien ne troublerait le repos du fauve ensanglanté.

De son côté, la digne incarnation de la femme des neiges s’appliqua avec attention à la tâche confiée par la Championne aux poisons. Tout en conservant une exquise élégance, elle déplaça doucement ses mains gantées impalpables au-dessus de son nouvel allié, les yeux mi-clos laissant voir la lueur cristalline qui les animait. Elle sentit l’inquiétude du médecin concernant les globes oculaires du lion d’encre, mais cela ne la surprit guère. Vu l’état déplorable dans lequel ces derniers étaient, on ne pouvait espérer les soigner totalement. Tout au plus pourraient-ils empêcher l’infection de cette partie sensible du corps, voire lui procurer des sphères en verre qui lui serviraient d’erzats d’yeux. Mais même pour cela, le fantôme au kimono déchiré se doutait qu’Asaka refuserait un tel traitement. Non pas qu’elle était contre l’amélioration du sort de ses combattants. Bien au contraire, cette décision était justement dans leur intérêt. Sa philosophie était que chacun devait vivre selon ses atouts et ses handicaps. Tout comme elle-même vivait ainsi. Et elle était persuadée que la perte d’un sens ou d’une partie de son corps, loin d’être un drame, était en réalité une libération. Et aussi un atout supplémentaire, puisque cela entraînait généralement la sous-évaluation des ‘valides’ sur leurs compétences réelles.
Sentant que Melian aurait besoin de quelques plantes et des bandages conservés dans un placard, Yuki Yûki glissa jusqu’à celui-ci pour s’emparer des fines bandelettes et du pot contenant les végétaux.

La Championne aux poisons avait-elle réellement besoin de bandages supplémentaires, ou bien n’était-ce qu’un prétexte pour lui changer les idées ? Il était vrai que depuis ces derniers jours où elle était revenue à la capitale, Asaka n’était pas sortie une seule fois, craignant trop que le moindre mouvement de sa part, ou même son absence, ne détériore la santé du Luxray blessé. Mais bon, Melian était médecin, c’était elle qui savait ce qui était le mieux. Autant pour lui que pour elle. Réflexion faite, l’inquiétude qu’elle éprouvait, même si elle l’enfouissait en son for intérieur, pouvait très bien être perceptible pour le grand félin sombre. Et puis, c’est vrai, un peu d’air frais ne lui ferait pas de mal…
En revanche, quelqu’un souhaitait lui parler ? Qui cela pouvait-il être ? Certainement pas un soldat, elle recevait toujours leurs nouvelles via des courriers aériens. Un challenger, peut-être ? Et alors, il serait intimidé par la pancarte ou le défi qui l’attendait ? Tss, dans tous les cas, le moment était mal choisi pour combattre. Son esprit était entièrement tourné vers la guérison de son seigneur déchu.
En hochant la tête, la Furie d’Alfen se dirigea vers la porte.

« Compris, je vais voir ce que c’est. J’en ai pas pour longtemps, je pense, mais j’irai acheter des bandages après. Si tu as besoin de quoi que ce soit d’autre, envoies-moi Hoshiyo ou Nusumi. Je reviens aussi vite que je peux. »

Et elle ouvrit la porte. Apercevant la silhouette derrière, elle commença une phrase.

« Qui que vous soyez, pas de combat aujourd… »

Le reste demeura coincé dans la prison de sa gorge. Ses yeux cristallins s’écarquillèrent, son visage se crispa de stupeur, d’abasourdissement. Sa main, qui enserrait encore la poignée, serra davantage encore le morceau de métal, comme si elle s’y raccrochait pour se prouver qu’elle était bien dans la réalité.
Derrière elle, un bruit sec de verre brisé retentit. Le pot que tenait Yuki Yûki lui avait glissé des mains. Au moment même où Asaka avait ouvert la porte, elle avait senti cette présence lointaine et familière. Elle pressa immédiatement ses gants immatériels sur sa bouche, pour réprimer ce cri de surprise et de peur qui était monté en elle. Hoshiyo aussi l’avait perçu. Et même s’il demeura plus calme, le choc lui fit quand même rater un battement d’ailes et perdre de l’altitude.

*N… Non…*

Terrorisée par cette image du passé qu’elle avait mis si longtemps à oublier, Asaka esquissa un mouvement de recul. Elle ne parvenait à détacher ses yeux de Roucarnage de cet être qu’elle avait si bien connu autrefois. Cet être qui, par sa faute à elle, lui avait causé une terrible déchirure, à l’époque, un gouffre immense entre son cœur et sa nation. Un gouffre qu’elle était parvenue à surmonter au prix d’une souffrance dont elle n’aurait pas même soupçonné l’existence auparavant. Un mal mille fois pire que la pire des douleurs physiques.

*Non… Pas ça… Pas ça ! Hoshiyo ! Yuki Yûki !*

Mais, pour la première fois dans sa vie, elle avait le sentiment que ses propres paroles n’étaient qu’écho lointain. Que même sa princesse des glaces, pourtant douée de télépathie, ne pourrait entendre. En cet instant où elle n’avait jamais eu autant de compagnons à ses côtés, elle se sentait incroyablement seule face à cette épreuve. Et rien ne semblait pouvoir l’aider…

par Melian Lun 18 Fév 2013 - 12:39

Elle passait toujours le linge mouillé dans les cavités oculaires du félin, en retirant les restes, déchets qui pouvaient devenir toxiques à son être. Pendant ce temps, Hanasai appliquait également des compresses froides sur les flancs meurtries de l'animal. Rincer les plaies. Il fallait absolument les nettoyer, avant d'appliquer un soin, sinon il pouvait s'empoisonner de l'intérieur. L'animal ne pourrait pas marcher avant plusieurs jours. Heureusement, la perte de ses yeux permettraient au reste de ses sens de se développer, surtout son ouïe, qui deviendrait redoutable avec le temps. Mais il aurait besoin de s'entraîner, et avant ça, de se reposer de son voyage presque sans retour dans le monde de la Faucheuse.

Elle avait terminé un œil et s'attaquait à l'autre lorsqu'Asaka ouvrit la porte et resta figée. Au même moment, Yuki Yûki lâcha un pot en terre qui explosa au sol. Un sursaut ébranla Melian qui eut pourtant le réflexe de retirer sa main au dernier moment pour ne pas faire de gestes brusques qui auraient pu être extrêmement mauvais pour le Luxray. Elle regarda ensuite vers l'extérieur. Son amie était raide, la main collée à la poignet, comme si elle voulait l'arracher. Et en face, l'homme qu'elle avait vu en entrant, qu'elle reconnaissait enfin comme étant Gareth, le remplaçant d'Asuka, récemment devenu champion. Et vu leurs réactions respectives, ils se connaissaient. Pourtant, les retrouvailles semblaient loin d'être joyeuse et pire encore, une tension encore pire que celle qu'avait la Furie d'Alfen avant de sortir était en train d'envahir l'arène. Une chape de plomb s'abattit sur les épaules de la Terrosienne, qui regarda le lion, la bouche sèche. Elle avait l'habitude de travailler sous la pression des parents inquiets pour leurs enfants. Mais là, ça n'était pas la même chose. Quelque chose de différent planait dans l'air, était palpable, et déstabilisait beaucoup trop la jeune femme qui commençait à se demander si elle serait apte à faire abstraction de ce qui était en train de se dérouler. Et elle aurait du mal si même les Pokémon s'y mettaient...

Elle tenta de poursuivre sa tâche, mais son inquiétude pour son amie, et pour le silence pesant, de mort qui planait dans la salle ne rendait pas sa tâche facile. Elle avait besoin de calme, d'un environnement spécifiques. Ca n'était pas pour rien que les interventions trop lourdes se faisaient entre médecins, et non pas avec la famille du patient en spectateurs. Sinon, beaucoup de médecins auraient déjà fait des attaques diverses et variées sous la pression et l'angoisse. Elle déglutit et chercha à se concentrer, de toutes ses forces, sur la situation. Mais rien à faire... Comment pouvait-elle détendre la jeune femme... ? Elle regarda les Pokémon de celle-ci, essayant de voir si elle ne pourrait pas les conseiller un peu.

« Yuki Yûki, je suis désolée, mais j'ai encore besoin de toi... Hoshiyo, tu devrais y aller, non ? Si la situation reste aussi tendue, je ne pourrai rien faire, et il y passera. Tu peux peut-être faire quelque chose, non ? »

Elle ne savait absolument pas ce qui avait pu se produire entre eux. Dans le fond, elle ignorait tout de la vie d'Asaka, comment elle avait eu ses blessures, comment elle avait accédé à ce titre, d'où elle venait, etc. Mais de ce qu'elle sentait, il s'agissait d'un secret lourd, pesant, une boîte de Pandore qui avait eu le malheur de s'ouvrir, libérant des souvenirs et des souffrances par la présence de l'autre. Elle continua de nettoyer l'autre œil du lion, soulevant sa tête en douceur d'une main. Hanasai lâchait ses spores apaisantes en continu, pour conserver le calme de la libellule, et fit un discret signe à Akora. Elle conseilla au bourgeon de se cacher près de la porte et de libérer à son tour des spores pour apaiser les deux jeunes gens. Peut-être que ça allégerait un peu l'ambiance, qui sait ? La Rozbouton s'exécuta, se faisant discrète pour ne pas être réprimandée.

Néanmoins, la situation restait toujours aussi tendue. Et Melian était en train de perdre sa contenance, ses gestes étant plus lents, et la succession de ses actions plus confuses. Elle ne savait plus où donner de la tête, quoi penser, quoi faire, et elle allait vraiment perdre l'animal si ça continuait ainsi. Pourtant, elle ne se sentait pas la force de remuer Asaka. Ca serait beaucoup trop intrusif comme acte. Elle n'en avait pas le droit. Mais la suite des événements l'empêcha de respecter le potentiel besoin d'intimité des deux champions.

Un puissant rugissement quitta la gorge du fauve. Au départ inconscient, il commençait à revenir à lui. Et en sentant des Pokémon et une humaine inconnue près de lui, il se sentit en position de faiblesse, et d'agression. Surtout qu'il ne devait pas se souvenir, dans l'immédiat, de ce qui lui était arrivé, et il ne comprenait pas pourquoi il ne voyait plus rien. Sa mémoire lui reviendrait dans les prochaines minutes, et il se souviendrait du pourquoi et du comment. Mais en attendant, il s'agitait, ses pattes frappant l'air et l'Herbizarre, sa tête massive se relevant, sa mâchoire cherchant à happer les mains de la championne des poisons. Celle-ci se recula vivement, et chercha à apaiser le fauve, à le calmer. Mais il ne la connaissait pas, et dans sa cécité, il la voyait comme une ennemie, voire la cause de ses souffrances. Et là, la jeune femme ne pouvait pas s'en sortir seule...

« Asaka ! J'ai besoin de ton aide, il faut que tu viennes le calmer et le maintenir au sol ! Il va faire empirer son état, et je ne peux rien faire là ! »

Elle n'osa pas préciser que l'aide de Gareth face au Luxray serait la bienvenue. Heureusement, il était trop faible pour se mettre réellement debout, mais ses efforts étaient nuisibles à sa santé, menaçant de rouvrir et d'aggraver ses plaies.

Hanasai tenta de maintenir l'animal au sol, à l'aide de ses lianes, tandis que Melian essayait de garder sa tête immobile sans se faire dévorer. Mais elle peinait, pour ne pas le blesser, plus ils seraient nombreux, plus ils pourraient le maîtriser facilement, en évitant d'appuyer sur des mauvaises plaies. La jeune femme tenta de lui parler, pour le rassurer et l'apaiser, mais il ne semblait pas l'entendre, et la pression ambiante entre les deux jeunes gens semblaient aussi le troubler et probablement, l'angoisser. La mâchoire du fauve se referma sur le bras de la Terrosienne et commença à serrer. Elle ne dit rien, sans parvenir pour autant à se dégager.

« Asaka !... »

Elle poussa un dernier appel un peu désespéré, ne pouvant pas faire grand-chose, ses Pokémon n'osant pas trop s'y mettre, de peur de le blesser d'avantage, et seule son Herbizarre pouvait essayer de le maîtriser avec ses lianes, même si elle prenait quelques coups de jus. Elle ne pouvait pas s'en sortir toute seule...

[Bon, j'ai pris énormément de liberté, sans savoir si j'avais le droit, mais sinon, je ne pouvais pas faire grand-chose ^^' Néanmoins, étant dans un amphi sans réseau, je n'ai pas pu demander à Asaka si je pouvais prendre autant de liberté avec le Luxray, donc je modifierai mon post en conséquence si jamais ça ne va pas ^^']

par Gareth Ivanoé Mar 26 Fév 2013 - 16:50

Gareth se figea face à la personne qu'il venait de sortir. Peut-être était-ce parce que ses craintes s'avéraient fondées, ou bien parce que celle qu'il avait en face de lui n'était pas exactement la personne qu'il s'attendait à voir, quoi qu'il en fût, il lui fallu quelques instants pour se persuader que devant lui se trouvait bien Asaka. Son Asaka. Asaka Chôkô. Mais était-ce bien elle ? Que s'était-il passé en l'espace de dix ans pour qu'elle devienne... "ça" ?

"Asaka..."

Il la voyait laide, plus laide encore que tous ceux qui avaient dû croiser cette créature et avoir un mouvement de recul devant elle. Ses cheveux étaient ternes, sans vie. Son corps était recouvert de brûlures et autres cicatrices toutes plus affreuses les unes que les autres. Comme si elle avait subi une torture. Le pire était sa jambe, apparemment inerte, handicapées, inutile. Ses yeux de Roucarnage étaient toujours aussi perçant mais avec perdu leur éclat, l'éclat qui lui faisait bondir le coeur à lui, Gareth, quelques années plus tôt. Les défauts les plus anodins lui sautaient aux yeux, lui brûlaient la rétine, tandis qu'involontairement, il comparait cette nouvelle image d'Asaka à celle, plus jeune, plus saine, de la fille qu'il avait un jour aimé.

Mais peut-être était-ce pour cela que, dans le même temps, il la voyait belle, bien plus belle que personne ne pourrait sans doute plus jamais la voir. Il voyait encore, sous les blessures, sous la posture inhabituelle de son corps, porté par sa béquille, la peau satinée, la silhouette délicate, le regard de braise. Toute la beauté cachée derrière les marques du passé, il la voyait. Et bien malgré lui, son coeur bondit de nouveau. Il tenta d'haïr cette femme pour ses camarades morts au combat, pour son déshonneur personnel, pour la douleur de la perte et de la trahison qu'elle lui avait fait découvrir. Mais il s'aperçut qu'il en était incapable. Trop sentimental pour cela, sans doute.

Elle était bouleversée, elle aussi, il fallait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Était-ce de la peur qu'il devinait dans l'expression de son visage ? Craignait-elle qu'il ne soit venu pour réclamer des comptes, la conduire devant la justice de son pays où elle serait condamnée à mort, Championne ou pas, pour espionnage et crimes de guerre ? Ne se rendait-elle pas compte alors que lui même serait sans doute exécuté pour haute trahison ? Il passait son tour. Mais, s'il interprétait bien sa réaction, alors c'était un aveu de sa part. Dix ans... Dix ans qu'il avait douté, espéré, rêvé qu'elle soit innocente. Eh bien, elle ne l'était pas.

Il ne savait plus quoi dire ou quoi faire, maintenant qu'il était là. Il avait voulu des réponses et les avait, maintenant ne lui restait-il pas qu'à partir sans demander son reste, en espérant ne plus jamais la croiser de nouveau ? Un cri l'arrêta dans ses pensées.

"Asaka !"

Quelqu'un appelait à l'aide à l'intérieur du bâtiment, c'était Mélian. Il pouvait la voir de là où il se tenait, aux prises avec un Pokémon. Il savait bien qu'il n'était pas celui qu'elle avait appelé, mais la Championne aux Poisons semblait avoir sérieusement besoin d'assistance. Sans demander l'avis de personne, lançant un simple regard à la Championne aux Oiseaux, Gareth pénétra l'arène en trombe, afin de constater l'état de la situation.

La jeune fille était en train de se faire mordre par un Luxray auquel elle devait être en train de donner des soins. Le lion électrique se débattait violemment et risquait d'arracher le bras de sa victime si personne ne trouvait un moyen de le calmer rapidement. Pour sa part, le Champion de Seian ne pouvait qu'aider à le maintenir au sol.

"Carmache, Grolem ! cria t-il en sortant deux Noigrumes, faisant appel à leurs occupants. Immobilisez ce Pokémon, en faisant attention à ses blessures !"

Ses camarades apparurent et comprirent rapidement la situation, le Dragon tenant le dos du Lion tandis que la boule de roche s'attaquait aux pattes. Tous les deux étaient robustes et ne craignaient pas les coups de jus que pourrait lancer le blessé, mais il fallait que les deux femmes qui l'accompagnaient l'apaisent... Les discours viendraient plus tard, peut-être.

par Asaka Chôko Lun 27 Mai 2013 - 23:20

Le Temps semblait avoir suspendu son cours, comme pour faire subir éternellement ces douloureuses retrouvailles à celle qui se savait mille fois coupable.

A l’époque, elle avait tenté de se convaincre derrière des arguments patriotiques, son devoir envers son pays, la famille royale, le roi qui lui avait sauvé la vie ! Mais au fond d’elle-même, elle avait toujours su que cette décision qu’elle avait prise… Celle de trahir la seule personne qui l’avait jamais regardée pour ce qu’elle était et non pour ses compétences ou ce qu’elle représentait… Même elle qui, pourtant, ne croyait pas en ces enfantillages qu’étaient l’amour, avait eu son être complètement déchiré, effondré par son acte.

C’est à peine si elle entendit l’appel désespéré de son amie terrosienne. Elle ne se retourna que lorsque le second Champion de la nation terrestre se précipita à l’intérieur et fit apparaître deux de ses compagnons pour maîtriser Ganka. Et même là, elle regardait la scène avec incompréhension.

Elle ne comprenait pas… Ne comprenait plus… Que devait-elle faire… Que pouvait-elle faire ?

Elle sentit alors quelque chose lui enserrer le dos. Une pression légère mais ferme, qui lui était familière. La Championne aux oiseaux tourna la tête autant qu’elle le put pour voir ce qui en était la cause. Yoshiko.
La petite libellule, complètement effrayée par l’atmosphère sinistre qui s’était installée et le fauve qui se débattait avec violence, avait trouvé refuge dans son dos, sa cachette favorite. Ses yeux globuleux brillaient des grosses larmes qui y naissaient et coulaient déjà le long de sa tête.

« Yoshiko… »

Au même moment, un flash lumineux jaillit d’une des sphères attachées à sa ceinture. L’amphibien de combat se matérialisa, et se positionna aussitôt devant sa dresseuse, en position défensive. Il avait senti la menace et était prêt à tout pour défendre sa maîtresse, quitte à y laisser la vie !
En temps normal, Asaka n’aurait pas manqué de le réprimander durement, d’être sorti sans son autorisation. Mais la situation était exceptionnelle. Plus que Ganka, il avait dû percevoir à quel point cet homme la perturbait, et en avait donc déduit qu’il s’agissait d’un ennemi. Et devant son manque de réaction –qu’il ne s’expliquait pas, certes- il avait pris l’initiative de lui-même.

Et ce fut justement son apparition qui permit à la Furie d’Alfen de reprendre ses esprits. Voir son plus dévoué combattant lui rappela le pacte qu’elle avait passé avec le seigneur déchu. Et cela fut suffisant pour qu’elle sache comment gérer cette situation catastrophique.

Elle s’avança d’un pas ferme jusqu’au fauve, maintenu au sol par les créatures de Gareth et qui retenait toujours le bras de la Championne aux poisons prisonnier de ses crocs.

« Ecartez-vous. Vipère, n’interviens pas, quoi que je fasse. »

Le Carmache et le Grolem obtempérèrent, après un bref coup d’œil vers leur dresseur. Sentant qu’il était davantage libre de ses mouvements, Ganka tenta de mobiliser ses forces fuyantes pour se relever… C’était sans compter Asaka, qui empoigna sa crinière et tira sa lourde tête vers l’arrière.

« Lâche-la. Tout de suite ! »

Dans sa folie aveugle, le lion à la fourrure de nuit reconnut tout de même la voix de celle qui lui était déjà venue en aide par deux fois. Sa mâchoire se desserra, rendant sa liberté à Melian.

Mais l’ancienne espionne n’en demeura pas là.
Elle saisit cette fois-ci le fauve à la gorge et, d’une force étonnante, le releva pour le plaquer contre le mur. La Nalcienne actionna alors le mécanisme de sa faux et, dans un éclat d’argent, plaça sa lame tout contre l’épiderme vulnérable du Luxray blessé.

« Aurais-tu oublié notre marché, sombre crétin ? Tu as décidé de placer ta vie entre mes mains, j’ai donc le droit d’en disposer comme je l’entends. Alors enfonce-toi bien ça dans le crâne : je ne tolèrerai pas que tu crèves comme un chien sans mon autorisation ! Je t’avais prévenu que ce serait douloureux, tu as fait ton choix. Maintenant, c’est trop tard. Alors tu vas laisser cette femme te soigner SANS MOUFTER ! Sinon, je peux t’assurer que je te ferai regretter de ne pas avoir voulu mourir quand tu en avais encore l’occasion ! »

Sans plus de ménagement, Asaka ôta son arme de la gorge du lion avant de le jeter à terre. Elle se tourna alors vers son amie et collègue de Terros, ignorant son regard outré devant son attitude vis-à-vis du blessé.

« Il est entièrement à ta disposition. Crois-moi, il ne te gênera plus, maintenant. »

Elle allait ajouter autre chose… Mais elle croisa le regard du Champion de Seian. Les mots s’étranglèrent dans sa gorge et, finalement, elle se détourna pour se diriger une nouvelle fois vers la porte.

« Je vais aller acheter des bandages. »

Au-delà de son inquiétude quant à la santé de son nouveau compagnon, c’était surtout un prétexte pour éviter de se retrouver avec Gareth…

[Mais non, la dernière phrase n’est absolument pas une perche tendue %) ]

par Melian Dim 23 Juin 2013 - 16:04

Melian était toujours aux prises avec le fauve, se défendant comme elle le pouvait, ou tout du moins, évitant juste de se faire réduire des muscles ou l'os en charpie. Elle avait besoin de ses deux bras pour ce qu'elle faisait, en perdre un serait compromettre sa fonction et la vie du lion. Gareth lui vint en aide en sortant deux Pokémon insensibles aux décharges, qui gardèrent le fauve au sol. Mais le pire fut bien la réaction d'Asaka. A son injonction, le bras de la championne fut libérée. Alors qu'elle allait la remercier, elle vit la Nalcienne saisir l'animal à la gorge, lui passer un savon mémorable en le menaçant de l'égorger, pour finir par le jeter au sol presque sauvagement. La demoiselle était estomaquée, mais se gardait bien de tout commentaire. Elle savait depuis le début que leurs méthodes de dressages différés, et elle ne tenait pas à lancer une remarque maintenant, surtout dans cette situation ô combien stressante. Hanasai avait eu le réflexe de sortir ses lianes pour masquer les yeux d'Akora, et éviter ainsi que le triste spectacle ne la choque plus que nécessaire.

Alors que le félin était étalé au sol, son sang tâchant encore un peu plus la pièce, Asaka déclara subitement qu'elle allait se charger des bandages. La femme médecin resta silencieuse. Elle n'était pas contre cette demande, bien au contraire : il n'y aurait clairement pas assez de tissu pour renouveler les pansements du blessé, et il en faudrait davantage. Sans compter que son bras douloureux laissait échapper une certaine quantité de sang. Elle saisit un morceau de tissus et demanda à Akugi de l'attacher autour de sa plaie. L'écoulement du fluide rouge serait stoppé brièvement, elle s'en occuperait après.

Elle s'agenouilla près du lion et décida de s'y prendre un peu autrement, maintenant qu'il était réveillé.

« Je suis sincèrement désolée... Je ne voulais pas te faire peur, et je ne veux toujours pas te faire peur. Je suis ici pour te soigner. Seulement ça. Laisse-toi faire, je ferai de mon mieux pour ne pas te blesser outre mesure. C'est promis. »

Elle se tourna ensuite vers Gareth, qui n'avait, pour l'instant, pas bougé.

« Pourriez-vous me laisser votre Carmache ou votre Grolem, afin que le Luxray puisse se décharger sans risque de l'énergie qu'il a en trop ? »

Elle invita ensuite ses Pokémon à reprendre leur position, et commença à soigner le lion des nouvelles blessures qu'il avait peut-être reçu, mais également des anciennes qu'elle n'avait pas fini de soigner. Elle y allait avec une infinie tendresse et une grande douceur, murmurant des paroles rassurantes au grand animal pour qu'il se détende au maximum, et n'envisage pas de se rebeller à nouveau. Elle pouvait passer pour une mère rassurant son enfant après un mauvais rêve, attitude qui ne collait pas forcément avec le personnage qu'elle représentait et qu'elle était quand on ne la connaissait pas. Il fallait admettre qu'elle était souvent froide, professionnelle certes, mais les premières approches étaient peu amicales. Surtout avec Kogane autour de la taille, qui pouvait en impressionner plus d'un. Cependant, quand on la connaissait mieux, elle s'avérait être une personne gentille, attentionnée et pleine de compassion pour ses patients, chose dont son père manquait très cruellement. Elle ne savait pas ce qu'Asaka penserait de son attitude actuelle, ni ce que Gareth devait être en train de se dire, mais ça n'était pas le plus important.

Elle expliquait à l'animal ce qu'elle faisait, ce qu'elle allait faire, si cela allait faire mal ou autre. Elle expliquait également la possibilité qu'il avait de décharger son énergie si jamais quelque chose faisait trop mal. Elle le mettait au même seuil d'intelligence que les humains. Elle avait fini de nettoyer les yeux, s'occupant maintenant d'enrouler sa tête d'un large pansement. Elle avait veillé à lui libérer les oreilles au maximum. Pendant ce temps, Hanasai et Akugi terminaient de panser le reste du corps. Elle caressa doucement la massive tête du lion.

« Nous avons fini. Mais n'essaye pas de bouger, tu n'es pas en état... Nous allons te déplacer dans un endroit plus confortable, et je resterai à Nalcia tant que tu ne seras pas complètement rétabli. Pour le moment, je te suggère de te reposer, c'est surtout de ça dont tu as besoin. Nous allons commencer à te soulever, ça ne devrait pas être trop long. »

Elle espérait qu'Asaka ait pensé à un endroit pour loger le blessé au calme. Elle demanda à la Momartik de lui indiquait le chemin et, avec Akugi, elle souleva le corps de l'animal avec une force probablement peu commune. Elle l'amena à l'espace qui lui était réservé, avant de le laisser tranquille. Elle avait confié à Hanasai et Akora la tâche de le surveiller et de venir l'avertir si jamais il se passait quelque chose. Puis, elle retourna dans la pièce où elle avait soigné le fauve. Elle allait devoir nettoyer tout le sang, et tout ce qu'elle avait utilisé. Mais en attendant, elle devait s'occuper de son bras.

Elle dénoua le bandage, et le sang recommença à couler. Elle fit signe à Kogane de s'approcher. Le serpent ouvrit la gueule au-dessus de la blessure, et laissa tomber quelques gouttes de venin. Le poison commença à la brûler, agissant en guise de désinfectant et d’anticorps. Elle ne craignait plus les toxines de son reptile, et ce depuis longtemps. Elle regarda alors son confrère de Terros, avec lequel elle n'avait guère eut le temps de sympathiser.

« Je m'excuse d'avance si mes méthodes vous paraissent peu conventionnelles. Et je vous remercie pour votre aide. Sans vous, je ne sais pas si je m'en serai sortie. »

Elle commença à nouer un pansement neuf, maintenant qu'elle avait laissé son meilleur ami agir pour la soigner. L'Arbok l'aida avec sa mâchoire, n'étant pas dénué d'habileté. Tout en se soignant, elle continua à parler.

« Yuki-Yûki, tu penses pouvoir avertir Asaka que nous avons terminé ? J'aimerais qu'elle soit mise au courant que pour l'instant, l'état du Luxray est stable, et que je vais devoir rester un moment encore. Il va falloir qu'elle achète beaucoup de bandages. »

Elle acheva de serrer le pansement et regarda ensuite Gareth, remettant ses cheveux en place. Elle constata enfin qu'elle était en sueur, dégoulinante de transpiration. Mais elle n'avait pas fini de s'agiter. Finalement, elle osa aborder un sujet sur lequel elle ferait peut-être mieux de garder le silence, pour ne blesser personne.

« Vous devriez peut-être aller la voir. J'ignore totalement ce qui a pu avoir lieu entre vous... Mais peut-être que la parole vous aidera à passer outre. Du moins, ça constituera un premier pas. Après, je ne suis pas à votre place, et je ne vous donne aucune injonction. En tout cas, agissez à votre guise sans vous préoccuper de moi, il faut que je nettoie toute la salle, et je vais éviter de vous infliger cette tâche pénible. »

Elle lui sourit et fit signe à Akugi de se mettre à rassembler tous les morceaux de tissus souillés, qu'elle ferait ensuite brûler. Puis, elle se saisit d'un seau d'eau, et commença à nettoyer le sol, afin d'enlever tout le sang, et autres saletés qui avaient pu se déposer au sol. Elle s'absorba dans sa tâche, culpabilisant un peu à l'idée de s'être mêlée de quelque chose dont elle ne connaissait rien, mais qui la préoccupait malgré tout. Elle n'aimait guère voir la Furie d'Alfen dans un état pareil, et elle espéra que les choses s'arrangeraient petit à petit.

par Gareth Ivanoé Mer 24 Juil 2013 - 19:32

Gareth resta fixé là, sans bouger. Que pouvait-il faire, sinon gêner les deux femmes qui d'ailleurs s'en sortaient très bien sans lui ? Mélian gardait son calme comme elle pouvait, et Asaka... Elle agissait. Durement, avec efficacité et précision. La violence dont elle fit preuve lorsqu'elle attrapa le Pokémon pourtant grièvement blessé, la hargne dans ses mots... Elle avait changé, c'était indéniable. Il y avait en elle une colère, une fureur, dirigée vers tout ou tout le monde. C'était le sentiment qu'avait le jeune homme en voyant la Championne des Oiseaux. Le Champion se demanda si ce n'était pas dû au fait qu'elle se revoyait, d'une certaine façon, dans ce Luxray. Mutilé, maudit par la vie, contraint de vivre dans la souffrance, mais par choix, malgré tout. En rébellion contre la mort... Qu'avait-il bien pu arriver à cette femme ?

Mélian et lui étaient bien trop choqués pour empêcher Asaka de malmener son Pokémon, ni même de s'éclipser sans demander son reste. Mais tandis que Gareth restait abasourdi, sa compatriote retrouva très vite ses esprits et se remit au travail, pour sauver ce qu'il restait du lion.

"Pourriez-vous me laisser votre Carmache ou votre Grolem, afin que le Luxray puisse se décharger sans risque de l'énergie qu'il a en trop ?"

Le Terrosien cligna des yeux pour reprendre contact avec la réalité et hocha la tête. On lui avait dit que sa collègue de Kabana était un excellent médecin, et cela se vérifiait, à la fois par ses talents de guérisseuse, mais aussi par son attitude avec le blessé. Patiente, attentive, rigoureuse. Une excellente Dresseuse, dans son genre. Gareth fit de son mieux pour aider, apportant de temps en temps son soutien à la jeune femme, mais elle s'en sortait très bien toute seule avec son équipe. Bientôt, le Luxray fut entièrement soigné, lavé, bandé. Lorsqu'il fallu le déplacer vers une autre pièce, le Champion put enfin réellement se sentir utile et aida à porter la lourde bête. Il resta là un moment, à observer la créature, ne pouvant s'empêcher de faire le lien avec Asaka... Il retourna dans la salle de soin improvisée au moment où sa camarade faisait verser du venin à son Arbok sur sa plaie. Gareth ne put s'empêcher d'ouvrir de grands yeux effarés. La jeune fille s'en aperçut.

"Je m'excuse d'avance si mes méthodes vous paraissent peu conventionnelles. Et je vous remercie pour votre aide. Sans vous, je ne sais pas si je m'en serais sortie."

Gareth s'inclina légèrement et sourit, tout en continuant à fixer le bras de la Championne d'un drôle d'air.

"Ne vous inquiétez pas... Ce n'est rien. C'est moi qui suis désolé d'avoir choisi le pire moment pour débarquer à l'improviste."

Cette idée n'arrangeait pas son malaise. Surtout quand il imaginait l'état de sa collègue Nalcienne. Voir son passé ressurgir ainsi alors que l'avenir d'un de ses Pokémon n'était même pas assuré. Elle mettait d'ailleurs un sacré bout de temps à revenir... Elle ne s'était pas enfuie, quand même ?

"Vous devriez peut-être aller la voir."

Le jeune homme se tourna vers sa cadette. Elle semblait gênée, mais ses yeux brillaient d'intelligence. Elle ne parlait pas dans le vent... Sans doute sentait-elle se qui pourrait aider son amie. Un instant, le soldat fut à deux doigts de lui expliquer toutes les bonnes raisons qu'il avait de ne pas rejoindre cette femme - la trahison envers leur patrie, la mort des soldats, la rupture de ses liens familiaux, le mensonge... Mais ç'aurait été condamner la Nalcienne à mort. Il était le seul à savoir tout cela et devrait vivre avec ce poids, pour le bien de tous.

Gareth soupira. Qu'est-ce que cela aurait pu arranger qu'il rejoigne Asaka ? Qu'avaient-ils à se dire ? Il avait tenu, stupidement, à savoir si la championne d'Alfen était bien la personne qu'il croyait, et il avait sa réponse. Il n'avait pas besoin de plus. Croyait-il. Peut-être qu'Asaka avait besoin de quelque chose, elle. Peut-être devait-il lui dire qu'il n'était pas là pour la pousser à se rendre, à se justifier. Juste pour savoir.

Sans un mot, il prit la direction de la sortie, laissant Carmache et Grolem derrière lui, afin qu'ils aident Mélian si le coeur leur en disait. Ses Pokémon ne savaient rien, n'avaient rien à voir avec toutes ces histoires. Une fois au niveau des portes de l'arène, il se demanda un instant là où il était supposé chercher. Mais il n'en eut pas besoin. Elle n'osait pas rentrer, ou n'osait pas partir, mais elle était là, à quelques mètres.

"Asaka..."

Qu'y avait-il dans ce simple nom murmuré ? Du regret ? De l'espoir ? Qu'ajouter à cela ? "Tu n'as pas changé ?" Ah ! Il n'était pas assez cruel ou malhonnête pour mentir aussi effrontément. Asaka avait changé du tout au tout. Mais les mots sortirent sans même qu'il n'eut à réfléchir.

"Tu es toujours... aussi belle."

Et ses yeux prouvaient qu'il ne mentait pas.

par Asaka Chôko Dim 15 Sep 2013 - 12:27

La Championne aux oiseaux était bel et bien allée acheter des bandages, mais pas dans l’échoppe la plus proche. Elle s’était carrément rendue jusqu’à la caserne d’Alfen. D’une part, parce qu’elle affectionnait davantage les bandes utilisées dans l’armée, plus solides et fiables que celles que l’on trouvait dans le commerce. De plus, en tant que militaire gradée et reconnue, elle bénéficiait de tarifs avantageux.
Cependant, ce qui l’avait surtout motivée dans le choix d’un point d’achat aussi éloigné, c’était qu’ainsi, elle avait une chance de rentrer après que le Champion de Seian soit parti. Une probabilité faible, certes, mais possible.
Enfin, la vision de ce bâtiment sobre, où elle avait passé une bonne partie de sa vie, la conforta dans le choix qu’elle avait autrefois effectué. Oui, elle avait eu raison d’agir ainsi. Si elle ne l’avait pas fait, jamais elle ne serait devenue celle qu’elle était aujourd’hui : une Championne nalcienne, l’un des titres militaires les plus importants d’un point de vue national, mais aussi mondial. Elle était une Dresseuse officiellement reconnue par la Ligue !

Oui… Mais que se serait-il passé si elle avait décidé de tourner le dos à sa nation ? Elle serait restée aux côtés de Gareth, et, de ce fait, n’aurait pas eu à effectuer cette mission qui lui avait coûté sa jambe.
Néanmoins, une jambe valait-elle le fait d’être une hors-la-loi ? Elle serait devenue une paria, aurait frappé lâchement la famille royale qui avait cru en elle, et à qui elle devait la vie. Par aveuglement, elle aurait peut-être tout révélé à son amant de jadis, ses ordres, ses plans, les tactiques employées par Nalcia !

Non, plus Asaka y repensait, plus elle se convainquait qu’elle avait pris la bonne décision. Elle n’avait pas à rougir de ses actes. Elle ne l’avait jamais fait, bien au contraire, elle les avait toujours assumés avec force. Pourquoi devrait-elle commencer aujourd’hui à tout remettre en cause ?

Là-dessus, la Furie d’Alfen repartit en direction de son antre de son pas claudiquant. Les passants, en la croisant, inclinaient respectueusement la tête, mais c’était à peine si elle les voyait. Elle n’avait plus qu’une chose en tête : dire le fond de sa pensée au Terrosien !

Mais, alors qu’elle n’était plus qu’à quelques mètres de chez elle, elle s’immobilisa. Elle n’arrivait plus à avancer. Et s’il était toujours là ? Parviendrait-elle réellement à lui faire passer le message ? De plus…
Elle n’eut pas le temps de se perdre davantage dans ses réflexions. La porte s’ouvrit, laissant passer Gareth. Sa gorge se serra à nouveau… Et elle repartit dans l’autre sens, d’un pas rapide.

« Asaka… »

Ce mot n’avait été qu’un murmure, et pourtant, il résonna avec force aux oreilles de la Championne aux oiseaux. Maudit soit le vent qui la forçait à entendre cette torture !
Cette simple parole la coupa dans son élan. Son corps refusait de bouger, complètement sur le qui-vive, comme si elle était une proie qui attendait que le chasseur se trahisse pour fuir.

« Tu es toujours… aussi belle. »

Le cœur de la Championne se contracta violemment dans sa cage thoracique. Elle se retourna à moitié, et planta pour la première fois son regard cristallin dans les prunelles vertes de l’homme. Ces yeux où, tant de fois, elle s’était perdue…

« Arrête de déblatérer des conneries. »

Elle avait parlé d’un ton sec, acide, plus agressif qu’elle ne l’aurait voulu. Mais, victime de son sortilège, elle ne parvenait plus à maîtriser entièrement ses faits et gestes.
D’un hochement de tête, elle désigna sa jambe inerte, et d’une main le reste de son corps.

« Me dis pas qu’en quelques années seulement, tu es devenu myope. Je sais parfaitement quel est mon état et à quoi je ressemble. Et je ne crois pas que l’adjectif belle corresponde. »

Sans un mot de plus, elle reprit sa route. Peut-être allait-il être écœuré par sa réaction, et donc la laisser tranquille ? Pourtant, en entendant le bruit de ses pas derrière elle, Asaka comprit qu’elle n’y était pas parvenue. Bizarrement, au fond d’elle, elle perçut comme un soulagement… Qu’elle balaya. Non mais oh ! Et puis quoi, encore ? Depuis quand elle faisait dans le sentimentalisme ? Elle était Asaka, quoi, merde ! La Furie d’Alfen ! L’un des personnages les plus redoutés de tout Nalcia !
La Championne aux oiseaux accéléra le pas, et s’engagea dans les rues labyrinthiques et étroites de son fief. Avec un peu de chance, elle parviendrait à le semer.

***

Lorsque Gareth quitta la salle de soins improvisée, ce fut un immense soulagement pour Yuki Yûki et Hoshiyo. Bien qu’ils ne l’aient jamais vraiment vu du temps de leur mission, la tension avait été tout aussi importante pour les deux premiers partenaires de la Championne aux oiseaux.
La femme des neiges s’approcha de Melian, qui était en train de finir de soigner ses propres plaies.

* Je vous prie de pardonner Asaka, pour le désordre causé. Mais… Ce fut si soudain. Jamais nous n’aurions pensé avoir à revoir cet individu, en particulier aujourd’hui.*

Elle était consciente qu’en disant cela, elle ne ferait que provoquer la curiosité de Melian, mais aussi des autres compagnons de son amie. Mais l’élégant fantôme, en se concertant brièvement du regard avec la chauve-souris à l’aile abîmée, avait pris sa décision. Si un tel danger du passé venait de ressurgir, il était important de tenir au courant leurs alliés.

[Valà ! Mizu, tu peux faire ce que tu veux avec Gareth… Mais bon, je ne te cache pas que, dans les ruelles plus étroites, il y a beaucoup moins de monde. Et que tu marches plus rapidement qu’Asaka :p
Kaj’, si tu veux, au prochain post, princesse pourra tout t’expliquer (du moins, le plus important) De toute façon, elle et Hoshiyo doivent le dire aux autres pokés d’Asaka. Sauf Hokosaki. Là, ce serait la guerre]

par Melian Lun 16 Sep 2013 - 13:22

Melian acheva le nettoyage de toute la pièce, travail laborieux, et vraiment pas glorieux, mais néanmoins nécessaire vu la tâche qu'elle avait effectué ici. Asaka était partie, et Gareth avait finalement décidé de la suivre. Elle ne savait pas s'il l'avait trouvé, ni ce qui se passait. Elle regarda le fantôme de neige, lorsque celui-ci décida de parler. Elle écouta, intriguée, et poussa un soupir.

« Ecoutez, je ne sais absolument pas ce qui a pu se passer entre vous tous. De ce que j'ai compris, vous vous connaissiez, je suppose que vous vous entendiez bien, mais quelque chose s'est passé, et depuis... Je ne sais pas si vous avez peur, si vous vous fuyez, si vous vous haïssez. »

Elle se passa une main dans les cheveux et regarda la Momartik.

« Je n'en voudrais à personne si vous avez décidé de garder le silence là-dessus. Je veux bien vous écouter, mais si vous ne voulez pas parler, je ne vous y forcerai pas. Mais je m'inquiète oui. J'espère qu'elle va bien. »

Elle se tourna vers Yuki Yûki, l'interrogeant du regard. Allait-elle consentir à lui raconter ce qui avait eu lieu ou pas ? Finalement, peut-être pour la rassurer, la Terrosienne laissa échapper une sorte de soupir.

« Je veux juste comprendre, et aider si j'en suis capable. Je ne serai pas là pour juger. Ca ne changera en rien ma position actuelle »

Elle essayait d'apaiser les potentielles craintes des deux premiers compagnons d'Asaka. Si elle voulait les aider, elle avait besoin de savoir...

***

Kogane toujours accroché à sa taille, la femme médecin sortit dans les rues d'Alfen. Elle ferma les yeux, et essaya de se concentrer. Peut-être qu'avec sa maîtrise de la terre, elle pourrait sentir où la Furie d'Alfen pouvait être allée. Après tout, elle boitait, son pas n'était pas aussi régulier qu'une personne en parfaite santé, et donc, il résonnait sur le sol de façon bien particulière. Si elle se concentrait suffisamment, elle pourrait peut-être la sentir, et la trouver. Bon, c'était une tâche particulièrement difficile pour une débutante comme elle, mais l'idée de fond était quand même bonne. Il fallait maintenant savoir si elle serait assez douée pour que les choses fonctionnent, ou si elle allait droit dans le mur. Dans tous les cas, elle devait essayer. Ce que lui avait révélé l'élégant fantôme l'avait un peu paniqué. Elle ignorait comment Gareth allait réagir. Elle se doutait qu'Asaka allait, probablement, essayer de l'envoyer balader, c'était dans sa nature, du moins, dans la nature que la Championne aux Poisons connaissait. Mais elle ne savait pas comment pouvait agir le nouveau champion de Terros, elle ne le connaissait pas du tout, pour le coup. Et soit il était là par curiosité, pour vouloir confirmer si c'était bien la même personne, soit par amour... soit par vengeance. Elle ne voulait pas douter de lui, mais elle n'était sûre de rien, et elle préférait se méfier. Au pire, elle s'excuserait auprès de lui si jamais elle se trompait.

Elle commença à s'avancer dans les rues, en continuant de réfléchir. Elle avait pu parler un peu au jeune homme, et il ne lui avait pas semblé être un fou dangereux avide de vengeance... Mais... La situation, vu comme elle était complexe, pouvait très vite dégénérer avec le caractère de la jeune femme. Alors elle voulait les trouver. Elle continua d'arpenter les rues, lorsque Akugi apparut près d'elle. La dresseuse lui sourit. Après tout, elle aussi, elle pouvait l'aider à repérer la demoiselle. La créature fantomatique avait des capacités surprenantes, comme tous les autres de son genre. Si elle pouvait maintenir, plus ou moins, une âme dans un corps, elle pouvait trouver la piste de quelqu'un.

« Ma belle, il faut que tu me retrouves Asaka. C'est très important, d'accord ? Tu la retrouves, mais surtout, tu n'interviens pas. Si tu fais quoi que ce soit qui tourne mal, je te jure que Kogane te mordra pour le restant de tes jours ! »

Le spectre sembla comprendre la menace et approuva, se mettant, à sa manière, à pister la Championne aux Oiseaux. Elle fila à travers les rues et les ruelles, avant de se poster devant un chemin qui semblait plus étroit, et en toute logique, plus sombre. On aurait dit une scène de crime dans des livres. La demoiselle ralentit, et se rapprocha du mur, pour observer. Kogane poussa un petit sifflement. Il détectait deux sources de chaleur humaine. Ils étaient bien là.

« Bon, on reste là, et on n'intervient que si ça tourne mal. Akugi, si tu bouges, Kogane va vraiment te mordre. »

Ils restèrent cachés, prêt à intervenir si le besoin s'en faisait sentir. Ils essayaient également de ne pas trop écouter ce qu'ils pouvaient se dire. Melian n'était vraiment pas à l'aise dans cette situation complexe....

[Bon ben moi j'suis cachée xD Gareth, si tu as besoin que j'intervienne, n'hésite pas à faire agir Melian, je ne t'en voudrais pas x) Après, c'est pas terrible, mais je ne savais pas quoi faire d'autres ^^"]

par Gareth Ivanoé Sam 12 Oct 2013 - 13:31

Gareth n'avait pas su quoi dire devant la réaction d'Asaka. Raisonnablement, quand il l'observait, quand il détaillait chacune de ses cicatrices, sa démarche claudicante, ses yeux ternes dans lesquels semblaient brûler toute la colère du monde... Il était vrai que belle n'était pas le premier adjectif qui lui venait à l'esprit. Néanmoins, contrairement à ce que semblait croire la jeune femme, elle ne lui paraissait pas monstrueuse. Il voyait en elle un oiseau blessé. Un aigle royal, qui avait eu la capacité de voler au dessus des plus hauts sommets du monde et qui était condamné désormais à rester cloué au sol.

Du coup, il ne réagit pas immédiatement lorsque la Championne fit demi tour, en direction de la ville et de ses ruelles. Il lui fallut cligner plusieurs fois des yeux avant de se reconnecter à la réalité, et la Furie d'Alfen avait déjà eu le temps de parcourir plusieurs mètres. Le soldat ne savait pas s'il devait lui courir après - pour lui dire quoi ?

Mais ses jambes se mirent en route sans lui demander son avis. Ainsi diminuée, Asaka marchait bien moins vite que lui. Deux enjambées rapides auraient permis à Gareth de la rattraper. Pourtant, il préféra marcher plus lentement encore que la dresseuse, afin de la suivre sans la brusquer. Il ne savait pas ce qu'elle pourrait dire ou faire - marcher plus vite, lui hurler de ne pas la suivre, lui envoyer - le Terrosien frémit à cette idée - un de ses Pokémon ? Il avait déjà eu l'occasion d'entendre parler de ses deux premiers, la chauve-souris et le fantôme de glace, et étrangement, ne tenait pas à être attaqué par six créatures de ce genre. Néanmoins, cette idée ne l'empêchait pas d'aller à la suite de la Championne d'Aflen. Il ne savait pas trop comment sa simple visite, qui n'avait alors pour but que de vérifier le visage de la maîtresse de l'arène Nalcienne, avait pu dégénérer ainsi au point qu'il en était réduit à poursuivre son ancienne amante. Mais y réfléchir plus serait inutile.

Elle essayait clairement de le perdre, en tout cas. Deux fois il avait failli la perdre de vue. Asaka ne marchait pas bien vite mais était plus agile, et connaissait beaucoup mieux que lui les coins et les recoins de la capitale du pays de l'Air. Ce qui n'était pas difficile, il n'y était jamais venu. Les ruelles se succédaient, séparées par des escaliers, des carrefours, des trompe-l'oeil. La Nalcienne aurait pu choisir de se perdre dans une foule, au coeur même de sa ville, afin de se fondre dans la masse et de ralentir encore plus son poursuivant, mais elle semblait préférer les lieux isolés. Leurs pas résonnaient sur les murs de pierre. Elle n'avait pas besoin de se tourner pour savoir qu'il la suivait toujours. Peut-être était-elle même capable de savoir à quelle distance.

"Asaka", commença Gareth.

Il ne savait pas trop ce qu'il pouvait bien raconter, ni même si elle l'écouterait. Peut-être était-elle suffisamment dégoûtée par sa présence qu'elle s'isolerait dans une bulle de silence - elle savait faire ça. Elle le lui avait déjà montré. Peut-être qu'il... l'effrayait ?
Le jeune homme voulait s'expliquer, si tel était le cas. Il lui en voulait, mais ne souhaitait pas qu'elle vive avec la peur au ventre en permanence en pensant à lui et en craignant chaque seconde les représailles de Terros.

"Asaka, reprit-il, s'il te plait, avant tout, je veux que tu saches que je ne suis pas là pour me venger... ni pour te confronter."

Elle finit par s'arrêter, à quelques mètres de lui, et il jugea bon de ne pas tenter de s'approcher d'avantage, comme s'il avait peur d'effrayer un oiseau. Son oiseau. Ils étaient à présent dans une ruelle plus sombre que les autres, plus isolée. Cet endroit le mettait un peu mal à l'aise. Mais maintenant qu'il avait commencé, il n'y avait plus de retour en arrière possible. Il lui dirait ce qu'il avait sur le cœur et puis... il partirait. Pourvu qu'elle l'écoute...

"Ce qu'il s'est passé à cette époque... Ce jour là... J'aimerais être comme tous les soldats ou généraux Terrosiens : dans l'ignorance. Ne porter de soupçons sur personne. Cette personne... qui a volé nos plans... Elle a gâché ma vie. Elle a tué mes amis, elle m'a fait perdre mon père. Cette personne, je lui en veux... Mais moins qu'à l'autre personne qui m'a brisé le coeur, m'a trahi et s'est enfuie."

Gareth s'était mis à pleurer. Il ressentait de nouveau cette déchirure, ou plutôt ces déchirures, lorsque Asaka était partie, lorsque son père l'avait frappé, lorsque le groupe de soldats sous sa responsabilité s'était fait massacrer presque sous ses yeux... Mais, il le savait... tout cela était du passé. Presque une dizaine d'années. Depuis, il avait eu le temps de se remettre, de faire son deuil, de redevenir quelqu'un. Son père l'ignorait toujours, mais cela, il s'y était fait. La seule chose à laquelle il ne s'habituait pas, c'était son absence...

"Maintenant, néanmoins... Je vais mieux. J'ai découvert la voie du dressage de Pokémon. Je suis le nouveau Champion de Seian. Et si je suis venu aujourd'hui... C'est parce que ton nom m'a guidé jusqu'à l'arène d'Alfen. Asaka... Championne de la Capitale de Nalcia... Et si seulement... c'était toi ?"

Il savait qu'il n'était plus seuls, la jeune femme et lui. Les pas de Mélian - sans doute elle - avait raisonné derrière eux puis s'étaient soudainement arrêtés. Mais il avait presque fini son monologue. Lentement, il commença à reculer pour rejoindre sa collègue Terrosienne.

"Je vais rentrer à Terros, maintenant que j'ai pu saluer... mon équivalent Nalcien. Je suis heureux de t'avoir revu... Sous ta carapace mutilée, je vois encore mon bel... je veux dire, un bel oiseau. Je te le promets. Adieu."

Gareth fit demi-tour, croisant le regard de la Championne de Kabana. Dans ses yeux à lui, il n'y avait ni haine ni colère... Juste une infinie tristesse, et, quelque part, du soulagement. Peut-être que ce secret pesait trop lourd sur son cœur, jusqu'alors.

par Asaka Chôko Ven 8 Nov 2013 - 15:06

Il la suivait, malgré le chemin hasardeux qu’elle empruntait. Elle entendait ses pas derrière elle, que le vent lui renvoyait dans un écho amplifié. Rah, pourquoi même son élément s’y mettait ?! Ils étaient tous contre elle ou quoi ! Ils ne pouvaient pas la laisser tranquille ?!
Furieuse contre tout ça, elle-même, Gareth, le vent, le monde entier, la Championne aux oiseaux accéléra le pas.

« Asaka. »

La femme meurtrie frémit, suspendit son pas l’espace d’un instant… Avant de reprendre sa course. Non, elle ne devait pas se faire avoir comme ça !

***

Dans l’Arène, Yuki Yûki avait fini d’exposer les grandes lignes du passé commun de son amie humaine et du Champion de Seian à l’experte en poisons ainsi qu’à ses partenaires. Elle avait pris soin de ne pas préciser que la Furie d’Alfen avait fait ça dans le but de voler des documents militaires hautement gardés, restant volontairement vague sur la raison de la venue à Terros de sa dresseuse en cette période-là. De même, le motif de sa rupture avec Gareth s’était transformé en poste reçu de la part de Nalcia. C’était peut-être maladroit, expliqué ainsi, mais c’était tout ce qui lui était venu à l’esprit au moment de conter ce passage.

*C’est tout ce que vous devez savoir. Asaka ne l’admettra jamais, mais je sais –enfin, nous savons tous les deux, ajouta-t-elle en se tournant vers Hoshiyo, à quel point cette décision l’a meurtrie. En temps normal, jamais elle n’aurait hésité à accepter un poste au sein de Nalcia. Mais… Elle a laissé sa décision traîner pendant des semaines. Parce que je sais qu’intérieurement, elle ne voulait pas se séparer de Gareth. De ce fait, le revoir après toutes ces années… Le choc a été important. Nous-mêmes avons été surpris, alors que nous ne le connaissions pas tant que ça. Alors… Mademoiselle Melian, où allez-vous ?*

Mais la Championne de Kabana ne prit pas la peine de lui répondre. Elle se précipita vers la porte du bâtiment, et sortit dans la rue. L’élégant fantôme s’apprêta à la suivre, craignant le pire… Pour finir par se raviser. C’était inutile, elle ne parviendrait pas à raisonner Melian. Après tout, il était normal qu’elle se fasse du souci pour son amie… Yuki Yûki espérait juste que rien de grave ne se passe.
En attendant, elle se tourna vers ses partenaires. Ils auraient probablement des questions. Notamment Fujimoto, qui n’acceptait pas le fait que sa maîtresse, son modèle, soit douée de telles faiblesses.

***

« Asaka, s'il te plait, avant tout, je veux que tu saches que je ne suis pas là pour me venger... ni pour te confronter. »

Cette fois-ci, elle s’était immobilisée, contre son gré. Pourquoi ? Pourquoi son corps ne lui obéissait-il pas ? Pourquoi l’obligeait-il à écouter ce… Cet imbécile déblatérer ses conneries ?!

« Faudrait peut-être savoir ce que tu veux, répliqua-t-elle d’un ton sec, blessant, conséquence de sa colère face à son impuissance.

Elle n’avait qu’une seule envie, reprendre sa marche, ne plus revoir ce Terrosien qui la troublait tant ! Putain, c’était bien la peine d’avoir une jambe en état si elle était aussi inerte que l’autre !
Néanmoins, alors qu’elle était en guerre avec elle-même pour savoir si oui ou non, elle allait bouger… Gareth choisit ce moment précis pour continuer à parler.

« Ce qu'il s'est passé à cette époque... Ce jour là... J'aimerais être comme tous les soldats ou généraux Terrosiens : dans l'ignorance. Ne porter de soupçons sur personne. Cette personne... qui a volé nos plans... Elle a gâché ma vie. Elle a tué mes amis, elle m'a fait perdre mon père. Cette personne, je lui en veux... Mais moins qu'à l'autre personne qui m'a brisé le coeur, m'a trahi et s'est enfuie. »

Asaka le sentit. Quelque part, dans la zone la plus profonde et secrète de son cœur, la boîte dans laquelle elle avait mis tous ses souvenirs concernant cette époque s’ouvrit. Le cadenas vola en éclats, répandant tout son contenu. Et rouvrant, par-là-même, cette blessure si sévère, qui avait pris tant de temps avant de cicatriser… Elle pensait avoir tourné la page, s’en était convaincue, avait passé des années de sa vie sans penser à ça. Et voilà qu’à cause de ce crétin… ! RAH !

La Championne aux oiseaux était si furieuse contre elle-même, confuse, perdue qu’elle n’entendit même pas le vent lui porter la nouvelle de l’arrivée de Vipère, à l’angle de la ruelle. Elle ne perçut même pas les larmes qui coulaient doucement sur la joue dans son alant de jadis.

« Maintenant, néanmoins... Je vais mieux. J'ai découvert la voie du dressage de Pokémon. Je suis le nouveau Champion de Seian. Et si je suis venu aujourd'hui... C'est parce que ton nom m'a guidé jusqu'à l'arène d'Alfen. Asaka... Championne de la Capitale de Nalcia... Et si seulement... c'était toi ? »

Elle ne répondit pas. Qu’aurait-elle pu dire, de toute façon ? Il faisait son monologue tout seul, trouvait ses réponses comme un grand. Franchement…
Et pourtant, cela aurait été mentir que d’affirmer que tout cela n’avait aucun effet sur elle. Si, de l’extérieur, de dos à son interlocuteur, il semblait qu’elle fût insensible à tout cela… Intérieurement, c’était le chaos.

« Je vais rentrer à Terros, maintenant que j'ai pu saluer... mon équivalent Nalcien. Je suis heureux de t'avoir revu... Sous ta carapace mutilée, je vois encore mon bel... je veux dire, un bel oiseau. Je te le promets. Adieu. »

Cette fois, c’était trop !
La Furie d’Alfen se retourna, le visage crispé, ses yeux cristallins lançant des éclairs noirs. Mais le Champion de Seian avait déjà commencé à s’éloigner. Et il pensait qu’elle allait le laisser partir comme ça, après qu’il l’ait prise pour un Marcheur de Rêves (*) ?!

« C’était bien la peine de venir jusque là si c’était pour me sortir des conneries pareilles ! » Rugit-elle. « C’est ça, retourne dans ton putain de pays et restes-y, sale enfoiré ! »

Le vent porta son éclat sur plusieurs ruelles alentours, faisant frémir les passants qui avaient reconnu la voix de la Championne aux oiseaux. Mais Gareth, lui, avait déjà disparu.

L’ancienne espionne continua de fixer l’angle derrière lequel son ancien amant s’était effacé. Soudain, toute la pression de ces dernières minutes retomba d’un coup, d’une façon presque assommante. Une fatigue accablante s’empara d’elle, en même temps qu’une migraine.

« Putain, tu parles d’une bonne journée… » Marmonna-t-elle.

Elle s’assit sur un tonneau, commença à se masser les tempes pour ensuite se pincer l’arête du nez. De petits pas timides s’approchèrent, qui n’avaient rien à voir avec la démarche lourde et rythmée par l’entraînement militaire de Gareth. Ce devait être Melian.

Asaka releva des yeux las vers sa collègue et amie, essayant de sauver un peu de sa réputation.

« Comment va Ganka ? S’il a clamsé, je le tue. »

Mais comment pourrait-elle arriver à convaincre quelqu’un que ce qu’il venait de se passer ne l’avait pas affectée, alors qu’elle-même entendait que ses paroles sonnaient faux ?

Une flèche violette fondit sur elle, pour se poser la tête à l’envers sur un toit. Hoshiyo.

« Arrête de me regarder avec cet air de Caninos battu, Hoshiyo. Je vais bien, ok ? »

Et, pour prouver ses propos, elle se releva d’un coup… Avant de tituber et revenir à sa position assise.

« Bon, ok, soupira-t-elle. Chuis juste un peu fatiguée, mais c’est rien. »

La Furie d’Alfen demeura ainsi un moment, avec son premier compagnon et son amie terrosienne à ses côtés. Elle n’aurait même pas su dire combien de temps ils restèrent là, dans cette ruelle sombre de la capitale nalcienne, ni même si Melian lui avait adressé la parole.
Toujours est-il que, lorsque la voûte se mit à s’assombrir, Asaka se releva enfin, en faisant plus attention cette fois. Bon, elle tenait debout. C’était déjà ça.

« Retournons chez moi. A tous les coups, princesse doit être affolée. »

Le chemin du retour se passa en silence. Du moins, du point de vue d’Asaka. Elle ruminait encore tous les événements de cette journée. Et, à chaque fois, sa plaie se faisait plus profonde, plus vive.

Dès qu’ils franchirent la porte de l’Arène, ils furent accueillis par un festival de mines inquiètes. Ce qui eut pour effet d’exaspérer la Nalcienne, alors que Yoshiko se précipitait sur sa poitrine, à la recherche de réconfort.

« Hey, y’a plus de quoi s’inquiéter pour ce fichu lion de mes deux que pour moi, ok ? Chuis pas née de la dernière pluie. Melian, je ne veux pas te retenir plus longtemps, mais avant ça, est-ce que tu as des recommandations concernant Ganka ? »

La femme meurtrie écouta attentivement les instructions de sa collègue, notant les points importants sur un parchemin. Bon, comme elle s’en doutait, sa rééducation allait prendre pas mal de temps… Mais, elle se le promettait, ça vaudrait le coup !

« Ok, merci. Et, dernière chose… J’en ai un peu discuté avec lui, et on pense que c’est une bonne chose. Est-ce que tu voudrais bien prendre Hoshiyo avec toi ? Question vol, je me démerde, mais je peux pas lui apprendre à bien utiliser ses poisons. Je peux te dédommager, si tu veux. Ou, si t’as des bestioles qui ont besoin d’un petit cours de vol, n’hésite pas à me les envoyer. »

[Fini pour moi o/
Mizu, désolée, mais c’est juste que là, Asaka était vraiment acculée. Et, quand ça arrive… Ben, elle pète un câble ^^’

(*) Je voulais dire un psy, mais je pense que le job de Marcheur de Rêves est plus approprié pour ça XD]

par Melian Lun 11 Nov 2013 - 11:46

Melian était une voyeuse. Une véritable voyeuse, apparemment sans gêne, qui observait son amie, et un collègue en pleine conversation des plus intimes. Elle comprenait quelques mots. Elle sentait, vaguement, leurs sentiments. Comme si elle était près d'eux, un être évanescent et omnipotent. Elle reprit néanmoins conscience qu'elle n'était pas transparente lorsque le champion de Terros passa près d'elle. L'espace d'un instant, elle put observer ses yeux, et c'est avec grand étonnement qu'elle découvrit qu'il semblait... calme. Peut-être apaisé. Il semblait aller mieux, quelque part, même si une partie de lui avait l'air en miettes. Elle lui fit un bref signe de tête, ne sachant quoi dire. Et puis, il était difficile de parler, alors qu'Asaka hurlait, insultant le pauvre soldat. La championne aux Poisons eut un petit frisson. Et une fois que le calme fut revenu, elle s'approcha à pas lent de son amie.

« Ganka va aussi bien que son état le lui permet. Il devrait s'en sortir, ne t'en fais pas. » répondit la jeune femme à la question de son amie.

Elle sentait clairement le malaise qui régnait. Mais que pouvait-elle dire ? Qu'est-ce qu'elle était en droit ou non de dire ? Elle repensa à ce que lui avait dit la Momartik. La Furie d'Alfen s'était séparée de Gareth apparemment lorsqu'elle avait reçu l'offre d'un poste important à la capitale. En l'acceptant, elle avait pris la décision de s'éloigner de l'homme qu'elle aimait. La très jeune championne sentait que quelque chose n'allait pas dans ce discours. C'était peut-être sa façon de croire que l'amour pouvait transcender toutes les frontières mais... pourquoi un simple poste aurait pu tuer une relation ?

Lentement, progressivement, des tas de petits détails se rassemblaient dans l'esprit de la Terrosienne. Elle ne cherchait pas à compléter un puzzle, elle savait bien qu'il lui manquait beaucoup trop d'informations. Mais elle mettait bout à bout des choses qui pouvaient se suivre, correspondre, et qui représentaient un énorme point d'interrogation sur le passé de son amie. Pourquoi avoir accepté un poste qui aurait pu mettre un terme à une relation -ou en tout cas, pourquoi ne pas avoir fait en sorte de pouvoir conjuguer les deux, ce qui n'apparaissait pas comme impossible ? Et comment la guerrière avait-elle obtenu toutes ses marques, toutes ses cicatrices ? La plupart semblaient être dues à des brûlures, mais comment est-ce que c'était arrivé ? La femme médecin souffla doucement. Elle ne comptait pas poser la question de but en blanc à la championne aux oiseaux. Peut-être qu'un jour elle lui dirait, peut-être que non, mais dans tous les cas, elle ne forcerait pas la main à son amie, sauf si la situation le nécessitait.

Elle resta silencieuse, n'osant parler, et sentant que les propos n'étaient pas les bienvenus. Elles avancèrent jusqu'à l'arène, où Asaka fut accueillie par toute son équipe, apparemment très inquiète pour elle. La jeune femme ne s'en formalisa pas : elle-même avait droit à un tel accueil lorsqu'elle sortait d'une entrevue avec son père. Elle resta un peu surprise lorsque son amie chercha à la congédier en s'inquiétant pour son lion de foudre. La guerrière resta un moment songeuse, avant de dire :

« Je vais prendre une chambre d'hôtel dans la ville. Je vais rester dans les environs une dizaine de jours à peu près, pour pouvoir changer régulièrement ses pansements.. Si pendant ce temps, tu n'as pas besoin de moi, alors je repartirai à Terros. Je t'expliquerai bien entendu comment on fait pour panser une plaie aussi particulière. Et ensuite, tu pourras faire appel à moi lorsque tu penseras que le temps de la rééducation va commencer. Il faudra vraiment y aller petit à petit, parce que c'est toute sa perception du monde et de son propre corps qu'il devra changer pour continuer à vivre. Je sais que ça n'est pas forcément dans ta nature, mais en tout cas au début, essaye de rester calme et tolérante avec lui. Oh, par contre, si ses oreilles vont très naturellement se développer, il faudrait veiller à ce qu'il ne perde pas en odorat. Tu peux faire un exercice basique, lui faire reconnaître différentes choses ou personnes, à commencer par toi et tes Pokémon. Mais chaque chose en son temps, les premiers jours, il doit surtout manger et dormir. Ne lui donne pas de grosses quantités d'un coup, il vaut mieux qu'il mange peu, mais régulièrement. »

Elle avait dû faire le tour de la plupart des recommandations de base, et elle donnerait les autres avant qu'elle reparte à Kabana. Elle s'apprêtait à quitter l'arène lorsque son amie lui posa une dernière, et surprenante question. Elle fit volte-face et échangea un regard avec la chauve-souris mauve. Elle resta silencieuse un petit moment, avant de hocher la tête.

« D'accord, j'accepte. Je vais garder Hoshiyo et perfectionner son maniement de ses toxines. Par contre, je ne veux pas que tu me payes, ou autre. »

Elle réfléchit un peu, avant de sourire.

« Tu te souviens, la première fois qu'on s'est rencontrées ? Tu m'as dit que si un jour, je voulais capturer un Airmure, je pouvais te demander de m'accompagner. Lorsque j'aurai fini l'entraînement d'Hoshiyo, je pense venir à Nalcia pour non seulement te rendre ton Pokémon, mais aussi pour attraper l'un de ces oiseaux de fer. A ce moment là, je veux bien que tu m'accompagnes jusqu'à leurs nids, si tu acceptes. »

Elle essaya de se montrer positive et convaincante. Puis, après avoir récupéré ses propres Pokémon, et le Nostenfer meurtri, elle quitta l'arène pour se réserver une chambre pour la nuit. Elle allait profiter de son petit séjour à Alfen pour sympathiser un peu plus avec le Pokémon Chovsouris, afin de pouvoir mieux travailler avec lui une fois de retour chez elle.

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