[ Clos ] La cabane au fond du jar... de la forêt [solo/contrainte]

[Sheila]

[Post contrainte : Insister sur la description des lieux]

Sheila avait quitté Abyan, il y a de cela quelques jours, pour commencer à s'aventurer un peu partout sur ce continent. Même si elle avait commencé à apprendre leur langue, ça n'était pas non plus formidable, et elle ne comprenait que quelques mots, vagues, parfois insuffisant pour comprendre une phrase. Par contre, elle avait pris le parti de ne pas garder l'oeuf. Compte tenu de la situation dans laquelle elle se trouvait, elle ne voulait pas s'encombrer d'un Pokémon qui n'aurait pas choisi son propriétaire, encore moins un bébé naïf et innocent. Il en allait de leur sécurité. Alors elle avait confié l'oeuf à un oiseau étrange, aux plumes jaune et bleu, parfois mêlé de vert, avec une tête dont le dessus était vert, et la gorge rouge. De même, il avait une longue queue rouge, et semblait avoir des crocs acérés. On lui avait dit que ce Pokémon s'appelait Aéroptéryx. Elle lui avait confié le cadeau du prêtre, avec pour consigne de le donner à un dresseur terrosien -elle lui avait montré une carte précise des lieux d'Erasia, en entourant toute la nation pour lui indiquer le bon lieu- qui posséderait un Pokémon de cet étrange continent. Ainsi, le nouveau né ne se retrouverait pas confronté à des Pokémon dont il ignorait tout, dès la naissance, et il pourrait mieux se développer. Elle s'était encore une fois excusée de ne pas pouvoir le garder, mais elle estimait que les choses étaient mieux ainsi.

Depuis, elle avait beaucoup marché, s'aventurant à droite, à gauche, en quête de Pokémon à capturer. Et pour l'instant, elle n'avait rien trouvé. Elle venait d'arriver au pied d'une montagne, assez grande, qu'Oblask lui avait demandé de ne pas gravir. Au sommet, résidaient le peuple qui avait voulu l'embrocher lorsqu'elle était arrivée ici. Autant dire qu'en sachant cela, elle n'allait pas se risquer à escalader la roche noire et blanche. On avait voulu la tuer une fois, pas deux.

Pourtant, ça ne l'empêchait pas de parcourir la forêt de sapin. Elle sentait l'odeur de résine qui émanait des majestueux et immenses conifères, et elle sentait également les aiguilles des pins qui crissaient sous ses pieds, formant un étrange matelas brun. Cette forêt pouvait bien ressembler à toutes les forêts terrosiennes, avec ses grands arbres, voire à celles de Mizuhan, envahies par la neige, mais c'était la première fois que la jeune femme parcourait cet environnement autrement qu'en l'imaginant. Elle pouvait effleurer les écorces rugueuses, voir les troncs, l'état dans lequel ils étaient et sentir les différentes effluves d'humus, de résine, d'herbe mouillée. Il avait plu récemment ici, et les pieds s'enfonçaient parfois jusqu'aux chevilles dans la boue. C'était un sacré terrain, un peu austère.

Des nuages d'encres commencèrent à s’amonceler dans le ciel, au-dessus de la tête de la jeune femme. Celle-ci pressa le pas, dans l'espoir de trouver un abri, alors que le tonnerre grondait au loin.  Elle commença à s'enfoncer dans une partie bien plus sombre de la forêt, presque plus terrifiante. En réalité, les arbres se resserraient juste, laissant beaucoup moins de rayons de soleil passer, et à l'heure qu'il était, il n'y avait pas de soleil du tout. Il faisait de plus en plus noir, et les troncs pouvaient prendre des allures de monstres effrayants. La demoiselle n'avait pas peur, surtout pas avec un spectre à ses côtés, mais elle tenait néanmoins à trouver un endroit où s'abriter de la pluie qui menaçait de tomber dru.

C'est en tournant à droite, à gauche, aléatoirement au milieu des arbres qu'elle tomba sur une vieille cabane en ruine. Elle semblait avoir été désertée depuis déjà plusieurs années, le bois avait l'air pourri à certains endroits, mais elle était debout, et c'est tout ce qui comptait. Sheila s'en approcha, et vérifia un peu plus son état. Les vitres étaient brisées, il y avait quelques trous dans la toiture, mais ça irait. Elle revint vers la porte et la poussa. Elle était tellement défoncée qu'elle sortit à moitié de ses gonds. La jeune femme se réfugia à l'intérieur et la repoussa, pour fermer un maximum de voie aux courants d'airs. Puis, elle se frotta les mains, et s'avança, sortant une espèce de bougie de son sac qu'elle alluma tant bien que mal. Dehors, le tonnerre se mit à gronder d'un seul coup, et la pluie tomba subitement, frappant avec violence la maisonnette.

La faible lueur éclaira une silhouette, paisiblement allongée sur la table. Surprise, la jeune femme s'en approcha. Les rayons diffus dévoilèrent une créature svelte et gracieuse, au pelage d'un beau violet sombre. Ses avant-bras, sa gorge, ainsi qu'une tache sur son dos étaient blancs. Elle avait de petites oreilles et une marque rose au-dessus des yeux, qui semblait les aggrandir. Sa queue, qui effectuait un lent mouvement de balancier, était terminé un peu étrangement, comme une note de musique. C'était un félin, une espèce inconnue de la demoiselle. Elle l'avait aperçu dans quelques livres, à Abyan, mais n'avait pas su reconnaître les lettres étranges qui donnaient son nom...

Dérangée par la lumière, la gracieuse bête s'étira et ouvrit ses yeux d'émeraude, regardant l'étrangère avec un air à la fois blasée, et pourtant intriguée. Elle resta nonchalamment étendue et miaula doucement, comme pour intimer à l'autre de ne pas trop la déranger, dans sa sieste. Sheila prit place sur une chaise, qui craqua lorsqu'elle s'assit dessus. La Terrosienne était pourtant légère, le bois était vraiment dans un piteux état. Elle observa le chat face à elle. Elle se sentait un peu attirée par elle, comme elle l'avait été avec Shikake, mais pas sur le même plan. Avec ce Pokémon qui lui était inconnu, c'était surtout sur le plan comportementale. Il se dégageait de la noble créature une aura de gracieux roublard, de bête des bas-fonds qui en a trop vu et qui se bat toujours pour réussir, n'hésitant pas à abuser de son monde pour parvenir à ses fins. Elles se ressemblaient, parce qu'elles étaient toutes les deux des usurpatrices, des personnes jouant sur la tromperie et le mensonge pour obtenir gain de cause, et qui se cachait derrière leur physique délicat, presque noble. La femme eut un sourire, tandis que les yeux du félidé ne l'avait toujours pas quitté. Sheila sut, qu'à cet instant, l'étrange créature face à elle en était venue aux mêmes conclusions.

« Eh ? Ca te dirait pas de voyager un peu ? Plus tu vois du monde, plus tu pourras tester tes charmes pour arriver à tes fins. Ca ne te plairait pas d'errer en toute liberté, en sachant que la moindre personne que tu croises peut être abusée par tes capacités ? »

La femelle la regarda, au départ stoïque, presque dédaigneuse dans son attitude. Ca ne l'empêchait pas de réfléchir. Elle était intéressée par la proposition, et attirée par l'humaine, c'était indéniable. Peut-être devait-elle accepter ? Après tout, rien ne l'empêcherait de partir si ça ne lui plaisait pas, si elle s'était trompée. Même si elle commençait à se dire que, pour ne pas torturer son ego, elle serait capable de rester avec cette femme, pour ne pas admettre son erreur. Mais une telle sensation qui pouvait électriser sa fourrure, à la vue de l'étrangère... Non, elle ne pouvait pas se tromper là-dessus... Elle pouvait suivre cette demoiselle, qui se montrait déjà plus digne d'intérêt que les autres humains lambda. Elle poussa un petit miaulement affirmatif, et la dresseuse sourit.

« Très bien, c'est sympa de ta part d'accepter... Dis-moi... Kyogi, ça te va comme petit nom ? On partira une fois que l'averse sera finie. »

Et elles restèrent toutes les deux là, à se regarder l'une l'autre, pendant que Shikake lévitait un peu partout, contente de ne plus être totalement toute seule avec sa dresseuse... Dehors, l'eau frappait avec violence le bois, qui grinçait. La pluie ne s'arrêterait pas avant plusieurs heures...