[ Clos ] A dangerous situation [Mission sauvetage]

[Peter]

Cela faisait déjà quelques jours que Peter et son apprentie avaient assisté à l’une des choses les plus magnifiques qui soient, à savoir la visite de Jirachi et de son cortège d’étoiles filantes. Le ciel avait été zébré de traînées lumineuses et scintillantes, sous le regard à la fois émerveillé et plein de nostalgie du duo. Mais il avait bien fallu repartir, et le lendemain, le Dragon Master et son élève s’étaient de nouveau mis en route pour retourner à Nalcia, Peter sur Kairyuu, et Yûn sur Hakkatsu, exceptionnellement. En effet, si Sunagon était aussi bien entraînée que ses camarades, son maître avait préféré la ménager un peu, même si un voyage supplémentaire ne l’aurait pas gênée outre mesure. Elle avait déjà parcouru une longue distance sur le continent flottant, lorsqu’elle avait été envoyée à la recherche de la Terrosienne, et en dépit de son endurance plus que correcte, elle était surtout, au départ, un Pokémon taillé pour la course et la vitesse, aux mouvements rapides et vifs. Le Dracaufeu avait donc pris le relai le temps de regagner le pays de l’Air, tout en gardant son congénère plus expérimenté à l’œil pour ne pas le perdre de vue.

Enfin, Nalcia s’était peu à peu dessinée, dès qu’ils furent passés sous les nuages, et Peter avait décidé qu’ils feraient une halte à l’Auberge du Chat. Cependant, peu désireux de subir les questions incessantes et les murmures admiratifs des habitants du pays – comme à chaque fois qu’il se montrait en public, en fait -, les deux amis des Dragons étaient restés dissimulés sous des habits amples et sans forme précise, grâce à une espèce de capuche sur la tête et une petite aura de mystère. Les trois jours de repos dans l’établissement furent plutôt paisibles, et ils repartirent sans avoir révélé leur identité.

Mais alors qu’ils étaient en chemin vers le Temple, seulement une petite heure après avoir quitté l’Auberge, ils virent un Rapasdepic venir à leur rencontre, une fine chaîne d’or pur autour du cou, et au bout de laquelle un tube de métal gelé pendait, légèrement agité par la brise ambiante. Le Dragon Master, après avoir demandé à Kairyuu de se maintenir en vol stationnaire, saisit la missive, quelque peu inquiet ; un oiseau qui arborait un « bijou » d’une telle valeur ne pouvait qu’être porteur d’une nouvelle importante. Tandis que le rapace attendait patiemment que le destinataire prenne connaissance du contenu de la lettre, Peter, lui, décachetait à toute vitesse le parchemin. Ses yeux parcoururent rapidement l’écriture précipitée et affolée, puis se posèrent sur la créature. Quelques secondes plus tard, le champion du Temple avait envoyé sa réponse au dos du papier, ainsi que le Pokémon qui avait la lourde charge de la faire parvenir à son propriétaire. Puis, d’un signe, il invita Yûn à se rapprocher. Ils changèrent alors de cap, pour filer vers le Pic Glacé, tandis que Peter expliquait à son élève la raison de la modification de leur programme.

« Un marchand employé par la couronne a un problème avec sa cargaison. Son Pokémon a glissé alors qu’il transportait un précieux chargement, et le tout se retrouve dans un endroit dangereux, à pic. Comme ils n’arrivent pas à ramener la créature à eux, ils ont envoyé des demandes aux personnes qu’ils ont jugées comme étant les plus aptes à les aider… Et comme j’en fais partie, je dois y aller. On pourra rentrer après ça, je pense. Et puis, cela peut être un bon entraînement pour toi, j’en suis sûr. »

Le champion sourit alors à sa disciple d’un air bienveillant, puis se remit à fixer l’horizon, pressé d’arriver sur le lieu de l’accident.

Par chance, la route vers le Pic Glacé, depuis l’Auberge, était plutôt facile, puisqu’il suffisait de voler en ligne droite pour s’y rendre. En un peu plus de deux heures, la Terrosienne et son professeur étaient sur place, et grâce à la bonne connaissance du terrain de Peter, ils trouvèrent le marchand assez vite, d’après les indications assez sommaires de la missive. Lorsque le Dracolosse se posa sur le sol gelé, le Dragon Master sauta de son dos pour s’avancer vers le pauvre homme. Ce dernier était blême, tremblant (de froid ou d’effroi, voire des deux, sans doute), et son visage s’éclaira lorsqu’il aperçut le fils de l’Eternarien des Cieux, qui prit la parole en premier.

« Bonjour à vous. Nous sommes venus aussi vite que possible. Voici Yûn, mon apprentie. Où est-il ? »

Bien évidemment, Peter parlait du fameux Pokémon. Après avoir brièvement salué la femme et la fille du marchand, qui se tenaient à ses côtés, le champion suivit l’homme, qui l’amena au bord du chemin sur lequel ils se trouvaient. Si celui-ci était plutôt large, l’autre, sur lequel était tombé le Rhinocorne, était… Très étroit. Et escarpé, de surcroît. La mine grave, le Dragon Master – qui n’avait pas jugé utile de se présenter, vu son statut – se tourna vers son élève, puis hocha la tête. Ils allaient devoir être prudents et précautionneux s’ils voulaient ramener à la fois le Pokémon et sa précieuse cargaison… Sains et saufs.

[Yûn]

Les quelques journées de repos à l’Auberge du Chat avaient été les bienvenus. Il fallait dire que le séjour sur l’étrange continent flottant avait été plus qu’éprouvant pour la jeune Terrosienne… En particulier l’épreuve que son maître lui avait imposée dans la Caverne de Felagund. Mais elle ne se plaignait guère d’un tel traitement. Après tout, c’était elle qui avait décidé de s’engager sur cette voie périlleuse.
En revanche, Uroko avait été plus… Renfrogné. Non seulement son aile était toujours blessée, mais en plus il ne pouvait même pas s’afficher en public, sous quelque forme que ce soit. En effet, en demeurant un Drattak, il aurait effrayé les clients de la taverne. Et même sous sa forme humanoïde, l’être mythique n’aurait pu dissimuler les attributs qui prouvaient son appartenance à une race étrangère. Et Arceus sait qu’un tel prodige n’aurait pas manqué de terroriser les humains non habitués à ce spectacle. Le Dragon écarlate et azur avait donc été condamné à rester enfermé dans sa capsule ou, lorsque sa captivité lui était intolérable, à demeurer cloîtré dans la chambre que le duo humain avait réservée. Quelle vie, je vous jure, pour une créature avide de liberté…

Heureusement, son calvaire touchait à sa fin. Le maître et son élève quittèrent enfin l’établissement, pour rejoindre l’habitation du Dragon Master. Du moins, était-ce ce qui était prévu…
Car, alors qu’ils venaient d’entamer leur voyage de retour, un Rapasdepic porteur d’une missive vint à leur hauteur. Et à l’expression qu’afficha le Nalcien à la lecture de la lettre, Yûn comprit qu’ils ne retrouveraient pas encore les hauteurs favorites de son mentor avant un petit moment… Ce que ce dernier lui confirma une fois sa réponse envoyée.

« Un marchand employé par la couronne a un problème avec sa cargaison. Son Pokémon a glissé alors qu’il transportait un précieux chargement, et le tout se retrouve dans un endroit dangereux, à pic. Comme ils n’arrivent pas à ramener la créature à eux, ils ont envoyé des demandes aux personnes qu’ils ont jugées comme étant les plus aptes à les aider… Et comme j’en fais partie, je dois y aller. On pourra rentrer après ça, je pense. Et puis, cela peut être un bon entraînement pour toi, j’en suis sûr. »

L’apprentie Dragonnière acquiesça. Non pas qu’elle ait le choix, de toute façon, mais jamais, au grand jamais, elle n’aurait contesté les ordres et les choix de son professeur –contrairement à la tête de mule qui lui servait de partenaire écailleux.

C’était la première fois que la Terrosienne s’aventurait dans les montagnes de la nation du vent. Pourtant, celles-ci lui semblèrent bien plus hostiles que les sommets de chez elle… De plus, le pic imposant sur lequel ils se posèrent présentait le même temps glacé que celui qui régnait dans l’antre des Dragons, sur Tenkei. En voilà un qui allait être content…
La jeune fille s’inclina légèrement lorsque le Champion aux Dragons la présenta aux marchands. Bien qu’elle ne soit pas originaire de ce pays (au contraire, elle faisait partie, techniquement, de l’alliance ennemie), elle devait faire honneur à son maître. Ce qu’elle s’était promis, sur les rives de ce lac aux eaux limpides, lors de la pluie d’étoiles filantes. Certes, en temps normal, il pouvait sembler étrange, et même suspicieux qu’une personne non Nalcienne, et qui plus est non Mizuhanienne, intervienne dans les affaires royales ou militaires de la nation. Cependant, Yûn n’avait absolument jamais compris les différends qu’il pouvait exister entre les pays. Et puis, elle était ici en tant qu’élève du Dragon Master, personnalité de Nalcia s’il en était. Personne ne trouverait donc rien à redire à sa présence, n’est-ce pas… ?
Néanmoins, la jeune fille fit bien attention de demeurer légèrement en retrait. On ne savait jamais, peut-être que ces personnes ne verraient pas d’un très bon œil le fait qu’elle soit ici, pour les ‘aider’…

Elle perçut elle aussi l’aura du Rhinocorne. Dans une position instable, sur un très étroit chemin de montagne, il n’allait pas être aisé de le remonter… Surtout que le fort vent glacé n’allait pas les aider, et qu’elle ne pouvait compter, pour le moment, sur les capacités aériennes de son compagnon de toujours.
La Terrosienne jeta donc un regard sur son mentor, attendant ses directives pour agir.

[Bon, ben... Post de présentation, quoi...]

[Peter]

Le Dragon Master avait remarqué que sa jeune disciple, bien qu’étant placée sous sa protection, ne semblait pas très à l’aise en présence de « proches » de la famille royale. Mais elle n’avait rien à craindre : quiconque accompagnait Peter se retrouvait automatiquement avec un statut de « VIP » intouchable, même en appartenant à l’alliance ennemie, et les commerçants au service de la couronne n’étaient pas assez idiots pour attaquer quelqu’un qui voulait les aider, avec le champion nalcien, de surcroît. Cependant, il comprenait tout à fait son appréhension, et il posa doucement sa main gauche sur l’épaule de la Terrosienne pour y exercer une brève pression, dans laquelle il s’efforça de lui transmettre tous ses encouragements et ses sentiments rassurants. Tant qu’il était là, elle n’avait pas de quoi avoir peur de qui ou de quoi que ce soit.

Le Dragonnier reporta ensuite son attention sur le Rhinocorne, en contrebas. Il avait l’air complètement paniqué, et il s’agitait dangereusement sur le (bien trop) étroit morceau de roche qui lui servait actuellement de sol. De plus, la charrette à laquelle il était attaché était instable, menaçant à chaque instant de chavirer dans le vide en transformant la cargaison en bouillie. En fronçant les sourcils, Peter demanda à l’homme :

« Dites… Que transportiez-vous, exactement ? »

Il n’était pas dans les habitudes du champion de se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais l’affaire était assez sérieuse pour l’avoir fait venir jusqu’ici, et elle concernait le trône de Nalcia. Il avait besoin de savoir de quoi il en retournait précisément afin d’agir en conséquence. Lorsque le marchand, d’une voix blanche, lui répondit simplement « des œufs de Pokémon », le Dragon Master sentit son sang se glacer. Effectivement, des futurs serviteurs ou alliés de la couronne en danger de mort, c’était pire que critique, comme situation. Sans plus attendre, il grimpa à nouveau sur le dos de Kairyuu, puis lui indiqua la direction à prendre, tout en lui chuchotant quelque chose. Alors, tandis qu’il se rapprochait doucement du Pokémon isolé, le Dracolosse effectua un petit mouvement circulaire rapide dans les airs, se servant de Hâte pour booster sa vitesse. Il continua en s’entourant d’une puissante énergie accompagnée d’une petite démonstration de sa force, indiquant par ce geste qu’il venait d’utiliser Danse Draco. Enfin, de petites sphères brillantes l’encerclèrent avant de disparaître, lui laissant une efficace protection contre les changements de statut, qui pouvaient se révéler mortels dans ces conditions. Il fit ensuite un signe à Yûn pour l’inviter à le suivre, avant de se retrouver à quelques mètres du Rhinocorne.

Ce dernier, bien que fier et massif, n’affichait, en cet instant, qu’une expression de panique et de désorientation de mauvais augure. Le champion et sa monture se placèrent alors devant lui, pas trop près, cependant, pour ne pas l’effrayer, et le Dragon Master murmura :

« N’aie pas peur, je ne te veux aucun mal. Je m’appelle Peter, je suis là pour t’aider. Je ne te toucherai pas si tu ne veux pas que je le fasse, d’accord ? Je sais que tu souffres. Mais je vais te sortir de là, je te le promets. Calme-toi, s’il te plaît. Il fait froid ici, et il y a de la glace un peu partout, alors arrête de bouger… Sinon, tu vas de nouveau glisser et te faire encore plus mal. Tu veux bien ? »

Si la créature montrait toujours des signes de peur, au moins, elle avait cessé de s’agiter dans tous les sens. La voix de l’humain, calme et rassurante, avait réussi à l’apaiser. Mais soudain, un éclair zébra le ciel, éclairant vivement la scène étrange qui se déroulait sur le flanc du Pic Glacé. Le Rhinocorne sursauta, puis recommença à bouger en poussant des cris déchirants de peur et de douleur. Le Dragon Master fronça les sourcils, puis saisit une capsule dissimulée dans son vêtement pour en libérer sa libellule du désert. Sunagon regarda calmement son maître, puis le Pokémon Roche, et enfin la charrette, pour le moment intacte.

« Sunagon, vu l’orage qui se prépare, je compte sur toi pour nous aider à remonter la cargaison. Sous le tissu, il y a des œufs. Tu les ramèneras un à un s’il le faut, mais ce sera ta mission prioritaire. Yûn, Hakkatsu, Kairyuu et moi nous occuperons du reste. »

En silence, la Libégon acquiesça, puis s’approcha doucement de l’engin, glissa ses pattes sous le tissu et saisit les deux premiers œufs qui furent à sa portée. Elle les serra alors délicatement contre son abdomen, puis entama son ascension vers le marchand et sa famille. Peter, lui, lança un regard à sa disciple, puis au Pokémon rocheux, réfléchissant au meilleur moyen de mener à bien la tâche qui leur avait été confiée. Si jamais le temps devenait trop menaçant, nul doute qu’il devrait faire appel à sa Draco pour le modifier à leur avantage… Mais pour l’instant, il estimait que trois de ses Dragons suffisaient à les aider ; de plus, il n’était pas exclu que le Rhinocorne de somme soit effrayé par la présence d’autant de gens autour de lui. Le fils de l’Eternarien des Cieux préféra donc en rester là pour le moment, et il interrogea Yûn du regard afin d’avoir son avis sur la question… Car à part rassurer sans cesse le Pokémon blessé et mettre les œufs en sécurité, Peter ne voyait pas vraiment que faire d’autre, même si avec la frayeur de la créature et la fragilité des futurs Pokémon, leur temps était compté.

[Yûn]

Juchée sur le dos du roi des sommets, qui luttait tant bien que mal contre le vent déchaîné afin de conserver un vol stable, la Terrosienne plissa les yeux en observant la bête de somme. Effectivement, celle-ci semblait terrorisée, malgré l’intervention de son mentor. Il fallait dire que le temps n’aidait pas vraiment…
Pourtant, cette situation était loin d’être étrangère à la jeune fille. En effet, jusqu’à quelques années, elle avait vécu dans une famille qui gagnait sa vie en travaillant dans les champs. Et dès son plus jeune âge, elle avait dû aider ses parents. Ils possédaient des Pokémon utiles pour les travaux agricoles, notamment un Tauros et trois Ecremeuh. Or, les nuits d’orage (et celles-ci étaient fréquentes, dans ses montagnes natales), elle avait souvent dû se rendre à l’étable, afin de rassurer les créatures massives, d’ordinaire si paisibles.
Dans le cas présent, la situation était à peu près comparable. Si ce n’était qu’elle n’était pas à l’abri des éléments, comme c’était le cas dans l’étable de chez elle. Mais, peu importait. Le contexte restait le même, et elle savait comment se débrouiller. Si on lui avait dit que cette expérience si familière lui servirait un jour pour quelque chose d’aussi important…
Mais avant tout, elle devait prévenir son maître, afin qu’il évite de se faire du souci pour elle.

« Sensei ! » Cria-t-elle, pour empêcher le vent furieux de couvrir sa voix. « Je pense pouvoir arriver à le calmer ! Mais, s’il vous plaît, n’intervenez pas ! Faites-moi confiance ! »

Puis, elle se pencha en avant, indiquant ainsi au Dragon maître des flammes qu’elle souhaitait qu’il s’approche le plus possible de la corniche. Hakkatsu s’exécuta docilement… Mais poussa un cri de surprise en voyant sa cavalière sauter de son dos, pour atterrir sur l’étroit chemin de pierre. Mais elle était folle ou quoi ?! Elle aurait pu se tuer, si un coup de vent l’avait repoussée contre la paroi !
Heureusement, Yûn avait calculé son coup –bon, plus ou moins… Elle roula une fois à terre, pour absorber le choc de sa chute, et se releva aussitôt. Elle était à deux doigts du précipice… Néanmoins, il y avait bien longtemps que le vertige n’avait plus de prise sur elle. Elle n’avait pas à se préoccuper de ce détail.
L’apprentie Dragonnière fit face au Rhinocorne. Le vent lui soufflait de face, donc il ne portait pas son odeur jusqu’à la bête de somme. Au contraire, elle sentait parfaitement sa peur et sa souffrance. Au moins, elle avait un double avantage : ces herbivores ne disposaient pas d’une très bonne vue, avec tout ce chaos d’éléments, il y avait peu à douter qu’il l’ait remarquée. De plus, il avait le vent dans le dos, donc ne la repèrerait pas non plus à l’odeur. Enfin, les rugissements du blizzard couvraient sans peine les bruits que Yûn pourrait provoquer.

Bon, c’était déjà un bon départ. Mais le Rhinocorne continuait de s’agiter.
Aussi, la Terrosienne libéra son compagnon ailé.

« Non mais tu es folle ?! Qu’est-ce qui t’a pris de faire ça ?!
- Je sais ce que je fais ! Mais je vais avoir besoin de ton aide… Ou plutôt de ta force. »

Le homme-Dragon sang et azur fronça les sourcils. Comment ça, besoin de sa force ?

« Euh… J’ai beau être un Dragon, je doute de pouvoir soulever un Rhinocorne. D’autant plus que je ne peux toujours pas voler.
- Idiot, c’est pas pour ça !
- Ben alors quoi ? »

Yûn fouilla dans son sac. Elle était persuadée qu’il lui restait… Aha ! Voilà ! L’élève du Dragon Master sortit précautionneusement de petits fruits rosés. Des baies Pêcha. Elle faisait toujours attention d’en garder quelques unes sur elle. En effet, ces fruits avaient la particularité d’apaiser, en plus d’être très agréable au goût. Et elle savait que la majorité des créatures en raffolaient.

« Tout ce que tu dois faire, c’est l’empêcher de s’approcher trop près du bord de la falaise.
- … Tout ce que je dois faire, hein…
- Oui, bon, ça va. Pour le reste, je m’en occupe. »

A moitié convaincu, le Drattak humanoïde hocha la tête, et se posta entre la créature terrestre et le précipice. La Terrosienne, elle, s’avança doucement vers l’herbivore. Sa chevelure de Lune était complètement balayée par les rafales, telles les branches d’un saule pleureur se balançant au gré de la brise. Si ce n’était qu’ici, la fureur de l’air mettait à chaque instant en péril son équilibre.
Mais peu importait. Yûn avait fait abstraction de son sens du toucher, pour se focaliser entièrement sur son objectif. Tout en continuant à avancer, elle écrasa l’une des baies dans sa main. Et, alors qu’elle n’était plus qu’à quelques centimètres de la créature affolée, elle projeta sur elle une aura bienveillante. L’effet fut immédiat : le Rhinocorne cessa d’agiter sa tête dans tous les sens, pour fixer sa maigre vision en direction de la source de ce baume impalpable. Il n’était pas apaisé, mais curieux. Yûn devinait son souffle rapide, à la vue de ses flancs qui se soulevaient presque sans interruption. Elle lisait aussi la lueur inquiète et intriguée au fond de ses pupilles d’onyx. Mais au moins était-elle parvenue à son but : capter l’attention de la créature.

« N’aie pas peur… »

La disciple du Champion aux Dragons entonna alors un petit chant. C’était une musique sans paroles, juste des notes les unes à la suite des autres, mais qui dégageaient une douce et paisible harmonie. Sa mère la lui avait apprise, et c’était toujours ainsi qu’elle était parvenue à rassurer les Pokémon de l’étable.
Le Rhinocorne renâcla fortement puis s’ébroua, en entendant la mélopée qui surplombait difficilement la rage de l’air. D’où venait-elle ? Quel était donc ce chant ?
Yûn profita de ce bref instant de confusion pour approcher sa main recouverte de chair et de jus de baie des naseaux de la créature. Celle-ci fut obligée d’inspirer l’odeur sucrée et appétissante du fruit… Et s’empressa de lécher avec délice la friandise. La jeune fille aux cheveux d’argent sourit. Elle était parvenue à établir un contact avec lui, sans le brusquer.
Elle présenta les denrées intactes à la bouche massive de l’herbivore, et caressa ses plaques grises et abîmées de sa main libre. Uroko n’avait même pas eu à intervenir, pour le moment, et la reine du désert de son maître avait déjà ramené plusieurs œufs à bon port.

Il n’y avait plus qu’à espérer que tout se passe aussi bien que cela. Et il n’y avait pas de raison pour que cela empire… N’est-ce pas ?

[PNJ]

Les dresseurs de dragons n'étaient pas dans une situation des plus enviables. Secourir un Pokémon aussi massif que le Rhinocorne dans un endroit où la chute n'avait jamais été aussi proche n'était pas une partie de plaisir, et c'était sans compter la météo excécrable et la cargaison. C'était déjà un miracle que tous ces oeufs n'aient pas déjà terminé en omelette géante pour 20 personnes. Ils avaient néanmoins trouvé le moyen de tirer le meilleur de la situation : tandis que Yûn s'occupait de rassurer le Pokémon blessé, le Maître des dragons avait envoyé son Libégon pour secourir les oeufs. La libellule géante travaillait rapidement et avait déjà mis plusieurs oeufs en lieu sûr.

Malheureusement pour eux, les cieux étaient capricieux, surtout à cette altitude et par cette température et le temps déjà désastreux empira encore lorsque des grêlons comme des balles de golf se mirent à tomber sur les deux dresseurs et leurs Pokémon, mais aussi sur la cargaison. La couverture tendue au dessus des oeufs les aidait à résister efficacement à la grêle mais les impacts répétés risquaient de finir par les endommager, sans compter que les navettes du Libégon pour les mettre en lieu sûr s'en trouvaient fortement perturbées. Pour ne rien arranger, les intempéries malmenaient les parois déjà fragiles et les petits cailloux qui s'en détachaient n'auguraient rien de bon pour la suite. D'ailleurs un bloc de pierre de bonne taille s'écrasa sur le petit chemin montagnard, tout près de la jeune dresseuse. Le Rhinocorne, surpris, poussa un cri affolé et recula pour s'éloigner de la paroi, amenant sa cargaison dangereusement près du précipice.

Un murmure inquiétant se faisait entendre dans le secteur... A moins que ça ne soit que le vent ?

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Bon bon bon, excusez-moi, je débute hein... Et c'est pas évident de mettre des bâtons dans les roues de personnages aussi badass que les vôtres ^^'. Ceci dit, 3 facteurs à prendre en compte :

- Protéger les oeufs de la grêle
- Continuer à calmer le Rhinocorne qui n'est absolument pas tranquille
- Aider Sunagon à continuer sa tâche

[Peter]

Lorsque la Terrosienne cria à son maître qu’elle ne voulait pas qu’il intervienne dans ce qu’elle prévoyait de faire, le Dragon Master se contenta d’un léger signe de tête. Ces derniers temps, cette requête se faisait de plus en plus fréquente de sa part, et Peter se demandait presque s’il n’était pas temps pour elle de passer l’ultime épreuve pour devenir, enfin, une Dragonnière accomplie. Cependant, ce qu’il vit ensuite le fit sérieusement douter sur son estimation…

En effet, la jeune femme venait de… Sauter du dos d’Hakkatsu, tout simplement, pour atterrir sur le bout de terre et de roche qui servait de support précaire au Rhinocorne et à sa cargaison. D’abord étonné, et inquiet pour son élève, le Nalcien la regarda un instant… Avant de la voir libérer Uroko, puis entamer une discussion avec lui. Enfin, quand elle sortit des Baies de son sac, Peter sut qu’elle avait un plan précis en tête, et il décida de se détourner de la scène pour aller aider Sunagon. Pourtant, au lieu de se contenter d’effectuer le même travail qu’elle, il préféra « améliorer leurs conditions de travail », qui devenaient de plus en plus difficiles, puisque la grêle s’était mise à tomber, et que le Rhinocorne, en bas, semblait de nouveau totalement affolé. Il commença par siffler son Dracaufeu, qui jeta un coup d’œil rapide à Yûn, puis rejoignit son maître, après s’être assuré qu’elle allait bien, et avec deux œufs énormes dans les pattes. Il les avait récupérés au passage, et il avait bien vu que la charrette se retrouvait un peu trop près du précipice… Autant ne pas faire un voyage pour rien. Finalement, sur un signe de tête de Peter, il fila vers l’endroit où sa partenaire du désert avait déjà ramené pas mal d’embryons à la coquille encore intacte, puis déposa ses précieux protégés… Avant de cracher une gerbe de flammes tout autour de lui, afin de former un cercle ardent. Enfin, comme une mère aurait jalousement protégé ses petits, Hakkatsu déploya ses ailes immenses, puis s’allongea près des œufs, avant de les recouvrir avec ses membres draconiens. Ainsi, la grêle ne les atteindrait pas, et la minuscule ouverture qu’il laissait dans sa forteresse vivante, assez grande pour laisser passer les trésors suivants, n’autoriserait pas le mauvais temps à les détruire.

Le champion nalcien, de son côté, avait lui aussi vu, avec une certaine appréhension, le charriot se rapprocher du vide, et si la perte de l’engin n’était pas dramatique, celle de son contenu, en revanche, serait une catastrophe… Alors, il se mit à attraper des œufs, deux par deux, pour aider sa Libégon, en les maintenant au chaud sous sa cape le temps des (courts) trajets. Cependant, même avec deux personnes de plus (Kairyuu, lui aussi, emportait sa part), cela prenait encore trop de temps, au goût du fils de l’Eternarien des Cieux. Après avoir secrètement espéré que la grêle s’arrêterait, et déploré qu’elle ne risquait pas de leur laisser le moindre répit avant un moment, le Dragon Master, la mort dans l’âme, se résolut à sortir la Ball qui protégeait son dernier lien avec sa mère.

La créature longiligne apparut, belle, fine, envoûtante, mais d’apparence si fragile. Elle était loin d’être faible, bien sûr, mais Peter ne demandait son secours qu’en dernier recours, ou quand il avait quelque chose de particulier à montrer. Elle symbolisait cette attache ancestrale qui reliait les Dragonniers à leurs proches, qui étaient souvent eux-mêmes Dragonniers, et qui n’avait aucun nom, pour préserver sa pureté et sa puissance. Chaque fois qu’il la libérait de la sphère qui l’isolait des agressions extérieures, le Nalcien se remémorait sa première rencontre avec ce Dragon si spécial à ses yeux… Et les souvenirs des sensations, à la fois terribles et sublimes, de ce moment béni, l’envahissaient sans préambule.

Les quelques secondes qui suivirent son arrivée, bercées de rêveries et de douloureuses réminiscences, suffirent au Dragon Master pour reprendre ses esprits ; à la fois distrait par la créature, et plus que jamais conscient de la gravité de la situation, il plongea son regard aussi acajou que ses cheveux dans le bleu clair et profond de celui de sa douce prêtresse. Celle-ci, impassible en apparence, le fixait d’un air calme, alors que dans ses prunelles, une foule de sentiments se bousculaient.

« Sang de mon Sang… Je t’en prie, aide-nous. »

La Draco n’avait pas besoin de plus, et même ces mots paraissaient superflus, tant l’alchimie entre elle et son gardien était parfaite. En silence, elle ondula gracieusement dans les cieux, s’élevant au milieu de la tempête de grêle qui pleuvait, impitoyable, sur les malheureux qui avaient la malchance d’être là au mauvais moment, à subir les colères de la nature. Sans un bruit, elle s’enroula sur elle-même, créant une spirale bleutée que rien ne semblait pouvoir atteindre. Et puis soudain, une vive lumière émana de la perle qui ornait son cou, pour s’étendre doucement autour d’elle et des personnes qu’elle devait défendre des intempéries. Ce fut alors comme si un miracle s’était produit : là où la lumière avait progressé pour former un dôme éclatant, les grêlons se changèrent en pluie, avant de toucher le sol, puis s’évaporèrent avec légèreté, ne laissant derrière eux qu’un air pur et dénué de mauvaises intentions. La Draco venait de créer un microclimat dans l’aire qu’elle avait déterminée comme étant à isoler, et lorsqu’elle eut achevé son œuvre, elle revint près de Peter, puis l’enserra dans ses « anneaux » totalement inoffensifs pour lui. Ainsi enroulée autour du corps de son gardien, elle pouvait assurer sa sécurité, tout en surveillant l’environnement. Dans un murmure, le champion nalcien souffla :

« Merci, ma belle Miko. »

Puisque le Soleil était de nouveau présent pour réchauffer les participants à la mission, le problème climatique était réglé, du moins temporairement. En effet, si la créature plusieurs fois centenaire était capable d’influencer à loisir la météo, elle n’avait cependant pas le pouvoir de dominer Dame Nature éternellement. En silence, Peter et Sunagon reprirent leurs voyages incessants entre la charrette contenant les précieux sésames et le saurien orangé, là-haut, qui continuait à garder farouchement les œufs désormais hors de danger.

[Bon, Ed, désolée, mais j’ai un atout de taille, j’vais pas m’en priver… XD Ne t’en fais pas, le beau temps ne durera pas toute la mission, c’est pas le but. Petite remarque, aussi : Miko n’est pas le nom de la Draco, vu qu’elle n’en a pas (et ne doit SURTOUT PAS en avoir). C’est le terme qui désigne la prêtresse en japonais, et la majuscule se justifie par son statut social dans l’époque dont elle est originaire. Voilou ! Merci de t’occuper du PNJ, en tout cas. ^^]

[Yûn]

La situation semblait bien partie pour s’améliorer. Enfin, ça c’était ce que Yûn s’était dit juste avant que la grêle ne tombe. Les morceaux de glace étaient au moins aussi gros que son œil, et représentaient de dangereux projectiles. Nul doute qu’un choc à la tête assommerait quelqu’un, et bien qu’elle soit apprentie Dragonnière, et donc théoriquement plus endurante que la population lambda, la Terrosienne se doutait qu’elle avait elle aussi à craindre cette colère naturelle. Mais, que pouvait-elle bien faire ?
De plus, ce temps balaya une partie de sa besogne. Les boulets de canon glacés annulèrent presque entièrement le calme qu’elle était parvenue à instaurer dans l’esprit vagabond du cuirassé. Ce dernier, blessé par les grêlons, poussait des cris rauques, s’agitait et s’approchait du bord de la falaise. Entraînant la carriole avec lui. Le moindre faux pas, et se serait la chute…

Qui, bien heureusement, ne vint pas. Tout d’un coup, le Rhinocorne fut poussé contre la paroi, le plus loin possible de la fin de la corniche. La jeune femme à la chevelure de Lune leva la tête vers celui responsable de ce… Sauvetage ? Uroko.
Ignorant cet élément qu’il détestait, même si Yûn sentait sans problème son mécontentement, il avait recouvert sa forme de Dragon et aligné son corps sur celui de la bête de somme. Puisant dans la formidable force que cette enveloppe charnelle lui procurait, il s’appuyait contre l’herbivore, pour obliger ce dernier à demeurer collé contre le mur abrupt. Ses pattes étaient ancrées dans le sol, ses griffes solidement enfoncées dans la roche, signe de toute la vigueur et la concentration qu’il mettait dans cet acte. Bon, peut-être n’était-ce pas la meilleure manière de rassurer le cuirassé, qui paraissait encore plus paniqué à la vue de ce Drattak qui voulait lui interdire tout mouvement. Mais ils avaient déjà un bon début, et Yûn saurait se charger d’apaiser une fois de plus son esprit.

Cependant, l’être mythique ne se limita pas à cela. Il étira sa queue puissante pour la plaquer contre la charrette, et ainsi la remettre elle aussi sur la corniche. Enfin, il déploya la seule aile écarlate valide au-dessus d’eux, afin de protéger le plus possible la créature terrestre et son chargement. Mais la toile n’allait pas tarder à céder, si les grêlons continuaient de tomber à cette fréquence…

C’est alors que, comme par miracle, l’averse redoutable cessa et le Soleil resplendit de nouveau. La disciple du Dragon Master se retourna vers la source de la lumière bleutée responsable de cet acte surnaturel. Ses sens ne l’avaient pas trompée : c’était bien l’aura de la mystérieuse Dragonne de son maître qu’elle avait reconnue. Yûn avait bien compris qu’un lien particulier unissait ces deux êtres. Mais elle restait émerveillée par toute la puissance que cette créature légendaire pouvait déployer, qui n’avait d’égale que la grâce qui jamais ne la quittait.
Puisque la splendide Draco leur offrait un répit bienvenu, la jeune femme à la chevelure argentée décida d’en profiter. Son regard croisa celui de son partenaire de toujours. Et par ce simple échange silencieux, les deux comprirent ce qu’ils attendaient l’un de l’autre.

Les griffes d’Uroko revêtirent une instable gaine bleutée, et il les abattit avec précision sur les montants reliant le Rhinocorne à son attelage. En même temps, la Terrosienne redéploya son aura apaisante, afin de regagner la confiance de l’herbivore. Plusieurs secondes furent nécessaires, mais enfin la créature lourdement protégée se calma suffisamment. La jeune femme se releva et effectua un pas, l’invitant à la suivre. D’abord hésitant, le Pokémon l’imita, se dégageant ainsi totalement de ses liens. Un autre pas suivit. Puis un autre. Elle allait tenter de le ramener sur un terrain plus large et stable ainsi, en prenant leur temps et en espérant que le climat ne reprendrait pas ses droits sur un passage ardu…

De son côté, le Drattak se consacra entièrement à la protection de la carriole. A l’aide de son corps, il prit garde de faire obstacle entre la cargaison et le précipice. Il ajusta également la position de son aile sanglante, afin qu’elle fasse office de bouclier charnel au-dessus des précieux œufs. Il n’abandonnerait pas sa position, ce fichu pseudo-Dragon pouvait en être assuré. Mais, quant à savoir si la roche sur laquelle il se trouvait pourrait supporter son poids encore longtemps, ça, c’était une autre affaire. Les autres feraient mieux de se dépêcher.

[PNJ]

Le pouvoir de la Draco avait réussi à rendre la situation bien plus favorable, et surtout plus vivable pour tout le monde : maintenant que les intempéries avaient cessé, l'endroit était presque agréable... Une bonne partie des oeufs avait déjà été transférée en lieu sûr auprès de leurs propriétaires où le Dracaufeu du champion s'occupait de les protéger. Plus bas sur le chemin, la carriole avait été mise en lieu sûr - tout du moins aussi sûr que possible - et le Rhinocorne avait été libéré, ce qui allait l'empêcher de la pousser dans le vide par inadvertance.

La mission semblait en bonne voie pour être rapidement réglée, mais le murmure inquiétant à peine perceptible lorsque la grêle tombait s'était fait de plus en plus insistant depuis que le microclimat Draco-induit s'était installé. Sur le chemin principal où attendait la famille de marchands des silhouettes humanoïdes approchaient. Les Lippoutou, manifestement mécontents d'être dérangés sur leur territoire - ou que quelqu'un ait littéralement pourri leur belle tempête de grêle ? - avaient encerclé le groupe. Une bourrasque glaciale frappa humains et Pokémon, annonçant une attaque Blizzard collective de la part des habitants des neiges.

Une catastrophe n'arrivant jamais seule, Yûn avait également du souci à se faire à l'étage inférieur. Elle avait réussi à attirer le Pokémon roche suffisamment loin de la charette mais la paroi déjà bien endommagée par des centaines d'années d'intempéries décida de céder. Plusieurs tonnes de roche se détachèrent pour s'écraser sur le chemin à l'endroit où se trouvait le Rhinocorne quelques secondes plus tôt, séparant la jeune fille de son compagnon draconique et de la carriole. Le rhino, déjà paniqué, fit la seule chose que les Pokémon de son espèce savaient faire : il chargea. Droit sur la jeune fille.

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Bon bon bon, vous avez vraiment pas de bol xD

Donc...
- Yûn : t'as un Rhinocorne qui te fonce dessus, enjoy =D
- Peter : Tu te fais attaquer de plusieurs côtés en même temps, et il faut également penser à protéger les oeufs et les marchands.

[Peter]

En bas, tout près du précipice, la Terrosienne et son partenaire tentaient de nouveau de calmer le Rhinocorne, mais cette fois, les méthodes employées étaient légèrement plus… Brutales. Cependant, Peter les comprenait tout à fait : à force de recommencer la même opération, il était normal que même le plus patient des êtres commence à perdre son sang-froid. Bien évidemment, le Dragonnier ne songea pas un seul instant à un acte irraisonné de la part de sa jeune élève (même s’il connaissait désormais sa tendance prononcée à la prise de risque), et il comprit qu’elle et son Pokémon tentaient de libérer la bête de ses entraves. Hochant doucement la tête pour approuver l’initiative, Peter tourna son regard acajou vers son Dracaufeu… Et ne put réprimer un frisson.

Tout près de son Dragon, ainsi que des marchands, une foule de Lippoutou avançait, menaçante. Les humanoïdes encerclèrent rapidement la troupe, tandis que le saurien, lui, se relevait légèrement, une lueur de défi dans le regard. Le Dragon Master sentit que la situation leur échappait et se dégradait, mais il n’avait pas le choix ; il fallait qu’il aille aider son Pokémon qui, malgré son rigoureux entraînement, ne pourrait décemment pas repousser autant d’assaillants à la fois. De plus, le Nalcien était lui-même attaqué, bien qu’étant en vol stationnaire au-dessus de la scène, devenant malgré lui une cible à abattre. En serrant le poing, il descendit alors légèrement, se rapprochant des malheureux qui se trouvaient bloqués au milieu d’humanoïdes enragés. Sans doute que la présence d’intrus ici, ainsi que le beau temps généré par la Draco de Peter, les avaient mis en colère, et c’était compréhensible…

« Kairyuu ! »

Le Dracolosse, percevant toute la gravité et l’urgence du pétrin dans lequel ils s’étaient fourrés, émit un grognement sourd, puis ouvrit la gueule, libérant une gerbe de flammes propres aux Dragons ; son maître, lui, se mit debout sur le dos de son ami, plaça sa main droite devant sa bouche comme s’il tenait une longue-vue, tout en laissant un espace en ne fermant pas totalement son poing… Et imita son premier ami, crachant un Dracosouffle à l’étendue maîtrisée par le « couloir » formé par la dextre du champion. Cependant, si le sien était à peine moins puissant, il était aussi dirigé dans une autre direction que celui de Kairyuu. Ainsi, ils couvraient, à eux deux, la quasi-totalité de la zone dans laquelle se trouvaient leurs agresseurs. Concernant la dernière « portion », elle fut balayée par un Lance-Flamme bien épicé et chargé en rage et en hargne. Après avoir accompli son œuvre, Hakkatsu recouvrit entièrement les œufs au sol de ses ailes orangées, afin de les protéger des dernières manifestations du Blizzard. Mais l’équipe de secours n’était pas totalement tirée d’affaire…

Car en contrebas, la Terrosienne et son ami se retrouvaient en très mauvaise posture. Même en les ayant remarqués, Sunagon choisit de ne pas interrompre le ballet incessant des navettes rapides qu’elle effectuait pour remonter les œufs, faisant confiance à son maître pour aller aider Yûn et Uroko… Ce qui, conformément à ses attentes, se produisit.
En effet, l’éboulement n’était pas passé inaperçu et avait résonné de multiples fois dans le secteur, l’écho renvoyant en canon l’effroyable et sinistre bruit de roche qui s’effrite et se fracasse. Le Dragon Master n’eut même pas besoin de dire quoi que ce soit, les battements quelque peu affolés de son cœur suffisant à signaler au Sang de son Sang qu’elle devait aller voir la disciple et son compagnon. Avec un léger bruit de frottement sur les vêtements du fils de l’Eternarien des Cieux, la majestueuse créature se déroula dans un mouvement fluide et fulgurant, puis laissa les ailes qui ornaient sa tête se déployer, ajoutant encore à sa beauté et à sa vitesse, tandis qu’elle fonçait vers la jeune humaine. Au moment où elle l’aperçut, elle la vit se faire charger par la bête, désormais totalement hors de contrôle. Sa réaction fut immédiate : la créature au corps longiligne balança sa queue en direction de l’apprentie, puis enroula son appendice caudal autour du corps de la mortelle pour la soustraire à la fureur du Rhinocorne. Mais ce dernier, emporté par son élan, risquait la chute, tête la première, dans le précipice ! Plissant ses yeux ancestraux, la Draco fit naître un rayon au sommet de sa corne, puis le dirigea habilement sur la paroi rocheuse au-dessus du Pokémon déchaîné. La précieuse amie de Peter avait la faculté unique de modifier le sens de son Ultralaser à sa guise, et lorsqu’elle eut achevé de décharger sa puissance, le Rhinocorne cligna plusieurs fois des yeux, hébété, prisonnier de murs rocheux de tous côtés pour l’empêcher de bouger.

Cependant, même si les œufs et l’engin n’avaient, bien sûr, pas été touchés, le Pokémon de somme n’était pas le seul à être immobilisé dans le carcan de pierre… Uroko, lui aussi, était « piégé », selon le dessein de l’antique prêtresse. Elle ne voulait pas laisser une telle bête à la fois enfermée et seule, et le Drattak de Yûn était le candidat idéal pour devenir son gardien. Avec un calme olympien, le trésor de Peter posa son regard sur celui de la disciple, toujours fermement maintenue dans ses « anneaux », au-dessus du vide. Mais elle savait qu’elle ne risquait rien : tant que la Draco serait là, elle ne tomberait pas… Et le Rhinocorne, tout comme sa précieuse cargaison, étaient dans le même cas.

[Yûn]

Tout se passa très vite. Si bien que, pour Yûn, ce fut comme si tout s’était déroulé dans un rêve ou un autre monde. Et pourtant, chaque événement se présenta à elle avec une netteté saisissante.

Sans qu’elle ait pu détecter le moindre signe annonciateur, elle vit la paroi se disloquer brusquement et tomber dans sa direction. Fort heureusement, ses réflexes d’apprentie Dragonnière lui sauvèrent la mise, en la faisant réagir de telle sorte qu’elle évita les lourdes roches et leur chute mortelle.

Mais, alors qu’elle se redressait, une fois cette pluie minérale achevée, elle perçut aussitôt une aura de panique à côté d’elle. Elle eut tout juste le temps de tourner la tête, pour voir la bête de somme qu’elle avait tenté de protéger lui foncer droit dessus. Et elle le savait au plus profond d’elle : même si elle mobilisait tous ses réflexes de plus en plus aiguisés par l’entraînement spartiate du Nalcien, jamais elle n’aurait le temps de se dégager de la route de l’herbivore en panique.
Aussi, elle s’apprêtait à essuyer le choc, en tentant d’adopter une posture moins vulnérable… Quand quelque chose enserra son corps, avec fermeté et douceur, pour la soulever dans les airs avec légèreté, la mettant ainsi hors de portée du Rhinocorne.

Ne comprenant pas ce qu’il se passait, ou plutôt, ne parvenant pas à comprendre à qui appartenait ces anneaux d’écume et d’azur qui l’entouraient, la jeune femme releva la tête. Pour croiser le regard sans fond de la plus mystérieuse des compagnes de son mentor : la Draco.
Yûn ne savait pas comment réagir. Elle avait compris, à force d’observation, que cette créature était spéciale aux yeux de son maître. Aussi, elle ne l’avait jamais véritablement approchée, respectant ce qu’elle considérait comme étant un ordre implicite, à part cette fois au Lac de la Liberté, lorsqu’ils étaient allés sous l’eau. Alors, que la Dragonne vienne d’elle-même ou que ce soit le Dragon Master qui le lui ait demandé, la signification pour la Terrosienne était d’importance : c’était, à n’en pas douter, une preuve de la confiance qu’il plaçait en elle. Ce qui lui fit immédiatement penser au vœu qu’elle avait formulé, sur la rive de l’immense lac paisible du continent flottant. Elle voulait répondre à cette confiance, lui montrer qu’il n’avait pas eu tort.

Cependant, dans un second temps… La présence de la Draco à ses côtés lui donna l’impression qu’elle ignorait vraiment tout du Champion nalcien. Il était vrai qu’elle n’avait jamais cherché à en apprendre sur lui, ce n’était pas vraiment dans sa nature. Mais… Comment dire… Au contact de cette délicieuse créature, elle comprit que Peter, alors qu’il lui donnait une preuve flagrante de l’importance qu’elle avait à ses yeux, lui était plus éloigné, plus inconnu que jamais.

Enfin, tout cela n’avait pas lieu d’être pour le moment. Il y avait plus urgent.

Yûn ne put s’empêcher de trouver un peu radicale la solution de sa sauveuse pour stopper la course du Rhinocorne. Mais bon, cela s’avéra être plutôt efficace… Si ce n’était que désormais, la bête de somme était coincée dans son coin, isolée de tous. Au moins, elle ne risquerait plus de tomber dans le vide. Ce n’était néanmoins pas une raison pour en rester là.
La jeune femme releva la tête pour étudier la situation. Même si le pokémon terrestre était bloqué par les rochers, le reste du chemin était encore praticable. Le haut de la falaise n’était plus si éloigné. Et si la mystérieuse Draco acceptait de l’épauler, elles seraient capables de contenir ses accès de panique et de le mener à bon port.

Le problème… La Terrosienne ignorait si elle avait le droit de demander une telle chose à la compagne de son mentor. Elle avait l’impression qu’elle s’adressait à une partie de lui-même, la plus profondément dissimulée dans son cœur. Mais elle n’avait pas vraiment le choix.
Après une grande inspiration pour se calmer, la jeune femme se lança.

« Je pense qu’on peut arriver à le remonter. Mais, je vais certainement avoir besoin de ton aide, pour bouger les rochers ou pour l’empêcher une nouvelle fois de tomber. Est-ce que… Est-ce que tu… accepterais de m’aider… ? »


De son côté, Uroko n’avait pas manqué de pousser un rugissement angoissé en voyant les rochers tomber sur sa protégée. Et désormais, ces derniers lui bouchaient la vue ! Impossible de savoir si la jeune femme était saine et sauve. Il ne pouvait pas quitter son poste, et même s’il l’avait voulu, son aile meurtrie le lui aurait empêché.
Ce fut donc avec un soupir de soulagement qu’il perçut avant de voir la Draco s’occuper à sa place de la Terrosienne. Il la considéra un instant… Avant de tolérer le fait de lui déléguer provisoirement la tâche de veiller sur Yûn.

Rassuré, l’imposant Drattak se concentra à nouveau sur la protection de la charrette et de sa cargaison. Bien que le Soleil ait de nouveau daigné faire son apparition, il maintenait tout de même son aile valide au-dessus. On ne savait jamais, la Nature pouvait à tout moment reprendre ses droits sur l’invocation du Dragon aux allures de serpent. Il devait se tenir prêt.
Fort heureusement, Sunagon était en train de remonter les derniers œufs. Il n’y en avait plus pour très longtemps. Après, remonter le moyen de transport, cela serait en théorie plus simple. Il n’aurait qu’à prendre provisoirement la place de la bête de somme et emprunter l’étroit chemin. A moins que les compagnons de ce fichu pseudo-Dragon décident d’utiliser la voie des airs. Dans ce dernier cas, il n’aurait d’autre choix que de les laisser faire. Déjà que son handicap temporaire l’agaçait profondément, il était hors de question pour passer pour un boulet aux yeux de cet exécrable humain ou des créatures l’accompagnant !

Uroko repositionna précautionneusement ses pattes puissantes pour s’assurer des appuis stables et ancrés dans la roche. Absorbé par sa tâche, il ne sentait pas les minuscules fissures, provoquées par la force qu’il exerçait, son poids et celui de la charrette, qui apparaissaient petit à petit et se rejoignaient en lézardes grandissantes…

[PNJ]

Un point fascinant lorsque l'on étudie la géologie et le comportement des diverses roches vis-à-vis des intempéries est la propension du froid intense à rendre même le plus dur des granites aussi fragile que du verre (tout du moins de manière relative par rapport à ce que l'on peut attendre de la solidité d'une montagne).

La mission de sauvetage touchait à sa fin. Les derniers oeufs faisaient route vers leurs propriétaires dans les bras du Libégon, il n'allait plus rester qu'à s'occuper du pokémon et de la charrette, puis de ramener tout ce petit monde en lieu sûr. Alors que le pokémon dragon touchait terre, un craquement sinistre retentit, suivi par une secousse qui ébranla le chemin montagnard, faisant chuter un des marchands sur son séant.

Au même moment, juste en dessous, sur le petit chemin en contrebas, le sol commença à céder sous les pattes d'Uroko, l'emmenant ainsi que la charrette dans une folle glissade.

Mais revenons à la géologie. L'autre propriété intéressante de la roche lorsqu'elle est exposée à un froid aussi extrème est sa capacité à se rompre net, pour peu qu'un choc assez puissant l'atteigne. C'est ainsi qu'un bloc de pierre de plusieurs centaines de tonnes, sur lequel se trouvaient présentement une famille de marchand, quelques dragons et une cargaison d'oeufs de Pokémon se détacha d'un bloc de la paroi fragilisée par l'attaque Ultralaser de la Draco et commença à glisser en empruntant le même chemin que le Drattak et la charrette.

__________________________________________

Bien !

Nina : Le chemin tombe. Littéralement. Arrange toi pour préserver les oeufs et les marchands, et un moyen pour que l'atterrissage ne soit pas trop violent.

Yûn : Uroko a trouze mille tonnes de pierre qui lui tombent dessus du coup. Bon courage =D. Et sinon ben... Je te laisse remonter le Rhinocorne.

Voilà voilà, c'est sur ces événements pour le moins violents que je termine mon pourrissage de dragonniers. Si vous vous sortez de cette jolie glissade vous pouvez considérer que la mission est accomplie, et on se reverra pour les récompenses.

[Peter]

La mine calme, les yeux ouverts en grand pour scruter ce qui l’entourait, la Draco observa tranquillement la Terrosienne enserrée dans ses anneaux qui semblait troublée par sa présence. Elle avait l’habitude d’être un objet de curiosité, de crainte, d’admiration ou de haine, et Yûn n’était qu’une humaine de plus sur son chemin plusieurs fois centenaire. Mais voilà, celle-ci, elle était plutôt spéciale, surtout pour Peter, l’être qu’elle chérissait plus que tout, dans cette époque, et auquel elle était liée par un fil aussi solide que tissé de sentiments complexes et entremêlés. Alors, si Peter souhaitait qu’elle vienne en aide à cette jeune fille, ce serait sans aucune hésitation qu’elle s’exécuterait.

La jeune apprentie lui adressa la parole, d’une voix mal assurée, et un peu timide, aussi. Si elle avait pu sourire sous sa forme animale, elle l’aurait fait... Mais, en silence, elle hocha la tête, faisant luire brièvement sa perle principale, à son cou, pour émettre un léger signal d’assentiment. Là encore, elle aurait très bien pu lui répondre en parlant car, contrairement aux expressions faciales propres aux humains, qui lui étaient plus ou moins interdites lorsqu’elle avait l’apparence d’un Draco, la parole ne connaissait aucune barrière pour cette créature mystique. Mais elle jugea que des mots seraient superflus, d’autant plus que la situation ne se prêtait pas vraiment à la discussion.

Mais soudain, la prêtresse plissa ses yeux d’ébène, pressentant une anomalie dans la roche qui soutenait Uroko et la charrette désormais vide. Au moment où le sol s’affaissait sous le poids du Drattak, la Draco fonça vers le bas, se positionnant le plus possible en-dessous du bloc glissant où se trouvaient le Dragon, le Rhinocorne et la charrette. Puis, ses yeux se mirent à briller, de même que sa perle, et un Ouragan se déclencha à quelques mètres sous le groupe en plein dérapage forcé. L’énorme coussin d’air ainsi formé allait ralentir la chute, mais c’était désormais à Yûn de jouer pour stopper la dégringolade...

« Kairyuu... »

Le Dracolosse (tout comme son maître) avait senti le problème avant de le voir ou de l’entendre. Ce furent ses réflexes qui lui permirent de s’éloigner en toute hâte du sol branlant, qui se détacha totalement du flanc de montagne en se désolidarisant de sa strate. Les marchands, les œufs et le Dracaufeu glissèrent brusquement, eux aussi, entamant une folle course, comme pour rattraper, en contrebas, la Terrosienne et les deux Pokémon.

« Sunagon, Telluriforce ! »

La Libégon, qui avait rapporté les derniers œufs auprès de son camarade enflammé, entreprit de descendre en piqué, ses ailes vrombissant à toute vitesse, puis commença à sculpter la pente de terre sur son passage, la modelant selon ses désirs afin d’en diminuer le degré progressivement pour tenter d’en faire un sol à peu près plat. Après un rapide coup d’œil à Hakkatsu, qui tenait farouchement tous les œufs entre ses pattes et ses ailes malgré la chute, Peter fit descendre son Dracolosse à son tour afin de rejoindre sa voix du désert. Lorsqu’il vit un endroit qui lui sembla correct, il sauta de sa monture lancée à pleine vitesse une fois le Dragon près du sol en pente, se tourna face au bloc de terre en pleine dégringolade et émit une vive lueur. Comprenant le message, Kairyuu se plaça à côté de son maître et, comme lui, posa ses mains sur la paroi en chute rapide.

La douleur ne se fit pas attendre et, lancinante, attaqua le corps de l’humain et de la bête orangée qui s’efforçait, tout près de lui, de ralentir l’énorme bloc de terre qui leur tombait à présent dessus. De multiples coupures s’ouvrirent dans la peau des deux êtres, des rochers les caillassèrent dans les membres, parfois sur la tête, aux chevilles, partout, alors que la libellule aux yeux rouges faisait jaillir des blocs de glèbe tantôt solide, tantôt molle, diminuant peu à peu la vitesse du petit morceau de plateau qui s’était décroché du reste de la montagne. Les appuis du Dragonnier en plein effort étaient solides, malgré sa crainte, à plusieurs reprises, de les voir céder, ou de sentir son pied qui glissait en même temps que le bloc se dérober ou se tordre ; Kairyuu, lui, utilisait sa force colossale et toute son expérience pour se maintenir droit, parfois forcé de se servir de ses ailes pour trouver du secours dans les airs. Les deux compagnons, puisant courage et volonté dans la présence de l’autre, ressentaient toute la puissance de la nature qui leur tombait littéralement dessus, mais malgré leurs forces déclinantes, ils n’abandonnèrent pas, en dépit du sang qui s’écoulait par des plaies toujours plus grandes et plus nombreuses. Le Dragon Master eut même la force d’appeler sa Ptéra, qui surgit aussitôt, pour prêter patte-forte au Dracaufeu qui, bien que grand et fort, ne pouvait décemment pas retenir absolument tous les œufs et les marchands sur la plateforme.

Le premier à passer par-dessus bord fut le commerçant qui était tombé sur les fesses, un peu plus tôt, quand le bloc faisait encore partie de son bout de montagne. Le ptérodactyle, avec un sourire carnassier, le réceptionna directement dans l’une de ses puissantes serres, tandis que le second membre de la paire récupéra un œuf fuyard avec une délicatesse étonnante pour une créature de son espèce, surtout lorsqu’on connaissait ses penchants sauvages et cruels. Ce fut alors au tour d’une femme d’être éjectée pendant la glissade, mais Sakeriba se plaça en-dessous du corps momentanément aérien pour le recevoir sur son dos rocailleux, non sans arracher un grognement de douleur à la marchande. Quasiment toutes les forces du Dragon Master avaient été mobilisées, mais la manœuvre n’en fut pas plus courte pour autant... Seulement un peu moins douloureuse. Après un long moment à avoir profité du paysage à vitesse grand V, les occupants de la « luge » improvisée virent enfin le décor se stabiliser, puis s’arrêter, alors que le bloc se retrouvait enfin à l’horizontale. Dans un crissement de sol malmené, de cailloux brisés et de membres endoloris et meurtris, tout cessa, tandis que le champion nalcien et son Pokémon tombaient littéralement à genoux, couverts de poussière, de caillasse... Et de sang.

« Est-ce... Que... Tout le monde... Va bien ? »

Peter, d’une voix haletante, peinait à reprendre son souffle, tout comme le Dracolosse, dont l’énorme abdomen se soulevait et s’abaissait à un rythme effréné. La libellule du désert, elle aussi épuisée, se posa près d’eux, faisant taire le vrombissement furieux de ses ailes membraneuses. Le moins que l’on puisse dire, c’était que le relief des environs avait été légèrement modifié, après cette opération sauvetage suicide... Mais l’essentiel était là : œufs et marchands avaient été sauvés. En espérant que les autochtones ne leur en voudraient pas trop d’avoir redessiné l’une de leurs montagnes favorites, Peter se mit en tête d’inspecter les blessures de son ami de longue date, en les passant en revue, sans même se préoccuper des siennes, pourtant sérieuses et multiples, qui zébraient son propre corps.

[Voilà. Je suis désolée si le post paraît « grosbill », mais je n’avais pas vraiment d’autre idée/choix, et je ne me le suis permis qu’en vertu du niveau et de l’expérience des principaux acteurs du post (même si Sunagon a fait une part importante du boulot). J’ai laissé Yûn se débrouiller avec le bloc d’en bas, en tout cas. J’espère que ça ira tout de même.]

[Yûn]

Uroko sentit ses appuis s’enfoncer dans le sol. Et, alors qu’il baissait le regard, il vit toutes les fissures qui lézardaient la roche, au point d’en séparer des pans entiers. Il eut un instant d’incompréhension… Tandis qu’au moment où il comprenait ce qu’il se passait, et qu’il était probablement la cause de tout ceci, la falaise sous lui s’affaissa.
Le dragon azur et écarlate poussa un rugissement de surprise, alors qu’il chutait, la bête de somme et la charrette avec lui.

Dans les airs, en sécurité dans les anneaux limpides de la Draco, le sang de l’apprentie du Dragon Master se glaça dans ses veines. Elle se retint difficilement de hurler, se mordant la lèvre jusqu’à en saigner, malgré cette envie qui la torturait. Ce n’était pas le moment de réagir comme ça, ce n’était pas ça qui allait arranger la situation !
Quand, enfin, elle réussit à se contenir, les deux pokémon et le moyen de transport se trouvaient déjà à plusieurs mètres de là. La Dragonne avait bien provoqué un ralentissement dans leur chute en en appelant au vent, mais ils poursuivaient toujours leur folle course vers le fond du précipice. Et, forcément, cela se passait alors qu’Uroko était dans l’incapacité de voler…

Une idée traversa alors l’esprit de la Terrosienne. Elle ignorait si cela pouvait fonctionner, mais il valait mieux essayer. Se tournant vers l’être mythique autour d’elle, elle lui fit part de ses instructions.

« Concentre l’Ouragan sur le Rhinocorne ! Ensuite, lâche-moi au-dessus d’Uroko et essaye de récupérer la charrette en t’enroulant autour d’elle ! Je sais pas si ça va marcher, mais il faut essayer ! »

En dessous, le coussin d’air formé par les vents permit au Drattak à l’aile blessée de se stabiliser. En utilisant son aile indemne, il parvint à s’approcher de la paroi… Dans laquelle il planta ses griffes de toutes ses forces.
Il dégringola ainsi la pente, creusant des sillons dans la roche avec ses armes naturelles. Mais il réussit finalement à ralentir sa course vers le sol, et même s’arrêter. Le Dragon poussa un soupir de soulagement, et regarda du coin de l’œil le pokémon et la charrette tombés avec lui. Apparemment, la Draco de ce fichu pseudo-Dragon s’en sortait assez bien. Elle était en train d’envelopper le moyen de transport de ses anneaux pour le remonter, et… … Une seconde. La dernière fois qu’il l’avait vue, c’était Yûn qui était à cette place ! Qu’avait-elle fait d’elle ?!

La réponse ne tarda pas à lui parvenir, quand il sentit quelque chose l’agripper au niveau de la base du cou. Uroko poussa un petit grognement, lorsque le choc lui coupa brièvement la respiration, avant de le moduler en un grondement de colère. Pourquoi l’apprentie Dragonnière, dont il avait reconnu l’aura, était-elle venue jusqu’ici, au lieu de rester à l’abri dans les airs ?! Nom de nom de…

« Uroko, au-dessus ! »

Le Drattak releva la tête, pour voir un immense pan de roche leur foncer dessus. A cette vitesse, il ne pourrait pas l’éviter… Mais il ferait tout pour minimiser le choc !
Sans prévenir, la créature blessée saisit sa dresseuse entre ses crocs, et la plaça entre la paroi et son ventre, afin de la protéger le plus possible de la falaise qui s’effondrait. Se souvenant d’une technique de protection qu’il utilisait parfois lorsqu’il n’était encore qu’un Drackhaus, Uroko rabattit son aile valide devant lui, afin de prévenir l’impact.

Celui-ci ne tarda pas. Il fut d’une violence inouïe, comme le Dragon n’en avait encore jamais connue. Des centaines de boulets de canon le frappaient, le faisant même descendre sur plusieurs mètres. Mais, au moins, Yûn était hors de danger, protégée par son propre corps et son aile qui faisait office de bouclier pour eux deux. Il fallait juste attendre que cette pluie minérale cesse, et…

Soudain, un rocher plus imposant que les autres se présenta à lui. Il percuta l’aile sanglante en plein sur l’articulation. Un CRAC ! sonore se fit entendre, alors qu’au même moment, répondant à la souffrance qui se répandait en lui depuis la blessure, Uroko lâcha un hurlement bestial, qui se répercuta dans les montagnes alentours.
La Terrosienne aussi perçut le mal qui s’empara de son ami à écailles. Mais elle ne pouvait rien faire d’autre que de poser ses mains sur son poitrail. Une maigre consolation, que de lui faire savoir qu’elle était là, et comprenait ce qu’il ressentait…

Enfin, l’averse cessa, au grand soulagement du duo. Néanmoins, il leur restait encore à gravir la pente…
Yûn fouilla dans sa poche, pour sortir la capsule de son ami. Elle ne voulait pas qu’il se blesse davantage, surtout que la plaie se mettait à saigner de manière assez abondante. Mais un grondement de son partenaire lui fit cesser ce geste. Il refusait de la laisser seule pour affronter cette épreuve.
Délicatement, le Drattak saisit l’humaine entre ses crocs, pour la sortir du refuge improvisé qu’il avait formé avec son corps. Il la posa ensuite devant lui, s’assurant qu’elle puisse prendre appui sur ses pattes avant ancrées dans la roche. Ils entamèrent enfin leur ascension.

Ce fut loin d’être une partie de plaisir. Yûn devait chercher des prises dans la roche, et elle était parfois même obligée de les créer, en utilisant le feu des Dragons pour creuser légèrement la roche. Derrière elle, son ami de toujours surveillait le moindre de ses mouvements, dans une vigilance à toute épreuve. La sécurité de l’humaine passait avant tout. Aussi, dès qu’il sentait qu’une prise la trahissait, ou bien qu’elle était coincée, il refermait ses crocs sur son habit, pour lui éviter une chute.
Quant à lui, il décrochait et plantait une patte à la fois, s’assurant d’avoir toujours trois appuis. Ses deux ailes pendaient misérablement, ouvertes par endroits, de nombreuses plaies étaient visibles sur tout son corps, en particulier le cou et la tête, mais il refusait de céder à la douleur.

Finalement, au bout de longues et laborieuses minutes d’escalade, le duo réussit à atteindre la plateforme créée par Sunagon, et sur laquelle tout le monde se trouvait déjà. Epuisés, Yûn se laissa tomber au sol, le souffle court, tandis qu’à côté d’elle le Dragon azur et écarlate s’effondrait. Il eut juste la force de recouvrir sa forme à moitié humaine.

« Ne refais… Plus… Jamais ça… Yûn… » Haleta-t-il avec peine.

[Désolée, j’avais vraiment pas d’autres solutions… :s]

[PNJ]

Aussi étonnant que ça puisse paraître, tout le monde était sain et sauf. Enfin au moins sauf. La seule perte à déplorer était la charrette qui servait à transporter les oeufs, que la jeune Yûn avait dû se résoudre à abandonner pour ne pas y rester. La topographie de ce versant de la montagne avait en outre été légèrement modifiée par l'énorme éboulement et il faudrait du temps pour que cette route soit de nouveau pratiquable. L'avantage était qu'après cette glissade endiablée la cargaison était descendue à une altitude où les dangers de la montagne étaient bien moins importants et où les expéditions de secours qui n'avaient pas manqué d'être déployées après que les dragons de Peter aient, par inadvertance ou nécessité, fait exploser tout un pan de montagne.

Après avoir retrouvé ses esprits, le marchand se dirigea vers les dresseurs de dragons.

_ Merci mes seigneurs, vous nous avez sauvé la vie à ma famille et à moi. Et en plus mes oeufs sont tous là ! C'est un miracle ! Je ne sais pas comment vous remercier...

Il réfléchit quelques secondes en tripotant sa moustache fournie avant de jeter un oeil au tas d'oeufs et de reprendre avec un air gêné.

_ J'avais bien un oeuf de dragon rare que j'aurais pu vous donner... Le souci c'est qu'avec tout ça je ne sais plus lequel c'est, ils sont tous mélangés !

Il se dirigea vers le tas qu'il fixa d'un air circonspect avant de choisir un oeuf aux belles couleurs chatoyantes.

_ Je suis pas sûr de moi mais il se pourrait bien que ça soit celui-là. Prenez-le, c'est la moindre des choses. J'espère qu'ils vont nous envoyer une équipe de secours assez vite, sans charrette on va pas pouvoir ramener les oeufs...

Le marchand salua les dresseurs d'un signe de tête avant de retourner auprès de sa famille.

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La récompense sera doooonc... Un oeuf mystère \o/ Merci le marchand boulet =D

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