[ Clos ] Retour au bercail (Pv Asaka)

[Velusia Varam]

L’année qui s’était écoulée semblait étrangement vide comparativement à celle d’avant et celle qui avait précédée. En regardant en arrière, il semblait à Velusia qu’un long chemin avait été parcourut, entre le moment où son supérieur l’avait presque mise en dehors de la caserne, l’année où sa Ptéra était née et où son mentor l’avait inscrite à cette épreuve de Maître des Lames, tout en errant à travers Nalcia et puis le moment où elle avait fini par se rendre à Flamen. Cela faisait un an maintenant qu’elle détenait le titre de Championne du Colisée, mais pour autant, la Nalcienne n’était pas revenue dans son pays natal, elle avait fait un court arrêt pour se faire soigner son œil et passer par la même occasion, après quelques mois de repos obligatoire -une saison environ- son épreuve de Chevalier. Bien sûr, avant ces deux évènements majeurs, Velusia avait connu un étrange évènement qui lui avait ouvert la voie sur autre chose, mais elle n’avait pas eu le temps d’y repenser, car rapidement un nouveau continent était apparut dans le ciel d’Erasia et elle avait été appelée. Malheureusement cette mission d’exploration ne s’était pas bien passée. Les deux recrues étaient mortes et un Dieu lui était apparut, pas très content de voir des étrangers. Comme promit à ce Dieu, Velusia avait rapporté à son Roi ce qu’il lui avait confié et le reste ma foi… La jeune femme avait fait son devoir et depuis, il ne s’était pas passé grand-chose, une fois encore, une saison voire deux à ne rien faire de bien extraordinaire. La nouvelle année ne tarderait pas et la Nalcienne se demandait ce qu’elle avait vraiment accomplit. Certes, son métier, c’était la guerre et sans guerre, c’était un peu le chômage technique… Mais il semblait difficile d’envisager quelque chose à venir sans attendre les évènements, ce qui était plutôt étrange non ? Elle avait vingt-cinq ans, soit toute la vie devant elle encore, était déjà Chevalier, une promesse pour le pays. Etait-elle déjà finie ? Non bien sûr… Mais elle avait rêvé de ce titre depuis longtemps, elle aurait dû se douter que le titre n’était pas aussi merveilleux qu’il en avait l’air… Le titre et ce dont elle avait droit, tout cela était pimpant, mais dans le fond, elle était toujours la même femme, avec les mêmes idées, les mêmes rêves… Ne savait-elle seulement pas quoi en faire ? C’était fort possible. A titre personnel, elle ne savait que faire, à titre professionnel, il y avait toujours du travail… Les missions de l’Armée en premier lieu, mais aussi, partout où le peuple avait besoin des services de la justice et d’un bras armé ou non, c’était là du moins, sa vision de la Chevalerie. Oui mais maintenant… Il y avait le plan personnel qu’elle ne pouvait plus mettre de côté, ne serait-ce que pour son dragon. Elle ne pouvait pas lui demander les sacrifices qu’elle s’imposait.

Le dragon d’ailleurs, volait quelque part au-dessus de la ville, Velusia en ressentait la présence comme un fil invisible qui se serait tissé entre elles. Le dragon n’était pas visible, en priorité à cause de la nuit qui était rapidement tombée sur Alfen. Avec la nouvelle saison, la nuit tombait beaucoup plus vite et les jours semblaient rétrécir à un point alarmant, mais c’était toujours avec l’espoir de retrouver le lendemain, la lumière du jour et dans quelques semaines, pour plus de temps à chaque fois. La promesse du Printemps. Enfin… l’Hiver d’abord, puisqu’ils ne pouvaient y couper. Mais pour l’heure, Velusia était posée sur un des murets de la ville et surveillait Alfen, ou la regardait tout simplement. Elle était sur un pont et les lumières offertes par des milliers de chandelles ou de Pokémon reflétaient une ombre inquiétante sur la rivière, mais le tout était paisible. Les habitants de la ville n’avaient pas eu l’air très bouleversés d’apprendre pour le continent volant, c’est du moins la sensation qu’elle en avait eu. Elle avait même entendu que si jamais il s’écrasait, qu’il tomberait au beau milieu de l’océan et que cela n’aurait pas de bien grande conséquence pour Nalcia. Velusia n’en était pas aussi sûre… Dans son devoir de chevalerie, elle avait écouté et lu attentivement ce qui se disait à la caserne et au château lorsqu’elle y avait été appelé et les autres unités avaient eu plus de chance qu’elle, mais elle restait la seule à avoir vu un Dieu de ses yeux. Du moins, pour autant que Nalcia savait. Ainsi, tout comme eux, les habitants de Midgard possédaient des nations, ou des clans plutôt, s’étaient érigés selon la nature de leurs pouvoirs et déjà on faisait des plans d’alliance. Mais qui disait que les Nalciens plairaient aux gens d’Aliphyr ? Dans tous les cas ces histoires d’éléments dépassaient Velusia qui n’avait aucun talent de magie. Elle était d’avantage attirée par le peuple chevalier de Linaewen, un petit village neutre au pied de la montagne… Mais il semblait que la maîtrise de la magie prenne une proportion plus grande dans le monde qu’il y avait quelques années. Elle en avait d’ailleurs subit les désagréments et les subissaient encore, durant le Colisée. Cela faisait pourtant un an. Tout cela à cause d’un jeune imbécile qui s’était cru en temps de guerre, il avait voulu jouer aux gros bras avec sa magie de feu, mais Velusia l’avait remporté. Peut-être devrait-elle y songer, il était vrai que sur l’heure, elle s’était que cela aurait été utile. Velusia défit son bandeau beige. En passant ses doigts sur son œil, elle sentait la peau encore fragile, mais on lui avait assuré qu’elle retrouverait une vue normale si elle était prudente, bien que cela ne prenne son temps. Elle évitait de trop le voir dans son miroir, mais la peau était encore certainement rougie.

[Asaka Chôko]

Malheureusement pour Velusia, le simple fait d’avoir ôté son bandeau clair et de l’avoir offert aux rayons du soleil allait chambouler cette journée pourtant bien tranquille au départ…

Elle ne remarqua certainement pas l’ombre minuscule qui passa au-dessus d’elle. Qu’y avait-il d’étonnant à cela, dans la capitale Nalcienne, où les oiseaux et toutes autres créatures volantes étaient rois ? Il n’était pas rare de voir des Roucool évoluer d’un toit à un autre, en particulier les jours de marché.
Mais cette ombre-là était tout de même plus importante que celle de l’un de ces volatiles. Et surtout, son comportement était bien différent. Car, au lieu de poursuivre sa route dans le ciel, la trace sombre exécuta un demi-tour, pour suivre la guerrière. Patiemment, la zone obscure demeurait à une distance suffisante de sa ‘proie’, attendant le moment opportun pour agir…
Et cela ne tarda pas.
Dès que l’étreinte de la main se fit plus lâche sur la bande de tissu, la propriétaire de l’ombre plongea. Elle piqua droit sur la main, referma son bec sur l’objet qui avait un bel éclat sous les rayons du roi céleste, et repartit aussitôt, son butin avec elle. Le tout n’avait duré que quelques secondes, peut-être deux, trois maximum. Et tout ce que Velusia aurait pu retenir de son voleur, c’était une flèche noire, rapide comme un chat.


A plusieurs rues de là, la Furie d’Alfen déambulait à travers son fief. Elle était revenue machinalement dans sa ville, après son exploration du continent suspendu. Mais, pour le moment… La jeune femme était plutôt désabusée.
Sa première expérience sur cette terre étrangère n’avait pas été aussi excitante que ce qu’elle avait pu espérer. Certes, initialement, découvrir ces vastes étendues d’herbes dorées par un seigneur diurne inlassable avait été une véritable joie. Notamment lorsqu’elle avait laissé sa monture tricéphale y courir tout son soûl, tout en rencontrant des espèces inconnues et particulièrement intéressantes –comme ces Galopa zébrés de noirs et qui maîtrisaient la foudre, ou encore ces espèces de gros Tauros, aux cornes bien plus menaçantes.

Cependant… Se retrouver face à un de ces maudits Flamenois… Ou plutôt non, le fait qu’on l’ait empêché d’éliminer cet ennemi détestable l’avait rendue furieuse. Surtout que la personne responsable de cet échec se trouvait être quelqu’un en qu’elle considérait auparavant comme un allié potentiel et puissant. Mais non, ce Mizuhannien était intervenu pour interrompre leur combat ! Si au moins il s’était joint à sa cause, elle n’aurait rien dit contre. Mais là… ! Il s’agissait d’une véritable trahison, non seulement à l’égard de Nalcia, l’allié historique de la contrée de l’Eau, mais pour cette dernière elle-même !
Alors, écœurée par ce déni total pour les intérêts de sa nation, Asaka avait préféré écourté son séjour, afin de revenir en des terres plus familières. Mais, même là, rien ne l’intéressait plus. Les entraînements à l’Arène étaient toujours identiques. Pas un challenger ne s’était présenté depuis son retour, certainement parce que les jeunes étaient partis étudier ce continent qu’ils avaient baptisé Tenkei. Et bien entendu, il n’y avait aucune animation à Alfen qui aurait pu lui procurer une quelconque distraction…

Alors qu’elle poursuivait son errance, la Championne aux oiseaux se dit qu’elle pourrait faire un tour à la caserne militaire de la ville. Le spectacle des nouvelles recrues la divertirait peut-être…

C’est alors qu’elle sentit quelque chose alourdir son épaule droite. Elle tourna lentement la tête, pas du tout inquiète. Sa réputation dans la ville n’était plus à faire. Personne ne serait assez téméraire pour essayer de lui chercher des noises ainsi. D’ailleurs, à chaque fois qu’elle croisait des gens, ils s’écartaient de son chemin en s’inclinant avec le respect qu’ils lui devaient.
Et Asaka avait raison de ne pas s’en faire. Car c’était Nusumi, son oiselle de jais, qui venait de se poser sur ce perchoir humain. Aussitôt, la petite chapardeuse déposa son trophée dans la main tendue vers elle, puis bomba le torse de fierté. Elle était persuadée de recevoir un compliment pour son exploit. Elle ne perçut donc pas comme une menace la main libre qui s’approchait d’elle. Enfin… Jusqu’à ce qu’elle se referme sur son cou.

« T’as autant de mémoire qu’un Magicarpe ou quoi, sale piaf ?! Je t’ai toujours dit qu’on ne touchait pas aux militaires nalciens ! En particulier lorsqu’il s’agit d’un objet aussi important ! »

Asaka ne pouvait s’y tromper. L’effluve qui émanait du bandeau, bien que faible et en grande partie recouverte par l’odeur de la blessure qu’elle devait aider à soigner, appartenait à un habitant de la nation de l’air. De plus, elle connaissait par cœur cette qualité d’étoffe. C’était celle que les militaires nalciens employaient, solide et souple à la fois. Et cette teinte légèrement sable finissait de confirmer ses soupçons. Elle les avait vus tellement de fois, lorsqu’elle avait été en convalescence après sa dernière mission d’espionnage, pour soigner ses multiples plaies… La Furie d’Alfen savait qu’il s’agissait d’un objet important. Elle se refusait d’en priver un allié.

Pensant qu’un guerrier présent sur son fief se rendrait en premier lieu au quartier général militaire de la cité, la jeune femme meurtrie par le passé relâcha son oiselle désobéissante et s’y dirigea d’un pas ferme et clopinant.

[Bon, j’ai pris un peu l’initiative. Dis-moi si un truc te gênes, surtout. Je suis partie du principe que, Nusumi étant tout de même expérimentée en rapt, Velusia n’avait pas eu le temps de réagir. Surtout qu’avec un œil en moins, on évalue moins bien les distances…]

[Velusia Varam]

(Pour moi la logique veut que Velusia qui tient fermement son bandeau, mette une baffe à ta bestiole qui se retrouve bête, après tout tu ne peux pas m’imposer des choses, mais passons. ;) Et par contre, il fait nuit…)

Remarquer une ombre de le noir, il fallait avoir une vue de Pokémon nocturne affûtée pour cela, alors non, évidement, Velusia ne voyait pas la nuit. Peut-être mieux que la grande majorité des gens, puisqu’elle travaillait aussi la nuit pour des manœuvres militaires, mais la Ptéra elle, l’avait bel et bien vu et ne se gêna pas pour répliquer et défendre le bien de sa maitresse, dans un Dracosouffle qui pu le toucher dans les fesses, alors qu’il prenait la poudre d’escampette. Voilà ! Il aurait dû se méfier, le petit oiseau, du grand dragon qui survolait la ville en gardant un œil sur Velusia, de manière à remplacer celui qui pour l’instant n’était pas utilisable et il n’y avait pas d’œil plus affûté que le sien, n’était-elle point un seigneur du ciel ? Velusia pour sa part n’avait pas tenté grand-chose, non pas à cause d’une ‘lenteur’ quelconque ou parce qu’elle ne s’y attendait, juste parce que le jeu n’en valait pas la chandelle. Contrairement à ce que pu penser la femme qui récupéra son bien de l’oiseau, plus loin, ce bandeau n’avait aucune espèce d’importance. Parce qu’elle en avait salit et abîmée tant et si vite qu’un jour, les Guérisseurs lassés de devoir rappeler presque tous les jours Velusia, lui avaient envoyée une grosse caisse en bois, déposée dans la cour de la caserne. Qu’on avait ouverte bien sûr et son contenu n’avait pas manqué d’amuser les collègues bien sûr. Car malgré les recommandations, Velusia n’était pas au repos, s’entrainait et partait en mission. De ce fait donc, la femme soldat avait toujours un stock prêt à toutes les éventualités. L’oiseau pouvait donc garder celui-là, elle en avait encore un bon millier au moins. Penchant la tête vers la Ptéra qui se mit dans un coin d’ombre, comme pour s’emmitoufler dans une cape d’invisibilité, Velusia la remit au calme tandis que la bête guettait. La femme Chevalier ouvrit les deux yeux, pour la première fois depuis longtemps et si la sensation avec l’air était désagréable, cela faisait aussi du bien d’élargir un peu son champ de vision. Bien sûr pour l’instant elle voyait trouble, les lumières ne lui apparaissant que comme de grosses tâches lumineuses, mais c’était bon signe et comme il faisait nuit, elle ne prenait pas le risque de trop pousser dessus.

Etrangement, marcher avec les deux yeux ouverts s’avéra plus compliqué que l’habitude qu’elle avait prise durant une année, ce qui était normal en soi, mais elle se serait attendu a retrouver naturellement ses marques. Il n’en était rien, au contraire, elle avait du mal à évaluer les distances et à se dire si oui ou non elle posait bien ses bottes là où elle croyait les poser, son équilibre instable, se sentant tituber. Finalement, Velusia prit le partit de sortir une autre bande et de la nouer avec application autour de son œil, il faisait nuit, mais au moins les contours de la ville étaient net, les distances étaient redevenues normales et son équilibre sûr. Malheureusement, cela signifiait qu’elle devrait se réadapter à une vision binoculaire et qu’en attendant, elle serait inapte au travail. Et c’était une catastrophe pour Velusia, qui ne supportait pas l’inactivité, pas plus que la mise au repos. La preuve en était qu’elle ne respectait toujours pas les recommandations des Guérisseurs, après plus de dix ans de métier. Enfin… Elle en verrait d’autres, après tout elle n’était qu’au début de sa carrière et elle avait le sentiment que la guerre n’était pas finie, même plus rien n’avait été tenté depuis un moment. La paix était une notion si fragile… La prochaine menace revêtirait peut-être une forme plus insidieuse, néanmoins, elle ne craignait pas ce qui pouvait venir du nouveau monde, les quatre pays étaient capable de se réunir sous une même bannière pour se défendre. Ce n’était pas de ça dont il fallait se méfier. Velusia marchait dans les rues légèrement éclairées par des milliers de chandelles et prit la direction du pont qui reliait la ville et la campagne, par ses nombreuses collines. La jeune femme s’assit sur le muret de pierre et regardait la ville, de son point de vue extérieur. Absolument rien ne bougeait, Alfen toute entière était plongée dans le mutisme et l’immobilisme. La ville était reposante, pas seulement la nuit, mais cela faisait du bien aussi de retrouver la civilisation après des semaines de campagne, voire des mois, passée perdue au milieu de nulle part. Jetant un regard vers les collines, Velusia ne put s’empêcher de penser à la Tombe de Gaïus, le premier endroit où elle s’était rendue après son congé forcé.

Il y avait tellement d’autres lieux qu’elle avait visité depuis… l’un des plus remarquable était certainement le Village Cosmo à Flamen. Avant cela, elle n’avait jamais mit les pieds dans le pays du feu et autant elle avait combattus et tué des centaines de soldats de ce pays, autant en rencontrer les habitants était complètement différent. Elle avait particulièrement apprécié le doyen du village, si l’on exceptait les Lions de Feu dont la longévité était extraordinaire, Bughenagen, un vieillard d’une grande sagesse et d’une grande connaissance sur l’art de la magie, d’où qu’elle provienne. Mais Velusia avait sans nul doute préféré les Lions et se demandait si, dès qu’elle le pourrait, elle ne repartirait pas sur Flamen pour retrouver Nanaki et pourquoi pas lui proposer de partager un bout de chemin avec elle. Car depuis quelques temps, la Nalcienne avait dans l’idée de se mettre à la magie, qui lui avait tant fait défaut au Colisée. Posséder un pouvoir du Feu, qu’il ne se matérialise simplement dans une maîtrise d’élémentaliste ou dans la capture d’un Pokémon du type était à réfléchir, après tout, retourner une arme ennemi contre lui était une bonne tactique. Grâce à son dragon, la terre n’était pas un élément à craindre et puis l’eau était un allié, Mizuhan ne se retournerait jamais contre eux, pas après que Nalcia ne soit venu le défendre contre Flamen… Pourquoi pas, après tout, il n’y avait qu’à gagner dans le fond et rien à perdre…

[Contenu sponsorisé]