[ Clos ] Nuage Noir [Peter]

[Eeva Slanzar]

Après leur opération, tant était que si la présence d’Eeva avait compté, elle avait sauté sur son Nostenfer et l’avait dirigé tout droit vers Flamen, sans un regard en arrière. Retourner dans le Désert, dans le fond, ne lui faisait pas tellement plaisir. Sans parler d’appréhension, la Championne n’était pas tellement tranquille. Alors que les côtes de Nalcia disparaissaient, laissant place à l’océan, Eeva ne pouvait que se souvenir de sa dernière confrontation avec le Volcanion. Comme elle n’avait plus reçu de nouvelle depuis le temps, elle en déduisait que la situation n’avait pas changée. Elle espérait seulement que le nid de ce nouveau Pokémon, dont elle partait à la recherche, ne se trouvait pas trop près du Parc Safari… Et que le Volcanion n’ait pas bougé de place. Le temps fila vite, mais Eeva resta silencieuse un bon bout de chemin. De toute façon, à la vitesse de son Nostenfer, il n’était pas vraiment possible de discuter. Elle n’avait aucune envie de reparler de son départ précipité pour Flamen, quelques temps avant, mais à un moment, elle songea qu’elle serait peut-être obligée de le faire. En effet, Peter savait très bien  qu’elle s’y était rendue et que c’était probablement là qu’elle avait trouvé Zero. Mais rien de ce qu’elle avait raconté n’avait expliqué les larges brûlures qu’il avait pu voir dans son dos.

Oui, mais… Il était hors de question de se mettre en danger et alors, elle serait bien obligée de donner quelques explications. Peter n’était pas idiot, il allait vite comprendre déjà, qu’en filant tout droit sans hésiter ni même chercher ou vérifier sa route, qu’Eeva connaissait bien la route. Cela ne signifiait qu’une chose, elle connaissait le chemin. Trois milles six cents kilomètres séparaient le Désert de Lamakan du Sanctuaire du Vent, le voyage allait être long… Dictame pouvait voler à une vitesse vertigineuse, d’autant plus qu’il était un habitué des voyages longues distances, mais c’était peut-être un peu moins le cas de la monture de Peter et Dictame devait s’adapter. Il n’y avait rien de très surprenant, ses dragons étaient tous des Pokémon d’Arène et la vitesse de vol ou l’endurance de vol longues à très longues distance ne faisait pas forcément partie de leurs priorités. Eeva elle, avait capturé Dictame par erreur, mai forcée de le garder, elle s’était ensuite rendu compte de son potentiel. En tant que chauve-souris, son vol était incroyablement économique. Avec ses quatre paires d’ailes, il pouvait soutenir des heures de vol sans broncher et accélérer sa vitesse. Eeva pouvait donc se rendre d’un point A à un point B en un temps record. Et puis, il avait de l’entraînement maintenant.

Mais après de longues heures à ne voir que l’océan sous eux, les côtes Flamenoises se dessinèrent enfin, une protubérance lui indiquant que le Pic de l’Espoir se profilait devant eux. Eeva dirigea légèrement le vol de Dictame un peu plus au Nord. Une langue de terre séparait Lamakan du Parc, notamment par une bande montagneuse, mais elle préférait prendre des distances respectueuses. L’odeur de la chaleur l’envahit soudainement, avec celle du sable, effaçant les embruns. Il était inutile de voler plus loin, la suite se passerait au sol. Dictame amorça sa descente et la rousse se tourna vers Peter.

Dictame contrôla d’une aile experte son demi-tour pour permettre à Eeva de sauter à terre, avant de se laisser atterrir, soulevant un nuage de sable.

« Ho ! » Murmura Eeva en reculant pour éviter les projections et se protégeant le visage du sable. Elle décrocha la Pokéball de Dictame et l’y rappela, lui permettant de se reposer après ce long voyage.

« Bon voilà… D’après mes collègues, un... Ptéra terrestre, appelons-le comme ça, a été aperçu dans le désert à l’état sauvage. Évidemment, ne t’attends pas à ce que nous aiyons un point de départ… A part dépoussiérer des vieux bouquins en tremblotant, la plupart des gens avec qui je travaille, ne servent pas à grand-chose, on va devoir retrouver sa piste tout seuls.

Il se pourrait que ce spécimen soit un dragon, il semble en avoir les caractéristique, ou bien quelque chose comme un affilié aux dragons, ou encore un truc comme un Tyranocif ou un Dragmara. Il y en a pas mal sur la Banquise. »

Balayant l’horizon aride du regard. Ils n’étaient pas prêts de sortir de ce désert… Mais s’il y avait un dinosaure de bonne taille dans les environs, ils devraient en trouver les traces. Passant une main en visière, Eeva défit une anse de son sac à dos et en sortit un long tissu beige, dont elle s’enroula, recouvrant son corps, pour se protéger de la morsure du soleil.

« Wyrd nous sera peut-être utile ici. Sunagon et Neltharion aussi. »

Elle attrapa alors la balle de la nymphe et fit sortir l’étrange cocon. Le sable parfaitement meuble lui permettrait de se déplacer sans effort et surtout, elle n’aurait pas besoin de le porter. Eeva se tourna vers Peter.



[Et nous revoilà, dans la voiture !]

[Peter]

Peter avait tout juste eu le temps de faire partir la sphère de Sintharia chez lui, la confiant à un moine du Sanctuaire du Vent... Et déjà, il était parti à la suite d'Eeva, dont l'humeur semblait avoir changé du tout au tout. Elle qui d'habitude était plutôt enthousiaste en ce qui concernait le travail du Dragonnier... Elle était désormais impatiente, pressée et à la limite du désagréable. Peter avait passé l'âge de croire que les femmes obéissaient uniquement à leurs hormones, aussi était-il particulièrement inquiet devant ce revirement brutal. La Mizuhanienne n'avait jamais été un modèle de bienveillance ou de gentillesse, mais elle avait un minimum de vernis et elle ne s'était jamais comportée de la sorte, même quand elle avait quitté le domaine du Nalcien sans prévenir. Cette fois, c'était différent, et cela ne lui plaisait pas du tout. Malheureusement, plus le temps avançait, plus il sentait que la situation lui échappait, et il était persuadé que cette épée de malheur n'y était pas pour rien.

Néanmoins, il suivit l'allure sans desserrer les dents, laissant à Kairyuu le loisir de donner la pleine mesure de ses capacités de vol. On disait des Dracolosse qu'ils étaient capables de faire le tour du monde en moins d'une journée, et le sien rendait honneur à la légende, étirant ses ailes ordinairement petites en projetant leur ombre sur les flots. Parfois, il s'approchait si près de la surface que l'humain pouvait distinguer des créatures plus ou moins grosses évoluant à quelques mètres de profondeur, et il fut même salué par un Draco qui jaillit hors de l'eau en passant tout près de sa tête. Quelque chose au fond de lui remua, et il se laissa envahir par cette sensation, la laissant remplacer celle, affreuse, de laisser filer Eeva vers un horizon des plus sombres.

Alors que la douce nostalgie s'estompait peu à peu, Peter leva les yeux vers la chevelure rousse qui claquait au vent, et une pointe de douleur lancinante lui traversa la poitrine. Sous ses jambes, Kairyuu émit un cri plaintif, touché lui aussi, partageant avec son maître jusqu'à ses angoisses les plus profondes. Le Champion du Temple lui murmura en nalcien :

« Pardon, je n'y pensais plus. »

Dernièrement, le Nalcien était tellement obnubilé par la tournure que prenait le parcours d'Eeva qu'il en négligeait l'impact de sa psyché sur celle de ses Pokémon. Lorsqu'ils descendirent enfin de leurs montures respectives et que la rousse lui suggéra de faire sortir Sunagon et Neltharion, il ne réfléchit pas plus de quelques secondes avant de répliquer :

« Neltharion pourrait être utile, mais je préfère le ménager. L'endroit est rude, je voudrais éviter le moindre risque de rechute. »

Le ton était assuré et rien ne laissait à penser que la véritable raison n'était pas là. Pour le moment, cela convenait à Peter, qui rappela le Dracolosse après une tape amicale sur l'épaule. Il libéra Sunagon, qui fit une pirouette aérienne avec une mine ravie, puis Sakeriba, qui étira ses ailes avec un sourire carnassier.

« Sakeriba, on cherche un Pokémon qui te ressemble, mais qui ne vole pas, avec une aura évoquant la nôtre. Je te laisse quadriller les environs, et si tu tombes sur une créature agonisante, fais-toi plaisir. Par contre, interdiction de t'en prendre à un Pokémon en bonne santé, et préviens-moi si tu trouves ce qu'on cherche. »

Contrariée par les consignes de son maître, la Ptéra fit claquer sa mâchoire dans le vide en agitant sa queue en pointe, mais se raccrocha à ce qu'elle pourrait peut-être manger et décolla, intéressée par cette bête que Peter voulait. Sunagon, elle, voletait autour du Nalcien, virevoltant dans l'air lourd et chargé de sable comme un Poissirène dans l'eau.

« Je sais que tu es contente de revenir ici. Tu as entendu, pas vrai ? Puisque tu connais bien les lieux, tu peux nous guider et nous éviter de nous faire piéger ? »

Dans un vrombissement léger et harmonieux, la Voix du Désert s'éleva, décrivant des cercles au-dessus du couple pour se repérer. Elle redescendit finalement en hochant la tête. Peter ignorait comment, mais elle savait exactement où ils étaient, même après tout ce temps passé loin de son désert natal. Décidant qu'il fallait bien commencer quelque part, le Dragonnier posa une main au sol et projeta ses sens aux alentours, tandis que son aura repoussait le sable autour de lui pour qu'il ne soit pas gêné dans ses investigations. Il se heurta d'abord à des créatures qui n'avaient rien en commun avec des Dragons, avant d'en trouver soudain trois, plusieurs minutes après. Les deux premières semblaient fuir la troisième... Satisfait, il échangea un regard avec Sunagon, puis sauta sur son dos.

« Par là. »

Sans plus attendre, la libellule fila dans la direction désignée par son maître, qui assista à une drôle de course-poursuite depuis les airs une fois sur place : deux Vibraninf visiblement éreintés teintaient d'échapper à un troisième Pokémon doté d'une impressionnante mâchoire, qu'il s'amusait à faire claquer tout près de ses cibles. Marron et blanc, avec quelques pointes d'orange, il ressemblait à un petit saurien énervé à qui on refuserait de céder à son caprice. Il était court sur pattes, mais c'était une teigne : les créatures peinaient à voler et semblaient sur le point de s'évanouir. Depuis combien de temps leur courait-il après ? Les connaissait-il ? De toute manière, le Dragon Master était persuadé d'avoir trouvé ce qu'il cherchait.

« Je crois que ça correspond bien à la définition d'un « Ptéra terrestre », mais j'ai hâte de voir la tête de Sakeriba quand elle verra ça. »

[Pitié, tuez-moi, j'en peux plus de ce p*tain de désert xD]

[Eeva Slanzar]

Peter fit sortir ses Pokémon, mais elle n’apprécia pas de voir Sakeriba. Cette sale bête prenait un malin plaisir à tuer tout ce qui pouvait bouger, y compris ses précieux spécimens qu’elle ne distinguerait pas d’une carcasse. En somme, elle était tout à fait capable de faire capoter son expédition. Mais la rouquine ne dit mot et préféra se détourner pour aller vers Wyrd. La nymphe avait un potentiel extraordinaire et déjà, elle s’enfonçait dans le sable où elle se déplacerait plus vite. Quand elle avança, seul un léger mouvement à la surface, faisant vibrer le sable, permettait de la repérer. Étant donné la taille que devait avoir le spécimen, Wyrd devrait sentir les vibrations à bonne distance. Eeva s’apprêtait à faire ce qu’elle aimait le mieux : se lancer dans la chasse au trésor. L’aventure de la recherche, plus que la trouvaille, la remplissait d’adrénaline, d’envie, de sentiment de liberté et de bonheur. Même si son trésor, pour aujourd’hui, n’était qu’un Pokémon.

Mais c’était sans compter sur Peter. En moins de temps qu’il ne lui en fallut pour dire ‘trésor’, qui lui gâcha tout son plaisir. Non content d’empêcher Eeva de faire son travail de la manière ont elle aimait le faire, il allait, en plus, lui faire rater son observation. Comme il s’éloignait déjà sur le dos de Sunagon, Eeva lui jeta un regard noir et lui emboita le pas, sortant d’un mouvement leste son Nostenfer. En quelques secondes elle le rattrapa et avisa la bête juste en dessous, qui en pourchassait deux autres.

« Il est absolument hors de question d’interagir avec ce spécimen. » [color=black] Lâcha froidement Eeva. « Il s’agit d’observation scientifique, pas de jouer avec des Pokémon. »

Eeva fit prendre de l’altitude à Dictame et repéra à peine plus loin une étrange tour. En se rapprochant, elle lui sembla vide et fit atterrir le Nostenfer au sommet. Ne s‘intéressant pas aux escaliers qui devaient mener à l’intérieur, elle bondit sur les remparts et enleva une anse de son sac à dos, qu’elle fit glisser au sol. Avec sa djellabah de même couleur que les pierres et le sable, Eeva se démarquait à peine du décor. Elle s’installa ensuite sur le rempart, aussi confortablement que possible et sortit de son sac plusieurs choses. Un compas, l’un de ses carnets, un crayon… Et une joli petite longue vue téléscopique. Elle avait une vue plongeante sur le spécimen, qui semblait prendre un grand plaisir à malmener les deux Vibraninf. Le spécimen cependant, n’était pas très gros. Il était beaucoup plus petit qu’un Ptéra et avait les traits grossiers qu’avaient toutes les jeunes créatures de son genre. Ce spécimen devait là devait être un juvénile, ce qui signifiait qu’ils avaient intérêt à être très prudents : Maman ne devait pas être très loin.

Oubliant tout le reste, Eeva, l’œil dans la lorgnette, observait attentivement la bête. Plus que son allure générale, son caractère, sa façon de se déplacer, d’utiliser ses mâchoires, ses courtes griffes… Elle se servait de sa queue épaisse comme balancier. Eeva mourrait de chaud, en à peine quelques minutes, mais elle serra les dents et resta immobile, les yeux rivés sur le Pokémon. Il était pataud, moyennement rapide, mais compensait par la puissance de sa mâchoire : il venait d’attraper l’un des Vibraninf, chassant l’un d’un coup de mâchoire sur un côté, puis tournant la tête pour saisir l’autre au vol, qui ne s’était probablement pas attendu à ce qu’il change d’avis. De son perchoir, Eeva ne pouvait pas entendre, mais elle imagina sans mal le craquement de la chitine du fourmilion, alors qu’une de ses ailes, arrachée du reste, tombait au sol.

« Merveilleux ! » Marmonna la rouquine pour elle-même, il avait essuyé sans broncher la riposte et se régalait de sa proie.

Couchant sur le papier un nouveau croquis. Elle avait hâte que le ou les parents du Pokémon arrivent… Comme ils étaient là pour un moment, elle allait pouvoir observer toute une palette de comportements, outre celui de la chasse, elle voulait surtout voir le comportement parental avec le petit et entre les deux parents. Et avec un peu de chance, si un autre Pokémon sauvage empiétait sur leur territoire (en avait-il un d’ailleurs ? Défendaient-ils les limites où étaient-ils nomades ?). Une foule d’autres questions se bousculèrent ans son esprit, vivaient-ils en groupe familiaux, ou bien solitaires. Les deux parents élevaient-ils leur petit ? Son crayon tremblait presque, tandis qu’elle le laissa tomber brusquement, pour replonger dans la contemplation de son beau spécimen, à travers la lorgnette.

[Le glaçon c'est l'avenir ! ]

[Peter]

Si Peter était ravi de sa trouvaille, Eeva, elle, semblait lui en vouloir, pour une raison qui lui échappait. Décidément, il la comprenait de moins en moins ! Elle aurait dû être contente d'avoir économisé des heures de fouilles et de recherches par ce Soleil de plomb, non ? Au lieu de ça, elle lui faisait la gueule ! Cette fois, ce fut à son tour d'être agacé. Alors qu'il s'élevait dans les cieux avec Sunagon, la rousse lui adressa une menace à peine voilée. Le Dragon Master sentit une colère sourde enfler en lui, et il fit décrocher sa monture, à la fois pour laisser le champ libre à la Mizuhanienne et pour éviter de sortir de ses gonds devant elle. Pour lui, elle partait déjà à la dérive, inutile de lui hurler dessus pour finir. Ce n'était pas ainsi qu'il concevait une relation avec quelqu'un, et il avait trop de respect pour les femmes pour en venir aux mains. Et puis, elle était persuadée d'être dans son bon droit, s'engager dans une dispute au sujet du Pokémon reviendrait à lancer un dialogue de sourds. Les dents serrées, il s'éloigna, tandis que le rythme cardiaque de sa Libégon s'accélérait brusquement, en écho au sien.

En-dessous, loin de se douter qu'il était l'objet d'un courroux latent entre les humains, le petit dinosaure avait mis la main - enfin la mâchoire - sur l'une de ses proies, qu'il priva d'une aile dans un craquement sinistre. Le Nalcien ne s'en émut pas outre-mesure, d'une part parce qu'il était déjà trop occupé à contenir sa colère, et d'autre part parce que la chasse, fût-elle entre Dragons, faisait partie d'un processus naturel. Si ces Vibraninf n'étaient pas assez forts pour survivre en plein désert, leur habitat d'origine, alors ils devaient servir aux autres Pokémon du coin à se renforcer. Sous ses jambes, Sunagon se tendit, alors qu'elle assistait, impuissante, au massacre de deux de ses congénères, mais elle n'esquissa aucun geste pour aller les aider. Elle avait beau compatir, elle savait que c'était la loi du plus fort.

« Je suis désolé pour eux. »

Reconnaissante envers Peter pour son attention à son égard, la Voix du Désert bifurqua néanmoins pour se détourner du spectacle. Le Champion du Temple constata alors qu'Eeva s'était juchée au sommet d'une espèce de tour bizarre et qu'installée dans sa nouvelle planque, elle regardait ce que faisait la créature de là où elle était. Mais avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, Sakeriba débarqua de nulle part et se percha sur un énorme cactus, qui devait faire plus de six mètres de haut. Sa mine réjouie ne laissait aucun doute quant à l'intérêt qu'elle portait au spectacle macabre en contrebas, et elle eut même un rire rocailleux quand la seconde victime succomba aux crocs disproportionnés du petit saurien.

« Hé, il te fait de la concurrence là, non ? »

Le ptérodactyle tourna la tête vers Peter et lui répondit, via son aura, que c'était « comme au bon vieux temps ». L'homme aux cheveux acajou ne comprit pas tout de suite où elle voulait en venir, avant de tilter. Sakeriba était une créature âgée de plusieurs centaines de milliers d'années qui était restée en sommeil pendant longtemps, comme bon nombre des Pokémon qu'on nommait « fossiles ». Sa réaction signifiait, selon toute vraisemblance, que l'animal qui mâchouillait consciencieusement sa proie venait de la même époque qu'elle.

« Sakeriba me dit que c'est un Pokémon antique... Et que son évolution est vraiment le modèle au-dessus niveau taille, masse et puissance de mâchoire. »

Comme pour appuyer son propos, deux créatures qui avaient tout l'air de la version améliorée du petit débarquèrent comme des furies, fonçant non pas vers Peter, toujours juché sur Sunagon... Mais vers le perchoir d'Eeva, particulièrement furibonds. Malgré l'absence d'ailes, ils étaient entourés d'une atmosphère régalienne qui signait leur appartenance aux nobles Dragons. Mais curieusement, ils étaient focalisés sur la présence de la rouquine, et pas sur celui que le Champion imaginait être leur petit. Soit ils estimaient que Peter ne constituait pas une menace (parce que trop petit, accompagné d'un Pokémon du coin ou tout simplement assimilé à un Dragon), soit ils considéraient que leur territoire avait été violé et qu'ils devaient déloger l'intruse avant toute chose. Qu'ils aient la première ou la seconde option en tête, ou même une autre à laquelle le Nalcien n'avait pas pensé, ils commencèrent à charger la tour. Le premier balança une Draco-Queue qui ébranla la structure, tandis que le second prenait son élan pour envoyer un Fracass'Tête sur le bâtiment.

« Par Rayquaza, quelle puissance ! »

D'abord émerveillé par la démonstration des deux êtres, le Dragonnier s'interrogea ensuite. Comment de tels Pokémon avaient-ils pu passer inaperçus auparavant ? Faisaient-ils partie des espèces apparues après la Catastrophe de Mewtwo ? Y avait-il eu un phénomène climatique particulier qui aurait pu ressusciter ces êtres monstrueux ? Pour l'heure, en tout cas, ils étaient absorbés par leur tâche, et Peter ne put s'empêcher de lâcher, en guise de revanche :

« Je crois que les parents de ton spécimen veulent faire connaissance avec toi, je te laisse travailler et les observer à loisir, je ne voudrais pas te gêner... »

Bien évidemment, si Eeva se retrouvait en danger et incapable de se défendre, il irait l'aider, mais c'était une grande fille parfaitement capable de s'en sortir sans lui, et il savait qu'elle en était consciente et qu'il était au courant de cela. Il n'était plus forcément prêt à exploser, mais la colère qu'il avait ressentie un peu plus tôt s'était changée en quelque chose de plus... Subtil, voire mesquin. Surprise par les propos de son maître, Sunagon le regarda en biais, avant de laisser échapper un bruit bizarre qui ressemblait à un rire étouffé. Sakeriba, elle, siffla ostensiblement, commentant d'un « ooooh téma la punchline ! » seulement audible du Dragonnier la réplique que ce dernier venait de balancer.

[Sakeriba, racaille de la téci, représente wesh ! xDDD]

[Eeva Slanzar]

Oubliant totalement Peter, Eeva avait l’œil rivé sur le jeune spécimen. Sa férocité, la structure de son corps, n’était pas sans lui rappeler certains Pokémon. Les Ptéra bien sûr, mais il avait aussi quelque chose de commun avec la famille Amagara ou encore Dinoclier. Ils semblaient fait sur le même modèle, simples, assez grossiers, l’allure quelques peu primitive. Cette réflexion la fit tiquer. Il y en avait quelques autres sur la liste des Pokémon primitifs, elle ne les avait pas tous en tête, mais elle griffonna une note dans un coin de page. C’était une idée qu’elle ne voulait surtout pas oublier ce qui pouvait être une pite intéressante ? Si c’était le cas et si elle ne se trompait pas, ou plutôt, i elle tombait juste, une différence néanmoins subtile, il devrait être possible de trouver des fossiles par ici… Eeva en était ravie, cela signifiait organiser une nouvelle expédition, d’organiser des fouilles… Si c’était le cas, elle espérait en faire partie !

Entièrement absorbée par son travail, il se passa un long moment où elle observa, avant de poser sa lorgnette sur le rempart et de reporter des notes sur son carnet. En peu de temps, elle avait noircies plusieurs pages. Allant jusqu’au bout de son idée, elle ne releva pas le nez de ses pages. Ce n’est que lorsqu’elle voulu vérifier un détail, qu’elle en remarqua un autre. Sa lorgnette tremblait. Cessant d’écrire, ses yeux bleus fixaient à présent l’objet, qui semblait animé d’une vie et tressautait à intervalles réguliers. Eeva plissa les yeux, tout en sentant que ce n’était pas très bon signe. Sans trop bouger, avec des mouvements prudents, elle balaya la zone du regard devant elle mais ne vit rien. Par prudence, elle fit glisser ses affaires dans son sac qu’elle attrapa rapidement et tandis qu’elle le bouclait, un rugissement assourdissant et relativement aigue la saisit. Venant de derrière, deux Pokémon de taille impressionnante arrivaient droit vers elle. Son carnet et son crayon encore dans la main, Eeva exécuta un croquis à la vitesse de l’éclair. Il était hors de question de perdre une occasion pareille ! Comme ils se rapprochaient dangereusement, elle jeta son calepin dans son sac et chercha Dictame des  yeux.

Une chose était certaine, ils avaient un odorat formidable pour l’avoir repérée malgré son habit et d’aussi loin : les deux sauriens n’étaient pas visibles quand ils étaient arrivés. Ils avaient aussi l’air contrarié, elle avait dû approcher un nid de trop près, bien qu’il ne soit, lui aussi, pas visible ! Son geste mourut avant de finir. Wyrd était toujours en bas ! Renonçant à appeler la chauve-souris, Eeva, avec son hésitation, fut contrainte d’éviter la queue de la bête, qui était, à n’en pas douter, une attaque draconique. Le voile était levé. Ce faisant, elle se mit en difficulté en se plaçant involontairement devant le deuxième, qui lui préparait un coup de tête monumental, pendant que son compagnon entreprenait de détruire la tour, de manière très consciencieuse. L’observation étant compromise, mais ayant eu tout de même assez d’éléments satisfaisants (dont certains qu’elle vérifiait de par elle-même), il n’était plus temps de traîner ici. Mais aucun de ses Pokémon ne pouvaient rivaliser avec les deux carnivores, pas sans se mettre gravement en danger, et, en désespoir de cause, elle érigea un bouclier d’eau qui vola en éclat si tôt que la tête de la créature entra en contact avec.

Puis… Une inspiration. Machinalement, un vieux souvenir oublié, un réflexe évanoui depuis pas mal d’année refit surface en un éclair : Eeva saisit le sabre qu’elle avait l’habitude de porter. Rapide et agile, sous l’emprise de l’adrénaline, elle para les énormes crocs du monstre avec son sabre. Pendant un instant, Eeva ne comprit pas très bien. Elle battit des cils, avant de se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de son sabre (en effet, il reposait sous la banquise depuis quelques années), mais le Monorpale qu’elle avait saisit, alors qu’il se trouvait dans sa Pokéball juste avant… Cela n’avait aucune importance. Le Monorpale tira Eeva de sa posture dangereuse, e effectuant une Danse-lame, entraînant Eeva avec lui. Pour Eeva, la sensation était très étrange. Le Monorpale combattait seul sans elle, qu’il n’utilisait éventuellement que comme un transport. Dans tous les cas il lui évita un coup de mâchoire qui lui aurait arraché le bras, au bas mot.

Un éboulement ébranla la tour, Eeva sentit des ondes se propager et vit avec surprise quelque chose fuser rageusement du sol à grande vitesse : elle eut à peine le temps de voir Wyrd aller volontairement se fracasser contre le tyrannosaure. La nymphe fit reculer celui qui venait d’essayer de mordre Eeva, mais le deuxième la saisit et d’un mouvement latéral, la jeta au sol de la tour, avant de se tourner vers elle. Le deuxième dinosaure amorçait un léger mouvement de recul. Eeva n’avait pas besoin d’en savoir plus sur eux, il allait la dévorer. De sa main libre, elle rappela Wyrd, mais  son mouvement fut précipité, car le Monorpale entraîna la rousse avec force. Il se jeta de front contre le grand mâle et le percuta avec tant de violence qu’il tomba sur le côté, s’écrasa dans le sable au pied de sa compagne, sans se relever. Celle-ci profita de sa proximité pour essayer d’attraper Eeva. La Championne se retira presque trop tard, l’un des crocs entama son bras, mais sans parvenir à l’accrocher. Une chance… Eeva vit avec précision les longs crocs recourbés en arrière… Aucune chance de se sortir de ça. La garde du Monorpale s’illumina et alla frapper violemment la tête de la bête qui recula de plusieurs mètres.

Profitant de ce moment, Dictame, plongea vers Eeva en poussant un cri aigu. Prévenue de sa présence, elle eut à peine à tourner la tête pour se lancer sur le rempart de la tête, le tyrannosaure chargeant à nouveau droit sur elle, t saisit la lanière qui pendait de la selle. Avec un effort intense, elle tenta de l’enrouler autour de sa main libre, sans succès. Le Monorpale enroula alors ses rubans autour de sa taille, lui permettant ainsi de se hisser en libérant son autre main. En bas, le Pokémon se fracassait dans la tour, la réduisant à une ruine. Dictame n’attendit ni son reste, ni un ordre pour l’éloigner de cette partie du désert de Lamakan, les entraînant plus loin. Par chance, si on voulait, ou par hasard, couchée sur sa monture, Eeva aperçu un mouvement un peu plus loin. Un autre de ces monstres se battait contre un Métalosse et n’avait pas vraiment l’air d’avoir l’avantage. Tremblante, surtout par sa blessure au bras qui suintait, Eeva avait encore la force d’essayer de déterminer le ou les types de ce Pokémon. Quelque peu inquiet, Dictame entama une descente (à distance respectueuse du combat). Il ne tenait pas à perdre Eeva en vol, comme cela avait déjà faillit se produire par le passé.

Eeva manqua sa réception, mais ne tarda pas à se relever, en position assise. Un long cri retentit, suivit d’un léger tremblement de terre. Eeva s’assura d’avoir toutes ses Pokéball et rappela le Monorpale qu’elle remercia avec chaleur. Ce qui était sûr, c’est qu’elle avait eu le temps d’avoir des observations et des prises de vues uniques et intéressantes. D’un regard en arrière, elle chercha Peter du regard. Ne pas s’interposer entre un danger et elle ne lui ressemblait pas, elle ne put s’empêcher de penser d’ailleurs, qu’il ne s’était pas gêner quand il s’était s’agit du Monorpale, mais qu’il n’avait pas bougé le petit doigt, dès que cela avait été non pas un, mais deux dragons furieux. Pour autant, le Monorpale avait été bien moins dangereux. Heureusement pour lui, elle avait été trop absorbée pour entendre ses sarcasmes… Il se serait sentit bien mal, pensa t-elle, si elle n’y avait pas survécu… Cela aurait été ses dernières paroles pour elle… Il pouvait remercier le Monorpale. Pur l’instant, elle allait le garder dans sa Pokéball, le combat avait été très bref, fugace, mais extrêmement violent.

Se repassant l’action au ralentit, elle eu un doute. Le Monorpale avait-il attendu ou su, d’une quelconque manière, que Wyrd allait se jeter sur le monstre et perdre connaissance ? Si c’était le cas, il était très intelligent, vu la violence de l’impact il n’avait pas utilisé une technique ordinaire. C’en était même une qu’elle n’avait jamais vu jusqu’à présent. Elle l’avait sentit galvanisée par le sacrifice de Wyrd. Un autre doute l’assaillit. Elle se montrait toujours prudente dans ses expéditions, comment avait-elle pu commettre ce qu’elle jugeait comme une erreur de débutant ?

[Peter]

La plaisanterie de Peter retomba comme un soufflé lorsque ce dernier comprit qu'Eeva n'était pas en mesure de se défendre contre ça. Lui qui n'avait jamais sous-estimé les Dragons, il était pourtant persuadé qu'elle était de taille à les affronter... Elle était Championne, quand même. Mais il dut se rendre à l'évidence : la rousse avait beaucoup de mal à lutter, malgré le courage de Wyrd et de l'épée. Fronçant les sourcils quand elle manqua de se faire arracher le bras, il gronda à Sunagon :

« Descends. »

Appelant sa Ptéra par le biais de leur Lien, il n'attendit pas d'être tout à fait à portée du sol pour se jeter de sa monture, laissant une énorme empreinte ressemblant à celle d'une créature monstrueuse dans le sable brûlant. Grandi par son aura, qui pulsait autour de lui, le Dragon Master rugit comme une bête sauvage, attirant l'attention des deux créatures sur lui. La femelle hésita, faisant un pas en arrière dans un mouvement de recul, intimidée par le deux-pattes qui irradiait d'une puissance dépassant son corps actuel, mais le mâle, dans un élan protecteur, s'élança contre lui, et il fut reçu par un Dracosouffle qui le cloua sur place. Peter avait décidé d'être sérieux, et s'il était très surpris de voir sa compagne désarmée, comme étrangère à elle-même, il était également furieux de s'être laissé aller à penser qu'elle s'en sortirait seule.

« Tu protèges ta compagne, je protège la mienne, alors amène-toi ! »

Le dinosaure s'ébroua et le mit au défi, tandis que deux ondes draconiques se heurtaient avec fracas. Sakeriba se laissa soudain tomber sur la femelle restée en retrait et la mordit violemment, les crocs couverts de givre, et elle hurla de douleur, tandis que le mâle se tournait vers elle pour voler à son secours. Mais le Nalcien bondit et s'interposa, le visage déformé par quelque chose d'animal qu'il avait hérité de ses Dragons.

« Non, chacun son adversaire. Ne la déshonore pas en intervenant. »

Ses mots étaient amplifiés et comme passés à travers un filtre qui les rendait incompréhensibles pour un non-initié aux pouvoirs du Lieur, mais le saurien les entendit parfaitement et hocha la tête. Le Champion du Temple voyait bien qu'il peinait à contenir sa rage, mais il savait aussi que son adversaire ne pouvait pas mener deux combats à la fois. Sunagon, elle, s'était approchée d'Eeva pour s'enquérir de son état et faire barrage à un éventuel autre spécimen présent dans le coin.

Peter et la bête se livraient un combat acharné, créant un vide de plus en plus conséquent autour d'eux. Même le petit Dragon qui avait fini de mâcher son repas s'était immobilisé, regardant son père se battre avec des étoiles dans les yeux. Mais à mesure que le Dragonnier et le Dragon échangeaient des coups, il laissa de plus en plus souvent son regard s'attarder sur le drôle de machin à deux pattes qui lui tenait tête. Il était si petit à côté ! Comment faisait-il ? Soudain, une sorte de pause surréaliste interrompit le duel, tandis que les deux belligérants préparaient leur ultime assaut. Le ciel s'assombrit au-dessus d'eux, et il se déchira lorsqu'une multitude de météorites d'une taille raisonnable s'abattirent sur eux. Ils avaient choisi la même attaque en guise d'acmé, donnant à leur combat une tout autre dimension. Des cratères s'ouvrirent de part et d'autre de la zone qu'ils avaient inconsciemment délimitée, et un épais nuage de sable recouvrit le périmètre. Quand il retomba, ils étaient tous les deux debout, et ils se défiaient du regard pour savoir lequel des deux céderait d'abord. Le Nalcien chancelait, mais ce fut le dinosaure qui s'effondra, rejoignant sa compagne déjà terrassée par Sakeriba. La Ptéra, qui avait posé une serre sur la vaincue, se tourna vers son maître et émit un cri bref qui sonnait comme un « bien ouèj ».

« Oui, toi aussi, même si je ne doutais pas de ta suprématie. »

Le petit Pokémon accourut vers ses parents, les renifla pour s'assurer qu'ils n'étaient pas morts... Et accourut vers Peter, se plantant devant lui en sautillant avec des bruits étranges. Le Champion du Temple ouvrit grand les yeux, regarda Eeva, puis la créature, et lâcha :

« Euh, oui ? Tes parents se sont bien battus, tu sais ? Tu pourrais le leur dire, qu'est-ce que tu en penses ? »

D'un claquement de mâchoire, la petite teigne s'exécuta, tournant autour de ses parents qui se relevaient avec peine. Les deux Dragons échangèrent un regard, avant de pousser leur petit vers le Nalcien. Leur progéniture ne se fit pas prier pour se coller à Peter, qui interrogea les deux êtres via son aura, et il éclata de rire quand il obtint un « nan mais vas-y, prends-le avec toi, il en meurt d'envie, et en plus on commence à avoir du mal à le gérer ». Tu parles d'un cadeau ! En clair, les parents indignes lui refilaient littéralement le bébé, certains qu'il en ferait quelque chose, en les débarrassant par la même occasion. Mais après tout, le Dragon Master ne disait jamais non à une nouvelle recrue, surtout quand il avait le potentiel résultat en face de lui ! Après avoir capturé la créature, il effleura le museau des parents qui s'étaient penchés vers lui, avant de se diriger vers sa compagne. Elle était salement blessée, mais elle était vivante. Au fond de lui, il s'en voulait terriblement, mais il tenta de garder un air rassurant en la prenant dans ses bras, avant de lui murmurer qu'il était désolé. Après lui avoir suggéré de quitter ce maudit désert, il rappela Sakeriba, avant de se hisser sur Sunagon, mitigé après cette rencontre pourtant extraordinaire. Quelque chose ne tournait pas rond avec Eeva, et ne pas savoir précisément quoi l'angoissait au plus haut point.

[Et voilou ! Enfin sortis de ce maudit désert x)]

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