[ Clos ] Le fantôme de la mine [Amélia/Théodore]

[Amélia Vhagar]

Amélia ouvrit les yeux alors que quelques Pokémon oiseaux piaillaient à l’extérieur et que le soleil commençait à s’infiltrer dans la chambre qu’elle avait loué dans un petit village au pied de la chaine de montagnes Cénosia. La jeune femme s’étira de tout son long avant de relâcher ses muscles et de fixer les poutres apparentes au niveau du plafond, se remémorant ces dernières semaines. Après que le bateau sur lequel elle navigua lors de sa dernière mission fut victime d’un assaut de pirates, Amélia avait manqué de rentrer à I’Maï avec un bras en moins.

C’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase de sa patience. Cet événement lui avait fait prendre conscience qu’elle avait vraiment besoin d’améliorer ses compétences de guerrière… Elle avait donc eu la discussion qu’elle redoutait tant d’avoir avec Iren...  La plus jeune avait enfin exprimé ce qu’elle ressentait à son mentor. Son sentiment d’impuissance, son envie de progresser, sa peur de ne pas être à la hauteur. Elle avait été mise à mal par des simples pirates et ça n’aurait jamais dû être le cas !! Cette attaque lui permit enfin de mettre des mots sur les tracas qui la bouleversaient et la mettaient à mal.

Et contrairement à ce qu’Amélia s’attendait, Iren fut réceptive à son récit et sa requête. La plus jeune avait déboulé dans le bureau de son aînée telle une furie, avait claqué la porte derrière elle avant de demander à Iren de la soulager de certaines missions diplomatiques. Les larmes lui montaient aux yeux et sa gorge se serrait tandis qu’elle suppliait sa mentor de ne pas être déçue. Elle se confondait en excuse telle une gamine, affirmant qu’elle était fière d’être sa pupille, que c’était le plus grand honneur de sa vie, qu’elle se rendait compte de la chance qu’elle avait et qu’elle continuerait à l’être aussi longtemps qu’elle le pouvait, mais qu’elle ne pouvait plus être qu’un agent de liaison entre I’Maï et le reste du pays. Elle avait besoin de s’élever sur le plan personnel, de grimper les échelons comme son père l’avait fait à son âge !  

Iren s’était levée de son bureau avant d’enlacer Amélia qui avait craqué et s’était mise à pleurer dans son cou. La plus âgée lui avoua que la réflexion lui avait déjà traversé l’esprit mais qu’elle attendait que la cadette lui en fasse part d’elle-même. Après tout, parce qu’Amélia ne se plaignait pas de la situation, Iren partait du principe qu’elle était heureuse avec la situation. La consule pressa les épaules de la plus jeune tandis qu’elle la repoussa lentement mais fermement. L’officielle la regarda dans les yeux avant de s’excuser de ne pas avoir perçu le mal-être de sa pupille et de ne pas avoir abordé le sujet elle-même tout en lui réitérant la confiance qu’elle avait en elle. Elle lui promit de faire appels à quelques-uns de ses contacts afin de mettre en place une remise à niveau pour Amélia ainsi que pour organiser le passage d’une épreuve officielle de son choix. Elle lui demanda aussi d’arrêter de pleurer sous prétexte qu’elle était plus jolie quand elle souriait, sur un ton moqueur.

Iren avait perçu le potentiel de la Terrosienne alors qu’elle était encore très jeune et la consule était certaine qu’elle passerait son épreuve haut la main une fois qu’elle suivrait sa formation. En attendant, elle renvoya Amélia chez elle, lui offrant deux semaines de repos bien mérités.

C’est ainsi que la militaire se retrouva à trainer près d’une demi-heure avant de réussir à se trainer hors du lit. La blonde se dirigea vers la fenêtre qu’elle ouvra en grand tandis que Balerion se mit à bailler bruyamment, réveillé par la lumière.

Amélia avait décidé de partir prendre l’air hors de l’île. Il y’avait tellement de choses à voir sur le continent qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d’explorer ! Elle traversa le détroit séparant I’Maï et le reste du pays sur le dos du Dracaufeu de son père et ce dernier retourna immédiatement auprès de son dresseur une fois Amélia déposée. Le général Vhagar avait proposé d’accompagner sa fille lors de ses vacances mais cette dernière avait décliné l’invitation, préférant profiter de l’occasion pour passer du temps seule.

Après avoir pris une douche bien chaude à l’aide de Balerion, Amélia se vêtit simplement : un pantalon en lin beige, un chemisier blanc sous un pull plus épais couleur crème ainsi qu’une paire de chaussures à grosses semelles pour pouvoir se balader dans les environs plus facilement.

Les montagnes Cénosia n’était certainement pas le choix le plus commun comme destination de repos, mais Amélia n’avait que deux semaines de libre, ce qui ne lui permettait pas de partir à l’autre bout du pays. Et puis, c’était dépaysant par rapport à son paysage quotidien, et c’était suffisant pour elle.

Alors qu’elle prenait son petit-déjeuner dans la salle commune de l’auberge dans laquelle elle logeait, Amélia laissa trainer ses oreilles un peu dans chaque conversation. Certains prévoyaient leur plan de la journée, d’autres partageaient messes-basses et autres plaisanteries. Enfin, une discussion attira son attention. Le propriétaire de l’établissement était derrière son comptoir, essuyant quelques verres pendant qu’il discutait avec un homme à l’accent étranger.

Le propriétaire lui traçait un itinéraire des choses à voir et lui donnait des conseils pour se déplacer dans la région. Le patron dessinait des lignes sur une grande carte quadrillée tout en insistant fortement pour que le client lui loue un des Rhinocorne qu’il mettait à disposition de ses clients. Au cours de l’itinéraire qui semblait être tout ce qu’il y’a de plus commun, un détail retint cependant l’intention de la soldate.

« Ici, t’as une entrée des vieilles mines, mais j’te conseille pas d’y aller. Personne n’y va, en fait. Elles sont abandonnées et y’a rien d’bon qui en est un jour sorti ! Y’en a qui s’y aventurent hein, mais parfois on les retrouve pas. Y’a même pas 10 jours, 3 jeunes sont jamais revenus au village ! C’pas faute de les avoir prévenus hein ! Ils disparaissent comme ça. On dit que les mines sont hantées, surtout cette entrée. Elle est censée être gardée par des esprits maléfiques ! »

Amélia regarda l’invité accoudé au comptoir sautiller de joie alors qu’il empoignait la carte avant de piquer un sprint vers l’extérieur, probablement excité à l’idée de se faire peur et de se rendre dans les mines. La jeune femme finit par avaler sa dernière bouchée de flocons d’avoine avant de remonter dans sa chambre pour finir de se préparer et démarrer sa journée.

Elle s’aventura dans les sentiers sinueux de la chaine de montagne pendant une bonne heure, profitant de l’air frais qui lui brulaient les poumons quand une entrée creusée dans la pierre apparut dans son champ de vision en contre-bas. Des rails s’y engouffraient tandis que le trou semblait être solidifiée des constructions humaines en bois.

Sans le savoir, elle était tombée sur les vieilles mines dont elle avait entendu parler un peu plus tôt dans la journée. Sa curiosité la piqua alors et la poussa à descendre malgré les pentes ardues qui la séparaient de l’entrée. Après avoir manqué de tomber une paire de fois, Amélia finit par arriver face à cette porte interdite.

Elle connaissait l’histoire de ses mines, l’ayant apprise à l’école. La jeune femme méprisait tout ce qu’elles représentaient : la mise en esclavage et l’exploitation du peuple Terrosien au service des Flamennois.  Si ça ne tenait qu’à elle, elle placerait des explosifs le long des tunnels avant de tout faire exploser, condamnant le lieu à jamais. Cependant, elle était quand même tentée de voir à quoi elles ressemblaient de l’intérieur... Juste un peu !

Si elle n’allait pas trop loin et qu’elle restait près du bord… Elle ne risquait rien, si ? La soldate fit surgir Balerion de sa Pokémon.

« Fais l’éclaireur pour moi, ok ? »

Le petit lézard lâche un bruyant « Mèèèèche » avant de se mettre à avancer, se dandinant joyeusement face à sa dresseuse. Le duo s’enfonça dans le tunnel principal pendant quelques minutes quand des bruits sourds et réguliers se firent entendre à proximité. Balerion réduit la distance avec Amélia, preuve qu’il avait peur tandis que sa dresseuse le poussait à avancer prudemment vers la source de bruits.

Quelques secondes plus tard, une silhouette se dessina au loin : celle d’un homme courbé, piochant dans les parois rocailleuses des mines.

« Elles sont encore en activité ? » se demanda intérieurement Amélia tandis qu’elle haussait un sourcil.

Prenant son courage à deux mains, elle interpella le piocheur tandis que Balerion se cachait derrière les mollets de la femme.

« Bonjour ! » fit-elle alors qu’elle mit en évidence ses mains non-armées à celui qui se trouvait à quelques mètres. « Moi c’est Amélia, et lui c’est Balerion, et vous ? Vous savez qu’on dit que ces mines sont hantées ? » compléta-t-elle.

Elle aurait voulu ajouter un « vous êtes réel ? » mais elle s’abstint, préférant d’abord attendre la réponse de l’inconnu.

[Théodore Jagan]

« Sneehee, arrête de remuer la queue, je n‘y vois plus rien !
-Beeeeeeeeeeeeh ! »

Après un bêlement d’excuse, le mouton électrique stabilisa sa queue et la lumière qu’elle produisait permettant à Théodore de voir à nouveau le filon brillant qu’il était en train de miner vaillamment.

Ce travail dans la mine était une occasion en or : alors qu’il venait de terminer un travail d’un peu plus d’un mois comme aide forgeron dans un village voisin, le forgeron lui avait expliqué qu’il ne pouvait plus le garder parce qu’il attendait un chargement de charbon qui venait des environs d’Omashu. Comme le forgeron habitait à l’extrême nord de Terros, près des ancienne mines, ce détail ne manqua pas de surprendre le jeune homme qui posa la question à son patron : pourquoi ne pas aller se fournir dans ses mines situées à moins de deux kilomètres du village plutôt que de compter sur une cité située à plus de mille kilomètres pour l’approvisionnement ?

Le forgeron avait éclaté de rire, arguant que son aide n’était décidément pas du coin et il avait expliqué au jeune homme que les anciennes mines, bien que riches en charbons et en métaux précieux, étaient abandonnées depuis des lustres. Depuis plus de sept cents ans précisément, soit depuis l’époque où la région était occupée par Flamen. C’était d’ailleurs le pays du feu qui exploitait ces mines à l’époque et il avait pour ce faire réduit en esclavage les Terrosiens de la région qui depuis redoutaient ces mines comme la peste pour les mauvais souvenirs qu’elles leur rappelaient… Même si ces souvenirs dataient de plusieurs siècles. Il faut dire qu’au fil du temps, la légende avait pris le pas sur l’Histoire et les spectres vengeurs du passé remplaçaient désormais les mauvais souvenirs des vivants pour garder à distance les gens de ces mines. Certains disaient même qu’il s’agissait du lieu le plus hanté de tout Erasia et Tenkei réuni. Rien que ça...

Spectres ou pas, Théodore avait surtout retenu de l’histoire qu’il n’y avait aucune concurrence dans cette mine et donc un énorme filon à exploiter dans tous les sens du terme ! Il avait donc fait le tour du village en rassemblant les différentes commandes en charbon et métaux précieux des habitants. Hormis le forgeron, le village était réputé pour ses orfèvres mais ces derniers devaient se fournir directement sur la montagne puisqu’ils n’osaient pas accéder à la mine. Un approvisionnement conséquent et sans effort en or, argent et bronze était donc une aubaine pour eux. Après avoir bataillé ferme, Théodore avait convenu avec les villageois – et cela incluait la garde locale – qu’il pourrait conserver dix pour cent de tout ce qu’il ramènerait de la mine, aussi bien les métaux que le charbon.

Avec tout ce qu’il avait déjà amassé, il tenait peut-être là la chance de rembourser le prix de sa liberté, les fameuse mille pièces d’or, aux autorités de Terros et bien plus vite que prévu ! Ce qui l’avait encore plus motivé à venir forer dans cette mine abandonnée…

« MINE !
-Masss… Kow ! »

Si Snehee était chargé de l’éclairage, Chhal s’occupait lui de chasser les importuns, les premiers sur cette liste étant de curieux Pokémon rocheux que Théodore n’avaient jamais vu auparavant. Ils s’appelaient d’après leurs cris Charbi et Wagomine , le premier ressemblait à un Nodulithe à un seul œil avec une roue de pierre à la place des pieds tandis que le deuxième évoquait irrésistiblement un wagonnet de mine rempli de charbon et surmonté d’une tête rocheuse à l’avant.

Ces Pokémon avaient la fâcheuse tendance de venir régulièrement pour tenter de dévorer tout le charbon que Théodore avait extrait de la mine. Les Charbi étaient plutôt facile à déloger car leur unique type roche les rendait très sensibles aux attaques plante de Chhal mais les Wagomine s’étaient avérés être partiellement de type feu et donc bien plus dangereux pour le lézard vert ! Ce dernier avait d’ailleurs failli se faire brûler la queue lors de sa première rencontre avec ces wagonnets vivants et depuis il se montrait bien plus prudents dans ses attaques… Et bien plus expéditif aussi ! Heureusement, sa dernière Giga-Sangsue eut rapidement raison du monstre de pierre et grâce à cette attaque, le lézard pouvait récupérer son énergie tout en combattant, ce qui permettait à son dresseur de continuer son travail. Snehee avait bien essayé au départ de leur prêter main-forte avec ses Cage-Eclair mais il était encore trop jeune pour utiliser cette attaque à répétition sans se fatiguer, ce qui faisait faiblir la luminosité de sa queue. Théodore lui avait alors demandé de se concentrer sur l’éclairage et de laisser le combat à Chhal.

Les Pokémon caillouteux étaient de toute façon très lents donc les effets de ralentissement de la Cage Eclair étaient limités et le Massko n’avait pas besoin de ça pour les voir venir et les anticiper comme il venait de le faire.

Théodore venait d’épuiser complètement sa troisième veine d’argent lorsqu’il entendit des bruits de pas, des pas bien trop légers pour être ceux d’un Pokémon roche. On aurait plutôt dit des pas humains, comme les siens… Alors qu’il relançait sa pioche à l’assaut d’une zone carbonifère de la paroi, une autre lumière rejoignit celle de Snehee, une lumière qui jaillissait de la queue enflammée d’un Salamèche ! Et ce dernier était manifestement accompagné de sa dresseuse, qui se présenta. Théodore fit de même avec sa brièveté coutumière, ne donnant que des informations strictement équivalentes à celles qu’il avait reçues de la fille :

« Théodore Jagan. Le Massko c’est Chhal et le Wattouatt, Snehee. Oui, je suis au courant des légendes sur ce lieu. J’ai juste croisé un Spectrum tout à l’heure mais il n’a pas fait attention à moi et a disparu à travers le mur. »

Considérant que les raisons de sa présence ici étaient assez explicites, il se sentit légitime à ne pas les développer tout en retournant la question à sa visiteuse :

« Et vous, vous faîtes quoi ici ? C’est en rapport avec votre métier ou vous faîtes du tourisme ? »

Le Flamenois n’était pas un grand voyageur mais il se doutait bien qu’un lieu aussi redouté et interdit attirait forcément les curieux… Pendant ce temps, Snehee s’approchait gaîment de la jeune fille d’une petit vingtaine d’années pour quémander des caresses tandis que Chhal la saluait d’un bref signe de tête. Théodore jugea utile de la prévenir :

« Si vous voulez le caresser, allez-y, mais j’espère que vous ne craignez pas l’électricité statique ! »

[Amélia Vhagar]

Amélia allait s’abaisser pour caresser le petit mouton bleu quand son propriétaire la mit en garde contre les éventuelles décharges électriques qui pouvaient accompagner cette démonstration d’affection. La blonde ravisa son geste avant que sa main ne rentre en contact avec la toison électrifiée du Wattouat.

« Désolé mon beau, ça sera pour une prochaine fois. »

Mais à peine Amélia s’était excusée auprès du petit mouton que Balerion surgit face à ce dernier et se mit à courir après la perle illuminée se trouvant au bout de sa queue. La soldate regarda avec amusement son Pokémon qui essayait de se faire un nouveau camarade de jeu tandis qu’elle reporta son regard sur le mineur.

« Je me baladais dans les montagnes aux alentours quand je suis tombée par hasard sur une entrée de ces mines, celle à la fin de ces rails. » fit-elle en tapotant du pied la glissière métallique. « J’en avais justement entendu parler ce matin dans l’auberge dans laquelle je dors en ce moment alors je me suis dit que c’était un signe et que je devais profiter d’y être pour jeter un coup d’œil… Par pure curiosité. Apparemment elles sont populaires chez les voyageurs inconscients qui s’aventurent un peu trop loin. »

Alors qu’elle s’adressait à Théodore, Amélia crut apercevoir un détail qui l’interpella chez ce dernier. Elle rappela discrètement Balerion à l’ordre qui se calma immédiatement et lui fit un signe de la tête afin qu’il se positionne face à elle. La flamme du Salamèche et la queue du Wattouat illuminaient désormais parfaitement le couloir dans lequel la bande se trouvait.

La soldate porta alors discrètement son regard sur les poignets de l’homme qui lui faisait face. Tiens, tiens… Elle avait eu l’occasion d’apercevoir les menottes que le roux arborait à plusieurs reprises au cours des dernières années. La première fois, il y’a quelques années, quand Amélia avait accompagné Iren qui était en visite chez une petite guide d’Alchimistes. Les savants fous avaient expliqué aux jeunes femmes leur nouvelle invention avant d’entrer dans des détails sur le comment ils fabriquaient l’alliage métallique intégré dans les liens de roches… La blonde n’avait éprouvé que peu d’intérêt sur la façon dont les menottes était fabriquées mais elle les trouvait malgré tout très intéressantes grâce à l’usage que l’armée Terrosienne en fit. Et pour cause, Amélia les avait surtout vu portées par de nombreux prisonniers de guerre qui étaient assignés à un lieu particulier.

La soldate regretta alors de ne pas avoir son épée sur elle. Avec ses deux Pokémon et sa pioche pouvant servir d’arme, le Flamenois pouvait s’avérer dangereux s’il décidait d’attaquer Amélia. Cependant, ce dernier ne semblait accorder que peu d’attention à la jeune femme, préférant porter son regard sur le mur et sa pioche. Déformation professionnelle, la jeune femme décida d’enquêter un peu sur la raison de la présence devenue suspecte du jeune homme dans les mines tout en gardant sa position pour elle-même.

« Et sinon, vous, vous venez souvent piocher ici ? Je ne savais pas que ces mines étaient encore exploitées pour être honnête… Vous ne devez pas croiser beaucoup de concurrents, c’est plutôt malin. »

Amélia, comme à son habitude, essayait d’analyser le langage corporel de son interlocuteur mais les lumières vacillantes de Snehee et Balerion ne rendaient pas les choses aisées. La jeune femme était tellement concentrée sur la réponse du jeune homme, essayant de récolter quelques informations sur ses origines et ses motivations, qu’elle n’entendit pas arriver le Galékid qui apparut derrière elle, se frottant à ses jambes.

Prise par surprise, Amélia bondit en arrière, lâchant un bref cri tandis qu’elle ordonna à Balerion d’utiliser une attaque Flammèche. Le petit Salamèche ne se fit pas prier et bomba le torse avant de projeter une gerbe de flamme sur le petit Pokémon acier qui fut propulsé un peu plus loin, sonné.

La blonde se remit à peine de ses émotions, fixant le petit foreur qui avait perdu connaissance quand le cri qu’elle avait lâché quelques secondes auparavant se fit entendre à nouveau un peu plus loin dans les tunnels. Amélia posa sa main sur sa gorge, reconnaissant sa propre voix. Ça ne pouvait pas être elle, quand même... Peut-être de l’écho ?

Quelques secondes plus tard, la voix d’Amélia retentit à nouveau plus loin dans le tunnel. Cette fois-ci le cri était tellement fort qu’il poussa la plus jeune à poser ses mains sur ses oreilles pour tenter d’atténuer le son. Elle ne put s’empêcher de penser aux paroles du patron de l’auberge prononcées quelques heures plus tôt : « On dit que les mines sont hantées, surtout cette entrée. »

Une suée froide envahit Amélia tandis qu’elle essayait de se rassurer. Elle prit une profonde inspiration avant de remettre un peu d’ordre dans ses pensées. Peut-être qu’il s’agissait de quelqu’un qui était en danger et qui réagissait au cri d’Amélia pour indiquer leur présence. Après tout, le patron de l’auberge avait bien précisé que de nombreuses personnes disparaissaient régulièrement dans les tunnels des mines désaffectées… Et le fait que la personne ait la même voix qu’Amélia pouvait être une simple coïncidence…

« Vous avez bien entendu comme moi ? Vous avez croisé d’autres personnes dans les mines avant moi ? » demanda-t-elle au rouquin.

Elle avait beau paraître confiante, Amélia n’en mettait pas large. Elle n’aimait pas la tournure que sa petite visite dans les mines prenait. Et si le mineur qui était face à elle était véritablement un prisonnier de guerre Flamenois comme elle le soupçonnait, elle regrettait déjà ce qu’elle allait lui demander…

« Vous acceptez de m’accompagner un peu plus loin pour trouver la source des cris ? Si ça se trouve, quelqu’un a besoin de notre aide et cette personne pourrait ne pas s’en sortir si on l’ignorait… »

[Théodore Jagan]

Théodore comptait tant bien que al se remettre à son ouvrage malgré l’arrivée de la jeune fille, mais lorsque le Salamèche de cette dernière fit mine de vouloir jouer avec Snehee, ce dernier oublia aussitôt sa mission d’éclairage et sa déception de ne pas s’être fait caresser par la voyageuse puisqu’il commença lui aussi à courir après la queue lumineuse de son camarade. Ainsi, la lumière dont son dresseur avait besoin pour creuser n’était plus tout à fait garantie.

Résigné, ce dernier posa sa pioche contre le mur et se passa une main sur le visage pour éponger la sueur de son front. Le jeune Wattouatt savait-il que contrairement à la sienne, la queue de son partenaire brûlait et pouvait lui faire mal ? Si non, mieux valait le laisser le découvrir par lui-même. Le mouton était trop insouciant pour ne pas essayer de l’attraper, avec ou sans l’accord de Theodore. Et puis, cela faisait un petit moment qu’il fournissait de la lumière, il avait bien droit à une petite pause.

Finalement, ce fut Amélia qui mit fin à la récréation en rappelant son lézard à ses côtés. Est-ce qu’elle avait besoin de sa lumière pour mieux voir son interlocuteur ? Finalement, elle poursuivit ses questions alors que Théodore s’adossait au mur du couloir pour se reposer un peu. Franchement, il ne voyait pas pourquoi elle lui posait toutes ces questions. Il était ici pour accomplir son travail, qu’est-ce que ça pouvait faire qu’il soit ici depuis un jour ou un an ? Néanmoins, comme il n’avait rien de mieux à faire de sa pause, il lui répondit :

« Je suis arrivé ce matin. Les orfèvres et le forgeron d’un village voisin m’ont passé une commande de minéraux et de métaux qu’on trouve ici et je compte bien l’honorer ! »

Inutile de préciser pour quelle raison il avait besoin de l’argent de ce travail… Tout le monde avait à moment donné besoin d’argent de toute façon et Amélia trouverait bien une explication qui lui conviendrait. Quant à l’absence de concurrence :

« On m’avait prévenu que ces mines étaient désertes car réputées hantées. Pour les fantômes, je ne sais pas, mais je n’ai effectivement croisé personne ici… Ce qui arrange bien mes affaires, puis qu’aucun des habitants de la région n’ose venir ici lui-même pour récupérer ce dont il a besoin. »

Alors qu’il terminait ses brèves explications, Amélia poussa un cri alors qu’un petit Galekid essayait de se frotter à ses jambes. En réponse, le malheureux caillou métallisé reçu une Flammèche du Salamèche en pleine poire. Devant se spectacle, Chhal lâcha une série de sifflements tandis que Snehee se précipitait vers le pauvre Pokémon sauvage pour voir s’il ne voulait pas jouer avec lui. Malheureusement, le Galekid était trop KO pour ça.

Tandis que Théodore se demandait s’il devait expliquer à Amélia que Chhal était en train de se moquer de sa réaction, le cri de la jeune fille se fit de nouveau entendre. Mais cette fois-ci, elle n’avait pas ouvert la bouche…

Amélia proposa alors au jeune homme d’aller voir ce qu’il se passait pour aider une éventuelle victime, ce qui plaça le jeune homme face à un dilemme. Lui aussi avait envie d’aller voir mais il savait pertinemment que s’il partait avec ses Pokémon et laissait les fruits de son travail sans surveillance, les Charbi et les Wagomine se feraient une joie de les dévorer dès qu’il n’aurait plus les yeux posés dessus. Mais Chhal sentit l’hésitation de son dresseur et lui envoya en réponse un regard rempli de détermination que le Flamenois sut interpréter :

« Tu restes pour garder la récolte ? Tu sauras te débrouiller sans Snehee pour t’éclairer ?
-Massko ! »

Le ton du lézard des forêts ne souffrait aucune réplique. Après tout sa vision nocturne était bien meilleure que celle de son dresseur... Théodore posa donc sa lourde pioche contre le mur et lui préféra son fidèle bâton de bois qui reposait à côté. S’il devaient se battre contre un spectre, même la meilleure arme blanche du monde ne leur serait pas d’une grand utilité et pour tout autre ennemi, l’ancien soldat préférait utiliser une arme moins puissant mais en laquelle il avait toute confiance.

Finalement, Théodore haussa les épaules et lâcha à Amélia d’un ton faussement blasé :

« J’espère pour lui que ce quelqu’un à sauver a de l’argent... »

Puis il suivit la jeune fille dans les couloirs vers la direction de la source du bruit. Ce dernier ne semblait pas vouloir l’arrêter et plus Théodore l’entendait, plus il était convaincu qu’il s’agissait bien de la voix d’Amélia… qui ne criait plus depuis un moment. Il y avait donc peu de chance que celui qui criait soit un humain. Etait-ce le mauvais tour d’un Spectrum ou… Autre chose ?

Finalement, les deux explorateurs, accompagnés de Snehee et Balerion arrivèrent dans une salle qui semblait à première vue assez remplie en métaux précieux, d’après ce que Théodore pouvait voir à la lumière de son Pokémon. Mais un autre détail attirait bien davantage son attention : devant eux, à moins de cinq mètres se trouvait un squelette humain qui se tenait debout et leur faisait face.

Ses yeux luisaient d’une lueur d’un bleu de glace malsaine et il se dégageait de la créature une aura cauchemardesque. Le corps osseux du monstre humanoïde n’était pas en bon état : certains os semblaient avoir été rongés par le temps tandis que d’autres étaient tout simplement manquant mais l’ensemble était malgré tout suffisamment complet pour permettre à son propriétaire de se tenir débout… Et pour braquer sous leur nez une épée tellement tâchée de rouille qu’il était impossible de deviner sa couleur d’origine. Amputée de sa moitié supérieure, l’arme semblait aussi âgée que son porteur et ne devait plus pouvoir trancher ou transpercer grand-chose mais elle semblait malgré tout assez lourde pour briser quelques crânes.

Un cadavre possédé par un Spectrum ? Théodore n’avait pas le temps de s’interroger davantage car le revenant avançait désormais dans leur direction… tout en poussant une nouvelle fois le cri d’Amélia. Au moins cette partie du mystère était résolue. Maintenant, il leur fallait rester en vie !

Adoptant une posture défensive avec son bâton, Théodore lança à la jeune fille :

« Si vous ne savez pas vous battre, partez d’ici. Sinon… Attrapez une pierre ! »

Pour ce que ça valait, un gros caillou serait toujours mieux que rien puisqu’Amélia ne semblait pas armée. Finalement, le premier coup d’épée atterrit en plein sur le bâton du jeune homme. Ce dernier avait parfaitement anticipé la lente attaque mais la puissance du squelette le surpris : ce dernier était suffisamment fort pour lui couper le souffle ! Heureusement que l'épée était trop émoussée pour trancher son bâton !

Devant cette démonstration de violence, Snehee poussa son Rugissement le plus effrayant puis envoya un Eclair sur l’adversaire pour montrer qu’il était prêt à soutenir son dresseur ! Malheureusement, le jeune ovin manquait encore de puissance...

[Amélia Vhagar]

Alors qu’Amélia et Théodore avançaient à travers le tunnel des mines, la jeune femme jeta un coup d’œil en arrière, constatant avec regret que le Massko restait en retrait. La soldate aurait préféré que le lézard évolué les suive pour leur venir en aide en cas de besoin. Après tout, ni Balerion ni le petit mouton électrique du mineur ne semblaient véritablement aptes à se transformer en gardes du corps. M’enfin… Elle n’était pas son dresseur, elle n’avait rien à dire à ce sujet… Elle jetait un autre coup d’œil sur la pioche du mineur qu’il laissait sur place.

Il comptait vraiment se défendre avec un simple bâton plutôt qu’avec sa pioche ?

« Pas étonnant qu’il se soit fait capturer s’il abandonne son arme dans des situations dans lesquelles il pourrait en avoir besoin. » pensa Amélia, pestant intérieurement.

La militaire n’était pas spécialement ravie de faire équipe avec un prisonnier de guerre sur cette affaire. Pas qu’elle les détestait, non. Elle aussi était prête à se battre pour son pays. Rien ne la protégeait de devenir un jour prisonnière à son tour si elle se retrouvait dans une situation difficile. De plus, en étant au service d'Iren, Amélia savait pertinemment que la guerre était orchestrée par des hommes et des femmes dans des bureaux, bien loin des champs de bataille, et que les petites gens comme Théodore n’étaient que des pions dont les dirigeants n’avaient que peu faire.

Cependant, malgré ça le fait qu'elle ne le détestait donc pas, elle avait du mal à savoir si elle pouvait lui faire confiance. Peut-être que lui n’avait pas ce recul sur la situation et qu'il en voulait à la terre entière pour son statut de prisonnier. Après tout, le prix que ces derniers devaient payer pour racheter leur liberté les rendaient esclaves du bon vouloir de l’armée pendant quelques années. Rien ne promettait qu’il ne saute pas à la gorge de la blonde dès que cette dernière lui tourne le dos.

Malgré toutes ces pensées qui restaient dans un coin de sa tête, les préoccupations de la Terrosienne disparurent bien rapidement quand elle aperçut le squelette qui se tenait droit, face à eux. Amélia n’en croyait pas ses yeux. Elle en avait vu des choses absurdes dans sa vie, mais un cadavre animé, ça décrochait la première place du podium haut la main.

« C’est quoi ce bordel ?! »

C’est tout ce qu’elle réussit à lâcher tandis que l’assaillant mort se mit à s’avancer, sa lourde épée en main. Une bouffée de sueur froide la submergea. Voilà qu’il était agressif en plus ! Qu’est-ce qu’elle regrettait de ne pas avoir Aube sur elle. Elle se retrouvait complètement désarmée face à un squelette possédé ! Heureusement pour eux, leur adversaire était assez lent, même si le premier coup qu’il donna à Théodore était d’une force inattendue, compte tenu de l’état de décomposition du cadavre, les prenant tous les deux par surprise.

Une pierre, une pierre… Théodore avait raison, Amélia devait essayer de trouver quelque chose pour se rendre utile. Alors qu’elle examinait du regard la salle, elle ordonnait Balerion de joindre ses efforts à ceux du petit Wattouat du prisonnier. À deux, ils n’auraient peut-être pas forcément la force nécessaire pour mettre à mal la quelconque entité derrière cette mascarade, mais ils pouvaient peut-être leur fairer gagner du temps.

La blonde recula de quelques pas et se mit à observer les parois de la salle dans laquelle ils se trouvaient. Sur la gauche de la jeune femme se trouvait une barre métallique plantée assez profondément dans un mur. Pas sûre d’être bien utile avec des cailloux, Amélia jeta son dévolu sur cette épée improvisée.

« Balerion, griffe acier sur le mur ! »

Le Salamèche laissa son compagnon d’infortune quelques instants et se mit à courir vers sa dresseuse tandis qu’un alliage métallique apparut autour de sa patte. Le lézard se dirigea alors vers le mur et planta sa patte dedans, décoinçant la barre métallique qui tomba mollement vers le sol.

Amélia la ramassa au vol et examina l’état de son arme. Le temps avait fait son effet et son extrémité était complètement rouillée. Cependant, le reste de l’objet contendant était encore suffisamment solide pour pouvoir l’utiliser pour se défendre.

Le cri de Balerion alarma Amélia. En levant les yeux, elle constata que le mort-vivant se dirigeait d’un pas lent et lourd vers elle. L’assaillant balaya son épée de gauche à droite dans un mouvement ample. Amélia évita le coup en sautant sur le côté. Profitant de la lenteur du squelette, la soldate s’approcha de lui tout en s’abaissant à genoux pour lui donner un coup de pied dans les rotules qui accusèrent le choc avec un « crac » bien sonore. Cependant, le squelette ne bougea pas d’un poil.

La blonde leva la tête et vit le crâne illuminé d’une lumière macabre la fixer. Sa mâchoire s’ouvrit tandis que le cri d’Amélia résonna à nouveau dans la pièce. La jeune femme vit ensuite le squelette soulever son épée derrière son crâne, prêt à assainir un violent coup d’épée sur la jeune femme.

Amélia mobilisa toutes ses forces dans ses cuisses et bondit en avant, évitant de quelques secondes l’impact avec l’épée rouillée. La militaire roula sur elle-même tout en continuant à agripper sa barre métallique et finit par revenir près de Théodore tandis que le squelette délogeait son épée du sol.

« Une idée de comment se débarrasser de ça ? J’ai l’impression que même si on détruit le squelette, le spectre derrière le maintiendra en place et continuera à se battre. »

Elle balaya la pièce du regard avant de reprendre la parole, adoptant une position de défense tandis que le squelette se remettait à avancer lentement vers eux. Les deux jeunes gens allaient devoir mettre au point un plan d’action, et vite. Ils ne pouvaient pas se contenter d’éviter les coups du squelette indéfiniment mais quelque chose disait à Amélia que le battre au corps à corps ne suffirait pas pour le mettre hors d’état de nuire. Ils devaient malgré tout essayer de le battre. Ils ne pouvaient pas prendre le risque de laisser cette chose en liberté dans les tunnels ! Peut-être qu’il était même la raison des récentes disparitions !

La blonde balaya la zone du regard quand un détail l’interpella.

« En hauteur, y’a encore des vieilles lampes à huile qui servaient à éclairer les mines. Faudrait qu’on arrive à les déloger, avec un peu de chance, y’a encore un peu d’huile inflammable dedans. Si on arrive à l’asperger de liquide, Balerion peut y foutre le feu. Je suis pas sûre que ça suffise, mais ça vaut le coup d’essayer. Si t’as une autre idée, dis-moi. » fit-elle tandis qu’elle se jeta en arrière pour éviter un nouveau coup d’épée.

[Théodore Jagan]

Théodore fut reconnaissant envers Amélia d’occuper le squelette avec l’arme de fortune qu’elle venait de dégotter. Cela lui permettait de souffler un peu et de se remettre de la surprise du premier choc ! Nom d’un Ecremeuh, ce décharné était bien plus fort qu’il n’en avait l’air ! Heureusement, Amélia aussi et apparemment, elle savait se battre ! Et de quelle manière ! Cette façon de se mettre au sol sans hésiter pour frapper un adversaire sur le base du corps… Théodore avait vu pas mal de soldats se battre comme elle… Ceux qui étaient opposés à lui lors de la dernière guerre…

La jeune femme réussit même à fendre la rotule gauche de leur adversaire, causant une fente de trois bon centimètres dans l’os de sa jambe. C’est alors que Amélia proposa de le brûler pour s’en débarrasser définitivement. L’idée n’était pas mauvaise.

« Vas-y, je vais le retenir. »

Théodore avait également envie de tenter quelque chose de son côté. Pour laisser le temps à Amélia de mettre en place sa stratégie, il s’arrangea pour que le mort-vivant s‘occupe de lui plutôt que de la fille en multipliant les attaques. Mais ses coups de bâtons n’étaient pas spécialement agressifs, juste nombreux : profitant que son arme et donc son allonge était plus grande que celle de son adversaire en manque de calcium, un faisait de longs mouvements ample de son arme pour l’empêcher d’approcher. Maintenant qu’il savait que son ennemi frappait fort mais très lentement, Théodore ne se gênait plus pour l’esquiver plutôt que de le bloquer lorsque le squelette faisait mine d’attaquer plus violemment pour percer ses défenses.

De fil en aiguille, et d’esquives en dérobades, il déplaça le lieu du combat en direction de l’ancienne lampe que la jeune femme avait désignée un peu plus tôt. Le spectre semblait avoir oublié Amelia ce qui était le but recherché. Mais pour être sûr que l’huile l’atteigne – s’il en restait encore – le jeune homme allait devoir immobiliser son adversaire. Il était peu probable qu’ils aient une seconde chance !

Alors qu’il tenait son bâton presque à la verticale, le squelette fit mine d’abattre son arme sur son adversaire, ravi que ce dernier ait enfin cessé de bondir dans tous les sens ou de le repousser avec son bâton ! Théodore cria alors :

« Sneehee, Cage-Eclair ! »

Le mouton, qui cherchait encore un moyen d’aider son dresseur, fut ravi d’intervenir. Le choc électrique qu’il envoya sur l’ennemi était toujours de faible puissance mais il eut l’effet escompté, à savoir ralentir encore plus les mouvements du squelette, si bien que Théodore eut le temps de bloquer un des bras décharnés qui allaient d’abattre l’épée sur lui.

Profitant de l’autre extrémité de son arme, Théodore porta un coup en plein sur la rotule déjà fragilisée par Amélia tout en continuant de bloquer les bras. Il enfonça son arme sur l’os endommagé de tout son poids, réussissant à agrandir la fracture dans un CRAC encore plus sonore que le précédent. Puis il relâcha soudainement son blocage sur le membre squelettique supérieur, se mettant hors de portée du coup d’un bond sur la gauche.

Sauf que cette fois-ci, la rotule déjà abîmée n’avait pas résisté à tout le poids du jeune homme et la moitié basse de la jambe gauche du cadavre sans peau ni chair reposait à présent sur le sol, inerte… Ce qui ne semblait pas le moins du monde déranger son propriétaire ! Ce dernier jeta un œil étincelant qui ne trahissait pas la moindre émotion à son membre détaché avant de poser la pointe brisée de son épée sur le sol… Et de s’en servir comme d’une canne pour continuer à avancer malgré son pied en moins tout en tendant son bras libre vers le jeune homme comme s’il souhaitait toujours l’attraper pour l’étrangler !

« Bordel, mais il veut pas crever ! »

Le juron que poussa Théodore était assez inexact puisque la créature était selon toute vraisemblance déjà morte… Mais même morte avec un membre en moins, elle ne lâchait pas l’affaire ! Le jeune homme était désormais convaincu qu’Amélia avait raison : même amputé des deux jambes, le mort risquait de continuer à ramper vers eux avec ses bras pour les attaquer ! S’ils voulaient s’en débarrasser, ils allaient devoir réduire en poussière chaque os du squelette… En poussière… Ou en cendres ! Car justement, tandis que Théodore reculait lentement pour échapper à l’abomination claudicante, cette dernière arriva tout juste sous la lampe !

« C’est maintenant ou jamais ! » Lança-t-il à la jeune fille.

[Amélia Vhagar]

Le prisonnier était d’accord pour tenter le plan d’Amélia. Bien. De toute façon, il n’avait pas vraiment le luxe de pouvoir refuser car ils devaient agir, et vite. Et pour cause, le squelette se remettait déjà se diriger vers les deux jeunes gens, cette lumière bleu glaciale toujours présente dans ses orbites vides.

Amélia jeta un regard au rouquin avant de rappeler Balerion au pied d’un geste du menton. Le duo se mit à se faufiler sur le côté, essayant de se faire le plus discret possible. La jeune femme n’avait aucune idée si le monstre qu’ils avaient en face d’eux voyait, à proprement parlé, ou s’il ressentait leurs énergies. Et si jamais il les chargeait selon le bruit qu’ils faisaient, Amélia voulait se faire toute petite, du moins le temps que le cadavre prenne en charge le Flammenois.

Au bout de quelques pas, le squelette releva son épée, cherchant à fracasser le crâne du mineur. Heureusement pour lui, ce dernier comprit que la confrontation directe ne servait à rien et se contenta de l’esquiver. Bien, qu’il se contente d’éviter les assauts et de survivre, c’est tout ce qu’elle lui demandait.

Amélia longea le mur de la pièce dans laquelle ils se trouvaient avant d’arriver sous la vieille lampe à huile qui devait servir à éclairer la salle, quelques centenaires auparavant. Problème, la lampe était trop haute et Amélia n’arrivait pas à l’atteindre, même en sautant. La blonde cherchait désespérément quelque chose pour la surélever autour d’elle. Il lui manquait à peine une quarantaine de centimètres pour pouvoir toucher la base de la lampe. Constatant que la pièce était aussi vide que l’humanité qui animait leur adversaire, Amélia se résigna à faire du bruit, prenant le risque de se faire remarquer par le squelette.

« Balerion, utilise griffe acier dans le mur, juste ici. »

La soldate pointa du doigt un point précis dans la paroi, à une soixantaine de centimètres du sol. La patte du petit lézard s’illumina de la même façon que quelques instants auparavant tandis que ses griffes se mirent à tripler de volume. Le Salamèche donna alors un vilain coup de poing dans le mur, y créant une entaille profonde d’une vingtaine de centimètres.

Amélia restait sur ses gardes, fixant leur assaillant au cas où ce dernier, alerté par le bruit, changerait de cible. Heureusement pour elle, Théodore avait ordonné à son mouton d’utiliser une cage-éclair pile au moment où Balerion frappa le mur, couvrant le bruit.

La militaire planta alors sa barre métallique dans l’entaille que son Pokémon avait formé dans le mur. La blonde l’enfonça de tout son poids, la faisant pivoter dans tous les sens jusqu’à ce qu’elle finisse par être si profondément enfoncée qu’elle ne bougeait plus. La jeune femme posa alors son pied sur sa barre, tout contre le mur et y mit un peu de son poids. Bien, la barre métallique ne bougeait pas.

La Terrosienne observait Théodore qui se défendait assez bien malgré son arme rudimentaire. Il avait repéré la fissure qu’Amélia avait créé dans le genou du squelette et avait enfoncé son bâton dedans, détruisant le peu de la rotule qui restait. La blonde ne putu s’empêcher de remarquer que le jeune homme était plus agile et avait un bon sens de l’observation ! Cependant, une grimace de forma sur le visage de la plus jeune quand elle vit le squelette continuer à avancer malgré l’absence de mollet.

Elle reporta son attention sur la lampe qui se trouvait à l’extrémité d’une barre métallique similaire que celle qu’Amélia utilisait pour l’atteindre. Prenant appui sur son arme, Amélia attrapa la barre supérieure d’une main et l’utilisa pour soulager répartir son poids entre les deux barres. Une fois qu’elle trouva son équilibre, elle apporta son deuxième pied sur la barre inférieure.

La jeune femme tendit sa main libre et atteignit la lampe qui vacilla au contact des doigts d’Amélia. La soldate cherchait un moyen de la détacher… Seulement le tout semblait soudé ensemble ! Un point de soudure entre la barre et la lambe paraissait cependant un peu rouillé, le temps ayant fait son affaire et n’ayant rien épargné dans les mines.

Amélia replia ses doigts sur eux-même, laissant juste sa paume à découvert, qu’elle utilisa pour frapper la barre métallique qui retenait la lampe. Quelques bouts de métal oxydé tombèrent au sol tombèrent au sol, accompagné d’une poussière noire… Tandis qu’elle entendait Théodore se plaindre du squelette, la blonde continuait de frapper à nouveau la barre jusqu’à ce que sa paume de main ne devienne rouge, écorchée vive par le métal.

Mais rien n’y faisant, malgré les coups répétés de la militaire, la barre ne cédait pas. Pour ne rien améliorer, celle sur lequel elle avait pris appui commençait à bouger de plus en plus, menaçant de céder d’un instant à l’autre.

« Balerion, vite ! »

Le lézard comprit rapidement ce que sa dresseuse attendait de lui et sauta sur ses pieds avant de prendre appui sur ses vêtements pour l’escalader rapidement avant d’arriver sur ses épaules. Le Salamèche bondit alors sur la barre métallique supérieure et tel un funambule, atteint la lampe d’huile.

Balerion plaça sa queue sous le point de soudure que sa dresseuse essayait de faire céder tant bien que mal. Une odeur de brûlé se mit à envahir la pièce tandis qu’une légère fumée noire se dégageait du feu du Salamèche.

La barre de support d’Amélia finit par céder, la faisant tomber lourdement sur le sol, abimant ses genoux au passage. Elle saisit son arme métallique qui se trouvait face à elle, la brandissant en avant pour maintenir une distance de sécurité avec le squelette tandis que ce dernier la prit en chasse à nouveau.

Amélia faisait de grands gestes pour l’attirer et pour maintenir son attention sans même remarquer que Théodore était juste derrière elle. Ce dernier la fit d’ailleurs sursauter quand il lui cria que c’était le moment d’agir.

« Maintenant ! »

La fixation métallique était maintenant prête à céder sous la chaleur de la flamme. Le Salamèche se positionna sur la partie fixée au mur et asséna un violent coup de queue sur le point de fusion, faisant céder la lampe qui chuta vers le sol. Sa descente fut, comme prévue, interrompue par le crâne du macchabée. Le contenant en verre explosa au contact du monstre et un liquide poisseux se mit à se répandre sur les quelques os qui maintenaient le squelette debout.

« Now, pleine puissance !! »

Balerion bomba son torse avant de projeter une attaque Flammèche vers l’ennemi. Une vague de chaleur balaya Amélia et Théodore tandis que le crâne prit feu et que les flammes se répandaient au reste du corps.

Amélia tendit les bras en l’air, accueillant son Pokémon qui y sauta tandis que son cri emplit à nouveau la salle. Cette fois-ci, la voix de la blonde était à peine reconnaissable. Elle était distordue, plus aiguë et le cri dura de longues secondes qui parurent être des heures.

Le squelette embrasé se mit à s’agiter sur place, comme s’il ressentait une quelconque douleur, avant de s’écrouler au sol, toujours en proie aux flammes.

Il était inanimé, gisant au sol, occupé d’être calciné. Amélia lâcha sa barre métallique qui tomba mollement au sol avant de redéposer Balerion au sol non sans l’avoir gratifié de nombreuses caresses pour sa participation et sa bravoure. Elle se releva alors vers le rouquin tout en lui pointant le cadavre brûlant au sol.

« Je comprends mieux d’où viennent toutes les légendes sur les esprits qui hantent les mines… Tu crois qu’on en est débarrassé ? »

[Théodore Jagan]

Théodore regardait le cadavre finir de se consumer d’un air interdit. Alors comme ça la bestiole craignait le feu ? Il n’avait absolument aucune idée sur le pourquoi du phénomène et ne tenait pas à en savoir plus que ça : la stratégie d’Amélia avait marché, c’était le principal.

De même, ils avaient eu beaucoup de chance qu’il restât de l’huile dans cette lampe et que cette huile soit toujours utilisable après tant d’années. Mais d’un autre côté, ce genre de composants inflammables étaient souvent stockés dans des compartiments hermétiques, ce qui avait dû la protéger du passage du temps.

N’y connaissant absolument rien aux esprits et à l’au-delà, il ne savait quoi répondre à la dernière question d’Amelia et à vrai dire il n’eut pas à le faire car la réponse se présenta d’elle-même. Alors que le feu venait de s’éteindre faute de combustible, une drôle de nappe de brume que la lueur qui brillait un peu plus tôt dans les yeux du squelette s’éleva du corps décharné et elle sembla se diriger de sa volonté propre jusqu’à un autre couloir de la mine, qui faisait face à celui par lequel les deux jeunes gens étaient arrivés dans la salle. Alors c’était ça un fantôme ? Un esprit qui n’était pas un Pokémon spectre ? A moins que ça n’ait été qu’un simple Pokémon spectre justement, qui avait pris possession du corps osseux pendant tout le combat ?

Théodore fournit alors la réponse qui lui semblait la plus plausible compte tenu de ce qu’il venait de voir :

« Je crois qu’on en a fini avec ce squelette, oui. Mais pas avec l’esprit qui le manipulait... ».

Snehee bêla pour attirer l’attention et invita son dresseur à suivre le mince filet de brume que l’apparition spectrale avait laissé dans son sillage… Comme s’il avait volontairement indiqué une piste à suivre… Cette manœuvre rappela à Théodore son passé dans l’armée : lui aussi avait utilisé des ruses similaires lors de ses patrouilles de repérage pour tromper les éclaireurs ennemis et les envoyer droit dans un piège… Bref, il n’aimait pas du tout cette situation… Il répondit aussi bien à son Pokémon qu’à Amélia :

« Je ne sais pas si c’est une bonne idée de suivre cet esprit… Cette piste ressemble beaucoup à un piège... »

Il avait également du mal à imaginer qu’un fantôme laisse involontairement des traces aussi grossières. S’il était aussi facile de pointer des indices de leur existence, les rumeurs concernant leur existence n’en serait plus depuis longtemps, malgré le peu de visiteurs que recevait la mine… Mais si Amélia désirait toujours aider les éventuelles victimes de l’esprit alors elle voudrait sans doute le suivre en dépit du danger.

Le jeune homme poussa un soupir et s’avança vers l’entrée du couloir par lequel l’esprit s’était enfuit. Snehee le rejoignit pour lui fournir de la lumière. Ce couloir n’avait rien de spécial et ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui où Théodore minait avant l’arrivée d’Amélia, n’était le filet de brume. Alors qu’il se demandait s’il devait y aller sous le regard interrogateur de son mouton, d’autres cri se firent entendre depuis l’autre bout du corridor. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas de la voix d’Amélia mais de plusieurs voix humaines, masculines comme féminines. Les fameuses victimes que la jeune fille voulait secourir ? Ou un autre guet-appens? En regard vers la jeune fille suffit au Flamenois pour comprendre ce qu’elle avait en tête. Théodore failli faire demi-tour et retourner à ses activités minières maintenant que le danger immédiat avait été vaincu mais au dernier moment, il se ravisa et entra dans le couloir. Après tout, rien n’indiquait que le danger était bel et bien écarté et rien n’était pire qu’une fausse impression de sécurité.

Finalement, un élément brillant attira son attention après une vingtaine de mètres parcourus dans l’allée en zigzag. Le jeune homme n’eut pas de mal à reconnaître ce dont il s’agissait : c’était de l’or, identique à celui qu’il avait arraché aux entrailles de la terre un peu plus tôt. Aussitôt le mineur du jour se méfia. Personne n’aurait laissé autant de richesses ici sans surveillance. Et l’or était trop écarté de la paroi pour avoir simplement glissé. On l’avait placé ici.

L’instant d’après, l’esprit sortit du mur situé juste derrière le tas d’or. Cette fois, malgré son aspect fantomatique blanchâtre, il avait adopté une forme humaine au lieu d’une chape brumeuse. Le spectre semblait également porter des vêtements aussi immatériels que lui sur lesquels Théodore crut reconnaître l’emblème de Flamen. L’esprit sourit à son visiteur avant de lui lancer sur un ton triomphant :

« Ah, je savais bien que des combattants assez braves pour s’aventurer au devant de mon guerrier squelette ne pourraient pas hésiter à venir secourir des visiteurs perdus ! A moins que ce ne soit ce joli tas d’or luisant qui vous ait décidé ? Joli butin n’est-ce pas ? »

Alors qu’il marquait une pause, une partie de la brume qui recouvrait son corps s’en échappa et alla encercler les deux jeunes gens et leurs Pokémon. Puis il expliqua à ses « invités » :

« A votre place, je n’essaierais pas de m’enfuir. Cette brume est extrêmement corrosive pour les chairs. Si vous tentez de passer à travers, vous deviendrez les jumeaux de l’adversaire que vous venez de vaincre ! J’aurais pu vous attaquer directement avec mais bon, j’ai été soldat après tout et on ne se refait pas ! J’aime bien croiser le fer avec les nouvelles générations de temps en temps ! Alors, qu’est-ce que ça vous fait de savoir que vous allez mourir, bâtards de Terrosiens ? Un dernier mot peut-être ? »

Théodore n’avait aucune idée de savoir si le spectre bluffait ou pas mais il n’avait pas envie de tenter de traverser la brume maudite pour le découvrir. Il doutait également que son bâton ait la moindre efficacité sur lui. Snehee tenta bien de les défendre d’un Eclair mais le soldat mort n’y réagit même pas, se contentant d’éclater de rire. Si le jeune homme voulait s’en sortir, il allait devoir utiliser sa tête, ce qui n’était pas facile en pareille situation. Il avait déjà frôlé la mort pendant la guerre mais jamais aussi littéralement !

Pourtant… Un ancien soldat qui arborait l’emblème de Flamen dans ces mines et qui haïssait les Terrosiens ? Alors il avait probablement dû participer à la conquête de la région ! Avec ces éléments en tête, le jeune homme lança alors d’une voix qu’il espérait calme :

« Moi je ne suis pas Terrosien. Je suis un prisonnier de guerre ! Un Flamenois, comme vous ! »

Et tant pis si Amélia, qui était probablement un soldat de Terros, apprenait ce détail au passage. Même si elle pétait les plomb et décidait de casser du salaud de Flamenois en commençant par les rouquins, si jamais ils s’en sortaient, Théodore estimait avoir plus de chance de la raisonner ou de la vaincre que ce spectre vengeur ! Et le rouquin avait l’intuition que ce détail pouvait jouer en sa faveur auprès du fantôme. Il avait probablement péri sous les coups d’un Terrosien lors de la révolte vu la haine qu’il leur portait et serait peut-être plus complaisant avec quelqu’un qui partageait un sort similaire au sien...

L’annonce eut l’effet escompté. Surpris, l’ectoplasme suspendit son dernier geste et inspecta plus attentivement le jeune homme, allant jusqu’à flotter à moins d’un mètre de son visage, que le jeune homme retira pas réflexe. Il n’avait pas oublié les effet de sa brume.

« Et je suppose que tu n’es pas maître du feu pour prouver tes dires ?
-Non. En effet.
-Mouais, tes cheveux rouges sont effectivement tout à fait typiques de Flamen. Et si je te demande de te présenter dans ta langue natale ? »

Il s’adressa ensuite à Amélia :

« Par contre, jeune fille, inutile de prétendre que vous êtes Flamenoise. Vous, je vous ai clairement entendu prononcer vos interjections terrosiennes pendant le combat ! Et vous utilisez plutôt bien les techniques de combat de votre pays, je dois le reconnaître… Ainsi que la fourberie typiquement terrosienne ! Utiliser le feu au lieu de la terre…. Il fallait y penser... »

Théodore indiqua donc au fantôme son nom, son âge et son coin de naissance en Flamenois. Le spectre parut satisfait. Il recula mais ne rappela pas sa brume.

« Ok. Tu parles bien ma langue. Donc tu es soit un Flamenois, soit un érudit. Et les érudits aussi jeunes que toi qui savent aussi bien manier le bâton de surcroît son très rares… Donc je vais te croire. Dis-moi, Théodore Jagan, quelle est ton histoire ? Comment un noble soldat de Flamen comme toi a pu se faire capturer par une racaille Terrosienne comme cette fille ? Et que s’est-il donc passé à l’extérieur ? En quelle année êtes-vous ? Mon dernier visiteur remonte à 215 et il m’a raconté comment Mewtwo avait déchaîné ses bêtes monstrueuses sur le monde dans sa folie. Bien sûr, je vous conseille de répondre honnêtement. Sinon je vous tue. Tous les deux. »

Constatant que le dialogue semblait porter ses fruits, Théodore se concentra dessus et commença son histoire, en Erasien pour qu’Amélia puisse suivre. Ils allaient devoir se serrer les coudes s’ils voulaient s’en sortir !

[Amélia Vhagar]

Amélia fixait le cadavre enflammé jusqu’à ce que les flammes ne se transforment en braise et que les os du squelette se mirent à crépiter comme un vieux feu de bois. Les os étaient calcinés tandis qu’une mauvaise odeur se répandait dans la pièce dans laquelle les deux jeunes gens se trouvaient. Balerion se mit à reculer et à se frotter au mollet gauche de sa dresseuse quand la blonde s’abaissa pour le caresser, se voulant rassurante.

« T’inquiètes pas mon grand, c’est fi- »

La blonde n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une volute de fumée de couleur azur se forma dans les airs, juste au-dessus du macchabée encore fumant. Le nuage mystique prit une forme vaguement humanoïde et se dirigea à l’opposé de là où Théodore et Amélia se trouvaient. Une trainée bleue se trouvait au sol, invitant les deux jeunes gens à rejoindre l’esprit.

Nope… Amélia avait assez donné de sa personne aujourd’hui ! Elle comptait s’éloigner rapidement de tout ça et retourner à son auberge avant d’avertir les autorités du Länder qui enverraient une équipe de soldats formée sur-mesure pour l’opération. La soldate s’apprêtait à tourner les talons, quand de nombreux cris, différents des siens cette fois-ci, s’élevèrent plus loin dans le tunnel. Son sang se glaça. Cette dernière pesta alors intérieurement ! C’était sûrement un piège, mais les paroles de l’aubergiste qui parlaient des récents clients disparus dans les mines lui revirent à l’esprit… Si l’esprit retenait en captivité d’autres visiteurs qui étaient moins capables que le duo improbable, alors Amélia ne pouvait pas prendre le risque de les laisser en danger.

« Ugh… Cette piste est un piège, j’en suis quasiment certaine… Mais si d’autres personnes ont eu moins de chance que nous et se font fait avoir par cette…. Chose, alors on doit aller les aider. Et si c’est véritablement un piège, on doit tenter de mettre un terme à ses agissements. »

Bon, Amélia parlait beaucoup en « on », mais c’était surtout pour cacher le fait qu’elle n’était pas très rassurée à l’idée de refaire face à ce monstre toute seule. Même si Theodore était un prisonnier de guerre, il s’était avéré très utile lors du précédent affrontement avec le spectre, et Amélia se sentirait plus rassurée si le roux se joignait à elle, ce qu’il fit. La blonde ne savait pas ce qui avait poussé le jeune homme à accepter, mais elle s’en fichait. L’important c’était qu’ils se dirigeaient à deux vers le tunnel opposé que le spectre avait emprunté quelques minutes auparavant. Amélia avait également ramassé la barre métallique qu’elle avait utilisé durant l’affrontement précédent. Elle doutait qu’elle soit d’une quelconque utilité face à un spectre, mais elle décida de l’emporter avec elle quand même. Avec un peu de chance, elle lui trouverait une utilité. Et puis comme ça, elle ne se sentirait pas sans défense.

Après quelques mètres de marche, le binôme arriva devant un monticule d’or derrière lequel l’entité spectrale se manifesta. Rapidement, une brume corrosive se mit à entourer les deux guerriers qui se retrouvèrent bloqués sous peine de voir leur chaire dévorée par la fumée mystique. Amélia tendit timidement sa barre métallique vers la brume et immédiatement, la barre se fit grignoter par l’espèce de nuage acide. La blonde retira alors la barre de la fumée et constata avec effarement qu’une des extrémités du barreau avait disparu. Aïe.

Le spectre avait une haine très prononcée envers les Terrosiens. Cette haine doublée à l’accent de la voix qui résonnait entre les parois du tunnel indiquaient clairement l’origine Flamenoise du spectre. Theodore tenta le tout pour le tout et dévoila son identité qu’il gardait secrète jusque-là. Amélia n’était pas bien surprise par la révélation du rouquin. À vrai dire, elle ne faisait que confirmer les doutes qu’elle portait déjà sur le jeune homme. Bon, il était Flamenois, et alors ? Flamen avait été l’allié de sa patrie pendant des décennies et avait été leur plus grand collaborateur économique pendant des siècles. Les deux nations avaient beau avoir quelques tensions qui persistaient suite à la dernière guerre, Amélia ne les détestait pas tous pour autant. Les petites gens tels que Theodore et elle-même n’étaient que des victimes collatérales de puissants qui jouent à la guerre depuis leur forteresse, bien éloignés des réalités du terrain.

Amélia écoutait alors Theodore plaider sa cause, se présentant en flamenois. Ce qu’ils ne savaient pas, c’était qu’Amélia parlait parfaitement la langue du pays du feu également, l’ayant appris grâce à des tuteurs privés et natifs que son père engagea quand la jeune femme était encore une enfant. Le général Vhagar avait toujours espéré que sa fille occupe d’importantes fonctions diplomatiques au sein de l’armée de son pays et avait voulu lui donner toutes les cartes en main pour qu’elle y arrive. Amélia envisagea donc de faire la même chose afin de se tirer de cette situation vraiment pas enviable, quand le spectre la devança, lui disant qu’il l’avait entendu parler terrosien. Ugh… Le fait qu’Amélia avait appris la langue du pays voisin risquait de ne pas être très utile cette fois-ci.

Enfin… Le spectre semblait porter uniquement son attention sur Theodore, à tel point qu’il se mit à ignorer Amélia, pour le moment. Le gaz corrosif restait malgré tout en place malgré la déconcentration du spectre. L’épéiste réfléchissait à comment elle pouvait utiliser sa barre métallique pour s’en sortir, mais rien ne lui vint en tête. Cependant, alors que Theodore expliquait la situation géopolitique érasienne actuelle, Amélia aperçut derrière elle le Galékid qu’elle avait fait roussir quelques instants auparavant. Le Pokémon métallique se dirigeait vers elle à nouveau. Amélia déplia à sa main discrètement, lui ordonnant d’arrêter tout de suite. Elle ne voulait pas que le petit Pokémon finisse complètement rongé par l’acide.

Cependant, à ce moment-là, une idée lui vint en tête et le petit Pokémon de métal pouvait s’avérer essentiel. Si le fantôme était bel et bien un ancien colon flamenois qui mourut dans les mines, ce dernier devait accorder beaucoup d’importance au monticule d’or qui se trouvait derrière lui. Après tout, l’extraction d’or était la principale raison de sa présence ici et indirectement ce qui causa sa mort. Maintenant que son squelette était inutilisable et qu’il n’avait plus d’enveloppe charnelle à habiter, il ne pourrait plus miner les parois. Le monticule d’or était alors probablement tout ce qui lui restait de sa précédente vie… Si le Galékid arrivait à se faufiler derrière l’esprit et se mettait à dévorer l’or du fantôme, alors celui-ci n’aurait plus de raison de rester sur cette terre, sa mission de protection des ressources de la mine étant terminée…

C’était farfelu, Amélia l’admettait volontiers, mais c’était tout ce à quoi elle arrivait à penser pour le moment. Elle donna alors un léger coup de menton vers le monticule d’or. Le geste était quasiment imperceptible à l’œil nu mais le petit Pokémon métallique semblait l’avoir perçu et se mit à contourner les guerriers, se dirigeant vers le trésor du défunt.

Amélia décida qu’il était temps de gagner du temps et prit la parole à la suite de Theodore qui venait de finir de parler de la troisième bataille, celle qui avait opposé Terros à Flamen.

« Enfin, rien de tout ça ne se serait jamais passé si les flamenois n’avaient pas outrepassé leur bienvenu. Ils auraient pu essayer de se rendre utile pour les gens d’Agatha, mais non, au lieu de ça, ils ont voulu coloniser et établir des campements flamenois dans notre pays. Un peu comme vous, à l’époque. Mais je suppose que vous ne le reconnaitrez jamais. »

La forme fantasmagorique bleue se mit à luire, aveuglant Amélia au passage tandis que la voix caverneuse du spectre s’éleva dans les airs.

« Mais c’est qu’elle ne manque pas de culot, la bâtarde ! Le continent entier a toujours été sous notre contrôle ! Ce n’est que récemment que vous autres, les maîtres de la terre, vous êtes mis à réclamer un territoire qui ne vous appartenait pas ! La glorieuse nation de Flamen existe depuis des MILLÉNAIRES, et votre mascarade de pays n’en n’est qu’un depuis quelques siècle, tout au plus ! Et tu oses me parler de colonisation ! Vous êtes les intrus, et surtout toi ! Qui ose venir dans MES mines ! »

Le cercle de brume devint plus étroit, forçant Amélia et Theodore à se rapprocher pour ne pas entrer en contact avec l’acide corrosif. À travers le spectre, Amélia constate que le Galekid avait réussi à atteindre le monticule d’or qu’il commençait à grignoter.  

« Nos peuples méritaient un territoire sur lequel prospérer. Nos maîtrises sont différentes, nos cultures et traditions sont différentes également. Vous avez oppressé et exploité des peuples qui étaient originaires des terres que vous aviez volées ! Erasia repose sur l’équilibre et la balance des quatre pays. »

Amélia marqua une pause, observant la réaction du fantôme. Ce dernier semblait toujours brûler de haine mais laissa l’accusée continuer son discours.

« La reconquête des terres terrosiennes par les Terrosiens était inévitable. Et c’est universellement accepté maintenant. Vous êtes morts depuis plus de 700 ans et vous désirez vraiment la mort de jeunes adultes qui sont nés des siècles après que tout cela se soit passé ? On y peut rien, nous. Ou bien on vous a forcé à vous faire croire que c’était ce que vous voulez ? On est tous des soldats ici, et je sais très bien à quel point on peut forcer une idéologie dans l’esprit de quelqu’un. Mais regardez, j’ai beau avoir vécu la dernière guerre, je ne déteste pas les flamenois pour autant.  Et toi, Theodore, en tant que flamenois, tu me détestes parce que je suis de Terros ?»

Le Galekid des mines continuait son repas dans le plus grand des calmes pendant qu’Amélia essayait de gagner du temps. Elle espérait que le jeune homme abonde dans son sens et confirme que les relations cordiales entre terrosiens et flamenois étaient possibles. En espérant que ça permette à l’esprit de s’apaiser et de se rendre compte que son attitude vindicative n’avait plus lieu d’être.

[Théodore Jagan]

[Anniversaire d'Érasia, le post compte double !]

Théodore soupira intérieurement en entendant Amélia et le fantôme se chamailler sur des principes et sur des détails historiques. Il avait lui-même souvent tenu ce genre de conversation avec des collègues plus… investis que lui alors qu’il était dans l’armée. Il savait donc d’expérience qu’il n’y avait aucune issue satisfaisante pour les deux parties à ce genre de débats.

Le jeune homme voyait bien que la stratégie d’Amélia était de prouver qu’une entente était possible entre Terrosiens et Flamenois pour montrer que le conflit n’était pas inévitable. Bien qu’il fut d’accord avec elle sur le fond, le Flamenois doutait que ce soit la meilleure méthode à adopter pour convaincre le fantôme, surtout maintenant que ce dernier savait tout de l’histoire de Théodore et donc du conflit récent qui avait opposé les pays du feu et de la terre.

Il pouvait aussi abonder dans le sens du spectre. En un sens, son argumentaire se tenait et toutes ses références historiques étaient exactes. Mais s’il l’encourageait dans son désir de vengeance, il y avait de bonnes chances que la Terrosienne n’y survive pas. Or, comme elle l’avait sous-entendu, Théodore ne la détestait pas.

Et puis il y avait ce Galekid qui, dans le dos du fantôme, était en train de lui dévorer son or, après qu’Amelia lui en ait fait la requête. Est-ce qu’elle espérait que le fantôme s’intéresserait plus à son or qu’à eux et que cela leur offrirait une diversion pour fuir ?

Malheureusement, cette dernière fut vite éventée. Le fantôme avait-il lu les pensées de Théodore ? En tout cas il leur déclara :

« Vous pensez peut-être que ça me dérange que cette Galekid boulotte de l’or ? Mes petits amis, vous êtes dans une mine d’or ! Ce n’est pas ça qui manque ici et j’en ai largement assez pour attirer d’autres fumiers terrosiens ici jusqu’à la fin des temps ! Ce n’est pas la richesse qui m’intéresse, c’est la vengeance ! Et d’ailleurs en parlant de vengeance... »

Il marqua une pause puis reprit :

« Théodore, en dehors de ta présentation, tu es resté plutôt discret sur tes motivations et ton avis sur toute cette  histoire ! Dis-nous donc ce que tu en penses ! Est-ce que, comme le prétends ton amie terrosienne ici présente, Terros MERITAIT de récupérer ses terres ? Est-ce que tu ne la déteste pas pour ce que son peuple a fait ? »

L’attitude du fantôme semblait avoir légèrement changée. Alors qu’il était vraiment vindicatif jusqu’ici, il semblait davantage… Joueur maintenant… Comme s’il attendait avec curiosité la réponse du jeune homme. Ce dernier lui fournit donc avec le plus de précision possible, son avis nuancé sur la question :

« Je ne peux pas dire lequel de vous a raison parce que… Chacun d’entre vous a raison par rapport à son propre récit de l’histoire. Les événements historiques que vous avez rapportés tous les deux sont exacts et pour le reste… Je ne sais pas si Terros mérite quoi que ce soit ou si Flamen peut revendiquer la possession de terres sur lesquels d’autres étaient installés à l’origine, d’autres gens qui ne définissaient même pas eux-même comme Terrosiens. Les réponses à ces considérations dépendent de vos systèmes de valeur et je ne partage aucun des deux. Et je ne déteste personne.

Pour moi la guerre est une simple entreprise de prédation légalisée et légitimée par l’intervention des dieux -ou pas d’ailleurs si on regarde la dernière. Tout le reste – les principes guerriers, l’honneur de la nation, la sauvegarde des valeurs – sont des ajouts personnels qui ne définissent pas la guerre en elle-même, mais ce que chaque engagé espère y trouver en fonction de ses préférences. Comme le dit un auteur que j’aime bien sur le sujet :

« Le soldat est au mercenaire ce que le corsaire est au pirate :
-… la même chose à une reconnaissance gouvernementale près »

Théodore demeura un instant interdit de voir que le fantôme avait si aisément terminé sa phrase. Ce dernier sourit puis son corps d’albâtre se brouilla. L’instant d’après, la terrifiante brume blanche avait disparu de même que son créateur. A la place, un Spectrum railleur leur faisait face. Ce dernier s’adressa aux deux jeunes gens avec un ton à la fois heureux et satisfait :

« Ah, je suis content que mon maître est encore lu et connu parmi la jeune génération ! Même si sa tête ne l'est pas apparemment ! Et je vous remercie de ne pas m’avoir attaqué ! »

Théodore réfléchit à toute vitesse. Son maître était donc Raj Khatri… Le Spectrum reprit :

« Puisque tu le cites Théodore, tu dois savoir de qui je parle… Mais permets-moi d’éclairer ta chère amie Terrosienne ! Mon dresseur, Raj Kathri, vécut il y a plus de sept siècles ! Il était un chef militaire et un stratège hors pair au service du royaume de Flamen ! Mais suite à quelques… Soucis politiques, il tomba en disgrâce et fut… Mis à l’écart.

Ses leçons de stratégies militaires sont toujours enseignées aujourd’hui, y compris en dehors de Flamen si j’en crois un de vos prédécesseurs, mais les instructeurs restent discret sur le reste de ses contributions. Un soldat qui fait l’apologie d’une vision rationnelle de la guerre et qui souhaite limiter fortement son usage au profit d’autres méthodes plus efficaces pour obtenir des richesses du voisin – comme le commerce par exemple – ne fait pas vraiment bon ménage avec les velléités de conquête des dirigeants. C’est même ce qui lui coûta la vie au final !

Mais je dois dire que je croyais à ce que disais mon dresseur. Ca me semblait intéressant… Alors depuis je teste un peu les humains qui pénètrent dans ces mines, pour voir s’ils sont assez pondérés pour écouter un tel discours, ou s’ils préfèrent s’entêter. Ceux du deuxième groupe ne sont jamais ressortis de ces mines, parce qu’ils ont été assez sots pour m’attaquer !

-Alors… Cette brume blanche n’était pas mortelle ?
-Elle non. C’est de la simple Buée Noire dont j’ai modifié la couleur avec une illusion ! Par contre, elle fait suffisamment peur aux malotrus pour les forcer à courir sans regarder où ils mettent les pieds ! Et d’ailleurs, en ressortant, faites attention à ne pas prendre le couloir de gauche ! Ceux qui le prennent ont la fâcheuse tendance à tomber dans le grand trou en plein milieu et à se rompre le cou. Et malheureusement, ils ne peuvent pas le voir à cause de la méchante brume blanche qui va les tuer ! »

Et il éclata de rire. Un humour des plus sadiques… Mais assez classique pour les membres de cette espèce. Et au moins il ne semblait pas agressif… Même si…

« Mais dans ce cas, pourquoi tu nous as attaqués avec ton squelette ? On n’avait rien fait…
-Rien ? Vous avez quand même envahi ces mines et toi plus particulièrement, tu étais bien parti pour y prendre de l’or et des métaux… Or qui appartient aux habitants de cette mine. Et je ne parle ni des Terrosiens, ni des Flamenois mais des Pokémon qui y vivent depuis bien avant que ce lieu ait été découvert par les humains. Vous remarquerez d’ailleurs que même lorsque de nouvelles espèces apparaissent, comme ce fut le cas récemment, elles n’ont pas l’indécence de réclamer l’exclusivité de la propriété des lieux. A la place, elles se débrouillent plus ou moins pacifiquement avec les créatures déjà présentes et petit à petit, elles trouvent un compromis de facto !
-Les règles du commerce…
-Oui ! Mon maître l’a écrit en observant comment fonctionnait la nature. Jusqu’ici, je ne crois pas qu’il se soit trompé une seule fois.
-Donc c’est uniquement pour repousser des intrus que tu nous a attaqué ?
-Non. J’ai vécu pendant des décennies avec un guerrier maître des champs de batailles. Ca laisse des traces et je voulais savoir ce que valaient les petits jeunes d’aujourd’hui. Et je dois dire que j’ai bien apprécié notre combat. Vous vous débrouillez pas mal. La prochaine fois je me déplacerai donc un peu plus vite avec ce sac d’os ! »

La prochaine fois… Est-ce qu’il parlait de ses prochains visiteurs ? Ou est-ce qu’il souhaitait les revoir ?

[Amélia Vhagar]

[Anniversaire d'Érasia, le post compte double !]

Amélia grinça des dents quand le fantôme fit comprendre aux jeunes gens que la participation de la Galékid ne servirait à rien. Apparemment, le fait que le petit Pokémon métallique engloutisse l’or du spectre ne l’inquiétait pas du tout, au contraire, il avait l’air de trouver ça drôle. Une vague de frisson envahit la jeune femme, freinée dans sa montée d’adrénaline. Le spectre reporta alors son attention sur Théodore, lui demandant confirmation sur le fait qu’il ne détestait pas la jeune femme.

Amélia tenta d’établir un contact visuel avec le rouquin sans y parvenir. Si le jeune prisonnier avait posé son regard sur sa compagne d’infortune, il aurait probablement pu apercevoir de la peur. Et c’était quelque chose de peu commun, chez Amélia. La soldate était rarement effrayée. Elle avait grandi dans un environnement où on l’encourageait énormément dans tous les domaines depuis sa tendre enfance tout lui faisant confiance et en lui confiant de nombreuses responsabilités. Ainsi, elle avait fini par établir une confiance en elle à toute épreuve. Elle savait de quoi elle était capable et rarement, elle se sentait dépassée par les évènements.

Et pourtant, aujourd’hui, c’était le cas. Être à la merci de quelqu’un d’autre, dépendre d’un inconnu pour sa survie, faire face à un esprit impalpable avec qui elle ne pouvait pas se battre... Tout ça lui faisait peur. Sa fierté et sa légère arrogance avaient disparu. Elle essayait de ne rien laisser paraître, mais une personne avisée pourrait facilement interpréter son langage corporel. Elle baissa alors la tête, attendant la réponse de Théodore telle une criminelle attendant la lame du couperet.

Au lieu de ça, Amélia entendit Théodore délivrer une réponse bien plus nuancée que ce à quoi elle s’attendait. Au lieu d’attiser la colère du fantôme dans le but de sauver sa peau, ce dernier exposa sa façon de concevoir la guerre de manière très pragmatique, tout en prenant le soin de quand même caresser l’entité brumeuse dans le sens du poil.

Bien qu’elle adhérait en partie aux justifications du rouquin, elle relevait certaines divergences qu’elle se garda bien de partager au groupe. Les explications semblaient convenir au spectre qui révéla alors sa véritable identité… Celle d’un Spectrum ! La brume qui les entoura disparut à son tour. Tous les muscles de la jeune femme se tendaient, lui criant de partir le plus vite possible de cette mine maudite. Cependant, son cerveau la convint de rester aux côtés de Théodore jusqu’à ce que le spectre les déclare officiellement libre.

La jeune femme écouta alors patiemment les explications sur l’identité du spectre ainsi que celle du maître qu’il servit il y’a de ça plusieurs siècles. Un seul point malgré tout chiffonna la jeune femme qui se permit de prendre la parole à la fin des explications.

« Et du coup, on est les seuls survivants actuellement ou bien il y’a réellement des personnes à secourir dans les mines ? »

« Je suis désolé de te décevoir mais vous ne sauverez personne aujourd’hui ! Les dernières personnes à avoir croisé mon chemin ont terminé dans la fosse dont je vous ai parlé juste avant ! Ils ont tous fui après m’avoir attaqué sans avoir voulu écouter ce que j’avais à leur dire… Je n’y suis pour rien ! Ah !! À part un… Je pensais qu’il était bon combattant, du coup j’ai voulu me dégourdir un peu les jambes… Pour ce qu’il en reste ! Et il s’est effondré au premier coup que je lui ai donné. Il avait essayé de parer le coup au lieu de l’esquiver comme vous l’avez si bien fait mais son arme avait cédé sous ma force et bam… C’était assez décevant ! Mais il a fini dans la fosse aussi. » répondit le Spectre, riant aux éclats tout en tapant ses deux mains spectrales ensembles.

« Ne fais pas cette tête-là, tu ne peux pas sauver tout le monde. C’est ça aussi une des réalités de la guerre. Beaucoup de morts pourraient être évitées, mais les gens continuent de mourir de manière futile et injuste. Tous les humains sont remplaçables, surtout aux yeux des grands dirigeants. Mon maître en a fait les frais. Lui qui était un grand chef stratégique, un homme d’honneur et de principes, il a fini par être considéré comme une menace par ceux qu’il servait à partir du moment où ils estimèrent que ses réflexions n’abondaient pas dans leur sens et leurs visions des choses. Il était devenu une menace pour leur idéologie et malgré son statut, ils réussirent à l’éliminer et à mettre quelqu’un de plus malléable à sa place. »

Amélia ne pouvait pas dire qu’elle était en désaccord avec sa façon de voir les choses. Elle avait assisté elle-même à des remaniements de consulats après la disparition de certaines têtes de Länder, et à chaque fois, rien ne semblait véritable changer. Peu importe qui se succédait à la tête du consulat… À partir du moment où la continuité de fonction est préservée, la personne qui l’occupait n’importait que peu.

Cependant, les notions d’honneur et de patriotisme étaient complètement absentes du discours de Théodore et du Spectrum. La jeune femme inspira, s’apprêtant à prendre la parole pour évoquer ses concepts qui lui étaient chers, avant de se raviser. Elle connaissait d’avance les réponses qu’elle allait recevoir. On allait lui rétorquer que la notion de patriotisme n’est qu’une façon de soumettre la population en lui faisant croire qu’elle participait à la réalisation d’un bien commun qui au final ne bénéficie qu’aux dirigeants. Et la boucle était bouclée.

Amélia n’était pas idiote, bien au contraire. Elle pouvait comprendre la façon dont eux voyaient les choses, surtout pour Théodore.  Pourquoi croire en la grande nation de Flamen quand cette dernière la laissa à sa qualité de prisonnier ? Cependant, ce n’était pas le cas d’Amélia qui croyait en ses dirigeants. Elle avait eu la chance de les côtoyer de manière assez proche, elle savait… Non, elle était convaincue que ces derniers ne s’engageaient dans des conflits uniquement si une absence de réaction de leur part mettrait en péril la population sur laquelle ils veillent. La blonde avait cette foi en son institution et ses dirigeants qui la pousserait à prendre les armes pour son pays si ces derniers le lui demandaient.

Bien sûr, elle garda ça encore une fois pour elle. Ça ne servirait à rien pour elle d’exposer sa vision des choses devant deux personnes qui en avaient une diamétralement opposée. Enfin… Une personne et un spectre.

« Votre maître avait l’air d’être un grand homme et Flamen a beaucoup perdu le jour où ils ont décidé de l’éliminer. Je suis d’accord avec vous deux sur pas mal d’aspects, notamment sur l’utilité pragmatique de la guerre et l’utilisation de signes divins pour la justifier. Je voulais vous remercier pour nous avoir transmis son savoir, même si on aurait pu se passer de l’attaque du squelette… »

« Allons, allons, vous vous en êtes bien sortis ! Continuez à vous entraîner et passez un jour me rendre une petite visite, je vous accueillerais en plus grande forme ! »

« Vous nous laissez nous en aller ? »

« Bien sûr, pour aujourd’hui ! » répondit le Spectrum, un grain de malice dans sa voix qui résonnait dans tous les tunnels avant qu’il ne perde en opacité jusqu’à totalement disparaître.

Amélia lâcha un gros soupir de soulagement tandis qu’elle s’accroupit quelques secondes afin de prendre une inspiration. L’air des tunnels était lourd, humide et sentait la vieille terre. Cette grande inspiration lui permit de se remettre de ses émotions avant de se relever, une expression plus neutre mais toujours avenante sur son doux visage.

« Merci beaucoup pour ton aide, Théodore Jagan. Je ne sais pas du tout comment je m’en serais sortie si tu n’avais pas été là, je te dois une fière chandelle. Tu comptes continuer de miner ? Sinon je peux t’inviter pour un verre à mon auberge. »

La jeune femme s’apprêtait à prendre la direction de la sortie quand elle manqua de trébucher, à nouveau, sur le Galékid qui s’était mis face à ses pieds. La blonde s’accroupit et posa sa main sur la tête du petit quadrupède.

« Merci beaucoup pour ton aide, et encore désolée pour tout à l’heure, je voulais vraiment pas te faire de mal, mais tu dois arrêter de te fourrer dans les jambes des gens ! »

[Théodore Jagan]

[Anniversaire d'Erasia, le post compte double]

Théodore regarda le Spectrum disparaître sans dire un mot, réfléchissant à ce que le fantôme venait de dire. Mais il fut interrompu dans ses pensées par Amélia. Il détourna alors son regard de l’espace qu’avait occupé l’ectoplasme pour fixer son interlocutrice :

« Retourner miner ? Non, je pense que j’en ai assez fait pour aujourd’hui. Je vais simplement aller récupérer Chhal et ma foi, un verre ou deux ne me feront pas de mal. »

Ou peut-être même trois ou quatre. Ce n’était pas tous les jours qu’il ramenait autant d’or pour effacer sa dette et la rencontre avec le Pokémon d’un de ses maîtres à penser était également quelque chose qui pouvait se fêter dignement !

Il se dirigea donc vers l’endroit où il désossait les entrailles de la terre un peu plus tôt en compagnie de Snehee qui éclairait toujours son chemin. Le mouton n’avait bizarrement pas eu l’air effrayé par le petit tour du Spectrum mais heureusement, il avait été assez sage pour ne pas tenter de l’attaquer… A moins que le fantôme ne l’ait laissé complètement indifférent!

Mais alors qu’il avait traversé la salle où Amélia et lui avaient affronté le squelette et qu’il était presque arrivé en vue de son butin du jour, il eut la surprise de trouver un Chhal endormi dans le couloir adjacent à la salle où se trouvait encore sa pioche et son or. Le lézard était assis sur le sol, adossé au mur rocheux et ronflait comme un bienheureux ! Vu la méfiance naturelle du lézard et son mépris envers les fainéants, son dresseur sut immédiatement que cette attitude n’était pas naturelle !

Théodore cria alors le nom de son Pokémon pour le réveiller mais cela n’eut aucun effet. De fait, il se résolut à secouer le lézard vert sans trop de ménagement, jusqu’à ce que ce dernier daigne péniblement ouvrir les yeux. Une fois ses idées remises en place, Chhal se retrouva aussi dépité que Théodore par sa propre situation ! A voir son air ahuri, il était évident qu’il ne savait pas lui-même pourquoi il s’était endormi.

Alors que le Flamenois commençait à se faire sa petite idée au sujet du coupable, la voix de ce dernier raisonna dans sa tête. Il était de retour, juste derrière eux.

« Ah oui, j’ai oublié de te prévenir à ce sujet. Ton Pokémon va bien, je l’ai juste endormi avec mon Hypnose.
- Mais comment ? Tu étais juste devant nous, dans un autre couloir ! Et pourquoi l’avoir endormi alors qu’il n’était même pas là pour nous aider ?
-La fumée blanche que tu as vu s’échapper dans le couloir après que vous ayez brûlé mon squelette était aussi une illusion. Moi j’étais ici, et c’est assez rapide comme trajet quand on passe à travers les murs ! Quant au pourquoi… Comme je te l’ai dit, les vrais propriétaires de cette mine sont les Pokémon. Donc c’est à eux que revient l’or ! A l’heure où nous parlons, je pense qu’ils ont déjà tout dévoré ! »

Chhal était de plus en plus énervé par le discours nonchalant du Spectre mais cette fois, la coupe menaçait dangereusement de déborder. Il s’était battu toute la journée contre ces voleurs qui voulaient bouffer son or et voilà qu’à cause de ce maudit fantôme, ils avaient réussi ? Alors qu’il allait lancer une attaque, son dresseur, sentant le danger, le stoppa d’un geste qui ne souffrait aucune contestation. De mauvaise grâce, le saurien obtempéra. Il sentait que son dresseur avait de très bonnes raisons de ne pas céder aux provocations et pour cause : Théodore n’avait pas oublié l’histoire de la fosse et il était certain que le Spectrum était encore tout à fait capable de les y envoyer même sans sa fameuse brume blanche. Et puis… Comme à la guerre, on ne pouvait pas gagner à tous les coups et sur tous les tableaux.

Le fantôme semblait compatir à leur sort :

« Allez, ne faîtes pas la tête ! Vous avez perdu cet or mais je suis revenu parce que j’avais encore une bonne nouvelle à vous annoncer ! Ou deux en fait ! D’abord, prenez ceci, en remerciement pour le chouette combat que vous m’avez offert ! C’est cadeau ! »

Et le spectre remit à Théodore et Amélia une pépite d’or chacun. Puis il en revint au jeune homme :

« Bon, tu aurais sans doute gagné beaucoup plus avec ce que tu avais miné aujourd’hui, c’est vrai mais… Les Pokémon indigènes n’auraient pas été ravis par ton vol ! Alors que moi, je t’offre cette pépite sur mes réserves personnelles ! Et un peu d’or mal acquis en moins ça vaut le coup pour ne pas déclencher une guerre, non ? »

Et le spectre fit un clin d’oeil au Flamenois. Il faisait bien évidemment référence aux thèses de son maîtres. Et s’il voulait être cohérent en actes et en pensées, Théodore ne pouvait qu’abonder en son sens. Il hocha donc humblement la tête sous le regard satisfait un Pokémon gazeux. C’est alors qu’un bref cri métallique interrompit leur échange.

Théodore remarqua alors enfin le jeune Galekid qui se tenait derrière le fantôme. Il était quasi identique à celle qui s’était prise d’affection pour Amélia à ceci près que son front était orné d’une légère protubérance pointue qui rappelait une petite corne. La créature de pierre et de métal s’approcha alors de Théodore et de ses Pokémon et commença à les inspecter en profondeur. Pendant ce temps, le Spectrum reprit ses explications :

« Ce petit gars est encore jeune mais il rêve d’aventure depuis sa naissance et il a beaucoup apprécié ta façon de combattre tout à l’heure ! Je crois que tu lui a tapé dans l’oeil ! Je pense que tu devrais le prendre avec toi ! »

Un Pokémon qui choisissait de lui-même d’accompagner le Flamenois ? Bah, ce ne serait que le troisième après tout ! Tandis que le Galekid faisait joyeusement connaissance avec Snehee sous l’oeil impérieux de Chhal, un détail revint en mémoire à son désormais dresseur qui s’en ouvrit au fantôme violet :

« Corrige-moi si je me trompe mais… Raj Kathri possédait un Galéking non ? Est-ce qu’il se pourrait que... »

Non. Impossible. Il devait y avoir des centaines, peut-être même des milliers de Galekid dans ces galeries. Les probabilités pour que ce Galekid soit apparenté avec celui de son maître à penser étaient plus qu’infimes !

Le spectre facétieux sourit et répondit :

« Pour savoir ça, tu as dû lire les biographies de feu mon dresseur… Qui sont bien plus rares que ses traités militaires. Ca montre que tu es motivé… Et oui, tu as raison, nous avions bien un Galeking parmi nos compagnon. Il m’a suivi ici à la mort de notre maître d’ailleurs mais cela fait des lustres qu’il est mort. Tous les Pokémon n’ont pas la chance d’avoir l’espérance de vie d’un spectre… Quant à savoir si ce Galekid est le descendant de mon ami… Franchement, j’en sais fichtrement rien ! J’ai arrêté de tenir les comptes de sa progéniture passé la dixième génération ! Ca faisait trop ! Donc la réponse c’est… Bah peut-être ! Ou pas !
Par contre, ce que je peux te dire, parce que c’est ce Galekid lui-même qui me l’a dit, c’est que lui et celle qui s’est entichée de ta copine la Terrosienne sont frère et sœur !
-Ah... »

Sentant qu’on parlait de lui, le Galekid revint finalement vers son nouveau dresseur. Il s’arrêta à un mètre de ses jambes et le fixa intensément, attendant probablement une réaction. Théodore hocha la tête et lui lança :

« C’est d’accord, tu peux rester. »

Le Galekid poussa un petit cri joyeux et le Spectrum renchérit :

« Tu ne le regrettera pas, il est très brave malgré sa petite taille et il deviendra sans doute un combattant exceptionnel si tu l’entraînes bien ! Ah et il est d’une nature très protectrice ! C’est ça qu’il a aimé chez toi d’ailleurs, quand tu n’as pas hésité à bloquer ma lame lors de mon premier coup au lieu de simplement éviter. En cela il ressemble à sa sœur, même si elle est plus douce et moins réservée que lui ! »

Le Galekid poussa un petit cri d’assentiment, manifestement d’accord avec cette description. Théodore réfléchit donc quelques instants et déclara :

« Dans ce cas, je vais t’appeler Rakshaatmak. Ca veut dire « Le Protecteur » en Flamenois. Je pense que ça t’ira bien ! »

Le Galekid hocha la tête et son ami fantomatique abonda en ce sens :

« Très bon choix ! Bon, il est temps pour moi de vous laisser pour de bon cette fois ! J’ai dit tout ce que j’avais à dire ! A la prochaine ! »

Et il disparut à nouveau en laissant son corps spectral s’effacer petit à petit. Théodore lança donc à tous ceux qui restaient :

« Bon… Les Pokémon rocheux ont dévoré le charbon et les métaux précieux mais avec un peu de chance ils n’ont pas touché à ma pioche. On va la récupérer et ensuite, on sort d’ici. Je crois qu’on a bien mérité un petit verre. »

Tous ses Pokémon approuvèrent à leur façon. Finalement, la journée n’était pas complètement gâchée. Au lieu pouvoir rembourser la quasi intégralité de sa dette en une fois, il s’en tirait avec un salaire à peine supérieur à celui d’une bonne journée de travail – puis qu’après tout, il ne pourrait conserver que dix pour cent de la valeur de la pépite – et un nouveau Pokémon… Ce qui lui laissait tout de même assez d’argent pour se remettre de cette aventure ! Et puis Amélia n’était pas aussi désagréable et bornée qu’il lui avait semblé au premier abord !

[Amélia Vhagar]

[Anniversaire d'Erasia, le post compte double]

Amélia marchait aux côtés de Théodore quand ils aperçurent le lézard du rouquin assoupi. La blonde leva un sourcil, se doutant que quelque chose n’était pas normal. Elle l’avait aperçu au loin utiliser des Méga-Sangsues à répétition lors de son arrivée dans les mines. Le Massko devrait normalement être plein d’énergie, prêt à en découdre avec le premier venu !

Mais rapidement, l’auteur des méfaits apparut, pas mécontent de son dernier coup. Il l’avait dit dès le début, les ressources des mines appartenaient aux Pokémon des mines. La blonde regarda le jeune homme qui semblait visiblement agacé par cette dernière entourloupe du Spectrum. Il avait jusque-là gardé un certain calme qui ne laissait paraître aucune émotion, mais dérober les fruits de son travail durement gagnés aurait pu être la goutte d’eau de trop… Heureusement, le jeune homme réussit à se maîtriser et à s’interposer entre son Pokémon qui lui cherchait à en découdre et le spectre facétieux.

Ouf… Amélia soupira de soulagement. Elle n’avait pas envie de se retrouver dans la fosse évoquée un peu plus tôt. Ils n’avaient pas réussi à désamorcer la situation pour tout gâcher au dernier moment !

« Pas la peine de souffler aussi fort ! Je ne suis pas un monstre, je vous avais donné ma parole que vous sortiriez vivant aujourd’hui ! » fit le spectre d’un air grave.

« Désolée… » bredouilla Amélia ce qui eut pour effet de faire rire aux éclats le tonitruant Spectrum qui se moquait d’elle.

En preuve de sa bonne foi, le spectre offrit une pépite d’or aux deux jeunes adultes. Amélia fit rouler le morceau d’or inégal entre ses doigts quand elle sentit les pattes du Galekid qui l’avait suivi jusque-là sur ses mollets. La blonde regardait la petite créature métallique dans les yeux, se demandant bien pourquoi cette dernière continuait de la suivre. Elle avait une odeur qui lui plaisait ? Amélia porta son bras à son visage, reniflant légèrement la manche de son pull avant de reporter son regard sur la petite Galekid. Elle ne sentait pas le métal, pourtant… Se pourrait-il que la petite créature voulait devenir sa Pokémon ?

C’était assez une situation assez inédite pour la militaire. Elle avait grandi sans Pokémon à ses côtés jusqu’à ce qu’elle se vît offrir Balerion pour son treizième anniversaire. Jamais elle n’avait capturé un Pokémon par elle-même. Les souvenirs de son aventure folle sur le navire de la Rose Écarlate lui revinrent en tête à ce moment-là. Les questions que sa capitaine, Scarlett, lui posait. Pourquoi, si elle était pupille d’une des sœurs Isenôrdâl, ne possédait-elle pas plus de Pokémon ?

Remarquant que la jeune femme était perdue dans ses pensées, la petite Galekid lâcha le mollet de la blonde pour aller frotter son front métallique contre le corps de celui que le Spectrum avait introduit comme étant son frère. Apparemment, les frères et soeurs s’étaient pris d’affection pour les deux humains et désiraient les suivre définitivement dans la suite de leurs aventures.

Amélia s’abaissa alors ce qui eut pour effet de faire accourir sa Galekid jusqu’à elle. Amélia prit alors quelques secondes pour lui caresser le crâne.

« Je vais t’appeler Bellone. Déesse de la guerre d’une religion ancienne que j’ai étudiée il y’a bien longtemps. On va s’entraîner dur, toi et moi. J’espère que tu es prête ! »

La petite bête lâcha un « Kiiiid » enthousiaste avant de retourner se frotter une dernière fois à son frère, comme si ces derniers se faisaient leur au revoir.

« Ne t’en fais pas, Bellone. On ne se quitte pas tout de suite avec ton frère. » fit-elle à sa nouvelle Pokémon. « Allons chercher ta pioche et après on se tire d’ici, j’en peux plus de ces maudites mines. » fit-elle cette fois-ci à l’adresse de son compagnon d’infortune.

Au loin, le rire du Spectrum résonnait, probablement amusé par la remarque d’Amélia. La petite Galekid se mit à sautiller avant d’aller se frotter à Balerion, visiblement pas rancunière pour la grillade de toute à l’heure.

Le groupe arriva rapidement jusqu’à la pioche de Théodore qui avait été laissé intacte par les Pokémon sauvages.

« Tu aurais quand même pu la prendre pendant l’attaque du squelette, ça nous aurait bien évité des soucis. » fit Amélia, l’air légèrement moqueur dans la voix.

Elle ne le prenait pas de haut, au contraire. Rares étaient les personnes auprès desquelles Amélia se sentait suffisamment à l’aise pour plaisanter. Elle espérait juste qu’il sentait la petite pointe d’humour dans sa voix avant de se diriger d’un pas rapide vers la sortie. Ils avaient vraiment bien mérité leurs verres.

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