[ Clos ] Conversations au chaud, malgré la température froide... Ft. Mako

[Invité]

Les journées s’étaient étirées sans qu’elle ne sorte de sa petite prison de bois. Loin d’être embêté par cette situation, elle y retrouve même un certain confort. Pour tout dire, même si elle ne voyait plus le paysage extérieur autre que par les fenêtres -et il est rare de l’apercevoir proche des fenêtres- elle ne s’ennuie pas des intempéries plutôt enneigées de Loukaï. Elle avait toutefois assez regardé pour avoir vu les petites maisons faites de bois qui grâce à leur apparence et à la neige actuelle, se camouflait que trop bien dans son environnement. Toutefois, elle n’avait pas perdu des heures et des heures à observer le paysage. Elle avait plutôt investi son temps dans une activité plus productive telle que l’entraînement de finesse et surtout essayé de s’habituer à son nouveau mode de vie.

Il serait allé mentir de dire qu’elle avait oublié les vieilles habitudes de survies qu’elle avait d’encrées dans la peau due à son passage dans cette Érasia détruite. Elle avait tout de même passé cinq ans de sa vie dans cet enfer désertique ou chaque journée est une épreuve de survie, où tu ignores si tu pourras vivre un autre jour à cause du manque de nourriture ou parques que tu es tué par des bandits complètement fous et cannibales. Dans cette Érasia défaite, il n’y a plus aucun espoir, les dieux étaient morts, entretuer, dans cet enfer sur terre, il n’y a que les plus forts qui survivent assez longtemps pour se vanter dès leurs exploits de mort…

Même si elle refusait de l’admettre, Willow avait aussi son propre fardeau de morts à porter. Pour survivre avec ses compagnons de route, elle avait dû tuer et manger la chair des autres, humains et Pokémons confondus… Malgré le confort du lit et la sécurité de l’endroit, elle ne réussit toujours pas à dormir sur le matelas moelleux, ainsi donc, les couvertures et l’oreiller sont par terre, sous le lit où c’est le seul endroit où elle se sent particulièrement en sécurité. Faerus et Nelvoll sont du même avis et comme preuve, Nelvoll se trouve encore sous les couvertures à ronfler joyeusement, il semble être le seul à apprécier ce temps de détente.

Assise à même le sol en tailleur devant les flammes mourantes de l’antre, observe silencieusement. Elle veut apprécier l’aide de ces étrangers, de cette Chie et de son partenaire, mais une partie d’elle se refuse d’accepter l’aide de qui que ce soit. Elle n’était plus… Elle ferme yeux et médite un peu pour essayer de calmer son esprit. *Ne me repousse pas, tu sais très bien, que je suis là pour te protéger.* Souffle une voix doucereuse au creux de son oreille. *Laisse-moi te montrer ce que nous pouvons faire.* Willow ne dit rien, mais trouve du réconfort face à ces paroles. Elle ouvre les yeux et quelque chose dans les pupilles de ses yeux semble différent. Elle tend doucement la main vers les flammes et les fait danser un peu.

Elle les plie ensuite à sa volonté, leur donnant la forme quel désir. Elle dirige ensuite l’une des flammes dans la paume de sa main et l’observe quelques secondes avant de fermer sa paume et l’éteindre. Elle l’ouvre et l’observe à nouveau. Avec beaucoup de concentration, elle réussit vaguement à créer des étincelles, mais cet exercice l’épuise rapidement. *Nous pourrions être fortes, il faut simplement s’entraîner plus, nous n’avons plus besoin de fuir comme avant…* continue la voix féminine. Au même instant, Faerus vient la rejoindre et s’installer dans son dos, pour l’entourer un peu. Il ne faisait pas froid, mais elle apprécie grandement la présence du Feurisson.

Elle attrape l’un des livres qui traînent et observe la couverture. Les lettres lui semblent encore un peu étrangères, mais les mots lui reviennent tranquillement. Elle pose ensuite les yeux sur un carnet de parchemin, observant les rares croquis qu’elle avait eu la chance de faire… Il y avait si longtemps qu’elle ne s’était pas remise à cette pratique, peut-être qu’elle pourrait se remettre à cette passion… Le livre sur les cuisses, elle s’étire finalement et jette deux bûches dans le foyer. Elle attise un peu les flammes avec sa maîtrise, avant de se concentrer à nouveau sur son livre. Elle en ouvre la couverture et essaye de lire lentement les premiers mots. « Conte… Rendu… De l’année 213… »

Les autres livres ont tous les mêmes titres, mais les dates sont différentes et remontent jusqu’à l’année 220. La guérisseuse lui avait fait apporter des livres écrits à la main, décrivant sommairement les événements des sept années qu’elle avait manquées. Elle soulève les yeux vers la porte, si la guérisseuse était à l’ordre comme à son habitude, elle devrait arrivée sous peu…

[Mako]

Depuis quelques jours, la neige s’était remise à tomber sur Loukai. Sur le reste du continent, nous étions encore en automne mais dans la forêt enneigée, l’hiver avait déjà commencé. Flanquée de son éternel Léo sur son épaule, Mako était en train de préparer un plateau. Ce dernier contenait déjà des herbes médicinales qu’elle avait sélectionnées elle-même, et elle était en train d’y ajouter un repas pour deux personnes : un pour elle et un pour la jeune femme qu’elle allait visiter.

Erasia et Mizuhan avaient peut-être souffert de la dernière guerre mais Loukai n’y avait pour ainsi dire pas pris part. En tant que Mizuhaniens, les ninjas étaient tout à fait libres de rejoindre les forces armées du pays de l’eau et quelques guerriers s’étaient lancés dans l’aventure pour prouver leur valeur, voire tenter une carrière au sein de l’armée. Mais puisque la forêt enneigée n’était pas menacée, Loukai n’était pas dans l’obligation d’intervenir.

C’était sans doute la raison pour laquelle le village avait accepté de soigner en son sein une étrangère, Flamenoise de surcroît. La jeune fille avait eu de la chance, tout comme elle. En d’autres temps, on l’aurait abattue à vue. Mais puisque cette jeune fille avait eu un destin si similaire au sien, Mako avait tenu à la rencontrer et comme elle était elle aussi une des soigneuse du village, l’ancienne qui s’occupait de la fille -Willow si elle ne se trompait pas - n’avait rien trouvé à redire.

Elle traversa rapidement la centaine de mètres qui la séparait de la cabane de la jeune malade et toqua à la porte de son épaule pour signaler son arrivée, ses mains étant déjà occupées à porter le plateau. Elle entra néanmoins sans attendre de réponse. Parfois lui avait enseigné sa mère, les malades n’étaient pas état de répondre mais ce n’est pas pour ça qu’ils n’avaient pas besoin de soins. Mais apparemment, la jeune fille allait plutôt bien compte tenu de son traumatisme, tout comme ses Pokémon qui semblaient eux en excellente forme.

De ce que lui avait expliqué Chie, la guérisseuse qui s’était occupée d’elle, cette jeune fille avait été engloutie dans une des failles temporelles crées par Célébi plusieurs années auparavant et jusqu’à il y a peu elle avait vécu à l’intérieur de cette faille, au sein d’un véritable enfer.

Elle salua la jeune fille d’un signe de tête et posa le plateau au sol avant de placer les herbes médicinales dans un gobelet en bois rempli d’eau bouillante qui se trouvait sur le plateau. Puis elle utilisa maîtrise des plantes pour que les algues régénératrices déversent toutes leurs propriétés curatives dans l’eau chaude. Tout en s’activant, elle réfléchissait.

Mako n’avait jamais vécu dans un monde infernal et à vrai dire elle avait peu entendu parler des failles de Célébi avant l’arrivée de cette fille puisqu’elle habitait Abyan à l’époque où ces dernières s’étaient ouvertes. Mais on pouvait légitimement soutenir qu’elle avait vécu elle aussi une sorte d’enfer au sein de cette secte d’assassin où elle avait appris à tuer sans le moindre remords et elle avait le sentiment qu’elle avait plus de points communs avec la jeune patiente qu’on aurait pu le croire au premier abord.

« Bois tant que c’est chaud. Ca va te faire du bien »

Mako réalisa alors que c’était les premiers mots qu’elle prononçait alors que cela faisait plus de cinq minutes qu’elle était entrée dans la cabane. Elle avait beau être relativement douée avec les remèdes, elle ne maîtrisait toujours pas l’art très subtil du contact humain. Mais bon, sa mère adoptive lui avait assuré que c’était quelque chose qui s’acquérait de toute façon avec l’expérience et les années et Mako était encore une toute jeune soigneuse par rapport à sa mère. Elle jugea alors qu’il était plus que temps de se présentée, ce qu’elle fit de son habituelle voix atone, qui ne dégageait ni chaleur ni mépris :

« Je m’appelle Mako et sur mon épaule c’est Léo. Enchantée de te rencontrer. Tu t’appelles Willow c’est ça ? Chie m’a donné ton nom. Comment te sens-tu ? »

Elle ne souhaitait pas étouffer la jeune malade sous ses questions et de toute façon, les longues tirades n’était pas son fort. Avoir réussi à enchaîner deux questions sans pause entre les deux était déjà presque un exploit pour elle. Pourtant, elle avait d’autres questions à poser à Willow sur sa vie et son expérience mais elle préféra garder le silence, faisant le calme dans sa tête comme on le lui avait appris, le temps que l’intéressée réponde.

Et puis elle ne pouvait pas s’empêcher de se poser cette question : est-ce qu’elle s’intéressait à l’histoire de Willow juste pour mieux la soigner ?. Est-ce qu’elle ne cherchait pas également à travers le passé de la Flamenoise à faire des parallèles avec son propre passé afin d’en obtenir un autre éclairage… Une autre vision de l’enfer qui lui aurait fait relativiser le sien...

[Invité]

Le poids qui monte les marches de la véranda et qui traverse le petit balcon est différent de celui de la guérisseuse habituelle. Le coup cogné dans la porte est tout aussi différent ce qui fait que Willow lève la tête rapidement observant tel un animal alerte la porte qui s’ouvre quelques secondes plus tard. Sans prononcer le moindre mot, la demoiselle qui pénètre à l’intérieur est loin de ressembler à l’habituelle guérisseuse. La demoiselle semble environ du même gabarier qu’elle, sans pour autant partager la malnutrition que Willow. Elle porte de longs cheveux noirs qui cascade dans son dos ainsi qu’un habillement qui semble typique à l’endroit. Ce qui frappe le plus Willow, est le cache-œil qui est visible. Sans se rendre compte, elle fixe son attention sur ce dernier et elle vient, d’un geste timide, caresser sa propre cicatrice qui traverse son œil aveugle.

Les cheveux détachés, la moitié de son visage n’est pas visible, cachant la partie le plus blessé de son visage. Tandis que la femme bouge, la blanche remarque la grenouille qui se tient habilement sur son épaule. Sans souffler encore un mot, le ninja borgne, semble préparer le thé curatif habituel. La femme semble agir normalement, ne remarquant pas le comportement craintif de la demoiselle et l’air alerte du Feurisson qui s’était redresser sur ses pattes. Sous le lit, si l’Embrylex ronflait de plaisir, il s’était réveillé et attendait, très alerte aux actions de la nouvelle venue.

Lentement, Willow déplace le livre qu’elle avait sur les cuisses et commence très lentement à se redresser. Peu habitués aux nouvelles personnes, elle est incertaine du comportement à avoir, sans parler de la crainte qu’elle l’attaque. Elle se doute que la femme ne soit pas là pour ceci, sinon elle n’aurait certainement pas de la nourriture et des soins avec elle… Et si la nourriture était empoisonnée ? Il y avait tellement de différente manière d’empoisonner la nourriture, il pouvait très bien utiliser un poison pour l’endormir et la torturer plus tard, ou encore l’endormir pour abuser d’elle ou encore simplement pour la tuer rapidement…

En même temps, s’ils voulaient l’empoisonner, il ne l’aurait pas soigné avant non ? À moins que ce soit une diversion ? Ou encore une manière de l’engraisser pour mieux la manger plus tard. Pendant que son esprit s’emballe et qu’elle s’offre les pires histoires, elle s’arrête de respirer. Maintenant sur ses pieds, elle se sent prête à bondir pour prendre la fuite, mais la voix tranquille et neutre de la femme la réveille de son propre cauchemar. Surpris et la tête baissée, Willow tend lentement les mains tremblantes vers la tasse chaude. Une fois l’objet en mains, elle se recule à nouveau comme un enfant effrayé.

Elle reconnaît immédiatement l’odeur doucereuse des plantes utiliser, la même que Chie. Le Feurisson semble lentement recommencer à respirer et il se détend un peu. Tandis qu’elle avale une gorgée du liquide chaud, elle retient la grimace de dégoût qui lui monte au visage. Voilà, elle reconnaît bien le goût et désagréable qui reste sur la langue de la guérisseuse habituelle. Elle avale une grosse gorgée et passe à deux doigts par s’étouffer quand la femme s’exprime une nouvelle fois. Elle se présente sous le nom de Mako, puis pointe son compagnon d’épaule qui porte le nom de Léo.

Elles les observent sans souffler un mot, même quand elle termine de parler. Elle avale d’un coup sec le restant du liquide en avalant presque les herbes au passage avant de déposer rapidement la tasse et de reculer à sa place initiale. Elle pointe du doigt le Feurisson et souffle ; « Faerus », puis pointe la direction du lit où elle reprend ; « Nelvoll. » Au même moment, l’Embrylex s’extirpe de sous le lit en tirant au passage les couvertures. Il dévisage la nouvelle venue avant d’aller s’installer entre eux.

Sa langue commune est brisée, voire difficile à comprendre avec la nervosité dans ses gestes et surtout par l’absence de pratique qui s'est étalée sur plusieurs années. Même si elle était maintenant propre et portait des vêtements "neufs" à comparer des haillons dans laquelle, elle a été retrouver, elle flotte misérablement dans ceux-ci. Ce n’était pas faux d’avoir essayé de les ajuster un peu, mais Willow avait fini par se décourager et avait interrompu Chie dans son travail.

Elle danse un peu d’un pied à un autre, ne sachant pas quoi faire. Elle sait que la femme devra refaire ses pansements, mais cette tâche lui est toujours pénible, il en était de même avec Chie. Il lui fallait toujours de longues minutes avant qu’elle réussisse à mettre Willow en confiance, et ce, malgré les plusieurs visites faites. Trouvant enfin le courage de parler à nouveau, elle se met à faire les cent pas, entre l’antre et le pied du lit, visiblement très nerveuse. On aurait presque cru à un lion en cage. « Mieux, je vais bien… Je crois… Pour… Pourquoi Chie n’est pas là… » Dit-elle plus rapidement sans avoir arrêté de marcher. Les flammes dans l’antre semblent s’animer un peu, comme s’ils sentaient et réagissaient à la nervosité de la jeune femme…

[Mako]

Attendant la réponse de Willow, Mako s’assit et prit la tasse de thé qu’elle s’était apportée avant d’en boire quelques gorgée. Elle laissa ainsi à la jeune fille le temps se présenter ainsi que ses Pokémon – un Feurisson et un Embrylex – sans l’interrompre, et la seule question qu’elle posa en retour était lourde de sens.

Si elle était aussi impressionnée par l’absence d’une présence familière, c’était probablement parce qu’elle se sentait ici comme une proie traquée en territoire hostile. Ce qui n’était pas si surprenant que cela : Loukai n’était pas le village le plus accueillant d’Erasia et ses habitants ne faisaient pas grand-chose pour améliorer cet état de fait. Mais normalement, cela n’allait pas au-delà du malaise bien visible. La peur n ‘arrivait que si un des ninjas pointait son arme sur le touriste non préparé mais jusqu’ici, ce n’était pas le cas. Son katana était sagement au repos dans son fourreau.

La terreur de Willow devait donc être étrangère à son environnement direct. Bien évidemment, Chie lui avait expliqué les grandes lignes de sa situation mais Mako n’avait jamais rencontré de patients traumatisés – ou plutôt il n’était pas dans les habitudes des ninjas d’avouer qu’il l’étaient. Soigner cette fille serait donc une expérience nouvelle aussi la jeune fille prit son temps avant de lui répondre. Devait-elle lui dévoiler toute la vérité ou seulement une partie ?

Elle prit le partie de tout lui dire dans l’espoir de l’inciter à parler elle aussi :

« Je suis moi aussi soigneuse et Chie a accepté que je prenne sa place pour aujourd’hui. J’ai pensé… Et elle aussi… Que je pouvais vouas aider. Pas seulement avec des remèdes mais aussi avec mon expérience. Moi aussi j’ai… vécu dans un enfer – oui je pense qu’on peut parler d’enfer – pendant plusieurs années. »

Mako s’interrompit et pour se donner une contenance elle attrapa un peu de riz avec ses baguettes puis elle enfourna dans sa bouche ce qui lui laissait un peu de temps pour réfléchir à la suite de ses propos. Comme Willow ne semblait pas spécialement prête à se lancer, elle allait devoir s’y mettre, et c’était justement cela qu’elle redoutait. Elle aurait préféré un entraînement de vingt-quatre heures d’affilées dans le blizzard, c’est dire ! C’était la première fois qu’elle allait confier son passé en détail. Même avec sa mère adoptive elle n’avait pas eu à le faire, cette dernière avait lu ce qu’elle voulait voir dans son esprit. Mais vu que Willow n’avait pas de Pokémon Psy, elle allait devoir s’y coller.

Mako commença alors à parler d’elle-même. Elle avait toujours la même voix que d’habitude et pourtant elle avait la désagréable impression d’entendre l’histoire de quelqu’un d’autre à ses propres oreilles :

« Je viens de Midgard. Enfin Tenkei comme vous dîtes ici. Le contient dans le ciel ».

Willow connaissait-elle seulement l’existence de Midgard avec son voyage spatial ? Mako n’insista pourtant pas là-dessus. Si la jeune Flamenoise était intéressée, elle n’aurait qu’à demander mais ce n’était pas très important pour la suite de l’histoire.

La jeune ninja n’était pas très à son aise de se livrer ainsi devant une inconnue mais elle préférait le faire face à une inconnue avec qui elle avait des points commun plutôt que d’avouer ses bassesses passées à ses frères ninja.

« Pendant plus de huit ans, j’ai fait partie de la garde de ma tribu, Abyan. Au départ, j’étais simplement chargée du maintien de l’ordre mais comme j’étais plutôt douée, j’ai vite pris du galon. Mon truc, c’était le pistage. Les enquêtes. La traque. J’étais très douée pour trouver des suspects. Et pour les faire parler. Même s’ils n’étaient pas toujours coupable... »

Dans sa lancée, Mako aurait pu continuer de son ton sans timbre jusqu’à la fin de son histoire. Elle aurait même aimé le faire, pour s’en débarrasser au plus vite. Mais d’une part, elle n’avait pas oublié qu’elle n’était pas ici pour elle en premier lieu et voulait entendre les réaction de Willow. Et d’autre part elle ne tenait pas à l’effrayer. Or, si cette petite introduction avait le potentiel de mettre des gens mal à l’aise puisqu’ils réalisaient qui était -avait été ? -la femme en face d’eux, elle n’était absolument rien face à la suite. Aussi, elle avait décidé de ne pas en parler si sa patiente n’en voulait pas. Et puis, avec un peu de chance, ces quelque mots auraient suffi à dérider Willow et à la faire parler un peu.

[Invité]

Il y a un silence, il ne dure pas si longtemps, mais pour Willow, il lui semble s’éterniser. Tandis qu’elle continue de faire les cent pas et de se tordre les doigts, elle sent une nouvelle vague de panique qui monte en elle. Elle essaye toutefois, de se concerter sur la nouvelle venue pour se changer les idées. La jeune femme en face d’elle prend la peine de s’asseoir comme si l’état de la blanche ne l’inquiétait pas trop. Elle se sert même une tasse de thé et un peu de riz. Ce manque de pitié envers elle et sa situation, là… Rassure ? Le terme n’est pas le bon, mais le fait qu’elle ne focus pas sur son état actuel aidé Willow à "mieux respirer" et à appréhender la situation. Chie avait vaguement la même habitude, mais même si la vieille femme restait toujours silencieuse et agissait normalement, la blanche pouvait toujours sentir son esprit qui la surveillait étroitement.

Les paroles de Mako, la figent un instant sur place. Non pas de peur, mais de surprise et ensuite de curiosité. Elle aussi avait passé des moments très difficiles ? Elle se doute, que ce n’est pas lié aux failles, ou encore moins au cannibalisme ou encore à une époque si survivaliste que la moindre erreur est fatale, mais il y avait différentes manières "enfer" sur terre et il était différent pour chacun. Elle prend une grande respiration et hoche simplement la tête. Au même moment, Nelvoll s’approche de la femme, visiblement alléché par l’odeur de nourriture. Étrangement, il vient prendre le bol de riz avec délicatesse et vient le porter à Willow. Il lui tend le bol et grogne un peu. Comme pour lui répondre, l’estomac de Willow se met à son tour à gronder, ce qui sort Willow de sa stupeur. Elle sourit un peu à l’Embrylex et vient s’asseoir à même le sol en Indien et elle prend le bol en bois. Il prend une poignée de riz et l’aval, venant s’assurer que la nourriture n’est pas empoisonnée et après son accord, la demoiselle commence à manger avec ses doigts.

Trop occupée, à avaler le riz, elle en oublie presque se réponde au ninja qui attend patiemment une réaction de sa part. Quand son interlocutrice reprend la parole, Willow soulève la tête au mot de Midgard, puis Tenkei et enfin continent dans le ciel. Le cerveau de Willow explosa et elle se sent immédiatement perdue et remplit de question, mais inquiète de ne pas vouloir déranger la jeune femme, elle se tait roulant en boucle les questions qu’elle venait d’avoir. L’air ensuite semble changer autour de la demoiselle qui est en face d’elle, comme si le moment suivant était très important et intime à la jeune femme. Les paroles qui suivent, même si elles sont vagues sont lourdes de sens et touche certains souvenirs de Willow qui baisse un peu la tête. À cet instant présent, elle réalise que l’enfer n’a pas de place spéciale et qu’il peut se trouver partout.

Elle soupire faiblement avant de lever son œil unique sur le ninja qui se trouve devant elle. Même si l’idée ne l’enchante pas plus et sa compagne ne semble pas plus enchanter à l’idée de se confier aussi ouvertement, Willow se dit qu’elle peut rendre les mêmes efforts que Mako. Tout en hochant la tête après cette réflexion silencieuse, elle finit par parler calmement, une petite étincelle de résolution dans l’œil. « Je vais aussi parler… Ce sera long et sûrement désagréable…Mais… Je veux guérir aussi… Et si Chie dit que ça peut aider… Je veux faire les efforts… Comme toi… » Elle se tait, rougissant un peu de son audace, toutefois cette expression ne reste pas très longtemps parce qu’elle reprend, l’œil brillant de passion. « J'aimerais par contre que tu reviennes encore… Et que tu me parles du monde extérieur… La lecture, c’est bien, mais le vocal, c’est mieux. » Termine-t-elle en jetant un coup d’œil à la pile de livres qui s’étiraient plus loin derrière elle.

Willow adorait la lecture, il fallait que le sujet la passionne, mais avec les différends résumés, elle avait peur de découvrir des vérités qui n’auraient pas de réponse immédiate et surtout, elle ne voulait pas les découvrir seule, cette simple pensée l’effrayait encore plus que de connaître la passée qu’elle avait manquée. Elle avale de travers et dans un effort de volonté, elle se lève en ramassant le bol vide. Elle se rapproche de la petite table et dépose son bol vide. « Est-ce que je peux… Encore avoir… Du thé ? » Prononce-t-elle timidement avant de prendre place sur l’autre chaise libre. Les mains pressées étroitement contre ses cuisses, il est clair qu’elle ne se sent pas en sécurité aussi près d’un autre être humain, mais elle tient bon, attendant la suite de l’histoire de Mako.

[Mako]

Soulagée que la jeune fille ait accepté de se livrer même sommairement, Mako prit le parti de ne pas l’interrompre tant qu’elle n’avait pas terminé. Elle la laissa également manger pour reprendre des forces. Elle ne se décida à réagir que lorsque Willow lui demanda du thé. Elle avait eu besoin de tout ce temps pour trouver quoi lui répondre.

Elle la resservit tout en disant :

« Tiens, bois, ça va te faire du bien. »

Sans même s’en rendre compte, elle était passée au tutoiement, signe qu’elle souhaitait se rapprocher de la jeune fille mais pourtant, elle ne savait pas quoi lui dire pour répondre à ses questions. Finalement, elle commença par avouer son ignorance :

« Je ne sais pas si tu es intéressée par ce qu’il s’est passé sur Erasia en ton absence mais si c’est le cas, alors je ne pourrais pas t’aider. Je n’ai quasiment pas quitté la forêt enneigée pendant ces cinq dernières années et avant ça je n’avais jamais quitté Midgard. Avant de venir ici, j’ai grandi et vécu toute ma vie dans la tribu de l’eau, Abyan. Il y avait des passages là-dessus dans tes livres ? »

Mako ne se sentait absolument pas de donner ici et maintenant un cours en accéléré générique et sans vie sur les tribus de Midgard et celle de l’eau en particulier. Et de toute façon, ce n’était pas ce que Willow lui avait demandé. Elle lui présenta donc non pas Abyan mais sa vie dans cette tribu et ce qu’elle en pensait :

« Abyan est une ville sous-marine, située dans les profondeurs lac Lazuli. L’endroit est vivable grâce aux maître de l’eau qui ont créé une bulle d’air qui protège la ville et laisse ses habitants respirer. Les habitants sont plutôt du genre placide, passionnés par le calme et la méditation à l’image de leur élément.

J’ai toujours trouvé ça… Profondément ennuyeux. Heureusement j’ai grandi dans un milieu assez militaire, mon père puis mon beau-père étaient gardes de la cité et j’ai pris leur suite. J’ai enfin pu vivre toute cette action qui me manquait. Abyan ne possède pas vraiment de forces armées conséquentes du coup ses gardes s’occupent un peu de tout : tours de garde, défense de la cité et même missions de police. J’étais excellente dans ce dernier domaine. Donc j’aimais ça. Et j’avais aussi un atout de poids. »

La jeune femme marque une pause, but encore un peu de thé puis porta la main à son œil bandé et l’enleva délicatement ?. Dessous, ni cicatrice, ni orbite vide. En fait son œil masqué était en parfait état de marche. En trop bon état de marche pour être précis : l’oeil tournait sans cesse dans son orbite comme s’il était mort de peur et qu’il cherchait absolument à s’enfuir de l’orbite. Comme d’habitude lorsqu’elle le laissait trop longtemps à l’air libre, elle commença à avoir des vertiges puis des maux de têtes. Lorsque ces derniers commencèrent à poindre, elle remit le bandeau à sa place. Quelques secondes plus tard, tout était rentré dans l’ordre. Elle poursuivit son récit :

« Aujourd’hui il ne fonctionne plus mais à l’époque, il fixait immédiatement la personne que je recherchais si cette personne apparaissait dans mon champ de vision. C'est un... héritage familial. Et un talent assez pratique pour chasser des bandits pas vrai ? Mais au final, ce fut plus une bénédiction qu’une malédiction. J’étais tellement douée pur la traque que j’ai fini par prendre goût au sang. Les règles, les lois, le respect des autres, cerla ne comptait plus. Je voulais juste… Asseoir ma supériorité sur ces gens. Sur ces parasites de la société. Je voulais les écraser comme les Statitik enragés qu’ils étaient.

Et puis un jour, une organisation de fou furieux a eu vent de mes « compétences » et a voulu me recruter. Comme ils me promettaient encore plus de gens « impurs » à chasser, et j’ai accepté. De garde, je suis devenue assassin. Soit ce que j’avais juré de combattre en tant que garde d’Abyan, mais à l’époque je voyais ça comme une suite logique. Pourtant, en rejoignant cette secte, j’ai fait sauter le dernier tabou. Avant je me battais pour faire triompher ma vision -très personnelle - de la justice, et même si tuer n’était absolument pas un problème pour moi, il est devenu la raison principale de mes actes lorsque j’ai rejoint cette… organisation. Je vivais uniquement pour tuer, et je pense que c’est une bonne définition de l’enfer »

Mako se tut, presque épuisée par son témoignage. Pourtant elle n'avait pas encore abordé la partie la plus dure mais... C’était la première fois qu’elle se livrait autant… Voire qu’elle parlait autant tout court. Mais par respect pour la demande de Willow, elle avait voulu que son auditrice fasse plus qu’entendre son passé. Elle voulait qu’elle le vive, qu’elle le ressente comme elle l’avait ressenti afin qu’elle puisse le comparer avec le ressenti de son propre passé puis qu’elle lui exprime le résultat de cette comparaison. Mako était intimement persuadée que cet échange pourrait à terme les faire avancer. Toutes les deux.

[Invité]

Contrainte n’1 Insister sur la description des lieux et des personnages.

Tout en écoutant Mako, Willow ne peut pas retenir ses sens d’écouter tous les sons qui les entourent. Le premier est le crépitement du feu qui lèche les bûches dans l’antre. Ensuite, il y a Faerus qui se gratte les côtes de sa patte, le pas lourd de Nelvoll qui rejoint le Feurisson avant de s’écraser contre sa fourrure chaude. Malgré le peu de son que fait le ninja, les oreilles de Willow se concentrent sur les mouvements que son corps fait quand elle bouge légèrement pour verser du thé ou encore quand elle respire. Le liquide chaud du thé qui est versé dans la tasse est délicat, signe que la demoiselle aux côtés de Willow y va avec douceur, elle sent qu’elle retient ces mouvements, qu’elle porte une attention particulière à ne pas trop bouger pour ne pas l’effrayer. Une fois, sa tasse pleine, Willow la prend et l’observe un peu. Il n’y a pas de gravures, sauf une faible peinture de vert qui recouvre l’entièreté de l’argile qui a été pris pour façonner le kit complet à thé. Sur ce vert pâle, quelques feuilles et des lignes vert foncé ont été peinturées, représentant un peu la nature de l’endroit.

Elle prend finalement une gorgée, se laissant aller, le temps de quelques secondes au bien-être qui lui est offert par le liquide chaud. Le vent qui souffle à l’extérieur vient la sortir un peu de sa transe personnelle, lui rappelant que la température n’est pas la plus aimable. Non loin, elle a vaguement l’impression d’entendre le grattement d'une branche contre une fenêtre, elle peut facilement s’imaginer une main crochue qui cherche à pénétrer à l’intérieur. * Chut… Je te protégerais si quelque chose venait à arriver. * Lui susurre la voix familière dans son esprit. Elle avale un peu de travers, mais se concentre sur Mako qui avait repris la conversation. Malgré la déception, elle apprécie immédiatement l’honnêteté de Mako. Elle hoche doucement la tête sans immédiatement souffler un mot. Tenant la tasse fermement entre ses mains, elle sent la chaleur du liquide traverser l’argile durcie et lui chauffer les paumes. Sans vouloir interrompre Mako elle ne fait que murmurer le nouveau mot.

« Midgard ? » Elle secoue négativement la tête sous sa deuxième question. « Pas encore… Lu. » Souffle-t-elle comme explication. Il y avait tellement à rattraper durant ces sept dernières années, qu’elle avait manquée. Après les failles de Celebi, il y avait eu un festival d’hiver assez important pour se démarquer des autres. Ensuite, il y avait eu une maladie étrange qui avait touché Dialga et apporte sa calamité en changeant l’âge des gens. Ils ont reçu l’aide de… Gijinka, des Pokémon avec des attributs humanoïdes. La lecture est intéressante, surtout installer près des flammes, elle pouvait se laisser aller pendant des heures, mais la lecture était parfois difficile quand elle se souvenait que ce n’étaient pas des contes inventés…

Tandis que Mako reprend son monologue pour expliquer son point de vue et son histoire, les doigts de Willow caressent la tasse, suivant distraitement les courbes de la tasse. Toujours attentive aux paroles de la demoiselle habillée de sombre, elle se remémore l’apparence de la jeune femme, de ces traits calmes, puis sa longue chevelure obscure qui tombe raide dans son dos. Simplement vêtue, la jeune femme porte au niveau des hanches une lame cachée dans son fourreau. Le restant du corps de la jeune femme disparaît plus ou moins sous la petite table qui les sépare. La lame en soi ne l’effraie pas, ce sont plutôt les gestes qui sont liés à celle-ci qui l’inquiète. Les armes n’étaient jamais responsables de ce que faisaient leurs maîtres avec elles. Elles n’étaient que l’instrument sans vie de leur possesseur.

Willow ramène immédiatement son attention à Mako quand elle fait le mouvement de retirer son cache-œil. S’attendant à voir une plaie béante au niveau de l’orbite, elle est plutôt surprise d’y voir un œil clair et identique à l’autre avec la différence qu’il tournait dans son orbite. La surprise fait place à de la stupéfaction que la demoiselle ne cherche pas à cacher, de toute façon, elle n’aurait pas su comment le cacher… « Impossible… » Murmure-t-elle malgré le fait qu’elle l’avait droit sous l’œil. Elle avale un peu sa salive, incertaine que son cerveau accepterait quelque chose d’aussi… Improbable. Elle ignore si ce sont ses paroles qui poussent Mako à remettre son bandeau et qui reprennent son récit. En même temps, Willow se reprend, s’excusant un peu de son comportement. Leurs histoires avaient beau être différente, Willow réalise qu'ils avaient tous une version différente de l'enfer... Ce qu'avait vécu Mako était loin d'être facile.

Quand enfin Mako termine, visiblement épuisé de c’être autant dévoiler, Willow se tut. Elle ferme son œil unique un instant, ramassant le courage pour commencer à parler elle-même. Même l’œil fermé, elle peut imaginer la pièce autour d’elle. Les murs en rondin de bois, le lit défait, les couvertures à même le sol. Le vieux tapis proche de l’antre, ses deux compagnons qui se prélasse à la chaleur. Il y avait bien longtemps qu’elle ne les avait pas vus aussi calme. Elle prend une grande respiration, assimilant l’air chaud et sec, celle du bois brûler puis celle de Mako, beaucoup plus discrète que le reste, si discrète qu’elle disparaît presque sous les autres odeurs. Puis enfin, quand elle se sent prête, elle s’exprime, mais garde son œil fermé.

« Je crois… Mon malheur vient… Différents événements malheureux… Qui se sont chevauchés. » Elle avale de travers, maudissant son manque de vocabulaire. « Tout commence quand on m’enrôle de force dans l’armée de Flamen… J’ai combattu dans la bataille des plaines de Mizuhan… Pour mon escouade, je suis la seule survivante et j’ai été séparé de l’armée de Flamen en me retrouvant de l'autre côté des lignes ennemies… » À ce souvenir, elle avale de travers, mais se force à reprendre son récit. « J’ai été malchanceuse… Abusée physiquement et laissée pour morte… » Son visage se tourne vers Faerus et elle ose ouvrir son œil, plongeant dans ceux du Feurisson. « J’ai été ensuite récupéré par une bande de bandits de champs de bataille… Je leur devais tout selon le chef et surtout leur guérisseuse avait besoin d’aide. Je sais principalement d’assistante pour la femme-sage et tortureuse avec mes habiletés du feu… Ça amusait le chef que je brûle les gens… J’ai tué pour survivre… »

Elle prend une nouvelle pause, les mains serrées sur les cuisses, elle presse si fort que ses jointures sont blanchies. Le simple fait d’y penser, fait en sorte qu’elle en tremble de colère et de peur. « J’ai suivi ces gens pendant un an, avant d’être avalée par l’une des failles de Celebi qui m'a envoyé dans un Érasia détruit. Je crois que c’est durant l’événement avec des méga-évolutions… L’Érasia où je me suis retrouvé était… Plat du moins, c’est ce que j’ai longtemps cru avant de réaliser que la planète avait été partiellement détruite par les Légendaires qui étaient devenus fous… La partielle où je me trouvais, je pouvais en faire le tour en moins d’un an… C’est ainsi que j’ai gardé le compte des années que j’ai perdu là-bas. Dans ce monde ravagé les rares survivent s’entretuaient pour manger, il y en valait de même pour les pokémons. Alors, encore une fois, j’ai tué pour survivre… J’ai connu la faim et le désespoir de retirer la vie à quelqu’un… » Elle approche la main de son avant-bras droit et soulève la manche qui cachait les clarifications. On pouvait en compter facilement une vingtaine. « Honteuse de mon geste, j’ai gravé ma peau de chaque vie humaine que j’ai retirée la vie à quelqu’un… » Elle approche la main de son avant-bras droit et soulève la manche qui cachait les clarifications. On pouvait en compter facilement une vingtaine. « Honteuse de mon geste, j’ai gravé ma peau de chaque vie humaine que j’ai retirée… Je n’ai jamais su d’où venaient ces personnes, n’y a même si elles étaient bonnes, tout ce que nous désirions quand nos regards se croisaient était eu la chair de nos ennemis pour survivre dans cet enfer et le pire, est qu'en soit l'acte était plutôt facile à faire vu mon voyage avec les bandits...»

*Je suis un monstre…* se dit-elle à elle-même. * Non… Une survivante. * Souffle une autre voix. Elle avale de travers tout en écrasant amèrement une larme qui coule de son œil fonctionnel. Elle finit par glisser les doigts sous sa longue mèche qui blanche qui camoufle son œil mort et elle caresse délicatement la cicatrice qui lui est toujours aussi sensible. « Deux ans après mon arrivée là-bas, dans cette Érasia apocalyptique, j’ai été attaquée durant mon sommeil par une jeune femme de mon âge, et dans une attaque du désespoir, elle a touchée mon œil droit. » Timide, elle commence à soulever la mèche puis vient faire une queue-de-cheval avec un ruban qui traînait dans ses poches. « Depuis, je suis aveugle du côté droit. » Tout en disant ceci, elle tourne son corps pour faire face à Mako, lui avouant silencieusement que depuis qu’elle s’était assise à sa gauche, elle ne voyait pas complètement la jeune femme. Un signe de confiance que Willow lui avait fait dans le but de guérir.

Maintenant face à Mako, elle peut maintenant la détailler en plus grande profondeur la vilaine cicatrice qui traverse à la verticale son œil blanc. Cette fois-ci, sans hésiter, elle plonge les "yeux" dans ceux du ninja et garde le silence, lui laissant à son tour le temps de l’observer un peu. Dire qu’à une époque antérieure, elle aurait essayé de tuer qui qu’ont qui serait entrée dans sa cabane, mais maintenant, c’était différent et elle avait la possibilité d’avoir un nouveau but. Elles avaient cette possibilité. L’air sérieux de la demoiselle et cette flamme qui semble vibrée au fond de son œil donne l’impression d’être une tout autre personne, offrant l’instant de quelques secondes à Mako la personne qu’elle était dans cette Érasia, un prédateur près à tout pour survivre, prêt à tout pour maintenant vivre.

Hrp:

[Mako]

Mako écouta Willow avec la plus garde attention. Pas une seule fois elle n’interrompit sa jeune patiente alors que cette dernière continuait son récit haché. Elle aussi avait donc connu la guerre perpétuelle et la solitude. Et puis il y avait cette… autre… dans sa tête. Chie lui en avait touché quelques mots. Rien qu’en entendant les symptômes de son mal, Mako avait pu identifier grossièrement l’origine de ce trouble. C’était un « simple » mécanisme de défense mis en place par le cerveau de la jeune fille pour supporter l’horreur du monde dans lequel elle était tombée.

En recourant à un « double maléfique », elle pouvait ne pas avoir à affronter l’horreur des crimes que le double commettait pour survivre. Ce qui lui permet de ne pas tomber dans un état de sidération catatonique. Et donc de pouvoir continuer à se battre au besoin. Et donc de survivre plus longtemps. Toujours plus. Jusqu’à ce que l’enfer se termine… Ou jusqu’à ce que le corps et l’esprit lâchent. Il n’y avait pas d’autres issues dans de telles situation et heureusement pour Willow l’horreur s’était arrêtée à temps.

Mako aurait pu se contenter de ce discours pour expliquait à Willow ce dont elle souffrait. Un discours technique, théorique et froid, dénué d’empathie. Un discours très « ninja » en somme. Mais elle ne pouvait tout simplement pas. Parce qu’elle-même avait vécu cette forme de dissociation dans sa chair. Et son œil bandé était encore le témoin des batailles qui se jouaient sous son crâne. Finalement, elle prit le parti de raconter la fin de son histoire, de finir de se présenter avant de passer au remède.

« J’entends et je comprends très bien ce que tu as vécu, parce que mon passé est… Assez similaire. Quand j’ai rejoint cette secte, j’ai dû abattre des soldats pour commencer. Puis des civils. Puis des vieillards. Et jusque-là, malgré mes scrupules, j’avais toujours réussi à tuer. Pour le bien supérieur. Pour le bien de tous comme on le répétait.

L’organisation avait une méthodologie très rodée pour les assassiner. Je fais équipe avec une jeune fille qu’on appelait une « prêtresse ». Elle n’avait pas quinze ans mais était déjà une lieuse psy très douée et son rôle était de localiser mes proies. J’ai toujours fait en sorte qu’elle ne sache pas ensuite ce que je faisais des gens qu’elle avait « localisé » donc je l’abandonnais pour cette partie. Elle pensait simplement que j’allais leur apporter la bonne parole ou régler diverses affaires avec eux pour le compte de la secte. Mais un jour, je crois bien qu’elle a osé lire dans mon esprit ce que je m’apprêtais alors que cela lui avait toujours été formellement défendu par les adeptes de la secte. Et elle a voulu prévenir mes futures victimes pour qu’elles s’enfuient.

C’était mon premier échec lors d’une tentative d’assassinat, ce qui a mis la puce à l’oreille de mes supérieurs. Ils ont enquêté et ont vite découvert que la gamine était coupable. Ils m’ont alors ordonné de la tuer pour prouver que je ne les avaient pas trahi moi aussi. Jusqu’ici, je leur avais été loyale. Mais là je n’ai pas pu. Cette gamine, si je l’avais tuée… Ca aurait été comme me tuer moi-même. Alors à la place j’ai décidé de sacrifier la tueuse qui vivait en moi pour sauver la petite. Nous avons fui jusqu’en Erasia et j’ai pu la faire fuir de son côté, mais je me suis fait rattraper par mes ex-correlegionnaires dans la forêt enneigée, non loin de Loukai. Heureusement deux ninjas m’ont trouvé avec eux évanouie dans la neige. Ils ont tué mes poursuivants, m’ont ramené au village et j’y suis encore aujourd’hui. »

Mais le plus important dans ce qu’elle venait de dire était moins la fin de son histoire personnelle que le « meurtre intérieur » dont elle avait parlé, et elle développa un peu plus là-dessus car cela lui semblait important pour la guérison physique et surtout mentale de Willow :

« Au départ, je pensais que d’avoir symboliquement tué la tueuse que j’étais en sauvant cette jeune fille suffirait à me faire aller mieux. A effacer mon ardoise en quelques sortes. Oh, pas auprès des familles de mes victimes dont je mérite amplement la haine. Mais au moins vis-à-vis de moi-même. Sauf que ça ne marchait pas. Et la tueuse était toujours là. Grâce à ma mère, j’ai compris pourquoi : non seulement cette tueuse était une partie de moi et à ce titre elle me suivrait sous une forme ou une quatre jusqu’à ma mort mais aussi… Parce que quelque part, son unique but avait été de me protéger. J’avais forgé dans mon esprit ce personnage de tueuse au sang froid pour pouvoir accomplir mes missions et ainsi ne pas décevoir mes supérieurs… Et ne pas risquer de mourir de leurs mains. Et même si je déteste cette tueuse, même si elle me fait peur et honte, je ne peux pas la faire disparaître de sang froid elle. Je ne peux pas l’éliminer et me dire que je fais pour le mieux. Parce que ça voudrait dire que je tue celle qui, malgré toutes ses - ou mes - exactions a toujours cherché à me – ou à nous – protéger. Et mon corps et mon esprits refusent cette hypocrisie meurtrière envers moi-même.

D’après ma mère, qui est maître de l’esprit et connaît bien ces questions, le seul moyen de s’en sortir est de « ramener » la partie que j’ai exclue de mon for intérieur pour en faire une tueuse jusqu’à mon être, afin qu’il soit de nouveau entier. La difficulté, c’est qu’un esprit déchiré ne peut revenir à son état précédent comme la glace devenue eau peut se recongeler à l’identique si les températures sont assez basses. Comme ma mère le dit, le passé ne peut-être effacé alors il doit être embrassé pour que le ninja continue d’avancer… Mais c’est tout sauf facile car même si moi et la tueuse ne faisons qu’’un à la base et au fond, nos intérêts sont opposés -en surface en tout cas – et comme nous ne nous sommes pas bien traité dans le passé, nos relations sont mâtinées de méfiance. Mais la situation s’améliore avec le temps.

C’est pour ça par exemple que même si j’aspire à devenir guérisseuse, je continue de me former au maniement du sabre et que mon katana ne quitte jamais mon côté. Je suis une soignante et je suis aussi une guerrière. Certes je ne manie plus la même arme qu’avant et de la même manière qu’avant mais malgré tout je suis aussi et toujours – en un certain sens - la tueuse. La clé n’est pas de rejeter ce qui nous révulse mais d’accepter chaque partie de son être… Plus facile à dire qu’à faire mais ça permet vraiment de se sentir mieux. »

Willow avait-elle réussi à comprendre le fond du message de Mako ? Elle devait avoir beaucoup de questions à ce sujet et la jeune kunoïchi était prête à y répondre. Mais à chaque fois qu’elle repensait à cette guérison de l’esprit, cela lui faisait se poser des questions sur sa mère : si cette dernière était-entre autres- une expert sur ces domaines, cela signifiait-il que beaucoup de ninjas au village – les principaux patients de sa mère- souffraient eux aussi de cette dissociation ? Certes Loukai formait des guerriers fils de guerriers avec des mentalités de guerrier depuis des générations, ce qui rassurait un peu Mako mais malgré tout, ils restaient humains… Donc faillibles...

[Invité]

Contrainte n’8 Retourner dans son passé.

Parler aussi ouvertement de son ‘’passé" la trouble. Tandis que la part d’ombre retourne dormir, la nervosité reprend lentement le dessus et elle réalise qu’elle a parlé franchement. Même si sa parole est saccadée et manque de mot, la blanche est frappée par la confiance qu’elle a faite pour s’ouvrir aussi facilement à une inconnue… C’était peut-être ceci qui faisait qu’elle s’ouvrait un peu plus, elle était une inconnue, qui semblait avoir vécu le même genre de péripéties désagréables. Elle prend une grande respiration et pendant que Mako reprend sur le monologue avec cette jeune fille.

Tout en l’écoutant, elle se sent tirer par de vieux souvenirs. Dans une situation plutôt similaire, elle s’était elle-même retrouver face à une gamine. C’était son tout premier meurtre, un meurtre qui avait été fait de ses propres mains. C’est juste après avant que l’autre apparaisse, cette gamine de son âge était la raison principale de l’apparition, non de la création de sa part d’ombre, ou plutôt comme cette double personnalité. Elle repose sa tasse vide et frotte ses mains en elle-même. L’histoire de Mako la surprend et la touche à la fois, ainsi, cette gamine, cette dite prêtresse du culte avait su toucher le ninja à un point que ce lien les avait sauvées toutes les deux. Secrètement, elle envie un peu son histoire, non elle envie le lien qu’elle a su créer avec cette personne, ce qu’elle-même n’avait pas été capable de faire.

« Je… J’envie un peu ton lien… » Commence-t-elle. « Mais, je crois que j’ai perdu cette chance avant même de savoir que j’en aurais besoin… » Elle se tait un instant, les yeux dans le vide, elle est prise par des flashs de souvenir. « Quelques mois après mon apparition là-bas, j’ai rencontré quelqu’un, une femme qui devait avoir mon âge. Notre première rencontre a été assez tumultueuse, on s’est battu et elle a eu le dessus, mais au lieu de me tuer, elle a baissé son arme. Je crois qu’elle n’en revenait pas d’avoir trouvé quelqu’un d’autre en vie… » Elle se tait à nouveau. Le cœur lourd, des petites larmes timides fonde leurs apparitions au coin de son œil visible. « Après avoir combattu la solitude et surtout notre paranoïa, nous avons commencé à nous faire confiance et à travailler en équipe. Pendant quelques mois, notre histoire était presque agréable malgré le fait que nous vivions dans un monde détruit. »

Tout en parlant, elle caresse doucement la cicatrice qui barre son œil aveugle. Le Feurisson et l’Embrylex l’observent avec la plus grande des attentions. Ils avaient compris de qui elle parlait. « Nous avons voyagés ensembles, cuisinier, dormit, et même survécues dans une étroitesse au point de devenir presque une personne tellement nous nous complétions, toutefois… Nous avons eu la malchance de croiser un Pokémon spectre… Devenu fou par la guerre. Amoindries par notre confort commun, nous n’avons pas su reconnaître les signes avant qu’il ne soit trop tard… » L’œil dans le vide, elle prend une pause, essayant d’amasser la force mentale nécessaire pour expliquer la suite, mais la tâche se relève si pénible, qu’elle commence à vouloir arrêter.

« Il s’est amusé avec nous, il nous a montés l’une contre l’autre dans le seul but de s’amuser… Après des semaines de torture mentale, elle a été la première à craquer et… Elle m’a attaqué… » Souffle-t-elle finalement en laissant sa main retomber sur ses cuisses. Elle ferme son œil et une seule larme coule sur sa joue. Ses mains finissent par se crisper tandis que son cerveau rejoue la scène d’horreur. « C’est la douleur occasionnée par la lame qui fend la peau qui m’a réveillé. Pendant que je me redressais en panique, elle semblait se battre avec elle-même, entre l’envie d’arrêter de m’attaquer et celle de me trucider sans hésitation. Je crois que ce qui m’a la plus marquée de cet événement est son visage tordu en deux parties distinctes, l’un des côtés pleurait de tristesse pendant que de l’autre un sourire maléfique prenait racine. Il était clair, qu’elle n’était plus seule dans son corps… »

Elle se souvient comme si c’était d’hier des paroles contradictoires qu’elle lui criait, de cet appel à l’aide silencieux et de cette promesse de mort dans ses gestes. « Tout en nous battant, je l’ai… Pieuter dans un tuyau de métal et pendant un moment, j’ai vu la lucidité dans son regard. Elle a… Poser sa main sanglante et tremblante sur ma joue et elle a souri… Pas une seule fois elle ne m’en a voulu… Et tandis que j’avais une arme lever pour l’achever, elle m'a remercié… Et elle m’a dit de ne jamais oublier ce qu’elle m’avait dit… » Coupée par les sanglots, elle porte les mains à sa bouche. L’Embrylex a le réflexe de ce lever, mais le Feurisson l’empêche de bouger, secouant simplement la tête négativement face au regard interrogateur de son compagnon. « J’ai récité notre phrase fétiche pour me donner la force de la tirer de sa souffrance… ‘’La vie n'est pas toujours facile à vivre… Mais l'opportunité de le faire est une bénédiction… Au-delà de la compréhension… Dans le processus de vie, nous ferons face à des luttes, dont beaucoup nous feront souffrir et ressentir de la douleur.’’ »

Cette fois-ci, elle éclate en sanglots, ne pouvait plus retenir le barrage de sanglot. C’est à ce moment que le Feurisson se lève et vient la rejoindre. Il se lève sur deux pattes et poser les autres sur les cuisses de sa jeune maîtresse. Instinctivement, elle se penche et l’entour de ses bras pour le serrer contre elle et laisser aller les flots de larmes qu’elle avait retenues pendant trop d’années… « Pardon… Pardon… » Même si Willow avait compris le fonds du message de Mako, pour elle, elle avait tué cette chance de rédemption des années auparavant. Même si c’était dans le but de se défendre et ensuite pour soulager une amie chère, pour elle, elle avait tué l’humanité en elle, elle n’avait donc plus le droit à la rédemption comme on l’entendait. Toutefois, une partie d'elle-même se sent soulager d'avoir enfin lâché le morceau.

[Mako]

Face au spectacle de Willow en larmes, Mako ne se serait pas crue capable d’un tel déchirement intérieur. D’un côté il y avait la professionnelle de la médecine en elle qui analysait froidement l’état de sa patiente et son diagnostic était sans appel : Willow avait probablement comprit intellectuellement ce que Mako avait tenté de lui expliquer mais dans son coeur, il y avait un blocage, quelque chose qui ne passait pas et qui ne passerait pas facilement. Et ce quelque chose – un mélange de culpabilité, de colère, d’amertume – l’empêcherait pendant longtemps de vivre avec son passé. Hélas, il n’y avait aucun autre remède que le temps pour ce genre d’affections, même si un environnement compréhensif pouvait aider… Encore que Loukai ne pouvait être qualifié « d’environnement compréhensif » justement.

Une fois, Mako avait demandé à sa mère pourquoi elle n’utilisait pas ses pouvoirs psychiques pour hypnotiser simplement les guerriers qui développaient ce genre de troubles psychologiques. S’ils oubliaient leur passé, ils en seraient délivrés, non ? La réponse de la vénérable avait surpris l’apprentie guérisseuse de l’époque. Elle lui avait expliqué n’avoir jamais utilisé ses pouvoirs mentaux pour « soigner le cerveau » des gens, car de tous les organes du corps, celui-ci était un des seuls dont elle ignorait le fonctionnement exact, et ce dernier était trop sensible et trop important pour l’harmonie du système humain pour qu’elle s’aventure à jouer les apprenties sorcières.

Malgré toute la confiance qu’elle avait déjà envers sa mère adoptive à l’époque, Mako avait quelque part douté de sa parole. Peut-être était-elle simplement trop âgée pour tenter de maîtriser de nouvelles techniques médicales qui avaient l’air il est vrai très délicates – trop pour son âge ?

Pourtant Mako avait pu constater de ses yeux l’effet de l’hypnose le jour où un autre guérisseuse du village avait insisté pour l’utiliser sur un des guerriers du village qui souffrait de terreurs nocturnes suite au terrifiant spectacle de deux de ses camarades qui avaient brûlé vif lors d’une escarmouche avec des brigands. La guérisseuse avait dû apprendre à utiliser cette technique à l’extérieur du village puisque Suzu avait refusé de la former à l’hypnose médicale. Pendant quelques mois, la méthode sembla porter ses fruits car l’homme avait confirmé ne plus voir ses camarades brûler dans ses rêves. Et puis un jour, on le retrouva pendu dans sa cabane. La lettre qu’il avait écrite juste avant de mettre fin à ses jours expliquait qu’il avait commencé à se sentir dévoré lui-même par les flammes en plein jour cette fois. Etant déjà honteux de faire des « cauchemars » à son âge, il avait préféré ne pas parler de ses hallucinations diurnes pour ne pas qu’on le prenne pour un fou ou pire, un incapable. Résultat, il avait préféré se suicider pour échapper à son calvaire.

La guérisseuse-hypnotiseuse avait bien sûr plaidé sa cause envers la famille du défunt, arguant qu’elle avait essayé de la guérir, qu’elle avait agi de bonne foi et qu’elle ignorait complètement que son traitement serait bien pire que le mal. Suzu avait cru en sa bonne foi – elle n’avait pas voulu sciemment nuire à cet homme – et elle avait réussi à changer la peine capitale de la jeune femme – qui s’était rendue coupable de crime selon les lois du village – en bannissement à vie avec interdiction de revenir dans la forêt enneigée sous peine de se faire abattre à vue.

Et pourtant, malgré ces pensées négatives considérées par l’oeil froid de la médecin, Mako avait également une très forte envie de serrer Willow dans ses bras pour la réconforter. Mais malgré l’envie, l’effort de volonté pour se mettre en mouvement vers elle était trop important. Elle avait réprimé ses émotions et ses pulsion -excepté les plus destructrices -  pendant tellement d’années qu’elle était maintenant incapable de les extérioriser alors qu’elle en avait vraiment envie. Et elle savait parfaitement pourquoi. Voir une fille si jeune qui avait pourtant dû faire face à la mort et au meurtre ne pouvait pas ne pas lui rappeler sa jeune sœur. Une sœur qu’elle avait quasiment élevée seule sans pourtant l’avoir jamais prise dans ses bras justement. Après tout, Mako elle-même avait bien vite refusé tout geste d’affection de sa mère biologique qu’elle prenait – à tort – pour un monstre. Et puisque cela avait forgé son caractère pour en faire une guerrière, il en serait de même pour sa sœur… Qu’elle destinait pourtant à devenir éleveuse à l’origine ! Ah, la fameuse époque où elle pensait pouvoir tout contrôler…

Et finalement, comble de l’ironie, Victoria était devenue elle aussi une féroce guerrière contre l’avis de son aînée mais en plus elle était devenue une personne plus stable que son aînée et bien plus en phase avec celle qu’elle voulait être. Avec Willow, elle voyait presque une chance de ne pas commettre de nouveau l’erreur de la froideur qu’elle avait commise avec sa sœur des années auparavant. Et pourtant elle ne pouvait pas agir. Par contre, son corps agissait de lui-même et elle sentait un sentiment poindre en elle, un sentiment qu’elle n’avait pas ressenti depuis des mois et qu’elle faisait tout pour garder à distance. Heureusement, le Pokémon de la jeune fille était capable de faire ce que elle ne pouvait pas faire. Ce que quelque part, elle s’interdisait encore de faire.

Pour se donner une contenance, elle attrapa son verre d’eau et fit mine de boire pour masquer en partie son visage. Hélas cela ne suffit pas à faire refluer ses émotions et elle ne se sentait pas de les montrer devant Willow dès maintenant. Aussi elle se releva et réussit par miracle -ou par simple habitude ? - à maîtriser sa voix pour lui dire :

« Je comprends ton sort et je compatis. Sincèrement. Repose-toi, je vais revenir… Bientôt. »

Et sur ces salutations, elle ressortit dans le froid, laissant le plateau et tout son contenu à l’intérieur. Mais malgré la température glaciale, elle se sentait paradoxalement mieux ici qu’à l’extérieur. Ici au moins elle pouvait lâcher du lest. Sans dire un mot, elle regagna sa propre cabane. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher de sentir son cache-oeil s’humidifier sous l’effet de ses larmes.

Dans l’espoir de consoler sa dresseuse, Leo, qui n’avait pas quitté son épaule, envoya quelques bulles devant sa dresseuse dans l’espoir de la distraire. Mais cela n’eut que peu d’effet. Si Mako voulait que sa tristesse s’apaise, elle savait qu’il lui faudrait revoir cette fille, et faire… Ce qu’elle avait à faire pour régler sa dette avec son passé.

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