[ Clos ] [Mini-Event Jirachi] Never lose Hope [Nina/Velusia]

[Kaé]

Kaé était rentrée à Alfen sur le dos d’Absol, conduite par ses deux grands Pokémon qui avaient décidé de s’occuper d’elle alors que son regard perdu dans le vague montrait clairement que son cerveau était hors-service. La gamine s’était arrêtée ici en descendant du continent céleste, c’était même à ce moment là qu’elle avait pris connaissance de cette histoire de passage de rang pour devenir maitresse des lames. Elle avait fait face à Nina Wang, son examinatrice, qui lui avait finalement donné le grade à la fin d’un laborieux combat dont la gamine sortait toute cabossée. Dés qu’ils eurent pénétrés les portes de la cité, Luxray se mit en route à la recherche d’un médecin ou d’une clinique, en bref de quelque chose qui pourrait soigner la fille qui laissait couler son sang sur la fourrure blanche de son compagnon, qui l’attendait à l’entrée, préférant bouger le moins possible pour éviter d’aggraver le cas de leur maitresse.

La Pokémon encre eut du mal à trouver quelque chose, car la gamine, même si pas aussi pauvre que ce qu’elle avait été lorsqu’elle avait quitté le domicile familial, n’avait pas assez d’argent pour se faire accepter dans un vrai hôpital. À force de tourner en rond, Luxray était retombée sur le type responsable des passages du rang du coin, le même que celui qui les avait renseigné à peine quelques jours plus tôt. La Pokémon le ramena auprès de sa maitresse, et voyant l’état de la fille, l’homme les guida vers les hauts quartiers de la ville, et fit rentrer la gamine complétement shootée dans les services d’urgence d’une petite infirmerie. Quand Luxray et Absol montrèrent les dents pour faire part de leur désaccord envers la décision, le monsieur sourit en expliquant que l’état de Terros, dont était originaire la gamine, leur fournirait des sous pour pouvoir compenser ses soins, du fait que la demoiselle avait réussit son épreuve. De plus, il s’occuperait sans aucun souci de régler tous ces comptes sans que la fille n’ait plus à débourser que ce qu’elle possédait. Laissant derrière lui un Absol toujours inquiet et une Luxray confiante, l’homme quitta rapidement les lieux afin de conclure cette affaire.

***

La gamine ne se réveilla qu’au bout de deux jours, bandée de partout et surtout… seule. Prenant lentement conscience du monde l’entourant, elle remarqua qu’elle était dans une grande salle blanche avec deux types bizarres à sa droite et une grande toge blanche à la place de ses vêtements habituels. En se levant difficilement sur ses coudes, elle vit toutes ses affaires, ou presque. Alertée, elle en oublia presque ses souffrances et se mit à fouiller dans ses sacs pour son katana, son fouet et ses pokéball. Rien, tout avait disparu, les trucs auxquels elle tenait le plus au monde. Elle se leva en trébuchant, cognant contre une poche avec un liquide jaunâtre dedans, qui tomba lourdement au sol dans un bruit fracassant, l’entrainant avec, car c’était bien sûr seulement après coup, quand elle était par terre sur les fesses en train de se frotter la tête, qu’elle se rendit compte qu’elle était connectée au truc en question. Ne cherchant pas à comprendre le pourquoi du comment, elle ôta l’aiguille plantée dans son corps et se leva en titubant, encore un peu amorphe. Le vieux monsieur à côté, sans doute alerté par tout ce remue-ménage, lui demanda de ses tenir tranquille un peu, non mais voyons, petite canaille, pestant contre le fait que franchement la jeunesse d’aujourd’hui n’était plus ce qu’elle avait été et qu’il était pas possible de lire en paix ici. Ne voulant pas approfondir la question, Kaé saisit ses affaires, s’enferma dans ce qui semblait être la salle de bain de la chambre, se changea et sortit en courant de la pièce, voulant retrouver ses biens perdus à tout prix.

Sur le chemin, elle renversa une ou deux infirmières, un chariot avec plein de fioles de liquide dessus, et finit par être interceptée au moment où elle allait enfin sortir de cette clinique – car oui, au bout d’un moment, elle avait fini par comprendre où elle avait atterri. La dame à l’accueil lui demanda d’approcher s’il vous plait, et Kaé se planta devant elle, n’ayant qu’une envie, lui mettre une bonne droite pour qu’on lui rende ce qu’il lui était du. Quand elle répondit son nom et son prénom, la dame s’exclama qu’elle devait retourner se coucher, ayant encore besoin de repos. La tension montant assez brusquement dans le petit corps de la petite fille au petit cerveau, elle réussit à se contenir en expliquant qu’elle allait d’abord trouver ses affaires et qu’après elle irait faire la sieste si cela lui faisait plaisir. La dame parut surprise, puis vérifiant ses fiches, expliqua que les certains Pokémon ainsi que les armes étaient interdites dans le cadre de l’établissement, mais qu’il n’avait aucun objet en consigne pour la gamine. Le « QUOI ? » titanesque lancé par la jeune fille du faire peur à la secrétaire, qui recula un peu. Jamais la gamine n’avait été séparée de ses armes et Pokémon, et maintenant on lui annonçait que tout ça était simplement perdu. Ne voulant plus rester là plus longtemps, Kaé quitta prestement l’endroit, seulement pour débouler dans une rue qu’elle n’avait jamais vu d’une ville qu’elle connaissait à peine, alors que le soir était en train de tomber et que la lumière de s’éteignait doucement. Ne voulant pas être rattrapée par ces bons à rien, elle bifurqua pour arriver dans une avenue plus passante, avant de se pencher contre un mur, déjà épuisée par sa mini-course. Un peu désespérée, la gamine se laissa glisser contre le mur pour s’assoir, admirant le sol pavé du coin.

Dos contre le mur, la tête entre ses mains, ses coudes appuyés sur ses genoux, la fille reprit son souffle en s’efforça de régulariser sa respiration. Elle se souvenait de quasiment tout désormais, où tout du moins de la raison pour laquelle elle était physiquement encore très faible. Elle aurait besoin de repos pour entièrement récupérer de son combat, mais c’était là le cadet de ses soucis.

Des larmes se mirent à couler de ses joues alors qu’elle était en train de se rendre compte qu’elle ne verrait sans doute plus jamais ni Absol, son gros doudou, ni Luxray, sa vrai maman, ni Solochi, le petit frère qu’elle avait toujours rêvé d’avoir. Ils avaient sans doute été volé, à tous les coups consignés dans cette fichue clinique et récupérés par un autre. Quelques petites gouttes s’écoulèrent de ses joues avant de tomber sur le sol dans un petit « ploc » alors que la gamine sentit un truc lui renifler les cheveux. Levant la tête, les yeux encore tous rouges de sa petite crise de larmes, le regard embué et le nez reniflant un peu, elle se retrouva face à face avec un museau qu’elle aurait reconnu entre mille.

« Absol ! » hurla-t-elle en le saisissant par le cou, ne prenant même pas le temps de se redresser pour lui faire un câlin correctement.

Sur sa joue, elle sentit un petit lapement ôter les gouttelettes qui restaient encore dessus, et tourna la tête pour voir la Pokémon brillœil lui sourire gentiment. Lâchant un de ses bras du cou d’Absol pour saisir celui de Luxray, elle les serra très fort, malgré les protestations du Pokémon désastre au bout d’un moment. Finalement, la gamine laissa passez un petit éclat, qui petit à petit se transforma en vrai rire joyeux et gai, comme il l’était d’habitude.

« Non mais franchement, ça va pas de faire des blagues comme ça ? J’ai vraiment eu peur moi ! » rigola-t-elle en se mettant debout, constatant aussi que sur le dos d’Absol reposait une bandoulière avec le reste de ses affaires. Sans hésiter, elle se saisit de son arme qu’elle remit à sa juste place, autour de sa taille, avant d’enlacer à nouveau ses camarades.

Évidemment, les deux félins n’avaient pas fait cela pour faire une mauvaise farce à leur maitresse. Quand ils avaient appris qu’il lui aurait fallu confier ses armes et Solochi – un Pokémon un peu trop violent pour que les responsables veuillent prendre le risque de le laisser passer dans l’hôpital, même si finalement ses dégâts auraient été moindre par rapport à ceux que la gamine avait fait – pour qu’il les mette dans un endroit inconnu, ils avaient préféré tout garder sous leur charge et accepter de ne pas rester auprès de la gamine – d’autant plus que l’hôpital n’avait pas l’air d’apprécier particulièrement les animaux à grosse fourrure. Ignorant tout de cela, la gamine continua à les câliner, heureuse de les retrouver après la frayeur qu’elle avait eu, alors que lentement, le soleil avait disparu derrière l’horizon pour laisser place à la nuit.

[Velusia Varam]

Comme régulièrement depuis qu’elle était revenue à Alfen, Velusia se trouvait elle aussi dans un hôpital, celui où l’armée envoyait ses blessés, lorsque l’infirmerie de la caserne ne suffisait plus à panser leurs blessures. La concernant, il s’agissait bien sûr de son œil, mais si étrangement elle ne s’en faisait pas pour lui, bien que cela puisse paraître étrange et inquiéter son entourage, ce n’était pas la même chose pour les Guérisseurs qui ne cessaient de la harceler. II était aussi assez amusant de voir comme l’on pouvait faire des pieds et des mains pour un soldat de valeur… La femme Chevalier avait juste pour elle pas moins de quatre médecins qui s’occupaient de son cas, tantôt on avait fait venir un Flamenois pour examiner la brûlure par cet expert, et puis une Terrosienne qui avait créé des cataplasmes, aidé par une Mizuhanaise car il n’y avait rien de mieux que l’eau pour combattre le feu. Et maintenant, le Nalcien s’occupait de savoir ce qui se passait exactement au niveau des nerfs optiques et ce genre de chose. Mais la Nalcienne commençait à s’impatientait, il mettait un temps infini et en plus ça n’avait rien d’agréable, c’est limite si Velusia ne sentait pas son cerveau se geler… Et puis avec la pression, merci la migraine… Enfin, il n’essayait que de la soigner, elle ne pouvait pas lui en vouloir de la douleur que cela provoquait et tout le long de l’opération, Velusia sentait des picotements et des vagues de froid du côté droit de sa tête allant des cervicales jusqu’à l’œil. Si avec tout ça, il ne s’en remettait pas… Mais elle ne pouvait s’empêcher de se souvenir de son état de vieille femme aveugle… Pourtant, elle s’était sentit si forte et sa cécité ne l’avait en aucun cas dérangée. Faisait-elle les premiers pas vers ce qu’elle avait trouvé dans quelques jours éphémères ? N’était-il pas un peu tôt ? Elle avait encore bien le temps pour cela, d’autant qu’elle ne savait toujours pas ce qui lui était arrivée et elle avait plus important à faire que de courir après des suppositions.

Lorsque Velusia sortit de l’hôpital, il faisait déjà nuit, les journées ayant drôlement raccourcis. La jeune femme ne chercha pas son dragon, un dragon en ville n’était pas difficile à repérer et donc, pas simple à déplacer, la créature n’aimait pas se sentir à l’étroit et attendait Velusia en survolant Alfen, se posant sur un toit de temps à autre. Cette ville était si calme la nuit, si différente que lorsqu’il faisait jour et cela faisait longtemps qu’elle n’était pas revenue, mine de rien, son voyage, son année sabbatique l’avait beaucoup éloignée de sa ville. Elle lui avait manqué plus qu’elle ne l’avait cru. Il n’y avait pas un bruit dans les rues, parfois ses pas résonnaient, sur les pavés et du coin de l’œil, la jeune femme apercevaient des silhouettes regarder derrière les rideaux épais. La Nalcienne n’était vêtue que de sa tenue intermédiaire, beaucoup plus légère que celle de chevalier, mais dans la rue, on la reconnaissait. Sans doute parce qu’elle avait été sacrée Championne du Colisée, qu’aucun Nalcien n’avait remporté depuis longtemps et peut-être d’autant plus qu’elle avait pour ainsi dire disparue de la circulation jusqu’à maintenant.

*Dresse ce dragon, fais-en un soldat et je te suggérerais même d’en trouver d’autres. Je suis certains que les dragons ne te poseront aucun problème, tu es faite de la même essence qu’eux, mais tu ne le sais pas encore et les rangs de Nalcia ont bien besoin de dragon-soldats dans leurs rangs.* *Les temps changent, enfant du vent.* S’entendit penser Velusia. *Vous avez été élue par le dragon.*

Ces pensées n’étaient pas d’elle, il s’agissait de paroles prononcées respectivement par son mentor, le jour où il l’avait fait venir à la Tour du Vent et puis par Nanaki, un Lion de Feu vivant au Cosmo Canyon. Pourquoi ses pensées lui revenaient-elles maintenant ? La voie qu’avait choisit Velusia et qui ne restait connue d’elle seule était longue et difficile, mais pourquoi retourner à Flamen ? Pur l’heure, elle n’avait pas exécuté les conseils de son mentor, les choses s’étaient plus ou moins enchainées… Elle était ce qu’elle voulait être depuis toujours, mais devait-elle pousser sa destinée un peu plus loin ? En serait-elle un meilleur soldat ? Mais ses réflexions passèrent au second plan, lorsqu’elle saisit une fois encore la silhouette blanche et cette fois, elle pu discerner un Absol. Tiens… Un Absol traînant dans la ville, ce n’était pas quelque chose de vraiment commun… Et Velusia pensa tout de suite à l’éventualité où il pourrait attaquer les gens de sa ville et on ne s’attaquait pas à Alfen sans se mettre Velusia sur le dos. Décidant donc de le suivre discrètement (ce qui n’était pas si simple face à un Pokémon- elle fit signe à sa Ptéra de le suivre d’en haut pour elle. L’immense dragon, même si elle se trouvait haut dans le ciel, n’eut pas besoin d’en savoir plus et grâce à sa vue aiguisée, n’eut aucun mal à suivre la créature. Après quelques minutes de poursuites, l’Absol rejoignit un Luxray, une créature commune dans la Forêt du Chat et à leurs pattes se trouvait des affaires. Ce que remarqua le plus Velusia, fut le sabre qui semblait être gardé par les deux créatures. Le sabre, l’Absol, était-il possible que les deux n’appartiennent à Kaé, la jeune fille de Terros qu’elle avait rencontré plusieurs fois et affronté au Colisée ? Elle resta là plusieurs minutes, cachée dans un coin de ruelle, avant de voir quelqu’un d’autre arriver, prévenue d’en haut par les tournoiements de la Ptéra. Et sa réponse lui fut apportée, elle reconnut sa voix avant de qu’elle ne s’approche suffisamment près pour la reconnaître physiquement.

« Kaé ? » Dit-elle à haute voix, sortant de sa cache, alors que le dragon prit la peine de descendre et de faire trembler la rue en se posant sur une toiture basse. « Est-ce bien toi ? »

[Nina Wang]

Kajin’, Kaé et Sokka, voilà le nom des trois (malheureuses ?) victimes de la rigueur et du sérieux de leur examinatrice. Bien que les ayant soumis à de rudes passes d’armes, elle avait accordé, à deux d'entre eux, le privilège de devenir des guerriers d’élite. Cependant, malgré son mental d’acier et son corps entraîné chaque jour, Nina avait préféré, après l’épreuve de celui qui avait trahi sa famille et ses espoirs, regagner un lieu où elle pourrait passer une nuit dans une auberge, estimant qu’elle ne devait pas se surmener, et c’était là, sans doute, une marque de sagesse. Elle avait donc quitté les montagnes glacées pour atteindre la capitale nalcienne, Alfen, où elle n’avait pas mis les pieds depuis plusieurs années… Combien ? Elle ne s’en souvenait plus vraiment, mais c’était pour le concours, où Genki avait brillé, même s’il n’avait pas remporté la compétition. Et la ville était assez particulière, pour la guerrière de l’Eau, ce qui expliquait certainement, outre ses obligations ailleurs, sa réticence à y venir…

En effet, c’était le fief de Gabrielle, la championne aux oiseaux, la même femme qui lui avait promis monts et merveilles avant de s’évanouir dans la nature, et après avoir trahi la confiance de Nina. La fille adoptive du major Wang, blessée et profondément déçue, avait décidé de l’oublier, d’autant plus qu’elle était désormais introuvable, et que l’arène avait été reprise par une femme digne et méritante, du moins Nina l’espérait-elle. Elle comptait d’ailleurs l’affronter incessamment sous peu, puisqu’elle s’était interrompue dans sa quête de badges depuis trop longtemps à son goût. Elle marchait donc d’un pas décidé, à la recherche de l’auberge la plus proche, quand elle se souvint subitement que Kashi, sa Noarfang, était née ici, et y avait été formée pour devenir une monture de combat. Songeant que le rapace nocturne voudrait sans doute revoir sa ville natale, elle le libéra de sa capsule.

L’énorme oiseau jaillit dans un flash lumineux, puis étendit ses grandes ailes tout en regardant aux alentours. En reconnaissant Alfen, elle poussa un ululement de joie, et jeta un regard ravi à sa maîtresse avant de s’envoler, histoire de sillonner les cieux de son terrain favori. Nina, elle, sourit, puis poursuivit sa route, mais fut interrompue par un autre oiseau, qui vint à sa rencontre pour déposer une missive de Mizuhan dans ses mains, avant de se poser non loin de là, sur un toit. La double-lame émeraude fit sauter le cachet, l’ouvrit, et sentit un papillonnement dans son ventre quand elle identifia l’écriture de Sergei, son père adoptif. Il lui annonçait en effet que l’œuf de ses deux Pokémon, Genki et Miyana, avait éclos depuis quelques semaines déjà, et il s’excusait de ne la prévenir que maintenant, ayant été débordé à l’Académie militaire. Nina continua sa lecture, en soupirant (elle l’aurait grondé pour ses excuses, inutiles selon elle), et apprit que le Mentali et la Phyllali, qu’elle avait envoyés chez elle dès son retour du continent flottant, avaient engrangé deux nouveaux œufs, et qu’ils étaient impatients de retrouver leur dresseuse. Comme à son habitude, la fille de l’Eau retourna le parchemin, écrivit sa réponse, puis la scella pour la donner à l’oiseau, qui repartit. Contrôlant le flot d’émotions qui se déversait en elle, dû à un trop-plein d’informations et de sensations qui l’avait submergée dès son arrivée dans la ville, elle inspira un grand coup, puis avança droit devant elle… Avant d’être interrompue, une nouvelle fois.

Dans une ruelle, à sa gauche, une adolescente, adossée à un mur, serrait du plus fort qu’elle le pouvait un Absol et un Luxray, ce qui ramena Nina plusieurs jours en arrière, quand elle avait vu sa seconde challenger se pointer au milieu des collines qui entouraient Alfen. En plissant les yeux, la princesse eut la confirmation qu’il s’agissait bien de Kaé, la Terrosienne au manque de concentration légendaire, et elle fit quelques pas vers elle, avant de s’arrêter en apercevant une autre silhouette qui venait dans sa direction. Lorsque cette dernière interpela la gamine, un léger tremblement alerta Nina, qui leva les yeux pour voir un gros Ptéra atterrir sur un toit voisin. Dans le même temps, son propre Pokémon se posa à son tour, en face du Dragon, tant pour être près de sa dresseuse que pour surveiller les alentours. Plutôt vigilante, mais pas agressive, la Lame-Caméléon s’approcha, puis se présenta pour l’inconnue.

« Il semblerait que oui, il s’agisse de Kaé… Nina Wang, colonel d’armée à Mizuhan. Enchantée. »

Cela pouvait paraître pompeux, mais Nina avait cru déceler chez cette femme une aura guerrière forte et assurée, et puisqu’elle se trouvait en pays allié, elle n’avait aucune raison de cacher son identité. De plus, la fille du major avait les cheveux détachés, exceptionnellement, et elle songea qu’un rappel ne ferait pas de mal à la Terrosienne, car il y avait de fortes chances pour qu’elle ne l’ait pas reconnue. Se tournant ensuite vers Kaé, qu’elle trouva encore fatiguée malgré une amélioration de son état (l’affrontement l’avait laissée épuisée et couverte de blessures), elle lui tendit la main, dans un geste amical, pour l’inviter à la saluer. Elle lui lança ensuite, d’une voix un brin moqueuse :

« Ne me dis pas que tu ne t’es pas remise de notre duel, quand même. Il va falloir être plus costaud que ça si tu ne veux pas me faire regretter ce que je t’ai accordé. »

L’attitude de la Mizuhanienne pouvait paraître étonnante de la part de quelqu’un qui avait presque torturé la gamine au cours de son épreuve, mais une fois sortie du champ de bataille, Nina laissait de côté son comportement dur et sévère, surtout envers ceux qui ne faisaient pas partie de son camp. Son voyage lui avait appris à s’ouvrir aux autres, et ce peu importe leur pays d’origine : elle était bien amie avec un Flamenois, alors, pourquoi pas ? D’un air bienveillant, la guerrière de l’Eau attendit patiemment que Kaé saisisse la main droite et sincère qu’elle lui offrait.

[Velusia, je n'ai pas tenté le salut militaire, puisque Nina n'est pas certaine à 100% que tu en es une. Mais elle t'a saluée quand même, donc ne prends pas mal le fait qu'elle ne te serre pas la main xD]

[Kaé]

Quand une voix familière tonna près d’elle, la gamine relâcha les Pokémons de son étreinte afin de voir qui l’interpelait. Ses sourcils se hissèrent un peu sur son front lorsqu’elle reconnut la Nalcienne, avant de laisser paraître un de ses plus beaux sourires « crochus ». Elle connaissait bien cette dame, ayant même réussi à assimiler son prénom, Velusia, même si son nom de famille lui échappait encore. Elle avait rencontré la guerrière pas longtemps après être partie de chez elle, puis plus tard après avoir rencontré Absol au Cosmo Canyon. À ce moment là, les deux demoiselles avaient échangé une petite passe d’armes, qu’elles avaient eu l’occasion de renouveler lors du Colisée. Kaé n’avait pas pu voir le « couronnement » de la championne, dans les vapes durant la cérémonie.

Elle n’eut pas le temps de répondre « ben ouais un peu que c’est moi ! » qu’une autre personne prit le relai pour elle. La gamine ne reconnut pas immédiatement l’examinatrice de son passage de rang ; elle n’était pas exactement la même que lors de l’épreuve : un truc avait changé, mais la gamine n’arriva pas à mettre le doigt dessus. Dans tous les cas, elle se raidit instinctivement, se souvenant de la raclée qu’elle s’était prise récemment et dont elle n’était pas encore remise. Quand Nina lui tendit la main, Kaé ouvrit des yeux tous ronds de poisson, se questionnant sur ce qui était en train de se passer. Elle se demanda s’il n’y avait pas un piège dans la proposition de la colonel, et approcha très lentement sa propre main, prête à la retirer dés qu’elle sentirait un truc louche dans l’air.

C’était probablement en voyant son état que la dame lui lança une petite boutade, que la gamine eut du mal à comprendre. Elle pensa d’abord que Nina allait regretter sa décision et lui retirer son rang, puis l’observant, elle finit par apercevoir le brin d’humour qui s’était engouffré dans la phrase. Franchement, ce n’était pas du tout la même Nina qu’elle avait devant elle que celle qu’elle avait affrontée, mais cela ne déplut pas à la gamine, qui laissa tomber ses craintes et serra la main tendue sans arrière pensée, la secouant aussi fort qu’elle pouvait – c’est-à-dire pas très violemment, vu son état. Elle sourit à la dame comme elle avait fait à Velusia, ce qui lui rappela d’ailleurs qu’a priori, les deux femmes ne se connaissaient pas. Faisant le pont entre les deux, la gamine entreprit de faire les présentations.

« Madame Wang, » commença-t-elle, n’osant pas encore appeler la femme par son prénom, « j’vous présente Velusia, championne du dernier Colisée. Velu, voilà donc la dame qui m’a fait passer maitresse des lames, » annonça-t-elle fièrement, pour montrer les progrès qu’elle avait encore réalisés depuis leur dernière rencontre.

Derrière la Nalcienne, elle remarqua aussi la Ptéra – qui était difficile à rater – et lui fit un petit coucou, impressionnée par sa taille. Il faut dire, la dernière fois qu’elle avait vu la Pokémon fossile, elle lui arrivait à peine aux genoux, étant encore toute petite et toute enfant. Elle se souvenait même avoir vu l’œuf duquel elle avait éclos, lors de leur première rencontre. D’ailleurs, ça lui fit penser que celle qu’elle considérait comme son ainée n’avait jamais rencontré les Pokémon de son équipe à part Absol.

« Elle, c’est Luxray, » continua-t-elle dans les présentation, tant qu’à faire, grattant vigoureusement la fourrure de la Pokémon brillœil, « et j’te présenterais bien Solochi, mais j’ai peur qu’il fasse des dégâts en ville, il est un peu agité comme petit. »

Nina aussi se promenait avec sa mouture, mais ne la connaissant pas vraiment, la gamine préféra ne pas désigner le Pokémon, de peur de dire des bêtises à son sujet.

Elle allait demander à son amie comment elle se portait depuis leur dernière rencontre, quand un truc dans le ciel l’interrompit. La nuit était tombée maintenant, et l’éclairage assez faible de la ville permettait de bien distinguer les étoiles brillantes tout là-haut. La gamine et ses Pokémon levèrent la tête – la fille manquant de tomber en arrière par la même occasion – pour essayer de comprendre un peu ce qui se passait. Petit à petit, de plus en plus de longs traits brillants se mirent à traverser le grand dôme bleu, émerveillant la plus jeune des trois filles.

« Vous avez vu ça ? » s’exclama-t-elle en pointant du doigt le phénomène, « c’est trop chouette ! »

Les deux félins restèrent calmes devant la scène, contrastant avec leur maîtresse qui s’excitait au moindre petit truc. Sans crier garde, elle se hissa sur le dos d’Absol, aidée par Luxray qui vit que la gamine avait encore du mal à tirer sur ses bras. Cela dit, à la voir, la fille semblait faire comme si elle était en pleine forme, s’enthousiasmant avec la même énergie que d’habitude. C’était sans doute un des bons points de son immaturité et de son manque de concentration, mais il fallait du coup que ses deux Pokémon s’occupe de veiller sur elle comme sur une enfant.

« Ca doit être encore plus beau vu de là-haut, vous venez ? » lança-t-elle tout excité, avant de donner un petit coup de talon dans le flanc d’Absol.

Le Pokémon désastre prit son élan, puis s’élança à la conquête des façades de des immeubles du coin, utilisant les balcons et gouttières pour élever la gamine. Luxray les suivit derrière, et rapidement le trio arriva sur un des toits tous plats de la ville. Descendant de son Pokémon, la gamine n’arrivait pas à quitter le spectacle des yeux, tant il était enchanteur.

« Vous avez vu, vous avez vu ! » s’écria-t-elle, convaincue que les autres l’avaient suivit, ou qu’au pire Absol et Luxray faisaient attention à elle, « c’est trop beau ! J’me demande ce qui se passe là-haut pour qu’on ait droit à ça ce soir ! »

La gamine, heureuse de s’être réveillée à temps pour pouvoir voir ça, regarda bêtement le ciel, des étoiles de féérie brillant dans le fond de ses yeux.

[Velusia Varam]

Kaé relâcha ses Pokémon et la vit enfin et lui sourit. Cela faisait bien un an qu’elle ne s’était pas vue et la jeune fille ne semblait pas avoir vraiment changée, mais elle n’avait pas vraiment l’air en bonne forme. Mais elles n’eurent guère le temps d’échanger leurs souvenirs, que déjà, elles étaient interrompues. Velusia avait vu s’approcher l’autre femme et avait accroché son regard sur elle, la laissant venir vers elles. D’ailleurs, la femme se mêla à leur conversation et se présenta comme étant de l’armée de Mizuhan. Velusia ne répondit pas tout de suite, laissa à Kaé le soin de lui répondre, vu que Nina Wang, visiblement, s’adressait à elle. La jeune fille fit les présentations, la présentant comme la Championne du Colisée. C’est vrai… Velusia savait maintenant que Kaé avait passé un grade, mais ne savait pas vraiment lequel, mais s’il s’agissait de Wang, elle pariait sur celui de Maitre des Lames. Après tout, Velusia connaissait les Officiers de son pays, mais aussi du pays allié et devait les connaître d’autant plus qu’elle était Chevalier à présent, même si elle n’avait jamais rencontré Wang.

« Tu es Maîtresse des Lames maintenant alors ? Félicitation. » Dit Velusia d’un calme et posé. « Velusia Varam, Chevalier au service de Nalcia. »

Velusia était fière de son rang et surtout fière de servir son pays, de ne pas s’arrêter à la préférence d’une seule famille, mais ne dit rien de plus. Ce n’était pas non plus son genre de se mettre en avant et surtout de rabaisser les autres. Non ça n’était ni son style, ni son mode de pensée. Velusia n’était peut-être pas un Officier, mais elle connaissait sa valeur. Tout en parlant, la femme Chevalier fit le salut militaire de Nalcia, ne se décrochant jamais de son rôle, si profondément ancré en elle qu’il était une seconde nature. La Ptéra rugit, un rugissement de Godzilla, afin de rappeler sa présence, ce qui n’était pas nécessaire, car la dragonne faisait cinq mètres quarante de haut pour la modeste envergure de huit mètre. Pour faire simple, elle était aussi grande qu’un tyrannosaure, un véritable monstre, trois fois plus grande qu’un Ptéra ordinaire. Ces temps-ci, à chaque fois que Velusia la regardait, elle ne cessait de penser que son défunt frère avait un don pour trouver les choses les plus rares.

« Un Solochi ? Qu’est-ce donc ? » Dit Velusia en avisant la Luxray, évolution, d’un des chats qui rôdaient dans la Forêt de Payan.

Kaé sembla sur le point de répondre, ou de dire quelque chose, mais se retint. Comme elle levait le regard vers les étoiles en même temps que ses Pokémon, Velusia fit de même. Le spectacle offert était saisissant, une myriade d’étoiles tombait droit sur Erasia, enflammant le ciel dans une pluie céleste. Velusia n’en avait jamais vu de telle. La Ptéra cria de nouveau, regardant le ciel et se redressa, prit son élan et s’envola, soulageant la maison de son poids. Allait-elle plus près des étoiles pour mieux se faire entendre ? Velusia regardait sans rien dire, un très fin et discret sourire s’affichant sur ses lèvres. C’était un fait notable, car jamais la femme soldat ne souriait, que ce soit un vrai sourire ou un sourire de façade. Plissant un peu les yeux, la jeune femme regardait la chute des étoiles. Kaé, elle s’enflamma presque autant qu’elle, grimpa sur le lion de foudre et les deux disparurent sur le toit. Bien qu’il n’était pas de son genre de se promener sur les toits, Velusia suivit le mouvement et en quelques sauts gracieux, se retrouva à côté de l’enfant.

Son sourire avait disparut, mais elle n’en pensait pas moins qu’un instant plus tôt. A vrai dire, la Nalcienne n’avait jamais prêté attention aux traditions de contes de Mélofée et voir Kaé s’extasier devant les étoiles avait quelque chose de… De frais. Un moment de ce genre qu’elle n’avait plus vécut depuis bien longtemps. Pouvait-elle se permettre –pour une fois- de se joindre à la population locale dans une tradition d’enfant ? Le vœu de la Ptéra ne resterait connu que d’elle, et la femme Chevalier n’était pas certaine de connaître les désirs secrets de son dragon. Mais elle, que voulait-elle dans le fond ? Elle ne savait pas bien, en réalité. Elle avait réalisé son désir le plus secret, devenir Chevalier pour défendre son pays. Et son mentor qui lui reprochait d’avoir cessé de vivre… Oui, peut-être pourrait-elle souhaiter de reprendre goût à la vie, pour de vrai.

[Nina Wang]

Tandis que l’inconnue félicitait Kaé pour l’obtention de son grade, Nina l’examina rapidement du regard. La Nalcienne était taillée pour le combat, malgré des vêtements qui n’évoquaient pas vraiment la rigueur militaire : elle était sans doute en civil. L’adolescente la présenta alors comme la championne du Colisée, ce qui confirma les soupçons de la guerrière de l’Eau : cette femme n’était pas née de la dernière pluie, et lorsqu’elle déclina son identité, son grade la fit tiquer. Chevalier, hein… C’était la voie des armes la plus étroitement liée au pays du guerrier qui le portait, et elle équivalait le titre que Nina, Lame-caméléon, portait avec autant de fierté que Velusia brandissait le sien, achevant de se présenter avec un salut militaire, que la fille adoptive du major lui rendit presqu’aussitôt, happée elle aussi par une brève déformation personnelle. Un rugissement attira alors l’attention du colonel, qui leva les yeux vers l’énorme monture que même la taille pourtant gigantesque de Kashi n’impressionnait pas, et elle sourit, repensant à une Ptéra qu’elle avait déjà vue, longtemps auparavant, et qui appartenait au célèbre Dragon Master… Le dernier rempart à abattre avant la Route Victoire, songea-t-elle un instant, avant de reporter son regard d’ambre sur le groupe autour d’elle.

D’un ton plutôt enjoué et insouciant, Kaé poursuivit dans sa lancée, présentant la Luxray que Nina avait déjà vue lors de l’épreuve, et évoquant un Pokémon dont la princesse ignorait l’existence. Puisque la guerrière de l’Eau était certaine de connaître au moins le nom et l’apparence de toutes les créatures qui existaient sur Erasia, elle en déduisit donc que celle-là venait du monde d’en-haut, de Tenkei. « Révélation divine »… Le nom du continent flottant révélait bien qu’il était apparu comme un incident providentiel, mais personne ne savait si l’impact en serait de bon ou de mauvais augure. En lâchant un petit soupir, Nina chassa ces interrogations de son esprit, remettant les suppositions à plus tard : dans les cieux, en ce moment, quelque chose de bien plus intéressant préoccupait Kaé, qui manqua de tomber en arrière à force de lever les yeux vers le firmament. Imitant son aînée, qui avait suivi le mouvement de la Terrosienne, la Mizuhanienne se tourna vers la voûte, et resta sans voix devant le spectacle.

Un feu nourri d’étoiles filantes criblait le ciel de lumières vives et courbées, se détachant bien du fond très sombre qui recouvrait Erasia chaque fois que la nuit tombait. Mais contrairement à Nina, qui observait dans un silence quasi religieux, Kaé s’extasiait et s’enthousiasmait, ce qui n’étonnait pas vraiment l’examinatrice. Elle devait être presque adulte, mais elle avait un caractère plutôt enfantin pour son âge. Se détournant de la contemplation des cieux, la princesse vit Kaé se faire hisser sur le toit d’un bâtiment proche par son Absol, que le lion électrique suivait de près. Velusia emprunta le même chemin, et Nina, après avoir haussé les épaules, emboîta le pas à la Nalcienne, avec la même agilité et la même souplesse que le Chevalier, s’étant probablement endurcie avec un entraînement similaire au sien, ou du moins, tout aussi régulier.

Une fois là-haut, Nina s’autorisa un léger sourire en entendant la toute nouvelle gradée s’émerveiller devant la danse des étoiles, dont la chute ne semblait jamais vouloir s’arrêter. Depuis quand la fille adoptive du major n’avait-elle pas posé un regard aussi innocent que celui de la Terrosienne sur un phénomène de cette envergure, quel qu’il soit ? En jetant un coup d’œil à Velusia, elle pensa qu’elle avait peut-être le même cheminement, dans ses réflexions, puisqu’elle avait l’air d’être une militaire de longue date, tout comme elle. Si l’armée était comme une seconde famille, pour ceux qui choisissaient d’y faire carrière, elle était aussi capable de renforcer le cœur et l’âme à l’extrême, en occultant parfois tout le reste, y compris les capacités de ses enfants à garder cette part d’innocence qui était pourtant un des plus beaux cadeaux qui soient donnés aux êtres vivants. Songeuse, Nina posa une main distraite sur sa Noarfang, qui s’était rapprochée discrètement, malgré ses dimensions titanesques pour son espèce.

Les souvenirs de ses nombreuses lectures à la bibliothèque de Fla’Or affluèrent dans son esprit, tandis que les images des gardiens d’Erasia, les Pokémon de légende, défilaient à toute vitesse. Enfin, son attention se fixa sur l’un d’entre eux, dont on disait qu’il était le Génie des Vœux, et que sa venue était associée à… Une pluie d’étoiles filantes. En hochant doucement la tête, le colonel murmura :

« Je crois bien qu’il est temps de faire un vœu… Puisque Jirachi nous gratifie de sa présence, ce soir. »

Sur ces mots, elle leva lentement son bras pour pointer une lueur bien plus vive et plus brillante que les autres, quelque part dans les cieux. En effet, celle-ci s’était immobilisée et lévitait maintenant doucement. Sans détacher son regard ambré du point désigné, Nina s’interrogea alors sur ce qu’elle pouvait demander à la divinité, qui ne reviendrait pas avant un bon millier d’années. Elle était gradée, avait beaucoup d’hommes sous son commandement, et elle était plutôt bien avancée dans sa quête de sésames pour l’accès à la Ligue. Quant à sa maîtrise élémentale, elle n’était pas mauvaise, et commençait à devenir plus diverse et plus subtile. Que pouvait-elle bien souhaiter, pour rendre Sergei encore plus fier de sa « royale » protégée ? Impassible, mais en proie à un tourbillon de questionnements intérieurs, Nina continua à fixer l’étoile animée, sans un mot. Il était peut-être temps de se poser un peu, pour faire un bilan de tout ce qu’elle avait accompli jusqu’à présent…

[Kaé]

Les deux adultes rejoignirent Kaé sur son toit, l’accompagnant calmement. La gamine remarqua leur présence, la sentant, mais ne s’y attarda pas. Les loups avaient trouvé son invitation bizarre, mais avaient l’habitude de tels coups de la part de leur maitresse. Ils trouvaient cela presque curieux que deux femmes de l’armée, sérieuses et raisonnables, acceptent de suivre une enfant dans ses divagations. Cela dit, il était vrai que la nuit de ce soir était spéciale, et elle transportait quelque chose qui transcendait sans doute plus les guerrières qu’une gamine immature.

Velusia restait silencieuse alors que Nina prit le temps de réagir à la question que se posait Kaé. Sa réponse était très vague, et elle semblait elle-même incertaine de ce qu’elle disait, mais cela suffisait largement à une jeune fille ayant une imagination puérile. Jirachi était inconnu au bataillon, mais si on lui disait de faire un vœu, la gamine était toujours partante. Elle demanda un bref « c’est vrai, je peux ? » à la colonel avant de regarder à nouveau le ciel en frappant dans ses mains, toute excitée à l’idée de pouvoir prononcer un souhait. Il lui fallu longtemps pour se décider, des pensées toutes aussi folles les unes que les autres se percutant dans son petit cerveau. Finalement, fatiguée de réfléchir, elle finit par prononcer son désir le plus profond.

« Jiratruc ! Je veux leur prouver que grâce à mon katana, je peux réussir dans cette vie, sans passer par l’armée ! »

C’était le vœu qu’elle formulait depuis toujours, dés qu’elle en avait l’occasion. Elle le faisait quand elle jetait des pièces dans les puits, quand elle soufflait les bougies de son gâteau d’anniversaire ou quand elle avait un cil sur la joue. Depuis qu’elle était toute petite, ses parents ne l’avaient jamais supportée dans ce qu’elle voulait faire, c’est-à-dire développer son talent pour les arts martiaux. Elle ne voulait pas devenir militaire, parce qu’il suffisait d’en regarder un pour voir que cela ne rendait pas toujours aimable – ni Nina ni Velusia ne sont visées par cette phrase… –, parce qu’elle refusait de se mettre sous la commande de types qu’elle connaissait même pas et surtout parce que ça n’avait pas l’air drôle du tout. Elle ne comprenait pas qu’on l’embête autant pour son avenir alors qu’elle savait précisément ce qu’elle voulait faire, et que pour cela il fallait juste qu’elle ait la paix. C’était d’ailleurs pour cela qu’elle avait quitté le cocon familial à la base. D’ailleurs, elle s’en tirait très bien, ayant avec elle des amis fidèles et des rangs reconnus. Certes, maintenant, elle allait devoir se mettre un peu au travail, mais tout ce qu’elle faisait devait déjà dépasser de loin ce que ces parents avaient espéré pour elle. Franchement, c’était pas plus classe d’être dompteur que fleuriste ?

« Et vous, vous désirez quoi ? » demanda-t-elle en se tournant vers ses deux compagnons de route et les femmes qui l’avaient suivie. Elle trouvait cela drôle et voulait continuer le jeu, d’où sa question très ouverte.

Les deux Pokémon n’avaient pas grand chose à espérer, eux. Luxray fit le vœu qu’Absol finisse enfin par comprendre les sentiments qu’elle avait pour lui, alors que le Pokémon désastre priait pour réussir à rendre heureuse la Pokémon brillœil…

Soudain, une porte claqua près du groupe. La gamine sursauta à cause du bruit, avant de se tourner pour essayer de voir ce qui en était à l’origine. Juste à côté d’eux se tenait une dame habillée en blanc, sortant apparemment de l’escalier de l’immeuble qui donnait accès au toit sur lequel la gamine et les autres s’étaient perchés. Reconnaissant l’uniforme, le tein de Kaé devint livide.

« Mademoiselle Xiangha, que faites-vous là ? Vous allez me suivre et plus rapidement que cela, je vous prie. »

C’était une des infirmières de l’hôpital dans lequel s’était réveillée la gamine, quelques temps plus tôt. Se ressaisissant, Kaé riposta, refusant de suivre ses clowns où que ce soit.

« Ca va pas non ? Il est hors de question que je vienne avec vous. Et puis, c’est plutôt à moi de vous demander ce que vous fabriquez ici ! C’est du harcèlement, vous me suivez partout ! » s’indigna la gamine, même si elle ne put mettre autant de volume dans ses paroles que ce qu’elle aurait voulu, à cause de son état encore faiblard.

La dame regarda la gamine avec consternation, avant de se pincer le front avec les doigts.

« Mademoiselle, on ne vous suit pas, c’est vous qui avez bondi sur le toit de l’hôpital… »

À nouveau, la gamine blanchit en comprenant son erreur. Tout à l’heure, lorsqu’elle avait voulu s’échapper, elle avait à peine fait le tour du bâtiment, avant d’être épuisée. En arrivant sur l’allée principale, elle pensait les avoir semée, alors qu’elle avait juste tourné au coin de la rue.

« Les patients vous ont vu sauter sur l’immeuble, ils ont appelé les infirmiers et je suis alors venue vous chercher pour vous demander de, s’il-vous-plait, rejoindre votre chambre. Vous n’êtes pas encore assez remise de votre épreuve pour qu’on prenne la responsabilité de vous laisser vaquer dans les rues. »

La dame faisait vraiment tout son possible pour rester calme et gentille. La gamine serra les dents, avant d’aboyer.

« J’ai pas envie de retourner chez vous où j’ai failli me faire piquer mon sabre et où mes potes ont pas le droit de venir avec ! »

Comme si elle s’attendait à cette réponse, la femme sourit, et répondit.

« Nous allons vous trouver une chambre au troisième étage, dans les chambres de repos. Elles ne sont pas soumises aux mêmes restrictions ; vos amis pourront vous accompagner et vous pourrez garder vos affaires à condition que nous les scellions dans un tissu, que vous pourrez déchirer à votre sortie. »

Les sourcils de la gamine se levèrent, et avant qu’elle ne puisse vraiment donner sa réponse, Luxray et Absol avaient pris la décision pour elle, la poussant à suivre l’infirmière dans l’immeuble. La gamine lutta un peu, ne voulant pas partir.

« Mais euh ! » se plaignait-elle, « et les étoiles ? » tenta-t-elle dans un ultime recours.

« Je vous installerai sur une chambre depuis laquelle vous pourrez les observer, n’ayez crainte. »

La gamine soupira. Cette fois, elle était à court d’arguments, et ses deux félins gardes du corps insistaient trop pour qu’elle refuse l’invitation. Elle s’échappa quand même afin d’aller dire au revoir aux deux adultes, leur expliquant à quel point elle avait été contente de les croiser et espérait qu’elles pourraient toutes se revoir bientôt. Puis, dans un dernier signe de main, elle passa à côté de la dame qui referma la porte derrière elle.

La gamine suivit la femme en blanc au travers des couloirs, se laissant guider jusqu’à une pièce vide, ornée d’une table et de trois lits. La dame lui expliqua qu’elle pourrait rester ici, et ouvrit les volets pour prouver à la gamine que l’on pouvait encore observer la pluie d’étoiles. Pendant que la gamine se changeait rapidement et mangeait un plateau froid pas bon, l’infirmière rangea les armes de la guerrière dans un grand sac en toile qu’elle cousu avant de le poser au pied du lit de la gamine, et de la laisser tranquille à admirer le ciel.

La jeune fille passa encore beaucoup de temps près de la fenêtre, repérant même au milieu du curieux phénomène l’étoile qu’elle et Absol avait désigné pour être celle qui honorerait leur amitié. Elle finit par s’endormir par terre, et il fallut que les félins, sages et attentifs, la couche et borde pour qu’elle passe une bonne nuit de sommeil et se remette de toutes ses péripéties.



[Bon ben ça fait trois pour Kaé, et du coup ça clôture pour moi ! ^^ Merci beaucoup pour ce Rp, j’me suis bien marrée ! À bientôt en rp j’espère :D]

[Velusia Varam]

Etrange, pas étrange, pas rapport à quoi ? Une norme ? En ce qui concernait Velusia, elle n’avait jamais vraiment été dans la norme, alors grimper sur un toit pour suivre Kaé, ça allait encore. Elle certes sérieuse et raisonnable, mais s’en était pas encore au point de se souler à rouler sous la table sans pouvoir se relever. Transcender, on ne pouvait pas dire cela, Velusia restait égale à elle-même, calme et silencieuse, semblant même disparaître dans la nuit à cause de son immobilisme. Elle ne prêtait pas plus attention en apparence à Nina, que de toute façon elle ne connaissait pas et puis ce n’était pas parce qu’elle faisait partit de l’armée, y était Officier que cela changeait quelque chose pour elle, Velusia n’était pas tellement du genre à vouloir copiner. Que ce soit avec les plus gradés, les moins gradés ou les collègues Chevaliers. Sans être spéciale, Velusia était plutôt discrète, même si elle gardait une bienveillance envers les « bleus » et les nouvelles recrues. Ce n’était pas une façon de se faire mousser, mais parfois les jeunes soldats avaient bien besoin d’un petit coup de main. Après quant à savoir si elle était appréciée ou non… Cela n’avait pas d’importance, le travail passait avant le reste. Seule à rompre le silence Kaé formula son vœu à voix haute, n’ayant nullement peur de se révéler, qualité que Velusia avait perdue depuis un bon moment déjà… Jiratruc. Cette dénomination la fit sourire intérieurement, elle ne craignait absolument pas de vexer le Pokémon en écorchant son nom et ne s’en faisait d’ailleurs pas pour ça. Il était vrai que les Pokémon d’Erasia étaient plutôt sympathique et rares étaient ceux qui s’offusquaient pour si peu, particulièrement les Légendaires. Cette pensé l’amena naturellement vers Rayquaza, dont personne ne semblait avoir de nouvelle de son état, qui aux dernières nouvelles tout comme Sulfura n’était pas brillant. Cela faisait longtemps qu’on n’avait plus entendu parler d’eux, ni d’Artikodin ou encore de Mew. C’était dans la mesure où cela concernait les humains que Velusia s’en préoccupait…

Enfin… De toute façon, Velusia devait agir pour son pays et pour l’instant, son seul travail était d’exécuter les missions qu’on lui confiait et il en serait de même en état de guerre, cela n’avait pas grande importance. Elle avait été au front deux fois, elle recommencerait. Sans répondre à sa question toutefois, Kaé leur demanda ce qu’elles désiraient. N’étant pas du genre à s’exprimer ouvertement et à parler d’elle, Velusia fit un bref geste de la tête. Ce qu’elle désirait ? Ho c’était bien trop compliqué et personnel pour être exposé de la sorte. Elle ne voulait pas non plus plomber l’ambiance avec un interminable récit des dernières années de sa vie. Velusia ne répondit donc pas, mais son silence resta toutefois étrangement poli, pour seule réponse à Kaé, La Nalcienne avait reporté son regard sur les étoiles d’un air entendu, comme la réponse à un dialogue mental entre elle et les corps célestes. Une porte claqua tout prêt d’eux, en dessous, probablement le propriétaire ou un des occupants de la maison, à vrai dire, à discuter et à avoir grimpé jusque là avait sans nul doute possible attiré l’attention. La voix qui résonna était sans erreur possible celle d’une infirmière, car elle avait le tour de main pour se donner un ton et tenter de se faire obéir de leur patient, et on pouvait difficilement ne pas le faire. Ce qui lui faisait qu’elle aussi, devrait très prochainement mettre les pieds dans l’hôpital. En tout cas la réponse de Kaé ne se fit pas attendre, attirant un regard assez neutre de Velusia. Refusait-elle de se faire soigner ? Mais sitôt dit, l’infirmière répliquait avec une logique et une fermeté implacable. Malheureusement pour elle, l’infirmière avait raison.

« Même le plus grand des Chevalier doit savoir poser les armes. » Dit la femme soldat. Ce qui était assez amusant, car elle-même ne respectait pas cette règle. Oui mais elle, elle était adulte et aguerrie. S’ensuivit un concert de vocalise de la part de Kaé qui surprit un peu Velusia mais qui n’en montra rien, à vrai dire, elle avait toujours été très calme et posée, même adolescente, période qu’elle n’avait jamais vraiment vécut dans le fond et qu’elle ne pouvait comprendre. En fait, elle était passée de l’enfance directement à l’âge adulte. L’infirmière emmena finalement Kaé, qui réussit à revenir sur ses pas un instant pour saluer les deux femmes militaires, Velusia ne manqua pas de faire son salut à Kaé et Nina et sauta à sont tour du toit avec élégance. A vrai dire, elle n’avait pas grand-chose à raconter à Nina et elle-même devait maintenant rentrer à la caserne. Alors que Kaé s’installait à sa fenêtre, Velusia prit son appui au sol pour sauter en hauteur, un bond assez formidable où elle se raccrocha à une lanière de cuir, invisible dans la nuit, remontant sur le dos d’une masse sombre, planant à plusieurs mètres du sol. Il s’agissait de sa Ptéra bien entendu. Se remettant donc en selle, Velusia fit prendre la route de la caserne, qui fut atteinte en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Atterrissant dans la cour, Velusia mena son dragon à l’écurie et s’occupa de la défaire de son attirail, ne pouvant malheureusement pas décerner cette tâche aux palefreniers : la dragonne avait en effet tendance à prendre le malin plaisir à leur faire peur. Refermant la porte de son immense stabulation (la bête avait quand même la taille d’un tyrannosaure, il avait fallut s’adapter), Velusia la laissa là pour la nuit. Loin de se reposer comme a jeune terrosienne, Velusia entreprit d’aller dans les bureaux où son supérieur la croisa et l’appela dans la sale de briefing. Cela sentait la mission à coup sûr, elle ne pouvait pas s’y tromper. Et d’ailleurs, elle ne se trompa pas.

« Nous avons besoin que quelqu’un de gradé ne s’y infiltre. Nous ne pouvons pas confier cela à des bleus. » Disait son mentor, alors qu’un autre supérieur faisait son entrée. Velusia le salua.
« Rompez. Nous ne voulons pas mobiliser nos troupes et inquiéter les pays voisins, mais nous ne pouvons pas rester les bras ballants. Les disparitions s’accumulent et nous n’avons pour l’instant pas été capables de les trouver. »
« Votre mission est simple Varam. Allez au port, trouvez-les, infiltrez-vous de ma manière dont il vous plaira. Et faites les taire. Nous ne voulons pas qu’on apprenne ce qu’il se passe, cela ne doit pas s’ébruiter. » Conclut son mentor.
« Que dois-je faire si les autorités adverses s’interposent ? »
« Gardez votre couverture. Du moins, jusqu’à ce que votre mission ne s’achève, à vous de voir la meilleure façon de terminer cette mission, n’oubliez pas que vous serez là-bas incognito. »
« Vous partirez demain matin avant l’aube. »
« A vos ordres. »

Velusia salua ses supérieurs et quitta la pièce. Voilà qui promettait… Une mission d’infiltration ? Velusia traversa la cour sous le vent qui se mit à souffler et se rendit rapidement dans ses appartements où elle se déshabilla et alla prendre une douche. La question était de savoir si elle emportait ou non sa Ptéra… Si on la lui volait, elle savait qu’elle pouvait toujours appeler la bête qui ne répondrait qu’à ses ordres, mais… Mais les Ptéra n’étaient pas très répandu et elle risquait aussi d’être facilement repérée. Tant pis. En revanche, l’idée de partir dans le dragon était un peu étrange, maintenant qu’elle partageait sa vie. Enfin… Elle avait accomplit avec succès plus d’une mission sans elle et était toujours largement capable de le faire.

(Merci à vous ;) )

[Nina Wang]

L’excitation et l’amusement de sa cadette fit soupirer doucement Nina, qui acquiesça brièvement lorsque la Terrosienne demanda si elle pouvait vraiment faire un vœu. Après ce qui semblait être une intense réflexion, elle finit par souhaiter de prouver sa valeur avec son katana, sans intégrer l’armée, ce qui provoqua un éclat de rire chez Nina. Heureusement que le colonel n’était pas susceptible, et que Velusia avait l’air de la connaître assez pour ne pas s’offusquer de ces paroles… La guerrière de l’Eau secoua doucement la tête de gauche à droite, comme pour indiquer qu’elle pensait le cas de Kaé désespéré. Mais lorsque cette dernière se tourna vers elle pour l’interroger sur son propre vœu, la jeune femme retrouva son sérieux. En levant les yeux vers les étoiles, elle passa discrètement la main dans le devant de son vêtement, pour y enfouir la main dans sa poche, et y saisir son précieux pendentif pour le caresser doucement. Ce qu’elle voulait ? Elle n’oserait jamais formuler ses désirs à voix haute, mais en cet instant, toutes ses pensées étaient tournées vers Sergei. Lui qui avait pris le risque de mettre en jeu sa carrière, et de bouleverser son existence en recueillant Nina. Il lui avait déjà dit qu’il était fier d’elle, et qu’il la soutenait dans ses entreprises diverses. Alors, que pouvait-elle souhaiter, à part de réussir dans ce qu’elle voulait faire, et de mettre ce succès au service de la protection de ses proches ? De plus, l’armée du pays de l’Eau la laissait se faire la main sur des candidats au poste de Maître des lames, alors… Elle voulait vraiment devenir instructrice, après avoir terminé son périple pour les badges. Un léger sourire finit par flotter sur ses lèvres, alors qu’elle murmurait, ses yeux ambrés perdus dans le vague :

« Eh bien… J’aimerais simplement que Jirachi entende ce que je lui ai dit. Je me suis toujours remuée pour obtenir ce que je voulais, et je continuerai, quoi qu’il arrive. Peu importe qu’il accède ou pas à ma requête. Si je désire quelque chose, j’irai le chercher, et je me battrai pour cela, sans attendre une quelconque bénédiction. Mon Génie des Vœux… Est déjà là pour moi. »

Bien sûr, Otoosama n’était qu’un « simple mortel » sur Erasia. Mais il était là, bien réel, vivant, et à n’importe quel moment, pas une fois tous les mille ans, pour l’aider et l’épauler. Cela ne signifiait pas qu’elle ne croyait pas en Jirachi et en ses pouvoirs, mais elle avait toujours préféré se rattacher à des réalités avérées, et pragmatiques. Ses nombreuses prières concernant ses camarades d’infortune, lorsqu’elle était enfant, étaient toujours restées sans réponse, et elle avait vu la quasi-totalité des enfants qui partageaient ses malheurs se faire tuer, mourir de froid, de faim, ou de maladie, ou encore se faire emmener par des personnes peu scrupuleuses qui avaient commencé par frapper leurs nouveaux « jouets ». Tout cela l’avait sans doute forcée à se détourner d’une quelconque divinité pour ne compter que sur elle-même, afin de s’en sortir…

Mais le fil de ses pensées fut interrompu par un bruit sec. Le claquement la fit sursauter, fait assez rare pour être souligné, et lorsque l’infirmière qui venait d’arriver finit par emmener Kaé, sous l’œil à la fois amusé et blasé du colonel, la Terrosienne put miraculeusement se dégager pour saluer ses camarades une dernière fois. Nina lui rendit son salut, puis observa en silence Velusia, qui s’éclipsa avec sa monture. Kashi, elle, poussa un cri en direction de sa maîtresse, qui bondit sur son dos, une idée en tête.

Le rapace nocturne suivit ses indications, s’envola d’un puissant battement d’ailes, puis se dirigea vers l’endroit où la princesse voulait se rendre. Lorsqu’elle aperçut la fenêtre que lui désignait sa dresseuse, elle fila pour la rejoindre… Et ainsi, Nina se retrouva presque nez à nez avec Kaé, qui sembla plus que surprise par cette soudaine apparition. Alors que sa Noarfang se maintenait à la bonne hauteur pour permettre à la guerrière de l’Eau d’être en face de la Terrosienne, l’examinatrice lança :

« Elle a bien fait de te ramener ici, vu ton état. Sois plus à l’écoute de ton corps, il te jouera des tours si tu le pousses à bout… Rétablis-toi vite. On se reverra, Kaé Xianghua. »

D’une pression des jambes, Nina fit repartir sa monture, qui regagna l’auberge où elles passeraient la nuit. Bientôt, de nouveaux challengers viendraient tester leurs aptitudes au combat, en espérant obtenir le grade tant convoité… Et la Lame-caméléon se devait de les accueillir… À sa manière.

[Et voilà ! Merci à vous deux, c’était chouette ;)]

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