[ Clos ] Visite mélodieuse [Luciano/Andromède]

[Andromède di Neralitha]

La finesse et la hauteur de l'édifice rendaient son sommet imperceptible. On aurait dit que la structure elle même s'effaçait dans l'immensité des cieux. La tour trônait fièrement au milieu du continent, telle une reine souveraine de ces terres céleste. Il était difficilement pensable qu'une construction comme celle-ci ait pu être façonnée par les hommes. La légende raconte que l'édifice avait été érigé en l'honneur de Meloetta, Pokemon à la voix si  pure qu'elle fût en mesure de stopper une guerre . La diva aurait alors élu domicile au sommet de la tour et bénirai le lieu par la clarté de son chant.

Chaque pas qui rapprochait Andromède de la structure lui permettait de sentir la sérénité qu'elle dégageait. Il n'y avait aucun endroit, que ce soit sur Erasia ou sur Tenkei, qui aurait pu lui procurer une telle paix intérieure. Le doute, la peur, la colère et même son désir de vengeance s'étaient dissipés. Némésis, elle, semblait s'adoucir. Sa méfiance s'étaient disloquée pour laisser place aux sentiments les plus pures, ceux recherchés par les hommes en quête de bonheur. Les Pokemon présents en ce lieu s'approchèrent du maudit. Ils avaient une confiance absolue en l'être humain qui, d'ordinaire, pouvait se montrer cruel et barbare. On ne compte plus le nombre d'hommes ayant fait du mal à ses créatures, que ce soit pour leur compte personnel ou pour assouvir leurs pulsions sadiques.

Luciano semblait beaucoup moins impressionné par le spectacle qui se déroulait devant ses yeux que le maudit. La valse de ces Pokemon était envoûtante, certains lévitaient dans les air avec la légèreté du coton, d'autres trottinaient sur le sol d'un air guilleret, leur démarche accompagnait celle des autres dans une osmose parfaite. La géante de métal semblait elle même participer, d'un chant lointain, au balais.  

Némésis se mêla aux autres créatures psychiques et entama à son tour une danse aérienne, se faisant léviter grâce à ses aptitudes. Elle se mêla à un groupe de Nucléos, puis à un autre, puis continua de jongler ainsi entre différents endroit.

«  Ca fait longtemps que je l'ai pas vu aussi heureuse. Je ne sais même pas si je l'ai vu heureuse un jour » pensa le maudit tout en sortant peu à peu du floue onirique qu'avait apporté cette valse.

La nuée de Pokemon s'éloigna et se dispersa à l'intérieur de la tour. Le silence s'installa à nouveau comme une averse de printemps. Andromède se demanda même si il n'avait pas rêvé la scène qui venait de se passer. Luciano et ses deux compagnons avaient disparu du champs de vision du garçon et, au moment même où il s'apprêtait à hurler le prénom de son cousin, quelque chose heurta sa jambe. C'était un choc léger, bien trop doux pour que Némésis soit celle qui s'était lancée sur le garçon. Elle avait cette habitude de ne pas retenir ses coups lorsqu'elle réprimandait son dresseur. Andromède baissa le yeux et découvrit qui s'était jeté sur lui comme cela.

Un Pokemon bleu, l'air simplet avec une sorte d'excroissance sur le front qui amplifiait son côté béat. Il y avait quelque chose qui bougeait derrière lui, on aurait dit une ombre pourvu d'un seul globe oculaire. La créature semblait se cacher en arrière, comme pour éviter le regard du garçon intrigué par la nature de l'entité. Il s'avéra que ce n'était que la queue du Pokemon qui bougeait au rythme de ses mouvements.  

Andromède le repoussa doucement avec sa jambe pour continuer sa route et chercher son cousin. Mais la créature le heurta une nouvelle fois et bien plus violemment. Si violemment qu'il perdit l'équilibre et son visage heurta le sol sec de la savane. Il lui fallu quelques secondes pour se remettre du choc et relever la tête. Le fauteur de trouble n'était plus là. A sa place s'était entassée des noigrumes tombées de la sacoche du garçon.

«  Il aura foutu une sacrée pagaille »

adressa-t-il agacé à Némésis qui avait été témoins de toute la scène.

Andromède rangea ce qu'avait fait tomber le Pokemon, prenant soin de les dépoussiérer avant de les remettre à leur place. Certains Pokemon étaient ressorti de l'édifice, intrigués par le brouhaha qu'avait provoquée la scène.  Alors qu'il allait ranger la dernière noigrume Némésis l'alerta :

«  Andromède attend ouvre la»

Son dresseur lui adressa un regard perplexe avant de la lancer. Le fauteur de trouble de tout à l'heure en sortit, fixant le garçon de son sourire niait.

«  Voilà, avec tes bêtises tu t'es retrouvé coincé avec moi »

Némésis s'indigna:

«  Ah par ce que tu comptes le prendre avec nous ? Relâche le, il ne nous apportera que des ennuis »

Andromède fit un geste de la main, faisant comprendre à son Pokemon que tout allait bien se passer. La créature bleutée à la queue particulière suivait le garçon d'un pas rapide. Même si il manqua plusieurs fois de finir la tête dans la poussière il ne perdit jamais son sourire. En se retournant, un détail attira une nouvelle fois l'attention du maudit. La queue du Pokemon semblait l'épier de son oeil unique et, à chaque fois que son regard croisait le sien, on aurait dit qu'elle essayait de se cacher.

« Vraiment bizarre » murmura le garçon avant de se remettre à la recherche de Luciano.

[Luciano di Neralitha]

Sans se préoccuper le moins du monde de son cousin, Luciano avait avancé droit vers la Tour de l'Éternité, accompagné de ses Pokémon. Oh, il avait bien vu à un moment donné qu'il avait légèrement semé Andromède, mais puisque ce dernier savait où le retrouver, il ne s'était pas arrêté. Il n'avait même pas fait mine de ralentir pour lui permettre de le rattraper... L'Absol, atterré devant le comportement de son maître, laissait parfois échapper des soupirs résignés, tout en échangeant des regards avec le Viskuse. La Polichombr, elle, se contentait de flotter paresseusement à quelques mètres du groupe, fixant le maudit d'un air intéressé. L'oiseau, de son côté, peinait à suivre, traînant avec difficulté la coquille qui lui servait de culotte... Quant au Venipatte, il était encore trop sonné pour oser tenter une percée hors de sa Ball. Il fallait dire que sa rencontre avec Luciano resterait gravée dans sa mémoire – et peut-être même dans son corps, tant la chute avait été violente. La pauvre créature n'aurait donc pas le loisir – du moins pas immédiatement – d'admirer la beauté pure que constituait la Tour qui se dressait fièrement dans les cieux de Midgard, comme une flèche qui chercherait à atteindre un paradis inaccessible. Si les esclaves de Luciano prenaient le temps de contempler le spectacle, plutôt impressionnés par les lieux, l'Abyanais, lui, paraissait indifférent, car son visage ne laissait passer aucune émotion. En réalité, il observait attentivement l'édifice, cherchant un indice, une trace ou n'importe qui pourrait lui apporter des informations sur la Secte. Il était d'ailleurs tellement absorbé dans sa tâche qu'il ne vit pas le groupe de Nucléos, qui évoluait comme un essaim sauvage, s'approcher de lui à toute vitesse. Lorsqu'il vit une grande tache colorée dans son champ de vision assez limité, puisqu'il avait remis en place le cache sur son œil, c'était trop tard : il entra en collision avec le groupe et, dans un flash lumineux, disparut.

Lorsqu'il put ouvrir de nouveau son œil sain, il flottait dans les airs, quelque part dans la Tour, mais à l'écart de tout le monde. Fronçant les sourcils, Luciano regarda autour de lui sans comprendre. Pourquoi s'était-il retrouvé là, séparé des autres ? Était-il tout seul ? Lorsqu'une voix dans sa tête lui lança un « je suis là, triple andouille », il sursauta et constata qu'Iroël avait été victime du même sale tour que lui. Elle n'était d'ailleurs pas la seule, puisque Sachiel était là, lui aussi, lévitant entre les deux autres. Pourquoi Leliel et le piaf n'étaient-ils pas avec eux ? Il s'était passé quoi, là ? De nouveau de sale humeur, le maudit essaya de bouger, mais il se sentit vaseux et comme extérieur à son propre corps. Tiens, voilà autre chose, c'était nouveau, ça. Entre le Spectre qui s'était incrusté dans son équipe sans lui demander son avis, sa téléportation à un étage supérieur et son immobilisation, ça faisait beaucoup de trucs étranges et inexpliqués, et ça commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. L'Abyanais s'agita, tentant de se libérer de ses entraves, mais peine perdue. Il était complètement incapable du moindre mouvement.

« Bon, Iroël, Sachiel, je sais pas lequel des deux a fait le coup, mais les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, donc vous allez me lâcher fissa et me reposer TOUT DE SUITE ! »

Non pas que le fait de léviter déplaise à Luciano, bien au contraire, ça lui donnait même des idées. Mais ne pas avoir le contrôle total était inenvisageable pour lui ! C'était lui qui commandait, non mais oh ! Comme à son habitude, il s'était tourné vers ses Pokémon pour les accuser sans chercher plus loin... Ce à quoi les deux Spectres protestèrent mentalement à grands renforts de « mais c'est pas moi ! », « j'ai rien fait ! » ou encore « moi aussi je me suis fait téléporter comme un vulgaire sac, alors on se calme là ! ». Bon. Non seulement ils n'y étaient pour rien, mais ils étaient eux-mêmes victimes du phénomène, même en étant d'un type relativement protégé contre les trucs paranormaux et compagnie. Oook. Là, ça devenait déjà un peu plus compliqué. Alors qu'une grosse veine se mettait à palpiter sur la tempe du maudit, signe qu'il était à la fois énervé et stressé par la situation, une troisième voix s'immisça dans l'esprit de l'humain, le faisant sursauter de nouveau.

« N'as-tu donc confiance en personne, même pas en toi-même, pour perdre ton sang-froid à ce point ? »

Quoi encore ? Ça venait d'où, cette fois ? Le regard bleuté du maudit s'arrêta sur la créature verte et ronde qui le dévisageait. C'était carrément impossible que cette remarque arrogante et déplacée vienne d'un truc aussi ridiculement laid, et pourtant... Un simple coup d’œil aux deux Spectres lui confirma qu'ils étaient aussi paumés et désorientés que lui par cette histoire. De mieux en mieux. Avaient-ils entendu la même chose que lui ? À voir leur mine déconfite, rien n'était moins sûr.

« Oui oui, c'est bien moi qui te parle, Luciano. Ne me sous-estime pas, ce ne serait bénéfique pour personne. Je m'appelle Sandalphon, et je suis là pour t'aider. »

Ok. Au moins, il ne perdait pas encore la boule... Cette chose lui parlait directement, par télépathie, avait fouillé dans sa tête pour avoir son prénom et se pensait investie d'une mission divine ! Des comme ça, il en avait jamais eu, c'était une grande première ! Pour couronner le tout, l'Abyanais sentit le tissu qui dissimulait son œil se défaire tout seul et glisser, exposant ainsi sa pupille tatouée à la vue de tous. Et bien évidemment, comme il ne pouvait pas bouger, il n'eut aucun moyen de mettre sa main dessus pour l'empêcher de foutre le camp... Mais, à sa grande surprise, il ne se passa rien. Hormis la lumière, rien ne passait par son œil maudit, ce qui l'étonna au plus haut point. Il était pourtant absolument persuadé qu'Iroël ne nourrissait pas que des sentiments positifs à son égard, loin de là, et il n'était pas naïf au point de croire que Sachiel était tout blanc et vierge de tout ressentiment. Mais ce fut comme si le tissu était toujours en place pour bloquer tout flux entrant dans l'esprit de Luciano, alors même qu'il flottait doucement près de sa tête. La créature qui lui faisait face avait-elle des propriétés de blocage quelconque ? Plutôt intéressant, mais quelque peu intrusif, malgré tout. Si le maudit détestait quelque chose, c'était bien qu'on se mêle de ses affaires, surtout si ça concernait sa malédiction ou sa famille, et la bestiole gélatineuse qui lui tapait la causette s'immisçait précisément dans ce domaine-là...

« Ta vie doit être compliquée, avec un tel handicap. N'as-tu jamais cherché à contrer ce problème autrement qu'en l'enfouissant derrière une fausse solution de fortune ? N'as-tu donc aucune ambition, aucun désir concernant cette malédiction du Dieu Blanc ? Je pense que tu pourrais aspirer à tellement mieux, et je peux t'aider à y parvenir. Oh, et si tu te demandes pourquoi tes deux compagnons sombres ne sont pas avec nous, c'est parce qu'ils sont immunisés à mes pouvoirs psychiques à cause de leur affinité avec les Ténèbres. Sur ce... »

Après ce discours pour le moins ahurissant, le Nucléos flotta vers l'Abyanais, qui vit soudain les sphères rangées dans ses affaires tournoyer dans les airs à toute vitesse. Dans un flash éblouissant, le Pokémon Psy s'engouffra dans l'une d'elles, avant de téléporter de nouveau les trois élus en bas de la Tour, devant un Absol et une Vostourno sidérés. Sans avoir rien demandé, Luciano avait gagné un nouveau compagnon de route qui promettait d'être le plus chiant de tous ceux qui voyageaient avec lui !

[« Salut, moi chuis psy et je peux vous aider, que vous soyez d'accord ou pas, d'ailleurs » xD]

[Andromède di Neralitha]

Le maudit avait fait plusieurs fois le tour de l'édifice à la recherche de son cousin, sans succès. Se pouvait-il que Luciano ai décidé de faire cavalier seul ? Qu'il soit parti en direction des vestiges d'ébène sans le garçon ? Némésis aurait donc eu raison de se méfier. Gélōs ( c'est comme ça qu'il avait nommé le pokemon bleu au sourire niait ) s'alerta et se détourna du chemin d'Andromède pour  s'engouffrer dans la tour.

«  Tu vois, il nous ralentit déjà. » cracha Némésis à son dresseur

Le maudit ne fit pas attention à la remarque déplacée de son Pokemon. Après toutes ces années, il avait apprit à faire impasse sur ce qu'elle pouvait dire, même de plus blessant. Il savait qu'elle ne se rendait pas compte de la condescendance dont elle pouvait faire preuve quelquefois.

Les deux compagnons se mirent à la recherche du troisième élément de leur troupe qui, certes, avait une certaine tendance à faire des choses imprévisibles. Andromède entra à son tour dans l'édifice, là où la bestiole bleutée s'était dirigée. Il ne lui fallut pas longtemps pour la retrouver. A vrai dire, elle était restée dans la hall principal de la tour. Et, à, sa grande surprise, son cousin se trouvait ici aussi alors que, cinq minutes auparavant, il n'y avait que des Pokemon sauvages dans la tour.

 Gélōs s'agitait autour de Luciano, lui rentrant dedans , tournant autour de lui en arborant son plus beau sourire. La scène aurait put être bonne enfant si son cousin n'avait pas eu l'air si exaspéré par l'attitude de la créature. On pouvait percevoir la rage grandir au creux de son iris. Même la sérénité de la tour ne semblait pas assez forte pour contenir le garçon.

«  Luciano ! » cria Andromède.

Son cousin sembla sortir de sa transe, oubliant presque le Pokemon gigotant à ses pieds.

« Excuse le c'est un Pokemon que je viens de capturer. Si capturer est le bon mot » enchaîna le maudit essayant tant bien que mal de calmer la situation.

Luciano fit un geste du pied pour éloigner la bête bleue, et dépoussiéra l'étoffe de ses vêtements d'un mouvement ferme et rapide. Il fixa ensuite le maudit de son œil… de ses yeux. Ses deux yeux étaient désormais visibles. L'un d'un bleu si pure que tous les joyaux du monde n'auraient pu égaler sa beauté. L'autre, écorché d'un symbole divisant son œil dans une mosaïque de couleurs. Luciano expliqua à Andromède sa disparition soudaine et la situation dans laquelle il s'était retrouvé. Flottant dans les airs avec un Pokemon gélatineux décortiquant ses pensées et ses souvenirs.

Les créatures avec une affinité au psychisme pouvaient parfois prendre un malin plaisir à utiliser leurs capacités sur les humains. Certains aimaient étaler leur savoir, montrer aux hommes leur ignorance. D'autres pouvaient même partager leur talent.  Mais tous aimaient plus ou moins montrer de quoi ils étaient capable, et rappeler  à quel point ils étaient supérieurs. Une grande arrogance dont Némésis pouvait elle même faire preuve de temps en temps.

Les deux maudits se dirigèrent en dehors de la tour et, à mesure qu'ils s'en éloignaient, pouvaient sentir la plénitude propre à ce lieu s'évanouir dans la nature. Ils étaient dorénavant en route pour Torcan, la ville de flamme. Une véritable fournaise située au creux d'un cratère de lave. Un endroit si différent de son Abyan natale . Le calme des rues, l'humidité ambiante. Les bruits de la surfaces étouffés par l'eau. Là où il se dirigeait, tout n'était que flamme. Torcan était une cité riche, prospère et incroyablement bruyante. Il serait difficile pour le maudit de s'habituer à cet environnement.

Le garçon espérait y trouver de plus amples informations sur les vestiges situés au centre du salar de l'oublie. Il espérait pouvoir en savoir plus sur Zekrom et sur cette secte dont Luciano avait parlé. Andromède était à des années lumières de sa vie d'avant. Enfant peureux, maudit, tyrannisé par ses frères. Il était désormais un jeune homme prêt s'aventurer dans un voyage dangereux en quête de réponses. Il jouait dans la cour des grands à présent, mais la cour des grands est terrifiante.

[ cc la ref à GoT ]
[ un post un peu court désolééééé ]

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