[ Clos ] Loin de toi. [Contrainte/Solo]

[Bahia Nur]

Combien de temps avait-elle passé dans ce trou ?

Peu importe.

Elle s’en fichait, à présent.

Bahia avait fixé le plafond sans relâche, comme si le métal pouvait lui donner les réponses à ses questions. Mais personne ne le pouvait, encore moins un chariot. Elle voulait se concentrer sur quelque chose, n’importe quoi. Tout ce qui pouvait la déconnecter de ce qui se passait. La jeune femme ne savait pas combien de temps elle l’avait observée sous ses moindres coutures, mais cela lui avait paru durer des mois. En réalité, cela ne faisait qu’une journée. Une journée à être enfermée dans ce chariot puant, les mains et les pieds bien ligotés. Elle tentait d’écouter ce que les guerriers autour disaient, mais la seule chose qu’elle entendit, c’est qu’ils allaient vers Onsen. Après cela, ils arrêtèrent de parler, n’ouvrant la bouche que pour des indications sans importances. Bahia se sentait à présent extrêmement seule. Elle avait tenté encore et encore de tendre son esprit, cherchant désespérément son Ténéfix. La dresseuse avait beau hurler son nom intérieurement, il ne répondait plus. Le lien mental qui les unissait s’était brisé, tant qu’elle ne se retrouvait pas de nouveau près de lui, elle serait incapable de le rejoindre mentalement. Après une heure elle avait arrêté, pour se lancer dans cette exploration du plafond. Ils avaient évidemment prévu le fait qu’elle pourrait se mettre en colère, d’où le chariot en métal et non en bois. Il lui aurait suffi d’un peu de flamme pour détruire sa prison.

Tentant difficilement de s’asseoir, quelque chose tomba de sa veste alors qu’elle gigotait comme un vers. Attirée par le bruit, Bahia se glissa sur le côté, cherchant du regard ce qu’elle avait échappé. Elle vit rapidement le petit rubis posé au sol, tout près d’elle. Dans cette position elle était incapable de le récupéré. La dresseuse se plaça donc sur le ventre, le nez contre la pierre précieuse. La guerrière sentait en elle un autre élan de tristesse. Ce rubis était le dernier qu’elle avait, la jeune femme l’avait achetée à Alfen pour nourrir son Pokémon. Elle en avait une grande collection à sa maison juste pour lui, elle espérait que son père y penserait et lui en donnerait. La tristesse fut remplacée par une colère sourde : s’il y avait bien quelqu’un qui s’en fichait, c’était lui. Il allait sûrement enfermer Rubis dans une pièce vide et le laisser là jusqu’à ce qu’elle revienne. Bahia aurait aimé pleurer, mais elle n’en était plus capable, vidée de son énergie. Elle avait déjà pleuré une bonne heure sans arrêt, il fallait qu’elle reprenne un peu le contrôle d’elle-même. Reprenant son étrange mouvement rappelant un serpent, celle-ci tentait de reprendre le rubis. Comment faire ? C’était une bonne question.

Bahia savait qu’ils allaient arriver bientôt, le soldat à sa droite venait de le dire. Il lui fallait trouver le moyen de récupérer le seul souvenir qui lui restait de son ami, car elle savait bien qu’ils allaient le lui prendre. Prise par un élan de panique, la jeune femme se souleva difficilement, le dos rond. Appuyer sur sa tête et sur ses genoux, celle-ci entendait déjà au loin les bruits caractéristiques du camp d’entraînement. Un mélange d’une tonne de voix parlant en même temps et au milieu de ça, des bruits de lames s’entrechoquant. Sentant la sueur lui couler dans le dos, la guerrière se mit à réfléchir à toute allure. Que faire ? Avec les mains liés ainsi, pas moyen de le reprendre pour le remettre dans sa poche. Ils étaient en train d’entrer dans le camp.

* Dépêche-toi espèce d’idiote ! *

Pensa la guerrière, respirant rapidement. Les soldats étaient en train de s’approcher de la porte du chariot, signe qu’ils allaient la faire descendre. Elle n’avait plus le choix. Se relevant complètement sur ses genoux, la jeune femme fixa un instant le rubis, espérant que cette technique allait fonctionner. Alors qu’elle entendait la clé déverrouiller sa prison, la jeune femme se laissa simplement retomber sur la pierre, ouvrant la bouche. L’agrippant avec les dents, la jeune femme le glissa difficilement sous sa langue. Ainsi, elle avait encore une chance de le préserver. Toutefois, si elle ouvrait la bouche, c’était terminé.

-‘ On est arrivés, Bahia. Nous allons te conduire à ta chambre. ‘

Ne répondant pas, les guerriers s’approchèrent d’elle et l’empoignèrent, la déposant dehors. Bahia plissa les yeux, aveuglée par les rayons de soleil. Elle préféra simplement baisser la tête, pour éviter que les gens autour remarquent qu’elle avait aussi les yeux boursouflés par les larmes. Celle-ci ne se débattit pas une seule fois : la jeune femme avait trop peur de perdre le rubis. Elle laissa donc les guerriers l’amener jusqu’à sa chambre, qui était à l’écart des dortoirs normaux. Celle-ci était aussi toute en métal, sauf pour le lit. La déposant au sol, le guerrier le plus proche la libéra de ses liens.

-‘ Tu commenceras l’entraînement dès demain. Profites-en donc pour te reposer. ‘

L’homme attendit un instant, pour voir si celle-ci lui répondrait. Voyant qu’elle restait toujours aussi muette, il fit signe aux autres de sortir et referma la porte. Lorsqu’elle fut bien sûre qu’ils avaient verrouillé et étaient partis, la guerrière se leva lentement. Ses membres étaient engourdis et elle faillit retomber au sol. Se glissant jusqu’à son lit, la jeune femme s’y coucha et décida de ne plus bouger. Elle tendit la main et sortit de sa bouche le petit rubis, qu’elle serra contre elle comme une peluche. La jeune femme le glissa ensuite dans la poche intérieure de sa veste, se recrovillant sur elle-même. Ce rubis était sa lumière au fond du tunnel. C’était idiot, mais, tant que le rubis restait en sa possession, alors elle croyait qu’elle avait encore une chance de voir son ami.


Combien de temps allait-elle encore passer loin de lui ?

[Bahia Nur]

Bienvenue au camp du Dracaufeu Doré !

Approcher approcher, il faut que tout le monde puisse voir. Nous commencerons la visite dès que tout le monde sera prêt. Ça y est ? Allons-y.

Notre camp existe depuis presque cent ans déjà. Il en existe quatre dans le monde, chacun prenant domicile dans un pays différent. En effet messieurs – oh, et mesdames -, ce camp a la grande originalité d’être indépendant et ouvert à tous. Nous permettons ainsi à des gens qui ont quittés leurs contrées de s’entrainer malgré leurs différences avec le pays d’accueil. Pour éviter des batailles inutiles, tous nos camps sont contrôlés par quatre grands Maitres : chacun venant d’un élément différent. Nous formons donc des groupes de tous âges et de toute nationalité et nous les traitons tous de la même façon. Ici les rangs n’existent pas, ne croyez pas pouvoir vous sauver des tâches ménagères parce que vous êtes noble là d’où vous venez. Vous ne serez qu’une larve de plus entre les mains expertes de nos fantastiques professeurs. Nous ferons de vous des guerriers capables de se débrouiller dans les situations les plus extrêmes.

Vous pouvez voir ici nos installations pour Pokémon, voilà, cette grande maison juste là. De dehors cela ressemble à un grand hangar, mais ne vous méprenez pas, l’intérieur est séparé et proposer aux Pokémons présents des chambres par rapport à leurs types. Si vous possédez des montures, celles-ci devront suivre un entrainement pareil au vôtre. Vous pouvez les laisser ici ou les amener avec vous en chambre si vous en avez la place. C’est aussi dans cette grande bâtisse que nous laissons nos Pokémon d’entrainement, il vaut mieux pour vous de bien vous en occupez, car ils vous le feront savoir. Chaque créature a droit à son box personnel. Ne soyez pas surpris de la luxure de certains d’entre eux, nos Pokémon entraineurs ont une place aussi importante que nos professeurs humains, ils méritent donc une chambre digne de ce nom… eh oui, ils ont des chambres plus confortables que les votre. Ce n’est pas un camp de vacance ici !

Hum oui, continuons notre route. À votre droite, vous pouvez à présent voir nos arènes. Ah, si certains d’entre vous sont intéressés par le job de Dompteur, vous trouverez votre bonheur ici. Ce n’est pas pour rien que nos arènes sont faites de métal, ici vous affronterez de grands Pokémon, parfois dangereux. Mais non, ne vous inquiétez pas, nous les arrêterons avant qu’ils ne vous brisent en morceaux. Les cours principaux sont donnés dans la grande structure du milieu, dans ce dôme de verre.

Ah, et voici maintenant nos terrains d’archerie et de combat. Vous pouvez vous entrainer à l’extérieur sur des cibles bien normales ou vous pouvez aller dans cette petite bâtisse en bois : celle-ci renferme un parcours de cible mouvante, vous permettant de vérifier un peu vos réflexes. Voyez la porte là-bas ? Celle-ci mène à notre réserve, vous y trouverez différents arcs et flèches, que vous pourrez changer en fonction de vos préférences. Vous verrez aussi à l’intérieur différentes armes de combat, c’est pour les entrainements de nos futurs Maitres des Lames. Les terrains plats ici servent pour leurs entrainements : il vaut mieux pour vous de ne pas vous y promenez lorsque vous ne vous battez pas, des accidents sont vite arrivés. Bon bon, continuons plus loin !

Voyez les terrains très loin, là-bas ? Cet espace est réservé pour les gens voulant maitriser leurs éléments. Encore une fois, il vaut mieux ne pas s’y promener sans de bonnes raisons. Nos professeurs tentent de contrôler les erreurs des élèves au maximum, mais il peut arriver parfois que l’élément se déchaine et qu’il soit difficile de le contenir. Il faut beaucoup de concentration et de détermination pour y arriver. Nous avons placé ses terrains là-bas pour de nombreuses raisons : la première c’est qu’une petite rivière coule non loin. Le terrain est bien plat et c’est l’endroit avec le moins d’arbres autour. Cela permet donc à nos futurs maitres des éléments d’avoir tout ce qu’il leur faut : de la terre, de l’eau, du vent. Pour ce qui est du feu, nous le produisons nous-mêmes grâce à nos foyers extérieurs en pierre, que vous pouvez apercevoir au bord de vos dortoirs.

Ne soyez pas impatients, nous avons presque fini. Alors comme je disais, voici vos dortoirs. Vous avez droit à une petite chambre chacun. Au centre de cette bâtisse se trouvent des douches et une grande salle à manger, où vous devrez vous réunir tous les matins et soirs. Vous avez un chemin derrière qui mène à Onsen, ce sont d’énormes sources chaudes où vous pouvez vous rendre en groupe. Croyez-moi, après vos journées ici, un bain chaud vous fera du bien. Par là, vous pouvez voir les maisons des directeurs de l’endroit …

*

-‘ Bahia, tu m’écoutes ? ‘

La jeune femme releva légèrement la tête et posa son regard vide sur son entraineur. Celle-ci était appuyée contre la clôture de son terrain de pratique, écoutant le guide du camp. Elle s’était complètement déconnectée pour écouter son monologue alors qu’il était suivi par une bande de petits nouveaux. Bartémy s’avança vers elle, impatient. Au départ la dresseuse s’intégrait dans leurs entrainements. Mais depuis deux jours, elle n’en voulait plus. L’homme ne savait pas pourquoi son père s’obstinait autant, Bahia avait clairement perdu la majorité de ses connaissances. Le premier jour elle avait donné tout ce qu’elle pouvait, en espérant visiblement pouvoir partir au plus vite. Mais il l’avait désarmé en moins de deux. Tous les combats qu’il avait menés contre elle étaient pathétiques, elle tenait moins de deux minutes. Après deux semaines ainsi, la jeune femme avait jeté l’éponge. Même s’il tentait de l’attaquer, elle ne réagissait plus. Il ne savait pas quoi faire pour lui redonner envie de s’entrainer. Même s’il la menaçait de ne plus jamais revoir son Pokémon, celle-ci ne faisait que soupirer.

Il ne le savait pas, mais elle comptait s’échapper bientôt.

Elle préférait rester passive pour l’instant, donner l’impression qu’elle n’en pouvait plus. Et quand ils baisseraient un peu leur garde… elle partirait le plus vite possible. Elle ne savait pas encore comment, mais elle le ferait. Fixant toujours le guide, un rugissement se fit entendre au loin.

Ce cri… elle le reconnaissait. Restant un instant figée, elle ignora le groupe de nouveaux qui s’inquiétaient visiblement. D'un coup de pied elle ouvrit la porte du terrain, attirant l’attention de Bartémy. Celui-ci se mit immédiatement à courir derrière elle, il lui était formellement interdit de la laisser se promener seule. Bahia s’engouffra dans le hangar pour Pokémon et l’homme s’arrêta en voyant la scène. Ils avaient reçu de nouvelles montures hier et parmi eux se trouvait un Pokémon inconnu, un grand renard noir. Ils se battaient en ce moment avec lui pour le faire entrer dans son enclos, celui-ci hurlant à la lune et se débattant pour ne pas y aller. Mais lorsqu’il vit Bahia, la colère s’arrêta. La dresseuse s’approcha de lui et prit sa tête entre ses mains, l’observant dans les yeux. Les gens autour s’arrêtèrent, ne sachant visiblement que faire. Le Pokémon et la demoiselle continuaient de s’observer sans rien dire, mais sachant tous deux où en venir. Bahia ne savait pas pourquoi Zoro était ici, mais c’était une chance inouïe qu’elle devait prendre.

Elle savait comment s’enfuir à présent.

[Bahia Nur]

-‘ Voilà… Et toi, comment tu es venu jusqu’ici ? ‘

Bahia murmurait, la tête proche de celle avec qui elle discutait. Il fallait qu’ils soient discrets, la moindre erreur serait fatale. Tous deux voulaient avoir la chance de pouvoir sortir de cet enfer. Jetant un coup d’œil à la porte verrouillée de sa chambre, la jeune femme tentait d’écouter si quelqu’un était près de la porte. Pour l’instant ils étaient en sécurité, il allait bientôt faire nuit et la jeune femme avait déjà reçu son repas du soir. De toute manière, si quelqu’un entrait, il ne verrait qu’elle. Le Pokémon en sa compagnie se cachait sous une illusion, invisible aux yeux des autres. C’était d’ailleurs ce qui lui avait permis de sortir de sa cage. En effet, un des gardes avait vu la cage vide et était entré en laissant la porte ouverte, ébahi de voir que le grand renard avait réussis à s’enfuir. À dire vrai le Zoroark était toujours là, il avait profité de cette invisibilité pour sortir derrière le garde sans qu’il ne s’en rende compte. Il aurait pu décider de partir en laissant la jeune femme ici, mais il ne connaissait presque rien du monde en bas. Elle avait besoin de lui et il avait besoin d’elle. Lorsqu’ils s’étaient vus pour la première fois, la jeune femme lui avait promis de le ramener sur son territoire, en compagnie des siens. Il avait accepté ce marché en revenant à elle pendant l’heure des repas, par le même procédé que son évasion. Il avait mis une petite semaine avant de venir, reprenant lentement des forces. Il aurait été incapable de produire des illusions le jour où il était arrivé et la dresseuse avait pertinemment attendu qu’il vienne à elle. Cela faisait donc trois semaines qu’elle était dans ce camp et il était temps de mettre les voiles. Trois semaines qu’elle était loin de son meilleur ami, à se demander comment il était traité. Elle allait se rendre chez son père et allait récupérer Rubis de force. Évidemment son père était plus puissant qu’elle, mais avec l’aide de Zoro, elle aurait de quoi le surprendre…

Laissant ses pensées de côté, la jeune femme observa l’illusion devant elle se modifier lentement. Elle vit devant elle le dresseur du Zoroark, qui l’avait amené sur Erasia pour faire des spectacles. C’est avec horreur qu’elle vit l’homme se mettre à saigner, une lame lui sortant du ventre. Par instinct celle-ci recula, le cœur battant à la chamade. On avait tué son dresseur ? Mais pourquoi ? Le reste de l’illusion était claire : pour prendre son Pokémon. Il fallait avouer que les pouvoirs de Zoroark étaient fort intéressants et il était difficile à capturer, dû à ses mêmes pouvoirs. Elle vit apparaitre cinq hommes, visiblement des pillards… et aussi les meurtriers. Ils avaient tenté de l’avoir, mais le Pokémon s’était enfui. Malheureusement il était perdu dans ce monde et il avait fini par être attrapé par l’armée de Flamen, qui l’avait envoyé avec d’autres Pokémon ici. Heureusement ceux-ci ne savaient pas vraiment de quoi il était capable et le Zoroark avait préféré ne rien montrer pour tout de suite. Il voulait reprendre des forces et prendre ses gardiens par surprise ensuite. Il voulait retourner auprès des siens et il espérait que Bahia lui montre le chemin pour retourner sur Tenkei. Celle-ci avait accepté, lui demandant un dernier service avant.

Voyant les illusions se défaire, la jeune femme s’appuya contre le mur, analysant lentement les informations. Ils allaient devoir élaborer un moyen de sortir d’ici. Ils pourraient attaquer de front, mais il y avait trop de guerriers ici. De plus, Bahia voulait récupérer son sac. La Pokéball de Topaze lui avait été confisquée et devait se trouver dans le bureau du directeur de Flamen. Il fallait de préférence s’enfuir de nuit, la majorité des gens dormaient et ils mettraient un moment avant de comprendre ce qui se passait. Bahia était impatiente de partir, mais ils devaient élaborer un plan avant. L’évasion ne serait donc pas pour ce soir. Jetant un coup d’œil à l’endroit où devait se trouver le Zoroark, celle-ci murmura.

-‘ On essayera de s’enfuir demain. Laisse-moi la journée pour observer le camp de plus près. Si je n’ai pas le temps, il faudra attendre une autre journée. Tu crois pouvoir refaire ton numéro ? ‘

Elle vit apparaitre sous ses yeux le grand Entei, puissant et fier. Parfait, ils allaient utiliser cette illusion pour cette évasion.

Ces idiots n’y verraient que du feu.

[Bahia Nur]

-‘ Bahia, pour l’amour de… ‘

-‘ Hum ? ‘

-‘ Concentre-toi un peu. Juste une fois ! Ce n’est pas la lune que je demande, Bon Dieu de… ‘

-‘ Hum. ‘

-‘ Arrrggh ! ‘

La jeune femme observa d’un air vide l’homme se prendre la tête en criant de colère. Eh bien, qu’est qu’il avait à s’énerver lui ? Ah oui, elle ne faisait rien. Rien de rien. La dresseuse tourna la tête vers le reste du camp et laissa Bartémy faire sa crise. Elle le cuisinait depuis deux jours, ne lui parlant même plus depuis ce matin. Bahia savait ce qui l’avait poussé à l’entrainer : si grâce à lui elle reprenait sa force d’avant, il serait hautement récompensé par son père. La gloire et la richesse dictaient son comportement, il ne pensait clairement qu’à cela. Et Bahia se faisait un plaisir de se servir de cette faiblesse à son avantage. Lorsqu’hier elle lui avait demandé de visiter le camp plus en détail, il s’était dépêché d’accepter. Il lui avait d’abord demandé si elle accepterait de s’entrainer ensuite… et elle avait fini par dire oui. Le but était de lui montrer qu’elle voulait bien s’entrainer s’il lui donnait un ‘bonbon’ de temps en temps. Ainsi il acceptait plus rapidement lorsqu’elle demandait quelque chose de plus particulier, tant et aussi longtemps qu’elle promettait de se battre ensuite. Il aurait pu tenter de l’obliger à se battre à la place, mais il avait fini par abandonner cette option lorsqu’il avait vu que Bahia ne répliquait pas malgré les coups qu’il lui portait. Il avait tout de suite pris peur, se demandant si le général lui pardonnerait d’avoir blessé sa fille. Il était donc obligé de faire des compromis avec elle s’il voulait cet or.

-‘ On pourrait pratiquer les éléments à la place, non ? ‘

Murmura la jeune femme, tournant légèrement la tête vers lui. Bahia commençait à lentement mettre en place son évasion, qui avait déjà trop attendu. Il y avait eu une fête hier et la jeune femme avait préféré attendre. Si elle le pouvait, ce soir serait la bonne. Mais avant cela, elle devait voir où était le bureau de son directeur. Bahia n'y avait jamais été, habituellement il se déplaçait dans sa chambre pour lui parler. Son sac se trouvait là, avec la Pokéball de Topaze. Il y avait aussi celle de Tourmaline, mais elle était vide. Elle espérait pouvoir prendre son Pokémon bientôt, il devait se demander où elle était. Heureusement il était entre de bonnes mains en attendant. Bartémy se retourna vers elle et s’approcha, se demandant visiblement s’il avait imaginé cette phrase. La jeune femme se décolla de la clôture et lui fit face, le regard légèrement pétillant.

-‘ J’en ai marre des lames. Pourquoi on ne passerait pas la journée sur le feu ? ‘

Bartémy n’allait pas passer à côté de cette occasion. Il se mit à hocher la tête, réfléchissant rapidement. Comment faire ? Il n’avait pas une très bonne maîtrise, il serait bien obligé de demander à quelqu’un d’autre pour s’en occuper. Il ne voulait pas mettre d’élèves, puisque c’était interdit par son père. Les seules personnes qu’elle devait côtoyer, c’était des professeurs. Seulement ils étaient tous bien occupés en ce moment… Il intimida celle-ci à le suivre. Bahia sourit et se plaça derrière lui, marchant avec entrain. Elle savait où il l’amenait. Ils n’avaient jamais parlé de maîtrise élémental jusqu’à maintenant et il voulait demander conseil au directeur de Flamen. Et puisqu’il ne pouvait pas la laisser seule, il l’amenait avec elle. Bahia ouvrait grand les yeux, tentant de se souvenir le plus possible du chemin pour s’y rendre. La jeune femme sentait son cœur battre à la chamade : elle n’avait plus droit à l’erreur. Il fallait qu’elle réussisse cette évasion, sinon elle n’aurait plus de chance. Elle n’avait pas Rubis pour lui dire quoi faire, elle était seule dans ses décisions… cet état la rendait mal à l’aise, elle avait peur.

* Calme-toi un peu. Tu vas y arriver. *

Il lui fallait, pour lui.

Celle-ci avait donc pu se rendre jusqu’au bureau, chemin qui s’avérait peu compliqué. Sa bâtisse était à l’écart des autres, ce qui était une bonne chose. Elle garda en tête le trajet dans la maison, jetant des coups d’œil furtifs dans le bureau lorsqu’elle y fut avec Bartémy. Elle ignora un peu le directeur, qui n’en fit pas de cas : il savait qu’elle le détestait. C’était lui qui contrôlait ses aller et venu et il était extrêmement strict. Il refusa directement l’apprentissage que l’homme lui demandait, le menaçant de le mettre à la porte s’il ne trouvait pas le moyen de la convaincre de se battre. Les lames d’abord, le reste ils verraient ensuite. Bartémy sortit en grognant, laissant Bahia le suivre. La jeune femme avait eu ce qu'elle voulait réellement. Celle-ci souriait en coin : elle savait où était son sac.

L’évasion, s’était pour cette nuit.

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