[ Clos ] Et maintenant, passons à la pratique ! [PV Elvira]

[Chad Kehr]

Nous y sommes ! Suite à une après-midi de vol mouvementée, la dragonne nous redépose enfin au sol, à proximité d’un assemblage de cahutes en bois pittoresques.
La ferme du soleil ! Enfin ! J’observe les quelques Pokémon sauvages qui vadrouillent non loin de nous en me frottant les mains, pressé d’enfin croiser l’Evoli que nous recherchons. Cette rencontre extraordinaire ne cesse de gagner en intensité dans mon imagination. On en est au point où je l’imagine descendre des cieux dans un éclair, immense et imposant, plus encore que son évolution, tandis qu’il me lancerait un terrible défi destiné à prouver ma capacité à dompter la créature. En gros, ça ne va guère mieux qu’au départ. Le soleil a beau rougir de fatigue à l’horizon, moi, je pétille d’une énergie inépuisable et demeure incapable de tenir en place ! D’ailleurs, j’serais pas étonné que la dragonne en ait marre de moi, après avoir supporté mon agitation sur son dos durant des heures.

Cette fois, j’ai devancé Elvira. Faut dire qu’on ne risque pas de se perdre : on est face à un grand espace, mais la section habitée des humains se restreint aux quelques habitations. Hélas, alors que je m’élance au-delà des barrières de la ferme en quête d’une proie, un vieil homme m’arrête et explique à Elvira qu’étant donnée l’heure tardive, la ferme n’acceptera plus d’adoption avant le lendemain. Voilà qui nous offre deux options : prendre une chambre et attendre que la nuit passe, ou nous contenter d’une capture sauvage hors de l’élevage.
Est-ce vraiment nécessaire de préciser laquelle j’ai choisi ? Comme si j’étais en état de dormir ! Je bondis sur place en continue, inépuisable. C’est à peine si je prends le temps de remercier le vioque pour ces renseignements avant de repartir dans l’autre sens, courant partout sans savoir où chercher. À un moment, il me semble reconnaître la fourrure brune qu’Elvira m’a envoyée par télépathie.

— Là ! hurlai-je.

Mais ce n’est qu’un étrange duo d’oiseaux perchés sur un même corps sans aile. La créature sursaute, me fixe avec méfiance, puis détalle au pas de couse. Je rabaisse mon bras de déception, levant les yeux au ciel dont la noirceur s’amplifie davantage à chaque heure qui passe.

*Mince, mais ils sont planqués où, les Evoli ? J’espère que y’en a quand même hors de l’élevage !*

Je suis retourné vers Elvira à ces pensées, ne trouvant d’autre solution que d’en venir une énième fois à ses bons conseils. Il semblerait que la mission soit plus compliquée que prévu. De quoi me motiver plus encore ! D’ailleurs, en parlant de ça :

*Si j’en trouve un, je fais quoi ? j’lui cours après ? J’lui saute dessus ? J’balance une ball ?*

J’crois qu’elle a déjà répondu à ça, aujourd’hui. Arrivé au moment fatidique, on ne sait plus quoi faire, faut que je profite de chaque seconde pour me préparer au mieux ! C’est le stress, ça ! On peut entendre les noigrumes vides qui tintent dans ma poche, tandis que je les brasse inlassablement de ma main droite, impatient du moment où j’en jetterai une pour sceller ma victoire. Quant à mes yeux, ils dévorent l’endroit à répétitions, aussi affamés qu’un Ponchiot à qui on aurait promis un os. La moindre touffe de poils brins qui dépasse, j’la verrai !

[Elvira Greyhunt]

Le voyage c’étant bien passer, ils n’avaient rien rencontrer qui aurait pu ralentir leur course. Toutefois, vu l’heure tardive où ils étaient arrivés, Elvira ne fut pas surprise d’entendre le propriétaire de la ferme lui annoncer qu’il était ‘’ fermé ‘’ pour l’instant. Elle se tourne légèrement vers la dragonne qui soupire, visiblement épuisée de tout le voyage qu’elle a fait aujourd’hui. L’humaine se rapproche de son compagnon de vol, caressant le cou massif de la bête. La dragonne ferme doucement les yeux, penchant un peu la tête vers l’avant. *Beau travail, tu peux relaxer maintenant.* La dragonne hoche doucement la tête puis va se trouver un petit coin tranquille, qui se résume à un coin bien herbé ou elle s’écrase sans la moindre douceur.

Avec un soupire, elle hoche doucement la tête remerciant le vieillard qui l’avait gentiment renseigné. Acceptant l’offre de l’homme, elle allait se diriger vers le barn, quand elle réalise l’agitation enthousiaste qui frappe toujours son petit compagnon de route. Elle allait doucement l’interpeller, quand déjà il saute la clôture qui mène sur l’extérieur et s’exclame bruyamment. L’instinct de survie d’Elvira revient immédiatement et aussi vive qu’elle l’avait déjà montrée, elle saute la clôture pour venir rejoindre Chad. Toutefois, ce qu’elle voit le fait presque éclater de rire. La pauvre créature, qui n’avait rien demandé, fut prise de panique face à l’aura de prédateur qu’avait fait ressentir la rouquine. Aider de l’apparence d’Axill qui était sorti. Il avait réagi aussi rapidement ne réagit qu’elle, en la sentant sa maitresse agir de la sorte. L’Ectoplasma soupire face à l’absurdité de la scène et il retourne se cacher dans les vêtements de la rouquine avant que Chad ne réalise qu’ils avaient été prêts à le défendre d’une pauvre petite créature. Le Doduo, face à autant d’agressivités, prit rapidement ces jambes pour prendre la fuite.

Plus calme qu’elle ne l’avait été quelques secondes plutôt, elle se rapproche de Chad, voyant bien la déception sur son visage, une étrange expression s’affiche sur le sien. Elle-même peu habitué à ressentir une telle émotion envers un autre humain, elle finit par le chasser, ne sachant pas qu'en faire de ce sentiment. Elle pose une main sur l’épaule de Chad. *Laisse-toi une chance, attraper un pokémon peut être une tâche longue et difficile. Parfois, ils se cachent et il faut les débusquer. Vois-le comme un jeu de cache-cache…* Souffle-t-elle. Elle ne voyait pas comment elle pouvait mieux lui expliquer. Elle aurait très bien pu expliquer le long procédé de traçage avec un pourcentage de chance pour le trouver et le capturer. Elle s’avance un peu pour dépasser Chad et elle reste un instant silencieuse, scrutant les environs. * Axill, tu veux bien chercher les environs et nous aider ? * Demande-t-elle mentalement pour que Chad entende aussi. * Oui M'dame…* sans plus attendre l’ectoplasme s’étire pour sortir des vêtements de la rouquine, laissant enfin apparaître sa silhouette ronde et sombre. Il jette un coup d’œil à Chad, avant de disparaître dans les hautes herbes pour aller trouver sa prochaine victime.

*Pour la capture, tu as le choix… Mais ça va principalement aller avec le caractère du Évoli que nous allons croiser. S’il est agressif et qu’il ne veut pas se faire capturer, mais que tu le veux quand même, il va falloir que tu combattes un peu. Le but est de l’affaiblir avant de lancer ta Noigrume. Alors, je te conseille de sortir Hâmon, en même temps, ça va vous faire un exercice de combat.* Lui dit-elle mentalement. Prenant son petit rôle de professeur en herbe très important, elle réfléchit à ce qu’elle pourrait lui dire davantage. Elle réalise rapidement, que cette tâche sera plus difficile qu’elle en aura l’air. *Petite question, à quel point as-tu pratiqué les combats de pokémon avec Hâmon ? Il écoute docilement ou il donne des difficultés ?*

[Chad Kehr]

Je reprends confiance aux paroles d’Elvira, bien loin d’imaginer l’état d’esprit dans lequel son Pokémon et elle étaient l’instant d’avant. Du danger ? C’est quoi, ça, du danger ? Connait pas ! La capture de mon Noctali occupant la totalité de mon esprit, j’suis loin d’penser aux autres bestioles prêtes à nous couper en tranche qui peuplent le monde sauvage.

Et pourtant, y’en a un, là, qui me fait sursauter ! Sauf qu’il n’a rien de sauvage, celui-là. En plus, je l’ai entendu acquiescer, mais que voulez-vous : ce n’est pas tous les jours qu’on voit une ombre s’extirper des vêtements d’une guerrière avant de se jeter dans les herbes tel un prédateur ! On a échangé un regard, mes yeux n’étant que deux bulles rondes incapables d’assimiler la forme exacte du squatteur de fringues. Ébahi, je dois attendre qu’il disparaisse pour enfin réagir et hurler :

— Aaaaah, mais ils ont tous trop la classe tes Pokémon ! Un coup il est là, un coup il y est plus ! C’est genre un espion, mais en plus badass, et en plus, il passe à travers les murs !

J’en oublie la télépathie, tiens !
Suite à cette formidable démonstration d’enthousiasme, le moment est idéal pour sortir Hâmon et voir ce qu’il vaut. En effet, maintenant que j’ai bien hurlé notre présence à qui veut l’entendre, on ne risque plus d’voir débarquer des Pokémon sauvage. Et puisqu’Elvira a parlé de combat, va falloir tester. Mais j’avoue que… j’ai comme un doute. *Les Combat Pokémon ? Avec Hâmon ?* Voilà, cette pensée résumait bien ma… bah ma pensée. La vache, parfois, y’a de quoi se sentir con avec ces embrouilles de parler-esprit !
Mêlant le geste à la pensée – qu’est-ce qu’on s’amuse ! –, j’attrape la noigrume d’Hâmon et la lance aussi loin que possible pour éviter à Elvira la mauvaise surprise de son fameux pet d’apparition.

— Hâmon ! Vient voir, faut qu’on se prépare pour notre capture !

Oh, une fleur ! Et voilà le Moufouette qui part dans la direction opposée pour en humer le parfum. Le pire étant qu’il s’en détourne aussitôt, finalement peu intéressé, et commence à zieuter la ferme d’où nous parviennent quelques lueurs de bougies vacillantes.
Je me racle la gorge, un peu gêné, puis entreprend d’aller ramasser mon Pokémon à la main pour l’obliger à nous rejoindre, bien conscient qu’il s’agit là d’une réponse suffisante à la question d’Elvira. Pour résumer, je n’avais jamais donné d’ordre à Hâmon. À part peut-être quelques "ne bouge pas" qu’il avait l’habitude d’ignorer en cours. J’suppose qu’il comprend des trucs, le bougre, puisqu’il obéissait aux professeurs sans rechigner, mais je n’irais pas jusqu’à dire que j’en suis certain. J’suis pas sûr non plus de vouloir y croire, préférant un peu l’imaginer ignorant plutôt qu’indifférent à mes dires.

Je le repose au sol devant Elvira, me racle la gorge à nouveau, puis m’exclame en pointant devant nous :

— Vas-y, fait une attaque !

La tête du Moufouette se renverse presque à s’en tordre le cou pour me regarder à l’envers sans bouger ses pattes. De mon côté, je le fixe, le bras toujours tendu en direction d’un point imaginaire. Je pense que le plus désespérant, ce n’est pas qu’il désobéisse, mais qu’au final il soit plutôt docile sans son inaction. Il s’est laissé porter sans râler, et maintenant que je l’ai déposé, il attend. Dites : le problème, ce n’est pas moi, quand même ? Je m’enquiers auprès d’Elvira : *J’ai oublié un truc ou quoi ?*

[Elvira Greyhunt]

*Oui, Axill est le plus discret de tous. Il déteste sa Noigrume, alors il est toujours sur moi…* Esquive-t-elle doucement. Tout en souriant, elle évite de lui parler davantage de la créature des ténèbres qui pourrait décider de son chef de tourmenter sa pauvre âme durant son sommeil. Toutefois, Elvira avait remarqué quelque chose de différent chez son compagnon, il semblait plus distant et pensif. Il lui était même arrivé d’être cryptique sur des sujets qui dataient de très longtemps, comme sa tribu. Elvira avait la vague impression que son compagnon commençait enfin à avoir le mal du pays. Même si elle aimait de tout son cœur l’Ectoplasma, elle s’attendait à ce qu’il demande la permission pour retourner vers les siens, dans les marais brumeux. Elle n’avait jamais oublié la promesse et l’entente qu’il c’était fait à l’époque, mais y penser en ce moment, lui brisait un peu le cœur, cependant, jamais elle n’irait contre l’envie de son ami s’il désirait retourner chez lui. Pour l’instant, il n’en avait pas encore parlé, mais elle pouvait sentir qu’il y pensait de plus en plus. *Je suis sûre que tu en auras tout aussi impressionnant et classe !* Reprend-elle avec enthousiasme.

Malgré l’enthousiasme de Chad, son compagnon puant semble bien plus impressionné par une jolie fleur. Ce détournant immédiatement de son maître, la moufette s’élance vers l’objet de son désir avant de s’en désintéresser. Elvira réalise qu’il allait plutôt bien ensemble, tel maître, tel étudiant ! Avec un sourire moqueur, la rouquine devant le gamin qui va finalement chercher son compagnon pour le ramener plus près. Beaucoup plus calme qu’il ne l’avait été plusieurs heures plus tôt, Elvira se permet de zyeuter un peu mieux la bête puante qui a attiré l’attention et la faveur de sa Ptéra. Elvira ne comprend pas comment sa fière dragonne a pu trouver un intérêt quelconque en lui. L’hypothèse de la nostalgie semble être la solution la plus logique aux yeux de la guerrière qui plisse les narines sous le courant d’air odorant que lui offre gentiment le vent. Autre question, comment le gamin pouvait-il… À oui, elle se souvient qu’il n’avait ni goût ni odorat. Ce qui explique très facilement la proximité qui les unit. Une fois qu’ils furent en place, Elvira pose les mains sur ses hanches, observant avec un grand intérêt le comportement de Chad et d'Hamon.

C’est presque de vive voix que le gamin s’exprime. Fier de lui, il dit fermement une petite phrase puis se tait. Elvira attend la suite, s’attendant à ce que Chad continue avec le nom de l’attaque à utiliser. Toutefois, quand rien d’autre ne suit et que Hâmon observe son petit-maître avec incertitude. La guerrière réalise l’ampleur des connaissances de Chad. Pendant un instant, elle fait la moue, essayant de ne pas éclater de rire, mais la réaction de Chad finit par achever le peu de savoir-vivre qu’elle gardait. Son rire, joyeux et moqueur s’élève dans le ciel de la soirée. Presque plier en deux, elle tient son ventre avec ses deux mains, essayant de rester debout et de reprendre son souffle en même temps. Dû au poids de son Exagide, elle finit par perdre sa balance et se retrouver au sol. L’épée-bouclier, se retire doucement, aidant au passage sa maîtresse à se relever et le soutien. Il lui faut quelques secondes supplémentaires avant de correctement respirer et expliquer. C’est avec les larmes au coin des yeux qu’elle commence. *Tu sais, qu’il faut appeler l’attaque que tu veux utiliser ? Je crois aussi qu’il faudra être un peu plus ferme avec ton ami !* Commente-elle. Elle tire de sa poche une Noigrume au ton vert et appelle son occupant encore endormi.

Valkas l’Ymphect laisse échapper un long bâillement. Il ouvre avec difficulté ces petits yeux rouges qu’il pose en premier sur Chad. Il les plisse fermement avant d’observer Elvira. Une étincelle de joie éclaire les pupilles couleurs sanguines avant qu’il ne roule sur lui-même, prenant son élan pour retomber sur la pointe de son corps et sautiller jusqu’à elle. Tandis qu’il s’échoue presque sur les jambes de la rouquine, peu habituer à ‘’marcher’’ sous cette forme, il reprend sa constance en posant les yeux sur Chad. *Chad, Valkas, Valkas et Chad. Maintenant que les présentations sont faites, je vais pouvoir expliquer. Pour combattre avec un pokémon, il faut connaître certaines attaques qu’ils possèdent. Plusieurs types de pokémon possèdent le même genre de capacité – où appeler aussi attaque, qui peut être offensive ou non-offensive -, alors les basique sont plus faciles à se rappeler. Toutefois, plus ton pokémon deviendra fort, il est fort possible qui débloque des nouvelles attaques qui seront plus personnelles à son type. Nombreuses de ces attaques, son divisait en plusieurs catégories qui sont liées avec les parties du corps. Exemple, si ton pokémon a des griffes, il aura forcément une attaque qui s’appelle Griffe qui est de bas niveau où Combo-Griffe, qui vient plus tard. S’il a une gueule avec des dents, il aura souvent une attaque qui s’appelle Morsure -de bas niveau- où mâchouille qui est plus puissante. La logique veut que ça suive chacune des parties du corps. Certains pokémon auront besoin de pratique pour les apprendre et les faire plus rapidement.*

Elle se tait un instant, réfléchissant aux paroles d’Elrin, elle essaye de simplifier le cours ne concentrez que lui a donné le militaire. Toutefois, avant de tomber dans un cours concentré et de peut-être perdre le gamin dans des explications trop longues, elle s’arrête là et vient mettre la main à la pratique. *Bon, un exemple visuel sera bien mieux. Comme tu peux voir, Valkas à une gueule.* elle disant ceci, elle tapote doucement sur la joue du cocon sombre qui ouvre grand la bouche pour dévoiler plusieurs ranger de dents qui lui permettent de brouiller sa nourriture préférée. *Grâce à ceci, il connaît donc l’attaque morsure. Laisse-moi te montrer comment on fait.* elle pointe une grosse roche qui se trouve un peu plus loin et fait signe à Chad de la suivre. Une fois à côté, elle pointe la roche et dit fermement à Valkas : *Valkas Morsure !* sans perdre plus de temps, l’Ymphect vient mordre puissamment dans la pierre, prenant une immense bouchée au passage. Fière de lui, Elvira vient caresser sa tête, mais la créature ne semble pas réagie, trop occuper à manger la pierre. *En plus des capacités liées au corps, il y a ceux qui sont liés avec le type du pokémon. Comme Valkas, il est de type roche et sol, il peut donc invoquer et utiliser ses éléments dans la nature. Valkas éboulement !* sans attendre une seconde, elle frappe de toutes ses forces le rocher devant lui et le fracasse une plusieurs boules qui sous la force se font propulser vers le ciel avant de retomber dans une avalanche de pierres devant eux.

Elle pose ses yeux sur Chad et hoche doucement la tête. *Je passe pour l’instant les explications que les capacités non-offensives, nous verrons ça demain si tu le désires… Pour l’instant, on va plutôt s’occuper de lui apprendre une ou deux attaques. Vas-y essaye !* Termine-t-elle avec impatience enfantine.

[Chad Kehr]

Ah ben, voilà que ça fait marrer Elvira ! Je fais la moue en la regardant se cramper de rire, blessé dans mon estime. C’était si terrible que ça ? J’ai pourtant fait comme les gars du village, quand ils jouaient les brutes à laisser leurs Pokémon se taper dessus. Je les ai toujours vu juste hurler leurs ordres à distance sans qu’aucun de leurs gentils soldats ne daigne rechigner.
Hâmon aussi en ressort frustré, encore plus que moi : il jappe en sautant sur place à l’intention d’Elvira, mécontent de la voir se moquer de nous. Faut dire qu’aux dernières nouvelles, je l’avais enfermé. Le bougre n’a jamais vraiment eu l’occasion de faire connaissance. S’il a fini par comprendre qu’on voyage ensemble et qu’elle me conseille, je doute qu’il la considère avec autant de respect et d’admiration que moi.
Je croise les bras en roulant des yeux le temps qu’elle se calme jusqu’à ce qu’enfin l’explication vienne.
*Une attaque ? Mais je n’y connais rien, moi, qu’il fasse ce qu’il sait faire !*
Je réalise qu’on aurait été dans une sacrée impasse sans les connaissances d’Elvira. Si Hâmon a besoin que j’ordonne des trucs pour attaquer, il n’est pas près de se montrer efficace !

Mon air boudeur n’aura guère duré plus d’une minute. À l’apparition du nouveau venu, j’en ai déjà oublié la cause et en revient à la curiosité : *L’est bizarre, lui, il n’a pas de bras ! Ni de jambe… on dirait un rocher !* Avec un corps pareil, c’est un peu comme le chat bourgeois : il tranche carrément du reste des compagnons d’Elvira. Et ce n’est pas son regard plissé qui me fera changer d’avis !
— Oh, euh, enchanté Valkas ! dis-je inutilement pour compenser mes pensées peu éloquentes.

Heureusement qu’Elvira a repris ses explications pour me faire oublier l’analyse du rocher. Enfin, heureusement… c’est un bien grand mot. En cet instant, une véritable vision d’horreur s’impose à moi. Mes yeux s’élargissent de stupeur, ébahis devant une situation que je n’avais pas vue venir. *Mais quel enfer !* pensai-je sans le vouloir.
Ne vous méprenez pas, j’suis vraiment content qu’Elvira prenne le temps de m’expliquer tout ça, et je redouble d’efforts pour l’écouter et comprendre, aussi sage que je le puisse. Mais mettez-vous à ma place : à la base, les combats Pokémon, ça me répugne. C’est contraint et forcé, afin de capturer mon Noctali, que j’m’y colle. Sauf qu’au fond, je n’en ai rien à carrer.
Bref, si jusque-là je parle d’un calvaire habituel auquel je saurais me plier sans ronchonner, ce n’est plus le cas quand la télépathie s’en mêle ! Lorsque le maître guérisseur de l’orphelinat entame une de ses tirades interminables sur les plantes, la seule échappatoire, c’est de baisser la tête et s’endormir aussi discrètement que possible, ou au moins, de s’évader en pensant à autre chose. J’en ai même vu qui se bouchaient les oreilles à coup de duvet de Farfaduvet pour ne pas avoir à subir le calvaire du blabla incessant. Mais là… On parle de télépathie ! Même si je le voulais, même en me perçant les tympans, j’pourrais pas y échapper ! Un cours, contraint et forcé. Je le redis : quel enfer !

Le silence qui suit son explication me fait un bien fou, à tel point que je souffle de bonheur en la voyant se lancer dans un exemple pratique aussi vite. J’suis tellement bouleversé que j’prends même pas la peine de commenter le fait qu’un rocher vient d’en bouffer un autre avant de le réduire en miettes pour en propulser les restes dans une avalanche de pierres. Et tout ça sans bras ni jambes, rappelons-le ! Je n’aimerais pas voir ce dont il serait capable avec un corps digne de ce nom.

Bref, du coup, ça marche, j’ai écouté. Mais bordel, ça m’a foutu un coup ! J’survivrai pas à une heure d’un truc pareil ! D’ailleurs, un rire nerveux me prend à l’évocation d’une seconde partie théorique, concernant laquelle je m’empresse de répondre : *Oui, oui, oui ! Plus tard les non-offensives !*
Plus tard ou jamais, c’est bien aussi.
Je sais, j’exagère un peu. Ce n’était pas si terrible, loin de là, et surement que j’en redemanderai après une pause bien méritée. En revanche, l’idée que cette pratique voit le jour parmi les rangs des professeurs de l’orphelinat me terrifie quelque peu.

Je me retourne vers Hâmon, lequel a passé tout ce temps à nous fixer tour à tour sans comprendre cette manie qu’on a de se regarder dans le blanc des yeux sans parler. Il gratte la terre de ses pattes agitées, prêt à en découdre et à montrer au rocher vivant que lui aussi, il sait se la péter ! Reste à savoir s’il saura se montrer lui aussi impressionnant, ou s’il se contentera du regard de défi qu’il balance au Pokémon d’Elvira.

— Vas-y, Hâmon, toi aussi, utilise Morsure !

Le putois bondit sur une pierre bien plus grosse que celle détruite par son rival en grondant de colère. Sa mâchoire se referme dessus, et… et voilà. Enfin, pas tout à fait ! Il semble chercher une prise sur le rocher un peu trop lisse à son goût, où sa petite gueule pourrait se refermer et grignoter la roche, donnant davantage l’impression d’avoir affaire à un chat grimpant sur une énorme pelote de laine qu’autre chose.
*C’est une attaque, ça ? Ça n’a pas l’air génial.*

Encore inexpérimenté, je crois qu’Hâmon connait aussi peu que moi la différence entre une véritable morsure et les petits coups de crocs du quotidien destinés à broyer des aliments.

— Ben, tente une griffe, sinon ?

On repassera pour la fermeté dont parlait Elvira. Une chose à la fois !
Seconde tentative ! Hâmon abandonne son salivage de rocher inefficace pour reculer de quelques pas, gronde de nouveau et bondit. J’ai pu voir ses griffes se crisper juste avant qu’il ne bondisse, et lorsqu’enfin il frappe, la griffe s’éclate sur la roche en un cliquetis aigu désagréable.
C’était mieux, ça ! Y’a même une petite marque blanche sur la roche, à l’endroit du coup. On est encore loin de la destruction du rocher d’Elvira, mais c’est encourageant ! Pris dans l’élan de cette réussite, je m’emporte :

— C’est bien ça ! Allez, combo-griffe maintenant !

Après-tout, pourquoi pas ? Hâmon recule, bien plus à l’écoute que je ne l’aurais imaginé. Il feule à nouveau, puis rebondit les griffes en avant pour frapper une fois, deux fois, trois fois la pierre de la même façon qu’auparavant. J’applaudis sa motivation, persuadé d’assister à un véritable combo-griffe quand en vérité, il ne s’agit que d’une répétition de griffes des plus inefficaces.

— Parfait ! Cette fois, déflagration !

Oui, je connais celle-là, ne me demandez pas pourquoi. D’ailleurs, ne me demandez-pas non plus pourquoi je m’imagine qu’il la connaîtrait : sur un malentendu, ça peut passer. D’autant qu’Hâmon se remet en position, à l’écoute une fois encore. Je le regarde faire, des étoiles dans les yeux, persuadé qu’il réalisera l’improbable.
Sauf qu’il se contente de sauter une troisième fois, les griffes en avant, et nous harcèle à nouveau des échos agaçants de ses griffes sur la roche.

J’ai comme un doute, là. Plissant le regard, je le laisse agir avec curiosité. Et voilà qu’il se remet en position sans que je n’aie rien ordonné. Sa fureur est palpable, il gronde avec colère, frappe la terre de ses petites pattes usées par les coups qui s’enchainent. En fait, je n’ai rien remarqué, mais ça fait un moment qu’il m’a lâché pour se concentrer sur sa tâche : péter la pierre et en mettre plein la vue à l’autre rocher vivant.
Un cri plus énervé que les autres lui échappe : ses griffes se mettent à luire, empreinte d’une puissance nouvelle. Une dernière fois, il bondit, puisant un maximum d’élan dans sa patte levée pour la rabaisser d’un seul coup, quitte à sacrifier tout équilibre au profit de cette griffe. L’assaut se fini en un roulé-boulé dans l’herbe, en arrière de la pierre ciblée. Je regarde cette dernière : la frappe d’Hâmon s’est incrustée dans la roche, très loin de la fendre en deux, mais visible de là où nous nous trouvons. Je hausse sourcils et épaules en bégayant un « hein ? » d’incompréhension, perplexe et incapable d’analyser le coup critique de mon camarade par manque de connaissances. De son côté, le putois revient vers la pierre en courant une fois redressé, observe la marque, puis lève la tête en bombant le torse avant de revenir jusqu’à moi en un trot de satisfaction.

[Elvira Greyhunt]

Devant la réponse très directe et explicative de Chad sur les attaques des pokémon, elle comprend très vite qu’il n’était pas celui qui écoutait le plus durant les cours d’école de l’orphelinat. Elle secoue doucement la tête, mais ne rajoute rien. Elle comprend quelque peu son désintérêt de la chose, mais en même temps, à moins que ces pokémon ne réalisent ce fait d’eux-mêmes, ils vont être quelque peu confus. En même temps, peut-être, va-t-il avoir des pokémon avec un instinct très fort qui réagira d’eux-mêmes. Avec un haussement d’épaules pour elle-même, elle se concentre sur la pensée de Chad à propos de l’apparence de Valkas. *Il a évolué il y a peu, il est maintenant en deuxième phase avant de devenir comme son grand-père, un tyranocif.* Elle lui envoie l'image mentale d’une puissante créature vert foncé qui rugit, faisant trembler la montagne. Elle avait bien hâte de le voir sous sa dernière forme, hâte de le chevaucher ou encore de pouvoir remodelé les montagnes à son goût. Sous cette pensée, elle rit un peu, avec de la chance, elle pourra se trouver un coin tranquille dans l’une des montagnes de Cénosia ou encore retourner à… Elle chasse rapidement cette pensée de sa tête, il y avait tellement à faire avant de pouvoir pensé à trouver un lieu où se poser.

Après un petit cours très ‘rapide’ et ‘sommaire‘ de la chose -elle ne voulait pas embêter encore plus son compagnon de voyage-, Elvira ignore les pensées évasives du gamin pour le mettre aux défis lui et son compagnon à poil. Devant l’enthousiasme du gamin, elle sourit doucement. Elle sait très bien que c’est plutôt un enthousiasme à éviter un autre cours ‘obligatoire’ qui le motive à se mettre au travail. Tout en l’observant se mettre au travail, elle pose les mains sur ses hanches. Silencieuse et observatrice, elle se dit, qu’elle se trouve bien étrange de prendre autant de temps pour un pur inconnu. À une époque antérieure, elle aurait passé son chemin sans lui prêter main-forte. Elle réalise qu’à l’époque, qu’elle n’était qu’une pauvre gamine dégoûtée de la vie par l’assassinat de sa famille, de la perte de son amoureux et par-dessus le marché, le rejet d’une mère biologique qui l’avait mis à l’adoption parce qu’elle l’avait conçu que pour un intérêt particulier et – à ne pas oublier le plus crucial- l’attentat meurtrier qu’il y eut contre elle-même par son propre pokémon qui est été pris en contrôle et pour finir, la perte d’un membre…

Distraite un instant par tous ses re-flous de pensées, elle ferme les yeux quelques secondes en se pinçant l’arête du nez. Ah, mais quelle pitoyable créature elle avait été. Elle l’aurait sûrement encore été, s’il n’avait pas été de plusieurs rencontres très cruciales dans sa vie. Elle ne pourra jamais assez remercier ceux qui avaient été si patients avec elle. Elle ouvre les yeux, une lueur déterminer dans le fond vert. L’heure n’était pas à se plaindre de soi-même, mais plutôt à l’évaluation de Chad. Au moins, malgré son non-enthousiaste pour son cours, il semble prendre la pratique un peu plus à cœur. Toutefois, les flots de pensées qu’il avait laissé échapper, ne lui avaient pas échappé et elle avait capté qu’il n’appréciait pas réellement les combats pokémon. Au moins, il fait quand même l’effort d’essayer. Elle hoche doucement devant ces paroles, son compagnon à poil semble bien le comprendre et il réagit même du mieux qu’il le peut, même face à des attaques qu’il ne connaît pas. Son Moufouette semble avoir de bons réflexes et son instinct ne semble pas totalement perdu. Il semble même être capable de faire une frappe critique contre son ennemi intuable. Elle laisse échapper un sifflement d’impressionner avant de frapper un peu dans ses mains pour féliciter la moufette.

Le claquement de ses mains est quelque peu particulier. Loin d’être aussi sonore que le ferait habituellement de la chair qui clappe, on dirait plutôt un étrange mélange de quelqu’un qui frappe contre de la terre dure et du bois. Ce son semble se repérer à chaque fois que sa main sans gants semble venir frapper celle qui est encore gantée de cuir. « Pas trop mal ! Quand il veut, ce Hâmon est un vrai combattant. » Valkas laisse échapper un « pfff » visiblement peut impressionner. Cependant, il ne faut pas s’en vouloir, au vu des parents du pokémon, il est très difficile à impressionner et Elvira ne le prend plus personnel. Sans plus attendre, elle le rappelle, ne voulant pas lui laisser la moindre chance de partir pour un quelconque combat. *L, j’en ai un…* annonce la voix d’Axill dans leur tête. *J’arrive sous peu, que le gamin se tient prêt.* Termine-t-il simplement. Elvira l’observe, le visage qui demande s’il est prêt à essayer une capture.

[Chad Kehr]

Wow ! Des applaudissements ? J’crois que je n’ai jamais eu ça de ma vie ! Certes, ils sont plus pour Hâmon que moi, mais je ne peux m’empêcher de me passer une main sur l’arrière du crâne, touché par tant d’émotions !
Par contre… je fronce les sourcils pour observer les mains d’Elvira, curieux du bruit qu’elle fait. C’est vrai qu’elle porte un gant. Genre, un seul gant ! J’ignore en quoi il est fait, mais ça a l’air vachement rigide, comme un machin de bois. Pourtant on dirait du cuir ! J’imagine que c’est un truc de guerrier, pour mieux tenir son Pokémon épée au combat quant il ne flotte pas de lui-même.
Tout cela se case dans un coin de mon esprit en voyant Elvira rappeler son gros rocher. Lui, il avait l’air moins convaincu par la prestation d’Hâmon – non pas que ce dernier s’en soucie, bien trop satisfait de sa propre personne –. Faut dire qu’après avoir vu ce qu’il deviendra plus tard, ça n’a rien d’étonnant : l’énorme titan aura de quoi faire trembler des montagnes, il ne va pas s’impressionner d’un rocher coupé ! J’aurais du mal, avec un Pokémon pareil. Je crois que je resterai inquiet, même en le connaissant depuis tout petit. Le machin pourrait souffler ma maison en éternuant, ou m’écraser en se tournant dans son sommeil ! Définitivement : un Noctali, c’est très bien.

Et en parlant de Noctali, revoilà le squatteur de fringues ! Une lueur de détermination passe dans mon regard. Il arrive ! Enfin ! Je me frotte les mains, hochant la tête avec un large sourire à l’intention d’Elvira. Là, on n’est plus en simple exercice, c’est l’heure de tout réussir !

— Hâmon, prépare-toi !

Le Moufouette pivote dans tous les sens, guettant du regard ce que j’attends avec tant d’impatience.
C’est alors qu’il débaroule parmi nous. Une petite boule de poils brunes et crème. Je sautille d’excitation en le voyant apparaître, tandis que lui fige sa course en arrachant quelques brins d’herbes dans son sillage, à quelques mètres de Hâmon en avant de nous. Le Moufouette repère l’inconnu, se tourne vers lui, puis commence à le humer de loin.
Le pelage du nouveau venu est gonflé d’agressivité tandis qu’il crache à l’intention de mon camarade en reculant à pas feutrés. Dans un premier temps, il semble envisager la fuite. Mais après un bref regard en arrière, je le vois frissonner de terreur et reporter son attention sur l’adversaire face à lui, un air mauvais sur le visage.
Le voilà qui jappe en direction d’Hâmon. Cette fois, il avance. Lentement, hésitant, mais il avance.

— Vas-y, Hâmon, att…

J’ai une brève hésitation, courte seconde durant laquelle je réalise l’ordre que je donne. Je secoue la tête, repoussant cette pensée désagréable et crie de nouveau :

— Attaque griffe !

Le Moufouette pivote aussitôt, le pelage hérissé et les griffes crispées dans l’attente de son assaut. Sauf qu’au lieu de bondir, il zieute les environs à la recherche de sa proie. Je ne réalise mon erreur que lorsqu’enfin il semble jeter son dévolu sur une pierre plus grosse encore que la précédente.
Pas le temps d’intervenir : bien plus apte aux combats sauvages, l’Evoli s’empresse d’intercepter sa proie. Il tombe sur Hâmon les crocs en avant, immobilise le putois en écrasant son cou d’une de ses pattes et lui mord le dos aussi fort que possible.
Là encore, j’aurais dû intervenir. Mais pas le temps ! Le nuage de gaz toxik s’est répandu à une vitesse folle, surprenant aussi bien les spectateurs que sa cible. J’amène ma manche contre mes narines par réflexe, habitué à réagir aux vapeurs toxiques de mon camarade malgré que je ne puisse les sentir. L’Evoli recule d’un bond, nauséeux et toussotant en recrachant les poils blancs tâchés de sang volés à son ennemi.
L’instant d’après, l’affrontement se transforme en boucherie. Hâmon s’est extirpé du nuage de puanteur d’un bond et s’empresse d’assaillir son adversaire d’autant de coups de griffes que possibles. Ce dernier, loin d’abandonner pour si peu, réplique de ses morsures en essayant vainement d’éviter les coups pour reculer et charger son adversaire à la moindre ouverture. Couinements et feulement tourbillonnent entre mes oreilles, dans une scène à laquelle j’assiste sans réaliser l’impact que j’y joue. Le sang se mêle à l’herbe, marque d’égratignures toujours plus nombreuses que s’infligent les deux débutants luttant pour leur vie.

Un rayon rouge traverse les ténèbres de la plaine, frappant Hâmon de plein fouet. Le corps du Moufouette perd sa constance, virevolte et fusionne en un unique halo projeté vers ma main, au cœur de sa pokeball. L’Evoli s’est à peine relevé que, déjà, la sphère vibre de nouveau et le Moufouette en ressort, grondant de colère et le pelage perdu entre le lambeau et l’hérissé. Je le pointe à nouveau, l’enferme, et maintient la ball d’une main ferme pour empêcher toute nouvelle sortie. De mon autre main, j’agrippe une des pokeballs vides achetées le jour même. Sur le champ de bataille, l’Evoli titube, à bout de force, un œil fermé par une griffure bien placée et une patte gardée levée.

Je n’en supporterai pas davantage. Affaiblir le Pokémon ? Je ne l’ai pas affaibli là, je l’ai défoncé ! Et ce n’est clairement pas ce pauvre Hâmon qui est en tort. Bref, finissons-en. Je lance la ball.

Silence. Je me sens jugé. Même ma cible me jette un regard de dépit tant ce lancé fut pitoyable : l’objet s’est perdu dans l’herbe à deux mètres de lui. En temps normal, vous m’auriez entendu ! J’aurais peut-être gueulé, clamant que c’était la faute du vent, ou peut-être que j’en aurais ri. Je n’en sais rien. J’ai fait le vide, inconsciemment, terrifié par cette scène à la fois réclamée et inattendue. J’agis de façon mécanique, comme hypnotisé tandis que je me marche jusqu’au-delà du Pokémon pour ramasser la ball tombée dans l’herbe.
Je me retourne. Ma victime me fusille du regard. Il cherche à fuir, je le sens, mais c’est à peine s’il parvient à se tenir sur ses trois pattes indemnes. Hâmon n’est sans doute pas dans un meilleur état. Finalement, il se laisse choir au sol en toussotant, trop faible pour lutter à la fois contre moi et le poison qui lui broie les entrailles. Je lâche la ball d’au-dessus de lui. La gravité fait son effet. L’objet frappe, illumine la nuit naissante de son rougeoiement, puis disparait dans les ténèbres pour ne laisser à nos yeux qu’un clignotement répétitif.

Je m’assois dans l’herbe et soupire. Ce fut beaucoup plus éprouvant que prévu. Mon regard triste se tourne vers Elvira. Je réalise n’avoir rien dit depuis l’ordre jeté à Hâmon. C’est à peine si j’ai pensé. J’ai agi, voilà tout. Ma bouche s’entrouvre, quelques mots s’agrippant à ma gorge en vue de détendre l’atmosphère sans qu’aucun ne parvienne à s’en extirper.

Le calme est revenu. Mes battements de cœur retrouvent un rythme normal, et mes pensées renaissent peu à peu. La ball d’Hâmon a cessé de s’agiter dans ma main. J’envisage de le libérer, sans savoir si je compte le féliciter ou le réprimander.

C’est alors qu’un "clac" retentit, brutal et soudain. L’éclat rougeoyant renait, ramenant avec lui l’Evoli blessé pour lui rendre sa liberté. Je l’observe, le regard vide. Lui me menace de ses pupilles d’ambre qu’une lueur de défi vacillante anime entre deux soubresauts de douleur. Il tente de se relever, porte son poids sur ses pattes valides, chute et retente à nouveau, refusant sa défaite inéluctable. Il grogne, crache, couine. Se bat encore face au gamin las, assis dans l’herbe que je suis.

[Elvira Greyhunt]

Dès que les combattants avaient été mis en place, Elvira avait croisé les sur sa poitrine et avait simplement observé. Pour un début, Chad avait fait ce qu’il avait pu avec l’information qu’elle avait bourré dans son crâne. C’est surtout Hâmon qui impressionne beaucoup Elvi dans son adaptation et son instinct à rapidement réagir face à une menace. Axill après c’être assuré que sa petite joue à poil ne prendrait pas la fuite vient rejoindre la rouquine qui est la silencieuse spectatrice de ce massacre. Sortant des hautes herbes aux côtés de sa maîtresse, il lui jette un coup d’œil avait de poser lui-même son attention sur le combat qui est très favorable envers Hâmon. *Pourquoi tu fais ça ?* Demande-t-il lentement. Malgré le fait qu’ils soient étroitement connectés, il ne comprend pas l’idée ou l’envie qui pousse la guerrière à instruire le gamin de la sorte. *Tu sais que ce n’est pas ton enfant ou encore un membre de ta famille ?* Continu-il en cherchant toujours. Elle lui jette un petit coup d’œil en coin, avant de sourire un peu. *Effectivement… Mais en ce moment, Érasia est une terre erratique et blesser par les guerres qui le ravage depuis plusieurs années… Mais les choses changent… Tout comme moi, tout comme toi.* Elle se tait un instant, laissant le temps à Axill d’assimiler les paroles et leurs sens. *Je le fais un peu pour toi, un peu pour moi et en même temps pour lui. Il doit être un minimal préparé à ce qu’il désire faire, briser un peu cette naïveté si familière…* Souffle-t-elle en voyant Hâmon littéralement défoncer le pauvre petit Évoli parce que son maître n’a pas su bien le contrôler.

*Dure leçon qu’est la vie… Et probablement la plus cruelle de tous.* Déclare Axill au creux de l’oreille de la rouquine. Elle hoche doucement la tête sans rien rajouter. Oui, la pire leçon de tous était celle de la vie, celle de réaliser que si on n’est pas assez attentif on peut tout perdre en quelques secondes à peine. Tandis qu’il rappelle son putois qui démontre une telle agressivité que la rouquine craint un faible moment qu’il se retourne contre Chad, toutefois malgré les tentatives de l’empêcher de continuer son carnage sur l’Évoli, la moufette reste assez sensée pour ne jamais l’attaquer lui. Après un emprisonnement de force, c’est autour d’un Chad brisé qui essaye d’attraper son but. C’est avec la force… D’un homme battu qu’il sort une Noigrume et la lance. La minute qui suit est… Pitoyable, même l’Évoli semble partager l’avis de la rouquine qui garde toujours une expression neutre sur ses traits. *Je comprends son envie d’éviter les combats, mais il ne pourrait jamais tout régler qu’avec des paroles… * *À moins qu’il ne devienne maître de l’esprit.* *Non, je ne pense pas qu’il sera du genre à manipuler mentalement les gens pour éviter ce qu’il désire et il n’est pas assez subtil.* Explique lentement la rouquine. *Tout le monde change… Toi, tu en es le meilleur exemple.* Dit moqueusement Axill. *C’est un compliment .* Lui réplique Elvira.

Toutefois, leur conversation s’arrête sur ces moqueries quand Elvira assiste à ce qui ressemble à une tentative fructueuse de capture. Les secondes s’écoulent pendant que l’esprit de Chad semble reprendre un semblant de lui-même. Elle se sent mal de lui avoir montré la dure réalité des choses, mais elle se doute qu’il n’aurait peut-être jamais eu la chance que quelqu’un soit avec lui durant ce temps. Peut-être même qu’il l’aurait appris à la dure et que ça aurait été bien pire. Voyant bien qu’il ne réagirait plus, même si l’Évoli décidait de l’attaquer. Sans même bouger de sa position, elle tire sd sa poche la Noigrume mauve de Sitara sans même lancée la sphère, un fin rayon fait son apparition et laisser apparaître la fine silhouette de la bourgeoise. Telle une mère peu fière de son enfant, elle jette un coup d’œil à Elvira, mais elle comprend la situation. Elle ne rouspète donc pas et vient s’interposer avec la plus grande des douceurs entre l’enfant et l’Évoli qui est à deux doigts de lui sauter au visage. Après une petite conversation de gémissement et se cracha amère, l’Évoli semble se calmer et accepter l’aide de son aînée. C’est avec douleur qu’il s’affaisse enfin au sol sous l’air désolé de la chatte. Elle jette un petit coup d’œil à Chad avant de laisser échapper l’une de ces capacités et créant une aurore magique. La fine pluie s’étoile qui suit vient doucement revigorer le plus gros des blessures, ce qui permet à l’Évoli de retrouver de l’énergie et de pouvoir se relever sur ces jambes encire un peu tremblante.

« Accompagne-le ou il le désire… Il le mérite bien. Retrouve-moi quand tu en auras envie. » Termine la rouquine à l’intention de Sitara. Cette dernière, encore un peu boudeur hoche doucement la tête s’éloignant avec son nouveau petit chiot. Les observant s’éloigner, elle fait ensuite signe à Axill et Béleth de les laisser seuls. Le fantôme et l’arme volant hoches doucement la tête, avant de s’éloigner un peu pour leur laisser de l’espace. Elle reste encore sur place quelques secondes, savourant le silence et le calme qui s’installe. Il ne prend pas beaucoup de temps pour que les insectes de la nuit reprennent leur droit. Une fois leur mélodie nocturne en place, elle bouge enfin, se rapprochant du gamin qui n’avait toujours pas bougé. Malgré son équipement et son attirail d’aventure, elle fait peu de bruit, visiblement habitée à être silencieuse. Elle vient prendre place à côté du gamin. Elle prend la peine de s’installer sur son côté gauche, lui offrant une épaule de chair, chaude et… Réconfortante. Elle est assez proche pour presser ses flancs contre lui, offrant de sa chaleur corporelle, contrastant avec la froideur de la nuit qui s’installe. Sautant les questions, du comment vas-tu, elle enchaîne immédiatement avec une plus pratique.

*Qu’est-ce que tu as appris de tout ceci ?* La question peut paraître cru ou même déplacé face à la situation, mais elle veut être sûre qu’il prend bien conscience de ce qui vient d’arriver. Face à son inaction face à son pokémon, il aurait pu perdre un autre pokémon, un qu’il convoite. En même temps, s’il avait été face à un ennemi plus coriace et féroce, il aurait très bien pu perdre Hâmon et être lui-même être blessé… Sa présence ou même sa posture n’est pas froide face au gamin. Elle est plutôt très calme et sereine, elle semble même compatir aux sentiments qu’il ressent, les partageant avec lui-même si elle les avait elle-même vécus. Sans prétention, elle passe un bras dans son dos, changeant de position pour prendre appui sur ses deux mains qui sont placées un peu plus vers l’arrière. Elle étire ses jambes et les croise silencieusement en levant la tête vers le ciel, attendant patiemment une réponse qui ne viendra peut-être jamais, mais qui n’empêche aucunement la rouquine d’être présente pour lui, autant physiquement que mentalement, tout en respectant son espace mental personnel.

[Chad Kehr]

Un regard vide observe l’Evoli s’éloigner. Une main se soulève, tremblante, incertaine, se tend vers lui, vers ses rêves, puis renonce. L’ombre de la nuit emporte l’être et sa bienfaitrice aux talents guérisseurs. L’ironie d’une nuit noire refuse à l’enfant son Noctali. Elle s’empare de ses espoirs, les agite sous ses yeux et les broie de sa froideur.
Je ne réalise la présence d’Elvira qu’en l’entendant dans mon esprit, là où le silence s’était installé. D’instinct, j’appose ma tête contre son épaule. J’ai l’impression que je devrais lui en vouloir. De m’avoir emmenée ici, de m’avoir laissé faire, m’avoir regardé. J’ai l’impression que je devrais pleurer, aussi. Une vieille histoire me vient à l’esprit : un jour où je m’étais blessé devant tout le monde. Un saut mal avisé, une pierre mal placée, et voilà. Je m’étais étalé au sol, le genou en sang et les yeux humides, un cri de douleur coincé dans ma gorge. Sauf qu’en réalisant que tout le monde me regardait, je m’étais retenu, ne voulant surtout pas lâcher une larme en public.
Je n’ai pas besoin de me retenir, aujourd’hui. Je n’aurais pas mon Noctali : c’est malheureux, oui. Hâmon s’est blessé : triste nouvelle également. Mais ça va. Ou plutôt, ça m’indiffère. Tout cela me parait si loin que j’en souffre à peine, le réaliser étant déjà un exploit.
La nuit est calme, paisible. Le monde a déjà oublié ma sottise.
*J’ai appris qu’y faut pas emmerder Hâmon.*
Un maigre soufflement de nez appuie mon trait d’humour, premier signe de celui qui s’en remettra. Puis le silence, à nouveau.

Non, je ne lui en veux pas. Je ne pleure pas, ne regrette pas. Le choc fut dur, a empoigné mon cœur et s’y agrippe encore en cet instant. Pourtant, nous revoilà parmi tous les jours, comme si de rien était, avec une simple conclusion : ç’aurait pu être tellement pire. Tellement mieux, aussi, mais tellement pire.

*Merci.*

D’être là. De m’avoir emmené, aujourd’hui. Accompagné. Abandonné, aussi, durant ce cours oubli de moi-même où j’ai ordonné l’affront. Je me demande quelle leçon l’adulte s’imagine m’avoir offerte. Quelles conclusions attend-elle en cet instant, à cette question ?
Quand je repense à l’affrontement, je ne revois qu’Hâmon. L’Evoli s’efface déjà de ma mémoire, impuissant devant l’imposante stature de son semblable aux halos dorés si durement ancrée parmi mes souvenirs. Ce n’était pas celui de mes rêves. Non pas qu’il était faible ou différent, mais…
*… Il ne voulait pas.*
Même depuis Hâmon, je n’ai jamais perçu les Pokémon aussi vivants qu’à ce jour. Des êtres à part entière, avec leurs propres idéaux et leurs propres rêves, différents des miens.
*Il avait p’t-être une famille, des amis, une vie.*
Pourtant, je voulais lui offrir le meilleur. Faire de lui un grand, beau et puissant Noctali, digne de celui de mes souvenirs. Ça aurait pu le charmer, si j’avais ne serait-ce qu’essayé. Lier un lien après avoir tabassé son Pokémon… j’ai vraiment été sot.

Ma main s’entrouvre, relâchant la ball de Hâmon pour libérer le putois à nos pieds. Pas d’odeur, aujourd’hui : Monsieur s’est déjà suffisamment relâché. Il gronde et montre les crocs, fouillant dans toutes les directions à la recherche de l’autre forcené. Une de mes mains le calme d’une douce caresse, l’autre fouillant mon sac à la recherche d’une des potions récupérées à Omatsu. J’en badigeonne son pelage aux endroits maculés de sang, qu’il s’agisse du sien ou de celui de son adversaire. Cela lui arrache quelques couinements plaintifs et soubresauts dont je ne me souci guère. Au contraire, cela me fait sourire de le voir si faible d’un coup, après qu’il ait démontré toute sa hargne en public. Il finit par se laisser faire en me regardant de ses prunelles sombres, comme s’il me redécouvrait à son tour.
Finalement, une fois le traitement achevé, je l’attrape de mes deux mains et le serre contre mon cœur le temps d’une profonde inspiration, les yeux clos.

— Je ne te referais jamais ça.

Elvira risque d’être un peu déçue : je n’ai pas appris grand-chose en termes de dressage. Au contraire, je n’ai pas l’intention de réitérer l’expérience. Hâmon m’a impressionné, oui. Sans doute qu’il aurait un certain potentiel, que je pourrais l’élever ainsi et faire de lui un grand combattant. En revanche, je serais incapable de vivre ainsi, à lui ordonner nuit et jour de se jeter à l’assaut d’autres créatures. Ce premier ordre m’a déjà arraché une part de moi, je refuse de la laisser filer davantage.
On peut dire qu’Hâmon apprécie la situation. Sa queue remue tellement qu’elle effleure Elvira par à-coups. Ce n’est pas souvent que je lui offre un tel câlin ! D’abord parce qu’il pue – même moi, d’aussi près, je commence à sentir quelques effluves de pourriture –, mais surtout parce que… Parce que…
C’est comme ça. Aucune raison ne le justifierait. Sans doute manque-t-il de m’impressionner au quotidien. Ou serait-ce moi qui me montre moins émotif ? Peu importe. Il profite, en tout cas, et me léchouille l’oreille de sa petite langue pour me rendre la pareille. Alors ma prise se resserre un peu sur lui, comme pour s'assurer qu'il ne s'en échappera pas. Qu'il ne partira pas. Qu'il ne m'abandonnera jamais.

[Elvira Greyhunt]

À nouveau silencieuse, elle écoute l’esprit vide du petit gamin. Sans bouger ou broncher, elle le laisse poser la tête sur son épaule. Tout d’abord surprise, elle se fige, incertaine de ce geste qui d’ordinaire est une bonne chose. Elle c’était étendu à des larmes, de la colère, des cris voir même des coups, une vraie crise d’enfant, mais pas à ceci. L’entendre parler la soulage et elle recommence à respirer lentement. Son bras gauche se déplace un peu, se glissant un peu plus dans le dos du gamin pour faire descendre son épaule et lui permettre de ne pas se briser le cou sous l’angle. Les yeux dans le vide interstellaire, elle laisse un fin sourire s’étirer sur ses lèvres en l’entendant déjà blaguer. Un peu rassurée, elle se permet un petit coup d’œil vers lui, au moins, cette épreuve ne l’avait pas autant détruit qu’elle croyait. Elle ferme les yeux un instant, se permettant un rare moment de répit où elle n’épie pas tout autour d’elle, telle la parano qu’elle est. Ses épaules se détendent considérablement et elle soupire un peu, laissant leur esprit flotter dans la tranquillité du moment. Sous ces remerciements, elle secoue lentement la tête, elle ne les méritait pas, elle n’en voulait pas. Elle l’avait fait autant pour lui que pour elle, avec ceci, elle avait fait son deuil et acceptait enfin le futur départ de son compagnon…

« La leçon ? Celle de la vie pokémon… » Elle ne termine pas sa phrase, elle est sûre qu’il comprendra. La vie pokémon n’est pas aussi différente que la leur, eux aussi ont une famille, des amis, parfois même des rêves… Ils ne voudront pas toujours quitter tout ceci pour rejoindre un dresseur et s’il désire réellement un certain type de pokémon, il faudra qu’il prenne les actions en conséquence. Comme de fait, il en parle lui-même et elle sourit une nouvelle fois. Au moins, tout ceci n’avait pas été vain. Elle ferme les yeux, laissant sa tête retomber vers l’arrière et souffle son haleine dans le vide. Malgré la chaleur de l’extérieur, une fine buée se fait voir, signe que la nuit est maintenant installée et offre une certaine fraicheur. Malgré la déception qu’elle ressente quand il quitte son épaule pour s’occuper de son pokémon, elle ne souffle-moi, pas, observant silencieusement l’échange entre eux. Il est clair que le lien qu’ils partagent est fort et il le deviendra surement encore plus avec le temps. Elle repense à son propre lien avec Axill, seraient-ils capables de garder contact après tout ceci ? *Idiote… Ce n’est pas parce que je retourne proche des miens que je vais couper tout contact avec toi ! Tu auras toujours une place spéciale… Et puis… Quand tu auras besoin de moi, tu sauras ou me trouver.* Marmonne-t-il d'une voix bourrue. Elle hoche doucement la tête, retenant les larmes qui veulent couler sur ses joues.

« Je ne serais jamais déçue de toi, Chad, pourquoi le serai-je de toute façon ? » Commence-t-elle en attrapant doucement la queue joyeuse de la moufette. Elle le caresse un peu à son tour avant de reprendre. « En fait, aujourd’hui, tu as appris deux choses très importantes, la première est que tu ne peux pas imposer tes choix au pokémon s’ils ne le désirent pas et la deuxième, c’est ce que tu ne veux pas devenir dans la vie. C’est déjà beaucoup plus que quand on s’est rencontré au début de la journée ! » Dit-elle sur un petit ton moqueur, mais amical. Elle l’observe une nouvelle fois, voyant son geste face à Hamon, elle hésite quelques secondes dans son propre geste et finalement le fait. Elle passe les bras autour de lui, venant serrer les deux êtres contre elle, dans une petite touche maternelle. Pendant qu’elle les serre, elle pose le menton sur la tête de Chad. Ignorant l’odeur de moufette qui commence à remonter, elle se dit qu’elle peut bien se permettre un peu de douceur et de faiblesse, elle sait très bien que ce serait la dernière fois avant bien longtemps. Surtout que ce petit geste veut énormément dire pour elle, il lui prouve qu’il y a encore un peu d’innocence à protéger dans ce monde corrompu, mais elle le fait surtout pour elle. Une dernière touche de courage et d’amour avant les longues batailles qui s’annoncent, parce qu’elle sait très bien que Tarouga ne sera pas facile, elle sait qu’elle ne sortira pas immédiatement de cette visite de ‘’courtoisie’’ chez Flint.

« Les pokémon sont les créatures les plus loyales que tu trouveras, traite-les avec amour et respect et ils te redonneront ces sentiments. » Termine-t-elle. Les serrant une dernière fois contre elle, elle finit par se soulever, tendant sa main de chair au jeune homme dans une invitation à se lever. « Il se fait tard… Et il y a eu beaucoup d’émotions. » Elle pointe la grange un peu plus loin, un coin chaud et sec les attendait. « Je connais quelqu’un qui fait de l’élevage, une très bonne amie à moi. Si tu vas à Nalcia et que tu demandes la pension de Miku, on te donnera le lieu, je suis sûre que tu y trouveras ton bonheur… » Lui offre-t-elle. S’il y avait bien quelqu’un qui pouvait l’aider, c’était la prêtresse.

[Chad Kehr]

Un maigre sourire m’échappe aux paroles d’Elvira. Personne ne me l’avait jamais sortie, celle-là ! J’offrais des dizaines de déceptions par jour aux adultes de Dyrinn. Certains s’étaient fait un devoir de me le rappeler au quotidien ! Non pas que ça me dérangeait : au contraire, j’en ajoutais une dizaine d’autres sitôt qu’ils osaient me le faire remarquer. Du coup, l’idée d’avoir une personne, même une seule, qu’il me ferait mal de décevoir me parait étrange.  
Je n’ose répondre, de crainte que cela ne change aussitôt d’une simple phrase, d’une simple pensée. Je préfère me laisser bercer par la chaleur de ses bras me serrant. Ça aussi, je ne connais pas. Je me sens comme protégé d’un cocon, pour la première fois depuis bien longtemps, au-delà de tous mes souvenirs. Cette sensation m’envoute, mon corps l’accepte et s’y conforte : lui se rappelle de gestes d’une enfance lointaine dont il ne me reste rien. J’ignore comment réagir. Alors je me contente d’apprécier, d’inspirer profondément et de fermer les yeux, rassuré par la présence de la guerrière et de Hâmon contre moi.

Je m’interroge sur ce dernier. Avait-il une vie avant de me rencontrer ? Pourquoi a-t-il accepté de me suivre, contrairement à cet Evoli ? Jamais je n’ai cherché à en savoir plus sur mon camarade. J’ai jugé son passé identique au mien, solitaire et ennuyeux, sans grande péripétie. Mais peut-être était-il comme cet Evoli, autrefois ? Peut-être a-t-il été enlevé à sa famille, ici, avant d’être emmené sur Midgard pour que l’on s’y rencontre ?
Des suppositions. De simples suppositions qui ne trouveront jamais réponse. Dire qu’elles n’ont jamais été posées, après tant d’années ! Je le réalise, à présent : comme Elvira l’a affirmé, j’ai beaucoup appris aujourd’hui, bien plus qu’en nombre d’années d’écoutes inattentives des professeurs de l’orphelinat.
*Tu connais tellement de choses…*
Ce qui démarre dans un état d’esprit impressionné bienheureux s’achève aussitôt, étranglé par un malaise intérieur. Je n’ose pas aller au bout de mes pensées. Pas après ce qu’il m’a déjà fallu vivre pour apprendre si peu.

De son côté, Hâmon se fige un instant en sentant la main d’Elvira contre lui. Sa tête pivote, l’observe et la juge avec méfiance de ses pupilles sombres. Puis il sent une première caresse, une seconde, et sa queue reprend ses battements insouciants. Pas si méchante, la madame ! Ils n’étaient pas nombreux à lui accorder des caresses ! Pour cela, il voulait bien lui pardonner leur étrange rencontre. Du moins, pour l’instant, au moins le temps de profiter.

Il faut se relever. Mes yeux se rouvrent à l’éloignement de l’adulte : j’ai failli m’endormir là, tel un enfant fatigué. Je baille un peu, tend une main vers la sienne et me laisse redresser. Hâmon finit d’escalader mon buste, grimpant jusque sur ma tête en un couvre-cheffe malodorant pour observer l’humaine lui aussi.
J’acquiesce à sa phrase, enfin conscient de cette réalité. *Je te promets de faire de mon mieux. Avec Hâmon, avec mon futur Noctali, avec tous ceux que je rencontrerai !* En voilà, une grande promesse ! Presque aussi grande que la précédente que je me suis faite, destinée à la capture d’un Noctali. Cet objectif semble mal en point, à présent. En tant qu’incapable de capturer un Pokémon sauvage, je vois mal comment y parvenir.
C’est alors qu’Elvira devance mes pensées. Comment ? Une éleveuse ? *Miku de Nalcia ? Tu penses qu’elle aura un Noctali voulant venir avec moi ?*
C’est ainsi : le désir du Pokémon s’est inscrit dans mon esprit. L’un n’irait pas sans l’autre. Je n’imagine plus celui qui me viendrait en aide à l’avenir, véritable héros de mes songes, refuser de m’accompagner aux premiers jours.
Mais c’est une excellente nouvelle ça ! Mes yeux s’illuminent, comme si je me réveillais tout à coup de ce terrible cauchemar : *Mais du coup, tout est encore possible ! Et il sera encore meilleur qu’un sauvage : il sera né auprès d’une de tes amies, ses parents seront aussi cools que tes Pokémon, et je pourrais l’approcher sans le tabasser ! Mais c’est génial !*
L’excitation me reprend. Hâmon s’en réjouit, sa queue frappant l’arrière de mon cou à répétition tandis qu’il s’exprime de petits couinements ravis. Ne tenant pas en place, j’attrape Elvira entre mes bras d’adolescent et la serre de bon cœur quelques pas après notre mise en route vers la grange.
Je réalise mon geste après quelques instants, relâche mon emprise et recule d’un pas, une mine gênée sur le visage malgré mon large sourire. *Désolé, l’enthousiasme !*
Le gamin en début d’aventure est revenu, aussi ado qu’autrefois malgré ses nouvelles connaissances. Le choc passé, me revoilà celui que j’étais, sans traumatisme, sans nouvelle horreur dans le cœur, juste une dure leçon bien apprise de madame coup de genoux et dont l’importance m’aura explosé au visage. Je suis loin d’avoir pleinement conscience de ce que l’adulte m’a évité, mais peut-être suis-je ainsi davantage prêt en vu du jour où le pire se produira ?

[Elvira Greyhunt]

*Il est rare de te voir ainsi… Surtout avec un autre être humain.* Souffle Axill qui est fasciné par l’expression de paix qui marque le visage de la rouquine. Pour une fois, il n’a aucune rancune ou moquerie dans ces mots et il semble lui-même plus calme affecter par l’émotion du moment qu’il est le seul à partager avec elle. Tout comme elle, il profite bien de ce petit moment de faiblesse, se permettant lui-même d’accepter les mots qui n’avaient jamais été dit à voix haut et en même temps, faisant le même deuil qu’Elvira, celui de leur séparation. Respirant calmement une dernière fois en caressant distraitement le putois qui est visiblement heureux de la situation. Elle profite du fait que l’esprit de Chad divague pour si perdre, oublier le présent et le futur qui l’attend. Elle respire lentement, écoutant silencieusement les mille et une question qui tourmente l’esprit du gamin sans avoir le réflexe de l’arrêter. Ce n’est pas à elle a interrompe son processus de pensée, ou même d’altérer de manière trop significative son évolution. Tout ce qu’elle se permettrait, serait de l’aide à découvrir certaines choses.

Puis lentement, il souffle des mots qui réveillent Elvira de son état de paix, la ramenant brusquement au moment présent. Ouvrant lentement les yeux, elle fixer amèrement le ciel sombre et retient le lourd soupiré qui veut traverser sa gorge. Ce n’était pas toujours une bénédiction de savoir autant de choses, surtout qu’elle ne les avait pas appris dans les livres. *Ne saute pas les étapes et tout ira bien.* Souffle-t-elle finalement. C’est à cet instant qu’elle juge qu’il y a eu assez de tendresse et qu’elle se lève pour inviter le jeune homme à aller dormir. Ignorant le mécontentement de son propre choix, elle l’aide à se relever et s’éloigne un peu, évitant de le regarder plus. Voyant bien qu’il ne la suit pas immédiatement, elle se retourne et pose des petits yeux sur lui, écoutant son tirage. Elle hoche la tête simplement, approuvant sa promesse. C’était bien qu’il se donnait des points à respecter, ensuite serait de savoir s’il serait capable de les tenir, mais la détermination qui brille dans son regard, la rassure tout de même.

Reprenant un peu la route, elle poursuit sur Miku et la pension. S’il désirait tant un Noctali, et ce, sans tabassée son futur pokémon. C’était noble, mais avant de se rendre à un Noctali, il lui faudrait un Évoli et Miku était une spécialiste de cette race. *Il faudra commencer avec un Évoli, mais oui.* Dit-elle en lui rappelant qu’il y avait autre chose avant le Noctali. Devant l’explosion d’enthousiasme qui réveille son esprit, lui donnant un shot d’adrénaline. Puis brusquement, c’est lui qui enlace ses hanches et elle se retrouve nez à nez avec Hâmon. Elle sourit bêtement à la bête qui couille de joie et elle plisse le nez sous l’odeur de pourriture qui l’accueille ensuite. Elle allait mettre ses bras autour de lui, mais il semble réaliser son geste et se recule, s’excusant immédiatement. Elle secoue lentement la tête, un petit sourire en coin. Elle ne rajoute rien, l’attrapa par les épaules et le guide vers leur lieu de nuit. Marchant côté-côté avec lui, elle glisse que s’il désire la retrouver, qu’il peut toujours envoyer une lettre ou se pointer à cette adresse, une petite maison en bordure de Tarouga. Qu’il précise qu’il est sous la protection de l’écarlate et il sera bien traité. Toutefois, pour l’instant, il était l’heure de se reposer.

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