[ Clos ] Aux Pieds des Arbres | Pv Tama |

[Invité]

Une épée à lame large dans le dos. Une Pokéball à la ceinture. Le pouvoir de la nature sourcière au fond des yeux… Et les joues rouges de honte. C’est ainsi qu’apparait le premier protagoniste de ce récit, bien habillé, pas super bien coiffé, et franchement gêné. Normal, son Pokémon, qui n’est pas au moment où nous parlons dans la Pokéball précédemment citée, vient de piquer de sa corne les fesses d’un honnête voyageur. Au pied des arbres gigantesques de la forêt d’Agata, les gens attendent patiemment que l’ascenseur leur permettant de monter dans le village de Kabana puisse les emmener. Mais la patience et Fraptout, le Nidoran de Mae, ça fait deux. Le jeune garçon savait qu’il aurait du le rappeler plus tôt, mais il avait l’air de s’amuser paisiblement, à se faire les griffes et la corne sur l’écorce d’un arbrisseau plus loin. Le dresseur en herbe avait manqué de vigilance, et voilà le résultat !

- Non mais regarde ça ! J’ai un trou dans ma tunique maintenant, comment je vais faire ! Lui lança un homme d’un âge incertain. Son regard, que le garçon voyait se dessiner sous un chapeau de paille large, lui faisait peur tant il était empli de colère. Plus grand que l’adolescent d’une bonne tête, la présence d’une arme dans le dos du blondinet ne l’intimidait pas le moins du monde.
- Mais monsieur, je vous assure que mon Pokémon ne voulait pas vous faire de tord ! Il est encore jeune et voulait juste s’amuser… Arriver à répondre coûtait déjà beaucoup au garçon. Des goûtes de sueur perlaient le long de son front et ses mains tremblaient à présent. Tous les regards étaient tournés vers lui, ce qui ajoutait à sa gêne la plus totale.
En fait, il aurait pu tomber dans les pommes, là, devant tout le monde ! Cette timidité était maladive, et l’handicapait dans ces moments qui n’étaient pas rare depuis qu’il voyageait avec ce Nidoran mâle. Sentant bien toute l’emprise qu’il avait sur ce petit inconnu pas très courageux, le voyageur fit un pas en avant, et trop rapidement pour que Mae l’en empêche, il le saisit par le col.

Le Pokémon du garçon était un peu paniqué aussi. Mae n’avait absolument pas menti : pour jouer, Nidoran fonçait dans n’importe quoi ou n’importe qui. D’où le surnom bien choisi de Fraptout. Il ne savait pas si son dresseur était en train de jouer à un nouveau jeu avec son vis-à-vis humain, ou s’il devait intervenir. Mais peut être que quelqu’un dans l’assistance allait le devancer…

[White Tama]

~ Matinée
Le temps filait à une telle vitesse ! Cela faisait maintenant trois jours que le jeune dresseur marchait en quête d’une ville, d’un nouveau lieu de repos. Il y a un jour, il avait traversé la frontière entre Flamen et Terros. Il n’en pouvait plus. Entre les entraînements et les courses avec son Pokémon, le brun était de plus en plus fatigué et pourtant, il était motivé à poursuivre sa route. Il en avait surtout marre de dormir à la belle étoile, son sac n’était pas aussi confortable que ça ! Et cela suffisait de dormir dans le froids ! Heureusement qu’il avait une couverture, récemment achetée dans une petite boutique avant son grand départ de Flamen mais quand même… La rosée du matin, sans plus ! Enervé, il pressa le pas suivi de son Héricendre. Lui aussi devait en avoir marre. Ils n’en pouvaient plus, tous les deux.

« Bon, juste une pause ok ! »

Héricendre fit « oui » de sa tête. Tiens, pourquoi ne pas s’arrêter là, tout près de cette forêt ? Contre un arbre, White s’assit et ferma les yeux pendant un court instant. Quel plaisir de pouvoir reposer son corps meurtri par toutes ces montées et descentes. Terros était un étrange continent. Parsemé de montagne, il fallait s’y accrocher ! White n’avait pas l’habitude de voir de tels paysages, lui qui était si habitué aux plaines de Flamen… Bah qu’importe, il voyage. Passant ses bras derrière sa tête, le novice pointa son nez vers le ciel. De gros nuages parsemèrent le ciel, il allait sûrement pleuvoir de grosses goutes. Oui… Il allait pleuvoir. D’ailleurs, Héricendre était nerveux. Normal pour un Pokémon feu qui déteste l’eau. Hum… ne valait-il mieux pas rentrer dans la forêt ? Oui mais si c’était pour se perdre… ? Une goute glissa sur le visage de White puis une deuxième. Héricendre gémissait, suppliant son maître de faire quelque chose, quitte à la remettre dans sa ball. Soupirant, le brun se leva et passa son sac au-dessus de son épaule. Ils pénétrèrent tous les deux dans la forêt d’Agata…

Sombre à cause de la faible luminosité, les deux jeunes comparses marchèrent dans la forêt. Dans quelle direction devaient-ils aller ? Aucune idée, White suivait Héricendre qui avait pris la tête de la marche. L’hérisson marcha dans une petite allée, suivant une « trace ». Le nez en avant, il sentait quelque chose. White sentait seulement l’humidité. Il devait bien pleuvoir dehors. Mains dans les poches de son pantalon, white suivit son Pokémon ne le quittant pas des yeux, des fois qu’il voudrait se sauver… Bien qu’il en doute, il tenait fermement dans sa main droite, la ball de son Pokémon au cas où. Héricendre leva par moment son nez en l’air, regardant les arbres géants se dressant devant lui, observant les alentours et puis il continuait sa marche. Après quelques minutes de marche à errer dans cette forêt, White entendit du bruit au loin. Avaient-ils traversé la forêt d’Agata ? Se serait trop beau. Tous deux pressèrent le pas et finalement, arrivèrent au bout du chemin.

« Qu’est-ce que… »

Un village. Un village dans les arbres. Des maisons en bois étaient bâties sur d’immenses troncs et donc le feuillage servait d’abris. Des ponts permettaient de rejoindre les différentes bâtisses. Un peu plus loin, il y avait des « ascenseurs » permettant de monter jusqu’au village proprement dit. Etrange endroit mais qu’importe, ils étaient dans un village ! Maintenant restait plus qu’à trouver une auberge pour se reposer et bien sûr se renseigner sur le lieu. Alors que White ainsi qu’Héricendre s’apprêtait à monter dans l’un des ascenseurs, un homme se mit à hurler après un gamin blond. Le prenant par le col, il le menaça mais pour quelle raison, aucune idée, White était arrivé trop tard. Ainsi, il s’arrêta et regarda les gens autour ; évidemment, tous regardaient mais n’avaient le courage de s’interposer. D’ailleurs, ils se précipitèrent vers l’ascenseur, laissant l’homme menacer le pauvre enfant. White n’aimait pas cette mentalité mais pouvait-il se permettre d’intervenir ? C’était sûrement pour une broutille, aussi s’avança-t-il vers les deux personnes ;

« Hey !! Laissez-le ! Vous voyez bien qu’il ne vous veut aucun mal ! »

L’homme d’âge mûr regarda le nouveau d’un mauvais œil. Allait-il s’acharner sur lui ? Visiblement non car une telle brute que lui ne s’en prendrait qu’à plus petit que lui et fort heureusement, White était un chouilla plus grand. Inspirant un grand coup, le dresseur le menaça avec un regard sévère, insistant fortement dessus. Héricendre, à ses pieds, fit de même en gonflant son ventre mais en aucun cas il sortit ses flammes de son dos. Une telle réaction provoquerait bien plus qu’une simple bagarre mais une panique générale dans le village. Surtout qu’il se trouvait en plein milieu d’une forêt, les Pokémons feu ne devaient pas être les bienvenus ici…

[Invité]

Parmi tous les anonymes rassemblés autour de lui, observant sa déconfiture, fuyant cette scène qui ne pouvait que se finir mal, une silhouette se détacha. Un garçon aux cheveux bruns, au visage agréable et aux yeux… PAF ! Mae n’eut guère le temps de pousser plus loin sa contemplation, car le voyageur qui le tenait une seconde auparavant par le col, venait de le pousser sans ménagement. Comme il ne s’y attendait pas du tout, le jeune homme perdit l’équilibre et tomba durement sur ses fesses. Une petite voix dans son esprit nota qu’avec ça, ils devaient être à égalité, l’homme et lui, pour la gêne occasionné même si l’une avait été involontaire et l’autre pas. Pourtant la brute n’entendait pas partir aussi rapidement.

Le voyageur aux vêtements de paille détailla le nouveau venu. Autour d’eux, il n’y avait plus personne : tous les badauds avaient pris la tangente sous la forme de l’ascenseur, laissant là ces gens qui n’était pas capable de vivre pacifiquement. C’est la présence d’un petit Hericendre qui le fit tiquer. Plongeant ses yeux où la flamme de la colère brûlait déjà moins intensément dans ceux marron de son vis-à-vis, il lui adressa enfin la parole.
- T’es pas à Flamen ici, étranger. Ranges donc ton Pokémon si tu ne veux pas avoir d’ennuis avec ces poules mouillées de Terros. Tout en parlant, il s’était un peu écarté, assez pour regarder de nouveau le blondinet, qui évidement rentrait dans la catégorie des poules très mouillées.
- Tu as de la chance que je sois de Nalcia, on en restera là pour aujourd’hui. Mais un conseil, ces minables ne valent pas qu’on les défende. L’ascenseur venait de redescendre, vide, derrière lui. L’homme s’y engagea sans plus lâcher un mot : l’incident était clos.

Mae évidement, n’avait pas perdu une miette de l’échange mais il n’avait pas bougé non-plus, un peu paralysé par la retombée d’adrénaline violente. Même si celle-ci était apparue à cause de la peur, cela n’empêchait pas d’être pendant quelques minutes un peu vidé de son énergie. Fraptout le Nidoran vint poser sa tête sur sa cuisse, comme pour se faire pardonner des ennuis qu’il avait encore déclenchés. Le jeune homme lui gratouilla le haut du crâne en souriant un peu, avant qu’une ombre se dresse au-dessus de lui.
Il s’agissait du garçon, de Flamen d’après le voyageur. Que lui voulait-il ? Voulait-il s’en prendre également à lui ?! Et oui, il en fallait vraiment peu parfois pour qu’il panique cet adorable Mae… Mais plutôt que de prendre ses jambes à son cou, ou de rester prostré par terre, le garçon se dit que prendre la parole le premier était peut être la meilleure solution.
- M.. Merci. Dit-il d’une toute petite voix en baissant les yeux. Pour le chapitre sur le fait de se relever et de reprendre un peu contenance, on repassera…

[White Tama]

L’homme d’âge mûr regarda avec mépris White. Allait-il se jeter sur lui comme il l’avait fait avec le gamin, ou tout simplement se rendre ? Quel geste allait-il choisir ? L’attaque ou la défense ? En tout cas, le brun n’était pas très à l’aise. Jamais il n’était intervenu dans un tel conflit. Ca sentait mal. Que devra-t-il faire si jamais celui-ci s’en prenait à lui physiquement ? Se battre mais avec quoi ? Les poings ? Et comment ? White ne savait rien faire… même pas se battre ! Et puis demander à Héricendre n’arrangera rien, au contraire. Galère, galère songea le brun qui pendant un moment, doutait de son intervention. Non, il ne pouvait pas se permettre qu’un adulte s’en prenne aussi violemment sur un jeune homme ! L’homme de paille ainsi nommé par ses vêtements douteux poussa violemment le blond qu’il tenait fermement par le col. Le pauvre enfant tomba sur les fesses dans sa chute puisqu’il était inévitable de garder son équilibre après une telle force de projection. Surtout vu comment il était fin et petit, difficile de tenir sur ses deux jambes. Héricendre émit une plainte en voyant un tel geste de la part de l’homme et se sentit vite menacé lorsqu’on lui jeta un furieux regard. Doucement, la petite créature se rapprocha de son maître et vint se cacher derrière son pantalon. White, gardant le peu de confiance qu’il avait en soi, appuya sur son regard pour faire flancher l’homme et qu’ainsi, il se désiste. L’agresseur ou bien la victime, dans les deux cas c’était ça, s’adressa à White ; comment ça il devait ranger son Pokémon ? Le brun n’en revenait pas ! Comment pouvait-il s’adresser à lui comme ça ? S’il n’y avait pas de règles, de stupides disciplines, White aurait volontiers demandé à Héricendre de lui cramer les fesses !

« Je ne vous permet pas de dire de telles choses… » murmura-t-il.

Puis l’homme à la tunique de paille s’adressa au blondinet qui était encore assis par terre, tout tremblant. Nalcia… Il venait de là alors ? Inutile de lui demander des renseignements, il l’enverrait voir ailleurs. Zut. Un ascenseur vide descendit et pressant le pas, l’homme s’y engouffra avant de disparaître, laissant les deux jeunes gens. White le regarda partir puis son regard se posa sur le jeune homme. Un Nidoran, une sorte de cochon d’inde violet s’approcha de lui et posa sa petite frimousse sur sa cuisse. Etait-ce son maître ? Le novice s’approcha du blond. Celui-ci le remercia de son intervention avec timidité. White se mit à sourire en entendant cela.

« Ce n’est rien. Allez. »

White tendit sa main et l’aida à se relever. Il fit un pas en arrière pour le laisser reprendre ses esprits et surtout de ne pas empiéter dans son champ intime. Héricendre posa sa petite patte jaune sur le pantalon de White et tira dessus. Le dresseur pencha sa tête ; l’hérisson de feu avait peur. Il tremblait suite aux accusations qu’avait faites l’étranger sur lui. Il avait peur de déclencher une panique générale, qu’il se mette à cracher des flammes sur le village. Doucement, White le prit dans ses bras et se retourna vers le garçon qui se remettait doucement de ses émotions.

« Je m’appelle White et oui, je viens de Flamen. Et voici Héricendre, mon compagnon. Et toi, comment t’appelles-tu ? »

Peut-être était-ce indiscret ? Ils ne se connaissaient pas, ils n’avaient rien en commun si ce n’est d’avoir chacun un Pokémon… C’était si familier que ça de se présenter dès maintenant ? Bah après tout, il lui avait sauvé la vie… ? Non, pas à se point là, il l’avait aidé. Héricendre, se sentant mieux dans les bras de son maître, leva sa patte droite en guise de salutation lorsqu’il entendit son maître prononcer son nom. Amical et social, Héricendre aimait les rencontres car ça le faisaient grandir. Lui et son maître apprenaient beaucoup des rencontres. Mais pendant que White posait la question, un ascenseur vide redescendit attendant que des voyageurs montent dessus. Inutile d’attendre un prochain, le dresseur s’empressa de se diriger vers l’un d’entre eux et une fois devant, il se retourna ;

« Viens, on en discutera pendant la montée ! Tu voulais monter, non ? »

White, gardant toujours dans ses bras son Pokémon, rentra dans une cabine faite de bois et de lianes. C’était une belle invention. Il se mit alors à regarder tout autour de lui ; les poulies, les lianes… C’était impressionnant une telle technique ! Il n’y avait pas ça à Flamen. Un vrai gamin par moment. Héricendre fit de même, impressionné de pouvoir monter dans les arbres. Mais ce qui l’était encore plus, c’était ce village perché dans les arbres. Quel genre de personnes vivait dedans ? Y’avait-il des Pokémons insectes, oiseaux ? Vivaient-ils en harmonie avec les villageois ? Bien des mystères l’attendaient. Mais White, impatient, n’attendait qu’une chose, que l’ascenseur monte et lui dévoile toutes ses merveilles…

[Invité]

Une main tendue. Une invitation inconsciente au partage d’un contact intime et fugace. Tiraillé entre le doute de devoir y répondre et l’impolitesse de l’ignorer. La main de l’étranger de Flamen était belle. Mais ses longs doigts fins aux ongles propres auraient pu s’enrouler tout aussi facilement autour de sa gorge, non ? Fraptout se détacha de lui en le sentant bouger. Mae attrapa cette main tendue, de peur de la voir se détendre pour d’autres raisons que celles qui avaient poussé le garçon aux cheveux bruns à lui venir en aide. Il l’aida à se relever en tirant avec facilité. Après tout, le blondinet aux yeux de jade était léger comme une plume. L’enfant de Terros tapota ses vêtements, immédiatement sur ses pieds. Il n’aimait pas les salir, il s’agissait d’un cadeau de ses parents. Et puis ainsi il n’était pas obligé de regarder le brun et son Pokémon de feu immédiatement. Mais il dû bien finir par le faire. Poussé par une curiosité craintive, Mae tourna des yeux fuyants vers l’homme qui faisait plus d’une tête de plus que lui. Voyant cela comme une invitation, ce dernier se présenta, son Pokémon dans ses bras.

White. Ils ont des noms bizarres à Flamen. Mais attendez, il vient vraiment de Flamen alors ?! Ah, qu’est-ce que dois faire ?! Si jamais je ne lui obéis pas il va me cramer sur place au-secours ! Comme Mae évitait de croiser le regard du brun, ce dernier pouvait difficilement se douter de la panique que sa révélation provoqua. Lorsqu’il vit l’ascenseur, et proposa au fils Klee de monter avec lui, celui-ci n’hésita cependant pas une seule seconde.
- O.. Oui ! Répondit le jeune homme à mi-voix en emboitant le pas à White. Leurs pas les menèrent donc à ce fameux ascenseur, système habile de poulies, de lianes, et de planches de bois. Mae ignorait comment tout ceci fonctionnait, mais en tout cas cela semblait fonctionner à peu près en continu.
A la dérobé, le jeune homme détailla un peu plus son sauveur, même s’il ignorait encore quel statut lui donner. Il ne portait pas d’armes, si ce n’était son Pokémon dans ses bras. Il n’avait pas l’air spécialement dangereux mise à part sa grande taille, et le fait qu’il venait du pays des grandes plaines. Comment cela était-ce d’ailleurs, de vivre dans un tel endroit ? Contrairement à son voisin, la découverte de Kabana n’était pas une grande première pour Mae qui avait déjà bien assez entendu parler des ces constructions par le passé. C’était pour ainsi dire comme s’il l’avait déjà visité en rêve…

Et pourtant, dans un silence tout d’abord gêné, ses yeux s’agrandirent de surprise, car la réalité était bien souvent plus surprenante que nous le pensions. Nidoran bien sûr était aussi avec eux. Assis sur son arrière train aux pieds de son dresseur, il découvrait avec une curiosité naïve ce monde aérien qui s’ouvrait à lui. Le fait de s’élever aussi haut ne l’effrayait pas outre mesure, contrairement au blondinet qui, après un simple coup d’œil vers le bas, sentit son sang comme quitter son corps, tant il en devint livide. Déjà qu’il avait eu des émotions fortes quelques minutes plus tôt, pas trop d’un coup s’il vous plait !
Les troncs, gigantesques, montaient encore bien plus haut que l’endroit vers lequel ils se rendaient. Au-dessus d’eux s’étendait une vie tout aussi normale que celle de n’importe quel village, à ceci près qu’une chute pouvait être mortelle, et qu’une forte pluie comme celle qui menaçait de les rattraper à cet instant n’était pas excellente pour les cordages et l’ensemble du système permettant à ce village de tenir ainsi agrippé aux arbres. Tout ici respirait l’écorce et le bois, à tel point qu’avec le mauvais temps, et l’altitude, ceci n’était pas loin de faire dégobiller le garçon. Cherchant à se reprendre, il essaya de parler au second passager.
- Excusez-moi… Je ne me suis pas présenté, je m’appel Mae… Comme le grand brun tournait son visage vers lui, Mae détourna le sien, le rouge lui remontant aux joues. Le regard un peu fuyant, il continua sur sa lancée. Qu’est-ce que vous faites si loin de chez vous ?...

Sur cette dernière question, l’ascenseur se mit à ralentir jusqu’à s’arrêter au niveau du village. Il pouvait apparemment continuer plus haut mais Mae ignorait ce que l’on trouvait au plus près de la cime des arbres pour que la plate-forme y aille. Fraptout sauta sur le plancher qui n’était pas sans lui rappeler le chez-soi des Klee, et renifla le bois huilé et traité pour résister à l’humidité. Ces changements dans l’environnement étaient une félicité des sens, mais aussi bien des sources de tentations pour le petit Pokémon que Mae rappela dans sa Pokéball en prévision des problèmes qu’il pourrait causer. Ou tout simplement aurait-il pu décider de tester la loi de la gravité ? Quoiqu’il en soit il valait mieux pour tout le monde qu’il soit là-dedans plutôt que là-dehors.
Restait à s’orienter dans ce village. Mae tourna discrètement ses yeux vers le dresseur de Flamen, attendant une réponse à sa précédente question, et une indication concernant leur discussion, si elle devait prendre fin ici, ou pas.

[White Tama]

Système complexe, c’était sûrement l’invention de grands ingénieurs. Terros était une contrée bien étrange pour le jeune dresseur. C’était le nouveau, tout autour de lui ne ressemblait en rien à Flamen. Déjà, il y avait énormément de verdures et les arbres étaient immenses. A Flamen, ils ne devaient pas dépasser les mètres et encore… C’était plus des arbustes. Mais après tout, c’était là une biomasse étrange, totalement différente de sa chère contrée de Feu. Peut-être que les Pokémons y vivant étaient eux aussi différents ? De quel type pouvaient-ils être ? Rien que de penser à ça, White était excité à parcourir ces terres. C’est ici qu’il attrapera son prochain Pokémon. Il en était sûr. Pas forcément dans ce « lieu » mais à Terros même. La verdure les entourant était douce, l’air frais, les feuillages se mariaient bien avec le décor et les cabanes étaient taillées dans un bois fort solide à première vue pour surmonter les éventuelles tempêtes. Plus l’ascenseur montait, plus le paysage se dévoilait pour les deux jeunes comparses. C’était la première fois pour le dresseur qu’il montait dans un arbre surtout à une telle hauteur. Espérons qu’il n’aura pas le vertige mais pour ça, il n’aura qu’à ne pas regarder en bas !

Alors que White observait les alentours, émerveillé, le jeune garçon qu’il avait sauvé et invité à monter s’exclama. Pendant un moment, le brun s’était demandé sur le blondinet parlait. Qu’est-ce qu’il était silencieux. Se méfiait-il de White ? Sûrement ; après tout, il venait de Flamen, les Pokémons feu ne devaient pas être les bienvenus ici. Bon, faudra qu’il pense à faire rentrer son Héricendre mais quel dommage qu’il ne puisse pas en profiter. D’ailleurs, lui aussi était émerveillé. Levant sa frimousse, il émit des gémissements et leva ses petits bras en l’air comme s’il voulait attraper des branches au passage. Bien que l’air soit humide, ils étaient protégés par la verdure et le feuillage des arbres alors oui, le Pokémon de feu n’avait plus peur de l’eau. Mais revenons à l’action même ; Mae. Alors le garçon de Terros s’appelait Mae. Evidemment, White le regarda. Le soi-disant Mae vira légèrement au rouge et détourna son regard, continuant sur sa lancée. Le brun l’impressionnait tant que ça ? Que faisait-il ici, à Terros ? Si loin de chez lui ? La réponse est évidente !

« Je voyage. » répondit-il avec le sourire. « Mais tu sais, tu peux me tutoyer, nous ne devons pas avoir tant de différences d’âge. »

Pendant cette courte discussion, l’ascenseur fait de planches et de lianes commença à ralentir. Cela marquant l’arrivée presque certaine des jeunes gens dans Kabana, la ville suspendue dans les arbres. Deux hommes attendaient tout en haut pour maintenir l’ascenseur en arrêt et mettre ainsi une planche par terre permettant aux passagers de poser un pied en tout sécurité. Le premier à sauter fut le Nidoran de Mae qui s’empressa de renifler les planches. White garda fermement Héricendre dans ses bras. D’ailleurs, rien qu’en passant devant ces deux hommes, il sentit leurs regards pensants et surtout angoissant. Ils angoissaient à l’idée que l’Hérisson de feu ne panique et mette le feu à la ville. L’anxiété. Une peur anticipée… White connaissait ce sentiment. Après quelques pas, White se retourna et fit face à Mae qui rappela son Pokémon dans sa Ball. Devait-il en faire de même ? Mais pour le moment, Héricendre ne bougeait pas. Mais bon, si c’était pour faire face à ces multiples regards venant des villageois, jamais ils ne le renseigneront. Le brun passa sa main gauche dans la poche externe de son sac et en sortit une Ball. A sa vue, Héricendre fit la tête lorsqu’il rentra dans sa Ball, White s’excusa. Puis il la remit à sa place, bien au chaud dans son sac.

« Tu es de Terros, n’est-ce pas ? Tu dois connaître cet endroit, non ? Serait-il possible que tu me renseignes sur ces terres ? »

White s’écarta pour laisser passer des gens voulant prendre l’ascenseur afin de descendre et rejoindre la terre ferme. Il fit signe à Mae de le suivre car ici, ils gênaient et franchement, le dresseur ne voulait pas avoir de problèmes avec la sécurité du village, surtout après les regards menaçants qu’ils lui avaient lancé… Bien sûr qu’il ne connaissait pas ce lieu mais pour pouvoir discuter, il leur fallait un lieu approprié. Pourquoi pas une auberge ou bien un bar ? Non pas pour boire de l’alcool mais dedans, il pourra sûrement mieux se renseigner auprès des villageois. White marcha droit devant lui puisque pour le moment, il n’y avait qu’un chemin possible. Bien qu’il y ait des lianes sur les côtés des ponts, la hauteur était présente. Une personne pouvait à tout moment tomber dans le vide alors inutile de stationner sur une si petite place. Une fois à une bifurcation, ayant plus de place, White se tourna vers Mae qui l’avait suivit.

« Que dirais-tu d’aller dans une auberge ? Nous pourrions discuter tranquillement. Sauf si évidemment tu as des choses à faire et là, je ne dérangerais pas. »

Derrière le brun, une pancarte de la ville. Il se retourna et l’observa. Heureusement, les gens de la ville avaient prévu l’arrivée d’éventuels étrangers et avaient choisi des symboles clés pour symboliser les lieux importants comme une auberge, le médecin… une arène ? Il y avait une arène ici ?! Alors il était possible d’obtenir un badge ? Non, c’était trop tôt, White n’avait qu’un Pokémon et pour sûr, il perdra. Mieux vaut attendre… Sur ce, le dresseur se retourna et attendit la réponse de Mae. Alors, allait-il le suivre ou bien refuser son invitation ?

[Invité]

Je voyage, répondit le brun à sa question. Cette conclusion était en fait assez évidente et puis, pourquoi aurait-il révélé, s’il avait d’autres objectifs, ce qu’il faisait ici à un inconnu ? Mae se sentit stupide d’avoir demandé et se mura dans un mutisme aussi gêné qu’honteux pendant quelques minutes. Assez en tout cas pour que White l’invite à bouger de la petite place de l’ascenseur qu’ils encombraient tous deux. Le dresseur de Flamen rappela son Pokémon. Un geste utile qui empêcha les gardes qu’il venait de quitter des yeux d’aller remettre le jeune homme dans l’ascenseur en lui demandant poliment de déguerpir. Ils étirèrent ce regard jusqu’au blondinet qui l’accompagnait, juste parce qu’il l’accompagnait justement, ce qu’il n’apprécia pas. Il ne voulait pas avoir de problèmes avec ses propres compatriotes à cause d’un inconnu de Flamen ! Etait-ce le moment de se séparer ?

Oui. Mais en même temps, ils aboutiraient tous les deux au même endroit : l’auberge. Mae n’était là que pour se reposer dans cette ville pour sa part. Il voyageait, à sa façon aussi, pour se découvrir un lieu où il pourrait se sentir chez lui. Ce n’était pas encore le cas. Kabana était une ville bien trop dangereuse pour lui ! Alors qu’ils marchaient dans une allée bordée de lianes salvatrices présentes pour éviter que l’on tombe des ponts, White lui demanda tout d’un coup s’il pouvait lui parler de Terros, comme il semblait originaire d’ici. Mae se gratta le menton du bout de l’index, la tête penchée sur le côté, avant qu’ils ne reprennent leur route en silence. Voilà une question qui allait encore le mettre dans l’embarra. Décidément aujourd’hui…

- Je voyage, moi aussi. Lança-t-il à son interlocuteur devant lui. Je n’ai jamais quitté mon village natal, pas loin du village de Kamiki. Je n’ai jamais visité mon pays et je n’en sais pas grand-chose… Sa voix mourut sur ses lèvres et il se contenta de suivre.
Les ponts d’un arbre à un autre étaient étroits mais certains, plus larges, permettaient à deux jeunes gens de se tenir côte à côte comme maintenant. Malgré la réponse du jeune homme de Terros, White ne sembla pas se décourager et de toute façon, comme ils allaient sans doute descendre à la même auberge, il lui proposa de l’y suivre. Il n’y avait pas beaucoup de lieux d’hôtellerie dans les villages. Un peu gêné de n’avoir pas eu de réponses plus satisfaisantes à fournir à son vis-à-vis, Mae accepta cependant son invitation.
- Allons dans une auberge. Il commence à se faire tard. La nuit, une autre source de craintes, parfois.

Tous deux suivirent alors des panneaux que Mae, plongé dans ses pensées, n’avait pas vu jusque là. Ces derniers indiquaient avec des symboles la direction à suivre pour trouver certains négoces et lieux importants du village. Ainsi le symbole d’une auberge, caractérisé par un lit et des couverts, était sans équivoque pour les deux garçons qui rejoignirent un établissement rapidement. Celui-ci était à moitié construit dans l’arbre, à moitié en extérieur. Une pancarte dansait en grinçant devant son entrée, on y voyait un Pokémon volant, un Heledelle d’après le texte en-dessous. Ignorant si son compagnon lisait la langue de Terros, Mae lu à haute-voix.
- L’Heledelle Gracile. J’espère qu’ils ne servent pas trop de viande de Pokémons… Mae n’aimait pas manger de ces créatures, même si certains s’en accommodaient comme quelque chose de naturel.
Le blondinet aux yeux verts emboîta le pas de White, qu’il allait laisser prendre commande d’une table et de deux chaises à sa place pour le coup. Quand il pouvait éviter de se tourner en ridicule à rougir à tout bout de champs, Mae essayait de saisir les occasions…

[White Tama]

Etait-ce une bonne idée d’avoir proposé au jeune Mae de le suivre ? Se méfiait-il de lui ? Après tout, y’avait de quoi… White lui venait en aide alors qu’ils ne se connaissaient même pas, ensuite, il l’invitait à monter dans les arbres et là, cerise sur le gâteau, de se reposer dans une auberge ! Le blondinet devait se faire des films sur le dresseur novice. Oh non, il a beau être un adulte, il n’ira pas lui faire du mal… comme ça et… Stop ! Alors que White attendait que Mae réponde à sa demande, il pensa à comment cette « soirée » allait tourner. Par quoi devait-il commencer pour qu’il lui fasse confiance ? Doucement mais sûrement, White ne voulait pas perdre son temps non plus et rester éternellement ici. Il avait en tête d’attraper un Pokémon et de l’entraîner pour obtenir un badge. « Je voyage, moi aussi. » répondit-il timidement. Etrangement, White se sentait bien avec lui, n’allait pas croire des choses ! Mais comment dire, Mae était doux, timide et son visage fin apaisait. Peut-être était-ce ces regards timides et ses joues rougissant à chacune de ses interventions qui le rendaient aussi mignon ? Alors lui aussi il débutait un voyage ? Etait-il aussi jeune que ses précédentes rencontres ou bien était-ce seulement l’impression que donnait son visage d’enfant ?

Mae accepta l’invitation de White ; alors ils allaient passer la soirée dans une auberge, sûrement la seule de la ville mais qu’importe. White était assez satisfait de lui, plus Mae parlait et plus le brun avait l’impression qu’une confiance régnait entre eux. Il ne voulait en aucun cas lui faire peur. Ce n’était pas dans sa nature. Le Soleil commençait à tomber, bientôt il disparaîtra derrière le feuillage des arbres de Kabana. Tout le monde d’ailleurs se précipitait pour rentrer chez eux, les voyageurs prenaient la direction d’une auberge. Il y avait foule tout d’un coup, mieux vaut ne pas trainer trop longtemps ici s’ils voulaient avoir une chambre pour cette nuit. Les deux comparses prirent le chemin vers l’auberge. Située à quelques mètres de la première pancarte, la bâtisse était construite dans le tronc d’un arbre majestueux : intérieur et extérieur étaient en harmonie avec le paysage. L’architecte avait su faire communier activité humaine et nature. Un peu plus haut, au-dessus de l’entrée principale, une pancarte grinçait ; un oiseau majestueux était dessiné dessus, sûrement un Heledelle. Mae prit la parole et indiqua au Flamenois le nom de l’auberge et se posa une question si dans cette auberge ils servaient de la viande de Pokémon. Quel triste sort mais c’est la nature qui veut ça. Mae entra le premier et s’arrêta au pas de la porte. Il y avait quelques voyageurs qui bavardaient entre eux et tout au bout, l’accueil. White pressa le pas et devança les autres pour être sûr d’avoir une chambre.

« Bonsoir, serait-il possible de réserver pour une nuit une chambre avec deux lits ? »

La personne au comptoir était un homme d’une soixantaine d’années, les cheveux grisants mais son regard était rempli de malice. Avec une voix posée, il s’adressa au dresseur qu’en effet, il y avait une chambre de libre. Aubergiste modeste, il nota le nom de White et de Mae sur son registre et leur demanda s’ils comptaient manger ici. Le brun répondit que oui. Une fois la réservation finie, White se tourna vers Mae ;

« Bien, on nous préviendra pour le repas. Je te propose de nous rendre dans notre chambre pour poser nos affaires. »

L’aubergiste donna la clé de chambre à White qui le remercia et se dirigea vers les escaliers centraux de l’auberge. Une fois la montée faite, le brun prit le couloir de droite et s’arrêta devant leur chambre. Insérant la clé dans le trou de serrure, et poussant la porte qui dans un grincement dévoila une chambre modeste ; deux lits adossés contre le mur en face de la porte d’entrée, une table de chevet pour chaque lit avec une table en son centre et deux chaises. White entra le premier et observa le lieu en question. Il se dirigea ensuite vers un des lits et posa son sac dessus. Quelle charmante chambre pensa-t-il. Ici au moins, il dormira mieux qu’à la belle étoile ! Fouillant dans la poche avant de son sac, il en sortit une Ball et dans un éclair blanc frappant le sol, Héricendre, l’hérisson de feu sauta de joie de pouvoir enfin sortir. D’abord étonné de l’endroit, il scruta les alentours et une fois son observation faite, il se jeta sur les cuisses de son maître. White se déchaussa et s’assit en tailleur, Héricendre entre ses jambes et regarda Mae.

« Alors toi aussi tu commences un voyage… Tu as des projets ? Je veux dire, tu as un objectif ? Moi, j’aimerais devenir un grand dresseur Pokémon… Mais pour le moment, je ne suis que novice. »

White rigola en prononçant ses mots. Un rêve enfantin certes, mais une grande aventure s’annonçait et ça, ça l’excitait. Rencontrer des nouvelles têtes, de nouveaux Pokémons… L’aventure était en soi une chose merveilleuse. Tout en disant cela, il caressa la tête de son Héricendre… L’aventure… Une grande chose enfantine…

[Invité]

Comme escompter par le jeune homme aux yeux fuyants, ce fût White qui prit les devants et le précéda dans l’auberge pour faire la réservation d’une chambre. Heureusement qu’il était dans l’ombre, ainsi personne ne vit le teint rouge pivoine que prit la peau de ses joues en imaginant mille et unes façons possibles de voir en cette simple déclaration matière à être gêné. Mais White précisa bien vite qu’il désirait une chambre avec deux lits. Ouf, pensa le blondinet en sentant son cœur cesser de battre la chamade, sans pour autant se calmer complètement. L’état dans lequel il se trouvait depuis leur rencontre aux pieds des arbres commençait à être pesant pour Mae, qui ne se fit absolument pas prier pour suivre le brun à travers l’auberge en direction de leur chambre.
Celle-ci était toute simple, d’un dénuement propre à qui vivait dans la campagne de Terros. Les meubles les plus utiles, une table et deux chaises, utiles au bavardage et à d’autres travaux… Le garçon pensa à ce titre qu’il devrait vérifier ne pas avoir abîmé ses vêtements en tombant. Et si jamais il y avait un trou derrière ? Sans aucune raison apparente à son colocataire d’infortune, Mae se remit à rougir en détournant le regard d’une chose qui n’existait que dans sa tête.

White avait laissé son Hericendre sortir de sa prison magique pour partager son repos dans la chambre. Mae hésita à en faire de même avec Fraptout, puis il se ravisa : en intérieur, le Nidoran faisait autant de ravages qu’en extérieur, ce qui aurait eu pour seul effet de faire se répandre son dresseur en excuses pour le bruit, les meubles abîmés, et tout ce que son jeune ami pouvait faire comme bêtises.
Lentement, Mae se dirigea vers le lit libre. Tout ceci l’épuisait plus surement qu’une course à travers la forêt. Il s’assit donc comme White, non sans avoir dégrafé l’attaque du fourreau de son épée dorsale. Il laissa celle-ci posée contre le rebord de son lit, et continua à se mettre à l’aise, tandis que White l’interrogeait, pour continuer cette lente mais unique conversation sur laquelle Mae arrivait à aligner plus de deux mots sans en tomber raide de timidité.
- Un grand dresseur de Pokémon… répéta-t-il à mi-voix, les yeux baissés, avant de répondre. Moi… Je n’ai pas d’objectifs de ce genre, je crois. Enfin si j’en ai un mais c’est… enfin ce n’est pas, vraiment, un objectif.
Il aperçu que ce qu’il essayait de dire n’était pas bien clair à exprimer. Personne ne lui avait jamais demandé de l’exprimer aussi. Dans son esprit comme dans son cœur, l’entreprise en question était limpide, mais la traduire avec des mots semblait lui donner une dimension bizarre, comme si cela réduisait son importance, et Mae pinça les lèvres, en retirant son écharpe noire, avant de s’apercevoir de son geste. Imberbe, sa peau nue dans son cou et au-dessus de son torse ressortait affreusement bien dans l’obscurité. On aurait pu comparer Mae à une jeune fille chaste, qui n’ignorait pas ces choses qui le faisaient rougir mais n’en savait pas plus non-plus.

Puis il se rappela qu’il était avec un homme, son ainé de bien des printemps sans doute, et qu’il devait avoir l’air pitoyable à se tortiller ainsi. Aussi prit-il une grande inspiration, releva-t-il la tête, et lui répondit sans le regarder mais en laissant cette fois ses yeux vagabonder vers un idéal au-delà de ce lieu, et peut être même de ce pays.
- Je veux trouver un endroit, où je me sente à ma place. Un endroit où je serais vraiment utile, où toutes mes, aptitudes serviront… Mais il n’alla pas plus loin, en se rendant compte que certaines choses étaient bien trop personnelles pour en faire part devant un ressortissant de Flamen.
Tandis qu’il parlait, une étincelle s’était allumée dans le regard du blondinet, ce qui lui avait donné l’espace d’un instant, l’air bien plus âgé qu’il ne l’était. Mais maintenant que le silence retombait, avec lui la timidité revenait et il se mura à nouveau dans un mutisme maladif, ses yeux verts de nouveau baissés, affairé à délasser ses bottes…

[White Tama]

Une fenêtre donnait sur la ville Kabana. Mouvementée par les passages fréquents des gens, White porta son regard dessus. Une ville dans les arbres. Quelle étrange idée et quel concept révolutionnaire ! En partant en voyage, il ne pensait pas voir une chose pareil, pour lui, les hommes devaient rester sur la terre ferme, que les arbres et le Ciel étaient réservés aux ailés. Finalement, était-ce une vision égoïste de la part des humains que ne pas pouvoir voler ? Chaque être humain aimerait voler comme les oiseaux, une expérience unique à vivre à tout prix. Mais de là à construire une telle ville dans des arbres… n’avaient-ils pas peur de mettre le Ciel en colère en défiant ses Lois ? Etrangement, White ne se sentait plus aussi bien qu’avant. Il avait envie de redescendre, il ne trouvera pas le repos qu’il espérait ici. Cette atmosphère de supériorité le dégoutait tout d’un coup. Son cœur se resserrait, il avait mal au ventre. Non, il n’avait pas faim, il voulait juste retourner sur la terre ferme. Et si une tempête se préparait au loin ? Si jamais les arbres tanguaient ? Comment les gens font-ils pour rester aussi serein ? Le brun ne comprenait pas… Et ne veut pas comprendre. Dès demain, il partira.

Sentant que son maître était différent d’habitude, Héricendre redressa sa frimousse et regarda White qui avait baissé la tête. Les yeux fermés, la main gauche posée au niveau de son cœur, le dresseur respirait par la bouche. Cette atmosphère l’angoissait. Il avait peur. Le petit hérisson de feu se retourna et se colla contre le ventre de son maître comme pour tenter de le calmer. Heureusement, il n’était pas seul et ce contact le « réveilla ». Et c’est là qu’en profita Mae pour le répondre. Il n’était pas seul, il devait se montrer fort devant son cadet. Ce n’était pas une poule mouillée quand même… Mais bon… Le brun redressa sa tête et le regarda ; le blondinet avait posé ses affaires. « Moi… Je n’ai pas d’objectifs. » Le brun redressa sa tête et tenta d’afficher un sourire pour non seulement se calmer et pour permettre au jeune homme l’accompagnant dans cette soirée à se décontracter. Après tout, il lui proposait une chambre bon avec deux lits mais quand même… Peut-être que Mae dormira avec son épée, par peur de se faire violer. Non non ! Il ne devait pas penser à ça ! C’est ignoble. Il continua sur sa lancée mais bizarrement, quelque chose le gêner dans ce qu’il disait. Une fois qu’il termina, il ôta son écharpe imposante. Peut-être que White était allé trop loin en lui posant des questions aussi personnelles. Il devait se calmer, reprendre contrôle de lui-même et ne pas être aussi curieux. Il va s’attirer des ennuis s’il continue ainsi, ça c’est sûr ! Pendant que Mae prenait son temps pour se mettre le plus possible à l’aise, White eut une vision. Non, quand même pas ? Pendant un moment, il s’était demandé si Mae n’était pas une fille ? Cette soudaine timidité, cette peau fraichement dévêtue, les gestes qu’il adoptait… Non, Mae était un garçon, ça s’entendait avec sa voix qui était un peu plus grave quand même qu’une fillette. Mais qu’est-ce qu’il se passait dans la petite tête du dresseur ?! Il divaguait là ! Il secoua sa tête pour reprendre ses esprits. En effet, cette nuit ne sera pas de tout repos…

White baissa ses yeux et caressa la tête de son Pokémon, toujours collé contre lui. Mae, d’une profonde timidité s’exclama ; il cherchait un lieu où il se sentirait à sa place, utile… Un tel endroit pouvait-il exister ? Pour White, c’était son ancienne ferme, sa maison mais maintenant, elle était abandonnée. Sa mère morte, son père en cavale, il n’avait plus d’endroit. Sa seule maison c’était le monde. Lui aussi était-il en cavale ? C’est étrange, ça semblait si loin maintenant et pourtant il s’en souvenait comme si c’était hier. Non, ça faisait un moment qu’il voyageait. Mais seul, c’était récent. White soupira longuement. Il était fatigué, épuisé. Son mental en prenait un coup, il avait besoin de se changer les idées…

Toc toc toc. Quelqu’un frappa à la porte. La tête vivement redressée, White prit son Héricendre sous ses pattes avant et le posa à côté de lui. C’était sûrement l’aubergiste, il venait les prévenir que le repas était fin prêt. Le brun s’empressa d’aller lui ouvrir par politesse et lui adressa la parole. Il le remercia puis il s’adressa à Mae, une fois que l’aubergiste quitta le palier de la porte ;

« Le repas est prêt. » dit-il avec le sourire.

White s’approcha de son lit et prit son Pokémon dans ses bras. Il comptait bien le faire descendre pour qu’il puisse lui aussi se rassasier. Jamais il ne l’avait laissé seul dans une pièce ou bien dans sa Ball aussi loin de lui. Et qu’importe ce que diront les autres personnes. Un bon dresseur est quelqu’un qui sait contrôler son Pokémon. Héricendre resta sage. Mais par précaution, le dresseur prit sa Ball qu’il mit dans son sac. Le passant au-dessus d’une épaule, il s’approcha de la porte et l’ouvrit ;

« Allons-y. »

Il sortit le premier puis il fut suivit de Mae. Etant l’aîné, il gardera la clef de leur chambre. Il la rangea dans sa poche et passa son bras sous le corps d’Héricendre puis il prit le chemin de la cuisine. Il fallait descendre les escaliers précédemment montés et se diriger vers la salle située à gauche du guichet, dans le hall d’entrée. Une salle commune pour les étrangers, une salle à part pour les cuisiniers. White préféra prendre une table dans un coin, loin du regard des autres car même s’il tenait fermement son Pokémon, ceux des voyageurs présents le regardaient avec mépris. Oui, certains avaient eux aussi l’idée de les faire sortir. White n’y prit pas attention et se dirigea vers la table qui comportaient quatre chaises. Il s’y installa et posa son Pokémon sur la chaise à côté de lui, côté mur. Une personne s’approcha d’eux et leur présenta des cartes puis elle les laissa choisir. White n’avait pas très faim ce soir… Aussi il prendra seulement un morceau de viande et quelques légumes en accompagnement. Il avait plus envie de dormir que de manger…

[Invité]

White ne répondit rien aux propos du blondinet, comme lui-même n’avait d’ailleurs rien répondu. Disons qu’il devait s’agir d’une reconnaissance mutuelle de jeunes hommes en route vers leurs destins ? C’était un peu romantique comme façon de percevoir l’avenir, surtout dans une chambre à couché. Non mais attend, ça vient faire quoi dans l’histoire ?! Mae secoua la tête une nouvelle fois, et fût sauvé par quelques coups portés à la porte de leur chambre. Pour White aussi ce dût être une délivrance car il se jeta presque sur l’occasion de se déplacer un peu dans la pièce. Ce devait être le genre de personne à ne pas savoir rester calme, immobile, sans plus avoir à rien faire d’autre qu’à ne plus bouger. Une fois la poigné tournée, Mae tendit discrètement l’oreille pour entendre quelques mots rapides échangés par les deux protagonistes de la discussion, où il était question d’un repas à aller prendre. Bien que cela soit inutile, son compagnon de chambré se retourna vers lui et lui répéta ce que venait de lui dire l’aubergiste.

Mae ne lui rendit qu’un petit sourire timide et se leva d’un bond sur ses pieds pour s’étirer un peu avant de se préparer à descendre. Une question lui traversa l’esprit : allaient-ils manger en tête à tête ?... Fort heureusement, soit le brun lisait dans les pensées, soit le hasard faisait bien les choses car il décida d’emmener son Pokémon avec eux pour le souper. Pas une riche idée, mais Mae se retint de tout commentaire. Pour sa part il délaissa son arme, et son écharpe, et descendit à la suite de son compagnon, sa Pokéball à la ceinture. White conserva leur unique clé de chambre mais cela ne dérangea pas outre mesure le blondinet. Il lui fallu assez de volonté pour ne pas remettre ceci en question. Au bout d’un moment, voir le mal partout avait quelque chose de fatiguant, non ?

Les deux jeunes gens descendirent donc au rez-de-chaussée de l’auberge et allèrent quérir une table dans la grande salle prévue à cet effet. Il y avait de nombreux clients mais bien des tables étaient encore libres. White choisit pour lui et se dirigea vers le fond de la salle, dans un coin où se trouvait une table pour quatre personnes. Peut être parce qu’il avait son Pokémon avec lui, on ne les empêcha pas de réquisitionner cette table prévue pour un plus grand groupe. White s’installa et posa son Pokémon sur une chaise à côté de lui. Mae se plaça devant lui et remercia d’une petite voix le serveur qui leur apporta le menu. Après une telle journée, et un repas frugal le midi, constitué de quelques fruits et de baies, Mae était affamé. Passant avec dégoût sur le plat de viande à base de Pokémon, il trouva quelques plats à la viande animale, bien plus rare.

- Je vais prendre… un lapin au riz et aux oignons, avec des épices. Répondit-il au serveur lorsqu’il revint prendre leur commande. White de son côté prit un autre plat de viande mais Mae n’entendit pas duquel il s’agissait.
Le silence retomba sur eux. Le jeune garçon avait les mains posées sur les genoux, renfoncé dans son siège, attendant que quelque chose se passe et fuyant le regard du brun pour observer la salle. Les clients leur jetaient des regards noirs, lorsqu’il croisait leurs regards. La rumeur de la présence d’un Pokémon feu s’était vite épanouie comme la fleur d’une mauvaise herbe, dont les racines étaient trop tenaces pour être arrachées. N’en était-il pas lui aussi victime du même coup ? Le silence dura jusqu’à l’arrivé de leurs commandes. Ils remercièrent le serveur, et attaquèrent leur diner non sans que Mae ait lancé par habitude une formule de politesse à son camarade.
- Bonne appétit. Dit-il en commença à piquer du bout de ses couverts en bois son repas.

[White Tama]

L’atmosphère s’était soudainement refroidie, une ambiance non chaleureuse émana dans la salle de réception. Des regards fusèrent dans la direction des deux jeunes gens qui commençaient à manger dans le calme. Le serveur les avaient servi normalement, dans le silence mais aimablement. White avait donné un morceau de pain à son Pokémon –il n’aimait pas trop la viande, cela lui rappelant ses semblables- et calmement, il mangea. Il n’y avait aucun problème, juste le silence qui commençait à s’installer dans la salle. Quelques personnes murmuraient, des gens qui au début parlaient normalement mais quelqu’un en voulait au jeune dresseur. Une terrible haine peut-être à cause de la présence d’un Pokémon feu. Le brun coupa sa viande et l’apporta à sa bouche, il mâcha doucement mais ne regarda pas autre chose que son assiette. Lorsque Mae s’était exclamé pour lui souhaiter un « Bon appétit », il avait seulement sourit par courtoisie. Il avait peur qu’en prononçant ne serait-ce qu’un murmure, les hommes au fond ne se lèvent et le menacent. Ils avaient peur qu’il ordonne à son Héricendre de brûler toute la ville. Mais contrairement aux autres dresseurs, White était prêt à intervenir si jamais –si jamais- son Pokémon prenait le dessus et s’apprêterait à tout brûler. Sa pokéball non loin de sa main gauche, logée dans sa poche, White sera prêt à le rappeler. Mais ça, rien ne se passera de tel.

Que s’était-il passé dans ce village pour que les villageois aient aussi peur d’un Pokémon feu ? Un récent incendie ou bien un évènement ancien ? Si c’était le premier cas, le dresseur n’avait rien fait pour empêcher cela ou bien son Pokémon n’était pas assez bien dressé, le dresseur avait perdu le contrôle de sa créature. Mais vu le gabarie d’Héricendre, il ne pourra rien faire d’extraordinaire, il avait encore du mal à utiliser la capacité « flammèches » alors, ce ne sera pas demain qu’il y aura un incendie ! D’ailleurs, une fois qu’ils en auront fini de ce village étrange et hostile, il ira dans un endroit sûr pour entraîner son Pokémon à maitriser des capacités feu. Tout en pensant à cela, White avait cessé de manger et, un coude posé sur la table et la gauche plongée dans la paume de sa main, il regarda son Pokémon qui se régalait avec un morceau de pain. Tout allait bien… pour le moment.

« Hey gamin… »

White tourna sa tête et tomba sur deux hommes, d’âge mûr et possédant tous les deux un Pokémon. C’était un Grahyena et un Lineon. Les deux Pokémons montrèrent leurs crocs. De la bave en coulait tellement ils salivaient à l’idée de se jeter sur la viande des deux jeunes gens mais bien sûr, ils attendaient que leurs dresseurs leurs donnent l’ordre. Vu l’intonation, White sut qu’ils s’adressaient à lui et non à Mae. Innocent comme il est. C’était à cause du Pokémon feu juste à côté qui semblait les déranger. Héricendre avait cessé de manger son pain et se tourna vers les deux Pokémons, tremblant. Il émit des gémissements de peur, et doucement, il s’approcha de son maître, le serrant contre lui. White ne laissa pas échapper son dégoût pour ces deux hommes de les avoir dérangés alors qu’ils ne faisaient que manger. Un des deux hommes s’approcha plus du dresseur ;

« Rappelle ton Pokémon. Sa présence gêne les gens de la salle. Ordonna-t-il.

- Sa présence ne gêne que vous, visiblement. »

White désigna d’autres personnes dans la salle qui en les regardant, s’interrogeaient. En effet, si jamais cela les dérangeait à ce point qu’un Pokémon feu soit dans la salle, ils seraient venus le voir et lui auraient demandé de le rappeler. Mais les deux hommes ne l’entendaient pas de cette oreille et semblaient insister dessus. Lançant leurs regards terrifiants et semble-t-il menaçants, White soupira et haussa les épaules. Il aurait aimé les remettre à leur place mais devant toutes ses personnes, et même devant Mae, cela semblait stupide. Il préféra rester discret et sur ce, il posa sa fourchette. Héricendre regarda son maître faire. White réfléchit pendant un petit instant ; s’il choisissait de sortir, les autres le rejoindront pour le remettre à sa place par la « baston » et ça, il ne connaissait pas. Mais il n’avait pas trop envie de laisser son assiette remplie. Tant pis, la meilleure planque était encore leur chambre mais le laisseront-ils y aller sans embrouille ? Héricendre se re-colla contre son maître ; il n’avait pas envie de partir, il se régalait.

« Assez ! Pas de ça dans mon auberge !! »

L’aubergiste de tout à l’heure, ce vieil homme plein de sagesse et de bons sens s’approcha du groupe, agitant ses bras en l’air. Il s’interposa entre les deux hommes et les deux jeunes gens à table et leur cria dessus qu’il ne tolérait aucun combat que ce soit entre Pokémon ou entre des humains. Du côté de White et Mae, il s’adressa sans gêne contre les « agresseurs » et leurs Pokémons qui pour le coup repartirent la queue entre les jambes. Puis il s’adressa aux deux voyageurs qu’ils pouvaient reprendre le repas convenablement et s’assurerait personnellement que ces deux « voyous » ne viendront pas les importuner pendant et après le repas mais aussi pendant leur séjour dans l’auberge. White le remercia et une fois l’aubergiste rassurant la foule et retournant à ses fourneaux, Héricendre se détacha de son maître et repris son morceau de pain.

« Excuse-moi de cette petite distraction. J’ignorais que cela irait jusque là… Reprenons. » s’adressa-t-il à Mae avec le sourire.

White avait de nouveau de l’appétit et aussitôt, il reprit ses couverts et continua son repas. Non mais quelle histoire de fou, ne pouvait-on pas manger tranquillement sans qu’on soit gêné ? Décidément, Kabana était bien une ville étrange et pour le jeune homme, peu accueillante. Lorsque le repas fut fini, White s’empressa d’aller remercier l’aubergiste encore une fois et s’excusa pour la gêne occasionnée. Puis, une fois ce geste fait, il se dirigea vers les chambres. La fatigue l’avait vite gagné. Une bonne nuit dans un bon lit bien moelleux l’enchantait guère plus que de dormir à la belle étoile, comme à son habitude…

[Invité]

Mae dinait déjà depuis quelques minutes lorsqu’il vit deux ombres se dresser près de leur table. Naïf, il avait espéré qu’en mangeant silencieusement avec White, personne ne viendraient les importuner mais le blondinet savait par expérience que les gens de Terros avaient en eux une certaine, rancœur, à l’encontre de Flamen et préféraient plus que tout qu’aucun de leurs habitants ne s’aventurent dans leurs villages et leurs maisons, toutes en bois ou presque. Aussi une part du jeune garçon, habituée aux avertissements de ses parents sur les rencontres avec des personnes des autres contrées, comprit le geste des deux hommes comme quelque chose de tout à fait normal. Pas d’étranger ici, et surtout pas un sale dresseur de Flamen. Le regard de l’homme qui prit la parole criait ce message mais White apparemment n’avait pas envie d’obéir. Mae aurait pu prendre son parti, mais ce n’était pas dans son intérêt et lâchement, il se demandait si, en cas de problème, on l’oublierait, timide qu’il était.

Quand aux deux Pokémons qui les accompagnaient, ma foi, ils désignaient plus leurs agresseurs comme des chasseurs ou des gardiens de troupeaux que comme de véritables menaces. Oui, sauf qu’aussi haut au-dessus du sol, Mae ne pouvait pas compter sur la magie tellurique pour se protéger. Juste Fraptout et son épée qui n’était même pas dans son dos. Aïe. Mae croisa simplement les doigts, les yeux baissés sur son assiette. Les mouvements de son poignet pour saisir la nourriture qui s’y trouvaient cessèrent lorsqu’un silence s’installa, après la réponse provocante de son voisin de table. Heureusement, l’aubergiste ne tenait pas à voir un combat se déclencher ici, et il intervint, à contrecœur. Détail que White ne sut pas déceler dans l’attitude du bonhomme. Mais la tempête avait été repoussée, voilà tout ce qu’ils pouvaient se dire pour le moment. Avec appétit, White se remit à diner, et Mae l’imita, avec moins d’entrain cependant. Le regard du blondinet allait parfois de lui, à son Pokémon, et aux regards qu’il surprenait encore dans la salle. La question du brun n’était pas restée sans réponse : aux regards mauvais qu’ils leur jetaient, nombre de convives partageaient le sentiment des deux hommes qui étaient venu lui demander de rappeler son Pokémon. Mais aucun ne voulait créer de scandale, aussi se taisaient-ils, et murmuraient-ils entre eux, pour le moment.

Le garçon rendit un sourire à White, puis termina son repas, de même que son collègue, qui après celui-ci alla remercier le patron de l’établissement d’être intervenue. Mae n’entendit pas ce qu’ils se dirent, mais il savait à son regard que l’homme un peu bourru aurait tout de même apprécié de n’avoir pas à intervenir. Mais pouvait-on reprocher à la jeunesse son manque de sagesse et de discernement ? Une question sans réponse, encore une. Les deux jeunes gens remontèrent dans leur chambre. Une fois dans celle-ci, Mae se permit alors de faire sortir son Nidoran de sa Pokéball. Le petit Pokémon cornu, après avoir secoué la tête, s’était tout de suite émerveillé d’être à nouveau un peu libre. Mae préférait lui donner l’occasion de s’endormir à l’air libre qu’enfermé dans sa ball. C’était plus amical, non ?
- Tu ne devrais pas… commença brusquement le jeune homme. … trop t’attarder à Kabana. Et ne pas trop exhiber tes Pokémons feu dans le pays. Les gens d’ici, et d’ailleurs, ont un rapport particulier au feu… sa voix se fit plus distante et finalement il n’ajouta rien. Là était le seul avertissement qu’il pouvait formuler clairement à son compagnon de chambrée.
- Bonne nuit White. Acheva-t-il.

[White Tama]

Le repas avait été un vrai fiasco. White n’aurait voulu qu’une telle chose ne se produise. Malheureusement, on lui cherchait toujours des noises. Pourquoi les Terrossiens en voulaient-ils à ce point au Flamenois ? C’était-il passé une Guerre dans l’Ancien temps ? Ou bien était-ce seulement la présence d’un petit et innocent Pokémon feu ? Sûrement la deuxième option mais quand même ! White est un dresseur, il sait contrôler sa créature ! Quelle ville de barbares ! Plus jamais il ne remettra les pieds à Kabana. Ca jamais ! Lui qui pensait pouvoir se reposer, reprendre des forces, alors là, c’était foutu ! Maintenant, il aura pleins de remords, il s’en voudra d’avoir laissé son Pokémon sortir de sa ball pour le repas. Mais le mal était fait, mieux vaut ne plus y penser. D’ailleurs, c’est ce que White fit après une bonne inspiration. C’était du passé. Les deux comparses rejoignirent leur chambre, toujours dans le même état qu’à leur sortir pour souper. La nuit s’était installée, aussi White s’empressa d’aller allumer une bougie avec le matériel nécessaire qui était posé sur la table, au centre de la salle. Elle n’éclairait pas grand-chose mais c’était suffisant pour se repérer. Héricendre s’approcha du lit et sauta dessus. Se mettant en boule sur le côté mur du lit, il s’endormit, calmement. Cette agitation l’avait bouleversé, il s’était senti menacé et son rythme cardiaque s’était accéléré plus qu’à la normale, qu’il n’avait pas l’habitude d’avoir. Mae s’adressa, rejetant alors sa timidité ; « Tu ne devrais pas… trop t’attarder à Kabana. Et ne pas trop exhiber tes Pokémons feu dans le pays. Les gens d’ici, et d’ailleurs, ont un rapport particulier au feu… ». White se tourna vers lui et sur sa lancée, il lâcha « Bonne nuit » suivi de son prénom. Il avait raison. En fait, depuis que le brun était dans ce village, il n’avait qu’une idée en tête, partir. Dès que cet homme qui avait agressé Mae avait posé le regard sur lui, il savait qu’il n’aurait jamais du venir dans ce village. Et plus jamais il remettra les pieds dedans. Car dès demain…

« Tu as raison. » lâcha-t-il en fermant les yeux. « Je compte partir de ce village dès demain matin. Pourras-tu me montrer le chemin pour la capitale ou du moins un chemin pour quitter le village le plus rapidement possible ? » regarda-t-il Mae avec un léger rire.

C’est sur cette conversation que White commença à se dévêtir pour être le plus à l’aise dans le lit. Aussi prit-il la bougie et l’apporta sur la petite table de chevet se trouvant juste à côté de son lit. Il la posa dessus et s’assit sur son lit dont il retira la couverture pour se faufiler à son tour dedans. Héricendre sortit sa petite frimousse et se remit en boule à côté de lui et reprit son sommeil. Oui, car dès demain, il continuera son voyage. White souffla sur la bougie et ainsi permit à l’obscurité de gagner toute la chambre. Plongé dans le noir, avec pour seule lumière les rayons Lunaires. Allongé sur le dos, White ferma ses yeux ;

« Bonne nuit Mae. »

Sur ces mots, le silence s’installa…


~ Kabana et sa matinée solaire

Les premières lueurs s’installèrent dans la chambre ; n’ayant pas de rideaux ou même de volets, elles enveloppèrent la pièce d’une chaleur agréable et douce pour un réveil. Les premiers levés s’étaient déjà mis au travail, dehors on pouvait entendre des gens parlaient de tout et de rien. De la prochaine moisson ou des intempéries prévues sur le village. White, réveillé depuis bien longtemps, toujours allongé sur le dos, écouta attentivement. Il ne trouva plus le sommeil et ne cessait de repenser à ce qu’il s’était passé hier. Ca ne servait à rien de se morfondre comme ça. Il le savait mais étrangement, impossible pour lui de s’en défaire. Ca le rongeait au niveau du ventre, il en avait mal. Les douleurs de l’amertume et de l’humiliation. Pourtant, il allait en connaître d’autres… Se résignant à penser à autre chose qu’à ça, il se leva et se rhabilla convenablement pour aller chercher des petits pains et autres gourmandises en bas pour le petit déjeuner. Aussi, préféra-t-il manger dans la chambre qu’en bas –pour si jamais les autres lascars revenaient l’embêter. Le tout enveloppé dans un petit chiffon, il remonta dans la chambre, prenant soin de ne pas faire de bruits pour réveiller Mae. White posa le tout sur la table et s’approcha à pas de loup de la salle de bain. Un bon bain l’attendait ! Il s’y engouffra et souffla enfin de prendre du bon temps. Héricendre l’avait rejoint et assis par terre, il joua avec une petite serviette mouillée. Une serviette pliée en deux sur sa tête, White glissa lentement dans le bain tout en réfléchissant à sa prochaine destinée.

Devait-il aller à la Capitale de Terros ou bien la contourner ? Peut-être qu’il pourra y aller une prochaine fois. Et si les gens avaient la même mentalité qu’ici ? Rah. Rien qu’en pensant à ça, il sombra entièrement dans l’eau chaude. C’était idiot, il devra garder son Pokémon dans sa Ball. Finalement, c’était White le fautif. Il aurait du faire comme Mae et garder sa créature enfermée dedans… Enfermer… Ce verbe lui semblait bien horrible. Il aurait du faire comme lui, cette soirée stupide ne se serait pas produite et tout irait bien… Dorénavant, il devra faire plus attention. Il était dresseur, son devoir était de bien contrôler son Pokémon et pour commencer, ne pas nuire aux autres. Tant pis, Héricendre devra apprendre à rester sagement dedans. Décidé, White sortit sa tête de l’eau, râlant car l’eau l’avait légèrement ébouillanté. Rien de grave mais maintenant, il était tout rouge. Une fois le bain terminé, il se sécha et s’habilla. Lorsqu’il rejoignit la chambre, le chiffon à carreaux rouges était encore noué…

« Bonjour Mae. » s’adressa-t-il en allant s’assoir sur une des chaises au centre. « Je ferais plus attention dorénavant concernant mon Pokémon. Tes mots ont été durs mais tu avais raison. »

White posa ses coudes sur la table et défit le nœud pour dévoiler des petits pains légèrement dorés sur le dessus et autres viennoiseries croustillantes, et de sa main gauche, il l’invita à s’assoir en face de lui afin de déjeuner.

[Invité]

Mae mit un moment à trouver le sommeil, malgré la fatigue qui le gagnait, en regard des évènements de la journée passée. Cela faisait beaucoup pour ses jeunes épaules inexpérimentées. Mais cela signifiait aussi qu’à chacun des journées qu’il passait, il décollait, un peu plus, vers un âge d’homme véritable. Si le sommeil mettait un temps à venir, c’était sans doute parce que son compagnon de chambré, à l’instar de ses amis d’enfance, était un parfait inconnu avec lequel il n’avait pas grandit, et que de le savoir en train de se mettre à l’aise pour la nuit à deux mètres de lui le plongeait dans un certain embarra. Sans s’en rendre compte, ses bras se resserrèrent sur les draps qui le couvraient, et son souffle s’accéléra.
Puis enfin, la lumière cessa, brusquement, signe que le brun avait décidé de dormir à son tour. A partir de là, la tête posant sur son oreiller de plumes, le blondinet ne pût guère résister à la simple envie de dormir. Il ne sut pas quand il s’endormait, et plongeait dans un sommeil sans rêves ni cauchemars.

Le réveil ce fît en douceur.
Les bruits de pas d’un homme dans le couloir. La porte qui s’ouvre et se referme. L’odeur du pain chaud. Cela le tira de sa torpeur, mais ne lui donna pas plus que ça l’envie de bouger. White s’en alla prendre un bain. Mae, en tendant son oreille, pouvait entendre ses ablutions. D’une main, le jeune homme vint frotter ses yeux endoloris avant de chercher à les rouvrir. Il savait que la pièce était illuminée à présent par la lumière du jour, grise encore et diffuse. Il ne tenait pas à s’aveugler.
Lorsqu’il décida de se redresser, White sortit de la salle de bain. Comme pour préserver cette intimité, ils ne se regardèrent par pour le moment et le jeune garçon l’en remercia. Vite habillé, il se tourna alors vers le brun, qui s’était installé à la table de leur chambre. Le petit déjeuner qu’il avait rapporté des cuisines sentait à présent encore meilleur. D’un geste de la main, le dresseur invita son vis-à-vis à s’installer. Ce que Mae fît, non sans répondre à sa politesse.
- Bonjour White. Dit-il à mi-voix, mais en souriant. Il ne répondit pas à ce qu’il venait de déclarer, mais en s’installant, il lui fit tout de même part des informations dont il disposait, en gros. Le village d’où je viens se trouve au nord-ouest, dans les collines au-delà de la forêt. La capitale, se trouve totalement à l’ouest mais, je n’en sais pas plus, pour n’y être jamais allé. N’hésite pas à demander ton chemin…
Mais il ne précisa pas qu’on risquait de l’envoyer dans les roses, à cause de la soirée d’hier. Mais mieux valait nourrir de l’espoir que du désespoir, non ?

Ils petit-déjeunèrent donc en silence, en faisant quelques remarques sur la qualité du service, des pains qu’ils dégustaient, et sur le temps qui ne semblait pas s’arranger. Lorsqu’ils eurent fais leurs affaires, payé l’aubergiste, et prit la direction des monte-charges, Mae se contenta d’attendre que l’un d’eux vienne chercher son camarade. Lui-même avait encore des choses à faire à Kabana. Aussi lorsque ce fût à son tour de partir, le blondinet tendit de lui-même sa main au brun, qui la saisit évidement.
- Bonne chance White de Flamen, à une prochaine fois.

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