[ Clos ] D'autres voguent sur les flots [Elvira]

[Eeva Slanzar]

Une ombre immense fendait la brume. Pour l’instant, l’image spectrale du Jolly Roger flottait sur les vagues. Cela faisait des semaines à présent que les rumeurs circulaient dans les villes portuaires, en particulier à Tarouga : un navire fantôme voguait dans les mers chaudes. Il n’avait aucun pavillon et emportait tout sur son passage, frégate ou galion, emportant leurs richesses et les bateaux disparaissaient dans son sillage, sans jamais réapparaître. Rien ne prévenait de son arrivée, le navire était silencieux comme la mort, surgissant du brouillard comme un fantôme. Les rumeurs étaient vraies. A bord, il n’y avait qu’une poignée de Pokémon et une femme rousse, ses longs cheveux rougeoyants flottants librement au gré du vent, coiffée d’un tricorne et d’une tenue caractéristique. Cette femme ne faisait pas partie de la marine et sur son côté se tenait une épée en or, dont les tissus disparaissaient dnas la manche de son vêtement. Elle portait aussi, un minuscule bouclier au bras opposé. Sur le pont, un Sepiatroce se tenait à ses côtés, sans jamais la quitter. Une ombre malicieuse se baladait dans le bâtiment. Une aura sombre, inquiétante, dérangeante émanait du Jolly Roger.

A travers sa lunette, le regard d’orage d’Eeva s’arrêta sur un gros bateau marchand qui sortait de la bruine avec peine. Ils étaient si faciles à reconnaître… Sans hésiter, Eeva appela ses Pokémon et manoeuvra de sorte à aborder le bateau. D’abord intrigué par un navire qui semblait vide et suivre une route au hasard des courants, l’équipage marchand ne comprit pas ce qu’il se passait, même quand, sabre entre les dents, Eeva aborda le navire. Lâchant sa corde et dépliant son Exagide, elle lâcha ses Pokémon. Aussitôt un Solochi apparut, accompagné de plusieurs autres, entre autres, un Ymphect, un Moufouette et le pire de tous, la Dimoret. La belette se jeta aussitôt vers le premier marin pour le réduire en charpie de ses longues griffes. A une vitesse ahurissante, les Pokémon firent de nombreux dégâts, et la rouquine n’eut guère d’autre travail que d’aller dans les cales, directement, en se contentant de planter sa  lame dans les quelques marins qui lui barraient la route, mais pas pour longtemps. Jaillissant de nulle part, le Ténéfix bondit et plongea dans la montagne d’or et de pierres précieuses qu’elle y trouva, comme si son bonheur ne pouvait pas être plus grand. Eeva ricana. Les derniers survivants virent avec horreur ce qui fut la dernière image de leur vie, en voyant glisser vers eux la silhouette tentaculaire d’un Sepiatroce…

Le seul problème, à bord du Jolly Roger, était le manque d’équipage : déménager de tels trésors devenait compliqué, en particulier lorsqu'elle en amassait tant, qu'un seul navire ne suffisait plus. Il lui fallait donc un nouvel équipage… Et un second navire, au moins. En quelques minutes, devenue seule humaine sur le bateau marchand, Eeva réfléchissait. Les Pokémon n’auraient aucun mal à faire suivre celui-ci, sur une courte durée, tant que le temps serait calme. Elle devait donc s’amarrer quelque part et l’île la plus proche était l’Île de la Tortue. Une île non répertoriée, connue et habitée seulement par les pirates. Personne ne s’y risquait et aucune loi d’aucun pays n’avait de prise ici. Il n’y avait que les pirates et leur code. Cette île secrète était l’endroit idéal, Eeva était certaine d’y trouver ce qu’elle cherchait. Elle jeta un regard vide sur les Pokémon. Elle aurait également besoin de maximiser leur puissance.

« Il est temps d’évoluer. »

Le temps passé à l’entraînement, à les acharner au combat les uns contre les autres allait payer. Ils étaient prêts, car le dragon aveugle évolua le premier, une seconde tête émergeant de son cou, non loin de lui, certains autres suivirent son exemple, la petite moufouette vit son pelage pousser et sa longue queue se retrousser sur son dos. Mais le changement le plus spectaculaire vint sans nul doute de l’Ymphect, où l’étrange chrysalide de roche laissa place à un monstre démesuré. DAns un esprit de compétition et de malveillance, savourant l’aura noire que dégageait la pirate, la frustration du dragon bicéphale de ne pas avoir été assez rapide et puissante pour dévorer l’équipage entier, se mua en une énergie sombre : ses deux têtes se séparèrent sur les côtés de son corps, tandis qu’une troisième émergeait, ornée d’une coiffe de plumes violettes et les petits appendices sur son dos se changèrent en une paire d’ailes étranges. Le Trioxhydre lâcha un hurlement mauvais.

Mais dans les cales du Jolly Roger, bien à l’abri des regards, un autre Pokémon évolua, un qui avait, à l’insu du monde entier, également bien profité du rude entraînement de la Championne de Fla’or...  La petite ombre vampire se vit pousser des bras, des courtes jambes de poupée de chiffon et un sourire diabolique qui fut le dernier à disparaître dans les ténèbres.

[Elvira Greyhunt]

Après plus de trois jours à travailler d'arrache-pied sur le bateau pour le remettre en état de navigation, Elvira n’avait pas perdu plus de temps et avait immédiatement pris la mer pour l’Île de la Tortue. La soirée précédente, elle-même, Erwina, le bras gauche de Flint Crane et Sirille, c’étaient tous retrouvés dans la cabine de Flint. La rouquine les avait convoqués, du moins deux d’entre eux, pour discuter de la prochaine marche à suivre. Sirille est installé dans son coin, sirotant silencieusement un verre de vin. Elvira est derrière l’énorme bureau de travail de Flint, fouillant les papiers quand les deux personnes convoquer son présentes. Quand Erwina vient pour refermer la porte, Elvira lui fait signe de laisser faire. « Laisse le vent entrer, à quatre, nous allons suffoquer et si les hommes veulent écouter, je n’ai rien avec ceci. » Termine-t-elle sans lever les yeux de la pile de feuilles. Sur ses épaules, repose la Mentali qui semble sommeiller, mais qui est très alerte. Depuis leur arrivée, ici, trois des Pokémon d’Elvira étaient très alertes à leur nouvel environnement, à un tel point, que la bourgeoise avait repris l’habitude de laisser son esprit plus ouvert aux signes de la divination et de la prescience.

Comme à leur habitude. Axill restait perpétuellement aux côtés d’Elvira, cacher dans son ombre, il ne pouvait pas s’empêcher de surveiller Sirille, il était inexplicablement attiré par l’aura de démence qui s’échappait de l’humaine, signe que ses talents de maîtresse de l’esprit ou des rêves qui s’amenuisaient face à la maladie. L’Exagide était non loin, reposant contre le mur comme une énorme statue d’acier. La Ptéra n’a toujours pas quitté son poste d’observatrice à la vigie et l’homme qui se trouve avec elle semble avoir réussi à l’amadouer avec de la nourriture, ce qui ne dérange pas réellement la rouquine tant que la dragonne lui reste fidèle. L’Aligatueur nage soyeusement autour du bateau, surveillant les fonds marins et le Tyranocif est malheureusement le seul à être retourné dans sa Noigrume due aux surcharges de poids qu’il occasionnait au bateau. Toutefois, Elvira voulait remédier à cette imprévue, elle ne voulait certainement pas empêcher l’un de ses meilleurs atours à cause de ce problème mineur.

« Scar… Capitaine. » Commence Crane, avant de se reprendre. « Si je peux me permettre, pourquoi aller à la Tortue ? » La rouquine lève enfin les yeux vers lui, et pose les coupes sur le bureau. « Parce que nous avons toujours besoin d’un cuistot, besoin de membres et surtout d’un VRAI expert en bateau. Il va falloir renforcer le pont pour permettre à Valkas de se dégourdir les jambes… Surtout si on veut éviter une guerre sur ce bateau. » « D’accord… Et tu nous as convoqués pour nous dire ceci ? » Demande Erwina. « Non, Crane, Erwina, pour retrouver Flint, je vais avoir besoin de votre soutien, vous serez mes yeux et mes oreilles sur le bateau, je veux donc que nous ayons une relation ouverte. Même si j’ai le titre de Capitaine, je veux savoir vos idées, vous avez plus d’expériences que moi en tant que pirate et je ne vais pas cracher sur ceci. Si quelque chose ne va pas sur le bateau, je veux le savoir… » Dit-elle en les observant tour à tour. Crane jette un coup d’œil à Erwina, comme s’il essayait de voir si la patronne était toujours aussi sincère. La cartographe sourit et hoche la tête, se voulant rassurante.

« En fait… Depuis la "retraite" de Flint, nous avons été trop longtemps au port… Nous n’avons plus d’argent, perdu beaucoup de pirates et ceux qui restent sont presque tous des camarades loyaux à Flint. Il en a bien trois ou quatre dans le tas qui sont des nouveaux, mais ils sont là parce qu’ils n’ont nulle part où aller. » Explique Erwina. La rouquine hoche la tête, posant le menton sur ses mains croisées, elle reste silencieuse. « Je vois, alors, à quoi ressemble notre effectif en combat et hors combat ? » « Pitoyable, on a plus de cuistots, ni de médecin… Sinon sur les dix mecs qui font l’équipage, sans nous compter dans le lot. Je crois que quatre d’entre eux c’ait vraiment se battre, deux d’entre eux sont des élémentaux, un d’eau et un de l’air et les quatre derniers… En fait, ce sont les nouveaux, alors je ne sais pas trop… » Déclare Crane. Elvira hoche doucement la tête. « C’est plutôt mince comme équipage… Raison de plus pour aller à l’Île de la Tortue. Il va nous falloir des contrats de piratage, alors j’espère que vous serez prête à reprendre du service comme pirate à temps plein ? »

« Oh oui Capitaine, je dois avouer que ça me démange beaucoup et je suis sûr que les garçons aussi. » Laisse échapper Crane. « Parfait, va faire passer le message que nous attaquons tout navire que nous pouvons couler sur le chemin. » Termine Elvira en faisant signe à Crane qu’il peut aller partager la nouvelle. Erwina reste et observe Elvira un instant. La rouquine lui fait signe de prendre une chaise et lui donne un verre, avant de lui montrer la bouteille de rhum entamé. La cartographe se sert un verre puis enfin la voix de la guerrière s’élève. « Maintenant que nous sommes en tête-à-tête… » Dans le coin de la pièce, Sirille fait à semblant de s’étouffer avec une gorgée, rappelant aux demoiselles qu’elle est toujours présente. Elvira tourne la tête vers elle, visiblement exaspérer par son comportement. « Sirille, à moins que tu veuilles que je te mette à la porte… » « Oh non, je suis terriblement désolée, j’ai cru pendant un instant… » Mais déjà, Elvira détourne la tête, revenant sur Erwina. « J’aimerais que tu me parles de Flint, des derniers mois, de son comportement, ou tout autres signes ou information importante… » «As-tu trouvé ces journaux ? » Lui demande la brunette.

La rouquine l’observe avant de secouer la tête négativement. La cartographe se lève et va vers une bibliothèque qui est encastrée dans le mur opposé au lit. Elle frappe quelques coups sur le mur droit de cette bibliothèque et finit par trouver la cavité qu’elle cherche. Après avoir appliqué une grande force sur le mur, elles entendent un déclic et une porte s’ouvre. « Quand tu auras du temps fouille comme il se doit la pièce, il y a beaucoup de cachettes secrètes. » Explique-t-elle avant de tirer une pile de vieux livres aux relieurs de cuir de la cavité. Elle referme ensuite la porte avec ses fesses et ramène ses trouvailles. « Je te laisse lire tout ceci, reviens-moi si tu as des questions. » « Merci… » Murmure finalement la rouquine avant d’être absorbée par les journaux personnels.

*****

Deux jours plus tard, ils étaient arrivés à l’île de la Tortue et elle sirotait un verre de vin au comptoir. Deux hommes, inconscient repose à ses pieds, visiblement malchanceux de lui avoir manqué de respect ou d’avoir essayé de poser la main sur elle. Erwina n’était pas visible, mais occupée à chercher des contrats intéressants et Crane était non loin, recrutant des gens intéressants qui avaient un minimal d’expériences et de talents pour la piraterie. Elvira avait été claire un peu plus que claire sur le recrutement, pas de gamin ou de vieillard. Plusieurs membres de l'ancien équipage qui avaient pris la fuite après la disparition de Flint avaient montré le bout de leur nez en voyant le Walrus débarquer au port. Ils avaient déchargé deux grosses cargaisons de matériels qu’ils avaient récupérés en pillant des bateaux marchant et avaient vendu ce dont, ils n’avaient pas eu besoin. Une partie de l’argent avait été directe aux hommes tandis que le restant avait été pour les futures modifications du bateau.

Accoudée au comptoir, elle observe la salle qui vit de l’enthousiasme mal placé des hommes et des femmes. Elle sirote une nouvelle gorgée, avant de baisser les yeux vers son ombre, ou elle croise le sourire dérangé d’Axill. *J’aime bien l’ambiance.* Lui souffle le spectre. *Profites-en bien alors, nourris-toi autant que le permets ton estomac.* Lui recommande la guerrière mentalement. Même si aucun de ses Pokémon son présent physiquement, ils sont tous là, sommeillant dans l’ombre de quelqu’un prêt à intervenir, que ce soit en protection mentale ou physique. Tout en faisant assemblant de boire une nouvelle gorgée, elle vient scanner les environs, s’assurant que personne ici présent n'aurait encore de mauvaises pensées à son égard. « Crane, comment ça passe le recrutement ? » Le grand exotique à la peau basané par le soleil tourne son regard acier vers elle avant de lever un pouce. Elle jette un coup d’œil à sa liste, ignorant un homme qui se trouve devant lui. « Cinq nouveaux membres sûrs, la plupart des anciens, et quatre qui sont en attente de ton approbation. Ils m’ont semblé jeunes, mais ils ont de l’expérience… » Elle hoche simplement la tête avant de poser son verre.

Affublée de ses nouveaux vêtements de pirate en cuire, elle réajuste le tricorne sur sa tignasse et se lève de son banc. Elle marche sur l’un des hommes comme s’il n’était qu’une simple obstacle de fortune et va rejoindre Crane. Sur ses deux hanches, repose deux impressionnant pistoles qui n’attend qu’à être utiliser. Il lui pointe une table, ou sont installer trois garçons et une demoiselle. La fille ressemble davantage à une gamine qu’a une jeune adulte. Crane lui tend un bout de papier, ou les noms et les ''talents'' sont inscrit. « Merci. » Souffle-t-elle à l’intention du pirate avant de se diriger vers la table. « Scarlett, Capitaine du Walrus. On m'a dit que vous étiez intéressés à faire partie de mon équipage… Vous avez deux minutes chacun pour vendre votre salade. » Dit-elle en pointant les trois garçons. « Pourquoi pas elle ? » Demande l’un d’entre eux. La rouquine offre un sourire carnassier, puis croise les bras sous sa poitrine. « Une minute trente secondes. » Annonce-t-elle froidement. Le fait qu’elle ne posait pas davantage de question à la gamine était le fait qu’elle était une Gardienne de l’eau en voie de devenir guérisseuse, mais quelque chose avait changé... Du moins, c’étaient les informations qu’elle avait réussi à piger dans son esprit en quelques secondes.

Pour les trois autres, tout en fouillant leurs intimités et n’écoutant pas ce qu’ils disaient, elle découvre que deux d’entre eux lui mentent et cherche une simple manière d’infiltrer le bateau pour des raisons purement personnelles, tandis que le troisième en plus d’être un guerrier avec un minimal d’expérience, savait aussi cuisiner à cause d’une mère un peu trop contrôlante. Après les deux minutes de blablas terminés, elle pointe du doigt le gamin de sa convoitise et la gamine. « Félicitations, vos faites maintenant partie du Walrus, aller voit Crane pour qu’il explique le reste. » Termine la rouquine qui s’éloigne en ignorant les deux autres. Tout en retournant à son tabouret préférer pour continuer de siroter son verre de vin, Axill vient discuter un peu. *Ce n’était pas toi qui ne voulais pas d’enfant ?* *Effectivement…* *Qu'est-ce qui a changé ? * *Rien, mais ses dons seront très utiles et puis, elle ne voulait déjà s’infiltrer en douce dans la cale et puis… On va avoir besoin de toute l’aide possible pour les prochaines attaques, on va avoir besoin de pognon.*

[Eeva Slanzar]

Le pied posé sur le bastingage, la chevelure flottant au vent comme une bannière ensanglantée, Eeva regardait les flots se briser contre la coque, alors que les pourtours de l'île se dessinaient. Rapidement, le Jolly Roger fendit les vagues jusqu’au port. Alors qu’il s’approchait du port de l’île de la Tortue, île connue et fréquentée des pirates seuls et de leurs affiliés, le vent tourna et souffla un vent froid, malgré les mers chaudes. Comme un linceul, la brume enveloppa les bateaux. Le navire fantôme glissa jusqu’à s'amarrer de lui-même, sembla t-il. En figure de proue, la rouquine observa un moment le port. Un fin sourire se dessina sur son visage blafard en constatant qu’il grouillait d’activité, de bruit et de poussière. Tout un tas de mécréants s’agitait près ou dans les bateaux, hurlaient, hissaient ou débarquaient des caisses, des tonneaux, des vivres et d’autres choses. En portant son regard un peu plus loin, plus près des rues et des débits de boisson, elle aperçut également les jupes de quelques prostituées. Personne ne fit attention au Jolly Roger, pas plus que la brume glacée. Relâchant le cordage auquel elle se tenait, la rousse rabattit son tricorne sur ses yeux et d’un bond souple, sauta sur le pont. Derrière elle, les voiles se hissaient seules et l’amarrage s’attela de même à la bitte la plus proche.

D’un bond souple, elle sauta du bastingage sur le pont. Un saut qui n'avait rien de naturel. D’un pas décidé, elle se dirigea en dehors du port, vers les rues, observant avec attention les allées et venues. Se plantant devant la plus miteuse des tavernes, la rousse en reconnu l’enseigne et entra négligemment. Elle balaya du regard la salle nauséabonde, remplie de chaos et d’alcool. La silhouette qu’elle cherchait était accoudée à une table, la tête reposant sur une main, le regard vide. Seule, elle avait l’air de s'ennuyer à mourir. De sa démarche assurée et conquérante, la rouquine se dirigea vers la table de la personne qu’elle cherchait. Devant elle, Eeva saisit une chaise, la retourna et s’assit en face de celui qu’elle cherchait. Surpris, l’homme au visage ambiguë sursauta et lui jeta un coup d'œil vitreux.

« Griffe Rouge. » dit-elle seulement.
« Plus personne m’appelle comme ça.
Comment tu sais ça toi ? »
« Et comment t’appelle t-on ? »
« T’as pas répondu, à ma question. »

Comme elle avait son large chapeau enfoncé sur la tête, elle le releva, laissant voir son visage, quelques mèches de cheveux roux et ses yeux d’orage.

« Voudrais-tu redevenir Griffe Rouge ? »
« Santa Lugia… Eeva… ? »
« A qui crois-tu t’adresser, Mark Read ? Ou devrais-je dire, Mary Read… »
« Capitaine… ? Le Krampus ? »
« Voleur d’or et d’argent. »

Le yeux ouvert comme deux ronds de flan, Griffe Rouge regardait Eeva, revoyant un fantôme à travers les iris violets et la chevelure rousse, l’air complètement estomaqué, elle porta son verre de whisky à la bouche, mais le rata et vida le fond de sa coupe sur ses vêtement crasseux. Très calme, la rousse repoussa la bouteille poussiéreuse négligemment et se pencha vers Griffe Rouge.  Se faisant passer pour un homme, Mary Read, alias Mark Read était une des plus célèbres pirates et avait acquis son surnom bien des années auparavant. Elle avait servi sous ses ordres… Elle savait donc parfaitement à qui elle avait affaire. La rousse baissa le ton.

« J‘ai besoin de récupérer ma flotte et d’un équipage. »
« De quoi as-tu besoin… Capitaine ? »
« De quoi  faire un long voyage… J’ai l’intention de commencer par aller à  Zerzura…et d’aller à Death Island. »

A l’évocation des îles mystiques, Griffe Rouge fit tomber son verre par terre.

« Mais personne ne sait où elles sont… Ce sont des légendes... »
« Crois-tu que j’irais courir derrière des trésors imaginaires ?
Trouve moi un équipage pour le Jolly Roger et j’ai besoin de deux autres bateaux. Le mien n’est pas assez grand pour la quantité d’or que je transporte. »
« Les cales sont pleines ? »
« A dessaler un navire. »

Griffe Rouge eut un sourire, et quitta la table. Il se passa quelques heures ou la rouquine attendit dans le bar, observant la clientèle, avant d’en sortir pour rejoindre le port. Son Second devait avoir eu le temps de trouver des matelots assez malades, et assez cupides pour accompagner le Jolly Roger dans sa folle aventure.


Sur le quai, des dizaines d’homme étaient alignés, Griffe Rouge les gardant à l’oeil en attendant la venue de leur nouveau Capitaine.

« Voici le… Capitaine. Commodore… Votre nouvel équipage ! »

Commodore… La rousse ne s’était pas attendue à un tel titre, mais en définitive, cela lui plaisait… Elle passa en revu chacun d’eux, tous des dégénérés, mais prêts à la servir et à obtenir un fabuleux trésor ! Elle n’eut pas besoin d’y passer beaucoup de temps, l’équipage était hétéroclite, mais conviendrait. Leur cupidité suffirait à les maintenir sous ses ordres… Et la férocité de ses Pokémon, leur fidélité. Un homme se détacha du groupe, n’ayant pas meilleur mine qu’eux. Il était coiffé d’un tricorne, portait une barbiche et diverses breloques.

« Votre Second, a parlé d’un fabuleux trésor... »

La rousse plongea son regard violet dans le sien. Cet homme était poussé par sa soif d’aventures… Et d’or. Néanmoins, il avait le regard vif et rusé et la simple utilisation subtile de certains de ses talents lui renseigna d’être prudente avec ce pirate-là.

« Zerzura. Death Island. »
« Ce sont des mythes ! Personne n’a jamais trouvé ces îles ! » dit l’un des matelots.
« Oseriez-vous insinuer que le Krampus court après des fantômes ? »

L’assemblée frissonna. Cet alias était connu à travers les mers Érasienne, à chaque fois avec la même épouvante. L’homme au bandeau rouge eu un tic et un sourire gêné. Il sembla réfléchir un instant et changea brusquement d’attitude.

« Krampus…
Messieurs ! Acclamons notre… Commodore !
Commodore… Je suis le Capitaine Jack Teague, le Black Sails est à votre service ! »

Tour à tour, le Capitaine Teague se tourna vers les matelots alignés sur le quai, son propre équipage et vers la rouquine envers qui il eut une sorte révérence insupportable.

« Puisque vous semblez douter de moi, voici… un avancement. »

Des regards interrogatifs se croisèrent et Krampus claqua des doigts. Il y eut un ébranlement au niveau du Jolly Roger qui attira les regards. Un énorme coffre se souleva des cales, jusqu’à la passerelle et leur apparut enfin. Un Dimoret sauta sur le dessus et donna un grand coup de griffe en bondissant. Le coffre dévala et se brisa, brisant une quantité d’or impressionnante. Aussitôt, les pirates lâchèrent des acclamations et quand Krampus se retourna vers son second, ils se ruèrent dessus pour prendre leur part offerte.

« N’y a t-il qu’un seul navire pour mon service ? »
« Il y en a quelques autres de l’autre côté du port. Je vais chercher leur Capitaine. »

[Elvira Greyhunt]

La rouquine soupire. Les yeux dans son verre, elle observe la file que Crane évalué. Il doit bien en avoir retourné une dizaine de personnes, tous des incapables qui cherche un lieu où être nourri et payer gratuitement. Elle se masse les tempes un instant, exaspérer par le manque de pirate qui est intéressé de manière sérieuse à rejoindre un équipage. Finalement, Crane fait signe à un homme d’un âge avancé et la pointe. L’homme soulève un sourcil et échange de nouveau quelques mots avec Crane. D’un âge avancé, l’homme doit bien avoir la cinquantaine avancée, toutefois, il semble être en bonne forme pour son âge. Scarlett en profite un peu pour fouiller son esprit.

Un large sourire sur ses lèvres tandis qu’elle se redresse à son approche. Elle lui tend la main pour le saluer. Surprit, l’homme, la prend et elle s’exprime la première. « Keiser, enchanter de faire votre connaissance… » L’homme l’observe, une expression surprit puis l’illumination s’affiche sur son visage. « Ah, vous êtes lieuse ou maîtresse de l’esprit vous. » Elle hoche simplement la tête sans se départir de son sourire. « Vous êtes quelqu’un d’intelligent, j’aime ceci. Alors comme ceci, vous seriez intéressé à rejoindre notre équipage ? » « Je suis un excellent architecte naval et j’ai une bonne équipe de gars. J’ai entendu dire que vous cherchez quelqu’un et je cherche du travail. » Elvira hoche doucement la tête, visitant son esprit pour s’assurer qu’il ne lui cachait rien, cependant, ses pensées lui conforment qu’il dit la vérité.

« Parfait Keiser, toi et ton équipe vous êtes prêt à commencer quand ? » « Quand tu veux, ils m’attendent dehors. » « Parfait alors, Axill, tu voudrais bien les accompagner au bateau ? » « Et pour le paiement ? » Demande Keiser en croisant les bras sur son torse. « Pierre précieuse ou de l’or ? » Demande simplement la rouquine. Keiser la regarde, incertaine si elle était sérieuse ou non. « Il y a une différence ? » demande-t-il. « Le temps du paiement, si c’est en pierre, j’en paye une partie maintenant, si c’est en or faux attendre que mon or arrive. » Il hoche la tête, comprenant un peu mieux puis soulève ses épaules. « Je préférerais en or, mais je demanderais quelques pierres comme paiement pour me montrer ton envie sérieuse. »

La rouquine hoche la tête et sort une petite bourse de son large ceinturon. Elle lui donne discrètement et sourit. « Raisonnable, je vous fais confiance pour bien vous occuper du bateau. Axill, n’oublie pas d’avertir Narjaf que nos nouveaux invités sont gentils. » Au même moment, le spectre s’extirpe du sol et regarde le duo. Il pose des yeux mauvais sur Keiser, visiblement ennuyé de quitter Scarlett, mais il ne rouspète pas. « Enchanté de travailler pour vous Scarlett. » « Tout le plaisir est pour moi Keiser ! » Lui rend la pirate en serrant la main offerte. Il s’éloigne ensuite avec Axill qui flotte paresseusement.

Elle retourne à son bar et vide son verre d’un coup. « Crane. Du nouveau ? » « Deux nouveaux potentiels membres, un couple qui vient ensemble. Ils acceptent de travailler pour nous si on les accepte tous les deux… Mais… Vous verrez par vous-même. Ils vous attendent à la même table. » Annonce le bras gauche qui refuse la candidature d’un homme qui n’a plus de dents dans la bouche. Sans lui accorder plus d’attention, elle se dirige vers la table ou elle aperçoit une femme à l’apparence particulière. Assez chaudasse, la femme à un corps bien sculpter et une longue tignasse brune qui est retenue dans une stresse relâcher. Un lourd pistolet repose sur sa hanche. Sur la table, repose un coutelas plutôt impressionnant.

À son approche, la femme tourne le visage vers elle et dévoile des traits très agréables à l’œil. La peau foncée, elle donne presque envie à Elvira. Des tatouages tribaux marquent ces deux bras et un patch sombre met en valeur son unique œil vert perçant. « Vous devez être Scarlett… » Murmure la femme en ce levant. « Mira et voici… Mon fils… » Reprends la femme donc le grain de beauté sur le coin de sa lèvre semble obséder la rouquine. Scarlett tourne finalement la tête vers le "fils" en question et découvre un grand gaillard, à la stature plus impressionnante que sa mère. L’homme lève la tête sur elle et son visage s’illumine un instant quand il la salut et elle comprend immédiatement que le gamin est atteint mentalement. Malgré son apparence d’homme, dans sa tête, il restait un éternel enfant.

« Je vois… » « Je suis une très bonne combattante, Grenadier plus précisément. Je me spécialise dans les gros projectiles. Je me défends aussi au corps-à-corps… » « Est-ce qu’il est bon à quelque chose ? » Demande la rouquine en la coupant net. Mira se tait, incertaine d’avoir bien compris. « Yamil, dis-moi. En quoi es-tu utile sur un bateau ? » Reprends Scarlett en s’adressant directement à l’homme. Le dénommé Yamil l’observe un instant et il semble réfléchir aux paroles. « Moi être fort, peut soulever lourde charge, été bon nettoyer et bon assistant cuisinier… » Même s’il est plus lent à la détente, elle découvre en fouillant ces pensées qu’il peut vraiment se rendre utile et qu’il peut être quelqu’un de loyal. Scarlett hoche la tête et se tourne vers Mira. « Félicitations, vous venez de trouver refuse sur mon bateau, quand nous quitterons, j’aimerais que tu viennes me voir à ma cabine, pour discuter des causes de ta fuite. » La surprise puis la peur s’affichent sur le visage de la belle brune, mais elle hoche simplement la tête, visiblement reconnaissante.

« Crane, on les prend tous les deux… » « Oui, Capitaine ! » « On arrête pour l’instant, j’en ai marre de cet endroit puant, fait passer mot que si d’autres volontaires sont intéressés, qu’ils nous retrouvent au Walrus. » « Oui M 'dame ! » Puis elle quitte le lieu infâme de la taverne. Même si l’air de l’extérieur n’est pas mieux, elle est plus fraîche. Elle soupire et retire le tricorne de sa tête pour s’aérer un peu. « Capitaine ! » Devant, cours Erwina qui s’arrête tout juste devant elle. Elle se plie en deux et essaye de retrouver son souffle. « Erwina… Que me vaut… Le bateau va bien ? Valkas est sorti de sa Noigrume. » « Non, non… Mais quelqu’un est passé au bateau, on est prêt à nous engager pour quelques missions. Ils ont besoin d’hommes et de bateau. » Scarlett l’observe un moment… « Erwina, j’ai de la misère à avoir des hommes pour moi. » « Il y a beaucoup d’argent à la clé, on raconte que la nana est riche et elle déverse des coffres d’or sur le pont.» « Mais quelle stupidité… Son équipage ne sera pas fiable. » « Pas notre problème, tu voulais de l’argent et de l’action, c’est le moment. » « Allons voir cette capitaine. »

Après qu’Erwina lui est montrée le chemin, la rouquine se retrouve devant un bateau en piteux état. L’aura qui s’en dégage est ténébreuse et elle crie l’entité spectrale. Presque au même moment, Axill refait son apparition en compagnie de Béleth ainsi que Sitara. La renarde mauve saute sur les épaules de sa maîtresse et s’y installe tandis que Béleth vient flotter dans son dos. Axill saute dans leur ombre sans souffler un mot. « Que se passe-t-il ? » *Un simple mauvais présage…* Murmure la Mentali qui élève immédiatement une barrière psychique dans le but de les protéger elle et Erwina. Les deux autres viennent eux aussi l’aider, renforçant le lien avec leur type. « Ou elle est cette nana ? » * Je crois que c’est la rouquine au regard mort là-bas. * Réplique Axill en lui montrant la direction. *Elle pue la mort… Un peu comme toi…* *Et bien merci Axill !* *Ah, mais toi, tu sens mieux à cause de Sitara, on dirait presque un mélange de morts et de… Lilas…* Scarlett ferme les yeux puis soupire.

Elle décide de s’approcher de la femme qui termine tout juste de parler avec un autre capitaine et elle s’exprime rapidement en croisant les bras sur sa poitrine. « Capitaine Scarlett, j’ai un bateau et un bon équipage. Je veux savoir vos raisons pour engager des bateaux ? Savoir si ça m’intéresse ou pas. » Lâche-t-elle simplement.

[Eeva Slanzar]

Le drôle d’effet de cette rencontre persistait. Griffe Rouge, l’esprit légèrement embrumé par les effets de l’alcool, ne savait pas trop quoi penser. Elle s’éloigna de son nouveau Capitaine, ou Comodore, comme ce pirate beaucoup trop servile pour être honnête, s’était amusé à l’appeler. Il était certain que lui ne resterait pas longtemps dans la flotte, soit parce qu’il trahirait le Capitaine, soit parce que le Capitaine trahirait sa confiance. Mais de toute façon, qui faisait réellement confiance à des pirates ? Ils étaient rares les pirates de confiance… Et la rouquine n’en faisait pas partie, du moins, jusque dans une certaine mesure et Griffe Rouge le savait d’avance, elle serait dépassée, bien avant d’atteindre Zerzura. Elle était même prête à parier qu’aucun des pirates ne verrait le trésor de Zerzura. Restait à savoir si le véritable Capitaine de cette histoire, si elle avait bien compris les choses, lui, tiendrait le cap. Car Griffe Rouge avait bien eu affaire à deux personnes différentes et voir le Sépiatroce, flottant de manière inquiétante sur le pont, ne lui laissait aucun doute. Cette histoire sentait mauvais. Mais elle était aussi la promesse d’aventures fabuleuses et mieux valait mourir en mer à la poursuite d’un trésor, que de finir dans bar, asphyxiée par la boisson, ou dans les geôle de la compagnie flaminoise. Oui , mieux valait.

Le Krampus, voleur d’argent et d’or les emmenaient droit vers la mort, le cimetière des créatures noyées, mais si elle jouait bien ses cartes, il y avait moyen de se faire un beau trésor… Peut-être devrait-elle essayer à un moment de se rapprocher du Capitaine Teague. Elle verrait quelle tournure prendraient les choses. Eeva les avait trahis une fois… Griffe Rouge traversa la petite ville infeste. Parvenue à l’autre bout du port. Parmi les coquilles de noix qui y étaient amarrées, Griffe Rouge en repéra un qui n’avait pas l’air trop mal, il n’avait pas l’air miteux des autres, mais ne ravirait pas la majesté du Jolly Roger, flambant neuf. DU quai cependant, elle n’y vit pas beaucoup d’hommes et de mouvements. En premier lieu cela pouvait paraître mauvais signe, mais Griffe Rouge ne se laissa pas influencer par son apparence extérieure. Tentant sa chance, elle cria quelques mots à deux marins à bord et s’en alla chercher une certaine Erwina, second sur le Walrus. Elle trouva la femme facilement et s’entretint rapidement avec elle.

Griffe Rouge fit la commission. Le Jolly Roger, commandé par le Krampus, prenait la mer et nécessitait une flotte. Un navire avait déjà été engagé, il y avait de la place pour un autre. Le Commodore Krampus n’était pas facile, mais les missions pour lesquelles il s'engageait payaient. Il y aurait de l’aventure et de l’argent plus qu’ils ne pourraient tous en dépenser. En ce moment même, le Commodore déversait l’or d’avance comme paiement avancé. Des coffres. Enfin… Griffe Rouge garda pour elle ses impressions et ses pensées. Elle avait un peu exagéré le propos, il ne s’agissait que d’un coffre et si elle n’aurait pour sa part pas agit ainsi, le Commodore savait certainement ce qu’il faisait. Attirer les pirates cupides n’était pas toujours une mauvaise option… Restait à savoir, si elle était mauvaise, si elle le serait pour le Krampus… Ou les pirates. Griffe Rouge ne paierait pas dessus. Tout dépendait… La vie d’aventure et de liberté d’un pirate était si fragile et basculait si vite ! Mais tout comme Eeva, elle,  Mary Read, avait survécu à bien des choses, vécu des aventures dont peu de personne pouvait se vanter et dépensé des trésors sans mesure.

Avec un sourire, elle laissa les souvenirs envahir sa mémoire et Erwina prévenir son propre Capitaine. Elle ne fut pas surprise, en l’ayant vue partir en courant, de la retrouver au Jolly Roger, dont la coque noire et rouge, dont les voiles noires étaient intactes, le distinguait des autres. Griffe Rouge se redressa. Elle avait fait son offre à quelques autres bateaux. Elle rajusta un peu ses vêtements pour bien présenter aux côtés du Commodore et assista sans rien dire à l’étrange échange. On aurait dit que l’autre rouquine, Capitaine du Walrus, essayait d’embaucher Krampus et non l’inverse.

Pour toute réponse, le Commodore eut un sourire étrange. Griffe ne sut pas si c’était un bon présage ou pas. Elle ne répondit pas à l'insolence de Scarlett, mais Krampus inclina la tête de quelques millimètres, plissa les yeux et lui assura que si l’or l’avait attirée, elle serait intéressée et quant à savoir la qualité de son équipage, que ce serait elle qui en jugerait. Griffe Rouge resta silencieuse. Le Commodore avait un très fort caractère, mais jusqu’à présent, quand un Capitaine de navire embauchait des hommes, c’était à lui de juger qui embarquait ou non.  

Mais à la fin de cette entrevue, le Commodore se retourna dans un bruissement de cape et de plume et déclara, gravissant le pont :

« Mettez le cap sur Zerzura ! »

A son commandement, je sautais à sa suite et les autres pirates en firent autant, sur le Jolly Roger ou le Black Sails, avec des cris enthousiastes, heureux de repartir à l’aventure et surtout, enfiévrés à la perspective de trouver et prendre un si mythique trésor. Plus tous ceux qu’ils prendraient aux navires marchands !

[Post sous contrainte
On va bien se rigoler la bouche ! ^^]

[Elvira Greyhunt]

L’atmosphère autour de cette capitaine, Commodore, comme elle se surnomme, est étrange et sombre. Son regard est vitreux, voir fantomatique ce qui met la puce à l’oreille de la rouquine. Cette femme était étroitement liée avec des Pokémon de type spectre ou ténèbres. L’aura même du bateau soufflait son appartenance au même type. Tout en observant les hommes et les femmes qui s’activent autour d’eux, elle écoute tout de même cette Commodore lui parle vaguement de ses projets, ils devaient se rendre à Zerzura en attaquant tous les bateaux marchands possibles. L’autre rouquine parle vaguement d’une île avec un fabuleux trésor, mais Scarlett le sent plutôt mal. Avec tout le monde qu’elle a engagé, le tout sentait la merde à pleins nez. Toutefois, l’idée d’attaquer des vaisseaux marchands l’enchantait plutôt bien, ils pourraient récupérer assez de matériel pour rénover correctement le Walrus et sûrement y ajouter des modifications intéressantes, sans oublier bien sûr de payer l’équipage. Erwina lui jette un coup d’œil et elle hoche légèrement la tête, elle semble partager la même idée qu’elle.

« Soit, on vous aidera… » Souffle simplement la rouquine en tournant les talons à son tour. Erwina s’incline vaguement avant d’aller récupère leur propre part du butin. Scarlett n’avait peut-être pas démontré de l’intérêt, mais la cartographe n’avait pas oublié ce détail.

Dès qu’elle arrive près du bateau, elle fait signe à Crane et elle fait passer le message qu’ils quittent dans les minutes qui suivent et que tout le monde devra être à l’intérieur. Les mains sur les hanches, elle observe l'équipage monté sur le bateau avec le restant de matériel. Son regard clair s’accroche celui de Mira et elles se dévisagent avant d’échanger un sourire charmeur et entendu. Une tension électrique trop palpable dans l’air. Son fils Yamil la suit de près, observant le bateau avec un regard émerveillé. Crane vient s’installer près d’elle et place les mains dans son dos. Le rouquin à la coupe punk au toupet un peu trop long replace sa mèche vers l’arrière en caressant ses côtés rasés.

« Nous allons vers où Capitaine ? »
« Zerzura… » Marmonne l’Écarlate.
« Vous êtes sérieuse ? Vous savez que… »
*Nous savons bien.* Murmure doucement la voix de Sitara dans leur esprit.

Crane sursaute légèrement, mais il se reprend, observant la rouquine qui esquive un coin face à sa réaction. Il observe un instant ses pieds avant de la dévisager à nouveau. Cette fois-ci, une interrogation nouvelle s’affiche dans son regard, comme s’il la voyait pour la première fois. Sous les nouvelles pensées de l’homme, la rouquine laisse un large sourire carnassier apparaître puis le visage de Crane se décompose un peu quand les fils se connectaient dans son esprit.

« Eh oui, Crane, je sais tout, vraiment tout. » Laisse-t-elle en suspend avant de monter à son tour sur le bateau. Une fois à bord, elle monte jusqu’à la proue et siffle brusquement, plusieurs membres du vieil équipage l’observent avant de réaliser qu’elle ne s’adresse pas. Tandis que les nouveaux membres attendent en l’observant, s’attendant un quelconque discours, mais son Aligatueur surgie de l’eau et viennent brusquement atterrir sur le plancher non loin. Il se secoue légèrement en rugissant avant de s’approcher de Scarlett, tenant une carapace verte entre ses pattes.

« Mais, qu’est-ce que tu as trouvé là ? »

L’Aligatueur lui tend la chose et un Carapuce aux couleurs différentes immerge de la coquille. Scarlett l’observe un peu avant de regarder à nouveau Narfaj.

« Tu t’es trouvé un nouvel ami ? Parfait ! Mais c’est le temps de partir et j’ai besoin de toi. Chiyoko ! Supporte Narfaj avec ta maîtrise de l’eau. » Annonce Scarlett brusquement. L’Aligatueur saute à l’eau, laissant au soin de la rouquine le Carapuce qui observe autour de lui sans savoir quoi faire. « Pour les autres, trouver vos places et rendez-vous utiles ! On attaque à la vue tous les bateaux marchands que nous allons avoir de besoin. » Termine-t-elle en laissant Sitara prendre la proue et la diriger avec ses pouvoirs psychiques la direction. Aidée de Chiyoko, Narfaj vient sortir le bateau du port et ils commencent à suivre le bateau sombre du commodore.

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