Taverne en vue ! [PV Selenite]

[Chad Kehr]

Mais quel pays à la con ! D’abord ce temps glacial horrible sur la moitié du pays, même en cette période de l’année ; et maintenant ils me font traverser des ponts gigantesques pour atteindre la seule ville à des kilomètres à la ronde qu’ils ont eu la bonne idée de foutre en plein milieu d’un lac pour le faire baigner parmi les cascades. Sans mauvais jeu de mot, je suis rincé !

Inutile de dire qu’après tout ça, la ligne droite fut de mise. À peine arrivé en ville, je me suis renseigné sur les tavernes du coin. On m’en a cité une, probablement dans mes moyens, puis je m’y suis rendu sans prendre le temps d’admirer l’architecture de la ville, si exceptionnelle qu’elle soit. On verra plus tard le tourisme ! D’abord… manger, repos, déprimer dans un coin et retrouver un peu d’énergie.

Allez, allez, courage Chad. C’était juste un plan foireux, la suite ira mieux ! Après-tout, on est enfin arrivé en ville, c’est maintenant que le voyage commence ! Ou plutôt, la partie "agréable" du voyage. J’aurais dû prendre un piaf, qu’on me dira… Mais d’après mes récentes mésaventures dues aux transports volants, je suppose que ça aurait été encore pire.

J’ouvre la porte d’entrée de la taverne. Dedans c’est… oué, c’est une taverne quoi. Pas grand-chose de particulier qui m’attire l’œil, et c’est tant mieux. En tout cas, je ne perçois pas de bagarre ou autre dangerosité parmi les clients qui me ferait changer d’avis aussitôt. Parfait.
Ligne droite. Encore. Cette fois, direction une table dans un coin en évitant de croiser trop de regards. Ma cible est là. Elle m’attend, bien sagement rangée sous la table pour ne pas gêner le passage. Une chaise !
Je la tire dans un crissement qui m’arrache les oreilles, trop fatigué pour faire davantage d’effort. Pas grave. Tout ce qui est importe, c’est…

— Aaaaaah, enfiiiiin !

Je peux m’y avachir, appuyé sur le dossier avec tant de lassitude qu’on pourrait craindre que je la renverse dans les minutes à venir. Les bras le long du corps, je pousse un profond soupir de lassitude à l’idée d’avoir enfin atteint une destination. Une. La bonne ? Aucune idée, et je m’en fiche, au moins on n’est plus perdus au milieu de nulle part. Ça doit se voir à ma tenue que je vadrouille depuis un sacré moment. Ma cape brune commence à souffrir du voyage, tâche et trous s’immiscent dans sa coloration et m’intiment d’en racheter une dès que possible. J’ai les cheveux hirsutes et trempés de la dernière averse, comme le reste de ma tenue. Et encore, ça, c’est sans compter les baignades improvisées pour fuir je ne sais plus quelle bestioles dangereuses l’autre jour. Bien entendu, tout cela se reflète également dans mon regard, déjà habituellement mauvais, auquel s’ajoute une lourde fatigue. Oh et puis, quand les griffures et autres joyeusetés de voyage arrivent jusqu’au visage, en général, c’est qu’on en a un bon paquet sur le reste du corps.
Yep, on ne le dira jamais assez : je préférais Flamen. Pourtant, l’endroit a une réputation bien plus dangereuse, mais tant qu’on évite la ville dont je préfère ne plus prononcer le nom et qu’on se contente des plaines fleuries, tout va bien là-bas !

Boing. Une bestiole quadrupède grimpe sur mes genoux pour escalader mon torse et essayer de me tirer de cette léthargie à coup de léchouilles. Un maigre sourire perce ma carapace maugréeuse, puis j’entame quelques caresses sur le dos du jeune Evoli en murmurant de ma langue natale :

— T’inquiète, ça va.

Hâmon le sait bien, lui ! Il s’est installé au pied de la chaise, habitué à me voir dans cet état après une expédition bien trop éprouvante. Après une bonne nuit de sommeil, tout ira bien !
Mes deux Pokémon sont sortis depuis l’arrivée en ville, une fois que je fus certain qu’aucune créature monstrueuse ne pourrait nous courir après, qu’on aurait plus à patauger dans l’eau ou la neige et qu’on… qu’on… qu’on voilà, d’accord ? Bref !

Le bon côté des choses, c’est qu’eux, au moins, ils vont bien. Yvain en particulier est rayonnant de santé, puisque je lui évite toutes les mauvaises situations. Il est si mignon, je me sentirais mal de le faire affronter le moindre danger ! Et puis il doit être heureux pour évoluer, alors j’essaye de ne jamais le faire assister à quoi que ce soit de malheureux, tout cela en cherchant à l’entrainer… oui, non, pas vraiment. Nos entrainements se résument à lui lancer des trucs pour qu’il aille les chercher ou courir ensemble, puisque je m’y connais autant que lui en Pokémon ; c’est-à-dire rien.
Quant à Hâmon, il forcit bien, mine de rien, à force de voyager ! Ou alors il s’est fait un pelage épais à notre arrivée en Mizuhan ? Ça ne serait pas étonnant.

Ah ? On dirait que quelqu’un s’approche. J’observe, prêt à saluer d’un bonjour procédural dans la langue commune.
Ah oui, la langue. Chaque fois que je voyage, j’oublie ce détail. Aucun problème avec ma langue d’origine et celle utilisée partout sur Midgard, et je commence à me débrouiller en Flamenois. Le Nalcien, par contre, ce n’est pas la folie, et la langue commune d’Erasia, encore pire. Quant à celle de Mizuhan, euh… n’en parlons pas, d’accord ? En tout cas, moi, je ne risque pas d’en parler… ou plutôt, de la parler.

[Invité]

La neige, le blanc, le froid. Sélénite était assise à la fenêtre, observant le ballet hypnotique de cet amas d’eau cristallisé. Les iris ciel se perdaient dans cette danse et bien que cela soit familier, la jeune femme ne se lassait pas d’un tel spectacle. Thor à ses côtés observait également la fenêtre, reniflant de nombreuses fois comme à son habitude, musique devenue normale pour la dame du froid.

Le temps défile et avec lui approche l’heure de prendre le service à la taverne. D’un geste souple, Sélénite se lève de son perchoir, admire une dernière fois le paysage urbain avant de faire ses ablutions matinales et s’habiller. Le petit déjeuner serait pris comme tous les matins dans les cuisines de la taverne en compagnie des autres employés et du patron. Jamais la blanche ne louperait un tel moment de convivialité et de chaleur humaine, un regain d’énergie pour affronter la longue journée de travail qui l’attendait.

La mizuhanienne marche dans les rues s’éveillant doucement et atteint son lieu de travail, une douce odeur de boissons chaudes et pâtisseries venant lui chatouiller les narines et réveiller l’ogre grondant dans ses entrailles. Elle accélère le pas, vérifiant de temps à autres que son Pokémon la suivait bien. C’est donc d’un pas assuré que la demoiselle franchit les portes encore closes de l’établissement un simple “Bonjour” venant annoncer son arrivée.

Le gérant l’accueil chaleureusement et c’est dans une bonne humeur commune que chacun s’attable, discutant de tout et rien avant la préparation de la journée à venir. Répartition des tâches, menu du jour et toute précisions utiles afin d’assurer un service fluide et rapide aux clients.

Sélénite prend donc ses quartiers dans la salle de la taverne, s’installant derrière le comptoir en bois, fin prête à accueillir les premiers arrivants. Un torchon dans les mains en train d’essuyer les verres, chopes et autres contenants, la blanche lève de temps à autre la tête, gardant un œil sur l’entrée. Quand les premiers clients arrivent, c’est avec un sourire qu’elle les accueille, les laissant s’installer où bon leur semblait parmi les tables en bois brut. Bancs ou chaises, il y avait de tout jusqu’aux tabourets de comptoirs qui se remplissaient en premier.

La taverne était somme toute assez classique, quelques plantes locales installées à divers coins de la salle pour offrir un peu de verdure dans ce monde de bois. Quelques armes accrochées aux murs, dessins et autres gravures, pour autant, les lieux respirent la simplicité jusqu’à la clientèle. Le patron s’assure en outre qu’aucun débordement ne vient briser la quiétude de ses murs, n’hésitant pas à mettre dehors le premier qui tenterait de hausser la voix un peu trop fort.

Sélénite est occupée à remplir son plateau de boissons et nourritures quand une tête inconnue passe la porte. Elle termine de servir la table prise en charge, laissant le nouveau venu prendre ses aises à une table libre avant de le rejoindre,Thor sur ses talons et visiblement curieux, sa tête blanche dépassant des jambes de la blanche pour observer les Pokémon présents aux côtés du jeune garçon.

- Bonjour et bienvenu monsieur. Il y a quelque chose qui vous ferait plaisir ?

Sourire et paroles en langue commune. C’étaient les directives qu’il fallait suivre à la lettre, impérativement. Si le premier n’était pas forcément le plus compliqué pour la jeune femme, devoir parler dans la langue commune était une autre affaire, très attachée à sa terre, elle avait également à cœur de n’entendre que les sonorité de sa langue maternelle. Elle devait pourtant se plier à cette règle et si au départ ce fut compliqué à respecter, le naturel revenant vite, la blanche finit par s’y faire et prendre l’automatisme.

Thor de son côté commence à se détacher des jambes de la jeune femme pour observer d’un peu plus prêt les Pokémon, toujours en reniflant bruyamment.

[Chad Kehr]

Et c’est parti. Je cligne des yeux à trois reprises à l’entente de ces paroles souriantes. Bonjour, ça, ça va. Monsieur aussi. Je devine le restant de la phrase sans difficulté. Par contre, la suite… C’est un peu plus complexe à mes oreilles de néophyte perdu en continent étranger. Pourquoi je me balade ici, moi, déjà ? Il était pourtant tellement plus simple de rester sur son continent natal et de profiter d’un langage bien connu sans avoir à se prendre la tête.

Bon, restons logique. Cela fait déjà trop longtemps que je reste à la fixer sans comprendre, cinq, peut-être dix secondes. Même Yvain me regarde en penchant la tête, attendant ma réponse de la même façon que cette demoiselle.
Après un raclage de gorge extrêmement gênant au point de muter en toux sous le coup de la fatigue, je me redresse sur ma chaise dans une position plus droite et bredouille quelques excuses de mon accent prononcé de Midgard :

— Euh… Bon.. bonjour ? Merci. Euh… man… manger ?

Rohlala, la fatigue, la panique, mon inaptitude à la langue. Tout s’accorde pour m’offrir en spectacle sous les yeux de cette étrangère tandis que je cherche une issue à cette maladresse.
Là, c’est le moment où je devrais sortir mon carnet avec les quelques traductions accumulées. Mais allez savoir pourquoi, je n’y ai pas pensé, trop occupé à me morfondre sur ma propre bêtise. Heureusement qu’un reniflement finit par attirer mon attention plus bas. Tiens ? Qu’est-ce que c’est que…

— AH ! Mais c’est un Polarhume, ça !

Tout cela, dans la langue de Dyrinn la plus naturelle qui soit. Heureusement que les noms des Pokémon, eux au moins, survivent aux changements linguistiques.
D’accord, il y a un Pokémon avec la serveuse. Certains diront que ce n’est pas grand-chose, mais pour moi, si ! C’est un évènement ! Je passe mon temps à croiser des Pokémon dont j’ignore jusqu’au nom. Alors en croiser un originaire du continent en ces temps de fatigue est comme une bouée à laquelle me raccrocher. Malgré ma boulette de langue juste avant, mon regard se remplit d’espoir tandis que je pointe le ciel à travers le plafond du bâtiment et m’exclame dans la langue commune d’Erasia :

— Toi, Midgard ? Euh… aller ?

Allez, allez ! Peut-être une petite chance de me sentir moins perdu aujourd’hui ? Et avec encore plus de chance, peut-être a-t-elle-même compris mon Dyrinnois ? Oui, non, ça… peu de chance, c’est un peu spécifique. Mais sait-on jamais !
Les reniflements incessants du petit ours frileux ont fini par tirer Hâmon de ses songes. Après un tressaillement de méfiance suivi d’un bond pour se remettre sur ses quatre pattes, le voilà qui s’approche avec plus de curiosité qu’autre chose. Une patte levée, il approche ses griffes de cette curieuse goutte gelée s’échappant du museau de l’ourson, comme s’il y voyait une baballe faisant des hauts et des bas. Yvain aussi semble très curieux de l’ourson qui les regarde, sauf qu’il n’a pas l’intention de quitter mes genoux pour si peu. Hâmon devra jouer les éclaireurs pour eux deux aujourd’hui.

[Invité]

Elle pose donc son regard de glace sur le jeune homme, calme et à l'écoute, attentive à la moindre demande. Il semble prendre le temps et elle hausse un sourcil étonné lorsque le son caractéristique d'un raclement de gorge se fait entendre, suivit d'une quinte de toux. Elle le regarde se redresser et bafouiller quelques mots d'un accent qu'elle n'a guère l'habitude d'entendre. Il semblait chercher ses mots de manière un peu maladroite. Sélénite reste pour autant silencieuse et calme ne cherchant pas à aggraver la situation du jeune homme. Oh pourtant dans sa tête elle maudit un peu qu'il n'ait pas pensé à sortir un calepin ou quelque chose avec des traductions de bases, chose essentielle à ses yeux quand on venait ici. Elle allait répondre, reposer une question quand le regard du jeune homme se pose sur Thor, ce dernier reniflant à grand bruit, comme à son habitude.

Elle hausse un sourcil à l'entendre parler. Un étranger, définitivement en revanche elle reconnait le nom du Pokémon et un "o" se dessine sur ses lèvres pendant que son regard azur se pose sur le Polarhume.

“Polarhume oui”

Elle répète le mot et hoche la tête. Oui c'est bien ce Pokémon là. Il renifle encore une fois d'ailleurs et s'approche curieux du jeune garçon. La blanche de son côté observe les mimiques de ce jeune client, levant la tête au plafond et essayant de deviner avec ses gestes les paroles cachées.Elle penche la tête sur le côté. Midgard ? Elle réfléchit, tentait-il de lui demander si elle était allé à Midgard et avait trouvé son Pokémon là-bas ? Peu sûre de sa déduction, elle tente quand même une réponse.

“Non, je l'ai trouvé ici. Sur Mizuhan.”

Et tout en parlant elle hoche la tête négativement et montre plutôt la porte du lieu puis le sol. Comme pour appuyer ses paroles. C'était compliqué. Thor de son côté a tourné la tête pour regarder le Pokémon approcher sa griffe de la goutte pendante. Le Polarhume penche la tête, renifle et lève ses pattes pour serrer celle tendue, croyant sûrement qu'il voulait serrer la patte. Sélénite est quand même ennuyée, la discussion semble ardue. Elle prend une pose réflexion, le menton posé dans une main avant d'avoir une idée. Levant sa main pour signaler au garçon de l'attendre, la blanche retourne au comptoir et explique la situation à son patron, ce dernier n'ayant pas loupé l'échange. Il hoche donc la tête à l'idée de la jeune femme et elle revient vers le garçon avec parchemin, encre et plume pour écrire. Ou tout du moins dessiner.

Là, elle s'installe sur une chaise libre et dessine une choppe puis une assiette et un point d'interrogation. Elle lève le regard vers lui et pousse le parchemin dans sa direction. Parler était compliqué, le dessin pourrait peut-être débloquer certaines choses. Elle écrit alors les mots en mizuhanien, une sorte de cours improvisé pour lui apprendre les rudiments et pourquoi pas débloquer un peu plus la discussion. Elle repense alors à sa question sur le lieu du Polarhume et elle se met à dessiner grossièrement Mizuhan, faisant ensuite une croix à l'Ouest, là où elle l'avait trouvé, en montrant de son doigt Thor, puis la carte.

Comprendrait-il ?

[Chad Kehr]

Oui, c’est bien Polarhume ! Enfin, je le savais, mais elle aussi le sait et m’a compris ! Bordel, je m’ébahi pour que dalle, là.
Allez, retrouvons notre sérieux. C’est l’heure d’une réponse ! Et la réponse est… Incompréhensible !
J’exagère. En vérité, j’en ai compris la majorité, à commencer par le nom du pays et le mouvement de tête. Je hoche la tête en retour, montrant que j’ai compris, puis me sent un peu débile de n’avoir rien à enchainer là-dessus. Géniale mon entrée en matière !

Côté Pokémon, ce n’est pas mieux. Hâmon semble avoir au moins autant de mal à communiquer que moi. Quand l’ourson lui a pris la patte, il s’est figé sur place, surpris par la froideur du Polarhume. Tout son corps a tressailli jusqu’au bout de sa queue, sous les éclats de rire d’Yvain qui regardait la scène. Il faudra finalement que ce dernier bondisse de son promontoire pour dégeler la situation en s’approchant à son tour, la queue toute remuante en vue de cette nouvelle rencontre.

Ce sera donc l’Evoli nouveau-né qui se montrera le moins crétin du groupe, tendant une patte à son tour pour imiter Hâmon en commençant à marmonner de petits "Evo Evo !" mignons comme tout pour se présenter et présenter son copain irrémédiablement gelé sur place avec de grands yeux fixes perdus entre l’inquiétude et l’incompréhension !

Pour ma part, j’ai râté toute chance de m’expliquer avec la serveuse qui est repartie. Enfin, c’est ce que je croyais, jusqu’à ce qu’elle revienne avec de quoi écrire. Mais en voilà, une bonne idée ! Je souffle de soulagement, reconnaissant une question évidente à travers le dessin de la demoiselle.

— Oui !

Doublé d’un pouce levé, au cas où mon accent aurait ruiné l’un des rares mots que je connaissais du pays.
N’ayant pas vraiment envie de rendre la tâche trop compliquée à cette pauvre serveuse, et l’imaginant déjà dessiner la totalité des plats disponibles, je me décider à pointe du doigt l’une des tables voisines, en direction d’une assiette qui me parait appétissante. Je repointe ensuite son dessin :

— Là !

J’espère que la commande est claire ? Pendant ce temps, de son côté, elle a dessiné autre chose. Je découvre une forme abstraite, avec une croix. Pas sûr de piger, là. Attendez, y’a des signes en prime ! Le Polarhume, le dessin… Eh, mais ce n’est pas…

— Mizuhan !

Je pointe la carte du doigt à mon tour, exprimant le nom du pays d’un accent à couper au couteau. Je vois mieux l’intérêt de cette petite croix, du coup. Ça doit être par là-bas qu’ils vivent, les oursons ! Étonnant qu’on en trouve ici aussi ! Je me demande si c’est à force d’en voir débarquer de chez nous ?

— Ah !

Après quelques dessins, je remarque qu’elle ne se contente pas de dessiner pour me faire comprendre. Elle annote aussi le véritable mot en Mizuhanien pour que je puisse le retenir. Ding ! C’est le moment où je repense enfin à mon carnet. Je m’agite quelques instants sur ma chaise, cherchant un mot à lui balancer pour lui faire comprendre d’attendre un instant, puis abandonne cette idée vaine pour fouiller mes poches et enfin récupérer le précieux.
Là, première page, premier mot.

— Dé-so-lé !

Et j’y ajoute un petit sourire gêné, une main derrière la tête pour marquer ma honte de n’y avoir pas pensé plus tôt.
Et en même temps, ça ne va pas changer grand-chose. Pour lui faire comprendre la situation, je pose mon carnet sur la table grand ouvert à une page au hasard, puis commence à décrire les colonnes en passant mon doigt dessus :

— Midgard, Flamen, Nalcia, Erasia, Mizuhan, Terros.

Dans l’ordre des colonnes. Et c’est là que le drame put être constaté ! Sans surprise, la première colonne était remplie. La seconde s’en sortait pas mal, la troisième un peu moins, et… à partir de la 4ème, c’était l’hécatombe (bel exemple de mot indisponible dans d’autres langues que la mienne, tiens !).

Attrapant la feuille de papier à mon tour, je rajoute vaguement le continent volant, Flamen et Nalcia aux côtés de ce Mizuhan improvisé par la serveuse, puis dessine une flèche allant de Midgard à Flamen en passant par les deux autres, histoire de montrer mon trajet effectué.
Après quoi, je cherche un mot dans mon carnet. Mot qui se retrouve bien évidemment vide dans les colonnes de Mizuhan et du commun erasien. J’aurais vraiment dû remplir le carnet en entier à mon dernier changement de pays.
Tant pis, je rajoute un petit bonhomme bâton sur la flèche, sur lequel j’indique tout d’abord mon nom en lettre tout en le prononçant :

— Chad !

Je me pointe du doigt, histoire que tout soit clair, puis suit la flèche de mon doigt en prononçant dans la langue de midgard :

— Voyage !

Mot que je pointe dans mon carnet, montrant bien que je n’ai aucune idée de comment le dire dans la langue d’ici.

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