[ Clos ] [Event Halloween] Danse, danse, danse... [PV Ruby]

[Sheila]

Sheila venait de débarquer sur l’île et commençait à marcher, dans les rues de la ville. Elle inspirait l’air frais à pleins poumons. Elle se sentait parfaitement à l’aise, Shikake voletant près d’elle. C’était une sortie exceptionnelle, d’un point de vue technique. Mais pourtant, elle avait bien l’intention de ne pas reposer les pieds dans le bar. Oh non, il fallait qu’elle reste le plus loin possible de son ancienne demeure. Techniquement, elle devait trouver quelqu’un pour la remplacer, mais elle n’avait pas le temps à perdre avec ce genre de sottises. Elle avait une vie à bâtir, elle devait s’y prendre rapidement. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle était ici. Pour observer le déroulement du spectacle, et s’y habituer, afin d’y participer, une prochaine fois. En plus, cette fois-ci, ce serait une épreuve de danse. Certes, avec des Pokémon, mais elle avait un Pokémon aussi, peut-être pourrait-elle faire des duos avec lui ? Bah, il était trop tôt pour y penser. Elle resterait ici le temps du festival, au moins… Ensuite, elle verrait bien.

Elle commençait à réfléchir. Comment se sortir de cette affaire ? Peut-être en se trouvant quelqu’un ? C’est vrai qu’il n’y avait pas de règlement spécifique pour ça, dans sa « communauté »… Si elle se faisait enlever, ou épousait quelqu’un, elle retrouverait sa liberté et quitterait la maison close. Et puis, les hommes seraient payés en nature ce qui, avec son corps, n’était pas trop mal tout de même. Hm… Il ne lui restait plus qu’à trouver un bon pigeon pendant son excursion. Ça, c’était une autre affaire, il fallait quelqu’un qui puisse l’emmener ailleurs, quelqu’un qui ne lui poserait pas de problème lorsqu’elle voudrait partir. Un mec un peu trop con, en somme. Et ça, ça n’allait pas être de la tarte à trouver.

Elle sentait pourtant les nombreux regards se poser sur elle lorsqu’elle marchait, et, avec un sourire joueur, elle faisait allégrement bouger son bassin, comme pour attiser un maximum de convoitise. Elle en aurait besoin… Elle savait qu’elle ne pouvait pas acheter sa liberté, mais un maximum de gens de son côté lui serait toujours utile. De toute façon, son opinion sur les hommes était très arrêtée. Ils n’étaient pas bons à grand-chose, très malléable si on y mettait les formes. Après, elle ne refusait pas que quelqu’un vienne et lui montre une façon de penser différente, mais pour l’instant, elle n’avait pas vu, et elle ne prendrait pas la peine de chercher…. Elle tomberait peut-être sur quelqu’un comme ça un jour, mais après…

Bah, à quoi bon y penser, hein ? Ca ne changerait en aucun cas sa vie. Elle était actuellement dans une situation qui pouvait être favorable au changement, mais il fallait qu’elle se méfie. Elle était en train de jouer sa vie. Cependant, pour le moment, elle avait surtout faim et elle se rappela à l’ordre. Il n’était pas bon d’établir des plans le ventre vide, encore moins s’ils partaient sur la comète. Elle regarda autour d’elle. Au beau milieu d’un festival, il devait bien y avoir des marchandises, quelque chose à manger, non ? Elle fila dans une ruelle, Shikake à ses côtés. La jeune femme regarda sa Pokémon, qui lévitait, comme impatiente.

"Les spectres sont très doués pour les mauvais coups, je me trompe… ? C’est apparemment la fête des morts… Si t’allais leur ficher une petite trouille, hm ? Je m’occupe du reste…"

Le petit fantôme poussa comme un petit rire joyeux et hocha la tête. Il fila s’isoler dans un mur et déclencha un Vent mauvais, qui ne sembla pas trop rassurer la foule alentours… Les enfants se collèrent à leurs parents et se mirent à sangloter. Le spectre eut un petit rire et se concentra, pour pousser plusieurs Grincement, voulant donner un effet encore plus effrayant à la scène. Cette fois, les gamins pleurèrent de bon cœur, très apeurés par la situation. Les parents et clients s’éloignèrent, au grand dam des commerçants qui s’élancèrent pour les rattraper. Ca n’était rien, juste un vulgaire Pokémon qui voulait faire une farce, pas de quoi déserter la place.

La voleuse-danseuse saisit sa chance et en profita donc pour subtiliser quelques fruits au marchand. Elle hésita un instant en voyant l’argent qui traînait là, et se dit que si elle était amenée à payer à nouveau le bateau, pour partir quelque part, ça lui serait utile. Elle empochait les pièces lorsque sa victime se retourna et, la voyant, se rua vers elle pour l’arrêter. Elle se mit à rire et fit un bond en arrière, regardant l’homme s’écraser lamentablement sur ses étalages, projetant ses fruits par terre. Elle le toisa de toute sa hauteur, l’écrasant d’un regard empli de mépris. Encore une fois, elle avait gagné, et d’une bien belle façon… L’homme lui saisit la cheville, mais elle lui envoya son autre pied dans le visage, pour le sonner. Là, par contre, elle voyait nettement que tout dégénérait, et qu’elle avait intérêt à filer rapidement. Elle siffla sa compagne de voyage et s’engouffra à toute allure dans les ruelles. Elle en profita pour rabattre sa capuche sur son visage. Le tissu tombait bas sur son front, elle ne serait pas facilement repérable. Elle marchait à toute vitesse, pour ne pas se faire attraper, mais restait à l’écoute des bruits derrière elle. Elle ne devait pas se faire prendre, ça n’était franchement pas le meilleur jour pour déconner et tout foutre en l’air.

*Tsss… Le plan du pigeon, tu repasseras, ma grande !*

Elle entendit des cris, et elle se mit à courir. Heureusement pour elle, étant habituée au sport, elle avançait particulièrement vite. Shikake continuait de lancer quelques Vent Mauvais, pour dissuader les gens de s’approcher, tout en émettant le même Grincement à glacer le sang. Mais elle était aussi l’équivalent d’un guide ainsi. Sheila pesta et galopa franchement, à grandes enjambés. Elle laissa tomber les trois quarts de sa récolte alimentaire, ayant planqué l’argent dans un endroit à première vue inaccessible. Sur son passage, elle renversa caisses de nourriture et poubelles, provoquant un raffut pas possible. Mais ainsi, elle gênerait la progression du marchand. Au détour d’une ruelle, elle se heurta cependant à une masse beaucoup plus imposante qu’elle et, sous le choc, tomba en arrière. Elle se releva, sa capuche masquant toujours ses traits. La Polichombr combinait toujours ses deux attaques, ce qui provoqua des pleurs. La jeune femme chercha d’où les sons pouvaient provenir et se rendit compte que les sanglots appartenaient à un bébé Kangourex. La prostituée avait percuté la mère au niveau de la patte mais ne semblait pas lui avoir fait mal. Par contre, le petit était effrayé et ne cessait de brailler. La Terrosienne grogna et attrapa sa Pokémon par la corne.

"Bordel Shika, ferme-là !! On est assez dans la merde, pas besoin de leur indiquer le chemin en plus en hurlant comme une demeurée !"

Elle allait s’enfuir, mais trop tard, le marchand lui avait saisi le bras d’une poigne de fer, pour la retenir. Elle jura et chercha à se dégager, tirant de toutes ses forces, sans se soucier de la douleur qui lançait son poignet. Elle commençait à comprendre pourquoi les autres filles avaient toujours au moins une dague sur elles. Elle n’avait aucune arme, Shika ne ferait pas beaucoup de dégâts, et elle n’avait jamais eu de talents particuliers quant à la maîtrise d’un élément. Elle était sans aucune défense, mis à part son numéro de charme –qui serait inefficace ici, quoiqu’elle fasse, elle paierait cher- et sa seule force physique qui, il fallait l’avouer, n’était pas équivalente à celle d’un homme. Elle n’avait jamais eu l’occasion de se défendre. Après tout, elle ne volait que ce dont elle avait réellement besoin, non ? De la nourriture pour vivre et de l’argent pour pouvoir trouver sa liberté. Elle n’avait pas l’habitude de se faire prendre, ni de paniquer. Et quand elle se faisait prendre… Elle poussa un soupir résigné. Elle allait passer à la casserole, elle le sentait. Les forces dans son bras commencèrent à s’amenuiser, au fur et à mesure qu’elle s’accoutumait à l’idée de réparer son affront en nature. Elle ne pouvait pas lutter.  

"Ça va, j’ai pigé… En nature, ça vous va ? Après tout, vous finissez gagnant…"

Elle sentait une fureur intérieure animer ses entrailles, sans pouvoir réagir. Elle ne devait pas bouger. Elle ne devait pas frapper. Elle ne devait pas. Et le bébé de la Kangourex qui semblait toujours en panique ! Il lui vrillait les oreilles avec ses cris perçants. Shika n’arrangeait pas les choses. Elle semblait hésiter entre la joie d’avoir de nouveaux sentiments néfastes à dévorer et l’inquiétude pour la demoiselle et voletait sans cesse autour de la matriarche, l’ignorant totalement, dans sa confusion. Sheila soupira. Pour une première journée de liberté, il n’y avait pas à dire, ça s’annonçait comme une belle journée de merde !

[Ruby Stone]

Terros - Ville lunaire - Début de matinée - Soleil

C'est dans les lointaines iles de Terros que se trouve, généralement, le calme et la sérénité que toute mère recherche pour élever son enfant. Un petit être qui leurs accapare tout leurs temps et leurs moyens afin qu'il grandisse comme il se doit avec tout l'amour possible. Les élever et leurs apprendre la notion de bien et de mal que chaque être définie différemment. Cependant, chez les reptiles géant, tel que les Kangourex, ces dernières s'apprennent avec l'expérience et les erreurs, comme pas mal de bestiaux en ce monde. Il n'y à qu'a voir la réaction d'Helga face à ces trois inconnus qui lui on foncé dedans. Elle n'en souffre pas, loin de là, comme si trois crevettes pouvaient faire mal à une maman T-Rex pseudo Kangourou, c'est à peine si elle les avait senties. Non, elle ne se mettrait pas en colère pour ça. Elle entrerait dans une rage dévastatrice parce que Patile, sa petite, commence à couiner et pleurer de peur face au Polichombr. Cette dernière aspirée l'effroi de la petite, ce qui ne faisait que grandir encore un peu plus sa peur, entrant dans une courbe exponentielle qui n'en finirais pas, sauf si maman intervenait. Et maman est intervenue. Attrapant le pseudo-spectre entre ses mains griffues, la femelle approcha la bestiole près de sa bouche garnie de dents.
«
PUPPET ! I'M VERY ANGRY ! YOU'R AFRAID MY DAUGHTER ! I'M...
»
Les cris de la petite ne se calmaient pas, et il ne semblait pas que ce soit à cause de la poupée de chiffon. En regardant de plus près, elle semblait effrayée par le gros être humain qui semblait plus menaçant qu'il n'en avait l'air. Lâchant sa détenue, l'écailleuse avança tel un prédateur chassant sa proie. Elle s’arrêta devant le marchand qui ne tenait même plus sur ses jambes devant la haute taille de la femelle. Attrapant l'inconnu de ses pattes avant musclées, plantant ses griffes dans la chair de cet homme, elle l'amena face à sa bouche. Son haleine sentant fort la chair pourrie et les éléments en décomposition.
«
MERCANT ! I'M VERY ANGRY AND HUNGRY ! I EAT YOU FUCKIN HUMAN !
»
Et alors que toutes les personnes présentes ici n’entendaient que des hurlements de saurien carnivores, la créature écailleuse engouffra le marchand dans sa gueule. Un cri d'horreur de l'homme se fit entendre, le cri traditionnelle des êtres ne pouvant fuir devant le danger. D'un seul coup de mâchoire, la femelle referma sa bouche sur la moitié du corps de l'homme qui avait effrayé sa fille, un craquement d'os signifia qu'elle venait de lui briser la colonne vertébrale et quelque os.
Elle balança sa tête à gauche et à droite, comme pour ramollir la chair, donna plusieurs coups de dent pour mieux avaler le personnage et finit par l'engloutir complètement.
Elle déglutit un peu, il faut dire qu'il était pas mal gros celui-là, et finit par complètement l'avaler. Des trainées de sang frais coulaient le long de sa bouche, mais pas autant que celui qu'elle avait répandu autour d'elle en essayant d'attendrir la viande. Les cris de la petite se turent et enfin le calme revint. Si jamais le marchand avait d'autre amis ou ne seraient-ce que des collègues marchant qui l'auraient suivis, ils auraient fuit à coup sur !
«
Je crois qu'il est un peu trop tard pour rester sur cette ile afin que tu élève ton enfant Helga. Si personne n'aura remarqué la scène, tout le monde aura entendu les cris ou remarquera le sang que tu as répondu abondamment par gourmandise.
»
La femelle se léchait les pattes et le visage, véritable T-rex des temps moderne. A priori, son coté maternel caché bel et bien un instinct de chasseur. Après tout, elle est bien une descendante des races les plus dangereuses de l'ancien temps, avant que l'homme n'existe.
Alors que la grosse femelle de 2.5 mètre de haut pour presque 4 de long se tourna vers son autre protégé, sa queue battit le mur adjacent qui se vit marquer d'une trace proéminente. Les briques qui ne purent supporter le choc volèrent en éclat et se détachèrent du mur alors que la prédatrice regardait celui qu'elle considérait presque comme son fils. La poussière ainsi soulevée se dissipa un peu, laissant apparaitre, sortant de l'ombre, un être humain plutôt élancé.
Le jeune homme se jeta presque au cou de la bestiole, souriant bêtement comme un bambin. Alors que ce petit groupe un peu étrange semblait être content de se voir, le calme retomba enfin. Quand le blond finit enfin par lâcher la matrone, il put enfin remarquer la jeune femme qui ne semblait pas avoir tout compris, ou comme si elle avait eu un petit temps de pause au niveau cérébrale.
«
Est-ce que ça va ?
»
Dit-il le plus sincèrement possible. Il se rapprocha un peu, restant à une distance d'au moins 2 à 3 mètres de la voleuse. Il s'accroupit et décocha un petit sourire en fixant la jeune femme.
«
Tout va bien j'espère.
»

[Sheila]

Shikake écarquilla les yeux de frayeur lorsque la Kangourex l’attrapa entre ses imposantes pattes. Le spectre essaya de toutes ses forces de se rendre immatérielle, en vain. Pourquoi est-ce que la prise du mastodonte l’empêchait de s’échapper ?! Elle n’en savait rien mais commençait à craindre pour sa peau. Oh, elle était immortelle, c’était un spectre. Mais les griffes et les crocs de la créature pouvaient bien abîmer son corps si ça continuait. Elle finit par fermer les yeux, lorsqu’elle eut le sentiment qu’elle allait finir dans la gueule du monstre. Cependant, ce dernier la lâcha et s’intéressa plutôt au marchand. Lorsque la bête écailleuse souleva l’homme de terre, la Polichombr vit la jeune femme tomber à genou au sol, après s’être extirpé de la poigne du commerçant. Le fantôme fila se poster près d’elle et la jeune demoiselle lui flanqua une tape à l’arrière du crâne, alors que la matriarche poussait des cris en direction du vendeur.

"J’espère que ça t’apprendra à faire attention à ce que tu fais."

Un drôle de craquement se fit entendre et Sheila leva les yeux. Elle eut un mouvement de surprise en voyant la femelle déchiqueter l’humain. Elle était plus sérieuse et plus menaçante que prévue et répandait des traînées écarlates un peu partout. La demoiselle eut un petit sourire en coin. Ceci dit, l’acte barbare de la Pokémon lui rendait un fier service. Elle était tranquille à présent, elle n’avait pas à avoir peur, seul ce marchant l’avait vu. Bon, et le garçon présent devait aussi se douter des raisons de sa fuite, mais il n’avait pas l’air d’un mauvais bougre. En tout cas, pas un qui pourrait lui nuire, elle en était certaine. Ca l’arrangeait même bien plus que ça d’ailleurs. Le jeune homme se mit à sa hauteur et lui demanda comment elle se portait. Elle esquissa un large sourire, un peu charmeur sur les bords. Shikake la regarda, un peu surprise. Elle allait lui sortir un petit jeu de séduction ? Et dans quel but ? Le fantôme resta un peu interdit devant sa maîtresse, qui semblait préparer un petit coup. Oh, probablement pas quelque chose qui nuirait au nouveau venu. De toute façon, la mise à mort qu’avait faite la Kangourex servait d’avertissement, et la Terrosienne était parfaitement consciente de ne pas faire le poids face à la matriarche. Non, ça ne lui coûterait pas grand-chose. Elle était prête à ne pas le voler d’ailleurs, ce qui était une démonstration de bonté de sa part. Elle se remit debout en époussetant ses vêtements d’un vague geste de la main. Puis, elle posa ses yeux rubis sur le garçon.

"Grâce à l’intervention de votre Pokémon, je me porte admirablement bien. Je suis… désolée que par ma faute et celle de ma Polichombr, l’enfant de votre Kangourex ait pris peur. Dans tous les cas, vous ne le savez peut-être pas, mais vous m’avez rendu un fier service. Qu’est-ce que je peux faire pour vous en échange ?"

Elle le regarda, ses prunelles brillant d’un éclat légèrement pervers. Elle s’offrait gratuitement à cet homme, il devrait normalement accepter. Quoique, elle avait remarqué la respectable distance qu’il avait adoptée vis-à-vis d’elle et se demandait bien ce que ça pouvait cacher. Elle sentait qu’elle pouvait tirer quelques petites choses de lui, mais que ça ne serait pas évident si elle devait lui mentir. Hm… Voilà un nouveau défi pour elle. Elle se demandait bien jusqu’où elle pouvait aller avec lui… Mais tout d’abord, elle devait se présenter, et un peu mieux que ça.

"Je m’appelle Sheila, et elle, c’est Shikake. Je suis sûre qu’elle est désolée d’avoir effrayé votre Pokémon. Et vous, comment vous appelez-vous ?"

Elle entendit des bruits et des cris qui se rapprochaient. Les gens allaient arriver vers eux et découvrir ce drôle de spectacle. Il valait mieux partir s’ils ne voulaient pas d’ennuis. Elle regarda sa Polichombr, l’air de lui demander si elle n’aurait pas un moyen de leur faire gagner du temps. Le petit ectoplasme hocha la tête et se plaça à l’entrée de la ruelle. Puis, elle fit luire la pointe de sa corne. Une sphère lumineuse en partie, suivie de plein d’autres, qui allèrent s’enrouler autour des citoyens. Ces derniers commencèrent à tituber et à vaciller, comme des drogués. La Pokémon spectre avait su faire preuve d’une Onde Folie plutôt efficace. La danseuse porta deux doigts à ses lèvres et siffla pour rappeler près d’elle son amie. Puis, elle se tourna vers le garçon.

"Je vous conseille de me suivre, si vous voulez éviter les ennuis. Vous avez totalement raison de dire que les gens vont probablement voir le sang par terre et vous empêchez d’être tranquille. L’Onde Folie leur fera peut-être perdre un peu de mémoire ceci dit, mais j’en doute. Si vous voulez pouvoir rester avec votre Kangourex, et si celle-ci veut pouvoir rester avec son petit, vous feriez mieux de venir avec moi et de ne pas traîner…"

Elle leur fit un léger signe de la main et s’enfonça dans la ruelle, zigzaguant à droite à gauche. Shikake à ses côtés envoyait des Onde Folie lorsque c’était nécessaire. A force de marcher au travers des ruelles, elle finit par arriver à un endroit à peu près tranquille. Sombre et un peu glauque, mais au moins, c’était calme ici. Elle souffla, un peu soulagée d’avoir réussi à s’éloigner des autres humains et regarda le jeune homme, qui l’avait suivi. Elle eut un autre sourire et ôta enfin sa capuche, dévoilant son visage fin, délicat et même séduisant au garçon. Elle esquissa un nouveau sourire, dans le but d’attiser un peu ses ardeurs.

"Vous n’êtes pas du genre à venir en ville on dirait. Le fait que votre Pokémon ait mangé un marchand risque de vous attirer pas mal d’ennuis. Si vous n’avez pas l’habitude, je peux vous aider à vous en sortir dans les milieux urbains. Néanmoins… Ca demandera un petit service, en échange…"

Shika regarda sa dresseuse attitrée avec un drôle d’air. Qu’est-ce que cette fichue prostituée pouvait bien avoir derrière la tête ? Elle semblait concocter des plans à tout moment, des idées tordues, pour s’enfuir. Plus c’était tordu, plus c’était difficile de découvrir l’intention réelle, à moins de l’exprimer clairement. Quoiqu’il en soit, la Polichombr ne savait plus quoi penser de cette drôle de femme. Elle était louche, elle cherchait tout le temps à draguer le premier homme qui se présentait. Et elle avait quelque chose qui n’était pas digne de confiance. Si elle avait aidé l’inconnu et sa Kangourex, c’était uniquement parce qu’elle savait qu’ils lui seraient utiles après. Sheila foudroya sa Pokémon du regard. L’air songeur et le regard lourd de soupçon que le spectre lui jetait pouvait lui poser pas mal de souci. Elle se tourna avec un air plus que sérieux vers le duo. Elle allait devoir jouer finement si elle voulait éviter de leur déballer toute sa vie.

"Je peux vous aider à vous adapter au rythme urbain, je peux vous aider à chercher un endroit calme où votre Kangourex pourra élever son enfant. Mais pour ça, il faudrait que vous m’emmeniez avec vous…"

Elle observa la créature recouverte d’écaille, qui avait encore un peu de sang sur le coin de la gueule. Elle eut subitement une idée, qui s’avérerait peut-être compliquée à mettre en place, mais une idée tout de même, qui pourrait lui apporter la paix définitive. Si elle jouait bien, et avec la complicité de ces deux inconnus, elle pouvait se faire passer pour morte, faire croire qu’elle avait fini dans l’estomac de la matriarche et pouvoir mener ensuite la vie qu’elle voulait. Cet éclair de génie était totalement fou… Pour le moment, elle n’en fit pas part au garçon dont elle ne connaissait même pas le nom, et elle commença à retourner mentalement cette idée de simulacre de décès, pour voir comment l’utiliser au mieux. Sans compter qu’elle devait prendre en compte que le blond pouvait refuser son aide. Si c’était le cas, elle n’aurait d’autre choix que de se trouver un autre pigeon, et à dire vrai, ça ne l’arrangeait pas, la journée avançait de plus en plus…

[Ruby Stone]

Que pouvait-il bien demander en échange de quoi ? Kangourex avait juste mangé une nuisance pour son petit, elle ne lui devait rien, alors pourquoi demander cela ? Est-ce qu'un Rattata s’arrête pour demander ce qu'il doit quand le Rapasdepic qui le prenait en chasse se faisait prendre dans la toile d'un Migalos ? Assurément pas.
Pour Ruby, la notion même de redevoir quelque chose ne lui traversait pas vraiment l'esprit, alors il ne comprend pas la requête de la jeune femme.
«
Je n'ai besoin de rien. Vous êtes libre.
»
Tien. Voilà qu'elle se présente. C'est vraiment dans les habitudes humaines ça. Dans la vie sauvage, sa Kangourex ne s'annonce jamais, sinon elle ferait fuir ses proies ou n'aurait pas le temps de riposter face aux autres Pokémon dangereux. Les animaux ne se présentent même pas quand ils sont amicales, à vraie dire, leurs identités est déjà révélé à travers les odeurs, les cris, la couleur de sa fourrure ou de son plumage. Pas besoin de se nommer pour se reconnaitre ou pour faire connaissance, on en apprend bien plus avec les éléments que chacun dissémine. Enfin, étant lui aussi humain, il devait s'habituer à ce genre de... protocole ?
«
Je me nomme Ruby. Ma compagne se surnomme Helga, quant-à la petite, il s'agit de sa fille Patile.
»
Le jeune homme caressa les flancs de sa grosse bestiole qui laissa entendre un ronronnement grave et gras. Le soleil entamait à peine son déclin que des bruits d'agitation se faisaient déjà bien entendre.
Quand la fameuse Sheila évoqua qu'ils devaient la suivre s'ils voulaient s'en sortir, le jeune homme serait bien intervenu pour dire qu'ils s'en seraient sorti tout seul en fuyant les lieux ou en affrontant l'adversité, mais elle partait déjà dans un dédale de ruelle.
Bon ! Puisqu'il le faut. Alors qu'il allait se mettre à courir, la femelle l'attrapa par le col et le souleva hors du sol puis se mit à avancer rapidement, suivant à l'odeur la femme. Il n'a pas fallut longtemps au dinosaure pour la retrouver.
Elle venait de se stopper dans une ruelle, vite rejointe par la mère poule qui déposa le jeune homme au sol. Après qu'il se fut réceptionné, il s'épousseta un peu et releva les yeux, restant à une respectable distance de la jeune femme. Voilà qu'à présent elle évoquait leurs manques cruels de connaissances de la ville. D'accord, elle avait raison, ils n'étaient pas habitués, mais même s’ils venaient à en savoir autant qu'elle, leurs habitudes et leurs actions ne changerait pas pour autant.
Leurs rendre un service ? Mais ils n’en demandaient pas. Mais enfin ! Voilà qu'elle prenait un peu trop le taureau par les cornes. Les filles sont si effrayantes en voulant être aussi entreprenantes dans de telles idées. Ruby eu un mouvement de recul et leva légèrement les bras en protection face à lui. Pourquoi fallait-il que les filles soit si exubérantes ?
«
Non ! Non merci ! On c'est débrouillé tout seul pour arriver ici, on peut donc aussi sortir d'ici sans aides. Quant-à un lieu tranquille, je ne pense pas que tu puisses vraiment nous aider, on à bougé toute notre vie et jamais on à réussi à trouver un lieu calme loin de tout. Mais si tu veux venir avec nous, je pense que ça ne dérange personne. N'est-ce pas Helga ?
»
La femelle laissa un gargarisme affirmer ce que venait de dire le jeune homme. Elle avait cependant la tête un peu ailleurs, reniflant l'air et tournant la tête à droite et à gauche. Il fallait partir sinon elle devrait manger encore beaucoup de personne.

[Sheila]

Sheila l’observa. Elle adorait ça, observer les gens. C’était aussi un rôle important dans son métier. Pouvoir observer les autres permettait de savoir sans mal ce qu’ils avaient derrière la tête. Elle allait passer maîtresse dans l’art de décoder la gestuelle des gens. Et le fait qu’il garde une respectueuse distance la laissa perplexe. Elle n’allait pas le manger tout de même ! Et elle avait renoncé à le plumer, preuve de ses bonnes intentions !... Alors pourquoi ? Elle écouta d’une oreille un peu distraite sa réponse, bien qu’entendant très clairement ce qu’il disait. Elle avait appris, à force, à porter son attention à deux choses en même temps, voire plus. Elle avait appris à s’évader dans un monde un peu onirique, lorsqu’un homme lui passait dessus. On survivait au métier comme on pouvait.

Elle l’écoutait toujours, lorsque son cerveau tiqua. Il lui avait bien proposé de l’accompagner, non ? De pouvoir venir avec lui ? Et le grognement de la Kangourex ne semblait pas désapprouver l’idée… Elle en resta béate de stupeur. Elle ne s’attendait pas à ça. En un instant, elle rangea dans un coin de sa cervelle les plans pour se faire passer pour morte et elle regarda Ruby. Il était sérieux… ? Elle pouvait ? Elle regarda Shikake, sans trop comprendre, mais le petit spectre se contenta de voleter paisiblement. Elle, elle s'en fichait bien, elle resterait dans tous les cas avec sa dresseuse adorée, pleine de délectables ondes néfastes. La Terrosienne réfléchit quelques instants. Sa décision était déjà prise, mais elle craignait qu’une réponse trop rapide ne gâche tout. Finalement, elle hocha la tête et tenta de faire un sourire aguicheur au jeune homme. Même si son air, son sourire, était un peu forcé –elle ne voulait pas forcément lui faire du rentre-dedans- et assez théâtrale, on pouvait voir dans ses yeux des étincelles de joie sincère.

Elle acceptait avec un plaisir non feint l’invitation. Elle n’était pas forcément une experte en voyage, mais elle connaissait le genre humain assez bien, et elle pouvait toujours les aider à s’en défaire. Elle soupira. Bizarrement, elle se sentait étrangement bien. C’était la première fois. Une autre de ses chaînes venait de tomber. Elle se demanda ce que lui réservait l’avenir. Après tout, elle venait d’avoir un superbe coup de chance, elle ne pouvait le nier. Dire qu’elle partait de sa maison close en pensant devoir jouer les tapins pour séduire un type, pour qu’il l’aide. Ca l’aurait aidé, indéniablement, mais elle aurait quand même encore dû perdre une partie de sa fierté et de son orgueil. Et elle aurait été attachée à ce type jusqu’à s’en défaire, d’une façon quelconque. Mais là, par un miraculeux coup du sort, elle se retrouvait en compagnie d’un homme au physique plutôt bien bâti, selon elle, qui ne lui ferait rien, était prêt à l’aider sans rien en échange, et qui semblait plutôt bien connaître la vie sauvage. Elle avait eu un coup de chance incomparable, elle le savait. Pour une fois, elle se permettait d’espérer. Elle vit cependant que la Kangourex ne semblait pas à l’aise. S’ils se mettaient en mouvement, en évitant les gens, ils devraient parvenir à atterrir dans un endroit calme.

"Merci de ta proposition Ruby. Comme tu t’en doutes, je suis d’accord. Mais je pense qu’il vaut mieux bouger. Qui sait, nous pourrons peut-être entendre des rumeurs intéressantes, en avançant..."

Tiens, tiens, bizarre… Elle venait de constater qu’il avait placé son bras en protection devant lui. Il avait peur d’elle ou quoi ? Elle avait bien envie de tirer ça au clair, et cette attitude sur la défensive poussait la jeune femme à essayer de titiller un peu ce point faible. C’était du sadisme. Ou alors la preuve qu’elle avait un fort esprit de contradiction. Elle ne savait pas et s’en moquait un peu. Elle voulait vraiment savoir pourquoi il était aussi réticent. Qu’elle ne soit pas à son goût, ça, elle pouvait l’admettre, ça arrivait, bien que ce fait puisse l’irriter un peu. Mais qu’il ait peur… Ou du moins qu’il agisse comme s’il avait peur… Non, elle ne comprenait pas. Elle allait bien voir ça…

"Au fait, tu viens d’où, exactement ?"

Ils continuèrent de marcher, arpentant les rues. Ils allaient de l’autre côté du festival, à l’opposé de là où avait eu lieu le déjeuner improvisé d’Helga. Elle parlait pour essayer de détendre l’atmosphère, et pour essayer de le connaître un peu mieux. Ils s’éloignaient de la ruelle sombre où le marchand avait perdu la vie. Il valait mieux ne pas faire trop de vagues, on ne savait jamais. Sheila écoutait tout ce qu’elle pouvait entendre des passants. Les bruits, les rumeurs, tout ce qui pouvait lui permettre de mettre le doigt sur un endroit intéressant, elle l’entendait, l’enregistrait, l’accumulait dans un coin de son cerveau. Apparemment, selon les informations, très minces, qu’elle percevait, se rendre auprès d’une caserne militaire ne serait pas une mauvaise idée. Peut-être qu’elle pourrait glaner plus d’informations. Mais ça, elle devrait en parler avec le jeune homme.

"Il y a de drôles de bruits qui circulent on dirait… Ca pourrait être marrant d’essayer de voir où ça nous mène. Pour obtenir des informations, j’ai plus d’un tour dans mon sac..."

Elle était peut-être trop enthousiasme. Elle avait perdu un peu de son self-control, elle le savait, mais ne parvenait pas à faire autrement. Elle se sentait tellement heureuse de savoir qu’elle avait déjà trouvé quelqu’un qui lui avait proposé de partir sur les routes avec lui. Enfin, elle allait peut-être trop vite en besogne, mais elle avait pris la chose telle quelle. Mais même en marchant, elle se rendait bien compte qu’il gardait une distance relativement respectable entre eux. Elle réfléchissait à comment faire pour le pousser à abolir cette séparation, ou pour au moins comprendre pourquoi elle existait. Ils avançaient, lentement, tranquillement. Elle n’osait pas trop s’imposer, elle devait jouer finement avec lui à ce niveau-là. Se montrer trop entreprenante pouvait le pousser à la laisser tomber, elle ne pouvait pas prendre ce risque. Et pourtant, sa curiosité était vraiment trop forte. Tant pis. Elle allait tenter de mettre le doigt sur les raisons de cet éloignement, mais le laisserait un peu décider du chemin à parcourir. Voilà. C’était bien comme ça.

Elle attendit d’arriver près d’une place, un peu à l’écart, et chercha à ralentir un peu, du moins, à passer un peu derrière lui et derrière Helga. Shikake l’observait, en silence, se demandant bien ce que sa dresseuse pouvait avoir derrière la tête. Avait-elle eu une enfance, cette femme, pour se comporter ainsi ? La Polichombr ne prétendait pas lire dans les pensées, mais elle pensait savoir ce que la Terrosienne avait en tête. Elle avait une idée en tête et n’en démordrait pas. Pourtant, le spectre l’avait toujours vu comme une personne calme, mais là, elle semblait presque euphorique. Elle avait intérêt à se rattraper, si elle ne voulait pas finir déstabilisé, en cas de problème. Enfin, ça n’était que son avis à elle, simple Pokémon…

Sheila estima être suffisamment dans le dos de Ruby pour pouvoir procéder à ce qu’elle voulait faire. Elle allait utiliser son arme de prédilection pour agir. A pas de loups, elle se rapprocha de lui et, une fois suffisament proche, elle accéléra, se retrouvant tout proche de lui en quelques foulées. Et, sans lui laisser le temps de réagir, elle se colla dans son dos, passant ses bras autour de son cou. Puis, emportée dans son élan, elle l’embrassa sur la joue gauche en esquissant un fin sourire, toujours aussi aguicheur.

"Une façon comme une autre de te remercier de ta proposition..."

Et aussi de tester ses réactions face à ça. Mais ça, elle n’allait tout de même pas le lui avouer franchement. Elle finit par le relâcher, quelques minutes après. Elle se plaça à côté de lui, attendant de voir sa réaction face à ça, prête à parer à toutes éventualités. Après tout, elle voulait savoir pourquoi il réagissait avec autant de prudence vis-à-vis d’elle, et obtenir cette information pourrait lui être très utile à l’avenir.

[Ruby Stone]

Effroi. Peur. Horreur. Frissons. Dégoût. Abjection. Rejet. Phobie.
Tellement de mots, de façons de décrire une chose qu’il est en train de ressentir. Son corps tout entier se voyait pétrifié, littéralement stoppé dans le temps. Comme s’il avait fixé de face Méduse ou le Basilic, son corps tout entier ne répondait plus alors que c’était la folie dans sa tête.

Il se revoyait, courir entre les rues de différents bâtiments, petit être fragile, faible et crédule. Créature insouciante et naïve, simple. Combien de fois avait-il joué avec des inconnus alors qu’on le lui avait interdit ? Combien de fois avait-il simplement adressé la parole à une autre personne ?
Il revoyait ses moments d’insouciance passés en compagnie de sa sœur qui lui faisait la morale. Il la voyait encore, toute souriante, pleine de vie. Il pouvait encore l’entendre l’appeler quand ils se retrouvaient après qu’elle ait fini ses cours. Il se souvenait encore quand elle l’appelait par son prénom. Oui, son véritable prénom. Pourquoi en avait-il pris un autre ? Certainement pour ne plus jamais qu’on l’appelle par son prénom véritable. La dernière personne à ce jour qui l’avait fait, c’était elle.
Pourquoi était-il paralysé quand une fille le touchait ? Pourquoi les fuyait-il ? Pourquoi avait-il changé de prénom ? Pourquoi se méfiait-il des gens ? Tout cela était lié.

Dis mon nom, encore une fois, s’il te plaît, je t’en prie. Je crois que si tu ne dis rien, je n’y survivrai pas. Dis mon nom ! Ce n’est pas un jeu. Tu m’as offert tellement de joie, et tu m’as tellement fait souffrir. S’il te plaît, dis mon nom. Dis-le encore, car si tu ne le fais pas, ce sera ma fin.
Encore qu’un enfant auparavant, pour lui, il existait deux personnes qui comptaient le plus à ses yeux, sans compter ses parents. Sa sœur, est un parfait inconnu. Quand elle étudiait, soit quasiment toutes la journée, il se baladait, tel un vagabond, un peu partout. Etrangement, il avait eu un rituel, chaque jour : venir voir le jeune homme qui allait à une fontaine bien précise de la ville à la même heure, chaque jour. Pourquoi ? Cette personne avait quelque chose de spécial, il n’avait pas une tête comme monsieur tout le monde. Plutôt mat de peau, des cheveux châtain clair et des yeux marrons. Une personne assez banale en soi. Mais quelque chose ressortait de l’impression qu’il dégageait. Il ne savait pas si c’était à cause de sa façon de se vêtir comme un héros, avec des bouts de tissus çà et là juste pour donner un peu de classe, ou si c’était une odeur qu’il dégageait, une chose que seuls ses sens auraient pu capter.
Chaque jour, il allait observer, de loin, cet étrange personnage. Quelque chose en lui semblait comme l’attirer. Ce n’était en aucun cas le fait que ce soit un garçon, sinon, il aurait eu ce genre d’attirance avec certains de ses amis. Non, quelque chose d’autre attirait son attention, mais quoi ? Ses traits si singuliers, si différents de la population présente ? Son physique de jeune homme plutôt bien bâti qui aurait donné des envies de se damner pour femmes et hommes qu’il aurait croisés ? Non, il n’avait aucune envie, ni jalousie, par rapport à cet homme. Quelque chose l’attirait inexorablement comme un aimant et un bout de métal.

Bien qu’on lui ait interdit de multiple fois de parler avec des inconnus, il finit par, un jour, s’adresser à ce personnage. Après tout, il le « connaissait » puisqu’il le voyait tout les jours. Innocence enfantine. Un petit dialogue, entre un gosse admirateur et un « possible » héros s’engagea alors. D’une voix enjouée et vive, il lui posa de multiples questions. Un second rituel vit le jour, après le rire du jeune homme. Chaque jour, il aurait le droit d’avoir une réponse à une question. Alors s’enchaînaient ainsi des semaines où il ne s’arrêtait pas pour questionner cette « idole » sans jamais lui poser la vraie question, celle qui l’a fait venir ici voir cette homme et celle pourquoi il continue à venir : Pourquoi venez-vous ici ?
Cette question tarda, car avant cela, il apprit que le jeune homme avait vécu beaucoup d’aventures, et s’ensuivaient beaucoup de questions du genre comment, pourquoi, qu’as-tu fait, etc.
Un peu moins de deux ans après, il se décida enfin à poser cette question si importante après avoir épuisé son stock. La réponse fut ainsi « J’en ai oublié la raison principale, mais depuis un moment, c’est pour toi ». Encore trop jeune, il ne comprenait pas le sens de ce genre de phrases. Ce fut le dernier jour où ils se virent à cette fontaine car il invita le garçon, chaque jour, à passer, même en coup de vent, chez le jeune homme qui s’était bonifié physiquement avec le temps.
Une décadence s’enchaîna alors, sans qu’il ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, encore trop jeune, encore trop inexpérimenté, encore non averti. L’inconnu, lui, ne pensait pas éprouver ce genre de sentiment, quant au jeune bambin, il ne pensait pas un jour vivre cela, car il n’en connaissait rien. Les choses se firent lentement, d’abord ce fut innocemment qu’il apprit à le connaître, puis il l’autorisa à plus de sympathie, comme le laisser le serrer dans ses bras, l’inviter sur ses genoux, un peu comme si on tenait son neveu, en quelque chose de plus pervers et de plus sale.
Plus le temps passait, et plus les choses se faisaient tactiles. Après des caresses à la plante des pieds, sur les côtes ou sous les aisselles afin de le rendre hilare et de rire avec ce bout de chou, les choses avancèrent, doucement, sans que l’enfant ne se rende compte de quelque chose. Il ne passait que peu de temps chez le jeune homme, mais il était toujours content quand il sortait ou quand il rentrait. Personne n’aurait pu se douter de rien, la journée, il se trouvait toujours hors de chez lui, personne ne pouvait dire ce que Ruby faisait.
Doucement, les caresses se firent plus poussées, plus langoureuses, plus tendres. Il ne comprenait pas, tout ce qu’il savait, c’est qu’être caressé ainsi ne semblait pas le déranger, au contraire. Ce n’était pas comme des chatouilles, le plaisir était le même, mais pas à la même intensité. Alors il se laissait faire, pensant cela presque normal, il ne se souciait pas vraiment du mal de la chose, personne, outre sa sœur, ne passait réellement de temps avec lui, pour une fois qu’il avait un ami de jeu, il jouait donc à ces jeux. Jeux qui finirent comme tous attouchements, comme toutes pratiques malsaines : nu. Intelligent, ou inquiet pour l’enfant, il lui demandait à chaque fois son accord en lui décrivant précisément et intelligiblement ce qu’il allait lui faire.
Parfois Ruby refusait certaines choses, mais peu de temps après, revenait sur sa décision, tout sourire. Cela commença doucement. Des jeux de langues adroits, de bouches, sur tout le corps, ou presque, puis, quand il était d’accord, dans une zone bien méconnue de l’enfant.
Ne se doutant toujours de rien, il ne doutait pas de cet homme. Même lorsque l’étape supérieure fut atteinte. Il venait, à ce jour, de découvrir les fonctions de ce qui lui servait à uriner, autant le sien, que celui du jeune homme qui l’interloqua par sa taille plus importante que la sienne, normal vu l’âge. Avant qu’il ne soit sali de l’intérieur, il apprit pendant un moment à accepter plus que ce qu’il pouvait à l’origine. Doucement. Ce qui devait arriver arriva, il sut que toute chose ne fait pas que sortir, ça peut aussi rentrer, surtout à un certain endroit. Il ne savait pas comment réagir à ce moment-là, car sa petite taille ne permettait pas une telle chose.
Cependant, il le considérait comme une idole, il devait faire effort, enfin, il pensait.
Impur. Sale. Dégoûtant. Impropre. Immoral. Les mots n’existent pas pour décrire de telles actions. Pensant bien faire, l’un, comme l’autre, aucun ne se sentait coupable, et pourtant, il s’agit du plus grand crime en ce monde : on ne touche pas à un enfant. C’est une loi universelle qui est punissable de mort, que ce soit les humains, les bêtes ou les éléments qui se chargent de la faire appliquer.
Dis mon nom, s’il te plaît. Je n’en peux plus, je crois que je ressens un truc, mais tu m’as trahi, je me sens si mal, encore.
Sa tête fut simplement décapitée durant l’acte. Un acte que l’enfant ne vit pas car son corps, épuisé par ce qu’il endurait couramment, n’avait plus la force de le maintenir conscient. Pas mort, mais déjà un pied dans la tombe, son corps frêle fut amené dans la clinique, soigné, et mis sous garde et surveillance particulièrement rapprochée.
Tout les crimes doivent être punis, tôt ou tard, et dans ce cas, le jugement fut rendu, entraînant une cause à effet : le désarroi de la disparition de cet homme, pourquoi était-il ici, pourquoi sa sœur ne le lâchait plus ?
Dis mon nom. Cette phrase était plus ou moins celle qu’il sortait quand son corps se faisait abuser, comme pour se rassurer qu’il s’agissait de la bonne personne.

Quant à sa sœur, et aux femmes en général, la chose est simple. Au lieu d’avoir une peur des hommes, de ce qu’il a subi, n’ayant compris que plus tard, et donc ayant plus ou moins assimilé la chose, ce ne fut pas ce qui le choqua le plus en ce monde, au contraire.
Voilà ce qui marqua le plus son esprit, la pratique sexuelle l’ayant désabusé au point de ne pas assimiler les deux choses : pour lui, il s’agissait de quelque chose, il ne savait pas quoi, et il connaissait encore moins de choses sur les pratiques entre homme et femme, femme et femme ou homme et homme. Personne n’a jamais osé lui dire en quoi cela consiste, et il ne sait certainement pas que cela existe car ce qu’il a vécu, il ne sait tout simplement pas ce que c’est.
Donc, ce qui s’imprima dans son esprit fut la mort de sa sœur, chose qui, dit ainsi, ne paraît pas choquante. Après la mort de ses parents et leur fuite simultanée, il fut caché par sa sœur avec la Kangourex. Il ne le savait pas encore à l’époque mais elle s’était enfuie, non pas pour se sauver elle, mais pour devenir une cible et faire oublier la présence de son frère et du Pokémon.
Ce qui le marque à ce jour, c’est à la fois la lâcheté des femmes, mais aussi, et surtout, le fait qu’il a vu de ses propres yeux sa fraternité se faire transpercer dans une scène des plus macabres. Avec les temps, il en oublia le fait qu’elle avait tenté de s’enfuir, à vrai dire, il avait, plus ou moins, compris pourquoi elle avait fait ça, bien qu’il soit encore marqué par ce côté-là de sa peur. Non, à ce jour, c’est voir le corps ensanglanté de sa sœur tombée dans le ravin. Il était souillé de sang, de ses parents, de sa sœur blessée, de celui qui avait usé de pédophilie avec son corps. Il était effrayé, non pas par cette couleur mais par les femmes. La voir tomber, pour lui, se sacrifier, une chose pire que penser qu’elle l’abandonnait.
Alors enfant, il la voyait chuter, se mettant à sa place, la voyant s’écraser, sur lui, un corps, mort, de femme. Elle l’étouffait de tout son long alors qu’elle avait disparu et qu’il se trouvait toujours dans les bras reptilien de sa Kangourex. Il n’avait fait que se cacher comme un lâche, tout ce qu’il avait retenu était le corps sanglant de sa sœur qui tombait, et, en se transposant, il la voyait tomber sur lui, l’agresser. Il avait oublié qu’elle ne lui voulait rien, il avait oublié ce genre de détails importants.

Lorsqu’elle le lâcha enfin, il se remit à respirer normalement. Nauséeux, voir quasiment malade, il s’écarta, titubant légèrement dans cette rue d’où ils essayaient de s’échapper. Il mit la main sur le pommeau de son sabre mais tremblait trop pour repousser l’envahisseur. Il tenait à peine debout. Il commença à s’éloigner, le plus possible de cette femme, suivi par le dinosaure matriarche.
Ce toucher avait ressassé des souvenirs déplaisants, ses peurs, ses doutes, ses faiblesses. Personne ne devait l’approcher, il pouvait devenir dangereux, il pouvait attaquer des innocents sans le savoir. Quand il fut au détour d’une rue, il se maintint à la jambe de son Pokémon, la serrant, un peu comme pour se rassurer, l’enfant et sa mère. La créature balançait sa queue, un coup de fouet caudal provenant de ce monstre pourrait s’avérer mortel à quiconque approcherait. Souffler, reprendre ses esprits, se tenir loin de la cause.

[Sheila]

Wooh ! Jamais la jeune femme n'aurait pu envisager qu'il réagirait ainsi pour un simple accolade et pour un baiser sur la joue ! Elle l'aurait embrassé à pleine bouche, encore, elle aurait pu comprendre ! Mais là, quand même, c'était un peu fort ! N'avait-elle pas raison ? Aussitôt, elle le lâcha, sentant le profond malaise qui l'avait envahi, malaise qui avait également troublé la Polichombr qui tournoyait près d'elle. Puis, elle le regarda s'éloigner, regardant la boule de tissu volante avec un air surpris. Qu'est-ce que son geste avait pu faire surgir en lui pour qu'il réagisse de la sorte ? Il avait pourtant l'air gentil, c'était dommage... Trop dommage. Elle n'allait pas le laisser filer !

Alors qu'il s'enfuyait, suivi de son imposante matriarche, la jeune femme décida de partir à ses trousses. Mais de ce qu'elle avait vu de la Kangourex, il ne valait mieux pas se lancer dans une poursuite de front -ou de dos, dans le cas présent, puisqu'ils lui tournaient le dos- et voir comment les prendre dans un autre angle, nettement plus abordable. Elle escalada une caisse et décida de passer par les toits, position beaucoup plus stable et préférable pour elle. Elle commença à les suivre en passant donc par des chemins plus tordus et plus aériens également. Elle veillait à ne pas perdre sa trace, sa Pokémon sur les talons. Pourtant, elle conservait une certaine distance, pour qu'il ne prenne pas peur et finisse par s'arrêter au bout d'un moment.

Une fois qu'il eut stoppé sa course, elle l'observa un peu câliner sa Kangourex et préféra attendre qu'il ait fini, pour bondir juste devant lui. Néanmoins, une fois à terre, elle leva les mains et se recula.

« Je garde la distance, promis, t'enfuis pas... »

Elle le regarda, ne sachant pas trop comment tourner les choses. Quelque part, elle avait besoin de lui, et surtout, maintenant, ils étaient « condamnés » à être ensemble, jusqu'à la sortie de l'île, au moins, puisque Sheila avait dérobé un marchand qu'Helga avait mangé quelques temps après. Ils n'avaient pas vraiment le choix, en réalité, du moins selon la jeune femme.

« Ecoute... J'suis désolée, si j'avais su, j'aurai pas fait ça, j'voulais pas vraiment que tu prennes peur ou autre... Si t'es gay, j'accepterai sans souci mais... Mais là, faut qu'on quitte cette île au plus vite, si jamais on se fait choper, je n'ose pas imaginer ce qu'on va prendre. Et ça n'est pas parce que ta Kangourex a un petit qu'ils vont l'épargner... »

Pour le coup, elle parlait sérieusement. Certes, elle cherchait à le motiver à partir avec elle, mais elle était loin d'ignorer ce que subirait la femelle si jamais on lui mettait le grappin dessus. Elle le regarda, tournant la tête en entendant des voix, vaguement menaçantes, qui se rapprochaient.

« A ta place, j'accepterai l'offre et sans tarder... Je crois qu'on va avoir de la mauvaise compagnie d'ici quelques minutes... »

[Je te laisse conclure je pense ^^]

[Ruby Stone]

Elle... cette femme est du genre collante. Du genre à... l'énerver allègrement ! Le jeune homme se releva, de crainte, dégaina et la découpa en deux. Elle ne devait pas se rendre compte de ce qu'il venait de se passer, elle... avait fait l'erreur de lui parler.

...

Hurlant à s'égosiller, il se roula à demi sur le sol, se prenant la tête dans les mains. Tant de souvenirs, tant de choses, tant de peur, tant d'effroi. Il aurait pu la décapiter net s'il avait écouté sa peur, il aurait pu, mais au lieu de ça, il avait fuis. Il ne voulait pas la tuer, ce n'était pas naturel, elle n'était pas un véritable danger pour lui. Elle ne faisait que l'effrayer, elle n’attentait pas à sa vie, il ne pouvait pas réaliser cette vision.
Il reprit son souffle, haletant. Il devait se montrer plus fort que ses craintes, mais la seule idée qu'une femme l'approche lui instigue déjà des sueurs froides, alors si elle vient à le toucher... il ne savait pas s'il pourrait garder tout ses moyens.

Soudainement, elle réapparut devant lui, alors qu'il allait effectuer un mouvement de recul, c'est elle qui fit marche arrière. Il respira un peu mieux, mais ce n'est pas pour autant qu'il était rassuré. Sa fuite et sa crainte le faisait suer, haletant de surprise.
«
C'est quoi être gay ? Ça se mange ?
»
C'était la seule chose dans l'énoncé de la madame qui sonnait comme une chose totalement inconnue dans son esprit. Pour le reste, il était plus ou moins d'accord. Bon, voilà que la foule arrivait. Ces gens n'étaient pour rien dans leurs actes, pas question de les rayer de la carte alors, il ferait en sorte de s'en aller sans encombres. Il se tint à sa pseudo-mère et lui flatta gentiment les côtes avant d'énoncer.
«
Suis-moi !
»
L’ordre était simple, court et concis. Il fonça dans la ruelle, débouchant sur une allée d’où il se fraya un passage grâce au dinosaure. Sheila sur ses pattes, la matriarche en ligne avant, ils courraient pour leurs survies, fuyant cette île... maudite, c'est le cas de le dire.
Ils dévalèrent cette rue, descendant progressivement vers le port, mais ils tournèrent vers l'une des portes de la ville un peu avant.
Porte qui n'était pas encore fermé, nulle alarme, nulle nuit, en somme, ils pouvaient s'enfuir dans la forêt, traverser quelques distances et traverser la distance qui les relie au continent à la nage, enfin, sur le dos de la femelle. Patile irait sur ses jambes, sinon bonjour la noyade. Le plan était parfait !
Sans nul doute cela l'aurait été s'il ne fut pas engagé dans l'armée dès qu'il eu mis pied à terre. Bon sang de bois ! Ils sont bornés ces soldats, engagés quiconque pour un truc farfelu. Sheila ? Il ne savait même pas ou elle était allée, peut-être s'est-elle faufilé ailleurs, lui en tout cas ne pouvait pas résister, à moins de ne vouloir mourir sur le champ pour "trahison". Mais comment tourne ce monde ?

[Fini]

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