[ Clos ] Dix jours [Solo]

[Violette]

« Plus vite, plus vite ! C’est par là !
-Oui, oui, Lily, on te suit ! »

Depuis plusieurs minutes, ma Chovsourir n’arrêtait pas d’insister pour me montrer quelque chose de « sensationel ». Et bien sûr, elle n’avait pas précisé de quoi il s’agissait, pour me « faire la surprise ». J’avais donc laissé Hugo un moment histoire de satisfaire le caprice de ma Pokémon en lui indiquant que je le rattraperai rapidement grâce au téléport de Doc. Flèche, excédée par le caractère de Lily, décida de rester avec lui.

« On est encore loin ? Lui demandai-je. Ca va faire un bon quart d’heure qu’on marche !
-Oui, on est tout près, je le sens ! »

Le chemin du retour n’était en soi pas un problème. Doc, qui était venue avec nous, pourrait nous téléporter. En revanche, mes jambes commençaient à fatiguer : nous approchions du bord de l’île, où les prairies laissaient place à des falaises de plus en plus escarpées, et mo corps appréciait de moins en moins cette randonnée imprévue. Heureusement, Lily s’arrêta bientôt.

« Tadaaaaaaaaaaaa ! Elle est magnifique, hein ? Et en plus, elle sent super bon ! »

Une gigantesque fleur rouge se trouvait devant moi. Elle faisait environ un mètre de diamètre pour autant de hauteur et ressemblait à un bulbe de tulipe géant. Et comme l’avait dit Lily, elle sentait très bon.

« EN effet, lui répondis-je avec un sourire, on peut difficilement la manquer celle-là ! Et je dois t’avouer que je ne connais pas cette plante. Merci Lily ! Vu son odeur, je me demande si ce ne serait pas une plante carnivore… »

Je regardai alors autour de moi. Doc était un peu plus loin, occupée à jouer avec des Pikachu sauvage. Quant à Lily, elle voletait çà et là à la recherche des nouvelles fleurs, tout en respirant à chaque passage l’arôme de la fleur rouge. La seule chose dont j’étais certaine à son sujet, c’est que ce n’était pas une Rafflésia.

Mais le meilleur moyen pour savoir ce qu’était cette plante, c’était encore de s’en approcher, pour voir notamment si elle ne renfermait pas en son sein une sorte de « puits » où piéger les Pokémon insectes.

Décidément, cette fleur sentait vraiment très bon. Plus je m’en approchais, plus son parfum capiteux devenait entêtant. Comme si j’allais me noyer dedans. Comme dans un rêve, je me sentais flotter dans les airs. J’étais tellement bien. Et soudain, tout devint noir.

***

Ce fut la douleur qui me réveilla. Une horrible douleur qui me sciait les jambes, et la poitrine. Je luttais alors pour trouver de l’air. Une horrible voix autoritaire retentit alors :

« RESPIRE ! Tu m’entends bordel de merde ? J’ai pas fait tous ces efforts pour te maintenir en vie pour que tu clamses maintenant ! ALORS RESPIRE ! SI TU CREVES, JE TE TUE ! »

Qui… Qui me parlait ? LA curiosité fut plus forte que la peur et j’ouvris les yeux. Aussitôt, je poussai un cri de terreur. Un horrible démon rouge et noir se tenait devant moi, et il semblait prêt à m’arracher le cœur. Mais alors que je refermai les yeux pour ne plus voir ce monstre, je sentis la présence de Doc dans mon esprit qui cherchait à m’apaiser. Je m’ouvris à elle et sentit aussitôt une immense joie couplée à un intense soulagement.

Il me fallut un moment pour comprendre les images que Doc me transmettait, à cause de ma faiblesse, mais aussi parce qu’elle semblait elle aussi très perturbée. Apparemment, après avoir respiré le parfum de la fleur, je m’étais dirigée vers le bord de la falaise… Et j’avais sauté dans le vide en éprouvant une joie intense…

Mes jambes n’étaient plus que douleur et apparemment, mon cœur fragile n’avait pas non plus supporté le saut… Mais actuellement, ce n’était pas la mort qui m’effrayait le plus… Mais bien… La chose qui se trouvait devant moi ! Je ne rouvris les yeux que parce que Doc me persuada que je ne risquais rien.

« Ah enfin ! Reprit le démon. J’ai bien cru que tu te réveillerais jamais. Bon, je peux savoir pourquoi tu as tenté de battre le record de vitesse en chute libre suivi d’un éclatement sur le sol ? »

Mes yeux s’habituant à la la lumière, je réalisai que le « démon » était en fait une fille d’à peu près mon âge aux longs cheveux rouges et vêtue de noir… Mais avec sa voix rauque et forte, elle était toujours aussi effrayante ! Mieux valait lui répondre ! Heureusement, un Vibra-Soin de Doc m’aida à ignorer la douleur pour lui répondre :

« Je… Je… Je… Je sais pas… Ma… Ma… Madame… »

La douleur, mais pas la frayeur !

« Attends attends attends. Tu sautes dans le vide et tu sais pas POURQUOI ? T’as de la chance d’avoir eu une Kirlia pour te remonter qui s’y connait un minimum en guérison ! Sinon tu aurais clamsé avant que j’arrive ! Et t’as du bol que je sois passée par là en étant de bonne humeur !
« Oui, Ma… Madame !
-Je te fais peur hein, c’est ça ? »

Je hochai vigoureusement la tête.
Pour toute réponse, la femme éclata de rire. Un rire à la fois satisfait et cruel. Puis elle se calma et reprit :

« Si t’as des questions, pose les maintenant ! Après tu seras plus trop en état de la faire ! Pigé ? »

Plus en état ? Mais qu’est-ce qu’elle allait me faire ? Je commençai alors à trembler de peur, malgré l’aide mentale de Doc.

« Du calme, du calme ! Ordonna la fille. Je vais pas te faire de mal. Enfin, pas délibérément. Ca fait deux jours que tu es dans le coma. La chute t’a pété la jambe droite et elle a failli faire lâcher ton cœur. Pour les jambes, j’ai profité de ton sommeil pour euuuuh arranger ça avec mon Pokémon psy et te poser des attèles. Pour le cœur… Je pouvais rien faire tant que tu dormais, et vu que tu te réveillais pas, j’ai bien cru que t’allais y passer ! Mais maintenant que t’es debout…
T’as souvent des crises cardiaques, pas vrai ? C’est pour ça que j’ai trouvé tout un attirail de médecine à côté de toi ?
-Oui et je suis her… Herboriste Ma… Maman ! »

Qu’est-ce que je vennais de dire ! Suite à cette bête erreur de prononciation, je crus ma dernière heure arrivée : le visage de la fille s’empourpra comme si je l’avais frappé. Elle bouillait de colère, comme si je l’avais frappée. Puis elle me hurla dessus :

« QU’EST-CE QUE TU VIENS DE DIRE ? NE M’APPELLE PLUS JAMAIS COMME CA ! COMPRIS ??! JAMAIS !
-Oui, oui, promis ! Je m’excuse, je ne voulais pas, pardon, pardon ! »

Je n’en menais vraiment pas large. La fois où je m’étais retrouvée piégée sous terre, j’avais certes cru ma dernière heure arrivée, mais au moins, je savais que j’allais mourir et j’avais pu accepter ce fait. Il était là, inéluctable mais prévisible. Ici, j’étais à la merci de cette femme qui semblait capable de me tuer dans la seconde si je lui répondais mal.

Finalement, ma mine contrite calma la furie et la fit même sourire. Un sourire aussi cruel que son rire. Puis elle redevint sérieuse et enchaîna :

« Puisque tu es herboriste, je suppose que tu connais les effets de l’ibiscus noir ?
-Mais…
-Ta réaction montre que oui ! Alors maintenant, écoute-moi. C’est vrai qu’en temps normal, cette plante est un joker. Quand il y a une insuffisance cardiaque, elle arrête complètement le cœur quelques secondes pour le faire repartir à un rythme normal. Le truc, comme tu t’en doutes, c’est que vu ton état de faiblesse, un arrêt, même très court, pourrait t’être fatal. Pour éviter ça, ta Kirlia et moi on va combiner nos forces pour fournir à ton cœur de l’énergie pour repartir. Au cas où tu te poses la question, je suis défenseur. Compris ?
-Ou, oui… »

Mais alors que j’allais poser une question, un bruit retentit derrière moi ce qui énerva la fille rouge :

« QUOI ENCORE ! JE M’APPRETE A FAIRE UNE OPERATION COMPLEXE ET JE NE DOIS ETRE DERANGEE SOUS AUCUN PRETEXTE ! LE PROCHAIN IMBECILE QUI PASSE CETTE PORTE AVANT QUE J’AI FINI, JE LE CRAME ! LE CHAT, TU RESTES ICI !!
"
Le chat ? Je vis alors Fléche s’avancer en périphérie de mon champ de vision. Ou du moins, je sentais son esprit qui entrait en contact avec le mien pour essayer de m’aider. Mais physiquement, elle ne ressemblait pas à Flèche… La fille en noir me fit alors respirer une mixture qui me plongea alors dans un état second et je perdis à nouveau connaissance.

Cette fois-ci, ce fut un grand choc qui me réveilla. Ma jambe me faisait toujours aussi mal, mais la douleur dans ma poitrine avait disparu ;…

« Ah s’exclama ma « sauveuse », rien de tel qu’un bon éclair pour faire repartir un cœur défaillant, pas vrai ?

Un peu plus en forme que… Tout à l’heure ?... je regardai les lieux. J’étais dans une petite cabane en bois, couchée sur une paillasse, et la Défenseur se tenait au-dessus de moi. A l’autre bout de la pièce, Flèche attendait devant la porte, manifestement décidée à ne laisser personne y entrer. Je compris aussi pourquoi Flèche m’avait parue bizarre tout à l’heure : elle avait évolué !

« Flèche, tu as… Tu es magnifique…
-Repose-toi, Violette, me répondit gentiment la chatte. On parlera de tout ça plus tard.
-Elle a raison, approuva la fille en rouge, qui avait manifestement été incluse dans la conversation. Dors".

Et elle me fit boire une potion soporifique. Juste avant de m’endormir, il me sembla la voir hurler à travers la porte ouverte quelque chose comme :

« Alors Devil, ça vient ces baies, putain de merde ?!!! »

***

Lorsque je me réveillai pour la troisième fois, la fille en rouge n’était plus au-dessus de moi mais couchée sur une paillasse voisine. Cependant, elle ne dormait pas. Je me redressai sur mes coudes histoire de mieux voir mon environnement.

« C’est l’aube » m’expliqua-t-elle. Je regardai alors autour de moi et détaillai la cabane. Deux « lits », une petite table, deux chaises… Et c’était tout. J’aperçus aussi un Noeunoeuf dans la pièce, qui me salua psychiquement. J’appris alors qu’il s’agissait d’UNE Noeunoeuf prénommée Joan et de son groupe. Il était temps pour moi de remercier la fille. Malgré ses manières douteuses, elle m’avait sauvé la vie…

« M… Merci pour votre aide…
-De rien, ça me fait plaisir de faire un doigt d’honneur supplémentaire à la mort ! »

… Que répondre à ça ? A la place, j’osai poser une question :

« Où… Où sommes-nous ?
-Dans un refuge pour voyageurs, dans le coin le plus paumé de la forêt cachée, sur l’îe Io’Maï
-Et… Qui êtes-vous ?
-Je m’appelle Belial et je suis médecin.
-M… Merci Belial.
-Bref, pour la suite, voilà comment ça va se passer ! Tu es encore très faible donc tu vas garder le lit quelques jours. D’ici une semaine, ça devrait aller mieux et tu pourras sortir. Mais faudra faire attention à ta jambe…
-Ou…Oui
-Et maintenant mange ! »

Et elle me tendit une assiette pleine de baie. M’avisant que mon estomac était bien vide, je me ruais dessus. Hélas, les fruits ne suffirent pas à me rassasier. Mais je n’osais pas en demander plus…

« Tu n’as rien avalé depuis près de trois jours et ton corps est encore faible. Si tu manges trop et trop riche, tu ne pourras pas le digérer. Attends un peu avant de re-manger. »

Décidément, cette fille savait lire dans mes pensées !
« Vous êtes kinésiste madame Belial ?
-Nan, juste médecin, et j’ai l’habitude des patients comme toi. Mais toi, tu es lieuse et tu t’appelles Violette d’après ce que m’a dit Joan ?
-Ou… Oui …
-Et élémentale, c’est ça ?
-Euuh non, non non, je n’ai jamais su maîtriser le vent… Je suis Nalcienne, ajoutai-je en guise d’explication.
-Ah ? Pourtant, elle a senti en toi un fort vent intérieur… Mais ça voulait peut-être dire que t’avais rien dans le crâne… »

Je rougis intensément

-Pff, je plaisate, tu sais… Mais bon, si le vent est intérieur, ça peut expliquer pourquoi t’as jamais réussi à t’en servir ! Mais bon, avec tes pouvoirs psy tu devrais le sentir, non ?
-Ben… Je viens à peine de les découvrir…
-Alors ça viendra… Bon, je vais nous chercher à manger, vu que cette conne de Devil doit être en train de jouer au lieu de faire le ravitaillement comme je lui avais demandé. »

Alors qu’elle était sur le point de sortir, je réalisai que j’avais oublié depuis tout ce temps quelqu’un d’important :

« Excusez-moi madame Belial mais… Lily va bien ?
-Lily ? Ta Chovsourir ? Elle pleure comme une madeleine depuis des jours parce qu’elle pense être responsable de ta chute. D’après ta Kirlia, c’est elle qui t’a montrée la drôle de fleur et juste après l’avoir sniffée, tu as joué les Déflaisans. Mon Viskuse essaie de la consoler. »

J’ignorais ce qu’était un Viskuse. Probablement un Pokémon.

« Je vois… Vous pouvez lui dire de venir ? J’aimerais la voir… »

Mais à peine Belial avait ouvert la porte de la cabane que Lily se précipitait à l’intérieur, folle d’inquiétude et de joie. Elle me sauta dessus et commença à me faire plein de bisous en s’excusant des milliers de fois de m’avoir mis en danger. Je dus attendre qu’elle se calme pour enfin l’attraper et la serrer dans mes bras. Puis ce fut au tour de Doc de s’excuser. Concentrée sur son jeu avec les Pikachu, elle n’avait pas pu intervenir à temps. Quant à Flèche, elle s’en voulait de ne pas avoir été là. Je les rassurai toutes les trois, et leur affirmai que ce n’était pas leur faute.

Le reste de ma convalescence se déroula sans incident notable, si ce n’était que l’inaction commençait à me peser. Habituée aux voyages, je n’aurais pas cru que cela me manquerait aussi vite. Paradoxalement, cette semaine d’attente me pesait plus que le mois entier que j’avais passé à me rétablir à Gilnéas ! Au moins, là-bas, je pouvais sortir de mon lit…

Finalement, le neuvième jour, Belial m’offirit une béquille pour me permettre de marcher, et je passai la journée à m’entraîner avec, efin autorisée à me lever. Heureusement, grâce à mes herbes et aux bons soins de Doc, la douleur était tout à fait supportable, et ma poitrine ne me faisait plus souffrir.

Maintenant que j’étais guérie, je n’avais plus qu’une idée en tête : accomplir mon rêve et commencer à défier les arènes. Cela faisait trop longtemps que je repoussais l’échéance simplement pour faire du tourisme. Ma décision était prise, d’autant plus qu’avec l’évolution de Flèche, j’avais une puissante partenaire de plus à mes côtés ! Emportée par ma résolution, j’allais même jusqu’à en parler à Belial qui me souhaita bonne chance en éclatant de rire. Je rougis de honte, ignorant si elle était sincère et exprimait son soutien à sa façon ou si elle se moquait de moi. Mais cela n’entacha pas ma résolution.

Le lendemain, Belial se proposa de m’accompagner à la ville pour faire ses courses. Apparemment, elle en avait assez de « bouffer ces saloperies de baies de merde ». Quant à je prendrai un bateau pour le continent. Bien évidemment, je n’oubliai pas de dédommager ma bienfaitrice qui accepta son salaire avec un sourire narquois. Apparemment elle aimait bien l’argent. Et je la remerciai une dernière fois avant d’embarquer avec mes trois amies pour le continent où de nouvelles aventures m’attendaient : j’avais dans l’idée, puisque j’étais à Terros, de me rendre à Seian pour y défier l’arène locale…

***

Sur le chemin du retour à la cabane

« Bon, avec cette thune, on va pouvoir se barrer d’ici et voyager un peu. Je suis allé à la Poképoste tout à l’heure. Ma mère m’a envoyé une lettre. Gnagnagna, profite du voyage pour perfectionner tes dons ! Bien sûr que j’en profite pour m’améliorer ! Sérieux, j’ai une tronche à partir en voyage uniquement pour les sites touristiques ?
-Non, pas vraiment, reconnut l’œuf. Mais… Pourquoi t’as sauvé cette fille ?
-Je suis médecin Joan, ME-DE-CIN. C’est pas un jeu pour moi. Ca veut dire que je soigne les gens qui en ont besoin. Et je tue les autres.
-Ah… Et donc vous soignez même les greluches comme cette Violette ?
-Ouais… Encore que cette mijaurée m’a bien surpris sur la fin. Elle semblait beaucoup plus volontaire…
-Ouais, et je pense que son amnésie l’a aidée…
-Amnésie ? Elle se souvenait de son nom et de sa chute, non ?
-Ouais, mais ya un truc dont elle se souvient pas. Tu te souviens, quand on l’a trouvée à moitié cassée avec sa fée en pleurs à ses côté, tu m’as demandé de sonder son esprit en menaçant la fée de tuer sa dresseuse si elle intervenait ?
-Ouaip, et ?
-Ben cette fille, elle a un copain. Et ils sont venus sur cette île ensemble. En amoureux quoi.
-Berk. Je parie qu’ils sont aussi gnangnan et inutiles l’un que l’autre… Et donc tu penses qu’en l’oubliant elle est devenue plus forte ?
-Ben en tout cas, ça lui fait une source de souci en moins ! T’imagines si en utilisant ses pouvoirs, elle avait guidé son chéri jusqu’à notre cabane ? Tu l’aurais buté, comme tu l’avais annoncé, et vu son caractère, je te dis pas le déchet qu’on aurait eu sur les bras…
-Ouais… Cette amnésie est arrivée à point nommé, pour elle comme pour nous. Un poil trop parfait d’ailleurs… Ce serait la faute à cette fleur suicide ?
-Nan, ça c’est sûr que non. C’est la chatte psychique qui a effacé les souvenirs de sa dresseuse. Elle se souvient plus de rien concernant son fiancé !
-Elle aimait pas ce type ? La chatte je veux dire.
-Je crois qu’elle lui en veut de pas être intervenu, de pas avoir été avec elle. Et surtout, je crois qu’elle s’en veut à elle-même de pas avoir protégé sa dresseuse, mais comme elle est bien trop fière pour l’admettre, elle a rejeté la faute sur ce garçon.
-Je vois… Et on peut faire ça avec des pouvoirs psy ? Toi par exemple ?
-Non, moi je pourrais pas faire ça. Pas encore. Mais cette chatte était plus puissante que moi et surtout, elle avait quarante-huit heures devant elle. Avec ça, elle a largement eu le temps de passer les souvenirs de sa dresseuse à la moulinette.
-Et on l’a laissée faire ?
-Je l’ai vue faire, mais j’avais pas assez de pouvoir pour l’arrêter, même si je l’avais voulu.
-Pas toi, sa Kirlia. Elle me semblait être plutôt douée pourtant…
-Oui, elle n’était pas d’accord avec la manière de faire de la chatte. Mais cette dernière l’a convaincue avec un dernier argument.
-Et c’est ?
-Que Violette passait bien trop de temps avec son copain au point de négliger son entrainement et que cela a failli lui couter la vie. Du coup la fée a accepté que les souvenirs soient dissimulés. Temporairement, le temps qu’elle s’améliore.
-C’est pas irréversible ?
-Non. N’importe quel lieur ou Pokémon psy doué peut briser son enchantement. Le simple fait de mentionner le nom de ce garçon devrait rappeler des choses à Violette même si cela restera très flou pour elle. Cette chatte est peut-être plus forte que moi mais ce n’est pas encore une experte.
-Donc si j’allais la voir et que je lui parlais de son copain en insistant, elle finirait par se souvenir de lui ?
-Probablement, oui.
-Et selon toi, le fait que son homme lui ai fait perdre de vue l’entraînement, ça se justifie ?
-D’après ce que j’ai lu dans ses souvenirs… L’acte de la chatte était dicté par la colère , mais je pense qu’il y a quand même un fond de vérité là-dessous. Sans lui, elle aurait moins voyagé et se serait plus concentrée sur l’entraînement. Et avec de plus grand pouvoir, elle aurait probablement pu résister à cette injonction de sauter… Mais tout dépend de la nature de l’injonction…
-Je vois. De toute façon, on lui dira rien. Ce mec peut se suicider de désespoir parce que sa nana est partie, je m’en fous complètement ! Je suis médecin, je répare les corps, pas les couples !
-Je m’y attendais, admit l’œuf, c’est pour ça que j’ai pas abordé le sujet avec Violette.
-Tu as bien fait. Bon, et si on allait voir cette fameuse fleur avant de partir ?
-… C’est toi le patron…
-En tout cas, ça a l’air vachement intéressant les pouvoirs psychiques… Faudra que je creuse la question… »

***

« Alors c’est ça la fameuse fleur du suicide ? Bon bah on va vérifier !
-Vérifier quoi ?
-Si c’est ce truc qui a donné des ailes à Violette avant de la regarder s’écraser en contrebas. Donc je vais aller respirer son parfum de très près, comme elle et toi si je bouge, tu vas utiliser tes pouvoirs psy pour m’immobiliser jusqu’à ce que je retrouve mes esprits, vu ?
-Ok. »

Belial s’approcha de la plante jusqu’à la toucher avec ses doigts. Puis elle passa la tête au-dessus du bulbe central, d’où provenait le doux parfum. Elle ne sentit aucun changement…

« Ca va chef ? Demanda l’œuf.
-Parfaitement bien. Pas la peine d’utiliser tes pouvoirs, je ne sauterai pas dans le vide de sitôt.
-Ah…
-Trois possibilités : ou bien Violette est accompagnée par un Pokémon particulièrement sadique, ce qui m’étonnerait, d’habitude je les repère vite ces créatures. Ou bien nous n’avons pas le même métabolisme et réagissons différemment au contact de cette plante.
-Et la troisième possibilité ?
-C’est tout à fait autre chose qui a poussé Violette à sauter. Mais dans le doute… »

Un horrible sourire éclaira le visage de Belial qui éclata de rire en mettant le feu à la plantes. Les flammes commençaient déjà à se propager à la végétation voisine.

« On sait jamais, expliqua-t-elle, ya peut-être un grand risque à laisser cette plante ici ;.. Ce qui fait de mon action une bonne action, non ? » Demanda-t-elle ironiquement.

Ce à quoi l’œuf répondit simplement d’un ton enjoué :

« Rock’n’roll ! »