[ Clos ] La -trop- grosse cité ! [PV Abigaël]

[Bahia Nur]

-‘ Tro… trop de …. De… monde. ‘

Rubis releva la tête, débitée. Sa dresseuse était cachée derrière un cerisier, observant passer les gens avec une certaine crainte. Bahia tremblait un peu et ferma les yeux, tentant de se calmer. Elle avait promis au Ténéfix qu’ils feraient un arrêt par la ville. Et puis, ils passaient juste à côté, il aurait été dommage de ne pas y faire une pause. Seulement la dresseuse ne croyait pas qu’il y aurait autant de personnes, cette ville était aussi grosse qu’Omatsu. Bahia ouvrit les yeux et Rubis lui prit sa main, la tirant un peu pour la faire avancer. Au fond, de quoi avait-elle peur ? À Omatsu elle se promenait souvent. Cela lui avait pris quelques semaines avant de se sentir assez à l’aise pour parcourir la ville où elle avait passée toute sa vie, au fond c’était la même chose ici. Marchant doucement, elle observait surtout le sol, évitant le regard des gens intrigués par le duo. Elle laissait Rubis prendre les commandes comme d’habitude, tout du moins le temps de se sentir un peu plus à l’aise. Le spectre cherchait quelque chose en particulier, mais il était petit et la ville était immense. Il savait que demander à un citoyen serait plus rapide que de tourner en rond pendant des heures, mais il savait bien que Bahia ne voudrait pas parler à un inconnu dans cet état, même si ça ne prendrait moins d’une minute. Il lui demanda donc de s’arrêter et de lui donner son sac, pour qu’il puisse y trouver un bout de papier et un peu d’encre. Il écrivit rapidement et rassura Bahia en lui disant qu’il n’irait pas très loin, pas assez pour qu’elle ne le voit plus. En fait il eut de la chance, un groupe de jeunes maitres de la terre passa par là et l’un d’entre eux fut assez intriguez par le Pokémon pour prendre le papier qu’il lui tentait. Stupéfait, il releva la tête vers le Ténéfix.

-‘ C’est toi qui as écrit ça ? Impressionnant. L’arène Pokémon n’est pas très loin, continue tout droit et tu le verras à ta gauche après un moment. ‘

Lui faisait un signe de la main pour le remercier, Rubis retourna auprès de sa dresseuse qui était resté à l’écart. Celle-ci semblait déjà un peu mieux, elle osait regarder le paysage de petits coups d’œil nerveux, redescendant lorsque des personnes passaient près d’elle. Il tendit sa main et elle se laissa emporter, ne sachant pas vraiment où ils allaient. Bahia savait simplement que Rubis voulait s’entrainer encore un peu et connaissait un endroit où ils pourraient arrêter un moment pour cela. Ils n’étaient pas très loin finalement, après quelques minutes Rubis reconnu l’endroit. Il y avait déjà été avec son ancien dresseur mais ne se souvenait plus du chemin pour s’y rendre. Il savait qu’à cet endroit se trouvait une forte concentration de dresseurs et d’élémental, qui s’entrainaient. Il y avait aussi le champion de l’arène qu’il avait battu par le passé, mais Rubis savait bien qu’il n’avait plus le niveau pour se battre contre lui. Il venait seulement ici pour les dresseurs qui s’entrainaient à l’extérieur de son arène après avoir perdu contre lui, défiant à tout va ceux qui passaient par là. Rubis cachait une autre motivation, il voulait réapprendre une attaque qu’il avait maitrisé il y a bien longtemps. En combattant contre les bandits lors de sa mission avec les caravanes, il s’était rendu compte qu’il ne la maitrisait plus. Mitra-poing était une attaque puissante et il ressentait le besoin de se prouver à lui-même qu’il pouvait encore l’utiliser. Il savait aussi que les maitres de la terre s’entrainaient à cet endroit pour devenir plus puissant, Bahia ne venait pas du même pays mais peut-être que de les voir faire l’aiderait à débloquer ce côté-là chez elle. Il savait qu’avant l’accident elle contrôlait bien son élément, mais après celui-ci elle avait perdu cette connexion qu’elle avait avec le feu. Depuis elle était incapable d’en produire ou de le contrôler.

Celle-ci parut un peu nerveuse en voyant l’immense arène, comprenant finalement ce que Rubis voulait faire. Bahia ne savait pas trop si elle serait à la hauteur, la majorité des dresseurs présents semblaient savoir se débrouiller, ce n’était pas son cas. Elle sentit son cœur se serrer en pensant au fait qu’elle ne servait rien, Rubis saurait se débrouiller tout seul. De toute façon, de quoi aurait-elle l’air devant les autres dresseurs ? Elle avait du mal à juste se souvenir de ses attaques. La jeune femme sentit un vent de panique au creux de son vente, jumeler à la peur de passer pour une idiote. Rubis sentit ses pensées négatives et lui serra la main, lui souriant. Lui ne la trouvait pas idiote, alors pourquoi se concentrer autant sur l’avis de parfaits inconnus ? Celle-ci lui sourit en retour et se calma un peu.

Si elle en avait été capable avant, pourquoi pas maintenant ?

-HJ- Pour l'ordre  : Bahia - Abigaël -HJ-

[Abigaël d'Alma]

Il y avait déjà quelques jours que la pluie d’étoiles filantes avait illuminé les cieux d’Erasia, créant l’émerveillement chez Anthère... Et le désarroi le plus total chez la Terrosienne, qui marchait désormais d’un bon pas à côté d’elle. Elles avaient plus ou moins décidé de faire route ensemble, puisqu’elles avaient la même destination, à savoir Seian. Si Abigaël ignorait les motivations de la Mizuhanienne, elle n’en oubliait pas moins son objectif, qui occupait désormais tout son esprit, occultant tout le reste... Y compris ses Pokémon, dont certains, un peu à la traîne, suivaient bon gré mal gré leur patronne, de loin, mais pas trop, quand même, histoire de ne pas la perdre.

Toujours aussi blasé, le Drackhaus suit Abby, pestant parfois contre ses maudites pattes, qui sont à peine plus puissantes qu’avant, mais insuffisantes pour le porter efficacement sans le fatiguer. De temps en temps, il perd patience et se met à rouler, passablement las, afin de ne pas se laisser distancer par la furie qui lui sert de dresseuse.
Tout près de lui, le beau gosse de l’équipe, Hagane, lévite silencieusement, comme d’habitude, accélérant quand Uramu décide de piquer un mini sprint. Il a l’air complètement fermé, le visage impassible, et il fixe Abby comme si elle était sa seule lumière dans les ténèbres qui l’habitent. Rien que ça, c’est un peu dément, comme cheminement de pensée : elle qui n’attire que les choses noires, néfastes et mal-aimées... La qualifier de lueur, c’est juste à la limite de la folie. Antithétique, même. Mais bon, après tout, ni le Dragon blanc et sphérique, ni le crotale enroulé autour du cou du Cizayox ne sont aptes à juger le ninja rouge. Eux-mêmes sont déjà assez tarés pour suivre cette humaine... Alors, sans commentaires, ok ?

« On y est. »

Oui, effectivement, comme venait de le dire la poupée du duc d’Alma, le petit groupe était arrivé devant la capitale du pays de la Terre. Père ne l’y avait jamais emmenée, mais Abigaël avait entendu de sa bouche que c’était une très grande ville, avec beaucoup de gens importants, comme lui. Mais la guerrière se fichait pas mal de savoir que des personnalités de la nation s’y bousculaient, en vérité. Ce qu’elle voulait, elle, c’était Le retrouver. Mais visiblement, Anthère n’était que peu désireuse de pénétrer dans la cité, et elle décida de rester dans les environs, ce à quoi Abby haussa les épaules, puis dit, tout simplement :

« Ben, à plus tard alors. »

Sur ces paroles, elle s’enfonça dans la masse de gens qui s’agitaient dans tous les sens, les trois Pokémon qui avaient le malheur d’être hors de la Ball sur les talons (ou presque).
La guerrière avançait, droit devant elle, sans se préoccuper de ceux qu’elle bousculait, qu’elle poussait et qu’elle écartait sans ménagement de sa route, sans même s’en rendre compte. La cicatrice indolore qu’elle ouvrait dans la foule sembla s’agrandir indéfiniment, jusqu’au moment où enfin, le passage fut dégagé, ce qui eut pour effet de stopper net la jeune femme. Derrière elle, à bout de souffle, le Drackhaus la rejoignit, précédé de l’insecte à l’écharpe de serpent. Ensemble, ils observèrent l’endroit où la densité de personnes affairées et grouillantes avait diminué.

Des humains et des Pokémon s’entraînaient, ici et là, certains entre eux, d’autres contre le vide, cherchant à frapper l’espace aux alentours pour améliorer leurs techniques de combat. Si Abigaël avait été une jeune femme normale, elle aurait pu déduire, d’après la scène et le bâtiment derrière, qu’il s’agissait d’une arène Pokémon et de sa zone d’exercice. Mais évidemment, elle ignorait tout cela, et à vrai dire, elle s’en fichait pas mal. En revanche, Hagane, lui, saisit lentement l’Abo qui lui servait d’écharpe fashion, la déposa sur le dos sphérique de son compagnon draconien, puis fit quelques pas en avant. Pour une raison tout à fait mystérieuse, il avait l’air fasciné par une adolescente, qui faisait s’affronter un Feuforêve et une Nidoqueen. Elle était brune, comme... Comme Elle. Celle qui avait laissé son maître précédent mourir. Mais brusquement, le Cizayox détourna le regard, comprenant sa méprise, et poussa un grognement à la fois dépité et rageur. Sa pupille jaune croisa celle, bleutée, d’une fille qui devait avoir l’âge de la patronne, et qui tenait par la main une drôle de créature aux yeux faits de pierres précieuses. La voix de la Terrosienne, un brin railleuse, résonna alors derrière l’insecte.

« Alors quoi, Hagane, tu cherches de quoi te défouler, c’est ça ? »

La demi-sœur de la princesse de l’Eau croisa les bras sur sa poitrine, puis posa son regard de bête sur son Pokémon. Elle voulait retrouver Père, car il était son seul pilier dans la misérable existence qu’il lui avait forgée. Mais la demeure d’Alma n’était pas loin, et elle y serait en moins d’une heure, de toute manière. Et puis, le meilleur moyen d’y arriver, c’était encore de traverser la ville d’est en ouest, et c’était exactement ce qu’elle était en train de faire. Elle pouvait bien mettre dix minutes de plus ; elle avait attendu des mois, ce n’était pas ça qui allait la tuer ou y changer grand-chose. Un sourcil levé, Abigaël ne lâcha pas le Cizayox du regard, sous l’œil mi inquiet, mi amusé du Drackhaus et de l’Abo qui l’accompagnaient.

[Bahia Nur]

La panique qui grondait chez Bahia se calma peu à peu. En effet celle-ci était trop concentrée sur les Pokémons et les dresseurs, la jeune femme observait avec émerveillement ceux-ci s’entrainer. Il y avait des gens partout, la dresseuse préféra reculer un peu pour ne pas se prendre une attaque dans la figure. Il y avait peu d’espaces de libres et tous semblaient bien concentrés dans ce qu’ils faisaient, personne ne semblait avoir remarqué son arrivé. C’était tant mieux, la jeune femme le préférait ainsi. Rubis regardait lui aussi, content de voir que l’endroit n’avait pas changé du tout. Le Pokémon savait que s’il voulait s’entrainer dur ici il aurait ce qu’il voulait, certains Pokémons semblaient de très hauts niveaux et battaient les uns après les autres les autres Pokémons de dresseurs moins expérimentés, qui ressortaient de l’arène en courant pour aller les faire soigner au plus vite. Évidemment il ne voulait pas se battre contre ceux-là, il n’avait plus le niveau pour cela et Rubis savait bien que le combat durerait à peine une minute. Un séjour à l’hôpital ne lui plaisait pas, il en avait assez eu lors de la mission. Il vit d’ailleurs de loin un Raichu combattre contre un Bulbizarre, faisant remonter chez lui quelques souvenirs qu’il préférait mettre de côté. Il tourna donc son regard ailleurs, prenant la main de sa dresseuse pour la faire avancer. Il devait trouver un adversaire un peu plus à sa taille, pas trop faible ni trop fort. Il était plutôt petit et tout ce monde l’empêchait de voir loin, il tira sur la manche de Bahia et celle-ci le prit dans ses bras, lui permettant de voir un peu mieux. Il était content de voir que celle-ci n’était plus effrayée du tout, tous ces Pokémons réunis au même endroit la fascinaient tout simplement, elle en oubliait même ce pour quoi elle était venue ici.

Celle-ci continua donc sa marche entre les dresseurs et les combats, se disant que regarder l’autre faire l’aiderait peut-être. La majorité d’entre eux en savaient plus qu’elle sur les combats Pokémon, même les petits détails qui paraissaient inutiles l’intéressaient. Elle s’arrêta un moment pour observer l’un des combats et sentit un regard posé sur elle. Par instinct Bahia tourna simplement la tête vers cette présence et croisa le regard d’un Cizayox. La jeune femme soutint celui-ci un moment, se demandant pourquoi l’insecte l’observait ainsi. Il fallait avouer qu’elle n’aimait pas trop le regard de celui-ci, il ne semblait pas très amical. Celle-ci décida bêtement de se mettre à regarder ailleurs en espérant qu’il en ferait de même, sifflotant par la même occasion. Oh oui, ce combat-là semblait très intéressant. Pourquoi ne pas aller voir de plus près ? Bahia aurait bien aimé s’éloigner de l’insecte d’acier, mais Rubis en décida autrement. Alors que sa dresseuse regardait ailleurs et cherchait un endroit où aller, il avait tourné la tête vers l’insecte et avait à son tour plongé son regard dans le sien, une idée commençant à germer dans son esprit. Il ouvrit la bouche et fit une grimace au Cizayox, cherchant visiblement à attirer son attention.

La dresseuse s’en rendit compte et l’obligea à refermer sa bouche en appuyant sur son nez, paniquée de le voir faire des simagrées dans la direction de l’insecte. Elle releva la tête vers lui d’un air inquiet, se demandant si c’était le bon moment pour reculer lentement et disparaitre dans la foule. Mais Rubis était du genre bien têtu et gigota pour se défaire de sa poigne, ce qui n’était pas bien difficile vu sa force. Il tomba au sol et avant que Bahia n’est eu le temps de le reprendre, il s’était avancé vers Cizayox. Il ne savait pas trop quoi penser de lui, mais il savait que celui-ci accepterait de se battre, son regard lui donnait l’impression qu’il n’attendait que cela. Bahia grinça des dents : elle trouvait que Rubis avait des drôles de goûts dans son choix d’adversaire. Si elle se souvenait bien, il était en désavantage face à l’insecte qui avait des résistances à son type. Alors, pourquoi mettre au défi celui-ci ? Le Ténéfix lui répondit simplement que c’était un bon entrainement, un Pokémon résistant et plus rapide que lui mettrait la misère et c’était bien le but.

Celle-ci ne répondit rien en retour et chercha du regard le dresseur… ou plutôt la dresseuse du Pokémon insecte. Dès qu’elle croisa son regard à elle la jeune femme se sentit intimidée, décrochant immédiatement de celui-ci. Elle n’avait clairement pas à faire avec une débutante comme elle. Bahia ne savait pas quoi dire, devait-elle demander à la dame devant si elle voulait laisser son Pokémon combattre ? Rubis lui ne semblait ne pas vouloir le lui demander, il considérait que le Cizayox avait déjà décidé lui-même. Et puis, que faisait-il ici sinon ? Ce terrain ne servait qu’à cela. Il fixait donc le Pokémon insecte du regard, ses joyaux brillant sous le soleil.

[Abigaël d'Alma]

La pauvre fille qui semblait être la dresseuse du Ténéfix tenta de détourner le regard, cherchant à fuir l’œil impitoyable du Cizayox. Mais visiblement, son Pokémon avait décidé que cette fois, elle n’échapperait pas à ses projets... Et lorsqu’il fit une grimace à l’insecte rouge, celui-ci ouvrit un œil étonné par une telle impudence, et un tel défi. Alors quoi, il cherchait l’embrouille, celui-là ?

Derrière lui, le Dragon et le serpent se retiennent difficilement d’éclater de rire en pouffant, carrément écroulés devant la tronche que tire le truc aux yeux faits en joyaux. On voit qu’il connaît pas le caractère d’Hagane, cet énergumène... Et surtout, surtout, son humaine semble complètement paniquée à l’idée que son copain attire l’attention du ninja à force de faire l’andouille. Alors là, elle est mal barrée, avec le caractère du Cizayox, sans compter celui, dix fois pire, de la patronne. Patronne qui, d’ailleurs, jette au duo un regard sans équivoque, qui signifie clairement « vous allez la fermer avant que je vous étripe ». Même pas drôle, ils sont obligés de se taire et de regarder sans rien dire.

Les yeux de bête d’Abigaël croisèrent ceux de la Flamenoise qui, une fois de plus, tenta de regarder ailleurs. Déjà qu’une personne normale et sensée serait intimidée par la Terrosienne, si en plus elle était timide, la dresseuse du Ténéfix... Elle avait du mouron à se faire. Dans le genre pas tendre et flippante, Abby devait avoir la palme.

« Salut. Moi, c’est Abigaël, et lui, Hagane. J’ai comme l’impression qu’il a envie d’en découdre avec ton... Ton Pokémon. Et il a pas l’air contre non plus, le tien. »

Wow. Abby se présentait de plus en plus souvent, et en plus, elle engageait la conversation ? Oui, nul doute qu’elle avait tout intérêt à retrouver son père de toute urgence si elle ne voulait pas finir totalement détraquée, à croire que le contact avec la vie réelle la rendait plus humaine. Un comble. Toujours était-il que l’insecte aux couleurs vives avait entendu sa maîtresse, et que ses paroles avaient sonné comme une approbation pour lancer les hostilités, ce qu’il fit sans se faire prier.

Le corps de la créature rouge bougea rapidement en effectuant un petit mouvement circulaire, se servant de Hâte pour booster sa vitesse. Immédiatement après, le Pokémon se démultiplia en créant une dizaine de copies de lui-même, encerclant le Ténéfix qui se retrouva au milieu d’une nuée de ninjas écarlates. Enfin, dix griffes se mirent à luire vivement, se changeant en pinces argentées, avant de fondre sur Rubis sans préambule. Le Cizayox n’en était pas à son premier maître, et celui qui l’avait capturé l’avait peut-être fait combattre avec des stratégies élaborées et complexes, à moins que son entraînement en solitaire ne l’ait rendu apte à réfléchir par lui-même sans avoir besoin de l’aide d’Abby. En tout cas, la patronne n’était résolument pas décidée à lui dicter quoi que ce soit, d’une part parce que ses capacités en matière de dressage étaient assez limitées (elle préférait la guerre et l’odeur du sang qui jaillissait d’une plaie), et d’autre part parce qu’il n’était absolument pas dans sa nature de soutenir ses Pokémon, peu importe la situation. Chez Abby, c’était marche ou crève, à la dure, et cette sorte de philosophie un peu particulière rendait son équipe capable de survivre dans à peu près toutes les circonstances, bataille acharnée y compris.

Se contentant d’enfoncer sa claymore démesurée dans le sol meuble de la zone d’entraînement, la fille du duc s’appuya nonchalamment sur son arme, à la fois curieuse et avide d’un tel spectacle, et suivit de ses yeux fauves les mouvements – trop – rapides de celui qu’elle avait appelé Hagane.

[L’épée sur le kit d’Abby ne correspond pas vraiment à la réalité ; j’avais pris cette image, car hormis ce détail, tout collait parfaitement à la description de ma tarée de Terrosienne. Son arme est plutôt comme ceci : claymore officielle.]

[Bahia Nur]

-‘Huh ? ‘

Elle avait cru que regarder ailleurs aurait suffi. Mais comme une idiote elle avait voulu vérifier si la terrosienne regardait toujours dans sa direction et avait croisé son regard. Oup. Bahia tentait de montrer qu’elle n’était pas si trouillarde que cela, mais la simple présence de celle qui se présenta sous le nom d’Abigaël l’oppressait. Il fallait avouer qu’elle dégageait de la force, elle lui faisait presque penser à elle avant son accident. C’était peut-être ce qui la mettait tellement mal à l’aise. La dresseuse resta un moment sans rien dire, clignant des yeux d’un air perdu. Elle aurait préféré que la jeune femme devant elle ne se présente pas, cela lui aurait évité de répondre.

* Bon sang Bahia, un peu de nerf ! *

Pensa la jeune femme en se calmant un peu. Elle devait être plus forte que ça, ce qu’elle faisait en ce moment était d’un ridicule… La jeune femme ferma les yeux, juste le temps de prendre une grande respiration, se raisonnant un peu. La dame ne l’avait pas mangé – enfin pas encore – et elle avait été courtoise, elle n’avait pas à avoir peur de lui répondre. Bahia avait surtout peur de passer pour une idiote, son ainée semblait bien plus dégourdie qu’elle. La dresseuse grimaça en se disant que de toute façon elle devait déjà être considérée comme telle, alors pour ce que cela allait changer…

-‘ M.. Moi c’est Bahia. ‘

* Hum? *

-‘ Oh… et lui c’est Rubis. ‘

Fit-elle en se grattant la tête d’un air gêné alors que son Pokémon l’observait un peu en biais. Il lui sourit d’un air chaleureux : il savait pertinemment que ce qu’il faisait mettait sa dresseuse dans une situation fortement désagréable pour elle. Il n’aimait pas du tout cela, mais d’un côté il voulait s’entrainer pour de vrai et pour cela il lui fallait un bon adversaire, il la rassura que cela ne durerait pas longtemps et qu’ils partiraient tout de suite après. Pas qu’il croyait gagner très vite, vu l’air de l’insecte il se doutait surtout qu’il s’en prendrait plein la figure et que cela se finirait peut-être rapidement par son K.O. Il espérait pouvoir tenir tête un moment, mais au fond il ne savait pas si Hagane était d’une puissance égale à la sienne ou bien plus grande. Il le saurait bien assez vite en tout cas. Bahia lui souhaita bonne chance, ses connaissances limitées ne lui permettaient pas de dicter ce combat. Et puis c’était ce qu’il voulait, être capable de combattre seul si besoin. De l’autre côté, cela semblait être la même chose, ce ne serait pas un combat où les dresseurs participent, les Pokémons décideraient d’eux même. Hagane et lui avaient plus en commun qu’ils ne le croyaient, tous deux avaient eu un dresseur avant celles-ci et Rubis c’était entrainer seul après s’être sauvé de lui.

Sous le regard inquiet de sa dresseuse, le Pokémon vit son adversaire prendre l’avantage. Même sans Hâte le Cizayox était bien plus rapide que lui, Rubis savait pertinemment qu’il se serait toujours lui qui débuterait. Et il n’était visiblement pas du genre à tourner en rond, le Ténéfix serra les dents en voyant ses clones l’encerclés, celui-ci cherchant des yeux le vrai. Il n’eut malheureusement pas le temps de voir lequel, ils préparaient tous une attaque contre lui. En voyant les pinces s’approcher de lui, Rubis décida qu’il n’avait pas d’autre choix que de se protéger. Il ne voulait pas commencer ce combat en étant blessé, c’est pourquoi lorsque les pinces furent presque à sa portée il se mit à quatre pattes et bondit en utilisant Détection, esquivant l’attaque. Il avait passé entre les jambes d’un des Cizayox, voulant à tout prit sortir du cercle mortel. Il aurait voulu utiliser Bluff pour l’effrayer, mais c’était une attaque qui pouvait n’être utilisé qu’en début de combat et l’insecte était trop rapide pour cela, il avait manqué sa chance de l’utiliser. Il devait se servir d’une attaque de priorité et la seule qu’il possédait était Ombre Portée.

Les joyaux du Ténéfix se mirent à briller, son corps passant au noir alors qu’il utilisait l’attaque, envoyant l’ombre maléfique qu’il produisait frapper le groupe de Cizayox. Il espérait au moins que cela toucherait un peu Hagane. Il attendait sa riposte, sachant qu’il ne pourrait très certainement pas l’éviter. Il voulait lancer Groz’yeux lorsqu’il s’approcherait, faire baisser un peu sa défense lui donnerait peut-être une chance de plus.

Bahia observait toujours intensément son Pokémon, elle espérait qu’il ne ferait pas l’idiot. Même s’il était en combat ils étaient toujours liés et celui-ci l’entendit, lui faisant la grimace de loin. N’empêche que c’était vrai, parfois il prenait des décisions légèrement aventureuses et souvent cela se terminait mal. La jeune femme jeta un coup d’œil à l’autre femme et ouvrit légèrement la bouche en voyant son arme : c’était permis ça au combat ? La lame était tout simplement énorme… Bahia soupira, cette guerrière en avait clairement plus dans le ventre qu’elle. Même avec son entrainement d’avant elle ne pourrait transporter une telle arme, la jeune femme était habituée aux épées légères qui permettaient des mouvements plus rapides que forts. Ravalant sa salive la jeune femme se tourna vers Abigaël, cherchant à paraitre un peu moins asocial.

-‘ Vous.. vous êtes chevalière ? ‘

[Abigaël d'Alma]

Lorsque Bahia s’était présentée, Abby s’était contentée d’acquiescer, sans rien dire. Elle ne pouvait pas dire qu’elle était « enchantée », tout simplement parce que ce n’était pas le cas, et si mentir n’était pas dans les habitudes de la fille d’Alma, la situation ne se prêtait même pas à leurrer la Flamenoise quant à son ressenti vis-à-vis de leur rencontre ; Abigaël ne savait pas ce que signifiait « être enchanté », ce qui réduisait à néant le faux problème. Mais bref, tout cela n’avait que peu d’importance pour la Terrosienne, qui fixa son regard de bête sur son Pokémon.

Le Cizayox manqua sa cible désignée, celle-ci ayant utilisé Détection pour se protéger des griffes argentées et brillantes. Mais le ninja rouge se tourna vivement vers son adversaire, refusant de le perdre de vue, et il se laissa frapper par l’Ombre Portée que le Ténéfix projetait sur lui. L’attaque était de type Ténèbres, et Hagane ne craignait pas les forces occultes et sombres, d’une part parce qu’il en côtoyait régulièrement, avec la Dream Team de la patronne, et d’autre part parce son double type était plutôt résistant face à elle, sans compter qu’il avait lui-même sa part de noirceur, tapie tout au fond de lui, qui n’attendait sûrement qu’une occasion pour se déchaîner. Et lorsque ce moment arriverait, la saleté de Nalcienne qui n’avait pas su protéger son premier maître aurait tout intérêt à fuir le plus vite possible. Secouant à peine la pince qui avait été touchée par l’assaut d’onyx, Hagane planta son regard implacable dans celui de Rubis.

Ce dernier lui fit les gros yeux, dans le but avoué de l’intimider et d’amoindrir ses défenses, mais l’insecte se retint de lui rire au nez. Une multitude de lueurs convergea vers sa patte droite, et tandis que celle-ci brillait d’un éclat argenté, le Pokémon rouge fila vers son ennemi pour le frapper rapidement. Le spectre avait voulu jouer aux attaques de priorité, et Hagane lui avait rendu la monnaie de sa pièce, utilisant Pisto-Poing pour le prendre de court. Il fit ensuite vrombir rapidement ses ailes, créant de petits courants d’air autour de lui, afin de préparer quelque chose qui lui serait utile un peu plus tard. Mais il ne laissa pas de répit à son opposant : après avoir croisé les bras sur son abdomen, le Cizayox utilisa sa vitesse prodigieuse pour passer derrière Rubis, avant de décroiser brusquement ses membres, se servant de Plaie-Croix dans le but de lui infliger une blessure profonde et sérieuse. Sans plus attendre, il bondit en arrière pour s’éloigner du Pokémon, sans jamais le perdre de vue, tandis que le monde autour de lui disparaissait progressivement pour ne laisser que l’ivresse du combat dans son esprit. Pourtant, il était tout à fait calme, et d’une précision remarquable, sans oublier sa vitesse, qui donnait le tournis à ses copains de galère, non loin de là. Il était d’une sérénité inquiétante, et c’était bien ce qui le faisait ressembler à sa maîtresse : minutieux, plongé dans une intense concentration, et animé d’un sang-froid terriblement vide d’émotions. Tout comme Abby, c’était une machine de guerre, qui ne vivait que pour trancher (de préférence la tête de l’autre traîtresse du pays de l’Air), et qui serait totalement perdu sans ce but mortel de faire chanter ses lames. Il était, comme tous les Pokémon de la Terrosienne, dans le fond, lié aux ombres, d’où l’étrange affinité et la cohésion plutôt troublante qui rassemblait l’équipe de la poupée du Duc. Personne n’était avec elle par hasard, pas même le Drackhaus, qui portait pourtant dans son nom même la marque de la haine que lui vouait la patronne.

Celle-ci tourna son œil fauve vers Bahia quand elle entendit sa question. Elle la fixa un moment sans rien dire, puis se décida à lui répondre.

« Je suis destinée à servir mon pays, parce que c’est ce que Père souhaite. Et je n’aspire à rien, sinon satisfaire ses attentes. Ma patrie et lui sont tout pour moi. Alors, je serai un grand Chevalier, un jour, pour qu’il soit fier de moi. Je ne laisserai personne les approcher pour les tuer. Et toi ? »

De mieux en mieux. Voilà qu’elle s’intéressait à la vie des autres, maintenant. Bouche bée, les deux Pokémon spectateurs écarquillèrent les yeux, médusés par l’attitude de la patronne. Mais quelque chose, au fond d’eux, leur murmurait que finalement, ce n’était pas si mal que ça, qu’elle soit un peu aimable... Mais à condition que ce soit juste un peu, hein, fallait pas exagérer.

[Bahia Nur]

-HJ- Je m’excuse si je n’avance pas trop le rp, la prochaine fois que tu posteras j’attendrais de pouvoir monter Rubis de niveau avant de poster, parce que sans cela son répertoire d’attaque n’est pas très grand ni très impressionnant. ^^’ –HJ-

-‘ Hum …’

Moment de silence. Bahia restait stoïque et observait le combat sans pourtant donner l’impression de comprendre ce qui se passait. Elle qui était gênée et intimidée par son ainée ne réagissait à présent presque plus, comme si elle avait oublié tout ce qui se passait autour. Quelque chose clochait chez la dresseuse, à présent trop calme. Son comportement changeait lentement, modifiant des petits détails chez elle qui, ensemble, rendait le tout étrange. Elle qui avait une posture naturellement repliée sur elle-même et légèrement penchée se tenait maintenant un peu plus droite, les bras de chaque côté du bassin plutôt que croisé. La jeune avait d’habitude tendance à se tenir la tête basse et celle-ci s’était relevée, ayant à présent le menton assez haut, dans une dignité et une confiance qui ne lui ressemblait pas. L’aura d’anxiété qu’elle dégageait avait été remplacée par une aura de force. Cela n’allait pas durer longtemps, c’était les paroles de la Maitresse des Lames qui avait cet effet sur elle. Il fallait avouer qu’elles avaient bien des choses en commun… ou plutôt que leurs pères semblaient se ressembler un peu, au moins sur un point : ce qu’ils voulaient de leurs filles. Cette étrange ressemblance semblait provoquer chez Bahia cet éveil chez elle de son ancienne personnalité, bien que celle-ci ne prenne pas toute la place. Ce n’était pas le plus gros des changements, mais cela affectait la jeune femme, qui oublia pendant un moment ce pour quoi elle était ici. Il n’y avait plus qu’elle et ses étranges pensées qui tourbillonnaient dans son crâne à une vitesse folle, créant une certaine confusion chez elle. Lentement celle-ci tourna la tête vers Abigaël, son regard soutenant pour la première fois le sien aussi longtemps. Quelque chose brillait au fond de ses yeux, confrontant le regard de bête de la femme en face d’elle. Elle ouvrit légèrement les lèvres, prenant un moment avant de répondre. Même sa voix était différente. Plus assurée, plus dure. C’était comme si celle-ci était en transe.

-‘ Eh bien. Nos… huh, pères, semblent avoir des buts forts rapprochés. De bien grandes attentes pour leurs filles. ‘

Déjà le comportement recommençait à changer. Bahia avait l’impression de sortir la tête de l’eau, elle ne comprenait pas vraiment ce qui venait de se produire. Quand elle passait dans cet état, son mental se fatiguait et elle en subissait les conséquences : la jeune femme paressait à présent mal à l’aise, voire subitement bien fatiguée. Cet état de nonchalance lui permettait au moins de ne plus être constamment effrayée, bien qu’un fond d’anxiété continuait de brûler au fond d’elle. Bahia n’avait pas vraiment envie de chercher à comprendre ce qui venait de se passer, elle avait l’impression que ses pensées étaient engourdies. Le silence dura encore un moment après que la jeune tourne à nouveau la tête vers la guerrière, la flamme qui brillait dans ses yeux s’éteignant tout doucement.

-‘ Au moins vous vous semblez pouvoir y arriver. ‘

Le ton était amer, pas envers Abigaël, mais envers elle-même. La flamme s’éteignit et ce fut la fin de la crise, pour le moment. Un grognement monopolisa soudainement toutes ses pensées, ignorant l’autre jeune femme un moment. Rubis. Pendant tout ce temps elle s’était déconnectée complètement du combat et son compagnon semblait en mauvaise posture. Elle n’avait pas vu l’attaque Pisto-poing, mais fut sous le choc en voyant son Ténéfix se prendre l’attaque Plaie-Croix par derrière. Le Pokémon tomba en grognant, attirant toute son attention sur lui. Bahia sentit une certaine colère bouillir en elle, c’était son devoir de l’accompagner et de l’aider, elle ne devait plus divaguer ainsi. Visiblement l’attaque lui avait fait bien mal, il en saignait un peu. Il fallait avouer que sa peau était bien dure, le diamant que se trouvait dans son dos n’avait pas une seule égratignure. Cela n’empêchait pas que la force projetée par le Pokémon lui faisait bien mal. Il resta un instant sans bouger avant de se relever, fixant Hagane de ses joyaux brillants. Il sentait quelque chose bouillir au fond de lui, il lui fallait encore un peu de temps avant de monter de niveau, il le sentait. Il devait tenir jusque-là. Le Pokémon décida de tenter l’attaque que son ancien dresseur lui avait apprise. Peut-être réussirait-il à la maitriser de nouveau, une attaque comme celle-là lui servirait bien. Il savait pertinemment que s’il s’n servait après avoir été touché l’effet se retournerait contre lui, il cherchait simplement à la réapprendre.

De retour sur ses deux jambes il lança immédiatement Ombre Portée une nouvelle fois sans se préoccuper si cela lui faisait un peu de dommage ou non, il voulait juste qu’il se concentre une seconde sur celle-ci, le temps qu’il se donne un élan pour sauter. Quand l’ombre frappa l’insecte, Rubis fit un bond qui l’envoya vers lui, profita de ce peu de temps pour tendre les bras et frapper avec ses poings. L’attaque échoua en partie, il lui donna deux coups sans être capable d’en donner plus, c’était loin de l’attaque Mitra-poing. Il tenta de s’éloigner en grognant, se traitant d’idiot intérieurement. Il ne se rendait même pas compte que Bahia tentait de communiquer avec lui, il entendait sa voix, mais elle semblait si lointaine… De plus le Ténéfix devait mettre toute sa concentration sur le combat, il l’ignorait sans le vouloir. Celle-ci était inquiète de son état et ne comprenait pas qu’il essayait surtout de rallonger le temps du combat sans chercher à gagner, elle était incapable de sondées ses pensées.

Le Pokémon se tenait à quatre pattes, courant un peu partout en zigzag. Il savait bien que le Cizayox était rapide et qu’il n’aurait pas du mal à le toucher et qu’il finirait par y arriver, il voulait juste qu’il le fasse moins rapidement que s’il ne bougeait pas. Il brillait d’une aura noire, prête à lancer une autre attaque quand l’insecte s’approcherait de lui. La seule idée qui lui venait en tête était d’utiliser Étonnement, c’était une attaque de bas niveau, mais qui pouvait apeurer l’ennemi sans qu’il ne le veuille, peut-être que cela ralentirait … peut-être.

Bahia voyait bien qu’il ne réagissait pas à ses pensées et décida de le laisser faire, et puis il devait bien savoir ce qu’il faisait. Celle-ci serra son châle entre ses doigts, toujours aussi fatigués. Elle jeta un petit coup d’œil autour d’elle, se sentant inutile. La jeune femme remarqua non loin de là un coffre grand ouvert : celui-ci contenait des armes d’entrainements qui étaient prêtées à ceux qui venaient s’entrainer. Au départ elle ne fit aucun mouvement dans cette direction, trop timide pour regarder de plus près. Puis elle se mit lentement à bouger, glissant ses pieds sur le sol de côté, comme si le fait de s’éloigner plus lentement faisant en sorte que les gens ne le remarquait pas. Un gardien surveillait le coffre, mais ne fit rien pour l’arrêter, elle se pencha doucement et prit une lame tout à faire au hasard. Elle fixait toujours le combat, a à peine quelques mètres de là. Rubis était toujours aussi concentré et elle lui demanda si cela allait. Pas de réponse. Elle se rapprocha donc avec l’épée tout aussi doucement, s’assoyant par terre comme si de rien n’était, se reconcentrant en partie sur Rubis. Elle avait déposé l’épée devant elle sur le sol, la caressant du bout des doigts sans rien dire. Cette simple lame représentait tout son passé, à présent enfoui au plus profond d’elle-même. Était-ce mieux ainsi ?

Bahia ne saurait le dire.

[Abigaël d'Alma]

Abigaël venait de reporter son attention sur le duel, observant avec un certain plaisir les mouvements fluides et rapides de sa créature, lorsque quelque chose attira soudain son regard, ou plutôt ses sens. Quelque chose qui se tenait près d’elle, et qui ressemblait à une aura légèrement belliqueuse ou, en tout cas, sûre d’elle, et prête à défier ceux qui s’en approcheraient. Tandis qu’elle suivait son instinct en tournant lentement la tête vers Bahia, sa bête, elle, se mit subitement à s’agiter, manifestant son intérêt pour la Flamenoise en faisant doucement vibrer Kurux, la croix noire qui servait de pendentif à la guerrière de la Terre. Il était assez rare que le pouvoir hérité de sa mère se déchaîne en-dehors des batailles rangées (comme celle qui avait ravagé les plaines de Mizuhan, en fait), ou bien sans que le duc d’Alma ne l’incite à se montrer. Mais en présence de guerriers, surtout si ces derniers étaient talentueux ou particulièrement agressifs, Kira Kishô avait bien du mal à rester calme et, très honnêtement, elle se fichait bien de se contrôler... Tant qu’elle pouvait tout casser et empêcher quiconque de se lier « positivement » à son hôte, le reste était accessoire.

Le regard fauve d’Abby croisa celui, bleuté, de Bahia, et aussitôt, la demoiselle d’Alma sentit son âme de guerrière et de monstre s’enflammer. Elle ne se détournait plus, la Flamenoise si timide et craintive ? Elle cherchait le combat ? Alors qu’elle affirmait qu’elles avaient en commun le but que leurs paternels respectifs avaient tracé pour elles, la Terrosienne referma ses mains expertes sur le manche de la claymore démesurée qui était, pour l’instant, toujours fichée dans la terre, comme si elle voulait aggraver la douleur de la blessure causée au sol nourricier. Mais au moment où Abigaël allait extraire son arme démente de la glèbe, l’aura de l’autre fille changea à nouveau, laissant la fille du Duc sur sa faim. Alors quoi, c’était déjà fini ? Avant même d’avoir commencé ? Sans un mot, la jeune femme reprit son appui sur son épée de titan, regardant droit devant elle, comme si elle voyait quelque chose qui serait situé très loin derrière leurs deux Pokémon.

« Pour moi, ce n’est pas une attente, mais un ordre. Je ne vis que pour le satisfaire, et j’agis selon ses désirs. »

Bon, au moins, c’était clair : Abby n’avait aucun but dans la vie, hormis celui de remplir la mission que Père lui avait donnée. Puisqu’il y avait longtemps que la guerre était finie (ou, du moins, qu’aucune bataille digne de ce nom n’avait éclaté entre les deux camps), la « pauvre » jeune femme se retrouvait au chômage technique, sans compter qu’elle et son imbécile d’obligée s’étaient retrouvées coincées dans une faille temporelle pendant plus d’un an. Puisque ça faisait un bail qu’elle n’avait pas eu le loisir de découper à volonté, elle n’avait trouvé, comme alternative, que le chemin du retour à la maison, et c’était précisément celui qu’elle empruntait, quelques minutes auparavant, avant que son Cizayox n’ait une soudaine envie d’en découdre avec le premier venu.

Alors que la guerrière de la Terre haussait les épaules en guise de réponse à la seconde remarque de la Flamenoise, comme pour dire « quand on veut, on peut », Hagane, lui, poursuivait le combat contre Rubis. Ce dernier, après avoir encaissé la douloureuse Plaie-Croix, retenta une Ombre Portée, que l’insecte n’eut aucun mal à éviter, en se décalant simplement sur le côté. Le Ténéfix profita alors de sa distraction pour frapper son adversaire, qui ouvrit grand ses pupilles, surpris par l’assaut à coups de poing... Avant de se servir de Danse-Lames, faisant apparaître de longues et fines épées en hologramme autour de lui pour les faire tournoyer rapidement. Rubis avait réussi à le toucher, mais son Mitra-Poing était tout, sauf achevé. Il était même plutôt incomplet, trahissant le manque de maîtrise de son lanceur, mais peu importait pour Hagane, qui ne laisserait pas cet affront impuni. Sa puissance d’attaque venait d’augmenter, et il n’allait pas s’en priver pour châtier le spectre. Une lumière blanche et aveuglante émana de l’une de ses ailes de régulation, et le ninja rouge, en deux mouvements rapides et quasi invisibles à l’œil nu, se plaça tout près du Ténéfix, avant de lui balancer son Cru-Aile sur la figure. Mais même si son adversaire courait dans tous les sens, sans doute pour éviter au mieux les attaques de son opposant rouge, Hagane le suivait des yeux, bougeant parfois légèrement pour réajuster son champ de vision. De plus, le Pokémon d’Abigaël savait que sa préparation du tour précédent porterait bientôt ses fruits, et il attendait patiemment que sa création apparaisse enfin, ce qui ne tarda pas : alors que Bahia revenait, une arme à la main, pour la déposer devant elle, sur le sol, des serpes d’air se manifestèrent, révélant ainsi le Coupe-Vent lancé un peu plus tôt. Aussi luisantes que les ailes qui en étaient à l’origine, les armes de vent fusèrent de toutes parts, cherchant à lacérer le Ténéfix de Bahia, sous l’œil indéchiffrable de la demoiselle d’Alma.

[Nina et Abby ont hérité du pouvoir de leur mère, le Korosu Mode, matérialisé par ce que j’appelle une « bête », et qui, lorsqu’elle apparaît, a la forme de la fille que j’ai mise en lien. Kira Kishô n’est pas sortie, ici, c’était juste à titre indicatif. Nina possède Bara Suishô, qui a une forme un peu différente.]

[Bahia Nur]

Bahia entendit la voix de la guerrière, mais elle sonnait comme si elle était à des lieues de là. La jeune femme avait perdu un peu de concentration, ce qui s’était produit l’avait fatiguée. La dresseuse ne savait pas qu’elle avait failli déclencher un combat, combat qu’elle aurait perdu à coup sûr. Elle était bien trop instable pour défier ainsi son aînée, dès que cela aurait été fait la petite Bahia serait revenue et elle aurait été dans de beaux draps. Abigael se serait vite rendu compte que cette étrange agressivité passait vite, si ce n’était pas déjà le cas. Mais la jeune femme s’en fichait bien, elle avait du mal en ce moment à juste rester concentrer sur quelque chose, son esprit embrumé tentait surtout de suivre le combat. La seule chose qu’elle faisait, c’était tapoter du bout des doigts la lame de l’épée qui était posée devant elle. Bahia le faisait sans s’en rendre compte et cela passait un peu sa nervosité, qui été revenu après un moment.

Cela pouvait paraitre anodin, mais ce geste lui était familier, lorsque son père lui expliquait quelque chose, elle faisait toujours ce mouvement. Son père. Une amertume bouillait au creux de son ventre, Bahia tenta d’en faire abstraction. Il aurait été plus que fâché de voir qu’elle ne s’était pas mesurée à la terrosienne. Ce n’était pas vraiment par peur, la jeune femme n’en avait juste pas envie du tout. Connaissant son géniteur il aurait voulu voir lesquels des deux paternels avaient le mieux entrainé sa fille. Vu à quoi elle ressemblait maintenant, il se sera mordu les doigts ensuite. La jeune femme lâcha l’épée et s’enfouit la tête dans ses mains, juste le temps de mettre un peu ses pensées en ordre et chasser ce qui la déconcentrait. Son père avait voulu voir son rêve se réaliser à travers elle, jamais il ne lui avait demandé ce qu’elle désirait vraiment, elle. Et à bien y penser, c’était la même chose pour sa mère, la seule différence ce qu’elle n’avait pas réussi à prendre le contrôle. Elle aurait voulu que Bahia devienne une bonne noble, son but était de l’envoyer par la suite la représenter dans les hautes sphères de sa propre famille, qui tenait une école de grande renommée à Terros. Mais son père était plus fort et à force d’être tiraillé entre les deux, Bahia avait été vers celui qui lui forçait le plus la main, en espérant qu’il la traiterait moins durement en voyant qu’elle se dirigeait dans la direction qu’il voulait tant. Elle avait eu tort.

Il l’avait poussé à bout encore plus et elle s’était de plus en plus durcie sur elle-même, oubliant ce qu’elle voulait être et ne cherchant plus à combattre l’idéal paternel. Elle avait évolué jusqu’à devenir une espèce de monstre d’arrogance et de puissance, son examen pour devenir Maitre des Lames avait été prévu juste avant son accident. Il en était très fier au départ, sauf évidemment lorsqu’il s’était rendu compte qu’elle ne pourrait plus concourir pour passer l’examen. Il était devenu acerbe et avait décidé de la pousser plus encore, pour qu’elle reprenne ce qu’elle avait perdu. Mais il avait échoué et pour éviter d’avoir cet échec sous les yeux, il l’avait envoyé chez sa mère.

Celle-ci allait repenser à ce qu’il lui avait dit avant de partir, mais un cri la fit immédiatement arrêter. Par réflexe celle-ci fut debout en moins de deux secondes, fixant l’endroit où se déroulait le combat.

Rubis avait fait de son mieux, il savait bien que tôt ou tard il finirait par s’en reprendre plein la figure, surtout quand il avait vu les épées holographiques de l’insecte. Le Pokémon espérait simplement gagner en force bientôt, sinon le combat se finirait très bientôt pour lui. Il avait déjà eu aussi de Cru-Aile, il savait que la prochaine le mettrait certainement en danger. Et il avait bien raison, le temps de tourner il vit l’attaque Coupe-Vent qui lui venait de tous les côtés. Ce moment de panique fut agrandi lorsqu’il se reconnecta enfin avec Bahia, dont les pensées le surprirent. Pourquoi était-elle si pensive ? Et pourquoi avait-elle autant de pensées noires ? Il avait manqué quelque chose et une certaine colère monta en lui : comment avait-il pu laisser la jeune femme seule ? Il était si concentré par ce qu’il faisait qu’il l’avait oublié pendant un instant. Il n’eut pas trop le temps d’y penser, il se prit l’attaque Coupe-Vent et tomba sur le dos, lâchant par la même occasion un léger cri de douleur. Il saignait un peu plus, la peau ouverte à plusieurs endroits sur son corps, dépendant où les armes de vent avaient frappé. Il resta sur le dos sans bouger, le souffle court. Son corps commençait à montrer de la fatigue, mais cela ne le dérangeait pas. Au fond de lui il sentait autre chose. Est-il enfin arrivé à son but ?

Bahia sentit la panique monter en elle, Rubis semblait réellement mal en point. Serrant les poings, elle tenta de communiquer avec lui par télépathie et lui demanda d’abandonner maintenant avant que cela ne s’aggrave. Il ne lui répondit pas, soulevant la tête vers elle. Ses joyaux brillaient faiblement, trahissant son état. Pourquoi ne répondit-il pas ? Il l’entendait très bien ! Commençant à se fâcher, la jeune femme ne se rendit même pas compte qu’elle s’adressait à lui de vive voix.

-‘ Rubis, écoute-moi ! Tu en as eu assez, tu ne crois pas ? ‘

Le spectre l’observait toujours, visiblement pensif. Elle s’inquiétait tellement pour lui. Lentement mais sûrement, le Ténéfix lui sourit, révélant ses dents pointues. Bahia resta surprise, ne sachant pas trop où il voulait en venir. Les joyaux du Pokémon se mirent subitement à briller de plus belle alors qu’il se relevait. Il avait repris un peu de force et les bijoux sur son ventre et son dos avaient grossi, brillant toujours aussi fort. Ce qu’il attendait été venu, il avait réussi à augmenter de niveau. L’insecte l’avait poussé au bout de sa limite et celle-ci s’était agrandie. Évidemment le pauvre en avait beaucoup pris avant, il ne pourrait pas tenir encore longtemps, mais au moins il aurait de quoi répondre enfin à l’assaut de son adversaire, le temps de lui en mettre lui-même un peu dans la figure. Bahia se sentit rassurée en sentant sa nouvelle force, elle décida de ne plus rien dire et de le laisser faire.

Le Pokémon Ténèbres ricanait, visiblement content de pouvoir combattre encore un peu, de manière plus égale. Il fut subitement entouré d’une aura noire, avant de foncer vers l’insecte. Il lui rentra littéralement dedans, envoyant d’un coup de tête toute la noirceur qui le recouvrait. Par instinct il avait utilisé une nouvelle attaque, Punition. La puissance de celle-ci dépendait de celle de l’adversaire, il avait retourné l’attaque de Hagane contre lui-même. Repousser par sa propre attaque, il retomba en arrière, toujours aussi brillant. Il décida de ne pas lui laisser le temps de comprendre, ses griffes s’allongeant subitement, plus noir que le reste de son corps. Il ne savait pas trop ce qu’il faisait, mais il se souvenait bien de l’attaque Griffe-Ombre, c’était par le passé une de ses attaques préférées. Il était content de voir qu’il était capable de nouveau de l’utiliser, il laissait son instinct prendre entièrement le dessus sans se poser de questions. Il sauta et frappa de ses griffes acérées le Pokémon insecte, l’obligeant à reculer un peu. De retour sur ses pattes, le Ténéfix souffla, la respiration un peu saccadée par l’effort qu’il avait dû fournir. Il sentait le regard de Bahia sur lui, celle-ci semblait impressionnée de son nouveau panel d’attaque.

Fixant Hagane, il savait que celui-ci allait bientôt répliquer. Rubis espérait tenir le prochain tour, il avait envie d’essayer quelque chose qui lui permettrait peut-être de les mettre au même niveau. Ses yeux brillaient déjà, il attendait la riposte, prêt à utiliser Onde Folie.

-HJ- Merci pour l'explication, sur le coup j'étais un peu perdue xD -HJ-

[Abigaël d'Alma]

Abigaël avait bien compris que son interlocutrice n’avait plus du tout envie de se battre (mais l’avait-elle seulement souhaité ?), et cela la frustrait vraiment, mais à vrai dire, elle n’avait pas vraiment le choix. En effet, elle était au cœur de la capitale terrosienne, avec une foule d’alliés de sa nation autour d’elle, et elle était persuadée que Père était au château, à quelques kilomètres de là. Dans ces conditions, elle ne pouvait décemment pas se jeter sur quelqu’un qui n’avait aucune intention belliqueuse, et c’était fort dommage. Se contentant de toiser la Flamenoise, qui tapotait nerveusement la lame de son épée d’emprunt posée devant elle, la demoiselle d’Alma se désintéressa ensuite bien vite de ce qu’elle ne considérait pas comme un adversaire digne de ce nom.

Uramu et Kuchimi, eux, regardent Bahia, ayant compris qu’il s’était passé quelque chose qui a énervé la patronne, mais qui a aussi plongé la jeune femme dans un profond désespoir. Le schéma de la scène paraît assez clair : Abby a parlé de duels et de chevalerie, sur l’initiative de Bahia, et la discussion a généré quelque chose chez l’autre fille, comme si le sujet lui faisait ressouvenir de faits passés et plutôt douloureux. En quelques secondes, la personnalité et l’aura de la Flamenoise ont changé, ainsi que sa voix, mais au moment où la patronne s’apprête à lui foutre la raclée de sa vie au combat, voilà que la dresseuse de Rubis rechange de comportement, ce qui met la patronne en rogne. Connaissant la Terrosienne, c’est tout à fait compréhensible, mais la fille du Duc n’a aucune idée de la tourmente dans laquelle son interlocutrice est plongée... Et le Drackhaus, ainsi que l’Abo, éprouvent subitement une sorte de compassion pour Bahia, qui se retrouve dans la situation qui est quotidiennement la leur, à savoir celle de victimes d’un impitoyable monstre incapable de ressentir quoi que ce soit qui ne soit pas négatif. Doucement, le Dragon et le serpent s’avancent vers la jeune fille, se détournant, l’espace d’un instant, du combat de l’autre beau gosse rouge. Leur apparence n’est pas spécialement engageante, mais au moins, ils se dirigent vers elle avec lenteur, pour ne pas l’effrayer. Si l’Abo affiche une expression plutôt neutre sur son « visage », le Drackhaus, lui, tente de faire passer le message à travers son regard. Ils ne lui veulent... Aucun mal.

« Apparemment, il veut encore se battre. »

La voix de la guerrière ne contenait aucune intonation particulière, mais elle avait pourtant suffi à glacer le sang de ses deux créatures non engagées dans le combat. Alors que les Pokémon se tournaient vers elle, la fille du Duc, elle, ne détachait pas son regard fauve de Rubis, qui venait de faire luire ses joyaux, comme pour défier son adversaire pour l’inviter à poursuivre la danse. Finalement, le Ténéfix utilisa coup sur coup Punition et Griffe Ombre, qu’Hagane encaissa sans autre bruit que celui produit par le choc des deux corps. Ah, enfin, il était sérieux, le spectre. Ce fut la réflexion que se fit l’insecte en se posant avec lenteur sur le sol, tandis qu’une multitude de plumes lumineuses l’entouraient afin de restaurer son énergie. Après cet Atterrissage, le ninja créa un film translucide devant lui, se laissa recouvrir par les runes de protection et, l’œil vif et la pupille dilatée, fonça en deux mouvements rapides vers Rubis, se servant de nouveau de Griffe Acier dans le but d’envoyer valser son adversaire au loin. Le Pokémon rouge était à présent on ne peut plus sérieux, devant la soudaine augmentation de puissance de son opposant, et l’utilisation d’une technique de soin prouvait qu’il était désormais réellement désireux de mettre la créature réputée sans faiblesse au tapis. Un ricanement accompagna son dernier coup, ce qui laissa Uramu et Kuchimi sans voix : la patronne venait de... Rire ? Enfin, c’était loin d’une grosse marrade, c’était sûr, mais ce commentaire bref et sarcastique était, pour le coup, franchement inquiétant. Déjà qu’Hagane était suffisamment fort pour n’avoir besoin de personne pour gagner... Si Abby le « soutenait », en augmentant leur affinité commune avec le monde des ombres, le pauvre Ténéfix en face n’avait aucune chance.

Ce sont farces et jeux toutes leurs actions ;
Un ris sardonien peint leurs affections. *

Jamais ces vers n’auraient trouvé meilleur contexte que la scène, à la fois fascinante et repoussante, dont les protagonistes de cette cruelle bataille étaient à la fois les acteurs et les témoins.

[*Ces vers sont extraits des Tragiques d’Agrippa d’Aubigné, un poète français du seizième/dix-septième siècle qui est l’auteur d’une œuvre sur les massacres des protestants de son époque. C’est sans doute l’un de mes livres préférés, et j’ai vraiment pensé au passage que je connais par cœur en écrivant ce RP, surtout avec le monstre qu’est Abby devant les spectacles sanglants… xD]

[Bahia Nur]

Rubis ne chercha même pas à éviter. Cela ne lui servait à rien, il avait eu ce qu’il voulait, à présent le combat pouvait finir. Le Ténéfix se fichait bien de la victoire ou de la défaite, son but était tout autre. Il était content de sentir dans son dos l’apparition lente d’autres petits joyaux, qui signifiaient un gain de force. Plus ceux-ci grossiraient, plus il monterait de niveaux. Après ce combat il serait impératif pour lui de manger des gemmes, de quoi le remettre en forme et préserver ses nouveaux joyaux. Malgré l’attaque qui allait lui venir en pleine figure, le spectre souriait à Hagane, ses dents pointues luisants autant que ses rubis. Il s’en sortait plus gagnant que ce qu’on pourrait croire. Il se replia simplement sur lui-même pour éviter de trop se blesser, il n’avait pas envie d’obliger Bahia à rester en la ville parce qu’il devait faire un séjour à l’hôpital. Il grogna en recevant le coup, décollant du sol pour aller faire une petite roulade plus loin. Il ne bougea pas quelques secondes, restant écraser face contre terre. Puis il se mit à trembler un peu, essayant visiblement de se mettre debout. La première fois fut un échec, il retomba sur le ventre et prirent quelques secondes pour respirer profondément. La deuxième fois il put se mettre à quatre pattes, tournant son regard vers l’insecte plus loin. Est-ce que cela valait la peine d’essayer de l’attaquer de nouveau ? Rubis avait un doute, il n’avait pas envie de passer pour un poltron, mais en même temps il manquait d’énergie. Il pouvait toujours tenter une dernière chose, mais ensuite ce serait la fin. Claquant des dents avec un bruit sec, ses yeux se mirent à luirent de mille-feux, ceux-ci diffusant une étrange lumière. Il fixait toujours Hagane, ne bougeant pas un muscle.

Le Ténéfix essayait de lancer Onde Folie, mais cela ne fonctionna pas. Grognant encore, il se souvint de l’étrange attaque qu’avait utilisée son adversaire avant de s’en prendre à lui. Il s’était protégé des changements de statuts… voilà qui le mettait bien à mal, l’insecte avait dû deviner sa prochaine intention. Le spectre soupira simplement : tant pis, il croyait pouvoir faire quelque chose, mais visiblement il avait peu de chance de pouvoir répliquer… à moins d’essayer à nouveau Mitra-poing, juste une dernière fois. Cela ne changerait rien à l’issu du combat, il savait que l’utiliser alors qu’il était blessé le mettrait hors d’état de nuire ensuite, le mettant en état de confusion. Il allait perdre de toute façon, autant essayer de maitriser cette technique une dernière fois. De retour sur ses pieds, il marcha un peu sur le côté pour voir s’il tiendrait, le corps toujours un peu tremblant. Il utiliserait ses dernières forces pour aller vers lui et le frapper, après ça c’était terminé.

Quand il eut assez d’équilibre pour bien se tenir sur ses jambes, il jeta un petit coup d’œil à Bahia. Celle-ci semblait s’être à nouveau déconcentrée du combat un instant, observant les Pokémon d’Abigaël, qui s’approchait d’elle. Le Ténéfix ne savait pas trop ce qu’ils lui voulaient, mais il ne sentait pas de mauvaises intentions, il ne s’en préoccupa donc pas plus que cela, puis il devait agir vite s’il ne voulait pas se prendre une nouvelle attaque de la part d’Hagane. Il se mit à courir et fonça directement vers lui, les joyaux brillant plus faiblement que tout à l’heure, signe qu’il commençait en avoir assez pour aujourd’hui. Il sauta et tendit les poings, frappant Hagane au visage.

Puis il tomba au sol et ne bougea plus.

Lorsqu’il avait senti avec bonheur que l’attaque avait fonctionné au complet cette fois-ci, il avait aussi senti une étrange douleur. Il avait été repoussé de l’insecte par sa propre attaque, se prenant le contre coup et la confusion avec. Cela était assez pour le mettre hors combat, ses joyaux s’éteignant subitement. Il s’était simplement évanoui. Le combat était terminé et Rubis avait finalement eu ce qu’il voulait.

Bahia avait été d’abord intrigué de voir les deux Pokémon s’approcher d’elle. La jeune femme ne savait pas trop pourquoi soudainement ils lui accordaient de l’attention, peut-être à cause de ce qui s’était passé quelques minutes plus tôt ? Elle n’était pas du tout effrayée par eux, se mettant à leur hauteur en fléchissant les genoux. La dresseuse leur rendait leurs regards, ne sachant pas trop quoi penser. Bahia se demandait si la Maitresse des Lames était pareil avec ses Pokémons, si c’était le cas, elle les plaignait. Il ne fallait pas croire qu’elle n’avait pas senti la frustration de la guerrière, sur le coup elle n’y avait simplement pas accordé d’attention, se fichant bien que la dresseuse croit que sa crise était une tentative d’affrontement. Elle n’avait pas choisi de réagir ainsi et si elle n’en était pas contente c’était son problème. Mais il fallait avouer que cela retournait un peu l’estomac de Bahia, pendant un instant elle aurait pu se mettre en danger juste à cause de cela. Cette étrange personnalité enfouie au fond d’elle-même avait choisi un mauvais moment pour se mettre en avant-scène, la jeune femme espérait qu’elle ne revienne plus….

Quoique…

Une étrange idée lui avait traversé l’esprit l’espace d’un instant. Et si elle se battait ? Non non, c’était impossible… Mais… pourquoi ? N’avait-elle pas combattu presque toute sa vie ? N’était-ce pas la seule raison de son existence selon son père ? Pourquoi ne serait-elle pas capable de tenir une épée alors qu’elle l’avait fait des milliers de fois ? La jeune femme sentit ses mains se mettre à trembler, celle-ci détournant pendant un instant son attention des deux Pokémons. Quelque part, au fond d’elle, cela lui faisait mal. Mal de ne plus voir cette fierté dans le regard de son père. Mal de ne plus être aussi proche de lui. Elle était prise entre des émotions contraires : contente d’être libéré de son joug, mais triste de ne plus avoir de lien avec lui.

Ses pensées s’arrêtèrent au moment où elle entendit Rubis tombé. Se relevant subitement, elle s’approcha de lui d’un pas décidé, passant près d’Hagane. Sans un mot elle se pencha vers son Pokémon et le prit avec douceur dans ses bras, observant ses blessures de plus près. Bahia était inquiète, mais en même temps elle se disait qu’elle devait lui faire confiance, il savait ce qu’il faisait. À présent il avait besoin d’un peu de repos. Un des employés de l’arène s’approcha avec une couverture et offrit à Bahia de soigner les blessures du Pokémon, alors qu’un autre faisant de même pour Hagane. Bahia déposa donc son Pokémon près de l’épée et de son sac, laissant le guérisseur faire son travail. Ils étaient plusieurs sur le terrain, offrant leurs services aux dresseurs qui venaient s’entrainer avec leurs Pokémons. Se tournant doucement vers l’insecte, Bahia s’approcha de lui et s’inclina légèrement dans sa direction pour le saluer.

-‘ Je vous remercie pour ce combat au nom de Rubis, votre force est impressionnante. ‘

Après avoir remercié l’insecte, elle se détourna de lui et retourna près de son Pokémon, restant un moment sans rien dire. Elle se pencha dos à Abigaël, ce qui cachait un peu ce qu’elle était en train de faire. Sans avertissement Bahia se retourna et l’épée glissa de sa main, allant se planter au pied de la guerrière. La jeune femme était-elle devenue folle ? Peut-être un peu. Quelque part dans son désespoir et sa tristesse, elle voulait tester ses compétences, se montrer à elle-même qu’elle était encore capable de se défendre. Rubis l’en aurait empêché, mais vu qu’il était évanoui, elle pouvait profiter de ce moment pour décider toute seule de ce qu’elle faisait. Pour l’instant elle contrôlait ses tremblements et fixait la Maitresse des Lames dans les yeux, sans ciller même si elle en avait envie. Pour l’instant l’esprit guerrier au fond d’elle ne réagissait pas, mais il n’allait certainement pas tarder, ce qui lui faisait peur un peu. Bahia n’avait pas envie de perdre la maitrise d’elle-même et de redevenir ce monstre, mais en même temps elle voulait tenter l’expérience. Cette femme avait mis des doutes dans ses pensées, elle voulait s’en débarrasser au plus vite.

Elle fit signe à celui qui gardait le coffre et celui-ci lui apporta une plus grosse épée, pas aussi imposante que celle de son adversaire, mais juste assez pour qu’elle ne se brise pas dans ses mains. Il pouvait paraitre surprenant que quelqu’un comme elle la soulève et la pose en partie sur son épaule, elle qui avait l’air si renfermé et calme d’habitude, cela créait un tableau bizarre. Si son esprit oubliait son entrainement, son corps lui avait toujours la force. Bahia avait toujours été entrainée aux épées lourdes et il fallait avoué qu’elle détestait cela, elle s’était habituée parce que son père ne voulait pas qu’elle s’entraine avec un long sabre, même si c’était ce qu’elle préférait. Aujourd’hui elle était bien obligée de l’utiliser encore une fois, mais elle se promettait que la prochaine fois qu’elle aura ce genre d’arme dans les mains, elle prendrait ce qui lui faisait plaisir elle. Ce tournant vers la jeune femme de Terros, Bahia serrant fortement la poignée de son épée.

-‘ Vous n’avez pas aimé ce que vous avez vu tout à l’heure, pas vrai ? Excusez-moi, mais je ne me contrôle pas. En fait non, à bien y penser, je m’en fous de ça. Vous pouvez bien vous frustrez si vous en avez envie, si c’est ce que vous voulez tellement, alors venez. ‘

Bahia s’était mise en position de défense, tentant de cacher un peu sa peur. La bonne nouvelle était qu’elle avait réussie à parler sans bégayer et sans le laisser paraitre. Seulement la jeune femme savait bien que la guerrière le devinerait, si elle avait senti sa propre bête au fond d’elle se réveiller, elle saurait bien que ce n’était pas le cas en ce moment. Bahia savait bien que le fait de se battre la réveillerait bien assez vite, de quoi réjouir la soif de combat de celle-ci.

Restait plus qu’à éviter de se faire couper en morceaux jusqu’à ce qu’elle se manifeste.


-HJ- Bon, enfin ! J'ai du recommencer en partie en voyant que Onde Folie ne fonctionnerait pas finalement. Je m'excuse pour Mitra-poing, tu peux le considérer comme une attaque de moindre force, en fait j'avais complètement oubliée qu'il était supposé l'apprendre à ce moment là -_-' Donc il l'a fait mais c'est prit le contre coup dû au fait qu'il doit l'utiliser lorsqu'il attaque en premier et sans avoir pris de coup avant. Voilà ! -HJ-

[Abigaël d'Alma]

L’insecte regarda son adversaire chu au sol, sans bouger, le laissant se débattre avec lui-même pour se relever. Le Pokémon avait suffisamment d’honneur pour ne pas tenter d’achever un opposant en position de faiblesse, et il le prouvait par son immobilisme, tout en restant de marbre devant le spectacle. Le Ténéfix essaya de se servir d’une Onde Folie, en brillant légèrement, mais le Cizayox, prudent, s’était protégé contre les altérations de statut... Ce qui était, en fait, plutôt superflu, puisque même la confusion n’aurait pu empêcher Rubis d’être mis hors de combat, surtout avec l’attaque qu’il se préparait à faire.

En effet, le spectre se redressant subitement, parvint à lancer un Mitra-Poing digne de ce nom, complet et achevé, qui toucha Hagane au visage. L’insecte secoua simplement la tête pour dissiper l’engourdissement qui l’avait saisi, mais au moment où il reprit totalement ses esprits, il sut que son adversaire en avait terminé avec le duel, car le Ténéfix s’écroula, tandis que ses joyaux s’éteignaient doucement. Sans un bruit, le ninja rouge s’inclina devant lui, honorant par ce geste la force et la persévérance de son opposant, puis se tourna vers Abby et Bahia. Cette dernière, qui s’était accroupie pour se mettre au niveau d’Uramu et de Kuchimi, se dirigea vers son Pokémon, le prit dans ses bras, le confia aux Guérisseurs de l’arène, puis salua Hagane, en le remerciant pour ce match. Plantant son regard aussi fauve que celui de sa patronne dans les morceaux de ciel de Bahia, le combattant, en retour, frappa son abdomen avec sa pince droite, au niveau du cœur. Pas de doute, c’était un vrai guerrier, avec un code et des principes... Contrairement à Abigaël, qui avait tout intérêt à prendre exemple sur sa créature. Bien sûr, cet espoir n’était qu’un doux rêve, si l’on considérait le caractère de la jeune femme, mais elle devait impérativement s’acheter une conduite, si elle voulait devenir Chevalier... Enfin, « elle », son père, plutôt.

Mais pour l’heure, ce n’était pas le souci premier de la demoiselle d’Alma, qui ne détachait pas son regard de son Pokémon. Elle semblait plongée dans une sorte de fascination pour le moins inquiétante pour l’insecte d’acier, qui ne cilla pas, habitué à ces confrontations silencieuses et intenses avec la patronne. Les deux autres compères, eux, observaient l’étrange duel, eux aussi accoutumés à cet affrontement entre deux puissantes volontés. Ce n’était pas réellement un défi, ou une remise en question de l’autorité de l’un sur l’autre, mais plutôt un entraînement mystérieux et incompréhensible, dont ils avaient le secret, et dont le but demeurait obscur, même pour les autres membres de l’équipe des ténèbres. Cependant, quelque chose vint troubler cet accord silencieux, et ce fut le sifflement de la lame de la Flamenoise, qui venait de provoquer Abigaël. Celle-ci posa son regard de bête sur l’épée fichée dans le sol, puis considéra l’autre fille, qui venait de changer d’arme pour en emprunter une plus grande et plus large, sans doute mieux adaptée pour un combat contre la claymore de cauchemar de la Terrosienne.

« Enfin. »

La voix glaciale de la Maîtresse des Lames fit courir un frisson sur l’échine du Dragon et du serpent, qui se collèrent un peu plus l’un à l’autre, tandis qu’Hagane les rejoignait pour regarder le duel. Il s’était à peine laissé faire par les soigneurs des lieux, plus par politesse que par nécessité, estimant qu’il devait récupérer de ses blessures (déjà en partie résorbées par Atterrissage) par lui-même. D’un bref « Yox », il s’adressa à ses camarades, qui hochèrent la tête en silence, avant de se concentrer sur les deux humaines. Si Bahia s’efforçait de parler d’une voix claire et continue, Abby, elle, n’avait pas besoin de fixer son esprit sur son élocution, ni même sur son aura, perpétuellement sombre et menaçante. Empoignant sa propre épée, elle l’arracha du sol avec force, faisant voler des mottes de terre autour d’elle par la même occasion, tandis que la mère nourricière donnait l’impression de hurler sa douleur à la face d’un de ses plus proches enfants. Pour un élémentaire tirant son pouvoir des puissances telluriques, la guerrière n’était pas spécialement respectueuse...

Un sourire identique à celui qui s’était dessiné sur son visage pendant le combat étira ses lèvres.

« Hin hin... En garde. »

Bref, laconique et concis, ces trois mots résumaient à merveille ce qui était l’ensemble des attitudes de la machine à tuer. Même si elle ne sentait pas sa bête aussi réceptive et agitée que précédemment, la Terrosienne avait soif de combat, de rage et de sang. Les muscles bandés, à moitié ramassée sur elle-même, la bête bondit, puis amorça un mouvement vertical avec sa claymore, qu’elle leva aussi facilement que si elle avait été un enfant s’amusant avec un jouet. Mais voilà, Abby n’était pas une gamine, et son arme était loin d’être un jouet : la lame, qui n’avait rien de factice, s’abattit avec force sur Bahia, tandis que la jeune femme, encore dans les airs, se laissait tomber de tout son poids sur la Flamenoise. Si la dresseuse de Rubis voulait s’en sortir, avec son état d’esprit actuel, elle avait plutôt intérêt à se décaler pour éviter le tranchant de la lame démentielle... À moins que « l’ancienne Bahia » ne se réveille pour parer le coup, ce qui était une autre option, ma foi, tout aussi envisageable, à condition d’avoir la carrure et le placement adaptés pour encaisser un assaut pareil.

Toujours était-il qu’Abby n’en avait réellement rien à faire de savoir si oui ou non, son opposante allait réagir assez promptement pour ne pas se faire mettre en pièces. Le second mouvement de la danse fut à la fois « brut de décoffrage » et proprement effrayant : la Terrosienne tendit sa claymore en avant, puis se mit à tournoyer sur elle-même, tout en avançant vers la Flamenoise, menaçant à chaque instant de la couper en deux au niveau du ventre. La tornade vivante, sans s’arrêter, sifflait de manière sinistre, ne présageant rien de bon pour ceux qui se trouveraient sur son passage. Prudemment, les trois Pokémon s’écartèrent de la zone couverte par la tempête acérée, tenant à rester en vie pour admirer le travail. Si Uramu et Kuchimi, bien qu’habitués à des démonstrations de ce genre, ouvraient de grands yeux ronds devant les rotations effectuées par Abby, Hagane, lui, se contentait de regarder, comme s’il analysait chaque geste de la guerrière, cherchant à apprendre, à étudier, à trouver une faille, à la corriger mentalement... Mais encore fallait-il détecter une ouverture dans cette attaque impitoyable. En déglutissant, le Drackhaus et l’Abo souhaitèrent mentalement « bon courage » à l’adversaire de la patronne. Il lui en faudrait. Vraiment.

[Graou. J’ai enchaîné mes deux attaques sans préciser le résultat de la première : j’attends de voir comment tu t’en sors pour écrire ce passage dans mon prochain post. Amuse-toi bien ! xD]

[Bahia Nur]

Ah… merde. Bahia aurait aimé au fond d’elle qu’Abigaël décide de ne pas se battre, qu’elle soit très demandée ailleurs. Visiblement ce n’était pas le cas, la jeune femme allait devoir essayer de s’en sortir vivante. Cela lui faisait bien peur même si elle tentait de ne pas le montrer, la guerrière doutait que son adversaire se retienne de la découper en morceaux. En même temps elle se trouvait au beau milieu de la ville de sa propre patrie, il aurait été fort idiot de sa part de la trancher en deux. Malgré cela une petite crainte persistait, l’aura que dégageait son aînée de la rassurait tout simplement pas. Quelle idée elle avait eue, aussi ? S’attaquer à une femme de rang plus élevée, elle ne l’était pas pour rien. Bahia grimaça sans le vouloir : ses mains étaient moites, cela faisait des mois qu’elle n’avait pas tenu une épée et la sensation était bizarre. Arriverait-elle à s’en souvenir ? La jeune femme préférait ne pas y penser, elle se trouvait bien idiote aussi d’avoir autant de mal à se concentrer. Elle avait vécu avec cette arme dans les mains toute son enfance, c’était complètement décourageant de voir que quelques mois suffisaient à lui en faire perdre plus de la moitié. Quoique le caillou qu’elle s’était pris dans le front y était aussi pour quelque chose.

La jeune femme serra les dents en voyant la guerrière devant commencer le combat directement, qu’allait-elle faire ? Bahia se disait que celle-ci n’utiliserait pas des techniques travaillées et compliquées avec elle, son aînée semblait plus bourrin qu’autre chose. Bon dieu, la dresseuse aurait cru qu’Abigaël serait légèrement ralentie par sa lame, mais visiblement c’était loin d’être le cas. Cela ne fit que la décourager encore plus, elle avait cru sur le coup qu’elle serait capable de profiter de ça pour mettre en avant sa vitesse, qui était meilleure que sa force. Ce combat allait être compliqué… enfin, compliqué pour elle, hein. La voyant bondir dans sa direction, Bahia se pencha légèrement, les épaules relevées et les bras crispés, signes évidents de stress. Abigaël n’allait pas par quatre chemins, dès le début elle lui fonçait dessus avec son immense épée. Bahia faillit ne pas réagir en voyant la lame de celle-ci tomber vers elle. Le temps de deux secondes, elle fixait le tranchant de la claymore, incapable de bouger. La peur lui soudait les pieds au sol, ses jambes ne répondant plus sur le coup. Mais l’instinct finit par reprendre la place qui lui était du : la survie prit le contrôle et la peur se dissipa le temps d’esquiver, sauvant les fesses de Bahia. Celle-ci se laissa simplement porter par l’adrénaline, sans réfléchir.

Elle se décala d’un bond, le cœur cogna fortement dans sa poitrine. Elle vit de près la lame, voyant presque son reflet dedans. Bahia avait aussi senti la force que l’attaque avait dégagée, heureusement qu’elle avait eu le réflexe finalement de bouger, cette attaque lui paraissait mortelle. La jeune femme n’eut même pas le temps de penser au fait qu’elle aurait pu peut-être la bloquer, l’épée fut suivie de sa propriétaire et celle-là Bahia n’y avait pas pensé non plus. Elle aurait pu essayer de trouver le moyen de l’embrocher dans les airs, mais elle était trop rapide et sa propre épée n’eut pas le temps de bouger avant l’impact. Ce prenant tout son poids, la dresseuse se retrouva sur le dos, ayant été légèrement projetée. C’est avec panique qu’elle se rendit compte qu’elle n’avait plus son épée dans les mains, celle-ci était à présent au pied de son adversaire. Est-ce que cela pouvait aller plus mal que cela ?

Il y avait toujours pire.

C’est d’un air médusé qu’elle vit son aînée se mettre à tourbillonner avec son immense lame, créant une tornade fortement dangereuse. Il était temps de s’éloigner de là. Bahia se tourna sur le ventre et se releva rapidement, courant pour éviter l’épée. Elle s’arrêta un peu plus loin, tentant de trouver un moyen de reprendre sa propre arme. Malheureusement celle-ci se trouvait près de la guerrière, c’était simplement impossible pour l’instant de la récupérer sans se faire trancher la tête. Le sifflement de l’attaque lui donnait des frissons dans le dos. Elle tentait toutefois de ne pas le laisser paraitre, reculant toujours un peu pour ne pas être trop près de la lame acérée. Peut-être qu’en continuant de s’éloigner son adversaire ferait de même, en courant elle pourrait arriver à récupérer sa propre arme… si Abigaël s’en éloignait suffisamment. Bahia resta un instant sans bouger et, d’un seul coup, se mit à sprinter vers la droite. Elle allait directement vers son sac, qu’elle agrippa en chemin. Il valait mieux pour elle de faire attention, elle passait assez proche de la tornade et elle pouvait sentir le vent que cela créait. Elle sortit quelque chose du sac et le lança, celui-ci allant s’écraser près de Rubis, qui dormait toujours. Elle espérait sincèrement qu’il ne se réveillerait pas pendant, sinon elle aurait lui et Abigaël contre elle.

Ce tournant face à son adversaire, elle restait légèrement en retrait, cachant la chose qu’elle avait à la main. Bahia aurait aimé trouver un autre moyen, seulement tant qu’elle tournait, la jeune femme ne pouvait rien faire. Même avec son épée dans la main la dresseuse n’aurait pas trouvé le moyen de se défendre contre ça. Il fallait qu’Abigaël arrête enfin pour espérer reprendre son arme ou qu’elle s’éloigne suffisamment d’elle et se concentre ailleurs. Bahia allait tenter de déconcentrer son adversaire et courir vers son épée pendant ce temps, avec un peu de chance cette idée stupide allait fonctionner… enfin, elle espérait que ce serait le cas. Après s’être un peu éloignée, la jeune femme se mit à courir dans sa direction, fonçant tout droit vers la tornade mortelle. Lorsqu’elle fut assez près, la jeune femme laissa tomber ce qu’elle avait dans la main et donna un coup de pied dessus, envoyant l’étrange sphère volée dans les airs. Sachant qu’Abigaël faisait tournoyer l’épée à la hauteur de sa taille, sa tête était libre. Bahia avait fait exprès de lancer la chose lorsqu’elle était de dos, pour qu’elle se la prenne en plein visage lorsqu’elle s’approcherait d’elle.

C’était une orange.

[Abigaël d'Alma]

Si Bahia avait été assez rapide pour esquiver la lame mortelle et démesurée d’Abby, elle n’avait en revanche pas eu le temps de se soustraire à l’assaut suivant, et elle se prit le corps lancé à pleine vitesse de plein fouet. Non seulement la Flamenoise se retrouva sur le dos, mais elle fit aussi la désagréable expérience du désarmement. Dans un combat, se faire arracher sa lame, c’était, bien souvent, synonyme de mort rapide (et douloureuse, aussi). De plus, si la demoiselle d’Alma avait été élevée et formée (pour ne pas dire formatée) pour la guerre et la tuerie, la pauvre Bahia, elle, ressemblait à une jeune fille tout à fait normale, ce qui, en face de la furie de Terros, n’était pas exactement un avantage. Bien sûr, Abby ignorait tout du passé de Bahia et des raisons qui l’avaient amenée ici... Mais à vrai dire, elle s’en tamponnait l’oreille avec une babouche. Tout ce qui importait, là, maintenant, c’était l’adversaire en tant que tel. Que ce soit une fille clairement effrayée par la puissance déployée pour l’abattre n’y changerait absolument rien.

Emportée par sa danse macabre, la guerrière sentait l’ivresse du combat la gagner, la jubilation intense l’envahir, et l’étonnement face à ses propres sentiments la perturber, l’espace d’un instant. Il fallait dire que pour Abigaël, ressentir quelque chose était assez inhabituel, pour ne pas dire inédit. Se rapprocher un peu plus de « l’humanité », c’était un cheminement qui n’avait débuté que très récemment, chez elle, et sans personne pour la guider, pour l’accompagner dans cette introspection qui se réalisait malgré elle, elle était légèrement déroutée, perdue, et elle ignorait ce qu’elle devait faire, tout comme elle ne savait pas comment occuper son temps (et sa claymore) en temps de paix. Et ce fut sans doute ce qui permit à Bahia d’aller chercher quelque chose dans son sac, avant de le lancer vers son adversaire, qui n’avait cessé de tourbillonner depuis le début du mouvement.

Uramu, Kuchimi et Hagane sont bouche bée devant le spectacle, et plus encore devant l’objet que l’autre fille a décidé de balancer sur la patronne. Une orange. Non mais allô quoi. Comme si un truc pareil allait suffire pour déconcentrer Abby et lui faire gagner le duel. Au mieux, elle aurait un sursis, non ? En tout cas, tout se passe au ralenti, pour les trois Pokémon alignés comme s’ils étaient en train d’admirer un combat au Colisée. Le fruit coloré s’élève lentement, décrit un petit arc de cercle dans les airs, puis amorce sa chute vers la tête d’Abby. Celle-ci se retourne au moment où l’orange se rapproche dangereusement d’elle, puis, après l’avoir aperçue du coin de l’œil, effectue une rotation supplémentaire en bougeant ses bras un peu différemment. Lorsqu’elle fait de nouveau face au projectile, elle a légèrement changé sa trajectoire, et sa claymore est désormais tournée vers les cieux, prête à couper transversalement.

Comme si chacun de ses mouvements avait été décomposé minutieusement pour que les spectateurs profitent au maximum du « show », la demoiselle d’Alma laissa sa lame entrer en contact avec l’écorce du fruit, puis avec la partie charnue, avant de lui faire faire le chemin inverse, achevant ainsi son travail de découpage. Les deux morceaux parfaitement séparés en deux s’écrasèrent aux pieds de la jeune femme, qui se tourna vers Bahia. Cette dernière avait manifestement mis à profit le temps qu’Abby avait passé à s’occuper du « cas orange » pour récupérer son arme, ce qui fit esquisser un sourire carnassier à la Terrosienne. Elle semblait préférer les proies qui se débattaient un peu, quand même, parce que sinon, ça n’avait rien de drôle, quoi.

« Kurux. »

La croix noire qui faisait office de pendentif pour la guerrière scintilla brièvement, ce qui arracha un déglutissement collectif chez la petite Dream Team d’Abigaël. En général, quand la patronne sollicitait son précieux item, cela ne pouvait signifier que deux choses : la première, qu’elle passait au niveau supérieur et qu’elle se rapprochait de la libération de sa bête, et la seconde, qu’elle n’avait plus vraiment envie de jouer, et à y bien regarder, la deuxième commandait souvent la première. Le Drackhaus, l’Abo et le Cizayox échangèrent des regards entendus, car ils savaient bien que si Abby activait son « Korosu Mode », la pauvre fille en face pouvait faire ses prières et s’enfuir à toutes gambettes.

Mais pour l’heure, la Terrosienne n’avait fait qu’enclencher le mécanisme initial. Elle était encore loin de la libération, mais déjà, un changement pouvait se faire sentir dans son aura et dans ses mouvements. Encore plus fluides et plus mortels qu’auparavant, ils semblaient laisser dans leur sillage des traces noires, comme une sorte de vapeur sombre, qui n’augurait rien de bon. Les ténèbres qui habitaient en permanence la jeune femme se manifestaient davantage, ne laissant aucun doute sur la voie qu’elle emprunterait, puisque la noirceur était indubitablement une composante naturelle chez elle. Fille des ombres, poison ambulant et danger létal. La guerrière qui tournait désormais autour de Bahia comme un prédateur autour de sa proie était un condensé de tout cela à la fois. Et le saut qu’elle fit soudain pour se rapprocher de la Flamenoise, claymore au poing, dans le but avoué de lui trouer la peau, avait comme un parfum de trépas.

[Voilà voilà, j’ai mis le temps, désolée, mais je l’ai fait. Go Skype si jamais tu as des questions/remarques/doléances. ^^]

[Bahia Nur]

-HJ- Pour ma part je m'excuse de la longueur du poste, je manque d'inspiration un peu. -HJ-

La jeune femme fut contente de voir que celle-ci se concentrait sur l’orange. Cette tactique, même si elle paraissait ridicule, lui donnait ce qu’elle voulait : du temps. Et toute idée qui fonctionnait n’était pas si idiote que cela. Bahia profita donc de ce petit moment pour passer à côté et s’approcher de son arme rapidement. La dresseuse posa la main dessus et poussa un profond soupir. Elle se rendait compte à présent à quel point elle n’en avait pas réellement envie. C’était presque une tâche, une corvée qu’elle s’était donnée à elle-même. Si elle s’était tue, cette folle furieuse serait déjà partie et elle le serait aussi. Probablement qu’elle serait sortie de cette ville à l’heure qu’il est. Cette idée la rendit morose, alors qu’elle soulevait son épée pour se remettre en garde. Elle avait commis une erreur et si cela avait été uniquement de son ressort, elle aurait planté l’épée dans la terre et serait simplement partie en laissant Abby en plan. Quelque part au fond d’elle son orgueil refoulé ne voulait pas lui faire lâcher cette épée, il voulait qu’elle la tienne et se batte avec jusqu’au bout. Cette confrontation entre la frêle Bahia et celle qui se prenait pour un Ursaring lui consommait beaucoup d’énergie et la migraine qu’elle ressentait tout à l’heure était devenue plus forte. La vue un peu embrouillée sur le coup, la guerrière plissa les yeux et serra la poigne de son épée. Sa vue se stabilisait alors qu’elle voyait le changement s’opérer du côté de son adversaire.

Levant un sourcil, celle-ci parut simplement ennuyée en voyant les sillages noirs que laissait la lame. Et puis quoi encore ? La jeune femme recula un peu, observant un instant la femme devant elle. La manifestation de la bête d’Abby faisait réagir un peu le côté combattif de la dresseuse, mais la migraine l’empêchait de pleinement prendre la place. Bahia était plus concentrée sur son mal de crâne que sur le combat en lui-même. Continuant de reculer un peu, elle baissa son arme et souffla. La raison était fort simple : elle était étourdie. Respirer calmement l’aidait un peu à se sentir mieux. Elle savait bien que son adversaire finirait par attaquer, mais elle se disait qu’elle réfléchirait à ce moment-là. C’était fortement risquer de sa part de ne pas anticiper les mouvements ou de réfléchir à une stratégie, mais elle n’en avait pas la force pour l’instant. Elle vit toutefois celle-ci se mettre à lui tourner autour comme un vautour, ce qui la força à se concentrer un peu plus. Relevant à nouveau son arme, Bahia décida de ne pas bouger, tout simplement. Elle attendait que le fauve vienne de lui-même. Et elle n’eut pas à attendre longtemps, visiblement son adversaire n’avait plus envie de jouer. Tant mieux, cela voudrait dire que cela se terminerait bientôt et à présent, c’était la seule chose que demandait Bahia.

On aurait pu croire que celle-ci allait reculer ou se tasser en voyant Abby sauter vers elle. Mais le fait d’être à présent aussi près de la bête parut déclencher chez Bahia le même effet que lors du combat entre leurs Pokémon. Celle-ci s’était rapidement tournée vers elle, imitant le même mouvement que la dresseuse : elle sauta dans sa direction, sa lame suivant le mouvement dans la sienne. Le but était de la bloquer tout simplement, pour établir un rapport de force. Elle voulait confronter Abby et l’obliger à entrechoquer leurs lames, qu’elles se bloquent mutuellement et qu’elles soient toutes deux obligées de pousser l’arme sur celle de l’autre pour la désarmer. Abby était évidemment plus forte qu’elle, mais Bahia avait une autre idée derrière la tête. Elle était très proche d’elle et en bloquant un de ses coups, elle risquait de l’être encore plus.

La colère au fond d’elle bouillonnait et augmentait lentement la température de son corps. Elle sentait au bout de ses doigts des picotements, qui n’étaient pas si désagréables que cela. La migraine s’estompait lentement, alors que la chaleur continuait de monter. Bahia se sentait mieux et cela se voyait : elle dégageait de plus en plus la même aura que tout à l’heure. Poussant un léger grognement, celle-ci se jeta près d’Abby, mettant son idée à exécution. De toute façon, elle n’avait pas beaucoup de choix restant. Si elle parvenait à bloquer l’un des mouvements, la jeune femme en profiterait pour lancer une attaque-surprise. Cela faisait des mois qu’elle n’avait ressenti cette sensation, et cela l’électrisait. Si elle se trouvait suffisamment proche d’Abby, elle essayerait de l’attaquer au feu. Elle ne savait pas si elle arriverait à produire quoi que ce soit, mais elle n’avait rien à perdre à essayer.

[Contenu sponsorisé]