[ Clos ] Au fil de la rivière [Bahia]

[Hako]

Les déambulations aléatoires de Hako l'avaient menée à retrouver la rivière qu'elle avait quitté quelques semaines plus tôt. Enfin, elle ne pouvait être sûre que c'était la même, ne l'ayant pas suivie tout du long, mais l'ambiance du lieu, les Pokémon étranges qu'elle avait pu y croiser, c'était bien les mêmes que lorsqu'elle avait débarquée sur cette île volante, forcée d'y atterrir à cause de l'orage de...  Comment s'appelait cette créature, déjà ? Elle ne l'avait pas dit, à vrai dire. Mais elle parlait l'humain. Elle parlait même la langue d'Erasia, ce qui n'était pas le cas des habitants d'ici, donc c'était sans doute un Pokémon très intelligent... Et donc puissant.

Le problème de la barrière de la langue lui était apparu alors qu'elle marchait dans l'espèce de savane qui semblait recouvrir une grande partie du territoire de cette île. Elle avait vu au loin des voyageurs. Peu intéressée, elle avait poursuivi sa marche, mais la caravane l'avait rejointe. Une dizaine de personnes en tout lui avait adressé de grands sourires et lui avait parlé dans un dialecte étrange auquel elle n'avait rien compris. Son mutisme, son Lucario qui voyageait alors à ses côtés, de nombreux signes avait fait comprendre aux inconnus qu'elle était étrangère, ici. Et cela les avait effrayés. Tant et si bien qu'ils étaient partis, pour ne pas dire enfuis, dans la direction opposée à sa marche. La Terrosienne n'avait pas fait de commentaire, mais avait songé qu'à choisir, elle préférait croiser des gens qui avaient peur d'elle au point de s'enfuir, que d'autres qui auraient eu peur au point de vouloir l'attaquer.

En fin de compte, elle avait suivi la rivière dans son sens d'écoulement. Arriverait-elle quelque part ? La rivière serait-elle sans fin ? Elle avait beaucoup appris, à force de voyager, et savait que les cours d'eau prennent leur source dans les montagnes et disparaissent dans la mer. Mais ses croyances d'enfant étaient tenaces - elle avait cru toute sa vie que sa forêt, comme la rivière qui la traversait, était le seul monde existant.

Au fil de l'eau, la végétation devint d'abord plus verte, puis plus abondante. Elle finit par arriver en bordure d'une forêt, ou sur les berges d'un lac, elle n'était pas trop sûre. Il y avait des arbres, et il y avait de l'eau, qui semblait provenir d'une division de la rivière. La majeure partie du sol semblait être immergée. Hako n'avait jamais vu ou même imaginé une chose pareille. Elle songea d'abord à entrer sous le couvert de la végétation sans se poser de question, mais si le terrain était noyé sous un lac, cela allait poser un problème de taille : la guerrière ne savait pas nager. Et les arbres, aux hauts troncs épais et lisses, semblaient difficile à escalader. Elle pouvait aussi survoler le bois mais... Ça ne lui disait rien. De tout façon, il était grand temps de faire une pause. Midi approchait, et Léto, qui marchait avec elle aujourd'hui, commençait à montrer des signes de faim.

Après avoir formulé son vœu, comme avait dit Jiyuu, Hako avait trouvé par terre, perdu dans un désert d'herbe, un petit grelot en parfait état, au tintement très doux. Il s'était avéré que la Grahyena appréciait beaucoup ce son, aussi la Dompteuse avait-elle offert cet objet à sa Pokémon. Étrangement, cela avait contribué à calmer leur relation quelque peu conflictuelle. Oh, Léto défiait encore régulièrement sa dresseuse, mais avec beaucoup moins de hargne qu'elle n'avait pu le faire, directement après son évolution. Il y avait du respect, maintenant, dans leurs affrontements. Ainsi, il arrivait régulièrement que la Terrosienne et sa louve marchent ensemble, en silence, lors des voyages de l'humaine. Aujourd'hui, voyant que l'humaine semblait prête à établir le camp de mi-journée, la Grahyena s'allongea au sol, paresseusement, en attendant que la nourriture lui tombe toute cuite dans la bouche. Hako la fixa silencieusement une minute, d'un regard qui semblait clairement dire : "si tu veux manger quelque chose, chasse". Léto grogna mais se releva rapidement et s'avança vers la forêt immergée. Elle, au moins, n'avait pas peur de devoir se mouiller un peu. La jeune femme, pour sa part, allait devoir trouver de quoi se nourrir ailleurs, pour le moment, mais par chance, les proies ne manquaient pas.

[Bahia Nur]

-‘ Hum, où est Mr.Chryso ? ‘

Oh non. Cette simple question allait bouleverser toute leur journée. Bahia observait le bord de la rivière, cherchant du regard une boule rose. Mais rien. La panique s’empara d’elle en moins de deux. La jeune femme avait déjà les nerfs à vif, un rien l’emportait. Celle-ci se tourna et s’approcha de leur petit camp, rassemblant tout le monde le plus rapidement possible. Elle avait vu le Ramoloss se baigner, mais elle ne croyait pas que celui-ci se laisserait emporter par le courant. Bahia aurait dû y penser, vu le QI de ce Pokémon. Il y avait fort à parier qu’il ne savait même pas qu’il se perdait. Le cœur battant à la chamade, la jeune femme éteignit le feu et fit entrer dans leurs Pokéballs tous ses autres Pokémons. Sa Pikachu grogna au départ, ayant envie d’un peu d’action. Mais la vue de ce Pokémon inconnu ici soulevait parfois de la peur chez les habitants de cette contrée. Lorsqu’elle se promenait, Bahia ne gardait que son petit Ratentif et se laissait guider par le Zoroark qui l’accompagnait. Elle rappela aussi Tourmaline, qui voletait au-dessus du camp. La dresseuse était contente de voir qu’il était guérit, malheureusement elle ne pouvait pas le laisser se promener trop loin, pour les mêmes raisons que Topaze. Zoro se leva et soupira : ce Ramoloss allait leur apporter des ennuis. Il savait pertinemment que cela mettait Bahia dans toutes ses émotions pour deux raisons : Une, elle ne voulait pas perdre un autre membre de son équipe. Deux, le temps qu’ils prendraient pour le retrouver ralentirait le moment où elle trouverait Rubis. Le Zoroark sentait en elle la tristesse de l’avoir perdu, même si elle souriait souvent depuis leur évasion du camp d’entrainement. Il fallait avouer que le fait de s’attaquer à son père de face l’avait aussi soulagé, enfin, d’un sens. De l’autre côté, elle avait appris que son Ténéfix avait été récupéré par son ancien dresseur…

Diverses sources lui avaient appris que ce dresseur se cachait sur Tenkei et elle voulait le retrouver. Zoro ne savait pas s’ils auraient la force de le combattre, d’après son père cet homme avait des Pokémon puissants. C’était la raison pour laquelle elle s’entrainait avec le reste de son équipe, tentant désespérément de s’améliorer avant de frapper. Il avait peur que l’impatience de la jeune femme prenne le dessus et la pousse à attaquer sans être préparée. Sans lui et sans ses autres Pokémon, Bahia ne se serait pas relevé. Ils étaient ce qui la poussait à avancer malgré la douleur, l’espoir de revoir son meilleur ami restant bien présent. Le Zoroark aurait pu partir en arrivant à Tenkei, mais il sentait qu’il avait un rôle important. Bahia s’appuyait sur lui, il était un peu comme Rubis : il était une sorte de mentor qui l’aidait. Il ne se sentait pas capable de la laisser se débrouiller seule, celle-ci serait trop perdue et ses chances de retrouver le Ténéfix deviendraient minces. Zoro s’approcha doucement d’elle et la laissa monter sur son dos, laissant derrière eux le petit camp.

Le Zoroark suivait le cours d’eau, cherchant du regard cette boule rose. Bahia ne disait rien, mais il savait qu’elle était très nerveuse. Et si Mr.Chrysobéryl se perdait ? Avait-il des chances de survie ici ? Cette pensée serra son cœur, il fallait le retrouver au plus vite. Le grand renard noir se mit à courir, laissant le soin à la dresseuse d’observer le cours d’eau.

-‘ … là ! ‘

Le cri de la jeune femme le stoppa net. Il tourna la tête et scruta la rivière. En effet, le Ramoloss était là. Il se laissait bêtement flotter sur le dos, suivant le courant. Il était trop loin pour l’instant, toutefois il se dirigeait tout droit vers une forêt, visiblement pleine d’eau. Là-bas le courant serait moins fort et les obstacles l’empêcheraient d’aller trop loin. Le Zoroark se remit à courir, Bahia gardant son regard sur le Pokémon. Il disparut entre les troncs d’arbre après un moment, obligeant le renard à accéléré. Il fut bien obligé en arrivant près de la forêt de se mouiller un peu. Se levant sur ses pattes arrière, il laissa Bahia s’agripper à ses épaules. Lorsque l’eau serait plus basse, celle-ci descendrait. Il savait que la jeune femme avait déjà été malade et préférait éviter qu’elle ne se mouille trop, même si elle savait nager. Un peu plus loin il laissa celle-ci glisser de son dos, là où il y avait un peu de terre sèche.

-‘ Mr. Chrysobéryl ! ‘

Le Ramoloss était là, flottant sur le bord de la berge. Bahia se pencha et l’attrapa, poussant un profond soupir. Et dire qu’elle avait eu peur de le perdre complètement. Gardant la boule rose dans ses bras, celle-ci en profita pour observer le paysage autour. Il fallait avouer que c’était fort joli, elle n’avait jamais rien vu de tel sur Erasia. Elle se tourna vers le Zoroark, qui était celui qui s’y connaissait le mieux sur cette contrée.

-‘ Tu crois que c’est une bonne idée de la traverser ? Ce serait plus vite que de la contourner, j’imagine… ‘

Le renard noir resta silencieux un moment. Puis il disparut subitement. Bahia se tourna, surprise. Elle attendait du bruit… Comme ils s’étaient entendus, si quelqu’un approchait, le Zoroark se cachait derrière une illusion. Si la personne s’avérait hostile, alors il attaquait par surprise. Avalant sa salive, la jeune femme serra le Ramoloss contre elle, qui avait toujours la bouche grande ouverte. Elle aperçut au loin une forme étrangement familière. Glissant ses deux pieds dans l’eau, Bahia s’approcha doucement, faisant signe en même temps au renard de ne pas attaquer tout de suite. Était-ce un Grahyena ? Cette espèce ne venait pas d’ici, pourtant… Restant tout de même éloignée, Bahia s’exclama d’une voix timide.

-‘ Hé, qu’est que tu fais là toi ? Tu… tu es venu avec quelqu’un ? ‘

L’avait-elle seulement entendue ? Bahia continuait de s’approcher un peu, animée par l’envie de rencontrer quelqu’un d’en bas. Elle n’en avait pas vu depuis le début de son voyage ici et étonnamment cela lui manquait un peu… peut-être que le dresseur de ce Pokémon saurait la renseigner.

[Hako]

Léto avait trouvé son repas. Contrairement aux créatures qu'elle avait croisées sur ces terres étrangères, la chose rose qui barbotait ne lui donnait pas l'impression d'être différent d'elle. La louve était assez vive d'esprit et en déduisit rapidement qu'il était, sans doute, un Pokémon du monde d'en bas. Comment était-il arrivé ici, seul ? Cette question là ne la tourmentait pas outre mesure. C'était une proie, certes facile, peu réactive, mais à la chair sans doute un peu goûteuse et qui lui remplirait l'estomac. Lois de la Nature obligent. Il ne fallait pas qu'il le prenne personnellement... Si tant est qu'il ait assez d'esprit pour se rendre compte de ce qu'il se passait. La Grahyena s'approchait, en silence, contournant le coude formé par la rivière, où barbotait la créature, restant à l'ombre, camouflée par les arbres...

"Mr. Chrysobéryl !"

Une voix humaine fit s'immobiliser la louve. Une jeune fille portée par une créature étrange - une créature d'ici - s'approchait de la chose rose, un air de soulagement, peut-être, sur le visage. Léto en déduisit, non sans regret, qu'il était donc le Pokémon de quelqu'un. Fin de la partie de chasse, dans ce cas. Non seulement elle n'était pas sûre de faire le poids - ou plutôt, elle était sûre de ne pas le faire - face à deux Pokémon et une humaine. Mais elle avait aussi des principes, au moins depuis qu'elle voyageait avec Hako. On ne mange pas les Pokémon des gens. Ça n'aurait pas plu à sa Dompteuse. La louve noire commença à s'éloigner pour chercher sa pitance ailleurs.

"Hé, qu’est que tu fais là toi ?"

Intriguée, la hyène se retourna. C'était bien à elle que s'adressait la jeune fille. Il était vrai qu'elle n'avait pas particulièrement fait preuve de discrétion en repartant, mais qu'on la repère ainsi, à cette distance, et sous le couvert d'arbres, c'était inattendu. Léto hésita un moment, analysa la situation. L'un des membres du groupe avait disparu, nota t-elle. Était-il en embuscade quelque part ? Mieux valait jouer la carte de la prudence et montrer qu'elle ne leur était pas hostile, sans pour autant baisser sa garde. Elle se retourna et s'approcha de la demoiselle, en s'efforçant de montrer le moins de signes d’agressivité possible, ce qui est difficile lorsqu'on a quatre pattes griffues et une gueule pleine de dents bien longues. A deux mètres de distance, elle cessa d'approcher, et secoua sa tête, afin de montrer et de faire tinter le Grelot Zen, qui diffusa un son apaisant. Non, elle n'était pas un Pokémon sauvage prêt à l'attaquer. Oui, elle était avec quelqu'un. Léto leva le cou, hurla en direction du ciel, puis se remit droite, les yeux fixés vers ceux de la femme, immobile, concentrée.


Au loin, Hako entendit le Grelot suivi du hurlement de Léto. Un appel. Sa louve n'était en danger immédiat, mais réclamait la présence de sa Dompteuse. C'était pour le moins inhabituel. La Terrosienne laissa ses affaires sur place, accordant toute sa confiance aux pièges rudimentaires qu'elle avait posé autour, et marcha sur des pans de terres hors de l'eau dans la forêt, en direction de sa Pokémon. Dans la forêt, dans son élément, elle devenait invisible. Il fallait juste qu'elle reste suffisamment loin de l'eau.

Elle arriva rapidement à l'endroit où se tenait sa Grahyena et une humaine, accompagnée par un Pokémon. Juste ça ? Léto l'avait appelée pour voir... une humaine ? Malgré sa discrétion digne des meilleurs espions, la louve se tourna vers elle, plantant son regard exactement là où elle se trouvait. Mince. Elle l'avait vue si facilement... soit sa Pokémon s'améliorait, soit elle-même perdait en talent. Agacée, Hako s'avança vers la jeune fille et son Pokémon, sans dire un mot. Une fois à côté de la Grahyena, Hako lui lança un regard interrogatif, mais la Pokémon se contenta de bailler et de se coucher au sol, comme pour bien souligner le fait qu'elle ne se sentait pas concernée; malgré tout, elle garda les yeux grands ouverts. Pour la Terrosienne, ce signa indiqua que la situation n'était pas aussi claire qu'elle paraissait.

Sur ses gardes, elle adressa un signe de tête à l'inconnue. A tous les coups, c'était une femme de l'île volante, incapable de comprendre un seul mot que pourrait prononcer Hako. Pourquoi diable Léto l'avait-elle appelée ?

[Bahia Nur]

Bahia observa avec intérêt la louve s’approcher d’elle. La jeune femme ne paraissait pas du tout effrayée par celle-ci, elle était surtout intriguée par sa présence sur ce territoire. Entendant le son du grelot autour de son cou, cela confirma simplement à la dresseuse que la Pokémon n’était pas seule. Le son paru intriguer le Ramoloss aussi, le Pokémon rose posant son regard vide sur la Grahyena. Sa réaction se termina là, il la fixait sans aucune émotion, la bouche légèrement entrouverte. De la bave commençait d’ailleurs à lui couler sur le menton et c’est avec un certain dégoût que Bahia se rendit compte que cela lui coulait aussi sur le pantalon. Poussant un profond soupir, la jeune femme redéposa le Pokémon dans l’eau, le temps de frotter un peu ses vêtements. De toute façon c’était ce qu’il préférait, se remettant directement sur le dos pour flotter. La jeune femme surveillait bien qu'il restait là : de toute façon il n’y avait plus de courant et il était trop paresseux pour nager. Il barbotait donc devant elle, ignorant la louve lorsqu’elle hurla vers le ciel. Il y avait fort à parier que c’était un appel. Bahia jeta un coup d’œil discret derrière elle, là où Zoro devait normalement se trouver. Le Pokémon continuait de rester invisible… probablement à cause de la venue du dresseur. Il avait raison, il valait mieux pour eux de faire attention. Bahia se sentait mieux depuis qu’elle était sur Tenkei, mais il ne fallait pas oublier qu’elle était recherchée et qu’elle avait très peu d’information sur cet endroit. La jeune femme resta donc silencieuse, tentant l’oreille pour voir si elle n’entendrait pas des bruits de pas. Elle n’entendit rien, toutefois ce ne prit pas longtemps pour qu’elle voie au loin une forme. Visiblement, c’était une femme.

Restant stoïque, Bahia observa la demoiselle s’approcher. Celle-ci lui fit simplement un signe de tête sans rien dire. La jeune femme resta aussi silencieuse un moment, ne sachant visiblement pas quoi faire. Elle aurait cru que celle-ci lui aurait dit bonjour, ou quelque chose comme cela. D’un côté c’était elle qui l’avait demandé, non ? Alors cela revenait en quelque sorte à elle de se présenter en premier… La dresseuse jeta un coup d’œil à droite et ensuite à gauche, visiblement mal à l’aise. Elle était toujours aussi timide avec les gens et elle se sentait plutôt intimidée par l’autre jeune femme. Toutefois elle n’était pas ici pour voyager, elle était ici pour retrouver son meilleur ami. La timidité n’avait pas sa place dans cette aventure, elle devait être forte et récupérer celui qu’on lui avait enlevé. Ce qui était plus facile à dire qu’à faire. Voyant que son Ramoloss avait la tête sous l’eau et ne faisait plus de bulle, Bahia poussa un petit cri de surprise et le sortit immédiatement de l’eau, mouillant un peu ce qui se trouvait autour avec une gerbe d’eau. Ce Pokémon rose était l’enfer incarné, il était si stupide qu’il en oubliant de reprendre de l’air pour respirer.

Le Ramoloss dans les bras, Bahia soupira. Et si cette femme ne lui parlait pas parce qu’elle venait d’ici ? Et puis, les gens d’Erasia n’étaient pas les seuls à visiter, les gens de Tenkei descendaient aussi sur le continent pour voyager. Elle avait peut-être eu cette louve de cette façon. Toutefois elle ne perdait rien à essayer, c’est pourquoi elle commença d’une voix légèrement tremblante.

-‘ Euh… je… Bon, Bonjour ? Je… Je m’appelle Bahia. Et voici… euh ? ‘

Elle avait oublié que Zoro se cachait. Celui-ci apparut subitement derrière elle, observant Hako. Le renard noir hocha simplement la tête dans leur direction en lâchant un ‘Zoro’ calme. Le grand Pokémon ne dégageait aucune animosité, il marcha sur le côté et s’appuya le dos contre une vieille souche à moitié moisie. Il attendait gentiment que Bahia finisse de parler, détachant son regard du groupe. Bahia restant un autre moment silencieuse, observant la réaction de Hako. Puis, prenant son courage à deux mains, elle continua.

-‘ Hum… nous ne voulions pas vous déranger… nous voulions juste savoir si vous saviez ce qui se trouvait après cette forêt. ‘

Voilà. Il ne restait plus qu’à espérer que la jeune femme devant connaissait la langue d’Erasia. Sinon eh bien tant pis, Bahia allait bien devoir la traverser pour le savoir. Elle espérait aussi que ce voyage ne se solderait pas par un échec, on lui avait bien dit qu’un homme avec des créatures de diamants était passé pas loin, mais il pouvait être n’importe où.

[Hako]

Les premières paroles que prononcèrent l'inconnue, qui avait pris le temps de l'observer autant que Hako le faisait elle-même, surprirent la Terrosienne; elle parlait l'Erasien, d'une façon tout à fait compréhensible et sans la moindre trace d'accent. Il y avait donc de grandes chances pour qu'elle soit du monde terrestre, et pas du monde céleste. La jeune femme en oublia presque de s’intéresser à ce que disait la demoiselle tant cette rencontre était inattendue. Jusqu'à l'apparition d'une nouvelle créature, jusqu'alors dissimulée par... par quoi ? Le loup noir avait surgi de rien, comme si l'air autour de lui avait formé un manteau. Léto tourna la tête vers lui et grogna, afin de montrer sa surprise et son agacement. Elle l'avait bien senti, que quelque chose clochait. Mais elle n'avait pas pu percer à jour le camouflage de la créature et ne comprenait pas pourquoi... Et cela la frustrait.

Ça faisait là beaucoup de choses surprenantes d'un coup. Hako n'était pas particulièrement lente d'esprit, mais elle avait plutôt tendance à observer de loin sans s'impliquer, ce qui faisait qu'elle se demandait parfois comment réagir. il n'y avait qu'en combat que son instinct prenait le dessus sans qu'elle n'ait à réfléchir, mais il n'était pas question d'attaquer cette demoiselle et ses drôles de compagnons. Pas tant qu'ils ne montreraient pas de signes d’agressivité. Les règles humaines voulaient que la Terrosienne se présente; elle aurait pu ignorer la dénommée Bahia, mais s'entendit répondre avant même d'avoir pu se taire.

"Hako. Je viens d'en bas aussi... Et je ne sais pas ce que cache cette... forêt." 

C'était la stricte vérité, après tout. Elle venait à peine d'arriver au niveau de cette "forêt" qu'elle n'avait même pas oser qualifier ainsi tant elle était différente de celle de l'île Io'Maï. Trop pleine d'eau, avec des plantes qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de croiser sur son île natale. Trop froide et humide. Chez elle, la végétation était fraîche, lumineuse et légère. Ici, elle semblait glacée, sombre, lourde. Hako n'était ni effrayée ni mal à l'aise à cause de ça; elle n'imaginait simplement pas pouvoir appeler ces deux lieux si distincts par le même nom.

Leto se remit debout, maintenant qu'elle était sûre que le risque de combat était écarté, et repartit en chasse. Son potentiel repas avait été interrompu, après tout, et elle avait de fait toujours aussi faim. La louve abandonna sa dresseuse, avec un vague grognement, puis disparut dans l'ombre des plantes. Sans réfléchir, la jeune femme prononça une parole supplémentaire, phrase inutile, comme les humains savaient bien faire.

"Elle s'appelle Léto."

Cette information apportait-elle quelque chose à cette Bahia ? Non. Avait-elle demandé le nom de sa Grahyena ? Non plus. Pourtant la Terrosienne n'avait pas pu s'empêcher de parler, comme pour combler un silence qui serait devenu, même pour elle, gênant. Depuis quand était-elle aussi... humaine, enfin ?! 
Comme pour se moquer d'elle, son ventre grogna, bruyamment. La jeune femme eut la dignité de ne pas rougir et se contenta de marmonner, comme pour s'excuser ou inviter l'autre Erasienne à la suivre - ou à partir :

"J'étais en train de faire à manger..."

La jeune femme en profita pour retourner vers l'endroit où elle avait laissé ses quelques affaires, plus à découvert, pour rejoindre son propre repas. Elle jeta un coup d’œil par dessus son épaule pour voir ce qu'allait faire la jeune femme - Bahia. Avait-elle compris cette phrase comme une proposition de partager la maigre ration ? En tant que guerrière, elle-même était capable de se contenter de peu, mais il n'y aurait jamais assez pour deux femmes et deux Pokémon de plus. Autant le loup pouvait sans doute chasser, autant l'espèce de limace rosâtre semblait un peu... diminuée mentalement. Fataliste, elle songeait déjà à préparer plus de nourriture si ces nouveaux venus la suivaient...
Et s'ils ne la suivaient pas... N'aurait-elle aucun regret à les laisser partir ? C'était son premier contact avec quelque chose de connu depuis longtemps...

[Bahia Nur]

Une aventurière aussi. Bahia soupira simplement en entendant sa réponse, jetant un coup d’oeil à son ami le renard noir. Celui-ci le lui rendit, hochant la tête. Même s’il avait vécu sur Tenkei, il ne connaissait pas toutes les régions. Il savait que passer ici les amènerait peut-être vers son chez-soi, mais c’était tout. L’homme qu’il avait rencontré avait dit que le marchand ambulant était parti vers cette rivière, mais à présent, Bahia ne savait plus vraiment où aller. Elle se disait simplement qu’il avait continué son chemin… et puis, il n’avait pas grand monde ici, il ne pouvait pas vendre sa marchandise au beau milieu des bois. Peut-être qu’une ville se trouvait au bout de cette forêt pleine d’eau et si c’était le cas, alors il serait peut-être là-bas. Vu son groupe de Ténéfix, il vendait sûrement que des pierres précieuses. À quoi ils lui servaient sinon ? Les Ténéfix étaient reconnus pour trouver les plus belles pierres, beaucoup tentant de se les approprier en voulant faire fortune. Heureusement les spectres étaient difficiles à avoir, ils étaient plutôt rusés et aimaient bien rendre fou les dresseurs qui tentaient de les avoir. Il fallait avoir des compétences particulières ou gagner la confiance de l’un d’eux pour avoir la chance de se servir de leur don. Rubis n’avait jamais vraiment cherché sa nourriture avec elle, et puis il ne vivait plus dans une grotte et les pierres ne se trouvaient pas n’importe où. Bahia resta un instant stoïque, visiblement lunatique. Avec cet air, elle ressemblait drôlement au Pokémon rose un peu débile dans ses bras. Au fond, ils avaient plus de points communs qu’on pouvait le penser. La jeune femme se demanda comment elle allait faire pour acheter des gemmes… il lui faudrait trouver un travail au plus vite après cette grande balade. Ce serait compliqué de s’en trouver un ailleurs… peut-être que quelqu’un à Nalcia ou Mizuhan voudrait bien de ces services… Pour faire quoi d’ailleurs ? Avant elle savait se battre, mais maintenant…

-‘ Zo. ‘

Oh, oui. Hako. Bahia avait à peine entendu lorsqu’elle lui avait donné le nom de son Pokémon. La jeune femme s’était réveillée de ses pensées lorsque le Zoroark l’avait poussée. Hein ? Elle était partie ? Par Arceus, pensa la dresseuse. Elle devait la trouver très malpolie. Hein quoi ? Ah oui, l’image. Le renard noir se frotta les yeux, visiblement découragés. Bahia gardait dans sa poche une image faite par un artiste, montrant un Ténéfix. Elle la montrait aux gens en espérant qu’ils reconnaissent la créature. Sur le coup elle avait oublié de la montrer à Hako. Fouillant dans sa poche en se remettant à marcher, elle faillit faire une crise cardiaque : le papier n’était plus là. Son Ramoloss appuyé sur son bras, elle se servait de l’autre pour farfouiller dans sa veste. Pas moyen de le trouver. Poussant un profond soupir, Bahia se mit à suivre l’autre jeune femme. Son but n’était pas de manger, elle avait le ventre noué depuis son arrivée sur Tenkei et mangeait très peu. Elle ne voulait pas partir d’ici avant d’avoir demandé à Hako si elle avait vu un homme avec un Pokémon comme le sien. Sans le papier par contre… arrivée près de l’endroit où Hako préparait son goûter, Bahia déposa la boule rose au sol et se mit à retourner son sac dans tous les sens. Où était-il ?

-‘ … Zo. ‘

-‘ Quoi !? ‘

Bahia était paniquée de ne pas retrouver son papier et se retourna avec un air énervé lorsque le Zoroark lui tapota encore sur l’épaule. Il pointa vers lui et ensuite vers Hako. Quelle idiote… il suffisait au renard de créer l’illusion du Ténéfix pour le montrer. En fait, ce serait encore mieux que ce papier idiot. Bahia l’utilisait d’abord parce qu’ils étaient en ville, mais maintenant, il n’y avait qu’eux et cette étrangère. La jeune femme hocha la tête et d’un ton toujours un peu gêné, s’adressa à l’autre dresseuse.

-‘ Je… je suis à la recherche de quelqu’un. Il a avec lui un Pokémon comme celui-là. ‘

Le Zoroark se mit lentement à changer d’apparence, rétrécissant jusqu’à devenir la copie conforme de Rubis. Le voir lui fit un petit pincement au cœur, mais elle tenta de ne pas le montrer. Elle resta un instant silencieuse, observant l’illusion de son ami. Puis un éclair passa dans son esprit et elle se retourna rapidement vers Hako pour lui donner des explications.

-‘ Oh… Hum, les Zoroark ont la possibilité de créer des illusions. ‘

Elle aurait peut-être dû le préciser avant que celui-ci ne se transforme. Bon, elle espérait que cela ne l’avait pas surprise. Sa voix devint légèrement triste, celle-ci observant Hako avec une certaine lueur d’espoir dans le regard.

-‘ L’auriez-vous vu ? ‘

Sa chance allait-elle tourner ?

[Hako]

Post sous contrainte

Ainsi elle l'avait suivie. Hako n'était pas sûre de savoir si elle devait se sentir agacée de ne pas pouvoir se retrouver seule, au moins pour son repas, ou au contraire si elle devait s'en accommoder voire s'en satisfaire. Autant elle se sentait capable de passer outre la présence d'une inconnue, capable même d'ignorer la jeune fille si elle venait à lui adresser la parole, autant s'en réjouir lui semblait plus difficile. La Terrosienne n'avait pas besoin de croiser quelqu'un du monde d'en bas, ni de celui-ci. Elle se débrouillait seule, comme toujours, et s'en sortait très bien ainsi. Elle était heureuse... Il lui semblait. Ce n'était que lorsqu'elle rencontrait des humains qu'elle commençait à en douter, et à se poser toutes sortes de questions sur son comportement.

Enfin, songea la Terrosienne, tout en se servant de son plat, si cette Bahia commençait à parler, peut-être lui donnerait-elle des nouvelles d'Erasia. Non pas que ça l’intéresse particulièrement mais... Bon, en fait si, ça l’intéressait. Un peu. Maintenant qu'elle faisait partie de la communauté Terrosienne, officiellement, elle s'inquiétait un peu de son sort. Enfin, ce n'était pas tellement de l'inquiétude à proprement parler... C'était compliqué, tout ça. Disons que, si son pays devait la réclamer pour aller faire une guerre quelconque à un voisin, elle aimerait autant être tenue au courant. Pour pouvoir disparaître et se faire oublier, le temps que les choses se passent.

Hako n'avait même pas offert de partager son repas avec sa compagne malgré elle, mais sincèrement, ça lui passait au dessus pour le moment. Bahia n'avait même pas l'air d'avoir faim, elle semblait plutôt soucieuse, en fait. La Dompteuse l'observa, avec plus d’intérêt qu'elle ne voulait bien l'avouer, retourner son sac et chercher quelque chose - mais quoi ? - dans ses affaires. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui prendre. La fille des forêts avait d'abord pensé que l'étrangère voulait elle aussi manger un bout et cherchait de quoi se nourrir dans son sac, mais elle mettait trop de précipitation, trop d'inquiétude, pour que ce ne soit que cela. Elle la regarda oeuvrer sans rien dire, sans lui proposer d'assistance. Chacun pour soi.

C'est alors que le renard sombre intervint. Il fit un geste vers elle, un geste vers lui, et l'instant d'après, il était devenu... Hako n'en crut pas ses yeux. Il était devenu un autre Pokémon. D'un coup d'un seul. La Terrosienne, novice qu'elle était, pour ce qui était de la connaissance de ces créatures, connaissait le processus d'évolution, puisque déjà trois de ses coéquipiers l'avaient subi... Et avait pu observer les multiples formes de certains spécimens. Mais là, c'était vraiment nouveau. Le renard s'était métamorphosé. La créature dont il avait pris l'apparence semblait n'avoir aucun lien génétique avec sa forme d'origine. A moins que ce ne soit là sa forme habituelle, l'autre n'étant qu'un déguisement ? La Terrosienne ne cacha pas son choc. Enfin, à son avis. Il fallait dire qu'un léger sursaut et des yeux ronds n'étaient pas forcément preuve de grande stupeur. Pourtant, c'était ce qu'elle ressentait. Et du coup, elle en avait oublié la question posée par Bahia.

Celle-ci eut d'ailleurs la gentillesse d'expliquer un peu la situation. "Les Zoroark peuvent créer des illusions". D'accord, mais lequel était un Zoroark ? Le petit violet avec des pierres à la place des yeux, ou le renard sombre ? Hako se reprit, en commençant par cesser de dévisager la bestiole aux pieds de la demoiselle. Afin de se donner une contenance, le temps de se remettre au moins intérieurement, elle avala un peu de sa ration, les yeux tournés vers la forêt. Créer des illusions... Cela voulait-il dire que la créature pouvait se transformer en tout autre Pokémon ? Voire en humain ? Ou bien que ses pouvoirs étaient plus grands encore... Quel merveilleux don de camouflage ! Voilà un Pokémon qu'il pourrait être intéressant de rencontrer...

"L’auriez-vous vu ?"

Hako releva la tête vers Bahia, sans comprendre. Évidemment qu'elle avait vu son Zoroark se transformer... Mais il lui sembla que ce n'était pas le sens de sa question. Elle cherchait donc un Pokémon comme celui-là ? Le violet ? Il y avait tellement d'espoir dans les yeux de la jeune femme, comme si sa vie dépendait de la réponse de la Terrosienne, qu'elle n'eut même pas le courage de lui dire non directement. Sans poser de questions à qui que ce soit, mue par une sorte d'instinct, Hako récupéra dans ses affaires sa carte d'Erasia, au dos de laquelle elle avait commencé à cartographier ce nouveau continent. Pour le moment, elle s'en sortait plutôt bien, il fallait dire, même si le fait de ne pouvoir voir la totalité de l'île la bloquait un peu quand au choix des dimensions. Dans un coin de son papier, elle gribouilla rapidement, mais non sans précision, une version simplifiée de la créature violette. Elle n'avait jamais vu de Pokémon comme celui-là. Elle fit voir l'esquisse à Bahia.

"Tu cherches ça ? Je n'en ai jamais vu. Ni le renard noir. Lequel des deux est "Zoroark" ?"

La jeune femme jeta de nouveau un œil sur son dessin, sans pouvoir s'empêcher de ressentir une pointe de satisfaction, presque de la fierté. En toute modestie, c'était... pas mal ressemblant. Mais la déception qu'elle lisait sur le visage de Bahia atténuait beaucoup sa joie personnelle.

[Contrainte n°2 : Insister sur la psychologie du personnage]

[Bahia Nur]

-‘ Je… je vois. C'est... c'est le renard noir. ‘

Le regard soudainement vide, la jeune femme se laissa doucement tomber à terre. Ses genoux ne tenaient plus et elle fut contente de sentir la terre humide sous ceux-ci. Le Zoroark s’était avancé vers elle, sous sa forme originelle. Il avait eu peur que celle-ci tombe sur le front, mais elle resta simplement à genoux dans la boue. Il savait bien que celle-ci commençait à manquer de patience dans ces recherches. Plus elle serait près du but, plus elle allait vouloir avancer le plus vite possible. Néanmoins il fallait se rendre à l’évidence, tout le monde ne pouvait pas l’aider. Restant dans cette position, la jeune femme croisa lentement les bras et se mit à réfléchir, oubliant visiblement la présence de Hako. Que faire ? Le seul choix qu’il lui restait, c’était de continuer son chemin dans cette forêt inondée et espérer qu’elle rencontrerait quelqu’un d’autre qui, cette fois-ci, avait aperçu Rubis et cet homme. Et si elle ne trouvait pas… non, elle était obligée de trouver. Laissant le découragement disparaitre lentement, celle-ci parut reprendre conscience, levant son regard sur la jeune femme devant elle. Légèrement gênée de sa réaction, Bahia se releva tranquillement et observa d’un air quelque peu déprimé l’état de son pantalon. Zoro s’approcha et frotta avec douceur du bout de ses griffes la boue qui commençait à sécher sur les genoux de la dresseuse. Celle-ci lui prit doucement la patte entre ses doigts et la tint ainsi, la fourrure douce du Pokémon la rassurant. Le renard la laissa faire un moment avant de finalement pointer le sac de la jeune femme, qu’elle avait retourné presque dans tous les sens. Bahia se gratta la tête, ne sachant pas trop de quoi il voulait parler. Le grand Zoroark soupira et s’approcha du sac, le prenant entre ses longues griffes. Il le lui tendit, l’air insistant. Elle aurait aimé qu’il lui explique à l’aide d’illusion, mais visiblement c’était trop simple à son goût, ça ne lui servait à rien de dépenser de l’énergie là-dessus.

Bahia se remit donc à farfouiller dans son sac, pour y tirer le papier qu’elle avait boudé tout à l’heure en voyant que ce n’était pas le dessin qu’elle cherchait. Ah oui, ça. La dresseuse secoua la tête et le prit entre ses doigts, le sortant délicatement du sac pour éviter qu’il ne se froisse encore plus. Elle le regarda un instant, pour bien vérifier que tout était toujours lisible. D’un geste désinvolte, elle lança doucement la feuille de papier vers Hako. Celle-ci tomba à ses pieds, du côté du texte. Celui-ci était coloré et à la fin il y avait un petit dessin de Pokémon, un peu effacé par le temps et le froissement. Bahia se souvint alors qu’il y avait une deuxième page et continua de chercher en laissant le temps à la dresseuse devant elle se profiter de la première. La première page était une sorte de présentation, on aurait dit une lettre, mais adresser à personne particulière. L’auteur expliquait qu’il recherchait quelqu’un sur Tenkei pour faire un petit travail. Il en présentait une partie, avant qu’il ne coupe brusquement à l’information concernant l’endroit où il voulait que cela se déroule. Et c’est là que la deuxième page était importante. Sentant la sueur lui descendre dans le dos, Bahia tentait de retrouver celle-ci. Lorsqu’elle fut enfin entre des mains, celle-ci la lui tendit tout en lui expliquant la raison pour laquelle elle lui donnait tout cela.

-‘ Un vieil homme que j’ai rencontré sur ma route m’a demandé de donner ça si je croisais un Erasien ici. Il a besoin d’aide pour un petit boulot, suffit de suivre la lettre et de lui rapporter tout ça à Nalcia. Je te le laisse si ça t’intéresse. ‘

Voilà, ça, c’était régler. Restant un instant sans rien dire, celle-ci observa les deux bouts de papier. Au départ elle ne croyait pas être capable de remplir cette mission, sachant que trouver des Erasiens sur ce territoire était plus compliquer. Elle avait accepté d’amener cette lettre malgré cela, pour faire plaisir au vieux monsieur qui était visiblement passionné par ce qui se passait en haut. Détachant son regard, la jeune femme reprit son sac et se mit à placer un peu ce qui avait dedans, évitant d’écraser la nourriture au fond. Le plaçant sur ses épaules, elle observa un instant Hako sans rien dire, en réflexion. Puis, faisant un signe à Zoro, elle prit une nouvelle fois la parole.

-‘ Je… eh bien, je pense que je vais continuer. Je vous remercie d’avoir bien voulu répondre à mes questions … tout ça... Si par hasard vous le voyez, éviter l’humain qui est avec lui…. Et huh, bonne chance ? ‘

[Hako]

Assise sur une souche d'arbre, Hako observa le manège de Bahia d'un air un peu décontenancé. Sa réponse négative avait eu l'air de lui porter un gros coup au moral. La Terrosienne en était bien désolée, elle n'avais jamais eu l'intention de blesser qui que ce soit, mais était bien incapable de savoir comment réagir. Aussi, humblement, elle resta silencieuse et immobile, laissant le renard noir, le "Zoroark", s'occuper de la jeune femme. La Dompteuse se posa la question, intérieurement, du lien qui existait  entre le Pokémon qu'elle lui avait montré, et elle. Cherchait-elle à capturer un représentant de l'espèce... Ou bien en cherchait-elle un en particulier ? La seconde solution lui paraissait plus probable, au vu de la réaction extrême qu'elle avait eue.

Bahia sembla se remettre, un peu, aidée par son camarade Pokémon. Elle se releva et chercha, de nouveau, quelque chose dans son sac. Une feuille, qu'elle lui tendit. Étonnée, Hako attrapa le papier délicatement, et commença à tenter d'en déchiffrer le message, avant de se rendre compte qu'elle connaissait cette langue. C'était bel et bien de l'Erasien, langue officielle et commune du "monde d'en bas". Il s'agissait d'un message, adressé à personne en particulier. Une demande en fait, qui provenait... La Terrosienne n'avait jamais entendu parler d'une "Tour du Vent", mais un coup d’œil sur sa carte lui apprit qu'il s'agissait d'un lieu Nalcien. La seconde feuille de papier que lui tendit Bahia, avec une petite explication, apporta de nouvelles informations, ainsi qu'une petite carte approximative rapidement griffonnée.

La carte indiquait la localisation approximative d'un lieu situé à l'Ouest, baptisé le Lagon Corail, à proximité d'une forêt inondée... Ça tombait plutôt bien. A moins qu'il n'y ait plusieurs forêts de ce genre sur ce continent, Hako était presque au bon endroit. Voilà qui lui donnerait une raison de s'y enfoncer... Il ne restait plus qu'à apprendre à nager.
L'annonce en elle-même demandait l'aide d'un Erasien actuellement sur le continent dans le ciel, afin que celui-ci ne dessine des créatures du Lagon et les montre ensuite au chercheur. Facile. Enfin, encore une fois, facile pour qui sait nager.

Hako était dans ses pensées et Bahia s'apprêtait pour sa part déjà à repartir, le sac sur le dos. La Terrosienne releva la tête pour la regarder partir, légèrement triste de n'avoir pas pu être plus utile. Mais elle avait déjà sa propre vie à mener et ne pouvait pas s'occuper de tous les problèmes des autres, surtout quand les autres étaient des gens recontrés par hasard pendant une dizaine de minutes. D'ici un jour, un mois, Bahia l'aurait oubliée, aurait rencontré et oublié d'autres gens, et avec un peu de chance pour elle, aurait retrouvé le Pokémon qu'elle cherchait. Se sentant au final peu concernée, la Terrosienne fit un signe de la main à l'autre femme, répondit à son bonne chance par un "bon courage pour tes recherches", et l'observa partir en silence.

Après quelques minutes de solitude, Léto refit son apparition, une patte d'un Pokémon du lieu dans la gueule. Apparemment, la chasse avait été fructueuse. Tellement que la louve noire offrit son butin à sa dresseuse, qui en fut surprise. Un pas de plus vers la trève définitive ?

"Qu'as-tu fait du reste ?"

Léto répondit en se couchant au sol et en se léchant avidement les babines. Quelle affamée. Hako commença à préparer son propre morceau pour manger un peu de viande. Elle pourrait même se faire une réserve pour le prochain repas, avec autant. La jeune femme adressa un de ses rares sourires à sa camarade. La vie suivait son cours dans une direction plutôt agréable.

[Je te laisse conclure si tu as quelque chose à ajouter ^^]

[Bahia Nur]

La jeune femme hocha la tête, contente de voir qu’elle avait trouvée quelqu’un d’intéressé par cette petite mission. Elle n’avait donc plus l’obligation de trainer ce papier avec elle. Quittant Hako, Bahia marchait lentement, suivie de près par le Zoroark. Le Pokémon préférait ne rien dire, observant la dresseuse qui paraissait légèrement découragée. Elle pensait que l’homme était près de cette forêt, même à l’intérieur. Elle commençait à se demander s’il n’avait pas changer de direction et qu’elle s’enfonçait trop loin dans cette forêt inondée. Ils marchèrent en silence pendant une bonne demi-heure, Bahia mettant de côté sa rencontre avec l’autre jeune femme. Elle commençait à avoir les pieds trempés et, même si elle tentait d’éviter les endroits les plus profonds, elle finit par devoir s’enfoncer jusqu’aux épaules, nageant lentement. Zoro l’aidait du mieux qu’il pouvait, étant plus grand qu’elle. Il prit pied et la souleva un peu, lui permettant d’avoir de l’eau aux hanches. La jeune femme se retourna et le remercia du regard, se demandant ce qu’elle ferait sans lui. Rien ne le liait à elle et pourtant… et pourtant il était là et l’aidait de son mieux. Voyant la tristesse dans son regard, Bahia se retourna et observa l’horizon. Même si son dresseur l’avait séparé de sa meute, il l’avait apprécié. Qu’il se soit fait tuer comme ça… le Pokémon comprenait ce que c’était de perdre quelqu’un et de se sentir perdu ensuite. La différence, c’est que Bahia avait encore une chance de retrouver ce qui lui tenait tant à cœur. Lorsqu’ils eurent finit de traverser une partie du marais plus profond, Bahia entendit une voix au loin. Surpris, les deux protagonistes se regardèrent un moment avant de sortir rapidement de l’eau, suivant l’origine de la voix, qui se mélangeait à présent avec d’autres. Ils tombèrent sur un petit groupe de voyageur… qui venait d’Erasia aussi ! Bahia se rendait compte à quel point elle avait de la chance, sur deux fois aujourd’hui elle était tombée sur des gens de sa contrée. S’approchant d’eux, ils discutèrent un peu… et lorsque, comme avec Hako, le Zoroark prit la forme d’un Ténéfix…

-‘ Hé ! On l’a vu il y a pas longtemps ! ‘

Rien ne pouvait d’écrire le soulagement qui traversa la jeune femme. Ils étaient toujours sur la bonne piste. Ils continuèrent donc vers l’endroit où les voyageurs avaient aperçu le dresseur aux Ténéfix. La jeune femme marchait rapidement, suivi de près par son compagnon. S’ils marchaient assez vite, peut-être seraient-ils capable de rejoindre le malfrat dès le soir, les gens d’Erasia leurs ayant dit qu’ils l’avaient vu proche d’ici. La jeune femme se sentait mieux à présent. Elle avait encore une chance de retrouver son ami. Et même s’ils ne rattrapaient pas ce dresseur, elle ne lâcherait pas prise. Elle le trouverait et lui ferait regretter de s’être attaquer ainsi à son meilleur ami. Alors qu’ils commençaient à sortir de l’environnement étouffant de la forêt inondée, Bahia ne put s’empêcher de penser à la chance qu’elle avait depuis un moment.

Parfois elle se demandait si quelqu’un veillait sur elle…

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