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[ Clos ] Ice & Snow [Solo - contrainte]

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Message par Tyrion Horrendous Lun 9 Fév 2015 - 12:33

Contrainte n°1 - Insister sur la description des lieux/personnages.

Un vent fort soufflait sur les terres enneigées de Mizuhan. Un blizzard comme on n'en voyait peu à Terros, mais qui était monnaie courante ici. Des rafales glaciales cinglaient les arbres, gelant l'écorce, faisant claquer les branches qui poussaient des gémissements plaintifs. Tout le paysage était complètement immaculé et on n'y voyait pas à trois mètres. La neige tombait drue et cumulée au vent, elle brouillait complètement le champs de vision de tous ceux qui étaient des étrangers pour cette forêt plus qu'austère. Et les arbres secs n'offraient pas un abri suffisant pour survivre. Pas en plein blizzard, qui pouvait sévir pendant plusieurs heures. Il fallait trouver autre chose. Et c'est ce que Tyrion fut forcé de faire.

Au beau milieu de la forêt, placé de façon totalement aléatoire, se dressait un petit dome de neige compacte, tassée. Il n'était pas apparu là par hasard, à force de rafales de vents, il avait clairement été façonnée par des mains humaines, avec des intentions humaines. C'était bien connu après tout que les igloo n'apparaissaient pas comme ça au milieu de nulle part.

Tyrion sentit un frisson parcourir son corps et il bougea légèrement pour mieux se caler contre le ventre de Fury. La peau du dragon était hérissée, ses écailles légèrement relevées, coupantes et sensibles et le jeune homme devait éviter de le toucher s'il ne voulait pas se blesser sur la Peau Dure de son compagnon. Le reptile poussa un grondement rageur en tentant de se déplacer pour laisser de la place. L'espace était très restreint sous cet abri de neige et ils étaient plutôt serrés. Il fallait pourtant admettre que c'était un avantage. Ils pouvaient se tenir plus chaud ainsi.

Le Pokémon continua de râler, encore et encore, et le Terrosien poussa un soupir, qui ressemblait à un soupir blasé, mais qui dans le fond, avait un petit côté amusé :


« Tu sais, tu as une Poké Ball, si tu ne veux pas rester là, tu n'as qu'à rentrer dedans, tu auras plus chaud. »

Le dragon aux écailles azur et carmin poussa un autre grondement, faisant passer tout son mépris dans ce souffle. Pourtant, il s'obstina à rester là, tassé sous l'igloo, sans bouger. Il n'avait pas vraiment de place, il était mort de froid, mais il ne voulait pas s'abriter. Même s'il se refusait à l'admettre, il ne voulait pas quitter ce dresseur à qui il était en train de tenir chaud. Ils devaient restés collés l'un à l'autre pour survivre. Il pouvait prendre la liberté de s'abriter, mais s'il le faisait, il délaisserait son partenaire, seul dans le froid. Et il savait qu'en ressortant, il risquait de ne trouver qu'un simple cadavre bleui par l'air glacial.

Il faisait sombre dans leur abri, mais la neige dans son dos avait un côté compact. Ils avaient mis un peu de temps à le construire, et une grande partie de l'igloo était enfoui sous terre. Fury avait en réalité pris la liberté de creuser un trou, comme il avait l'habitude de le faire dans les grottes où il vivait il y a longtemps, et Tyrion avait tassé la neige pour la rendre compacte, solide et lui donner cette forme de dôme. Ils s'étaient ensuite glissé à l'intérieur après avoir pratiqué une ouverture dans la face sud, celle qui n'était pas exposée au vent du nord qui soufflait avec violence.


« Le climat est vraiment effroyable dans ce pays, hein ? »

Un grondement approbateur lui répondit. Ils avaient quitté Terros pour aller capturer des Pokémon de Chercheur, et parce que Tyrion pensait que pour son projet, il allait devoir rencontrer des Guérisseur de Mizuhan. Il se trompait peut-être, mais il avait besoin de plus se renseigner et aller directement dans le pays de l'Eau lui semblait être une bonne idée. Il ne devait cependant pas aller trop vite. D'abord devenir un Ramasseur, puis un Chercheur. Rencontrer ensuite des gens, pour s'occuper des ailes déchiquetées de son cher dragon. Mais il ne devait pas aller trop vite. Et maintenant, il était forcé de patienter de toute façon. S'il sortait par ce temps, il allait se perdre, mourir de froid et servirait de déjeuner à quelques charognards. Il eut un frisson et se ramassa un peu plus sur lui même, Fury l'entourant de ses bras protecteurs.

Il était rare de voir la créature reptilienne réagir ainsi. D'habitude elle était solitaire et plutôt indépendante, agissant dans son coin. Leur relation n'était qu'une forme de coopération : ils avaient besoin l'un de l'autre pour venir à bout de leur ennemi commun, et ils étaient ensemble dans ce but, voulant tout d'abord renforcer le dragon. Le Drakkarmin ne pouvait nier qu'autrefois, il était puissant et avait de la superbe. Un redoutable dragon qui hantait les grottes de Felagund, terrorisant ceux qui avaient le malheur de s'aventurer trop loin et de souiller ces lieux. Et puis il était tombé sur Drago, et avait été contraint de se soumettre. Ses ailes avaient été déchirées, ce qui bridait sa puissance. Il se sentait faible et ça l'enrageait, mais il n'y pouvait rien. Du moins, pour le moment. C'était aussi pour ça qu'il voyageait avec Tyrion, parce que ce dernier lui avait promis de lui rendre son ancienne force. Si Fury en doutait -comment réparer ce qui n'était plus ?- il était quelque part curieux de voir jusqu'où le jeune homme serait prêt à aller. Sa détermination lui plaisait et même s'il mourrait d'envie de faire sa fête à Drago, il consentait à attendre, car le Terrosien lui disait d'être patient. Seul lui pouvait d'ailleurs dire au reptile de se calmer ; ce dernier écoutait son dresseur uniquement parce qu'il savait que lui aussi tenait à ne pas laisser ce monstrueux dragonnier en liberté.

Tyrion eut un léger gémissement et porta sa main à sa jambe amputée. Le bout de ses doigts frôla le métal de sa prothèse et un frisson désagréable le secoua, l'avertissant de vite retirer sa main s'il ne voulait pas avoir d'ennuis. L'acier était glacé, menaçant de se coller à la peau si on le touchait directement. Et son moignon le dérangeait horriblement. Une sensation de picotement et de démangeaison le harcelait, la chair réagissant mal au froid. Bien entendu, la prothèse n'était pas fixée directement de peau à métal, il y avait du cuir et du tissu pour protéger le membre meurtri. Mais le froid était quelque chose de terrible, lui donnant presque une sensation de brûlure. Il mourrait d'envie de se gratter, probablement jusqu'au sang pour se soulager, mais il savait que cela ne fonctionnerait pas et ne ferait qu’aggraver les choses.

Il détacha le support en bois rembourré de tissu et de cuir qui servait de passerelle entre la jambe et l'acier, et il déposa sa prothèse à côté de lui. Puis, il porta ses mains à sa bouche et souffla dessus en les frictionnant pour les réchauffer, avant d'aller masser la chair meurtrie. Il ne pouvait pas faire grand-chose de plus que ça, mais il fouilla quand même dans son sac pour en sortir un autre bout de tissu, une espèce de réserve qu'il avait au cas où son rembourrage l'abandonnait. Remontant la jambe de son pantalon, il recouvrit son moignon de cette nouvelle protection et l'attacha autour de son mollet pour qu'elle ne tombe pas. Il continua de se frotter la jambe à travers le tissu, mais rien ne faisait réellement passer les sensations que le froid lui imposait. Il aurait fallu qu'il parte, qu'il change de climat, mais il ne pouvait pas s'en aller maintenant en pleine tempête, il allait se perdre et mourir. En plus, Fury refusait de rentrer dans sa Poké Ball, mais il était littéralement mort de froid. Il n'était pas fait pour supporter ce genre d'environnement, lui qui était sensible à la glace. Sauf qu'il était encore plus têtu que Tyrion, et il voulait veiller sur lui, en plus de ne pas bien supporter la sphère de capture. Il n'aimait pas franchement se sentir emprisonné. Il aimait être libre, même si ça impliquait d'être exposé à ce genre de conditions. Le jeune homme soupira, ne pouvant rien faire pour lutter contre la nature qui se déchaînait et il se tassa un peu plus contre le corps de son Drakkarmin, regardant le panache de fumée blanche qui s'échappait de sa bouche ou de celle de son compagnon alors que dehors, le vent mugissait sans s'interrompre...
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Message par Tyrion Horrendous Jeu 12 Fév 2015 - 11:36

Contrainte n°9 - Insister sur un sentiment particulier

J'ai peur... Mon dieu, qu'est-ce que j'ai peur. Je suis tout seul, il fait froid et le monde est flou, rouge et blanc. Je ne peux pas courir dans cette tempête, je ne peux pas fuir. Je peux juste me cacher dans la neige, tassé sur moi-même, priant pour qu'ils ne regardent pas derrière l'arbre où je suis. Des chiens des Enfers... Au moins, grâce à leur fourrure sombre, je peux bien les voir dans la neige blanche et rouge. Mais les apercevoir me paralyse, me cloue sur place et je ne peux plus bouger un muscle. A force, je ne sais plus si je suis tétanisé par la peur ou bien par le froid qui me gèle les os. Ma tête est pleine d'un brouillard qui rend tout confus. J'ai l'impression d'être sourd, de ne plus entendre le vent qui rugit dans mes oreilles, ces démons qui hurlent, ma mère qui crie. Je ne sais plus ce qui se passe, je ne veux pas savoir. Tout ce que je veux c'est oublier, me rouler en boule dans un coin et tout oublier, prier pour que tout ceci ne soit qu'un cauchemar. Ca ne peut pas être vrai... Ca ne peut pas être vrai ! Ce sang sur mon visage, ce sang sur mes pattes, ça ne peut pas être le mien, je n'ai pas mal. Mais ça ne peut pas non plus être celui de maman. Non, ça n'est pas possible. Je ne peux pas... Je ne veux pas y croire !

Tyrion eut un sursaut et se redressa d'un seul coup. Il resta là, le dos bien droit, caché dans son igloo, à tendre l'oreille. Fury poussa un doux grondement intrigué. Qu'est-ce que le jeune homme avait à réagir comme ça d'un coup d'un seul ?


« Je crois que j'ai entendu quelque chose. Que j'ai entendu un cri. Ou bien quelqu'un qui pleure... »

Le Drakkarmin souffla bruyamment pour toute réponse, comme exaspéré par ce que son jeune coéquipier disait. Dehors seul le vent mugissait, seul lui était en train de s'exprimer, et de recouvrir le monde d'une couche de blanc. Pourtant le dragon ne put s'empêcher de rester sur ses gardes. Même s'il ne voulait pas l'admettre, il ne pouvait s'empêcher de lui laisser le bénéfice du doute, et d'essayer de croire en lui. Il garda les muscles en alerte, tendant l'oreille et essayant d'humer les odeurs que le vent pouvait transporter jusqu'à eux. On ne savait jamais, n'est-ce pas ?

Le vent continuait de souffler avec force à l'extérieur. A part lui, c'était difficile d'entendre quelque chose. Mais un son plus distinct leur parvint. Il n'était pas évident de l'appréhender mais avec assez d'attention, on pouvait le capter. C'était une sorte de complainte, de cri mêlant sanglots, angoisse, peur et détresse. C'était ténu, lointain, mais on pouvait l'entendre si l'on était attentif. Il gronda doucement et regarda son maître. Apparemment, lui aussi avait entendu...


« On dirait que quelqu'un pleure. Ca ressemble à un enfant terrifié. »

Le Terrosien se redressa. Fury le regarda faire, surpris et gronda pour protester. Ils ne devaient pas bouger, ils allaient mourir s'ils s'aventuraient dehors ! Mais le jeune homme n'écouta pas son dragon, et il rampa pour sortir dans le froid hostile des terres de Mizuhan. En soupirant, le reptile azur et carmin s'extirpa lui aussi de l'igloo et se redressa, suivant son partenaire vers la source des cris.

Je crois qu'ils m'ont trouvé. Ca n'était pas très dur, je n'étais pas loin, même si j'avais veillé à ne pas m'exposer au vent. Je pense qu'ils ont capté cette odeur, cette aura de peur que je dois émettre. Même moi je la sens. Elle m'emplit les narines, d'une fragrance âcre, détestable. Je hais cette senteur, qui me donne envie de fuir, de me cacher. Elle s'écoule de tous les pores de ma peau. J'empeste la peur, je dois être repérable à des kilomètres. Ils s'approchent. Ces démons sont en train de venir vers moi. Maman a cessé de crier. Ca fait quelques minutes déjà. Tout est blanc, noir et rouge. Tout est flou. Je voudrais me cacher, disparaître, cesser d'entendre ces cris qui résonnent dans ma tête. Ils ont tué maman. Elle m'a protégé mais je n'ai rien pu faire pour l'aider. Parce que j'ai eu peur...

Je ne sais pas ce que cette meute fait là. Je crois qu'elle s'est perdue. Ils sont dans les terres enneigées, mais avec le blizzard... Ou bien ils ont traqué une proie qui a cru trouver la clé de sa survie en venant se perdre dans les arbres. Peut-être qu'il a réussi d'ailleurs. Peut-être que s'ils avaient pu manger leur proie, ils ne s'en seraient pas pris à maman. Ou alors ils sont controlés par des humains mais je ne sens pas d'odeur d'hommes sur eux. Et je crois que ça serait la pire solution possible. Maman m'a toujours dit de me méfier des hommes, qu'ils sont méchants, cruels, et qu'ils peuvent nous faire du mal, surtout à des Pokémon différents comme moi. Alors j'ai toujours fui les autres, je n'ai jamais cherché à sympathiser avec eux. J'avais peur qu'ils me fassent quelque chose. Même s'ils devaient être très gentils, je n'osais pas prendre le risque, parce qu'on ne savait jamais. Je n'ai jamais osé prendre de risque. Pas même cette nuit...

Peut-être qu'ils m'ont entendu plutôt que de me sentir. J'ai la gorge noué, chaque inspiration, chaque déglutition est difficile tant elle est serrée. Mais je viens de prendre conscience que je gémis. Parfois c'est faible, et on n'entend presque rien, mais lorsqu'une vague d'angoisse m'assaille, le son monte alors dans les aigus et même s'il y a du vent, je pense qu'on peut l'entendre si l'on fait attention. Et l'un d'eux a fait attention. Ils s'approchent. Je vois leurs silhouettes qui se dirigent vers moi. Ils vont me sauter dessus, me déchiqueter la gorge et me manger. Je sais que je devrais fuir, que je devrais m'enfuir, mais je ne peux pas. Mon corps ne répond pas, je suis tétanisé et je ne peux que regarder le danger qui me fonce dessus. Je crois que c'est fini. Les démons s'approchent et il ne restera plus rien de moi. J'en repère un qui se met en position, l'avant du corps applati vers le sol, arrière-train relevé. Il va bondir, ça y est. C'est fini... Tout aura été blanc, noir et rouge.

Un rugissement perça le bruit du vent et déstabilisa la plupart des canidés alors que la silhouette d'un titanesque dragon se dessinait. A côté de lui, une forme bien plus petite et bien plus rapide arriva, armée d'un bâton. Lorsque le chien de Feu bondit sur sa proie, le Terrosien le cueillit en plein vol grâce à son arme improvisée et l'envoya valser. Il avait ramassé une branche assez massive en venant, et même si attaquer des Malosse avec du bois, c'était stupide, il n'allait pas se priver pour autant. Le dragon lui, cracha une Draco-Rage pour les forcer à reculer. Même si la puissance de son attaque était clairement diminuée, il suffisait qu'il fasse illusion pour espérer s'en sortir. Il ponctua son attaque de quelques Groz'yeux, histoire de dire. Pourtant, ce ne fut pas assez impressionnant pour les pousser à reculer. Les chiens bondirent sur Fury pour tenter de le mettre à terre, mais leurs crocs se heurtèrent très vite à la Peau Dure. De plus, le Drakkarmin n'était pas du genre à se laisser faire. Il griffa et mordit chaque Pokémon qui était à la portée de ses coups, et ceux dans son dos se faisaient martyriser par Tyrion et son bâton, qui visait le crâne et les côtes. Un Malosse eut le malheur de vouloir mordre le jeune homme à la jambe, et dans la hâte, ne prit pas la peine de réfléchir. Ses dents rencontrèrent le métal froid de la prothèse, et le dresseur n'hésita pas à lui envoyer un bon coup de pied dans la mâchoire pour le faire reculer.

Deux étrangers se battent. Je ne sais pas qui ils sont, mais entre le gros lézard et un humain, je ne sais pas ce que je préfère. Les humains ne mangent pas les Pokémon, je crois. Du moins, pas ceux de mon espèce. Son grand dragon à côté... Je suis déjà moins sûr de son régime alimentaire. Pourtant, ils n'ont pas l'air de m'avoir vu, ou de me vouloir du mal. Tout ce qu'ils font, c'est combattre la meute de démons pour les faire fuir. Ils sont courageux. Bien plus que moi. Moi je n'ai pas su réagir, je n'arrivais pas à bouger. Et je ne sais pas si j'y arriverai, même maintenant.

Je repère du coin de l'oeil un chien des Enfers qui fait le tour pour s'approcher de l'humain par derrière. Le gros reptile a déjà beaucoup de monstres sur lui, et l'humain tente de l'aider. Ils ne le voient pas. Moi je l'ai vu, et lui, il a l'air de m'avoir totalement oublié. J'ai toujours très très peur, mais si je ne fais rien, c'est l'humain qui va souffrir. Je dois faire quelque chose.

Doucement, je ramasse mon arme et je la serre contre moi, la tenant fermement entre mes pattes. Ils ne m'ont toujours pas vu, aucun d'entre eux. Je devrais réussir. A pas lent, le plus silencieusement, je m'approche du démon. Je sens mon cœur qui bat très très vite dans ma poitrine, et une partie de moi qui me traite de fou de faire ça, alors que je pourrais largement fuir si je le voulais. Mais je crois que je ne veux plus être aussi effrayé, et que je n'arriverais pas à supporter mon image si je m'enfuis comme un lâche.

Avec lenteur, je lève mon arme, la brandissant au-dessus de ma tête. Je sens mon cœur qui accélère et mon souffle qui se fait beaucoup plus court. Je suis terrifié à l'idée de ce que je vais faire, et surtout des conséquences, mais si je ne le fais pas, j'aurai de toute façon des ennuis. Je prends une nouvelle inspiration, bloque mon souffle et j'abats d'un coup sec mon arme sur la tête du démon.

Le chien démoniaque a bien senti le coup passer, mais ça n'a pas été suffisant pour le mettre hors d'état de nuire. Il fait volte-face et s'approche de moi à pas mesuré, les crocs dévoilés. Je ne peux pas m'empêcher de glapir de terreur, c'est plus fort que moi. Mes yeux sont fixés sur ses dents d'ivoires, sur son poitrail rouge et poisseux. J'ai l'impression de regarder la mort en face, c'est tout simplement horrible. Et brusquement, la mort disparaît.

Je relève la tête pour voir l'humain tenir son bâton à deux mains, son arme se retrouvant derrière son épaule. Je crois qu'il a utilisé le bout de bois pour frapper le Malosse sur le côté, après avoir décrit un large arc de cercle. Un peu comme on aurait frappé une balle, je pense. Je suis surpris, et ne peux m'empêcher de presser ma propre arme contre moi, me demandant s'il va me frapper aussi.

Finalement, le groupe de démons décide de s'en aller. Apparemment ils n'ont pas aimé se faire frapper sans prendre l'avantage et ils doivent penser que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Moi ça me rassure, ils ne m'embêteront plus. Mais il reste toujours le dresseur et son lézard, et ils me fixent. C'est déjà plus inquiétant. Pendant que le gros reptile regarde derrière lui en poussant un grognement, l'humain s'approche de moi et pose un genou à terre. En le voyant si près, je me mets à trembler, me répétant les paroles de maman, comme quoi il ne faut pas faire confiance aux hommes. Pourtant, il ne fait que me caresser doucement la tête. C'est... étrange comme sensation.


« Merci pour ton aide tout à l'heure. Tu as été très courageux. »

Non. Ca n'est pas vrai. Si j'avais vraiment été courageux, j'aurai aidé maman au lieu de m'enfuir, et elle ne serait pas... elle ne serait pas....

C'est plus fort que moi. Sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit, les larmes viennent et commencent à couler, d'abord lentement, puis de plus en plus rapidement. Le monde redevient flou, et je distingue à peine l'humain qui se tourne pour regarder maman. Il fait signe à son gros lézard qui semble comprendre l'ordre, et s'approche de maman. Je n'ai plus la force de lutter, et de leur demander de ne pas la manger. Je suis trop fatigué.

Je sens quelque chose de chaud contre moi, et mes pleurs ralentissent subitement. Je rouvre les yeux, et constate que l'humain me tient contre lui, et me caresse la tête doucement. Je n'ai pas envie de lutter, alors je le laisse faire. Il se relève d'un seul coup, et rejoint son gros dragon. Il y a maintenant une petite butte de neige, là où était maman. Ils l'auraient enterré, pour qu'elle ne se fasse pas manger par les charognards ? Apparemment. Je ne sais pas trop pourquoi ils ont décidé de me venir en aide. Tout ce que je sais, c'est que quand l'humain me reposera, je serai tout seul. Et je ne sais pas comment je ferai pour survivre ici, dans cette forêt. Il fait froid, je ne sais pas me défendre. Je sais que je n'ai aucune chance de survie, et je suis obligé d'accepter cette idée. Ca fait peur de se dire qu'on ne va pas vivre très longtemps. Alors je ne veux pas qu'il me lâche. Parce que s'il me lâche, je serai obligé d'être tout seul. Et pour ne pas y penser, je ferme résolument les yeux, ne m'autorisant à les ouvrir que lorsque je serai par terre.

Fury observa son dresseur et le jeune Pokémon qu'il tenait dans ses bras. A voir le regard que portait Tyrion sur la petite créature, le dragon savait ce qui était en train de se passer, et ce qui allait en découler. Le Drakkarmin était bien placé pour savoir que le Terrosien était affecté par l'histoire de ce bébé Osselait. Lui aussi avait perdu ses parents sans rien pouvoir faire. Il comprenait la souffrance de ce petit, et la bête écaillée n'était pas dupe. Avant même que le jeune homme parle, il poussa un grondement, presque exaspéré. Mais dans le fond, le Pokémon savait très bien que lui-même ne savait pas résister aux enfants et que la présence du nouveau venu ne le gênerait pas.

Lentement, ils se mirent en marche, retournant dans leur abri de fortune. Le dragon avait eu la bonne idée de marquer les arbres au fur et à mesure qu'ils se déplaçaient pour qu'ils puissent retrouver plus facilement leur chemin. En quelques minutes, ils furent de nouveau dans leur igloo, Tyrion collé contre le Drakkarmin, l'Osselait collé contre Tyrion. Le jeune homme continuait de le caresser et de le bercer doucement, presque inconsciemment. Il n'avait pas eu le courage de l'abandonner dans le vent, la neige et le froid. Il avait nettoyé son casque et ses pattes, laissant sa peau retrouver cette étrange couleur qu'il avait, un beau vert sombre. Il le gardait à présent contre lui. Il savait que cette espèce était sensible au froid, mais il n'avait pas eu le courage d'utiliser une Poké Ball sur lui pour le moment. Non seulement parce qu'il voulait vraiment avoir son avis, mais aussi parce qu'il venait de perdre sa mère, et que la dernière chose dont il devait avoir, c'était de se retrouver dans un endroit inconnu, et complètement seul.

Il y a moins de vent ici, et il fait bien plus chaud. Je ne sens plus l'odeur du sang sur moi. Je ne crois pas être au sol, mais c'est tout de même étrange. Je me force à rouvrir les yeux, pas très rassuré par ce que je vais voir.

Je suis toujours contre l'humain, sous un dôme de neige. Le vent ne nous atteint plus ici. Je crois qu'il s'est endormi contre le gros lézard qui, lui, me fixe. Gêné et intimidé, je détourne les yeux. En tout cas, je suis obligé de remarquer qu'ils ne m'ont pas lâché, que je suis toujours avec eux, à l'abri et en sécurité. C'est une sensation rassurante. Ils ne m'ont pas abandonné et je ne me sens pas seul.

Je sens une patte griffue se poser sur ma tête et je lève les yeux. Le grand dragon esquisse un sourire et me tapote la tête doucement, pour me rassurer. Je n'ai plus à m'inquiéter, je fais parti des leurs maintenant. Epuisé par cette nuit épouvantable, je ferme les yeux et m'endors rapidement alors que dehors, le vent se calme enfin.
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