[ Clos ] Allez je me bouge ! [Eden & Mila]

[Trellia Farron]

e toute sa vie, pour autant qu'elle puisse en juger, Trellia n'avait pas connu de climat plus épouvantable que celui-là. Celle qui n'avait rien, se déplaçait difficilement sous le gré de la tempête qui sévissait. Les Terres Enneigées portaient bien leur nom, car la terre et le ciel se confondait dans le même gris. Un gris identique à celui qui la torturait depuis des heures, la fouettant et la cinglant de toutes parts. Un vent polaire rugissait sur les plaines, donnant l'illusion qu'une bête gigantesque la suivait pas à pas. Trellia avait du mal à croire qu'à quelques lieux seulement de là, le climat était tout à fait acceptable et que pire encore, des gens pouvaient vraiment vivre dans les environs. Comment pouvait-on humainement supporter cela ? Un endroit pareil ne devrait être fait que pour les machines. Un monstre d'acier avec un coeur de métal. La jeune amnésique était restée trop longtemps à Mizuhan et pour pas grand-chose. Mais depuis certains évènements, elle avait retrouvé des bribes de souvenirs qui, même s'ils étaient très troublants, étaient extrêmement intéressants.

Mais pour l'heure, le seul problème de la jeune épéiste était cette maudite tempête. Elle sentait le froid comme des aiguilles de glace dans son sang et elle n'avait aucun moyen efficace de se protéger. Une cape de fourrure un peu rapiécée qui ne suffisait pas à vraiment la protéger était la seule chose qu'elle possédait. La neige lui montait quasiment jusqu'aux genoux, mais elle refusait de cesser de marcher. Elle savait que si elle s'arrêtait, un sommeil mortel la gagnerait peu à peu et elle était prête à marcher jusqu'à l'épuisement pour sortir d'ici. C'est un peu ce qui se passa. Avec une certaine angoisse, elle vit le jour tomber, puis la nuit s'étendre sur la terre comme une promesse de mort. Comme elle n'avait aucun abri et aucun moyen de faire du feu, ni même aucun de ses Pokémon pour tenter de rester au chaud, Trellia se résigna à continuer sa route. La nuit fut encore plus pénible que le jour, mais fermement décidée à ne pas mourir de froid, Trellia résista.

Ce n'est qu'au petit matin que le vent cessa de souffler, découvrant un milliards d'étoiles sur un ciel noir d'encre. Pour ne pas penser à autre chose, Trellia se laissa charmer par le spectacle et quand le soleil se leva pour de bon, la jeune fille avait encore avancé. Rassurée par la présence du soleil, qui ne la réchauffait pourtant pas, elle aperçut plus loin une rivière. Elle était transie de froid, mais elle avait aussi faim que soif et se jeta comme une perdue dans l'eau.

« Ahhh aïe... »

Trellia se frotta le visage vigoureusement, essayant de faire passer la douleur et réchauffer du même coup ses pauvres joues : la rivière était gelée. Elle venait de se heurter au gel. La jeune fille se redressa. L'eau était inaccessible et si une personne normale pouvait se priver de manger plusieurs jours, en revanche, ce n'était pas la même chose pour l'eau. La rivière gelée était trop épaisse pour espérer la casser avec les poings, mais en revanche, elle eut l'idée d'utiliser son épée. Elle dénoua donc la vieille épée de sa ceinture et la pris à l'envers, pointe vers le haut. En s'agenouillant, elle put ainsi frapper la surface blanchie de la rivière avec le pommeau. Mais elle n'eut pas beaucoup plus de succès. Résignée, elle sortit la lame de son fourreau et tenta un coup d'épée dans l'eau. L'expression sonnait juste, seulement quelques éclats de glace se brisèrent au terme d'un bon quart d'heure de lutte. La rivière laissa Trellia épuisée de sa marche et découragée. La jeune fille se laissa tomber sur la glace, attendant qu'une meilleure idée s'offre à elle.

[Eden Sovial]

Que cela faisait tellement du bien de sentir l’air frais ! Eden avait l’impression d’avoir passé plus d’une semaine dans ces galeries sous-marine. Mais à leur sortie, ils furent accueillis par une connaissance de la demoiselle. Au début, Eden s’attendait à ce que ce « Capitaine Shark » ne leur vole leurs Pokémon mais non. Bah il avait l’allure d’un pirate non ? Un pirate ça vole des choses ? Malgré les clichés qu’on entendait sans cesse sur eux, et bien aimable, il déposa toute la petite bande auprès du dresseur du Salamèche qui les remercia vivement pour lui avoir ramené son Pokémon perdu. Une fois les retrouvailles faites, on ramena Eden au rivage et ne manqua pas de remercie Y mais aussi Yin pour leur aide. Après, il n’eut plus de nouvelles. Mais alors qu’il allait quitter le rivage, quelque chose éclata au niveau de son épaule droite. Aussitôt le garçon se retourna pour voir qui « l’attaquait » et vit un Pokémon. Il s’agissait d’un Ecayon et jusqu’à présent, il n’en avait jamais vu. Le garçon regarda autour de lui mais ne vit personne, donc ce Pokémon aquatique « s’adressait » bien à lui. Il se montra du doigt et la créature hocha la tête en avant. Doucement, Eden s’approcha de lui et franchement, le petit poisson n’avait pas peur. Les pieds d’en l’eau, il s’accroupi devant ledit Pokémon. Mais voyant que son dresseur ne comprenait pas grand-chose, Myrallis, qui était toujours sortie de sa balle et collée à son cher et tendre dresseur se mit à communiquer avec l’Ecayon. Puis elle se tourna vers son dresseur et lui fit comprendre que le petit poisson bleu voulait partir à l’aventure avec lui. Eden demanda confirmation et se retrouva avec un nouveau compagnon. Plutôt une nouvelle compagne…

Actuellement, le garçon se trouvait au Sud-Ouest de Mizuhan et il était complètement perdu. Perdu dans la Forêt enneigée. En plus de ça, il faisait vraiment trop froid, le vent soufflait fort et il tombait de la neige sans cesse. C’était pénible de marcher dans ses conditions, bien que les arbres environnants protègent les environs, il en avait plein les bottes ! Pour le moment, il était hors de question qu’il rentre à l’Académie, il n’avait nullement envie de revoir son maître. Car c’était à cause de lui qu’il s’était retrouvé perdu au beau milieu de l’Océan ! Rah, le garçon en avait vraiment marre de tout ça !

« J’en ai marre, j’en ai marre !! »

Le blondinet donna un violent coup de poing contre le tronc d’un arbre mais ne récolta qu’une vive douleur dans sa main et de la neige lui tomba dessus. Eden se dégagea de là mais soudainement, l’atmosphère avait changé. Il ressentait comme une certaine pression autour de lui. Mais à peine eut-il le temps de se défendre en usant de ses pouvoirs élémentaux que trois ombres furtives lui tombèrent dessus et après, c’était le noir total. Lorsqu’il put revoir la lumière, ce n’était que celle émise par une bougie. La pièce était sombre autrement. Instinctivement, il voulut se masser les yeux mais constata avec effroi qu’il avait les mains liées ! Et la pièce était vide, sauf une petite table en face de lui où était posée la bougie. Puis la porte coulissante s’ouvrit et deux personnes entrèrent. L’une d’elle, était un vieux monsieur qui s’assit de l’autre côté de la table en face du garçon alors que la seconde, étant plus jeune resta debout mais son visage était si sévère… La plus âge déposa sur la table les affaires du gamin et en déplia deux rouleaux. C’était là les titres officiels d’Eden qui faisaient de lui un Amplificateur mais aussi un Elémancien reconnus par le gouvernement de Mizuhan. Le vieil homme se mit à parler et s’excusa pour l’accueil. Mais il expliqua que son village n’était pas aussi familier avec les visiteurs que les autres villes. Aussi, il demanda au garçon de quitter les lieux une fois qu’il se sera reposé.

Après une nuit mouvementée, Eden dût quitter le village caché Loukaï. En fait il ne savait pas trop comment s’orienter dans cette forêt et on lui proposa un Ninja pour l’aider à sortir d’ici. Mais l’aide fut de courte durée et le voilà arrivée au bout de la forêt. Evidemment, il arriva sur les Terres enneigées et à partie d’ici, il devait se débrouiller. Il ne put même pas remercier le Ninja puisqu’il s’était volatilisé aussitôt qu’ils étaient arrivés au bout. Eden haussa les épaules et entreprit de traverser ces terres. De toute façon, il était paré puisqu’il s’était préparé des affaires chaudes. Et étant élémentaliste de l’eau, le froid ne lui faisait pas autant d’effet qu’un natif de Flamen ou de Terros. Et fort heureusement, la tempête s’était terminée mais le soleil ne s’était pas encore levé. Mais c’était toujours impressionnant de voir les matinées à Mizuhan. Toutes ces étoiles, c’était vraiment magnifique ! Il voulut montrer ce paysage à sa fidèle et non moins collante Psystigri mais celle-ci ne semblait pas si intéressée que ça. Au contraire, elle prit une toute autre direction que son dresseur.

« Oh, Myrallis, ne t’éloigne pas ! »

La petite chatte grise se tourna vers son dresseur et pointa sa patte dans la direction où elle voulait aller. Eden haussa les épaules et la suivit, malgré lui. Il dut grimper une dune de neige et une fois en haut, demanda à son Pokémon ce qu’elle avait. Mais c’est en levant ses yeux de sa créature psychique qu’il vit une silhouette un peu plus bas. Le garçon se mit à courir dans sa direction et plus il s’en approcha, plus il remarqua que celle-ci semblait « inerte ». A son niveau, il s’écria :

« Eh oh, ça va ? Vous m’entendez ?! »

Le garçon constata que cette jeune femme complètement allongé sur la glace avait tenté de la briser avec son épée. Pour boire ? Evidemment ! Enfin l’eau sera trop froide pour elle… Eden posa ses affaires et fouilla dans son sac pour en sortir une gourde. Il la lui tendit en lui disant qu’elle serait sûrement plus chaude que celle de la rivière. Qu’elle boive ou pas, il ne put s’empêcher de lui poser la question.

« Que faites-vous ici ? Enfin vous devez sûrement vous poser la même question pour mon cas mais je résiste plus facilement au froid et on dirait que je suis mieux préparé que vous. » tenta-t-il en souriant.

[Mila Nesher]

Neige et vent, vent et neige. Voilà les deux termes qui me viennent à l'esprit pour caractériser mon passage au sein des Terres Enneigées. Un froid polaire sévissait en ces lieux, galvanisé par le souffle tumultueux d'une tempête. Chaque bourrasque soulevait une tonne de poudreuse se dispersant dans les vents en des nuées aussi glaciales que mortelles. De terribles nuées, qui avaient le don de me prendre pour cible. Je marchais en plein coeur de la tourmente, le pas lent à cause de la neige, mordue par les vagues de poudreuse. C'est à ces instants que l'on se rend réellement compte à quelle point la vie humaine est fragile et ce n'est pas les pokémons de la région qui diront le contraire. Combien ont-ils vu de fous tomber sur ces terres? Plus d'un, sans doute. En ce qui me concerne, je devais l'être un peu aussi pour m'être aventurée si loin en Mizuhan. Pourtant je n'étais pas inconsciente, la traversée avait été minutieusement préparée. Seulement la tempête m'avait prise de court durant le trajet et son avancée avait été bien trop rapide pour me permettre de m'abriter dans un village. J'eus juste le temps de me construire un petit igloo de fortune comme nous les faisions lors de nos voyage en Mizuhan avec la caravane. Ce ne fut pas une mince affaire, je dois l'avouer, mais ce fut un franc succès. Une fois bien à l'abri dans ma demeure de neige -il y faisait meilleur d'ailleurs- je m'enveloppais dans mes affaires en grelottant. J'écoutais la tempête à l'extérieur, son souffle me berçait jusqu'à me faire sombrer.

Mes yeux s'ouvrirent quelques heures plus tard. Mon regard se tourna alors immédiatement vers les cieux et lorsque je le vis se découvrir et l'aube poindre ; lorsque je vis le ciel se consteller d'étoiles, la félicité me toucha alors en plein cœur. Le ciel, le paysage, le fait d'être en vie, voilà tout qui m'importais ! J'admirais, émerveillée, ce paysage onirique dans le silence de l'hiver et la disciple du vent en moi exultait sous la caresse de la brise. Il me semblait alors injuste d'en être la seule spectatrice, ainsi, je fis sortir mon ami Zéphyr de sa ball afin qu'il puisse lui aussi profiter de cet instant magique, hors du temps. Et si dans un premier temps, le pokémon Oiseaucoton demeurait engourdi par le sommeil, son regard ne mit guère de temps pour pétiller. Le pokémon se mit alors à chanter ; un de ses chants mélodieux, un chant perçant le silence du monde blanc. Bientôt le soleil pointa le bout de ses rayons, dés lors je me remis en marche et Zéphy prit son envol. Il s'amusait à voler au-dessus de ma tête et chantait de plus bel.

Puis il s'arrêta net.

« Que se passe t-il Zéphy ? » Demandai-je inquiète.

Il piailla avant de foncer. Je fis de même en entamant ma course sans plus attendre. Il y avait de toute évidence quelque chose d'inhabituel plus loin. Il fallait que je sache de quoi il en retournait. Je vis bientôt deux point noirs au loin, deux points noirs qui se révélèrent bientôt être des silhouettes. L'un était à terre, l'autre était à ses côtés. En me rapprochant davantage, je me rendis compte qu'il s'agissait d'un homme, d'une femme et d'un petit pokémon. Qui étaient-ils ? Que pouvait-il bien s'être passé ? Pouvais-je aider ? Je l'ignorais mais cela ne m'était guère important.
Arrivée à leur niveau, je m'écriais :

« Besoin d'aide ? »

[Trellia Farron]

tord, Trellia se laissa engourdir. Simplement posée à genoux sur la glace, elle ne se rendit pas compte qu'elle baissait les armes et la neige et le froid en profitèrent pour faire leur office. Il n'y avait rien de plus démoniaque. Tout en sombrant, Trellia se sentit de plus en plus seule, gelée jusqu'au cœur. Seule et abandonnée, percée de milliers de fins coutelas. Elle était seule. Seule. Sans qu'elle s'en rende compte, l'esprit embrumé, elle se laissa complètement glisser. Au sens propre, comme au figuré, son corps se laissa glisser sur la glace. Autour de son cou, caché sous son corsage cependant, un objet se mit à briller soudainement.

C'était en fait un objet un peu étrange à son goût qu'elle avait trouvé il y avait un moment de cela. Elle s'en souvenait très bien, le soir où elle avait pu admirer une nuit d'étoiles filantes, en compagnie d'Ethan au bastion de la Religion. À l'époque, Trellia avait supposé ne venir de nulle part, un peu comme Tenkei, mais évidemment, ça n'était pas logique… C'était en tout cas cette soirée là où elle avait appris qu'il était de coutume de faire un vœu pour une étoile filante. Pourquoi, elle n'avait jamais bien compris malgré les explications du jeune garçon. Enfin si, parce que c'était un signe de chance… Mais Trellia ne comprendrait sans doute jamais pourquoi. Elle avait ensuite trouvé cet objet étrange, ressemblant à une aile d'oiseau. Comme il ne semblait pas solide, elle avait profité de croiser un Maître du Feu pour le faire vitrifier, puis, émerveillée par cette apparence, elle avait fait monter la protection de faire sur une fine chaîne. Ainsi, elle pouvait garder l'Aile contre elle, contre sa peau. Elle aimait bien son contact, invisible aux yeux des autres, comme si pour changer, elle seule connaissait quelque chose que tous les autres ignoraient. Trellia se souvenait, elle avait fait le Vœu de se souvenir. L'Aile-Esprit, offert par la grâce de Jirachi, allait enfin s'exprimer.

●●●

Il faisait sombre… Dans un noir quasi-total, quelques lumières tremblotantes éclairaient les lieux. Des hommes se tenaient là, immobiles, assis sur le sol ou sur des pierres effondrées. Mal habillés, l'air revêche et fatigués, ils gardaient les lieux. Mais surtout, ils étaient armés de lourds fusils d'assauts. Elle, elle était là, assise négligemment au milieu de cette bande de grognards. Ils ne ressemblaient vraiment qu'à ça, mais elle savait être semblable  eux et que les vrais forbans dans cette histoire, n'étaient pas ceux que l'on pensait. Indifférentes aux rebelles qui patrouillaient, elle s'activait à soigner sa lame. Elle était régulière et même, parfaite de forme. L'épée semblait être taillée dans un métal précieux et peu répandu et ce n'était pas peu dire, son apparence suffisait à le comprendre. La lame était pour ainsi dire, translucide et par moment, semblait même faites à partir de la lumière. Elle n'avait aucune rayure, aucune brèche, pas une poussière. À côté, les paroles embrumées d'un de ses compagnons lui demandait pourquoi elle s'acharnait avec une arme aussi primaire… Mais la femme ne répondit pas. Un sourire aux lèvres, elle ne cessait de lisser et polir la longue lame. L'homme la regardait.

Dans ses mains, la lame était pourtant abîmée d'une certaine manière, elle n'avait plus de garde. Mais sans se départir de son sourire, elle l'avait fixé dans un autre objet pour le moins étonnant : un vieux MX180. Elle avait toujours adoré ces vieux guns, qui selon elle, n'avaient rien à envier aux modèles les plus récents. Mais son vieux gun avait rendu l'âme, une ‘petite' roquette qui avait failli lui exploser en pleine tête, n'avait en revanche pas vraiment épargné l'objet. Néanmoins, elle avait pris le temps de le récupérer… Et de l'adapter à sa nouvelle condition. La femme se leva, ajusta ses ceintures et saisi sa nouvelle épée par son nouveau manche. L'air vibra et sembla se trancher sur son passage. C'était parfait. Parfaitement imbriqués l'un dans l'autre, ce nouveau modèle d'arme ferait fureur sur le champ de bataille. C'était certain, elle serait la seule à avoir cette arme née de son imagination une… Mais pas le temps d'y penser.

Une énorme explosion résonna dans les taudis, un mur vola en éclat, des cris d'hommes qui mourraient sous les flammes et les rebelles qui se précipitaient, arme à la main, vers la source de l'agitation. Des hommes en armure cybergénétique approchaient déjà, fusillant sans distinction tout ce qui se présentait devant eux. Les rebelles hurlèrent et se jetèrent dessus comme des chiens affamés. La femme, elle, se vit saisir un fusil d'assaut MA5C, sautant sur des murets pour atteindre les toits. L'explosion les avait ébréchés et elle se faufila comme un serpent pour prendre par surprise l'ennemi. Des tirs, des cris, du sang…  Une surface en métal réfléchit alors le visage de la femme. Trellia se reconnu immédiatement.

●●●

Trellia eut un sursaut et sa vue s'estompa, il faisait si sombre… Des voix sorties d'outre-tombe se firent de plus en plus clair et elle commença à ressentir un froid glacial, brûlant, qui semblait la consumer. Sentant la morsure du gel, Trellia dû faire un immense effort pour se ressaisir et ouvrir les yeux. Un jeune garçon était penché sur elle, l'air inquiet. Trellia ne comprit pas tout de suite, elle était encore secouée parce ce qu'elle venait de « vivre ». Elle ne savait pas ce que c'était, un rêve, un souvenir ? Tout cela était bien trop réel… La Guerrière avait la sensation d'avoir réellement vécut ces choses, pas comme une impression de déjà vu, mais bel et bien comme un souvenir. Maintenant qu'elle en avait quelques uns… Le regard perdu, elle parvint à se relever, non sans difficulté.

« Je… Ça va… » Balbutia Trellia, ce qui n'était évidemment pas le cas. Sa gorge la brûlait, trop sèche et elle accepta avec plaisir la gourde du jeune garçon. Et sans conteste, l'eau lui parut même tiède.

Trellia se sentait fébrile et mit du temps à comprendre ce qu'on lui disait, encore à moitié dans son rêve perturbant. Mais elle était sûre que ça n'était pas un rêve. Elle avait senti l'odeur du sang. Mais elle ne pouvait que concéder ; elle ne s'était pas préparée à un tel froid.

« Heu… Je, je rejoignais Terros quand la tempête m'a surprise. » Parvint-elle à articuler.

Dans ces terres finalement très fréquentées, une jeune fille fit son apparition à son tour. En toute honnêteté, Trellia se sentait un peu coupable et se concentra sur la gourde qui lui réchauffait les mains. Elle était encore trop dans le brouillard et trop secouée pour vraiment réagir. Pendant tout ce temps, la vision accordée, l'Aile-Esprit s'était tut.

[Eden Sovial]

Les Terres enneigées. Voilà où se trouvait actuellement le garçon. Après sa mission dans la grotte immergée, il s’était à nouveau perdu, comme à son habitude et maintenant il devait marchait pour rejoindre son pays. Mais voulait-il vraiment retourner chez lui ? Là-bas il reverra son maître, celui sui l’avait envoyé sur le bateau, celui-là même qui avait engagé ces marins. Ces maudits marins qui avaient balancé le gamin à l’eau ? En fait, c’était vraiment lui le commanditaire de tout ça ? Il n’aura pas de réponses s’il ne se renseigne pas directement devant la personne. Mais Eden avait trop peur maintenant, peur de décevoir à nouveau son maître. Non, il devait prendre plus confiance en lui !

En tout cas, pour le moment, il était coincé dans ce paysage sinistre et glacé. Mais il n’était pas le seul dans ce cas et cette jeune femme semblait être plus mal en point que lui. Peut-être parce qu’il était Mizuhanien et ainsi il pouvait mieux résister face au froid qu’un autre natif. Qui sait ? Dans tous les cas, la demoiselle ne semblait pas aller bien et avec faiblesse, elle se redressa pour regarder le garçon. C’était une belle femme certes mais la faiblesse défigurait son visage. Elle répondit à Eden comme quoi tout allait et pourtant, ce n’était pas vraiment le cas…

« Terros… En effet c’est le chemin à prendre mais vous n’avez pas songé à vous préparer avant de partir ? Bon, la tempête ce n’est pas de votre faute… »

Eden détourna son regard et observa les horizons. Il n’y avait rien, que cette immense étendue de neige… il porta à nouveau son attention sur elle et sa petite Myrallis s’était approchée de l’humaine, et comme pour la soutenir, elle posa sa petite patte sur son bras. La chatte lui offrit des caresses et avec ses grands yeux, la regarda. C’est à ce moment là qu’une autre personne arriva. C’était une jeune femme blonde accompagnée d’un Tylton. Eden fut surpris de voir autant de monde dans le coin. Eden expliqua ce qu’il se passait à la nouvelle et se redressa.

Il faisait froid et un léger vent s’était levé depuis le matin. Les nuages étaient quand même menaçants et il n’était pas impossible qu’une nouvelle tempête se prépare. Le blondinet scruta les environs et aperçu comme une grotte un peu plus loin.

« Il y a une grotte un peu plus loin, peut-être pourrions-nous nous y abriter le temps que vous reprenez des forces. »

En tout cas, Eden ramassa ses affaires et aida la demoiselle à se relever. Il l’aida aussi à marcher dans la neige, ce qui n’était pas facile mais ils parvinrent à arriver dans la grotte. Elle n’était pas profonde mais cela permettait au groupe de s’abriter quelques instants. Le mizuhanien aida à nouveau la Terrosienne à s’assoir sur un rocher plat. Aux pieds de son maître, Myrallis se sentit comme délaissée. Comment son maître pouvait-il la délaisser ainsi ? Aussi, elle se mit à couiner pour que son dresseur puisse la remarquer. Ca marchait plutôt bien car Eden se sentit mauvais dresseur et s’accroupit pour caresser son Pokémon.

« Ici, tu pourras reprendre des forces et la grotte nous protègera du vent. » puis à l’autre demoiselle nouvellement arrivée « Et vous ? Que faisiez-vous dans cette région si déserte ? »

Et voilà qu’il se désintéressait d’elle… Qu’est-ce qu’elles avaient de plus que sa petite chatte grise pour qu’il s’intéresse au humaines ? N’était-elle pas plus mignonne que ces deux femmes inconnues ?

[Trellia Farron]

n violent frisson secoua Trellia, elle crut entendre un cri, mais le vent se mit à mugir en une grande bourrasque qui souleva un épais rideau de neige. En relevant la tête, Trellia regarda au loin, mais ne vit personne d'autre. Toute cette froidure avait dû la secouer plus qu'elle ne le pensait, ou alors les cris du vent lui jouait des tours. La bise glacée la secoua, il fallait absolument qu'elle se remue et ne pas céder au froid ! Trellia frissonna, mais reprit ses esprits, malgré le froid qui lui piquait le visage. Le jeune homme, qui devait avoir son âge, lui confirma qu'elle allait dans la bonne direction, en revanche, il lui confirma aussi qu'elle n'était pas du tout préparée à ce genre de climat… Elle se laissa dire qu'il devait être du pays. Trellia n'avait pas grand-chose à répondre, il n'avait pas tort… Mais elle avait trouvé difficile de se préparer, elle ne connaissait pas le froid avant ce jour et il lui sembla que c'était le climat le plus horrible au monde !

« Merci. » Articula Trellia. « Je pensais que si, mais je ne connaissais pas le froid, c'est la première fois que je vois de la neige. » Avoua t-elle.

En parlant, elle avait attrapé un peu de poudreuse de sa main gantée qu'elle avait relâché dans l'air. Au moins, elle savait exactement où elle ne remettrait plus les pieds ! Trellia suivit son regard, vers le ciel, comme lui, elle voyait des nuages lourds s'amonceler rapidement. Au même moment, la jeune femme sentit une petite tête se glisser sous sa main, en baissant les yeux, elle vit une boule de poil lui réclamer des caresses ! Trellia lui en accorda une et finit par se relever : la glace commençait à lui attaquer les jambes et mouillait ses vêtements, rendant la neige encore plus insupportable, si c'était possible, s'appuyant sur son arme. Elle était transie de froid et sentait ses jambes trembler, néanmoins, elle en avait vu d'autres. Elle se força donc à supporter le froid et surtout, reprendre contenance. Trellia ne manquait pas de courage, bien au contraire, si seulement elle s'en souvenait !

Quoi qu'il en soit, elle avait été prise de court, la neige, la tempête et le jeune homme se rendait compte de lui-même qu'elle n'allait pas aussi bien qu'elle le disait, tout en sachant pertinemment que ce n'était pas le cas. Il l'aida à s'asseoir, mais en voyant les nuages obscurcir de plus belle le ciel, il indiqua finalement connaître une grotte. Ce serait un abri sommaire, mais si cela pouvait lui permettre de ne pas mourir de froid, Trellia n'était pas contre ! Comme il prenait ses affaires, Trellia suivit, il avait l'air de bien connaître la région, mais une fois dedans, Trellia chercha instinctivement de quoi monter un campement, au cas où ils seraient coincés ici un moment. En bougeant, elle s'était réchauffée et en profita pour rassembler quelques morceaux de bois, probablement laissés là par un précédent visiteur. Trellia les disposa et alluma un feu. Elle avait agis mécaniquement, sans se poser de question. Des flammes orangées se mirent à lécher goulûment le bois et Trellia s'assit, les jambes sur le côté. Elle ôta ses gants marron et se réchauffa les mains avec plaisir. Avec ce feu, elle se sentit mieux, quoi que fatiguée.

Au contact de la chaleur, ses vêtements séchaient et la neige qui mouillait ses cheveux fini par s'évaporer. Une nouvelle bourrasque se leva, déplaçant une quantité de neige impressionnante en mugissant. Trellia regardait le feu, comme hypnotisée, depuis un moment, quand elle le lâcha enfin.

« Au fait, je m’appelle Trellia. » Dit-elle en essayant de couvrir les rugissements du vent.

Trellia se redressa et remonta ses genoux, où elle posa ses bras, croisant les jambes. Un regard dehors lui fit se demander combien de temps durait cette tempête, en quelques minutes, on aurait dit qu’il faisait nuit… Elle avait eu une chance inouïe qu’il ne passe par là, sans quoi elle serait à présent sous une montagne de neige. La brune resta un moment pensive, le regard perdu dans la grisaille.

« Vous êtes de la région, non ? »

Elle parlait un peu d’évidence… Trellia détacha son regard du dehors.

[Voilà, Mila a disparu de la circulation depuis plus d’un mois, nous n’avons aucune nouvelle malgré les MP, nous avons décidé de continuer quand même.
White, comme tu vois les « bourrasques » sont idéalement placées pour masquer la venue de Mila, du point de vue de Trellia, tu peux en profiter (et éditer ton mess précédant si besoin je pense ) ^^]

[Eden Sovial]

Ce n’était qu’un léger coup de vent et Eden avait eu l’impression qu’une troisième personne s’était rejointe à eux. Devait-il complètement fou au point d’imaginer des gens avec lui ? C’était quand même la seconde fois que cela lui arrivait… peut-être devrait-il consulter pour hallucinations ? Il était jeune pourtant mais peut-être qu’il avait été frappé par un mal quelques mois plus tôt. Le garçon haussa les épaules et préféra s’occuper de la jeune femme en difficulté. La grotte n’était pas aussi spacieuse mais c’était juste le nécessaire pour abriter deux voyageurs. Instinctivement, la jeune femme s’était occupée du feu et se réchauffa entièrement. Elle n’était clairement pas du pays puisque c’était la première fois qu’elle voyait de la neige. Oui enfin quand même, on se préparait un minimum pour braver le froid ? Mais bon, Eden n’avait pas à la juger.

Dehors, la tempête avait commencé. Le vent balayait les dunes de neige et de gros flocons tombaient du ciel. Un ciel bien gris et si sombre… « Trellia ». Le gamin reporta son attention sur la jeune femme qui venait de se présentait. Il s’approcha du feu et s’assit en tailleur en face d’elle, le feu les séparant. Pour lui aussi, ça lui faisait du bien un peu de chaleur. Il retira sa capuche qui était bien doublée pour le protéger du froid. Il commençait à étouffer mine de rien là-dessous ! Myrallis vint se poser sur une des cuisses de son dresseur et se blottit contre lui. La pauvre petite n’avait pas l’habitude du froid mais étrangement, elle ne voulait pas retourner dans sa balle.

« Et moi je m’appelle Eden Sovial. Enfin de la région non mais plutôt au Nord de la cité d’Arkan donc je connais un peu le climat. Une chance que nous avons pu trouver cette grotte, au moins, elle nous protège du vent glacial. »

Le garçon tourna sa tête pour observer le temps qu’il faisait. Oui pour quelques instants car il était fort possible que le vent change de direction et ne s’engouffre dans leur petite grotte de secours. Mais bon, Eden pourra éventuellement construire un mur de glace, il avait tout ce qu’il fallait pour le faire, ce n’était pas la neige qui manquait ici ! Puis il reporta son attention vers Trellia :

« Vous allez à Terros donc ? Justement, je comptais m’y rendre. Peut-être pourrions-nous faire le voyage ensemble jusqu’à la frontière ? Voyez-vous, je suis également un élémentaliste de l’eau et je pourrais vous servir de guide. » demanda-t-il en souriant.

A moins qu’elle ne veuille pas de lui mais bon, autant faire le voyage à deux que tout seul. Eden attendit sa réponse tout en caressant sa petite chatte qui dormait sagement sur son dresseur. Par contre, ce qu’il n’avait pas songé, c’était que le feu qu’ils avaient fait allait attirer des visiteurs… Au loin, ils purent entendre un hurlement. Aux aguets, le blondinet tourna sa tête vers ledit bruit mais ne vit rien à cause de la tempête. Les Pokémon sauvages étaient habitués à cet environnement, donc aux tempêtes…

D’un coup, Myrallis se redressa et ouvrit ses grands yeux violets. Comme hypnotisée, elle scruta les environs et  se mit à gémir en pointant une direction. Ainsi Eden comprit et eut le temps de réagir en sortant son bâton. Il se mit à le faire tourner en usant de ses pouvoirs d’élémentaliste de l’eau pour annuler la boule de feu. L’attaque n’avait pas été aussi puissante que ça d’où sa facilité à l’avoir annulé mais… Une meute de Malosse sortit de sa cachette et s’approcha doucement du groupe. Apparemment, c’était le feu qui les avait attirés… Ils étaient une bonne dizaine et sortaient les crocs. Eden cessa de faire mumuse avec son arme et les regarda.

« On a de la compagnie… »

Et visiblement, ils n’étaient pas ici pour discuter. L’un des Malosse situé sur le côté gauche se jeta sur le garçon, espérant l’avoir dans son angle mort. Malheureusement pour lui, Eden avait sentit le coup et le repoussa avec son arme. Le chiot fut propulsé à quelques mètres de là mais ses congénères prirent le relais. Eden tenta de les repousser avec ses capacités d’Elémancien. Il parvint à geler quelques membres des bestiaux rien qu’en les touchant avec son arme mais il avait beau en immobilisé un, deux autres surgissaient.

« C’est pas vrai… Ils abandonnent donc jamais ?! »

Voyant son dresseur en difficulté, Myrallis le rejoignit et sauta sur son épaule. Elle se retourna et fit comprendre à son dresseur qu’elle s’occupera des Malosse venant par derrière lui. Bon, le type Psy n’était pas aussi efficace contre ces Pokémon mais au moins, elle pouvait les repousser avec son attaque Choc Mental et rendre certains canidés confus. Mais soudain, un rugissement plus puissant retentit en arrière. Un chien aux cornes démoniaques apparut et commença à faire surgir des flammes de sa gueule. Ca sentait clairement pas bon tout ça !

« Trellia, à terre !! »

Eden se jeta à même la neige lorsque le Démolosse lança une attaque Lance-Flamme. La grotte fut complètement brûler par le feu du démon. Le garçon regarda la créature qui apparemment était prête à lancer une seconde vague… Ca sentait le roussi tout ça ! Et la tempête qui ne se terminait pas, réduisant la vision des humains à quelques mètres. Enfin Eden avait toujours sa Psystigri qui pouvait user de ses pouvoirs psychiques pour ressentir la présence des êtres vivants à dix mètres… Mais pour Trellia…

[ Hrp : j'ai laissé comme tel, Eden voit des gens et se demande s'il ne devient pas fou 8D ]

[Trellia Farron]

our elle, la région pouvait aussi bien signifier le pays, en tout cas, il connaissait les terres froides et c'est ce qu'elle avait sous-entendu. Elle grava dans sa mémoire, son nom. Enfin… songea t-elle, ‘graver', pour son cas personnel, était un grand mot. Pour la première fois, elle se mit à redouter autre chose. Elle avait perdu la mémoire une fois, pouvait-elle la perdre une seconde fois ? Que deviendrait-elle si elle se retrouvait incapable de se rappeler sa propre vie ? Comment pouvait-elle lutter contre l'effacement des souvenirs ? La voix d'Eden brisa le mugissement du vent.

« Je veux bien, je ne connais pas grand-chose d'Erasia. »

Ce disant, en l'écoutant parler, elle se laissa penser qu'il y avait beaucoup de sorciers aux pouvoirs occultes étranges. Au fond d'elle, une voix lui disait que la magie n'existait pourtant que dans les contes d'enfants. Rêvait-elle, était-elle tombée dans un conte ? Cela pourrait expliquer cette situation si étrange. Pourtant, Trellia savait aussi qu'un rêve n'était pas aussi long, précis et réel que ce qu'elle vivait. Dans un coma peut-être… Les cauchemars étaient toujours trop longs et trop réels…

« Je ne suis pas une sorcière. » dit-elle sans être sûre que le terme convenait (elle ne l'avait jamais entendu dire). « Mais je suis épéiste. »

Elle l'avait prouvé à plusieurs reprises aux cours de ses péripéties, elle maniait l'épée plus qu'honorablement et sans doute d'autres armes dont elle ne se rappelait pas, mais qui étaient pourtant bien présents dans ses rêves. Flous, incertains, mais ‘réels'. L'esprit humain pouvait-il inventer dans ses rêves des objets qui n'existaient pas ? Trellia l'ignorait.

La créature d'Eden se leva d'un bond, visiblement en alerte. Suffisamment, entraînée pour reconnaître une situation anormale, sans être étrange, Trellia se leva aussi sèchement, la main sur la garde de sa vieille épée. Il lui sembla alors, brusquement, qu'elle était toujours sur le qui-vive… Comme si avant son réveil, elle vivait dans un genre d'ambiance qui l'avait conditionnée pour cela. Mais, comme d'habitude, Trellia ne pouvait se souvenir. Eden avait réagi immédiatement lui aussi et sortit un bâton de mage, c'est du moins comme cela que Trellia le perçu. Une boule de feu surgissait de la tempête, tandis que plusieurs chiens se jetaient sur eux. Rapidement, ils se révélèrent nombreux et Eden contrait comme il pouvait les attaques magiques des animaux. Trellia était surprise, le feu n'avait-il pas tendance à éloigner les animaux plutôt qu'à les attirer, justement ? Quelques-uns des chiens s'étaient glissés sur un des côtés d'Eden, mais Trellia n'eut pas le loisir de le défendre, car d'autres se jetaient sur elle, directement de front !

Devant sa vie menacée, Trellia n'eut pas beaucoup de pitié pour ces bêtes, qui pour elle, n'étaient pas vraiment dans la famille des animaux de compagnie… Elle avait du mal à comprendre les dresseurs… D'un coup direct, son épée fit sa première victime, dans la tête du chien qui lui arrivait en face. Si ces démons avaient l'intention de la mettre en pièce, elle n'avait pas l'intention de faire preuve de faiblesse et de leur laisser l'occasion de retenter leur chance, maintenant ou un jour. Trellia ne fit pas remarquer à Eden que si ces monstres avaient faim, ils n'abandonneraient effectivement pas ! D'un mouvement pressé et circulaire, Trellia toucha un des autres chiens qui sautaient vers elle, mais elle n'avait pas été précise et en dehors d'une large entaille à l'épaule, la jeune femme ne fit pas plus de dégâts. L'épéiste ne voulut pas laisser, ni le temps, ni le choix, à la meute de se reformer et de se réorganiser. Elle prit ses appuis et s'élança vers deux des chiens noirs et tenta une large passe. Dans un saut relativement bas, elle envoya sa lame balayer devant elle et le Mortimer toucha les chiens, surpris par cette initiative.

Des couinements et des jappements se firent entendre, se répercutant en écho macabre dans la grotte. Au même moment, un autre animal, ressemblant étrangement aux autres. Un jour, Ethan lui avait parlé des « évolutions » des Pokémon. Elle pensa que ce monstre devait en être une. Avec un son caractéristique, une immense gerbe de flammes sortit de sa gueule. Ne connaissant pas vraiment les pouvoirs cachés des flammes torturées du monstre, Trellia n'avait cependant aucune envie de mourir brûlée vive. Elle se laissa donc choir, ne prenant volontairement aucun appuie pour se réceptionner et son saut devint une chute. À l'instant même, Eden la mettait en garde. Les autres chiens s'étaient écartés de la route du molosse infernal, ce qui lui laissait une ouverture dangereuse… La jeune femme se releva rapidement, retourna sa poignée dans la main et la dirigea vers le monstre pour l'attaquer par devant. Sa contre-taillade porta trois coups au démon qui le paralysèrent de douleur, quelques instants, visant des points stratégiques.
Trellia profita de cette occasion.

« Dehors ! » Cria t-elle au jeune homme.

Certes, le temps restait épouvantable et leur vue de laissait entrevoir que peu de choses, mais ils ne seraient pas coincés entre quatre murs qui risquaient de ne pas subir le choc de ce genre d'attaques répétées. Maintenant, ils pouvaient saisir l'occasion de s'enfuir dans la tempête qui brouillait tant la vue, que l'odorat ou l'ouïe des prédateurs, même s'ils étaient plus fins que les leurs… La meute n'oserait probablement pas se jeter sur une proie qui pouvait blesser leur dominant. Les animaux n'étaient pas fous. Trellia s'était éloignée de plusieurs pas et observait autour d'elle. La neige tombait à gros flocons, le vent rugissait et la saisit, mais dans le ciel, qui devenait plus clair, les nuages commençaient à se déchirer lentement.

[Désolée pour le temps ^^''' Fuite ou pas fuite ? ^^ ]

[Eden Sovial]

C’était peut-être un peu trop indiscret de sa part de demander ce genre d’informations à une demoiselle… Pourtant, Eden ne pouvait pas trop se permettre d’aider n’importe qui sans le connaître un minimum, sait-on jamais si cette personne se retournait contre lui une fois qu’il l’aurait aidé ? Mais étrangement, il sentait que ce n’était pas trop le cas de Trellia. Elle semblait être franche et réfléchie. Mais ça, c’était son impression à lui, son impression personnelle. Enfin jusqu’à ce qu’elle mentionne le terme « sorcière ». Sur le moment, le blondinet ne savait pas trop ce que ce terme voulait dire mais il en conclut bien vite qu’elle définissait les élémentalistes comme cela. C’était sûrement ainsi qu’on nommait ces êtres aux dons exceptionnels par chez elle. Par contre, elle était épéiste et maîtrisait donc l’art des armes et de la guerre. Eden n’aimait pas trop les armes, il préférait laisser cela aux plus expérimentés. Non, lui, il préférait rester en arrière et couvrir ses alliés. Oui, c’était un lâche et un peureux mais il pourrait se couper facilement avec une arme blanche !

Mais pour le moment, les deux jeunes gens étaient encerclés par des Malosse et un puissant Démolosse qui venait d’évoluer sous leurs yeux. Eden parvenait à repousser les chiens avec son bâton et ses pouvoirs d’élémental, suivant les gestes indicatifs de sa Psystigri lui donnant de précieuses informations sur qui attaquer en premier. Mais il ne s’était pas occupé de Trellia et dans un élan de culpabilité de l’avoir délaissée, le blondinet fut surpris de voir la guerrière sans pitié et déchiqueter les chiens sauvages. Tout ce que le gamin faisait était de les repousser en espérant qu’ils comprennent vite que ce n’était pas nécessaire de continuer leur offensive. Malgré la vision toute gentillette du gamin, la guerrière ne voyait pas cela comme ça et préférait les tuer plutôt que de s’épuiser inutilement. Tuer… Eden n’avait jamais songé à ôter la vie à quelqu’un, humain comme Pokémon et persistait dans cette voie. Mais tôt ou tard il devra faire un choix et…

Le Démolosse avait attaqué le premier en lançant une puissante attaque Lance-Flamme et visiblement, était prêt à recommencer car il avait loupé ses cibles. En tout cas, Eden n’avait rien mais alors qu’il peinait à se relever, il vit Trellia se jeter sur le démon pour l’assigner de trois coups d’épée. La créature hurla de douleur tout en se vidant de son sang. Eden écarquilla les yeux et fut lui aussi paralysé. Elle n’avait aucune pitié… Après tout, c’était elle ou eux. Lorsqu’elle cria, le blond se redressa complètement. Il ramassa ses affaires et prit Trellia par la main.

« Quittons le campement avant qu’il ne soit trop tard ! »

C’était lâche de sa part. Trellia voulait sûrement encore se battre mais voir des Pokémon mourir le tétaniser. Sa voix tremblait mais aussi ses membres. Pas par le froid, loin de là. Il était aisé de tuer, tellement facile d’ôter une vie. Jusqu’à présent, il pensait que tout irait bien dans le meilleur des mondes mais ce n’était pas le cas. Tout n’était pas rose. Et ici, il était terrifié. A cause du chien démon mais aussi à cause de la jeune femme qui maîtrisait son épée à la perfection. Elle n’aurait donc aucun mal à décapiter le garçon vu comment il n’était pas bien épais et très faible. Mais comme un lâche également, il aurait pu s’enfuir et la laisser seule dans cette tempête et face aux autres canidés. Cependant, Eden avait des principes et s’en voudrait si elle venait à mourir dans le froid. Mourir par sa faute. Quitte à ce qu’elle se fâche à cause de sa lâcheté, Eden préférerait ça.

Guidé par sa Psystigri, Eden entraîna Trellia avec lui dans la tempête. Les flocons devenaient de plus en plus gros et le vent plus fort mais ils devaient persévérer. Il n’était pas élémentaliste du vent car il aurait pu dévier les bourrasques mais se contenta donc de s’enfoncer dans les Terres enneigées, espérant qu’ils parviennent à quitter les lieux rapidement. Au fur et à mesure que les deux jeunes gens marchaient, les nuages s’éclaircissaient et doucement, la tempête semblait se calmer. Eden stoppa leur marche et se tourna vers la guerrière. Hésitant quelques secondes, il s’adressa à elle :

« Je suis désolé d’avoir choisi la fuite ! » commença-t-il en s’exprimant un peu trop fort. Puis se reprenant « Mais… Pardon, je suis nul… Comment dire… J’ai eu peur voilà… »

Que c’était nul. Peur de quoi ? De qui surtout ! Rougissant légèrement, il se gratta l’arrière de sa tête. Il faisait toujours ça quand il avait honte.

« Et puis il semblerait que nous avons réussi à les semer. » changeant totalement de sujet. « Je te propose de continuer vers la frontière de Terros et de profiter du fait que la tempête se soit calmée. Ca te va ? »

Après tout, c’était là leur objectif premier et plus vite ils reprendront la route, plus vite qui pourront regagner des températures plus clémentes. A moins qu’une vague de froid s’est abattu sur Terros. Et surtout, à moins qu’ils ne retombent à nouveau sur les chiens de feu ou sur d’autres créatures plus féroces vivant dans la région… Il ne manquerait plus que ça car franchement, ils n’étaient pas du tout avantagés par l’environnement et bien qu’il y ait de la neige, il était difficile de se mouvoir avec précision. Qu’importe, ils devaient avancer et quitter les terres de Mizuhan avant qu’ils ne gèlent sur place.

[Trellia Farron]

den s'inquiétait pour rien, Trellia n'était pas ce genre de personne, bien qu'il ne puisse le savoir. La jeune femme ne fit pas vraiment attention à Eden pendant le combat dans la grotte, elle préférait de loin surveiller les crocs et la magie des chiens maudits à vrai dire. D'ailleurs, celui-ci semblait plutôt bien se débrouiller avec sa magie, aussi pensa t-elle qu'il n'avait pas vraiment besoin d'elle pour le protéger. Elle ne vit donc pas sa confusion, lorsqu'elle abattit, sans plaisanter, sa lame sur l'un d'eux. Oh Trellia ne pensait pas plus que lui à tuer animaux ou personne, mais dans l'optique ou quelqu'un cherchait à la tuer… Elle défendait sa vie, ce qui n'avait rien d'anormal et si son ennemi était assez intelligent pour savoir quand s'arrêter, il n'aurait pas besoin d'elle pour le savoir. Les monstres n'étaient évidemment pas comme les hommes, elle n'en avait jamais vu fuir. Ah oui, mais elle oubliait une chose, cette réaction si naturelle de considérer les êtres vivants en deux catégories : les hommes et les monstres, ne comptait pas ici. Elle devait se rappeler qu'il s'agissait d'animaux. Ce n'était pas si simple. Trellia se battait pour sa vie.

Un autre fait surprit Trellia, Eden, tremblant de peur, lui prenait la main pour s'enfuir ! Craignait-il qu'elle ne puisse courir assez vite ? Pourtant, dans ses nuits sombres, elle se revoyait cavaler de toit en toit, se faufiler à toute allure avec l'agilité d'un félin dans les ruelles… Ici-bas, les filles avaient tendance à être considérée comme fragiles et faibles, ce que la jeune femme ne comprenait pas. Ce qu'elle n'était pas. C'était bizarre, lui qui pourtant semblait bien prompt à se battre… Dans son ancien quotidien de guérilla, la retraite soudaine n'était pas une chose rare et faisait même partie de l'art de la chose. Malgré le calme d'Érasia, le corps de Trellia refusait d'abandonner ses habitudes et ses conditionnements. C'est ce qui donnait lieu à ce décalage intérieur, que ressentait Trellia. Finalement, plus habituée peut-être, elle prit la tête, traînant plus ou moins Eden, l'encourageant à se relever vite s'il tombait, alors qu'autour d'eux, la tempête prenait fin. L'épéiste voulait à tout prix profiter de la tourmente des derniers flocons pour masquer leurs traces à leurs poursuivants.

Finalement, la tempête mourut, en quelques secondes, les derniers nuages furent balayés par le vent qui pourchassa, en dernier recours, quelques vagues de neige. Ils s'arrêtèrent de courir, Eden brisant le silence le premier. Le soleil étincelait à présent, rendant la plaine aveuglante. Le jeune homme s'était retourné vers elle et maintenant, elle constatait qu'ils devaient avoir à peu près le même âge. Il avait l'air penaud et Trellia lisait de la honte sur son visage, le regardant tranquillement. Elle secoua doucement la tête.

« Ne t'en fais pas, c'est souvent nécessaire. »

Un rapide coup d'œil en arrière lui confirma les dires d'Eden, la meute de chien les avait effectivement lâchés, perdus dans la neige ; ils avaient renoncé. À la proposition du Mizuhanais, Trellia acquiesça, sans trop rien ajouter de plus. Elle avait hâte de rejoindre la grande route, où ils seraient probablement plus tranquilles pour rejoindre la frontière. Marcher dans la neige, même sans la tempête n'était pas aisé, mais la première chose que fit Trellia, fut de ranger précautionneusement son épée, qui paraissait encore plus ébréchée qu'avant. D'ailleurs, au moment où elle la rentra coinça dans sa ceinture, à l'aide d'une chaînette, en l'absence de fourreau. L'épée, très vieille, non entretenue avant qu'elle ne soit la sienne, se brisa. La garde se défit et en serrant sa chaîne, l'acier affaiblit tomba en morceau comme si le métal n'était que poussière. Trellia savait bien que les maigres réparations et ses efforts pour la garder seraient vains, surtout depuis le combat contre les méga-monstres… Elle eut une expression surprise toutefois, qu'elle se brise entre ses mains.

« Oh… Une mort au champ d'honneur. » Concéda Trellia.

Il n'y avait plus rien à en tirer, aussi, elle laissa là, la lame qui s'était plantée seule dans la neige. Ils se remirent en route vers des terres plus hospitalières et au fond d'elle, Trellia espérait que c'était la dernière fois qu'elle viendrait ici… Comme elle n'avait pas de carte, Trellia n'avait aucune idée de l'endroit où ils étaient, ni ce qui leur restait de route. Il valait mieux, cependant, que tout se passe sans accroc, car la jeune femme se sentait comme dénudée, sans arme a ses côtés. Elle ne se sentait pas anxieuse pour autant. Au camp militaire, à Seian, on lui en fournirait une nouvelle qui l'accompagnerait pendant de longues années.

« Vers quoi tu voyages ? » s'enquit Trellia, afin de meubler un peu le silence et rendre leur avancée un peu moins pénible. Quoique déjà, la neige se faisait moins épaisse. « Tu es Dresseur ? »

La question sonnait banale, mais Trellia avait compris et constaté que beaucoup de voyageurs l'étaient, certains souhaitant devenir des maîtres dans leur maîtrise, d'autres dans un but bien précis. Elle avait eu quelques compagnons de voyage, sur de petits bouts de route et Trellia se montrait toujours curieuse sur ces dresseurs de monstres. C'était tellement curieux, des gens qui dressaient des monstres, plutôt que de les terrasser ! Et puis, rare étaient les voyageurs qui n'en avaient pas à leurs côtés ! Cependant, il fallait avouer que certains de ces « monstres » n'en avaient pas l'apparence. Les Evoli en étaient un bon exemple, Trellia se souvenait de celui d'Ethan. Il n'était pas rare non plus, d'en croiser de vrais.

[Eden Sovial]

Pour sûr, ils avaient réussi à semer la horde des Malosse mais ils n’étaient pas encore arrivés au niveau de la frontière. Ils s’étaient peut-être même perdus pendant leur course poursuite. Qui sait où ils étaient maintenant ? Proche de la  frontière ou s’étaient-ils éloignés ? A cause d’Eden et de sa peur, ils n’arriveront sûrement pas à Terros dans les plus brefs délais et une autre tempête pourrait se lever d’ici là. Pourtant Trellia ne semblait pas lui en vouloir et prenait même soin de lui, l’encourageant à chaque avancée dans ce froid glacial. Tiens, les rôles avaient changé. Et à force de courir dans la poudreuse et sentant leur force diminuer, Eden stoppa la progression, forçant ainsi la guerrière à faire de même. C’est souvent nécessaire ? Oui sûrement songea le garçon à sa réponse. Mais… Et là, était-ce nécessaire d’avoir pris la fuite ? Alors que le garçon ruminait dans sa tête, l’épée de Trellia se décomposa alors qu’elle voulut la ranger. Le garçon regarda alors les morceaux tombés dans la neige. Pouvait-on considérer cela comme une « mort » alors que ce n’était qu’un objet ? Lorsqu’il redressa sa tête, il comprit que c’était sûrement le cas pour la demoiselle qui préféra abandonner sa lame, rendue inutilisable.

Avant qu’ils ne se remettent en marche, Myrallis, toujours logée sur l’épaule de son dresseur pointa sa petite patte dans une direction. Elle n’émit aucun son et Eden proposa à Trellia de continuer leur progression dans cette voie. Elle avait sûrement du ressentir quelque chose. Et bien qu’ils progressent, rien n’était apparu pour bloquer leur avancée. Cependant, des Pokémon sauvages devaient être à l’affut au moindre pas dans la poudreuse, sentant la bonne chair d’humain et de faibles Pokémon ! Bon, il n’y aura pas grand-chose à manger sur le gamin vu sa fine musculature mais quand même ! Juste le nécessaire pour les petites créatures. Vivement, le garçon secoua sa tête pour chasser ses vilaines pensées. Hors de question de mourir ici ! Se voulant donner confiance, le garçon serra son bâton contre lui, prêt à le brandir si jamais une nouvelle émeute venait les attaquer. Et comme Trellia n’avait plus son arme pour se défendre ou attaquer, cétait au blondinet de la protéger. Pouvait-il y parvenir ? A moins qu’elle ne cache une autre lame ! Et franchement, il aimerait que ce soit le cas, histoire qu’il ne soit pas seul à se battre… Non, il ne pouvait se reposer éternellement sur quelqu’un d’autre. Ne lui avait-on pas reproché à plusieurs fois son manque de confiance ?! Il était temps qu’il apprenne enfin à se débrouiller seul.

« […] voyages ? ». La voix de Trellia brisa le silence installé depuis quelques minutes maintenant. Eden la regarda et tenta de réfléchir à ce qu’elle venait de lui demander. Voilà pourquoi il mit quelques secondes avant de lui répondre lorsqu’il entendit aussi clairement le terme dresseur.

« Oui je suis dresseur. Enfin, dresseur novice, je commence tout juste à m’orienter dans cette voie. Je n’ai pas de réel but pour le moment concernant ce domaine. En fait, je voulais juste me diriger vers Terros pour respirer un peu et remette mes idées au clair. Car vois-tu, je n’ai pas arrêté d’enchaîner les entraînements et épreuves pour parfaire ma maîtrise de l’eau. » termina-t-il sur une petite pointe d’humour.

Il voulait surtout fuir son maître et les autres élèves de l’académie. Depuis son retour après l’obtention de son titre d’Elémancien, il y avait eu une étrange atmosphère, comme si tous les élèves lui en voulaient d’avoir progressé aussi vite. Pourtant, c’était le maître qui coordonnait les épreuves, du moins qui envoyait les demandes d’épreuves quand son élève était apte à la passer. Eden n’y était pour rien s’il était déjà aussi élevé dans sa maîtrise contrairement aux autres. Et que se passera-t-il lorsqu’il sera Alchimiste ou Invocateur ? Sera-t-il rejeté de l’académie parce qu’il a réussi ? Rien que d’y penser, cela le terrorisait. Car là-bas, il avait des amis, eux aussi partis en voyage mais des amis. Des vrais ? Sûrement… En fait, cela faisait maintenant plus d’un an qu’il ne les avait pas revus et il aurait aimé les revoir, surtout après les évènements qui avaient terrorisé tout Erasia…

« Et toi ? Tu as une très bonne maîtrise de l’épée. Tu voudrais devenir Chevalier ? Et au fait, tu es toute seule ? Tu n’as de Pokémon t’accompagnant ? »

Tant de questions. Le voilà bien curieux tout d’un coup. En tout cas, il était surpris de voir une personne sans Pokémon. Mais après, c’était un choix qu’elle avait choisi. Ne pouvait-on pas compter sur ces créatures pour s’entre-aider ? Dans les pires moments, Eden pouvait compter sur ses Pokémon mais peut-être que quelque chose empêchait Trellia d’en avoir ou bien parce qu’elle ne jugeait pas utile d’en avoir tout simplement…

En tout cas, tout en discutant, les deux jeunes gens progressaient bien. Dans la bonne direction ou pas, pour le moment, il n’y avait eu aucun empêchement et c’était même plutôt bon signe. Et doucement, la poudreuse commençait à diminuer d’épaisseur. Oui, ils étaient sur le bon chemin ! Il commençait même à faire meilleur dans le coin. Eden retira sa capuche et au loin, cachée derrière une légère brume, un pic montagneux.

« Regarde ! C’est sûrement la Chaîne Cénosia ! Nous sommes plus très loin maintenant. »

Emerveillé, il montra le fameux pic en pointant son doigt à Trellia mais elle l’avait sûrement vu avant lui. Finalement, ils y étaient parvenus, avec quelques péripéties mais encore quelques mètres et ils pourront enfin rejoindre Terros. Au fil des pas, la poudreuse commença à disparaître pour laisser place à la verdure des terres terrosiennes et à des températures plus convenables. Juste à leur gauche, la Chaîne Cénosia prenait place et ses roches ardues. Eden avait entendu des choses dessus comme quoi elles étaient difficiles à escalader. De toute façon, ce n’était dans son objectif de gravier des montagnes. Il s’arrêta aux pieds de la montagne et regarda en l’air. Peut-être que c’était ici que Trellia voulait venir. Il se tourna alors vers elle :

« Est-ce ici que tu voulais venir ? Car je comptais continuer encore un peu plus loin. »

Ils étaient à Terros, plus rien ne les obligeait maintenant à rester ensemble mais Eden était tout de même curieux par cette guerrière. Et puis, cela ne lui dérangeait pas de refaire un autre bout de chemin tous les deux car maintenant, il n’avait plus peur.

[ Hrp : Je n'avais pas fait attention qu'Eden tutoyait Trellia dans mon précédent post ^^ ]

[Trellia Farron]

omme lassée des combats, Trellia rangea dans un coin de sa mémoire la sanglante apparition des Malosse et du monstrueux Démolosse. Avant, se disait-elle, elle avait sûrement mené plus d'un combat, puisqu'elle en rêvait la nuit. Petit à petit, Trellia arrivait à une conclusion. Cherchait-elle trop ses souvenirs ? Toute cette énergie utilisée pour en retrouver les fragments, n'étaient finalement probablement qu'une perte de temps. Au lieu d'apprendre et découvrir un monde qui se faisait nouveau… La jeune femme songea que sa quête du passé l'empêchait d'avancer. Que ferait-elle, si elle refusait de le faire et ne retrouvait aucune trace de sa mémoire ? Cette idée la secoua d'un frisson. Il fallait vivre au présent maintenant et s'accommoder du reste. S'il lui revenait, rien ne l'empêcherais alors, de le relier à sa vie présente… Ces pensées tourbillonnaient, comme le vent emportait avec lui les derniers flocons de neige. Toute à ses pensées, elle se laissa guider par Eden et il y eu un changement assez notable. Même si ses propres préoccupations l'attiraient dans des rêveries loin du froid, sa morsure ne pouvait être totalement ignorée ; elle ne dura pas cependant.

Ils marchaient depuis quelques heures, chacun dans leurs songes, quand Trellia avait de nouveau brisé le silence. Comme elle le regardait, elle lui trouva un air lointain et se reprit avec un peu de mal. Il lui répondit cependant. Beaucoup de jeunes gens prenaient cette voie, pensait-elle. Qu'est-ce que la proximité de ces monstres pouvait-elle apporter ? Trellia écoutait en silence, se faisant ses propres observations. Elle n'eut rien de particulier à répondre, elle ne connaissait pas la magie et ne savait absolument pas comment on devenait un sorcier ou si c'était un don de naissance. Il semblait las de ses entraînements, ce qui serait sans doute un frein pour le développement de ses talents. Enfin, cela dépendait. Parfois, le meilleur entraînement restait le combat réel. C'était même ce qu'elle préférait et cette pensée termina de la convaincre qu'elle n'avait sans doute pas eu une vie rangée. Qui sait ? La violence d'un combat en particulier, pouvait être responsable de son état actuel. Le problème, se dit-elle rapidement, c'est que si elle avait un ennemi mortel, elle serait incapable de le reconnaître ; et l'inverse ne serait probablement pas identique. Pour la première fois, elle éprouva une sorte d'appréhension sur ce qu'elle avait perdu, mais elle se rappela aussi que qui que soit et d'où qu'ils viennent, ce n'était ni Érasia, ni Tenkei.

Les questions de Trellia la laissèrent pensive. Un chevalier, elle ? Elle n'avait ni patrie, ni famille à défendre, ça serait plutôt curieux… Elle ne possédait rien, qui lui était cher, à préserver non plus. Trellia voyageait seule en effet, mais les nombreuses rencontres qu'elle avait déjà faites, avaient rendu son voyage attrayant. Ce n'était que depuis qu'elle se retrouvait sans argent et immobilisée que l'ennui la guettait.

« En fait, c'est plus la nécessité que le talent. » Affirma t-elle, en toute modestie. « Pas vraiment, je n'ai rien à défendre. » Dit-elle simplement. Avec un petit sourire mystérieux, elle regardait l'horizon, où se dessinait à présent des irrégularités. « Ça dépend, je rencontre pas mal de gens en cours de route. »

Enfin, la chaleur revenait sur la terre, que la jeune femme sentait se répandre doucement, mais délicieusement dans son corps. Il fallut encore attendre avant que la chaîne de montagne, signe évident de la frontière entre Mizuhan et Terros, apparaisse enfin. Ce fut un soulagement de la voir, le voyage s'était révélé pénible, su moins, pour la première partie… AU cri d'Eden, Trellia eut un léger sourire et ils continuèrent encore à marcher. La neige disparut totalement et la température devint réellement plus clémente, le sol se couvrit d'un tapis vert émeraude et des cailloux, des rochers de belles tailles apparurent par endroit, jusqu'à former la région montagneuse de Cénosia, dont Trellia n'avait jamais entendu parler en particulier. Après de longues heures de marche, ils s'arrêtèrent un moment, entre autre pour admirer le paysage et la vue, maintenant qu'ils avaient bien suivi le long chemin pentu. Il y avait une vue imprenable sur des kilomètres et des kilomètres de prairies et au loin, une tâche brune. Sans doute Seian. Du moins, Trellia l'espérait. Après des semaines de voyage, elle espérait bientôt arriver à bon port.

« Je continue vers Seian. » dit-elle en secouant négativement la tête. « Je vais y chercher du travail. » Dit-elle finalement.

La jeune femme se remit en route. Le chemin tournait vers la montagne, dos à Seian, mais le seul qu'ils pouvaient emprunter, il lui fallut crapahuter encore un moment, avant d'arriver sur un plateau. Était-ce la bonne direction ? Trellia voulu s'approcher du bord de la falaise, essayant d'aviser un nouveau chemin, quand son regard se posa sur un objet planté au beau milieu du plateau montagneux. C'était bizarre. Il n'y avait rien autour, juste cet objet. Prise de curiosité, Trellia s'avança et distingua tout d'abord l'aspect de la chose. C'était un objet relativement plat et long, transparent comme du cristal, dont il avait l'éclat. La lumière et la chaleur qu'il dégageait rendait cet objet de toute beauté. Mais surtout, il lui était familier. Elle resta tout d'abord prudente, elle fronça les sourcils et décida de s'approcher. Lorsqu'elle en approcha sa main, tendue pour la saisir, une vision lui vint. Une vision, ou un souvenir, des images imprécises. À la première personne, on l'affûtait, assise nonchalamment, à côté de l'un de ses amis. On lui demandait pourquoi elle aimait cet objet antique. Mais elle ne répondait pas et se contenta de sourire. Trellia toucha le cristal. Il scintillait comme un diamant, on dirait presque de la lumière cristallisée. Comme hypnotisée, le cœur battant, Trellia saisit ce qu'elle savait être une lame bizarrement faite (la garde avait disparu).

Un cri horrible se fit entendre, strident, grondant…. Un éclair brun lui passa devant les yeux et lui attrapa la main. Trellia fit un bond sur le côté, mais trop tard, une chose touffue, les crocs profondément enfoncé dans sa chair, pendait à son bras. Une créature longue, au pelage hirsute brun et beige, portant comme un masque noir sur les yeux. Tout en se débattant, essayant d'écarter ce petit monstre aux crocs acérés, des images revinrent, nouvelles, cette fois. Elle reconnut ses propres jambes et sur sa hanche, une large ceinture de cuir qui lui ceignait la taille. Le même objet pendait à ses côtés, muni d'une garde très étrange (qui ne ressemblait pas du tout à sa vieille épée). L'image changea brutalement, une créature aux yeux fixes, masqués, se tenait sur son bras qu'elle avait relevé. Vêtue de métal sombre et clair, son pelage d'acier formait des dents de scie, là où la créature de fourrure (qui commençait à zigzaguer pour mieux la mordre, dans tous les sens) n'avaient que des épis de poils et de duvet. Elle n'en était pas plus douce pour autant. En une fraction de secondes où ces images s'étaient imposées, cela sonna comme une évidence à Trellia. Ces vêtements étranges lui appartenaient, cette lame, cette créature. C'était les mêmes. Cependant… C'est ce qui paralysa ses idées un instant, alors qu'elle était certaine de connaître le nom de la créature. Elle fit intérieurement un effort intense de mémoire. C'était tout près, elle pouvait le saisir. Mais comment du métal pouvait-il être quelque chose de vivant ? Les monstres, c'était un monstre qu'elle avait apprivoisé.

Elle en était certaine, comme jamais elle avait été sûre de quelque chose. Ce monstre, le dragon dont elle avait rêvé. Des monstres apprivoisés. Un nom. Deux noms. Non, trois. Attends… Peut-être…

« Giselle. » souffla t-elle.

Ce nom, soufflé par ses lèvres sans qu'elle en ai conscience, comme si elles avaient en mémoire d'avoir prononcé ce nom souvent. La créature frémit des oreilles, réagissant à cet appel. Elle cessa de bouger, mais n'avait toujours pas lâché sa nouvelle prise, l'avant-bras de Trellia. Immobile, les deux créatures se regardèrent dans les yeux, essayant de se souvenir l'une de l'autre. D'un geste hésitant, la jeune femme posa sa main gantée sur la tête du monstre tordu. Qui la regardait toujours. Le monstre émit une sorte de grognement, lui lâcha le bras et lui grimpa dessus par l'épaule, descendit jusqu'à sa taille, sembla fouiller des poches invisibles, remonta par l'autre bras, pour venir chercher quelque chose sur son épaule avant de lui fouiller sa longue chevelure. S'agrippant à ses cheveux, le Zigzaton (qu'avait peut-être reconnu Eden, s'il l'avait suivi) se hissait sur sa tête, avant de décider, finalement, de s'enrouler autour de son cou.

« Giselle, Giselle, Giselle… » Murmurait Trellia, touchant la tête du monstre apprivoisé.

C'était comme pour essayer de fixer ce nom dans sa mémoire, ce nom qui se faisait de plus en plus clair et le monstre y répondait. Ce monstre était à elle, là d'où elle venait, elle en avait la certitude absolue. La lame brisée aussi. La jeune femme s'était laissé tombé a genoux. Après un moment, elle se pencha pour saisir la lame brillante. Elle était bien plus belle, bien plus légère que la vieille épée qu'on lui avait donné. Le raton fila brusquement, descendant le long de son dos et fila dans des fourrés, probablement dans un terrier. Quelques secondes plus tard, le pelage couvert de terre et de poussière, il lui ramenait un objet dans la gueule.

« Tu me l'a gardé tout ce temps ? » dit-elle dans une exclamation surprise.

Trellia reconnaissait cet objet, c’était la garde d’une arme qui n’existait pas sur Erasia (ou qu’elle n’y avait jamais vu en tout cas). Un manche élégant dans un bois noir poli, avec des parties en métal. Ca tenait bien dans la paume, plutôt long et formait un angle où était censée venir s’encastrer la lame. Trellia n’y résista pas, elle l’y enfonça. C’était comme une garde d’épée bossue. Il y avait aussi une petite boucle en acier sur la tranche inférieure de la crosse (c’était le mot qui lui venait). Mais il lui faudrait sûrement un peu de matériel pour la réparer, car il y avait du jeu, la lame translucide ne tenait pas bien. Trellia ressentit une grande joie, elle avait retrouvé un souvenir, un allié et une arme qui était la sienne.

Farron, Farron, Trellia Farron. Elle s'en souvenait, et au bout de l'étrange garde, à l'extrémité de la chaînette, ce nom y était gravé.

[Eden Sovial]

Pendant tout le trajet des Terres enneigées jusqu’aux pieds de la Chaîne Cénosia à la frontière entre Terros et Mizuhan, les jeunes gens avaient appris à se connaître un minimum malgré une attaque surprise par des Pokémon sauvages. Mais Eden sentait que Trellia était rongée de doutes, cependant il ne pouvait se permettre d’entrer dans sa vie intime. Si elle ne voulait pas en parler, c’était son choix. Après tout, il s’était porté volontaire pour l’aider dans la traversée des terres de Mizuhan jusqu’à Terros, rien ne les obligeait à se revoir après. Donc qu’elle veuille répondre ou non à ses questions, cela ne regardait qu’elle. Pourtant, lorsqu’Eden posa ses questions à son tour, la demoiselle sembla pensive mais y répondit. Apparemment, elle ne s’orientera pas vers la classe Chevalier. « Défendre quelque chose ou quelqu’un ? ». Le blondinet avait encore du mal à cerner les différents métiers disponibles et les différentes caractéristiques en découlant. Tout cela lui semblait superflu. Mais pour devenir Chevalier, faut-il vraiment « défendre » quelque chose ? Ne pouvait-on pas le devenir pour autre chose ?

« Oh je vois. Tant mieux alors… »

Oui, il répondit que ça lorsqu’elle mentionna ses voyages seule. Enfin pas totalement seule puisque comme beaucoup de voyageurs, Eden compris, rencontraient d’autres personnes dans leurs déplacements. Et jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin à Terros, Eden se posa plus de questions. Il avait trop peur de déranger la jeune femme en voulant s’initier dans sa vie intime. Alors avec silence, ils arrivèrent enfin. Tel un gamin émerveillé devant un nouveau joué, Eden montra la montagne. Tous deux continuèrent leur marche pour obtenir une meilleure vue sur l’ensemble du pays s’offrant à eux. Bien qu’il fasse jour, une légère brume recouvrait quelques parcelles de terres mais ils pouvaient voir à perte de vue. « Je continue vers Seian. ». Eden tourna sa tête vers Trellia et l’écouta ; apparemment elle recherchait du travail. Du travail à Seian. Le garçon se contenta alors de garder le silence et regarda à l’horizon. Et lui ? Est-ce là qu’il voulait aller ? De toute façon, il n’ira pas bien loin sans vivres et eau, il faudra forcément qu’il trouve une auberge pour loger. En attendant qu’on vienne le récupérer…

Alors qu’il ne voulait pas penser à cette éventualité, Trellia reprit la marche. Eden se mit à la suivre, cette fois-ci. Ici, il n’y avait pas de quoi se loger et le terrain semblait trop brut pour espérer camper. Les deux jeunes gens durent grimper un peu pour arriver au niveau d’un plateau. Il semblerait que Trellia est plus de facilité qu’Eden qui eut un peu de mal à suivre sa compagne. Mais il se donna le nécessaire pour ne pas la ralentir. Car à partir de ce moment, il se sentait de « trop ». Maintenant qu’ils étaient à Terros et franchis la frontière, plus rien ne les retenait à être ensemble. Mais Eden s’aventurait dans un territoire qu’il ne connaissait franchement pas. La dernière fois qu’il était venu, c’était pour capturer Waninoko et il avait juste fait un petit aller-retour.

Pendant que le blond reprenait son souffle, la jeune femme porta son attention sur un étrange objet. Le garçon n’y prit pas plus attention et s’assit pour reposer ses jambes. Entre la neige et son épaisseur et là gravir la montagne, il en pouvait plus. Myrallis, qui était toujours bien logée sur l’épaule de son dresseur, descendit de celle-ci et regarda autour d’elle. Ce paysage ne lui était pas familier, elle qui venait d’une riche forêt, voir peu de végétations à ce niveau devait l’attrister. Cependant, leur pause fut de courte durée car une boule de poils s’était jetée sur Trellia, lui mordant sauvagement le bras. Le garçon se redressa vivement pour lui venir en aide mais quelque chose l’en empêcha.

Quelque chose était en train de passer entre l’humaine et le Zigzaton sortit de nulle part. Puis un murmure sortit de la bouche de la guerrière et avec calme, le rongeur cessa de mordre son avant-bras. Le blond écarquilla les yeux et ne comprenait pas trop ce qu’il venait de se passer. Il lui semblait avoir entendu que Trellia n’avait pas de Pokémon. Qu’importe puisqu’apparemment, la bête répondait à son nom. En un éclair, le Zigzaton quitta les épaules de sa dresseuse et se faufila dans un buisson pour en ressortir quelques secondes après, un étrange objet dans la gueule. Eden put observer la scène de loin mais ne comprenait pas grand-chose. Voyant son dresseur dans l’incompréhension totale, Myrallis remonta le long de son corps pour se poser à nouveau sur son épaule et lui faire signe de la tête qu’il n’avait pas besoin de le savoir. Pourtant le dresseur s’approcha de la guerrière :

« Je ne sais pas ce qu’il vient de se passer mais je ne vais pas t’importuner plus longtemps. J’ai été ravi de t’avoir rencontrée et d’avoir pu t’aider à arriver jusqu’ici. J’espère que tu trouveras ce que tu cherches à Seian. Je te souhaite bon courage. »

Il ne savait pas trop comment la saluer, aussi il préféra se pencher légèrement en avant. Serrer la main à une fille ce n’était pas trop poli et la serrer dans ses bras, encore moins ! De toute façon, il n’y songer clairement pas, loin de là !! Finalement, il n’ira pas à la Cité de Seian. Non, il préférait se débrouiller seul pour une fois, quittes à rentrer finalement à Mizuhan parce qu’il n’est pas assez débrouillard, tant pis. Mais ça, il ne l’espérait pas car il n’avait pas fait tout ce chemin pour retourner en arrière. Il salua une dernière fois Trellia et dévala à son rythme les quelques mètres qu’ils avaient fait pour en arriver jusque là. Et puis, il ne voulait pas déranger Trellia qui semblait reprendre ses repaires, sa présente était sûrement plus que dérangeante. Le sourire aux lèvres, le dresseur avait une petite idée de ce qu’il voulait faire ici. Myrallis le regarda sans trop comprendre à son tour. Quelque soit les idées de son maître, elle le suivra et le soutiendra… Car c’est son maître adoré après tout !

[ Hrp : Merci beaucoup pour le rp =3 ]

[Trellia Farron]

 vrai dire,  Trellia n'aurait su expliquer elle-même ce qui venait d'arriver. Les visions, les souvenirs, le choc, tout cela lui tombait dessus d'un coup et la laissa comme essoufflée et légèrement absente. C'était tellement bizarre… D'un côté, de se souvenir du nom qui était le sien et de l'autre, d'avoir pu l'oublier. N'était-ce pas la toute première chose que l'on apprenait sur soi, son propre nom ? Et puis Giselle… Pourtant, ce monstre apprivoisé avait été l'un de ses complices les plus utiles, quand il s'agissait de voler des objets, de poser des bombes… Puis, tous ces souvenirs avaient retrouvé leur place et maintenant, Trellia était absolument certaine de ne pas faire parti de ce monde. La capitale qu'elle connaissait n'existait nulle part ici. Encore que, la jeune femme n'avait jamais visité Flamen ou Nalcia pour le savoir… Mais avec ce qu'elle savait déjà de ce monde. Elle venait d'ailleurs, comme Giselle, ils avaient été dérangés de leur monde et de toute évidence, « adaptés » pour pouvoir vivre ici, puisque la créature, n'était plus une machine vivante, mais un animal ayant pris la forme d'un Pokémon. Comme l'esprit humain était foré de trouver une logique, ces pensées prirent leur place assez facilement dans la tête de Trellia.

La jeune femme ne se souvint d'Eden que lorsqu'il fit remarquer sa présence. La brune se leva et attacha sa gunblade comme elle put à sa taille, que le tout tienne à peu près. Elle secoua négativement la tête, signe que ce n'était pas vraiment grave, c'était plutôt une bonne chose. Giselle ne l'avait probablement pas reconnue tout de suite, elle aussi devait avoir quelques séquelles de ce drôle de voyage.

« Ce n'est rien, quelques souvenirs qui ont refait surface. » dit-elle simplement. Mais elle se sentit relativement surprise, quand Eden décida subitement de couper court à leur voyage en duo. Est-ce qu'elle le mettait mal-à-l'aise, où venait-il de décider spontanément de l'endroit où il voulait aller ? « Moi aussi, j'espère qu'on se reverra. »

Une main sur la hanche, elle se sentit un peu plus sûre d'elle-même. Après quelques secondes, elle détacha sa cape, devenue trop chaude pour ce climat et vérifia que ses chakrams, suspendu à ses côtés étaient toujours bien là. C'était bête, mais ces objets trouvés au hasard dans les plaines de Mizuhan lui avait plu et elle les avait gardés, même sans vraiment savoir s'en servir. Maintenant qu'elle n'avait plus d'épée en état de fonctionner, ils lui seraient bien utiles… Pourvu qu'elle sache toujours viser correctement. Elle n'avait jamais rien manié de ce genre. Si cela n'avait dépendu que d'elle, Trellia  n'aurait pas hésité à serrer la main d'Eden, c'était un geste des plus courants, banals, de là d'où elle venait. Elle se rendait bien compte maintenant, comme si elle reprenait conscience, de ce qu'était Érasia. Vu la situation, elle devait tout faire pour s'adapter parfaitement à ce monde et mettre de côté le sien, qu'elle ne reverrait probablement jamais. Elle devait tout apprendre, mais elle avait retrouvé sa confiance en elle. Trellia ne se sentait plus aussi perdue qu'avant. À cause du nom retrouvé ? Peut-être. Trellia Farron. Cela lui plaisait. Elle se souvenait qui elle était. Elle avait rendu son salut à Eden et se tourna vers la ville.

Elle s'approcha ensuite du bord de la falaise et posa un pied sur un rocher, dans une attitude décontractée. Il y aurait encore pas mal de marche à faire, pour atteindre Seian, mais ce qui venait de se passer venait de renouveler ses forces et son moral. Elle n'était pas plus riche, n'avait pas plus de vivre et pourtant, Seian avait l'air plus près que jamais. Elle posa le monstre –le Pokémon- au sol et descendit la pente avec prudence, décidant de ne pas prendre les chemins détournés, elle gravirait tous les obstacles ! Il lui fallut descendre et escalader encore quelques irrégularités de la montagne, mais elle les fit de bon cœur et Giselle la suivait sans aucun problème, dévalant ou grimpant en partant à gauche et à droite, inlassablement, comme si l'idée d'aller en ligne droite la répugnait au plus haut point. Quel comportement bizarre il avait. S'accrochant à son courage, Trellia atteignit enfin les plaines, quelques heures plus tard. Vu que ce qu'elle pensait être Seian, ne formait qu'une légère bosse grisâtre à l'horizon, elle estima à plusieurs semaines de marche la route qui la séparait de la ville… Elle savait néanmoins qu'il y avait des rivières sur la route et même un lac. SI elle se dépêchait, elle trouverait de quoi se sustenter d'ici Seian.

● ● ●

Se rendre à la capitale prit en effet plusieurs semaines, entre trois et quatre. Sur la route, il y eut en effet plusieurs points d'eau et elle trouva de quoi subsister. Mais en arrivant à la ville, Trellia se sentait exténuée. Cela faisait près de deux mois maintenant qu'elle voyageait et la fin de la traversée lui avait vraiment tiré sur la corde. La ville était immense, et très différente d'Arkan, des grandes allées bordées d'arbres séparait la ville. C'était une ville agréable à regarder, aérée et au climat bien plus convenable qu'Arkan, il ne faisait pas humide, elle n'avait pas froid, bref, le temps y était idéal. Un immense viaduc passait au-dessus de la ville, ses pierres blanches serpentant parmi les toits noirs et de là où elle était, elle voyait même un très grand bâtiment se détacher de la ville. Oui cette ville lui plaisait, elle aurait dû venait directement ici depuis Kamiki. Mais serait-elle la même aujourd'hui si elle l'avait fait ? Trellia s'arracha à sa contemplation et entra complètement dans les rues animées de la capitale. Sa tâche du jour serait de réussir à s'enrôler dans l'armée, ainsi, elle serait nourrie, logée et blanchie. Elle pourrait même voyager aux frais de la princesse ! Ce qui lui serait personnellement utile. Et puis, elle aimait la vie très active, bouger, découvrir d'autres lieux et vivre des instants éphémères.

[Merci à toi et à bientôt   ]

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