[ Clos ] Un petit vent qui réchauffe [Solo]

[Velusia Varam]

- Odin !

Ce rugissement se perdit dans la steppe, couvert par un véritable bruit de tonnerre, comme si un orage soudain frappait les environs. Il n’en était rien, le roulement venait de deux créatures. L’un en face de l’autre, deux Zeblitz se chargeaient. Un petit sourire aux lèvres, leurs cavaliers respectifs se toisaient, sans animosité. En quelques secondes, les deux destriers se tutoyèrent et leurs cavaliers rabattaient leur épée sur l’autre. L’entrechoquement des aciers se fit entendre assez loin, produisant des étincelles. Le rapport de force dura un moment et finalement, ce fut la femme qui remporta la charge et poussa son cheval à essayer de piétiner l’autre. Les montures, excitées par leurs cavaliers, se prêtèrent au jeu, se cabrant soudainement et essayant de se mordre. Les deux soldats eurent bientôt du mal à échanger, car les deux Zeblitz se tortillaient pour tenter de mettre l’autre à genoux. L’entrainement s’arrêta donc là. Alexandre descendit de son cheval, rangea son épée au fourreau et s’épongea le front, imité par Velusia. Le regard perçant de Velusia se perdit un moment dans la steppe, elle rejeta les rênes sur le cou arqué de son cheval, qui continuait de taquiner celui d’Alexandre. Ils reprenaient leur souffle, ils étaient là depuis des heures et la chaleur de ces plaines étaient à peine supportable.

- C’était pas mal, mais tu te retiens trop.

Dans un bruit métallique, elle remonta sur le Zeblitz, tout en continuant de parler à Alexandre.

- N’hésite jamais à porter un coup, comme tu as vu, ça s’est retourné contre toi. Tu dois prendre tes décisions bien avant d’attaquer, mais ton adversaire ne doit jamais s’en rendre compte.
- Je m’en souviendrai, Ô déesse de la guerre.
- Hmm.
-Toute l’ambivalence de se murmure est de savoir s’il sert à réfuter ou confirmer.

Alexandre parlait joyeusement. Difficile de savoir si cette leçon était entrée par une oreille et ressortie par l’autre… Alexandre pourrait être bien mieux gradé, si seulement il était plus discipliné. Il ne manquait pas de talent. A l’inverse, Alexandre se demandait si Velusia ne se prenait pas trop au sérieux. Elle était beaucoup trop disciplinée, elle en perdait parfois son humanité. Mais il l’aimait bien, peut-être pour ça ; elle était une énigme sur certains points de vue. Il n’avait jamais connu quelqu’un de moins drôle et pourtant, c’était avec elle qu’il s’amusait le plus. Son Zeblitz tira sur les rênes et les lui arracha des mains, pour aller mordre la jambe de la monture de Velusia, qui lui envoya son pied pour l’éloigner. Alexandre récupéra ses rênes et tira dessus. Il était content de voir qu’elle s’entendait bien avec ce Zeblitz, mais il était de loin la monture la moins adaptée à Velusia. Il n’avait rien de l’un de ses mastodontes qu’elle affectionnait et son caractère joueur et sanguin le rendait impropre à servir de monture. Infatigable et dangereux pour les jeunes cavaliers, trop joueur et se rebiffant systématiquement avec les plus confirmés, le poulain était devenu impossible. Un tel cheval n’avait pas sa place parmi eu et son sort aurait été vite réglé, si un an auparavant, Velusia n’avait pas eu besoin d’une monture en urgence.

Du point de vue de Velusia, le Zeblitz était peut-être plus discret que ses dragons, mais il ne lui donnait pas moins de travail. L’avantage, c’est que d’avoir des dragons a dresser, en particulier Siel, faisait du Zeblitz un petit joueur, à côté d’elle.  Il devait e sentir, car même s’il discutait ses ordres, les négociations ne duraient pas en général et Odin n’osait pas se rebiffer ni trop fort, ni trop longtemps. Il avait un caractère amical, mais qui ne l’empêchait pas tout ses cavaliers de mordre la poussière, avant même de pouvoir se mettre en selle. Pensive, Velusia songeait à sa carrière, qui semblait s’être écourtée, avant même de pouvoir réellement commencer.

-Tu veux retourner dans ton pays ?

Alexandre avait lu dans ses pensées.

-Mmm. On ne m’y a pas invitée. En fait, on me demande de poursuivre mon voyage.
-La lettre que tu as reçue la semaine dernière…
-Le Major Caraway à l’air de penser que ce voyage est plus profitable pour moi que mon service.
-Il n’a pas tord.

Velusia tira sur les rênes et arrêta son cheval et se retourna vers Alexandre. Elle s’était attendu à un soutient de sa part. Elle s’était plantée.

-Tu as commencé à évoluer quand tu as quitté ton pays. En fait, tes années de services ont plus eu l’air de te mettre des bâtons dans les roues que de t’aider. Cocoon m’a raconté.
-C’est grâce à mes années de services que j’ai atteint le rang d’Inquisiteur.
-Justement, c’est ce que je dis. Mais depuis que tu es là, tu as changée, même tes Pokémon. Je sais pas... c’est moins… Conflictuel.

Velusia soupira.

-Je savais que je ne pouvais pas compter sur toi.

Puis, elle lança son cheval au galop vers la ville, plantant là Alexandre. Mais depuis le temps, il commençait à bien la connaître, assez, pour ne pas prendre au sérieux ses paroles. Avec un petit sourire, il lança lui aussi son Zeblitz au galop, dans le sillage de Velusia.[/b][/color][/b][/color]