[ Clos ] [topic solo] Brule, ou meurs.

[Ninj]

[Post sous contrainte no2 : Insister sur la psychologie du personnage.]

[HS : ce RP se situe juste après la bataille de l'île I'o Maï.]


Ninj s'était réfugié dans la forêt après la bataille, comme de nombreux flamois : ils n'étaient pas les bienvenus sur ces terres, même si la bataille était terminée. Bien sur il aurait pu rentrer avec le gros de l'armée, avec ces personnes qui baissaient la tête parce qu'ils avaient perdu, avec ces personnes qui venaient de massacrer des dizaines, voir des centaines de gens comme eux, et qui semblaient presque être triste de ne pas en avoir assez tué.

Non, Ninj, lui avait voulu rentrer par lui même, et surtout rester seul, seul avec les personnes qu'il avait failli perdre, et les fantômes de ceux qu'il avait perdu...  Il revoyait encore dans sa tête les images de ces lames dansantes, de ces éléments traversant les corps, terrassant la vie comme une vulgaire proie. Lui même... Il avait tué, il avait sentit sa lame s'enfoncer dans le corps de son adversaire, il avait sentit son sang chaud gicler sur ses mains meurtries par le combat.

Ces mains... Qui le brulaient encore, après tout ce qu'elles avaient infligé comme souffrances, elles continuaient à le torturer, il sentait comme des flammes qui se propageaient dans tout son corps, et surtout un sentiment de haine qui s'y mélangeait : Pas des nalciens, pas des Mizuaniens... Non, ce sentiment allait bien plus loin : c'était la haine de l'humanité entière, de ces personnes qui tuaient par plaisir, qui obéissaient à des dieux sans réfléchir... N'importe qui sur le champ de bataille savait qu'ils n'avaient pas à se battre, que le problème était ailleurs, et pourtant... Ils s'étaient tous lancés les uns contre les autres, hurlant des cris de guerre pour se donner du courage. Le résultat… Ninj l’avait devant lui.

Il était adossé contre un arbre. Devant lui, un Caninos… Son Caninos, grièvement blessé. Ninj regardait la petite créature qui respirait avec difficulté, encore inconsciente. Des traces de blessures parcouraient son visage. Chacune de ces blessures, Ninj la ressentait au fond de lui, dans son cœur. Son ami de toujours, son compagnon le plus fidèle était là, étendu devant lui entre la vie et la mort, avec comme seuls soins ce que Ninj avait pu lui prodiguer. Heureusement, Ninj s’y connaissait un peu en médecine,  mais même ses connaissances  et tout ce qu’il avait pu accumuler comme savoir jusqu’à aujourd’hui lui paraissaient futile désormais. Il était chercheur, il mettait ses journées au service de l’humanité, cherchant chaque jour à améliorer la vie de chaque être de cette terre, et quel résultat ? La guerre… La mort.
Le visage de Lisa, étendue sur le sol et recouverte de sang lui revint en mémoire, comme un pic qui le transpercerait. La vie était si injuste… Tout ce qu’ils avaient voulu, c’était s’éloigner de la bataille, s’occuper de blessés, et tuer le moins possible… Ne pas tuer… Laisser les autres vivres. Elle l’avait payé de sa propre vie, et Ninj ne s’en remettait toujours pas : Il se revoyait encore avec elle, le mois dernier, elle le taquinait… Elle lui montrait ses découvertes, il lui montrait les siennes… Ils étaient bien, leurs pokemons jouaient ensemble. Ninj sentit son cœur le bruler à nouveau, plus intensément encore que ses mains : il tourna son regard vers le Voltali qui l’avait accompagné jusqu’ici : il avait survécu. Il allait maintenant vivre une vie solitaire, et devoir porter sur son dos le poids de la mort de sa maitresse, le poids de sa faiblesse : il n’avait pas pu la protéger, il s’en voulait, et Ninj s’en voulait doublement : il aurait du être là lui aussi, ils auraient du rester ensemble, se couvrir mutuellement. Mais il était trop tard désormais, le mal était fait, et la douleur restait bien présente. Une larme coula sur sa joue : Une de plus, une pour chaque vie perdue aujourd’hui, une pour chaque instant de bonheur qui venait d’être volé…  

Il s’agenouilla devant son ami blessé : s’il était dans cet état, c’était sa faute. Il n’avait fait que le protéger, comme toujours, Caninos n’avait jamais pensé à lui-même, mais uniquement à son dresseur. Il était plus fidèle que n’importe quelle autre créature, quitte à perdre la vie ainsi. Ninj s’en voulut encore, il plaça ses mains de part et d’autre du pokemon, et plaça son front sur son ventre : Il sentait qu’il brulait toujours de l’intérieur… Peut être la chaleur l’aiderait-elle à se remettre ? Peut être que les larmes qui coulaient en ce moment allaient le réveiller ? Mais le pokemon ne bougeait toujours pas, Ninj sentait sa respiration de plus en plus irrégulière, il sentait son ami qui s’éloignait, qu’il voulait le quitter lui aussi. Si Ninj n’avait pas réagit au dernier moment, il l’aurait sans doute déjà quitté…  Conscient qu’il ne faisait qu’aggraver les choses en laissant le pokemon ainsi, il le rappela à nouveau dans sa pokeball, le faisant disparaitre dans un rayon rouge. Ninj avait l’impression de s’arracher une partie de soi même, mais qu’elle restait accrochée, pendant à un mince fil, comme une petite lueur d’espoir qui refusait de s’éteindre.

Il la voyait, devant lui : Une lumière jaune… Mais cette lumière n’était autre que Pichu dont quelques éclairs parcouraient encore le corps régulièrement, des suites de sa précédente attaque qui avait bien failli les faire tuer tous les deux lui et Ninj. Il avait perdu son habituelle joie de vivre, en même temps que Ninj avait perdu la sienne. Il regardait devant lui, sursautant par moment à la douleur continue que s’infligeait son corps : encore une erreur… Ninj revoyait la scène à travers la petite entaille visible sur l’oreille gauche de Pichu : il voyait une lame qui fondait sur son pokemon, il se voyait sauter pour l’arrêter, il voyait le sang qui commençait à couler… Il ressentait même le désespoir qu’il avait sentit à cet instant précis, à l’idée que son pokemon venait d’être blessé, il ressentait la haine qu’il avait eu contre son adversaire, cette haine qui était toujours présente et qui refusait de le quitter. Mais le plus grand mal, c’était lui qui l’avait fait, avec cet aimant qu’il avait placé en contact direct de Pichu, et cet éclair qui en résultat, l’obligeant à arrêter son pokemon avant qu’il ne se tue lui-même.

Pichu se retourna : Ninj s’attendait à voir son visage rayonnant, celui qui arrivait à vous faire oublier tous vos problèmes, celui qu’il avait toujours vu du pokemon qui vivait pour ses rêves… Mais ce visage n’était plus là, il était remplacé par un regard de tristesse, mélangé à un sentiment d’impuissance. Ninj s’avança vers son pokemon qui ne bougeait plus et le prit dans ses bras, sentant ses larmes qui coulaient toujours plus, tendis que quelques sanglots commençaient à le secouer. Ce pokemon n’avait rien demandé, il voulait seulement vivre heureux, pourtant ils l’en avaient privé. De quel droit ? Parce qu’un soi disant dieu en avait décidé ainsi ? S’en était trop, Ninj ne pouvait plus accepter de telles absurdités, de tout ce qui existait sur cette planète, les hommes étaient le seul sujet qui ne lavait jamais intéressé, car il savait qu’il ne menait à rien.

Un bruit de pas se fit entendre derrière Ninj : Un Mizuhanien. Que voulait-il ? Etait-il là par hasard ? Quoi qu’il en soit, il remarqua bien vite Ninj et l’épée encore pleine de sang qui se trouvait à coté de ses affaires. L’homme hurla, remémorant à Ninj les cris de la bataille, les cris de ces enfants assassinés. Il sentit à nouveau sa tête le bruler, tendis que trois soldats rejoignaient l’inconnu, s’approchant de Ninj les armes sorties.

Voltali se plaça devant eux : son regard exprimait toute la haine qu’il ressentait, ainsi que la tristesse qu’il refoulait. Il hurla, balançant une cage-éclair sur les soldats qui s’immobilisèrent immédiatement. Ninj n’avait pas bougé, il avait simplement rappelé son Pichu sans sa pokeball : il allait devoir fuir maintenant, bien que l’envie de massacrer ces personnes lui traversait l’esprit, il se refusait de plonger à nouveau une lame dans ces corps, il ne voulait plus sentir de sang chaud sur ses mains, il ne voulait plus ressentir toute la tristesse qu’il avait ressentit durant cette guerre.  Il courut droit devant lui rapidement rattrapé par Voltali jusqu’à arriver au bord d’une falaise qui donnait sur une cascade. Il entendait derrière lui le bruit de pas des soldats qui essayaient de les rattraper.

Ninj- Voltali, laisse-toi faire. Ne t’en fais pas, je ne périrais pas aujourd’hui.

Ninj prit le Voltali entre ses bras, et se dirigea vers la cascade. Lorsqu’il fut assez prêt, il sauta, sans réfléchir, sentant le vent sur son corps et le pokemon dans ses bras qui gardait confiance malgré le geste suicidaire que le dresseur venait de faire.

*Je ne peux pas mourir maintenant… Kraknoix… Je t’ai dit que je reviendrais, alors je reviendrais. Je dois rentrer à Omatsu. *

…

Ninj sentit une quelque chose mouiller son front, comme une langue : il ouvrit les yeux : devant lui, Voltali venait de le réveiller, ils étaient au bord de la rivière. Que s’était-il passé ? Il avait ressentit comme une énorme chaleur pendant la chute, la même chaleur qui le brulait l’instant d’avant, mais bienfaisante.  Ninj sentit alors sa pokeball qui commençait à vibrer, et Caninos en sortit de lui-même. Le pokemon s’était réveillé, comme par miracle. Il tenait à peine sur ses jambes, mais il avait forcé la ball pour pouvoir sortir, et était maintenant allongé sur le ventre de son maître qui le serrait entre ses bras : Voir son pokemon réveillé relança l’espoir en Ninj, pas un espoir fort et omniprésent comme il l’était avant, mais une simple lueur qui ne demandait qu’à sortir.

Ninj se releva et rappela à nouveau son pokemon pour qu’il se repose. Il lui avait encore montré, ce petit Caninos, qu’il ne l’abandonnerait jamais. Ninj demanda au Voltali de le suivre et se remit en route, tiraillé entre sa haine pour les autres, et son amour pour ses pokemons.