[ Clos ] Entre honnêteté et patriotisme [Épreuve Maître des lames, Kaé]

[Nina Wang]

Spoiler:

Perchée sur Kashi, Nina observait, pensive, le paysage défiler sous ses yeux. Elle avait reçu un message de l’armée, la veille, qui lui ordonnait de faire passer des épreuves à ceux qui le désiraient, en vue de lui offrir le poste d’instructrice militaire à l’Académie de Fla’Or. D’abord étonnée, la jeune femme avait fini par se résigner, puisqu’il s’agissait d’un commandement venu directement des quelques rares militaires à être encore plus gradés qu’elle. Pour elle, devenir Lame-caméléon avait été une sorte d’accomplissement, accompagné d’une sensation d’achèvement qui l’avait emplie de fierté, puis laissée seule avec le vide qui avait peu à peu pris place. Certes, elle pourrait toujours s’améliorer pour être un colonel exemplaire… Et, qui sait, prendre encore du galon. Mais ce n’était certainement pas pour tout de suite, et la seule solution qu’avait trouvée Nina, pour se sentir encore vivante, avait été l’entraînement, sans relâche, et plus difficile que jamais, pendant de longues, longues semaines. Elle avait beaucoup de choses à faire, notamment concernant le dressage de ses Pokémon, et sa maîtrise élémentale n’était pas suffisamment aboutie à son goût. Elle n’était donc pas désœuvrée. Mais sa carrière avait été subitement « relancée », grâce à ce message venu du pays de l’Eau, et malgré ses craintes de ne pas être à la hauteur, elle s’était juré de faire de son mieux, et de former ses candidats à l’excellence.

La promesse qu’elle avait faite à son honneur fut cependant bien vite mise à rude épreuve. Kajin’ avait obtenu son grade la veille seulement, et son aînée avait eu à peine le temps de songer à ce qu’elle ferait faire au prochain challenger qu’une nouvelle missive lui parvint. Comme souvent, elle l’intercepta en vol, passant, ces derniers temps, de nombreuses heures sur sa monture aérienne. Lorsqu’elle vit le nom de la jeune femme, elle n’eut pas de réaction particulière, puisqu’elle ne la connaissait pas. En revanche, elle fronça les sourcils et serra les dents en lisant que, par sa nature même, elle serait sans aucun doute un obstacle que Nina se devait pourtant de franchir. Soupçonnant un « coup foireux » de ses supérieurs, Nina émit un son guttural, comme une sorte de grognement. Puis, sans cesser de se demander ce qui l’attendait, cette fois, elle fit descendre sa Noarfang vers les collines entourant Alfen.

Le lieu de l’épreuve lui avait été annoncé en même temps que celui de Kajin’, afin qu’elle puisse prendre un peu d’avance une fois le duel avec la Nalcienne terminé. C’est donc sans surprise que le rapace nocturne et sa cavalière se posèrent en douceur dans un océan de verdure et de terre chaleureuses. Nina mit pied à terre, rappela son oiseau, qui avait tout de même pu se reposer durant leur courte halte, puis scruta les alentours. Il y avait bien longtemps qu’elle était venue ici, pour un concours, alors qu’elle n’avait que peu de Pokémon. Elle ferma les yeux, laissant une vague de nostalgie l’envahir. Le pays de l’Air était, à l’image de nombre de ses habitants, calme, pacifique et pourtant plein de vie. Une sensation de liberté le parcourait tout entier, en chuchotant à ceux qui voulaient l’entendre des perspectives pleines de rêves. Mais Nina n’eut pas longtemps le loisir de profiter de ce cadre idyllique : en effet, le vent tourna, lui apportant l’odeur d’un humain en approche. Les yeux d’ambre de la guerrière étincelèrent, ses mains se posèrent lentement sur la garde de ses dagues jumelles, et son souffle se fit soudain plus silencieux, plus régulier, moins facile à détecter. Elle était en territoire allié, mais quelque chose lui disait que la silhouette qui se profilait devant elle était étrangère à ce lieu.

Lorsque cette dernière fut bien visible, la fille du major sentit un frisson la parcourir. D’après son aura, cette jeune femme n’était ni d’ici, ni du pays de l’Eau… Et cela ne pouvait signifier que deux choses : soit l’inconnue n’avait absolument aucune maîtrise de l’élément de sa patrie, soit… C’était une ennemie. Il y avait même des chances que ce soit les deux, mais la seule éventualité de devoir faire passer un examen à la faction adverse suscitait chez Nina une colère sourde, muette, et contenue. C’était ça, l’obstacle donc ils avaient parlé ? Effectivement… Il était de taille.

Mais la « conscience professionnelle » de la jeune femme reprit assez vite le dessus. C’était un ordre venu d’en haut et, malgré ses réticences, elle devait s’y plier. Elle la salua d’un geste militaire, puis, fixant l’étrangère d’un air impassible, elle lança, d’un ton neutre :

« Bienvenue en ces lieux de calme et de quiétude. Je suis Nina Wang, colonel de l’armée régulière de Mizuhan, et je suis là pour t’évaluer et déterminer si tu es apte à devenir Maître des lames. Décline ton identité, parle-moi de ton parcours militaire, si tu en as un, et énonce-moi tes motivations pour obtenir ce grade de prestige. Je jugerai moi-même par la suite. »

Malgré une voix ni cassante, ni avenante, Nina avait sans doute été un peu rude dans ses propos. Mais que ce soit du fait de sa formation ou de son caractère dur et inébranlable, elle était ainsi, la plupart du temps. Avec une lueur indéchiffrable dans le regard, elle observa l’inconnue, attendant qu’elle s’exécute.

[Bienvenue en enfer ! Comme tu l’as remarqué, Nina n’est pas ravie de former l’ennemi, mais c’est maintenant son travail d’accéder aux différentes requêtes. Tu dois te présenter, et indiquer pourquoi tu es venue passer cette épreuve. Nous commencerons le test à mon prochain post.]

[Kaé]

[Juste une petite remarque concernant le Solochi : chronologiquement elle l’a attrapé, mais comme c’est pas encore fait je ne le sortirais pas de sa pokéball bien sûr ^^ Autre remarque : la phrase en italique n’est pas de moi, mais elle est juste tellement adaptée à la situation que je me suis permise de la reprendre :P ]


« Euh… » fut le premier et seul mot à sortir de la bouche de la gamine prise au dépourvue pendant plusieurs longues secondes.

Elle avait quittée Alfen assez précipitamment à dos de sa Luxray, Absol courant à ses côtés, Solochi enfermé dans sa ball, le seul endroit où il ne pouvait pas encore faire trop de bêtises. La gamine avait apprécié cette longue course, laissant ses cheveux flotter dans le vent alors que le paysage défilait à pleine allure autour d’elle. Finalement, voler n’était vraiment pas son truc. Elle était plus terre à terre. C’était peut-être du à ses origines, car si elle n’avait certes jamais montré de don pour maitriser la terre, elle venait tout de même d’un pays qui lui vouait un certain culte.

Avec ses yeux perçants, Luxray avait repéré dans les collines la silhouette d’une femme, probablement celle dont on lui avait parlé. Il n’y avait personne d’autre dans les environs, donc sans demander l’avis de sa maitresse, elle bifurqua dans cette direction. Rapidement, Kaé et ses compagnons arrivèrent à la hauteur de leur destination. C’était une femme qui se tenait droite, en garde, l’œil vif. À la vue de sa tenue, de ses armes et de sa posture, la gamine n’eut pas à réfléchir longtemps : c’était sans aucun doute l’instructrice qu’on lui avait attribué. La gamine se dépêcha de mettre pied à terre et s’approcha de la dame, Absol et Luxray restant derrière, un peu plus en retrait. Elle ne les appela pas dans leur pokéball, par manque d’habitude. En général, elle ne leur demandait de rentrer dans leur tanière qu’en cas de nécessité, c’est-à-dire quand on le lui disait explicitement. Sinon ben… Elle oubliait.

Elle fut un peu mal à l’aise devant le salut protocolaire que lui fit la dame, se contentant de s’incliner en signe de respect, assez maladroitement d’ailleurs. Pendant la présentation que la dame faisait d’elle-même, les sourcils de la gamine se levèrent à chaque mot qu’elle prononçait. Et bien, elle en avait de la stature, cette dame là ! Kaé ressassa un peu ses souvenirs, mais à part Vélusia, elle n’avait jamais vraiment côtoyé de si près un militaire en fonction, et la Nalcienne n’était pas aussi gradée. Si la situation aurait été autrement, elle se serait probablement amusée à pousser un sifflement impressionné.

Cela dit, les circonstances ne s’y prêtaient pas. Au contraire. La dame – Nina de son prénom – venait de lui demander de faire la même chose que ce qu'elle avait fait mais avec le parcours de la gamine. Alors bien sûr, le résultat allait être franchement moins impressionnant, d’où le bug de « euh » de la gamine. Au bout d’un moment, comme elle ne savait toujours pas se présenter de manière classe comme l’avait fait la colonel, et finit par se jeta à l’eau sans se soucier de la forme.

« Bon ben euh… Je m’appelle Kaé Xianghua, dompteuse de... euh... rien du tout en fait. Je n’ai jamais fait l’armée, j’ai appris l’art du katana dans une école pas trop mal réputée à côté d’Omashu, par un type formidable qui était samouraï avant… ou chevalier ? Je sais plus tient. Puis si j’veux passer cette épreuve, c’est avant tout pour me tester et voir de quoi je suis capable ; cela fait trop longtemps que j’ai laissé mon ami là – mon sabre – tranquille dans son fourneau, et du coup j’trouve pas ça cool. »

Elle fit une petite pause, levant les yeux au ciel, ses doigts pinçant son menton alors qu’elle réfléchissait encore à quelque chose à dire. Derrière elle, ses Pokémon pleuraient presque de sa performance, dépités et honteux de devoir la clamer comme étant leur maitresse.

« J’ai besoin de me prouver que je vaut quelque chose, » dit-elle avec un air un peu plus sérieux, « et je me suis fait le sermon de montrer au autres ce que je peux faire. Si j’échoue cette épreuve, cela me prouvera que j’ai du travail à faire et me pointera dans la bonne direction pour faire mieux la prochaine fois. Si j’y arrive, cela m'assurera que je suis prête à avancer encore plus loin. »

La fin de son speech était quasiment solennel – enfin, par rapport à son niveau actuel quoi – sans doute parce qu’il était plus honnête. De plus, elle parlait cette fois avec cœur de ses ambitions, et non pas avec sa cervelle de son passé. Parce que bon son passé et bien… Il n’était pas exactement pertinent. Absol et Luxray échangèrent un regard, relevant un peu plus la tête, ne cherchant plus à s’enterrer comme des autruches.

La gamine continua à fixer un point inexistant dans le ciel derrière Nina, avant de lâcher son menton pour faire des larges mouvements de bras.

« Et puis voilà c’est tout je crois ! » conclu la gamine avec un énorme sourire « crochu », reportant son attention sur la militaire.

À ce moment là, si Absol et Luxray avaient pu, ils se seraient explosés leurs mains contre leur visage, exaspérés par la chute nulle de leur maitresse. C’était ce qu’on appelait un ascenseur émotif : c’est-à-dire qu’en l’espace de deux secondes et demie on est très ému et très déçu. La loyauté de ses pauvres Pokémon étaient décidément mise à rude épreuve, autant que la gamine qui commençait bien mal la sienne.

[Nina Wang]

La silhouette qui s’était avancée jusqu’à elle était assez grande, élancée, et avait de longs cheveux noirs brillants. Mais ce fut bien la seule chose que Nina trouva d’élégant en elle : elle avait deux Pokémon, un Absol et un Luxray, cette dernière lui ayant servi de monture pour arriver jusqu’ici, et en soi, c’était déjà une bonne chose… Mais dès qu’elle ouvrit la bouche, elle ne put lâcher qu’un « euh » déplorable qui fit lever les sourcils tout haut à Nina. La suite ne s’annonça pas meilleure : elle s’appelait Kaé (et Nina le savait déjà), était « dompteuse de rien du tout » (ce qui fit jeter un coup d’œil rapide à la guerrière de l’Eau en direction des deux Pokémon derrière la Terrosienne), avait appris dans une école de son pays sans avoir mis un seul pied dans l’armée (la Mizuhanienne serra les dents) et avait pour maître un homme qui était Samouraï… Ou Chevalier. Agacée, Nina foudroya l’adolescente du regard. Un bretteur qui se mouvait avec rapidité et aisance n’avait absolument rien à voir avec le mur défensif et impénétrable que représentait le serviteur dévoué de son pays… Si elle n’était pas capable de faire la différence entre les arts supérieurs dérivés de la maîtrise des lames, la fille du major doutait fort de ses aptitudes à réussir son épreuve. Pourtant, elle la laissa poursuivre.

Elle voulait passer cet examen pour se prouver qu’elle valait quelque chose, selon ses propres mots, et elle affirmait être prête à se remettre en question en cas d’échec. Enfin une bonne chose, dans ce tissu d’âneries… Nina hocha lentement la tête pour approuver ses propos… Avant de laisser échapper un soupir devant la phrase qui semblait malheureusement être la conclusion de sa présentation. La guerrière de l’Eau secoua la tête de gauche à droite, comme pour chasser ce mauvais rêve qu’était la seconde épreuve qu’elle supervisait dans sa carrière, puis se décida finalement à parler.

« Eh bien, Kaé… Votre formation n’a pas l’air mauvaise, mais j’attends une performance bien meilleure que celle que vous venez d’accomplir. J’espère que vous vous débrouillez mieux avec votre arme qu’en matière d’élocution… »

D’un geste du menton, elle désigna brièvement les deux partenaires de la jeune fille, puis reprit :

« Veuillez rappeler vos Pokémon, ou leur indiquer clairement qu’ils ne devront pas intervenir et les faire reculer. C’est votre épreuve, pas la leur. »

Une fois qu’elle eut prononcé sa première réprimande de la journée (et elle sentait, bizarrement, que ce ne serait pas la seule), Nina sortit ses dagues jumelles, dans un bruit métallique ressemblant à un chant. Puis, sans crier gare, elle bondit vers la candidate, fut sur elle en un instant, et l’assaillit de coups avec ses lames, dans tous les sens, de manière imprévisible. Elle sauta ensuite en arrière, commença à décrire des cercles autour de Kaé sans cesser de courir, et soudain, un sifflement étrange trancha l’air qui les séparait. En l’espace de deux secondes, les dagues jumelles du colonel s’étaient allongées, comme une plante qui aurait poussé d’un seul coup. Les deux épées nouvellement formées fusèrent sur la Terrosienne, à toute vitesse, tandis que leur porteuse, déjà, songeait à la prochaine apparence de ses outils de mort…

[Pour cette première passe d’armes, tu dois parer, esquiver ou encaisser un ou plusieurs coups de taille des dagues de Nina. Tu ferais par contre mieux d’éviter les deux énormes épées qui te foncent dessus si tu ne veux pas avoir de sérieuses blessures. Tu es ensuite libre de répondre à l’assaut, avec une ou plusieurs attaques. Je commence doucement, mais Nina ne te ménagera pas, tu es Terrosienne ! Bonne chance.]

[Kaé]

La dame commença par complimenter son parcours, ce qui fit ouvrir des yeux tout ronds à la demoiselle. Sérieusement, elle trouvait son parcours chouette par rapport au sien ? En voilà une nouvelle qu’elle était étonnante. Soit Nina le pensait vraiment et Kaé en était assez honorée, soit – plus probablement – elle disait cela pas pure politesse pour éviter de sortir des insultes à la place. Mais la gamine ne se soucia pas de savoir le pourquoi de la chose, et se contenta de placer ses mains derrière son cou, souriant toujours.

La première petite réprimande concernant sa performance tira un petit rire nerveux à la gamine qui se mit à se démanger le cou d’une main alors qu’elle laissait retomber l’autre le long de son corps. C’était sûr, elle avait jamais aimait la papote de toute façon, préférant les actes aux paroles, parce qu’au moins quand elle faisait une bêtise en agissant, cela faisait rien les gens, alors que quand elle sortait des idioties ça contentait de les exaspérer. Elle allait se justifier avant de se rendre compte que cela ne servirait à rien. Elle pouvait toujours s’excuser et dire que parler ce n’était pas son truc, mais la dame l’avait déjà clairement compris, alors autant ne pas essayer d’en rajouter une couche.

Elle lui demanda ensuite de mettre à l’écart ses Pokémon. Elle fit à nouveau une mine surprise. De toute façon, elle ne pensait pas que dans cette situation, même si elle leur demandait, ils viendraient l’aider. Ils préféreraient regarder le spectacle et se marrer en la voyant galérer. Elle se tourna vers eux en levant une petite sphère qu’elle avait saisie à sa ceinture, leur demandant du regard ce que eux favorisaient. Les deux loups se consultèrent du regard avant qu’Absol ne secoue violemment la tête, faisant comprendre qu’ils étaient mieux à l’air libre.

« Okay, » répondit la miss en rangeant la pokéball, « mais vous avez entendu Madame Wang, d’ac ? Allez faire une promenade, restez à l’écart capich ? »

Le mâle poussa un grognement pour laisser entendre qu’il avait compris, et d’un signe de tête il invita Luxray à le suivre. Ils s’éloignèrent un peu des deux filles, se plaçant un peu en hauteur, au soleil. Ainsi, ils pourraient admirer les performances de la gamine tout en se reposant au chaud, chose qu’ils n’avaient pas pu faire depuis bien – voire trop – longtemps. La Pokémon brillœil en était d’autant plus ravie que cela lui permettait de passer un peu de temps seule avec le désastreux…

Quand ils furent installés, Kaé reportant son attention pour lui dire qu’elle était « prête ».
Elle n’en eut pas vraiment le temps car pendant qu’elle s’occupait d’admirer deux trucs à quatre pattes se lover au soleil, Nina, elle, avait déjà commencé à lui foncer dessus, toutes griffes dehors. Ou en l’occurrence, ici, il s’agissait de deux dagues bien tranchantes qui visaient sans aucun doute possible la gamine.

La jeune fille attrapa le pommeau de son arme, mais comprit immédiatement qu’elle n’aurait pas le temps de la dégainer complétement avant l’impact avec l’autre guerrière. Ne perdant pas son temps, elle chercha plutôt à évaluer la trajectoire du premier coup, ne sortant son katana à moitié de son fourreau pour contrer l’attaque.

Cependant, elle savait que le premier coup était généralement le plus facile à éviter, et d’ailleurs dés que leurs lames s’entrechoquèrent, Nina passa à la suite des réjouissances.

Autre soucis de sa longue arme, à la gamine, c’est qu’il lui fallait aussi de la place pour la sortir de là, et avec la guerrière qui la collait, cela n’allait pas être simple. Mais elle ne pouvait pas se permettre de rester dans cette situation. Au moment où Nina répliqua pour la seconde fois, Kaé balança son bras droit vers la gauche, acceptant de prendre un coup à ce bras en échange du temps perdu mais nécessaire pour dégainer convenablement son arme, assenant un large coup horizontal dans la manœuvre pour éviter le troisième coup qui venait sur elle.

La gamine ne chercha pas à contre-attaquer ou à fuir en reculant, commençant d’abord par bloquer les attaques qui arrivaient, car elles étaient encore trop proche l’une de l’autre pour esquiver correctement. Kaé l’avait laissé approcher de trop près, à cause, comme d’habitude, de son éternelle manque de concentration. Elle ne s’en sortait pas trop mal, utilisant son katana comme bouclier. Cela dit, n’importe qui qui connaissait un peu l’art du combat voyait qu’elle était en difficulté.

Y’avait un problème dans ce qui se déroulait. Bien plus grave qu’une histoire de distance.
Elle était rapide.
Kaé n’avait jamais combattu au corps à corps que contre des adversaires plus puissant et plus fort qu’elle, et elle avait toujours compté sur sa vitesse pour prendre les devant et éviter les coups. Là, elle ne pouvait plus. Pire, son arme longue par rapport aux courtes de la soldat la mettait en difficulté.

Quand Nina recula brusquement, Kaé n’en demanda pas moins pour respirer un coup et pointer son arme comme un vrai sabre cette fois-ci. Positionnant ses pieds, elle suivit la colonel des yeux sans faire beaucoup de mouvements alors que celle-ci tournait autour d’elle. Elle se contentait d’essayer de la garder en face, refusant de la laisser passer dans son dos.

« Hein ? »

Ce fut à peu prés la réaction de la gamine lorsque les lames de la soldat, qu’elle pensait arriver à garder à une distance de sécurité, s’allongèrent. C’était la première fois qu’elle voyait un tel truc. Elle maitrisait l’acier ou quoi ? Ça sortait d’où ça ?

Et évidemment, le temps que Kaé se pose ses questions, les deux épées lui arrivaient dessus. Réagissant à la dernière seconde, la fille plia les genoux pour se retrouver accroupie et éviter le premier assaut. Mais si elle ne voulait pas prendre les dagues dans le dos, ou pire, la nuque, elle devait réagir immédiatement. Faisant tremplin avec ses pieds, la gamine fit un roulé-boulé sur le côté, levant son arme pour la faire entrechoquer avec celles de la dame et lui permettre de se relever. Dans son mouvement, la gamine fit pivoter son katana, de façon à ce que les lames de la militaire se trouvent en dessous de la sienne, imposant un certain poids pour forcer Nina a baissé ses épées. Puis elle tenta un coup horizontal, suivant la ligne de ses maintenant très longues dagues pour tenter de toucher la colonel.

Elle savait que cela ne serait pas suffisant pour tout de suite, mais ce serait un début d'offensive de sa part, parce que pour l'instant, elle était restée très – trop – en retrait de la situation.

[Nina Wang]

Dès que Nina eut lancé les hostilités, la première chose qu’elle nota fut le manque flagrant de concentration de la Terrosienne. Le duel venait à peine de commencer que déjà, elle se retrouvait à bloquer les assauts de l’examinatrice avec un katana à demi dégainé. Elle s’était laissée prendre de vitesse, et elle n’avait désormais ni le temps, ni la place pour donner à ses mouvements l’ampleur que nécessitait le maniement d’un tel objet. Elle choisit même de « sacrifier » un bras pour faire diversion et faire enfin glisser la lame hors de son fourreau. Enfin, elle put envoyer un coup de tranche dans la mêlée furieuse qu’étaient les dagues de Nina, qui recula finalement pour lui tourner autour.

Comme prévu, Kaé était restée abasourdie devant la transformation des armes jumelles dont se servait la guerrière de l’Eau. Et il n’y avait rien d’étonnant à cela : si elle ne savait pas faire la différence entre un Chevalier et un Samouraï, il était très peu probable qu’elle connaisse l’existence de bretteurs capables de modifier la forme de leur arme sans être natifs du pays de la Terre. Nina constata tout de même qu’elle avait de bons réflexes, sans doute responsables de son opportunité de demander à être évaluée, à défaut d’une concentration pourtant fondamentale dans un combat. L’adolescente parvint en effet à éviter les épées une première fois, d’une flexion des genoux, puis se fit se heurter son arme sur celles de la guerrière de l’Eau, se redressa, et fit basculer son katana pour se retrouver en position de force par rapport à elle. Enfin, elle asséna un nouveau coup de tranche dans l’espoir de toucher le colonel d’armée. Mais c’était sans compter les propres réflexes de la militaire de carrière qui, d’un bond, se propulsa assez haut pour ne sentir que le déplacement d’air généré par la lame sifflante sous ses chaussures à talons, sa marque de fabrique. Si les « bottines » pouvaient paraître déplacées dans un affrontement pareil, elles n’étaient pourtant pas seulement esthétiques. En effet, la jeune femme atterrit avec force sur l’extrémité du katana, prit une impulsion puissante avec ses jambes entraînées, sauta de nouveau et, en tournoyant, décocha un coup de pied à son « ennemie » en plein vol, en un temps si court que Kaé avait tout intérêt à récupérer aussitôt la maîtrise de son arme une fois celle-ci libérée de la masse de Nina. Cette dernière ne s’occupa pas de savoir si son coup avait fait mouche ou non : elle se réceptionna sur ses mains, sur lesquelles elle prit appui, tout en donnant une forme nouvelle à ses épées.

La transition se fit rapidement, avec un léger passage par l’aspect « dagues » avant de donner naissance à une autre arme. Lorsque la fille du major retrouva le sol sous ses pieds, elle tenait dans ses mains deux espèces de « O » séparés en deux par une barre transversale qui tenait lieu de prise pour les doigts. La lettre « θ » grecque venait de se matérialiser en prenant l’apparence de lames tranchantes, acérées et mortelles. Nina raffermit alors sa prise sur ses outils d’examen et fonça littéralement sur Kaé, se donnant de la vitesse avec des jets d’eau sous ses pieds qui donnaient l’impression que la jeune femme lévitait au-dessus du sol. Au dernier moment, elle bifurqua, puis pivota sur elle-même pour tourner rapidement et faire succéder ses deux thêtas l’un après l’autre, sans distinction possible entre les armes jumelles. Plusieurs solutions s’offrirent alors à la Terrosienne : elle pouvait choisir d’essayer de suivre le mouvement en tentant de l’intercepter et d’enrayer le processus, de s’écarter et de trouver une faille dans l’enchaînement, ou de parer chacun des coups rapides qui lui arrivaient dessus.

Au bout d’un moment, Nina changea à nouveau de tactique et fit fusionner ses armes pour tenir une faux longue et brillante. D’un mouvement sec, elle envoya une lame d’eau, qui était l’exacte copie de l’attribut de la Faucheuse, lame qui siffla comme si elle avait été faite d’acier en direction de la Terrosienne. Le colonel d’armée ne s’arrêta pas là : elle se mit à agiter sa faux en diagonale, passant de l’une à l’autre sans prévenir, et sans discontinuer. L’adolescente qui lui faisait face avait tout intérêt à parer à la même vitesse et à prévoir tous les déplacements si elle ne voulait pas récolter une vilaine entaille qui irait tenir compagnie à celle apparue au début du combat.

[Tu as pas mal de choses qui te tombent sur la figure : un pied, une tornade de thêtas, une lame d’eau et une Nina déchaînée. XD C’est à toi de choisir ce que tu esquives ou encaisses, sachant que si tu évites tout sur ce post, il te faudra, à un moment ou à un autre, prendre un coup quand même. La différence de niveau (et de concentration, évidemment ) ne permettra pas à Kaé d’échapper à la fureur de Nina bien longtemps… x) Bon courage !]

[Kaé]

Le coup de la gamine n’atteignit pas son but, mais cela la demoiselle s’en doutait un peu. C’était trop simple et évident pour espérer avoir une combattante a priori très expérimentée. Mais comme le but premier était de tester avant d’asséner, la gamine n’en tenu pas rigueur et fit mine que tout allait bien.

Enfin, tout allait presque bien, sauf peut-être la manière dont la femme avait évité son coup. Elle avait fait un bond impressionnant, passant par dessus l’arme de Kaé comme si elle jouait à saute-mouton avec. Le cerveau de la gamine se mit à battre son plein – c’est-à-dire pas grand chose, mais faut faire avec ce qu’on a – analysant ce qu’il venait de se passer. Clairement, Kaé n’était pas capable de faire un truc pareil, et cela prouvait que la dame ne la dominait non pas seulement en termes de vitesse, mais aussi en matière d’agilité. Et ça, pour la gamine, c’était très mauvais. Toute sa stratégie était basée là dessus, et voilà qu’elle croisait quelqu’un qui, pour la première fois, l'excellait de loin dans ses propres domaines. Elle allait donc devoir changer de méthode, et vite.

Quand Nina bondit sur son katana, la fille en fut déstabilisée et tomba un peu en avant, avant de remarquer que son adversaire portait des bottines à talons. Kaé en fut assez surprise, elle qui était incapable de tenir sur la moindre chaussure surélevée, cette dame arrivait non seulement à marcher avec, mais aussi à se battre et même faire des pirouettes impressionnantes. Donc, en plus de la vitesse et de l’agilité, la colonel avait aussi l’équilibre. Mais bon, ça, ce n’était pas trop grave, car Kaé n’en avait jamais eu de toute façon, donc les dernières trois secondes de pensées étaient parfaitement inutiles et déplacées.

Mais pendant que la gamine vaquait à ses idées futiles, Nina elle ne chaumait pas, elle, préparant un habile coup de pied contre la fille. Guidée par le mouvement d’impulsion de Nina, le sabre de Kaé décrivit une courbe vers l’arrière, mettant – involontairement mais on ne le dira pas – son arme hors de porté de la guerrière. Voyant le coup qui arrivait vers elle au dernier moment à cause de ses concepts idiots, Kaé eut à peine le temps de rentrer la tête et de mettre son bras gauche en avant pour se protéger des coups qui arrivaient. C’est là qu’elle comprit l’utilité des renforcements dans les chaussures de Nina. Ben ouais, les talons, ça fait drôlement mal.

Après avoir été projeté en avant la gamine fit la même dans l’autre sens, agissant comme un punching-ball avec lequel on se plaisait à jouer. Le coup de pied qu’elle avait reçu était très virulent, et elle sentait son avant-bras hurler au scandale. Relâchant la pression sur le dit bras, elle le laissa pendre le long de son corps, prit le temps d’inspirer longuement pour ne pas se laisser dépasser par la douleur. Elle n’était pas insensible, loin de là, mais pouvait se montrer capable de ne pas se laisser avoir par la souffrance, tant qu’elle était raisonnable bien sûr. Elle allait laisser son bras en dehors du combat pendant quelques temps, jusqu’à ce qu’elle puisse le réutiliser sans être déconcentrée par la douleur – comme si elle avait besoin de cela pour être déconcentrée mais bon.

Le temps que la gamine respire, la colonel s’était redressée et fonçait sur elle, encore plus rapidement qu’avant par un tour de magie que Kaé n’essaya pas de comprendre – c’était sans doute trop évolué pour elle. En temps normal, la demoiselle aurait esquivé les mouvements destructeurs qui fusaient vers elle, selon sa tactique habituelle. Mais là, elle avait comprit que cela n’allait pas marcher. Elle n’avait pas la vitesse nécessaire pour lutter contre Nina. Il fallait donc qu’elle puise sur autre chose.

Elle se mit à parer les coups qui arrivèrent sur elle, essayant de devenir un mur de pierre plutôt que le courant d’air qu’elle était d’habitude. Les coups étaient rapides et sa défense moyenne, mais petit à petit elle commença à attraper le coup de main. En effet, si elle ne pu s’abriter contre le deuxième coup qui entailla d’une ligne sèche sa peau qui se mit à ruisseler de sang, le troisième coup fut maladroit mais évité, ainsi que les suivants.

Elle pensait bien s’en sortir quand Nina changea la forme de ses armes. Cette fois, ne cédant pas à la surprise, Kaé se contenta d’un sourire en coin, prête à s’attaquer à une arme plus massive que la précédente.

Sauf que du coup, bien sûr, elle se laissa totalement avoir par l’eau qui l’aspergea à la figure.
Le coup la heurta donc de plein fouet, la faisant reculer de plusieurs mètres alors qu’instinctivement elle leva son bras gauche au niveau de son visage – oui, même après coup – pour se « caresser » sa figure endolorie. Sa bouille la brûlait, et elle peina à rouvrir les yeux, qui, même entrebâillés, la faisait voir flou. Entendant la lame siffler, elle l’évita en reculant faisant des bonds pour espérer sortir de sa portée. Elle savait qu’elle ne pouvait faire cela indéfiniment, mais ses yeux meurtris ne voulait pas la laisser observer ce qui se passait.

Ainsi, la dame n’était pas seulement maitresse de l’acier, mais également de l’eau… En même temps, étant de Mizuhan, cette information était moins étonnante que la précédente. La gamine aurait pu s’en douter, mais à nouveau sa naïveté d’avoir un instant penser qu’elle avait tout compris lui avait coutée chère. Il était peut-être tant de sortir de cette phase « d’observation » – ou de souffre-douleur pour la femme en face plutôt – et de réagir un peu.

N’y voyant toujours pas très clair, Kaé fit jouer brièvement son bras gauche. Bon, ce n’était pas la joie, mais le coup qu’elle avait reçu s’atténuait assez pour qu’elle puisse l’utiliser sans hurler. Elle espérait juste qu’il n’allait pas la laisser tomber sans prévenir, ce ne serait pas très chouette de sa part.

Positionnant son katana devant elle, elle agrippa son fourreau des deux mains. C’était habituellement comme cela que ce maitrisait cette arme, mais elle avait toujours préféré privilégier les coups libres et instinctifs, d’où sa manière non-conventionnelle de manier ce sabre. Mais maintenant, elle allait avoir besoin de force et de précision plutôt que d’agilité et de souplesse. C’est ainsi qu’Ishitso avait toujours réussi à la battre, et elle était prête à tester cette nouvelle technique. Sa vision n’était toujours pas claire, des larmes coulaient de ses yeux, mais elle se força de les garder ouverts pour au moins connaître la direction du coup lancé par Nina. Gauche, droite, gauche, gauche… À chaque fois, la gamine s’appuya sur ses pieds, se tenant solidement sur ses appuis, et faisait un peu bouger son katana allongé devant elle. Si elle encaissait toutes les attaques, elle avait moins besoin de bouger que d’habitude, mais en contre partie son endurance, assez faible déjà, en prenait un coup.

[Nina Wang]

Le passage rapide de Nina sur l’arme longue et effilée de Kaé avait suffi pour que l’adolescente soit déstabilisée, et le katana fut immédiatement assez loin du colonel pour ne plus l’inquiéter. En revanche, on ne pouvait pas en dire autant du pied de la Mizuhanienne : en effet, le talon heurta le bras gauche de la Terrosienne levé en hâte pour protéger sa tête, et d’après la grimace que fit Kaé, ça n’avait pas été spécialement agréable… Et lorsque Nina se retourna pour faire face à la candidate, elle eut la confirmation que le membre serait inutilisable pour un bon moment, puisqu’il pendait désormais lamentablement le long de son corps. L’épreuve était loin d’être terminée, mais l’adolescente avait déjà pas mal souffert, même si elle tentait courageusement de faire comme si tout allait bien.

Cependant, Nina ne fit montre d’aucune pitié, la noyant sous un déluge de coups, et sentit l’une de ses lames trancher la chair de Kaé, en y entrant comme dans du beurre. L’estafilade n’était pas profonde, puisque la Mizuhanienne ne portait que des coups de tranche d’une puissance moyenne. Mais elle s’ouvrit si vite qu’immédiatement, le sang en jaillit, et Nina fixa la blessure sans ciller, voyant là une piste exploitable plus tard. Mais elle se contenta de continuer son assaut, remarquant qu’enfin, Kaé commençait à prendre le pli et à comprendre le rythme des coups qui lui pleuvaient dessus.

Et en parlant de pluie…

Le petit sourire narquois que s’autorisa la Terrosienne fut vite effacé quand la fille du major lui balança une lame d’eau qui la sonna momentanément, en plus de la faire reculer de plusieurs mètres. Mais surtout, elle se trouva temporairement diminuée dans son évaluation des formes et des distances, puisqu’elle voyait flou à cause de l’Or Blanc qui l’avait arrosée. Elle réussit cependant à retrouver une certaine maîtrise de son bras gauche, et parvint tant bien que mal à esquiver, par de petits bonds successifs, les sifflements annonciateurs de la proximité de la faux de Nina. Avec sa vue brouillée, elle se repérait sans doute grâce au son, et le colonel songea brièvement qu’elle avait de la chance de ne passer qu’une épreuve de Maître des lames. En effet, si la militaire ne retenait pas ses coups, elle ne donnait pourtant pas la pleine mesure de ses talents ; dans le cadre d’une évaluation pour un rang plus prestigieux, elle aurait probablement déjà troué la peau de cette adolescente décidément pas très concentrée…

La dernière réflexion de Nina fut aussitôt repoussée, dans son esprit, par la vision que lui offrit la Terrosienne. Enfin, elle se saisit de son katana avec ses deux mains, campée sur ses jambes, et prouva à Nina qu’elle savait manier son arme comme il le fallait. Elle se mit à encaisser les coups de faux d’une manière plus digne que tout ce qu’elle avait montré jusqu’alors, et la militaire pensa que ce n’était quand même pas trop tôt. D’un bond rapide en arrière, elle fut hors de portée du katana ennemi, et parla pour la première fois depuis le début de l’épreuve.

« Eh bien, tu t’es décidée ? Il était temps ! Mais ce n’est pas fini… Prépare-toi… Parce que j’arrive !! »

Joignant le geste à la parole, elle s’élança, fonçant sur l’adolescente… Mais se détourna d’elle au dernier moment, pour plonger vers le sol et raser la terre de sa lame, qui venait de se changer en épée longue et fine. Kaé avait tout intérêt à sauter pour ne pas se faire faucher et s’écraser par terre… Car Nina ne comptait pas en rester là. En se jetant sur le côté pour effectuer une roulade rapide, elle reporta son attention sur la plus récente blessure que la Terrosienne avait gagné durant la bataille, plissa ses yeux d’ambre… Et réussit à atteindre son but.

Si elle était désormais à l’aise avec la glace, qui se trouvait être très proche de l’eau, et n’en différer que par sa forme et sa température, la maîtrise du sang représentait encore quelque chose d’assez obscur pour la guerrière de Mizuhan. Mais elle avait commencé à s’intéresser à cet aspect des pouvoirs de son pays et, si elle n’avait encore jamais testé de manipuler celui d’autrui, les essais sur son propre fluide vital étaient assez concluants pour qu’elle se permette de tenter la manœuvre. Elle se redressa promptement, se focalisa sur le sang qui n’avait pas encore commencé à sécher, puis effectua un mouvement sec de la main droite. Aussitôt, le liquide carmin sembla se rassembler, se solidifier, puis prit la forme d’une lame acérée qui jaillit à quelques centimètres de la plaie d’origine. L’arme improvisée ainsi créée était d’une taille assez petite (une trentaine de centimètres), et c’était tout ce que pouvait faire Nina dans l’état actuel de sa maîtrise du sang, mais elle était suffisante pour entailler sérieusement la peau d’un être humain. Le minuscule tantô fusa vers la main droite de Kaé, dans le but avoué de la désarmer, ou au moins de la blesser… Et tandis que sa petite création était à l’œuvre, Nina sauta, une hache à double tranchant dans la main gauche, tandis que sa main droite tenait un poignard, incurvé, souple et coupant. Elle arriva alors rapidement sur la Terrosienne, par en haut, et elle poussa un cri pour accompagner ses mouvements coordonnés et avertir l’adolescente. Il s’agissait peut-être d’une épreuve, mais la fille du major, vu la concentration extrême de la candidate, ne tenait pas à tuer par inadvertance un candidat qu’on lui envoyait avec l’intention de la former pour le poste qu’on lui destinait. La hache d’armes s’abattit verticalement, tandis que le poignard, en chantant sa soif de sang et sa haine, sifflait de droite à gauche, vers le cou de la jeune fille.

[Comme tu as pu le voir, Nina ne maîtrise pas le sang, vu qu’elle n’est que Guerrière élémentale (rang 2, donc). Mais vu qu’elle sait manier les lames d’eau, et qu’elle a commencé à découvrir qu’elle pouvait se servir du sang, tu lui sers de cobaye. :P Un balayage, une riposte de ton corps pour l’avoir laissé se faire blesser, et deux lames de natures différentes, voilà le menu pour cette fois ! Bon courage !]

[Kaé]

Quand Nina lui lança sa réplique, la première chose à laquelle pensa la gamine c’était : « décidée de quoi ? » Elle ne comprenait pas le message que la colonel essayait de lui faire passer, mais ne s’attarda pas dessus non plus. Ne l’avait-elle pas prévenue qu’elle « arrivait » ? Nina avait été assez sympa pour le lui signaler, la moindre des choses que pouvait faire la gamine c’était de se préparer à contre-attaquer. Prenant ses appuis, elle fixa la dame, espérant pouvoir ainsi déterminer son prochain mouvement.

Dés qu’elle vit la soldat entamer son plongeon, la gamine comprit immédiatement son intention ; ce coup là, ne l’avait-elle pas elle-même déjà utilisé à maintes reprises ? Elle prit appui pour sauter par dessus la guerrière, bondit au dernier moment, mais pas très haut, au contraire. Elle rasa presque son ennemi, pointant son katana vers le sol, se préparant à l’enfoncer dans le dos de la colonel. Curieusement, elle ne se soucia même pas de potentiellement tuer son examinatrice, car elle savait que la dame était plus maline qu’elle et que la riposte ne se ferait pas attendre.

D’ailleurs, juste avant que son katana ne la touche, la dame avait tourné, changeant brusquement de direction. Du coup, évidemment, l’épée de Kaé s’enfonça profondément dans le sol assez meuble de la prairie. La gamine lâcha son katana qui se tenait droit tout seul, l’observant assez bêtement. Pendant ce temps, absorbée par le fait que magie son sabre restait debout sans qu’elle ne l’aide, elle ne remarqua pas la manipulation de Nina sur le sang qui coulait de son bras droit. Elle allait tenter de récupérer son arme quand un pic de douleur retentit du dos de sa main. La regardant, elle vit une pointe de sans cristallisé fiché dedans, qu’elle ôta grâce à sa main encore libre. Regardant le pic, elle le trouva lugubre, mais ne s’en débarrassa pas pour autant, le serrant dans sa paume gauche, des petits craquements se firent entendre, le pic se scindant en deux. Elle cacha les deux morceaux dans la ceinture de sa jupe.

Ce n’étaient pas des bouts très solides, mais cela pourrait faire des projectiles intéressant pour servir de distraction par exemple. Maintenant, du sang ne coulait plus seulement de son bras droit mais aussi de sa main et… D’ailleurs, y’en avait pas beaucoup là, sur son bras… Elle avait saigné plus que cela, non ? Son esprit eut un éclair de génie – chose rare – et elle comprit que le sang que Nina avait utilisé contre elle était donc ben le sien – voilà on peut pas vraiment dire que cela soit du géni parce que n’importe qui aurait comprit cela il y a dix minutes déjà mais on va se mettre à son niveau. Regardant sa main à nouveau, elle rangea dans un coin de sa tête l’idée qu’il faudrait qu’elle se bande ses plaies si elle en avait le temps pendant le combat, histoire que cette feinte là ne se reproduise plus.

La gamine fut tirée de ses pensées par son examinatrice qui fonçait à fond la caisse sur elle, qui était toujours désarmée. De ses deux mais, elle saisit le pommeau de son arme et essaya de la tirer du sol. Agissant un peu trop précipitamment, elle s’agrippa trop fort à son arme et fit une galipette arrière lorsque celle-ci sortit du sol sans difficulté. Sur le dos, le katana toujours en main, elle roula pour éviter le premier coup de hache, tout en parant le poignard de son arme. Quand Nina pivota sur elle-même en soulevant à nouveau son arme lourde pour asséner le deuxième coup, Kaé en profita pour relever ses jambes contre elle, avant de les lancer vers le torse de la dame. Si elle pensait ne pas l’avoir atteinte, cela l’aida au moins à lui donner la place de se relever, face à la guerrière. De nouveau, elle tenait son katana dans les deux mains et après avoir contrer le poignard une fois de plus, elle utilisa sa force – ou ce qu’elle avait de force – pour repousser la lame contre Nina, tentant de contre-attaquer en faisant pivoter son arme et elle-même par la même occasion, pour donner une impulsion plus forte et éviter le coup de hache qui retombait vers elle. Elle voulait rester au maximum du côté de la colonel qui maitrisait la dague, car elle se savait capable de la contrer, alors que la hache, elle devait se contenter de l’éviter, alors que c’était une stratégie qui marchait moyen sur la dame. Elle espérait rendre la pareil en touchant le bras de la dame, se décalant toujours pour éviter les éventuels coups de la hache, qu’elle surveillait du coin de l’œil.

[Nina Wang]

Heureusement pour elle, Kaé avait pu éviter l’attaque en piqué de son impitoyable examinatrice. D’un bond, elle s’était mise hors de portée de la lame de Nina, et avait tenté d’enchaîner avec un coup direct… Mais son katana ne rencontra, au lieu de la chair de la Mizuhanienne, qu’un sol meuble et fertile. En effet, la guerrière avait déjà prévu son prochain mouvement, et la roulade sur le côté qui suivit son plongeon lui permit d’esquiver le long katana pointé sur son dos vulnérable l’espace d’un instant. Le colonel continua dans son idée et regarda le sang sur la plaie de la Terrosienne qui, chose pour le moins déroutante, fixait d’un air ahuri son arme fichée dans la terre des collines d’Alfen… Ce qui n’arrêta pas le moins du monde Nina, qui effectua quand même sa manipulation du fluide vital de son « ennemie ». La douleur seule fut capable de tirer Kaé de la contemplation béate de son arme momentanément inutilisable, et elle eut sans doute une idée assez intéressante, pour briser en deux la lame de sang et la cacher ensuite. Au moins, dans cet océan de bêtise que semblait être le cerveau de l’adolescente, il y avait parfois un éclair de bon sens… Et ces rares moments de lucidité et de pragmatisme lui avaient sans doute sauvé la peau jusqu’à maintenant.

Mais il lui faudrait bien plus que de simples illuminations passagères pour espérer éviter des blessures supplémentaires de la part de son examinatrice. En effet, celle-ci lui fonçait déjà dessus, avec deux armes de tailles et de masses différentes, et elle enchaîna les coups assez vite, ce qui laissa à peine le temps à Kaé, à présent sur le dos comme une tortue sur sa carapace, de rouler sur le côté pour éviter le premier coup, puis de parer. Elle avait beaucoup de chance, car en situation de combat réel, elle serait sans doute déjà embrochée comme un vulgaire bout de viande au bout d’une lame ennemie. Se retrouver au sol, même après avoir récupéré son arme, ce n’était jamais très bon signe. L’adolescente put tout de même se reprendre en se propulsant sur ses jambes, frôlant de près la poitrine de Nina, qui créa une fine couche de glace par réflexe pour se protéger. Finalement, la cadette choisit de parer le poignard, tout en espérant réussir à éviter la hache d’armes… La stratégie aurait pu fonctionner avec un manieur de lame simple, ou avec un Chevalier, mais avec le style de combat de la fille du major, ce n’était pas exactement la meilleure attitude à adopter. En effet, Kaé put se prévenir d’un coup de hache pendant une vingtaine de secondes, mais le moment arriva où elle ne suivit plus le mouvement de la lourde hache, et sa première erreur, durant leur confrontation pour savoir qui arriverait à passer derrière l’autre, lui coûta cher. En effet, l’outil de mort à double tranchant frappa une première fois, entaillant profondément la peau de la Terrosienne au niveau du flanc, sous le sein droit. La plaie, sanglante, fit son œuvre, et malgré la grimace de sa cadette, Nina s’imposa, parvenant enfin à passer la défense du katana effilé. D’un coup sec du poignet, elle fit pivoter son poignard incurvé, fit un pas de côté, appuya sur la lame de Kaé et, de sa main gauche, remplaça l’arme longue par son homologue à double tranchant. Immédiatement après, elle trancha d’un coup sec de la main droite, ouvrant la chair du dos de la candidate d’une estafilade sanglante qui lui zébra le dos en diagonale, du haut de l’épaule droite jusqu’au niveau de la fesse gauche. Puis, en croisant ses lames disparates devant elles, elle fit trois bonds en arrière pour se mettre hors de portée d’une éventuelle réplique.

Alors que Kaé se tournait vers elle pour ne pas la perdre de vue, Nina l’observa attentivement. Entre son bras gauche qui n’était pas très flamme, son bras droit entaillé, sa main droite dans le même état, la blessure au flanc, et la dernière, sans doute la plus grave, qui barrait son dos, la Terrosienne devait commencer à voir trente-six chandelles, ou au moins à fatiguer. Elle avait clairement moins d’expérience que la guerrière de l’Eau, qui était quasiment née pour combattre, et qui avait passé une grande partie de sa vie à être formée au maniement de l’arme, sans pour autant que les études ne soient négligées, bien au contraire. Mens sana in corpore sano, disait-on, et cela s’appliquait particulièrement à la fille du major. Cependant, le plus flagrant défaut de Kaé était sans nul doute son cruel manque de concentration… Et cela lui avait valu de récolter de jolies plaies bien nettes sur toute la surface de son corps. En plissant ses yeux d’ambre, la princesse changea la forme de ses lames pour tenir deux katanas, copies pas tout à fait exactes de celui qu’utilisait l’adolescente. L’épreuve touchait à sa fin, d’une part parce que la candidate saignait de presque toutes ses blessures, et d’autre part parce que Nina ne tenait pas à tuer les challengers que lui envoyaient son pays. Il y avait aussi une autre raison, plus obscure et moins louable, qui poussait Nina à ne pas poursuivre plus longtemps son examen. Elle avait en face d’elle une Terrosienne, une ennemie en temps de guerre (voire en temps de paix, selon l’agressivité et le nationalisme des Erasiens du continent), et elle considérait l’avoir suffisamment éprouvée pour affirmer qu’elle était apte à obtenir son grade… Malgré sa difficulté à se concentrer, bien sûr. Si la fille de l’Eau avait eu un candidat de son alliance à évaluer, elle l’aurait peut-être testé encore et encore, pour être bien certaine qu’elle savait se battre et survivre sur un champ de bataille, et ce en dépit des blessures. Mais voilà, Kaé était de Terros, et elle était assez blessée pour voir ses mouvements être ralentis, voire entravés. Nina avait fait son travail, mais elle n’en ferait pas plus, et pas moins. Elle l’avait mise à l’épreuve, et l’examen durerait le temps nécessaire à l’appréciation de ses capacités, point barre…

Ce qui ne signifiait pas qu’elle en avait terminé avec la gamine en face d’elle. Raffermissant sa prise sur ses katanas jumeaux, et sentant ses jointures craquer sous ses gants, Nina dit d’une voix forte, mais toutefois sans crier :

« Te voilà bien diminuée, Kaé… J’espère que tes blessures seront occultées et ne te feront pas perdre mes lames de vue… »

Le colonel sauta, filant à toute vitesse sur l’adolescente. En plein vol, elle se mit à tournoyer sur elle-même, ses lames dans l’alignement de ses bras tendus sur les côtés, et c’est une toupie sifflante et tranchante qui arriva droit sur la Terrosienne, par les airs, et dont le centre fixait Kaé d’un œil insondable. Si la candidate arrivait à parer sans esquiver, elle aurait sans doute le droit d’être appelée « Maîtresse des lames » par ses pairs… Mais ce moment n’était pas encore arrivé, et il lui fallait trouver un moyen de contrer la machine pour apercevoir le titre tant convoité.

[Comme convenu, tu as gagné deux blessures supplémentaires. GG ! Le bon sens, mais aussi le côté loyal de Nina envers son pays la poussent à mettre fin à l’épreuve de Kaé à mon prochain post. Courage, tu y es presque. ;)]

[Kaé]

Kaé s’était concentrée – oui je sais c’est drôle – sur le poignard qu’elle avait considéré comme étant plus dangereux que la hache, du fait simplement qu’il était plus agile et rapide alors que la hache était un gros patapouf à côté. Elle pensait qu’elle aurait pu réussir à éviter le pire en le regardant du coin de l’œil, de manière distraite. Après tout, la dame « s’était contenté » de lui faire faire des allés-retours, ce n’était pas quelque chose qu’elle se croyait incapable d’esquiver.

Cela dit, elle avait tord.
Elle le comprit trop tard lorsque le tranchant entama sa chaire, laissant une trace brulante sur sa peau. Déconcentrée par sa blessure, le temps qu’elle grimace en fermant brièvement les yeux Nina en profita pour se dégager de sa garde et l’enticher d’une seconde plaie qui cette fois-ci arracha un petit cri à la demoiselle. Quand la colonel recula pour admirer son « œuvre », Kaé se courba légèrement en avant, haletant. Elle avait déjà subies de très nombreuses blessures graves, et y avait toujours survécu, mais aussi loin que remontaient ses souvenirs, c’était la première fois qu’elle laissait un adversaire s’en prendre à elle de dos de la sorte.

La gamine ferma les yeux et pesta. Franchement, elle faisait un sale boulot depuis tout à l’heure. Certes, elle s’attaquait à plus fort qu’elle, mais ce n’était pas une raison pour se laisser aller de cette façon. Elle allait devoir faire mieux que ça. Pour l’instant, elle avait juste prouvé à la dame qu’elle se laissait avoir à la surprise et qu’elle était incapable de mener une contre-attaque correctement. Kaé avait toujours été très pragmatique et terre à terre, connaissant ses limites et étant capable des les évaluer par rapport à autrui. Et là, dés qu’elle avait comprit qu’elle n’avait aucune chance contre la colonel, elle avait quasiment laissé tomber l’affaire. Et ça, ce n’était pas bon. Pas bon du tout même. Quoi, elle voulait que la dame croie qu’elle était une sorte de bout en train même pas capable de faire preuve de persévérance ? Pour l’instant, c’était tout ce qu’elle avait prouvé, alors pourquoi l’autre penserait le contraire ? Si elle était venue là pour se tester, la moindre des choses était de montrer ce dont elle était capable.

Et si en réalité, elle n’était capable de rien ? Et si elle n’avait pas le niveau pour s’attaquer au monde des grands ? Là, la question ne se posait même pas, elle n’avait pas ce niveau, elle manquait encore d’expérience.

Et alors ?
L’idée fusa en elle, la faisant ouvrir les yeux.
Il lui manquait quelque chose quand même, un truc qui devrait lui faire parvenir à faire la différence. Un peu… d’ambition.
Elle s’était toujours contentée de suivre le résultat qu’elle prédisait au début d’un combat, sans trop chercher à troubler cet ordre. Quand elle combattait contre un ami, elle le faisait toujours pour le plaisir, pour s’amuser, sans se préoccuper de a fin. Quand elle combattait contre un ennemi, elle prédéfinissait le match, et se contentait de suivre cette voie. Peut-être que la seule chose qui l’empêchait de voir plus loin c’était elle-même.

Elle se remémora ses duels contre Ishitso. Jamais elle n’en était sorti avec l’impression d’avoir mal combattu ou pas bien géré son coup. Et pourtant, elle n’avait jamais gagné contre cet énergumène. Peut-être parce qu’au début des matchs, elle se définissait quand même comme gagnante, malgré tout ?

Elle leva les yeux vers Nina, droite, fière, belle. La gamine prit une profonde inspiration. Elle pouvait gagner contre une colonel maitresse des lames de rang trois. Elle pouvait l’avoir. Suffisait de commencer par le vouloir. Quand son examinatrice lui demanda de ne pas perdre ses armes de vue, Kaé lui esquissa un sourire « crochu », attrapant son katana de ses deux mains, se mettant en position de combat.

« Vous inquiétez pas m’dame, il en faut plus que cela pour m’atteindre. »

Elle avait clairement abandonné l’idée de couvrir ses plaies de bandages. Elles étaient trop nombreuses, elle n’aurait pas assez de bandes, et il était peu probable que la soldat la laisse le temps d’effectuer une telle opération. De plus, même si Nina voulait l’attaquer avec son propre sang, ce n’était pas cela qui allait empêcher la gamine de l’avoir.

Le sang ruisselait partout sur son corps, et elle commençait à se sentir très faible à force de se vider de son liquide vital. Son champ de vision s’était réduit, ses muscles lui semblait peser une tonne chacun. Les blessures la brulaient, mais elle fit tout son possible pour ne pas y penser. Ironiquement, sa déconcentration légendaire l’aidait dans ses moments là ; à force de penser à autre chose, on finit par oublier que l’on souffre. La seule taillade qu’elle avait du mal à ignorer était celle dans son dos, mais elle n’allait pas se laisser déstabiliser pour autant.

Quand Nina sauta dans les airs, Kaé ne la lâcha pas des yeux, essayant de comprendre quelle manœuvre elle allait lui infliger cette fois. Elle vit l’attaque se transformer en toupie tranchante qui fonçait droit vers elle. Elle réfléchit rapidement. Elle pouvait toujours essayer d’esquiver les lames, mais elle était encore moins vive qu’avant à cause de son état et déjà avant la vitesse de Nina ne lui aurait pas permise… donc il fallait faire autre chose. Elle devait parer l’attaque, et profiter de sa parade pour contre-attaquer.

Elle se mit en position, attendant le dernier moment pour porter le coup contre la dame. Elle arrivait à fond la caisse, tournant sur elle-même même après avoir touché terre. Kaé avait les yeux rivés sur son katana plutôt que sur elle. C’était le sabre qu’elle voulait stopper dans son élan, celui qui impliquerait que la dame devrait s’arrêter aussi. Pour essayer de ne pas le perdre de vue, elle compta le nombre de tour qu’il faisait. Quatre, cinq, six…
Maintenant !
Dès que la colonel entama son dernier tour avant que la lame ne la heurte, la gamine leva son propre sabre, se stabilisant en utilisant uniquement ses pieds qui étaient le seul truc encore valide dans son corps, arrêtant net la toupie dans son action.

Elle crispa un peu les dents, espérant que son katana ne se briserait pas sous l’impact. Elle n’attendit pas d’avoir la réponse pour continuer son geste. Lâchant son katana de sa main gauche, elle se dépêcha d’aller tirer les pointes de sang qu’elle positionna entre ses phalanges, serrant le poing pour s’armer de deux griffes pointues qu’elle balança contre le ventre de son assaillante. Cette fois, elle n’espérait pas la distraire ou se relever. Non, cette fois, elle allait la toucher.

[Nina Wang]

Lorsque Kaé, après avoir clairement montré que ses blessures la faisaient souffrir (ce qui lui aurait coûté la vie en combat mortel et réel), se redressa d’un air déterminé et afficha sa volonté de continuer malgré tout, Nina réprima un soupir. Il lui avait fallu attendre que l’épreuve touche presque à sa fin pour daigner prouver qu’elle avait ne serait-ce qu’une once d’ambition, chose pourtant absolument fondamentale si on souhaitait décrocher un grade, un titre, ou même la simple reconnaissance de ses compagnons d’armes. Mais la guerrière de l’Eau avait réussi à atteindre son objectif du jour, avec Kaé. Si les épreuves de Maître des lames avaient un fond commun, une sorte de « standardisation », qui était une part importante de l’examen (il fallait tout de même s’assurer que les candidats ne maniaient pas leurs lames comme des jouets !), chaque évaluation était personnalisée et adaptée à la personne qui se présentait devant le maître. Le fait de faire passer les élèves un par un, de les faire défiler, était certes plus long, mais il permettait d’apprécier chaque challenger à sa juste valeur, de jauger les forces et les faiblesses de chacun, et en fonction de l’être humain qui affrontait le professeur, ce dernier pouvait insister sur des points particuliers, afin de déceler ce qui, en duel de guerre, pourrait le mener à sa perte.

Dans le cas de Kaé, outre son manque de concentration qui la faisait papillonner à des moments critiques, c’était aussi et surtout son absence totale d’ambition. Dans le monde cruel qu’était l’armée, ne pas avoir de gnaque signifiait être un perdant toute sa vie. Tout comme il existait une multitude d’hommes sur Erasia, il y avait autant de motivations, louables ou non, de vouloir atteindre des sommets. Et le problème majeur de la Terrosienne, qui se tenait en face de Nina, c’était le vide qui l’avait, malgré tout, par un heureux coup de chance, amenée jusqu’à son examinatrice. Ce coup de chance, d’ailleurs, n’était pas seulement dû au fait qu’elle avait réussi à obtenir un examen, mais aussi à l’identité de sa passeuse d’épreuves. La fille du major était quelqu’un d’honnête, d’intègre, et elle n’avait rien à voir avec, par exemple, Abigaël, sa demi-sœur, dont la force n’avait d’égale que sa cruauté. La seule chose qui aurait pu sauver Kaé en face d’une telle furie aurait été leur pays d’origine commun… Et encore, Nina en doutait. Cependant, la princesse avait suffisamment de recul et de maturité pour pouvoir apercevoir sa propre « clémence », sans pour autant s’en vanter ou en faire un credo…

Et lorsqu’elle bondit sur sa cadette, c’était plutôt dans l’intention de lui imposer un dernier exercice, histoire d’aller jusqu’au bout de la formation « normale » qu’elle se devait de donner à toute personne qui se présentait pour être évaluée. Les yeux à demi voilés par la douleur et la quantité de sang qu’elle perdait, la Terrosienne parvint néanmoins à suivre du regard son examinatrice, puis sembla compter les tours qu’elle faisait afin de guetter le moment opportun. Enfin, elle bloqua le katana que Nina tenait dans sa main gauche, et se dépêcha de lancer les aiguilles de sang séché que la guerrière de l’Eau avait utilisées contre l’adolescente auparavant. Mais, grâce à deux paramètres que Kaé, sans doute épuisée, n’avait pas pris en compte, les pointes saillantes ne parvinrent jamais à atteindre la peau tendre du ventre de la princesse. Le premier, c’était le second katana qu’elle avait dans la main droite, et qui était désormais libre de bouger, maintenant que son jumeau avait été bloqué avec la propre lame de la gamine. Et le second, c’était le sens de rotation de Nina. Antihoraire. Sans cela, elle aurait peut-être été incapable d’esquiver les lames écarlates… Mais ces dernières furent tranchées proprement, d’un coup net, par une lame longue, effilée, mais surtout recouvertes d’eau chaude. En se brisant, les morceaux redevinrent liquides, éclaboussant les deux belligérantes d’un liquide vermeil qui fut comme absorbé par la Robe de Nina. L’aînée sentit alors que sa candidate ne pouvait décemment pas aller plus loin, et qu’une blessure supplémentaire, pourtant facile à occasionner, la ferait sans doute sombrer dans l’inconscience. Faisant basculer sa lame droite sous celle, à gauche, déjà occupée à retenir le katana de la Terrosienne, elle forma une sorte de croix d’acier dont elle se servit pour repousser au loin la jeune fille. Puis, sans la quitter des yeux, elle rendit aux katanas leur forme originelle, rengaina ses dagues jumelles… Et hocha la tête.

« C’est terminé… Pour cette fois, du moins. Tu as réussi, Kaé Xianghua. Te voilà Maîtresse des lames… »

Le colonel avança calmement vers la Terrosienne, puis approcha ses mains des plus vilaines des plaies de sa cadette, à savoir celle de son flanc et celle, profonde, qui lui zébrait le dos en diagonale. Elle se concentra un instant, fit jaillir de l’eau fraîche de ses paumes gantées, puis la dirigea droit sur les blessures. C’était sans doute très douloureux, mais au moins, ainsi, les plaies béantes étaient lavées, ne risquaient plus de s’infecter, et entamaient, du fait du froid, leur cicatrisation. Elles commençaient déjà à se refermer, très lentement, et le processus n’était pas visible à l’œil nu, mais c’était déjà ça. De toute manière, Nina n’aurait pas pu en faire plus, étant donné l’état de ses connaissances assez sommaires en matière de guérison. C’était tout ce dont elle était capable, mais cela empêcherait au moins à son élève fraîchement promue de s’évanouir et de mourir d’hémorragies multiples. Une fois cela fait, elle recula d’un pas, puis dit, d’un ton sérieux, et en fixant Kaé droit dans les yeux :

« … Mais tu es encore très juste. Ce que j’ai vu dans ton regard à la fin n’était qu’un aperçu de ce qu’il faut éprouver pour côtoyer sans rougir les meilleurs bretteurs. Travaille sur toi, ne sois plus distraite comme tu l’as été pendant l’épreuve, et trouve-toi un but ou, si tu en as déjà un, donne-toi les moyens de l’atteindre. Si tu t’efforces de t’appliquer sur ces points, je te garantis que tes prochaines passes d’armes seront moins douloureuses et dangereuses pour ton pauvre corps déjà bien éprouvé. Je te souhaite bon courage dans la voie que tu auras choisie… »

D’un geste rapide, précis et « économe d'énergie », Nina appela son énorme rapace nocturne à sortir de sa Ball frappée du sceau nalcien. La Noarfang poussa un cri à l’adresse de Kaé, puis laissa sa dresseuse se hisser sur son dos, avant de décoller d’un puissant battement d’ailes qui coucha momentanément l’herbe des collines verdoyantes d’Alfen.

[Et voilà ! Je te laisse conclure et poster pour demander la notation. Comme je te l’ai dit, je me suis bien amusée pendant cette épreuve. Je m’occupe de ton grade (in RP) et de tes points, pas de souci. Bravo à toi. ^^]

[Kaé]

Curieusement, Kaé s’était tellement focalisée sur l’arme dans la main gauche de Nina qu’elle en avait oublié l’autre. La méthode de comptage avait bien marché, cela l’avait empêché de perdre sa concentration, même si finalement ça l’avait mené « à sa perte ». Quand elle entendit le craquement cristallin, ses yeux se baissèrent légèrement pour contempler le sang redevenu liquide dans ses mains. Elle était tachée mais n’y fit pas attention, empoignant rapidement à nouveau son arme de ses deux mains lorsque les lames croisées de la colonel cherchaient à le repousser. Elle ne put lutter contre le mouvement, son état physique ne lui permettant plus de lutter contre de telles lancées. En revanche, la gamine se maitrisa pour ne pas tomber, même si elle dodelina pendant plusieurs instants à la recherche de son équilibre.

Dés qu’elle put, Kaé se remit en garde, se préparant à une nouvelle attaque de la dame. Elle ne bougea pas lorsque Nina rangea ses dagues, pensant peut-être à une sorte de feinte. D’ailleurs, la surprise de la prochaine annonce de la dame en était quasiment une. Très étonnée, la demoiselle ne réagit pas tout de suite, puis comprenant que la dame ne comptait pas la réattaquer, elle baissa lentement son arme. Elle allait répondre un truc dans le genre « c’est sérieux ou juste une mauvaise blague ? », mais la soldat la devança, la soignant – aie ça pique ! – et lui donnant son ressentit sur la dernière heure qu’elles avaient passée ensemble.

La gamine écouta attentivement, sachant que c’était ainsi qu’elle réussirait à apprendre et à progresser, voire à apprendre à progresser. Son niveau stagnait depuis quelques temps, régressant presque, et c’était d’ailleurs ce qui l’avait poussé à passer cet examen. Cela faisait trop longtemps qu’elle ne s’était pas préoccupée de son entrainement, et les conséquences étaient visibles.

Nina souligna la dernière pensée que la gamine avait eu pendant le combat comme étant « la bonne ». La gamine avait donc bien eu raison de se faire violence, malgré l’échec de son coup. Si elle voulait y arriver, elle aurait besoin d’ambition. Connaître ses limites et être capable de juger ses adversaires étaient une bonne chose, mais cela ne devait pas laisser cela empiéter sur sa façon de combattre. Cet état d’esprit qui lui avait tant tenu à cœur auparavant c’était effacé, et elle ne pouvait en être que reconnaissante à la dame pour le lui rappeler.

La dame insista aussi sur la nécessité de se donner les buts à atteindre. Kaé se remémora les promesses qu’elle avait faites à Ishitso de lui botter le derrière, à ses parents de leur prouver qu’elle pouvait vivre de son art du combat, à son maitre de le retrouver. Oui, elle avait des buts, mais le temps passés loin de chez elle lui avait fait oublié à quel point tout cela était important pour elle. Peut-être était-il temps d’envisager de faire un tour à la maison, ne serait-ce que pour voir comment tout va ?

Une violente claque. C’était ce dont elle avait eu besoin, et c’était ce qu’on lui avait donné. Ses idéaux ternis regagnaient un peu de leur éclat, même si quelque part elle savait que pour que ses pensées soient à nouveau parfaitement à leur place, il en faudrait plus de ça. Elle allait devoir rentrer, se remettre en question, et surtout, au travail. Elle avait encore tant à apprendre qu’elle ne pouvait se permettre de continuer à faire du tourisme sans savoir où elle allait.

« Merci infiniment madame Wang, » s’exprima-t-elle en s’inclinant, signe de respect envers son ainée, « je ne vous serais jamais assez reconnaissante d’avoir prit le temps de me juger et de me conseiller. D’ici notre prochaine rencontre, je tâcherais de suivre vos recommandations du mieux que je peux, je vous le promets ! »

La manière dont elle s’était exprimée était très solennelle par rapport à sa présentation, avant leur combat. C’était peut-être à cause de la fatigue, mais surement aussi à cause de la considération que la jeune fille avait développée pour la Mizuhanienne. Elle la regarda s’envoler en rangeant son arme dans le fourreau qui pendait encore à sa hanche. Quand elle ne fut qu’un point dans le ciel, la gamine chercha ses propres Pokémon des yeux. Ils n’avait pas bougé d’endroit, mais semblait s’être endormi sous le soleil qui le chauffait. Mettant son pouce et son index dans sa bouche, la gamine poussa un long sifflement, afin de les réveiller.

Curieusement, sitôt la stridulation poussée, ses deux compagnons s’étaient levé et fonçaient vers elle. Elle était surprise, c’était la première fois qu’ils lui répondirent si prestement et sans rétention. De plus, elle ne leur avait jamais appris ce tour, c’était la première fois dont elle en faisait usage. Peut-être que cette épreuve l’avait aussi aidé « dompteusement » parlant, même si elle ne voyait pas le lien entre les deux. Ne cherchant pas plus loin, trop épuisée pour, elle sourit faiblement à ses amis quand il arrivèrent à sa hauteur, prenant ensuite le temps de répondre à leur question silencieuse.

« J’ai réussi ! » expliqua-t-elle, « même si je sais pas trop comment ça se fait. J’ai fait un sale boulot, mais la dame m’a quand même donné le grade. C’est drôle, » finit-elle en retrouvant petit à petit son élocution habituelle.

Prise d’un vertige, elle trébucha et manqua de tomber par terre, se rattrapant de justesse à la corne qu’Absol avait placé pour pallier à son faux pas. Elle le remercia d’une phrase murmurée, avant de continuer à parler.

« Mais c’est pas ça qui va m’empêcher de faire mieux ! » clama-t-elle, « on va se remettre au boulot, c’est moi qui vous le dit ! »

Elle ressemblait presque à une personne ivre morte prête à aller se coucher ou tomber dans un coma éthylique. Se consultant du regard, les animaux décidèrent de prendre la relève du cerveau de la fille, qui semblait s’être barré on ne savait trop bien où, comme ça lui arrivait souvent. La différence là, c’est qu’au moins, elle avait une bonne excuse.

Absol s’affaissa un peu alors que Luxray poussait les fesses de la gamine pour la forcer de monter sur le dos du Pokémon désastre, en s’aidant de la corne comme appui. Dés qu’elle fut à peu prés installée, ils filèrent droit vers Alfen, d’où ils étaient arrivés, pour faire soigner cette fille inconsciente.


[Et cela clos le topic du coup ^^ Merci beaucoup pour cette épreuve, je me suis beaucoup amusée à l’écrire, et je crois que Kaé en est ressortie grandie – enfin, dans la mesure de ce qu’elle peut grandir quoi :P xD Merci encore et à la prochaine ;) ]

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