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[ Clos ] Une constellation de possibilités [Solo]

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Message par Invité Lun 17 Mar 2014 - 21:53

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Numéro 7 : Se projeter dans le futur.

La nuit était tombée sur les plaines faisant la liaison entre Omatsu et la Chaine Efferos. Nox avait marché toute la journée, de son pas modéré, appréciant l’atmosphère calme. Ses bottes à la main, il faisait glisser ses pieds dans l’herbe fraiche.
« Tornat ? On s’arrête pour la nuit !
C’est bien dégagé par ici, je vais en profiter pour bosser un peu. »

Bien qu’ayant de la matière première reposant dans les sacoches de Tornat, il n’avait pas d’enclume qui lui permettrait de forger le métal, mais travailler sa maitrise du feu était un exercice tout aussi utile.
Tornat vaquait un peu plus loin. Il s’approcha alors.
« Tu nous fais un coin où se poser mon gros ? »
Le Caninos connaissait bien cette manie qu’avait son ami, et il faut dire qu’il aimait bien être responsable de la bonne qualité de “leur coin”. Il choisit une portion de terrain suffisamment plate et y brula l’herbe dense. D’un trait de feu, il dessina un disque sur la prairie au fond vert. Les cendres s’envolèrent à la première brise, laissant un sol dur apparaitre.
Nox enleva les sacoches et le plastron de Tornat avant de s’assoir en tailleur au centre du cercle, face aux montagnes s’élevant vers l’est. Il sourit à son compagnon venant se coucher près de lui, fit un dernier tour d’horizon, puis ferma les yeux et se concentra sur ses mains, jointes paumes vers le ciel, au croisement de ses jambes.
Au bout de quelques instants il sentit sa température interne diminuer, et celle de ses mains augmenter. Il resta immobile de longues minutes, ressentant cette énergie parcourir ses doigts. Lorsqu’il se sentit prêt, il entama une série de mouvements de ses bras. Parfois lents, parfois plus rapides, toujours délicats et réguliers. Ces gestes étaient ceux de son mentor, le vieux forgeron. Pendant des années il l’avait observé avec soin, faire jaillir un feu venant du fond de son âme.
Nox était le seul point mouvant dans l’immobilité gigantesque de la nature. Tel le dernier survivant d’une civilisation éteinte, il répétait inlassablement les mêmes gestes, mécaniques. Seul, perdu parmi l’engourdissement l’entourant, il s’adonnait aux gestes du passé, désormais inutiles. Car les minutes s‘égrenaient et aucune flamme ne fit son apparition.
Il reposa alors ses bras, ouvrit les yeux et les baissa vers ses mains. Ses doigts forts, rudes et rêches semblaient inanimés. Il ne les reconnaissait pas.

Le Caninos releva la tête. Il pouvait voir naitre sur son visage une déception profonde. Il poussa alors de sa grosse tête le bras de son dresseur, brisant la spirale de ses pensées, puis d’un souffle rauque il expulsa des flammes devant lui. Nox, surpris, releva les deux mains et en prit le contrôle instantanément.
Une douzaine de points lumineux se séparèrent et prirent vie. Ces lucioles de feu entourèrent Nox, tournant tels des électrons autour de leur noyau. Les ombres dorées dansaient sur son visage à nouveau paisible. Il les arrêta alors en pleine course. Autour de lui se formaient des constellations rougeoyantes.
Il les observa longuement. Devant le spectacle qu'il avait lui-même créé, une impression avait envahi son esprit. Celle-ci l'avait mordu d'un coup et ne semblait plus vouloir le lâcher : S'il avait voulu représenter l'idée qu'il se faisait du futur, c'est comme cela qu'il l'aurait peinte.
Des constellations de possibilités gravitant autour d’un présent. Certaines s’éteignant dès que des choix étaient pris. D’autres s’allumant, les remplaçant instantanément. Il les parcourut des yeux. Vers laquelle se dirigeait-il ?
A sa droite, la plus haute était aussi la plus lumineuse. Il y plongea son regard. Au plus profond de cette sphère dorée, un homme en contre-jour se détachait d’un fond excessivement clair.

Le corps à l’horizontal, les poings et pieds tendus vers l’arrière, il avait le menton relevé et regardait fixement devant lui, vers la gauche de l’image. La scène tourna selon un axe horizontal, le haut se retrouvant en bas, le bas en haut. Derrière cet homme apparu l’horizon. Puis la terre, lointaine. L’inconnu volait. *Qu’est-ce que… Pourquoi je suis ici ?* Les ombres s’étiraient de gauche à droite sur son corps, il volait droit vers un astre solaire. Le mouvement de pivot continuant, l’horizon réapparut, puis le ciel. *Tout ça me donne le tournis*
Nox observait maintenant l’homme de face. Mais il ne voyait pas son visage, son menton était toujours relevé trop haut. Sa chemise, d’un bleu nuit, était ouverte sur un torse maigre à la peau claire et claquait dans le vent. De nombreuses chaines fines enserraient son cou et apportaient des reflets argentés à son apparence sombre.
*Je ne comprends pas… D’où me vient cette image ?*
En un instant, tout se brouilla. Un flou humide cachait la scène. Puis l’homme réapparut. Il venait de traverser un nuage. Ses poings se serrèrent et il accéléra. Il transperçait l’air comme une flèche de chair et de sang.
* C’est… Mon père ? Je ne croyais avoir aucun souvenir.*
Soudain l’homme baissa la tête. Il fixa Nox droit dans les yeux. *Ce n’est... pas lui...* Malgré une barbe de quelques jours, ses yeux étaient très reconnaissables. *C’est moi.*
Il ne pouvait se détacher de ces yeux durs. Trop durs. *Pourquoi je suis là, à chasser l’horizon ?* Ce regard ne le lâchait plus. *Ou est Tornat ? Qu’est-ce que je fais, seul, comme ça ?* Il le transperçait, semblait voir ses craintes les plus profondes. *Qu’est-ce que je fais…* Les prunelles emplissaient toute la scène. Le bleu de l’horizon, la froideur de l’acier et l’ocre des ombres s’y mêlaient, maquillant l’espace. La tension était trop forte, son cœur allait se rompre. Soudain, ils fermèrent tous deux les paupières.

Nox ouvrit les yeux, reprenant ses esprits. Il regarda autour de lui. Les sphères dorées scintillaient toujours, immobiles. Tornat avait posé sa tête sur son genoux, il regardait paisiblement l’horizon sombre. Le jeune homme fronça les sourcils. Ce début de nuit était doux et calme. Toute cette marche l’avait fatigué, mais il bouillonnait intérieurement. Son cœur battait vite, et des pensées jaillissaient de toutes parts. Son état expliquait surement pourquoi il avait glissé vers cette scène. Cela l’intriguait, il observa de nouveau les constellations. Une des lucioles attira son regard, elle était plus grosse que les autres, mais semblait recouverte d’une mince pellicule brune. Il se concentra pour lever ce voile.

Sa vision était brouillée, l’image, bruitée. Partout, de minuscules grains tourbillonnaient. Il semblait en pleine tempête, mais un silence lancinant y régnait. Il aurait aimé gratter cette couche de sable, la percer pour entendre et voir ce qui se cachait derrière.
Soudain, un tintement retenti. *Il y a quelqu’un ?* Ce bruit de grelot venait de devant. Deux cris bestiaux retentirent à l’unisson, gigantesques. L’un à sa gauche, sourd, puissant. L’autre à droite, plus clair. *De quel genre de Pokémon monstrueux ça peut venir ?* Une ombre, vacillante, apparut au loin. Elle s’approcha doucement. Un deuxième tintement se fit entendre.
Lentement, la colère s’apaisa. Le brouillard de sable se fit plus diffus, l’ombre plus nette. Un homme apparut, de forte carrure, les yeux bruns. *C’est… moi ? Pourquoi mes yeux ont changés  de couleur…* Il était assis sur le perron d’une forge. *Ma forge. Telle que je l’ai toujours connue…* La cheminée fumait sur son toit plat. La cendre montait lentement et se répandait comme un liquide sur le sol, apportant son lot de grisaille à un ciel déjà opaque. *Que fait la forge dans un lieu aussi… impénétrable ?*
Le double de Nox avait baissé les yeux vers lui, et le regarda avec dédain. De multiples cicatrices striaient son torse nu, un séisme semblait être passé par là. Du fond du petit bâtiment, un aboiement étouffé mit fin à la scène. Le forgeron se leva, fit demi-tour et disparu par la porte. Le claquement de celle-ci envahit l’espace d’un écho métallique. Il fut suivi d’un dernier tintement.

Nox mit plus de temps à se réhabituer à son présent cette fois-ci. Pourtant, autour de lui, rien n’avait changé. Tornat avait fermé les paupières et son souffle régulier réchauffait la cuisse raide de son dresseur.
Des pas, rapides mais feutrés, virent troubler la méditation du jeune homme. Devant lui, une créature apparut, éclairée par les lucioles de feu, déchirant le voile de la nuit. Tout en poursuivant sa course elle tourna la tête vers lui, ses yeux vides semblant ne pas le remarquer. Puis elle disparut. Cette bête ressemblait étrangement à un Démolosse, mais se différentiait par certaines caractéristiques introuvables chez son double, comme ces cornes pointant vers le ciel tel un avertissement divin. Nox ne connaissait cependant aucune évolution à ce Pokémon. Peut-être venait-elle tout droit d’une vision du futur...
A nouveau, la tranquillité du lieu fut momentanément brisée. Des hurlements lointains annonçaient l’arrivée d’un groupe d’hommes et de leurs torches. Ils se déplaçaient rapidement. *Qu’est-ce que c’est que cette chasse aux sorcières ?* Parmi les cris, il entendit distinctement le terme de Méga-Démolosse. *C’était donc ça, ce Pokémon ?* D’un geste sec, il éteignit toutes les flammes autour de lui. Il n’avait aucune envie d’attirer cette nuée humaine. Il ne voulait pas perdre les sensations de ces deux étranges visions, fruits de l’arbre immense des possibilités de son futur.
Il se coucha aux cotés de Tornat, sur le sol dur de leur coin rond. Il fit disparaitre sa main dans les poils doux du Caninos, et s’endormit dans le silence retrouvé de la nuit, de nombreuses questions en tête.
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