[ Clos ] Une formation

[Backum McLeod]

Backum fut réveillé tôt le matin par le gardien du cabanon des chambres individuelles. Le jeune homme avait installé ses quelques affaires dans l'une des chambrettes vides avant de s'en aller errer encore quelque peu dans le camp la veille. Il avait eu l'occasion de discuter quelque peu lors du repas du soir à quelques membres déjà présents depuis quelques jours, voir un mois, et avec qui il se retrouverait peut-être affilié au groupe. L'un d'eux, un jeune garçon de quatorze ans provenant d'une petite ville proche d'Alfen lui avait conseillé de se rendre au centre médical du camp afin de se faire examiner le nez. Bien qu'il n'avait pas saigné de nouveau, le garçon avait saisi que Backum sentait une douleur continue à sa manière de se toucher le nez à répétition. Le médecin en garde l'avait reçu volontiers, après quelques membres qui s'étaient entraînés et légèrement blessés ce jour-ci. L'homme lui avait ausculté le nez en le tâtant et en posant certaines questions au jeune homme, sur la manière dont la douleur se présentait, à quels moments précis il la ressentait, et si tel ou tel pression lui faisait d'avantage de mal que d'autres. A la fin de la consultation, le médecin déclara que le nez n'était pas brisé, mais que le choc reçu plus tôt avait fragilisé l'os. Il avait ainsi fouillé dans une armoire et avait confié une pommade au jeune homme, à étaler matin et soir.

Ainsi, une fois levé, le premier réflexe du jeune homme fut de s'étaler de cet onguent sur le nez. Ce fut froid et légèrement douloureux, mais il savait que c'était pour son bien. Après tout, c'était un médecin qui lui avait conseillé ce remède, il n'avait pas à contredire les soins proférés. Cela fait, il attrapa sa veste qu'il enfila et accrocha sa ceinture avant de sortir du cabanon. Une queue s'étalait derrière la salle des douches, et seulement une heure était alloué à tous les membres du camp pour effectuer une toilette décente, et prendre un petit déjeuner. Certains soldats situés dans la queue, encore de mauvaise humeur, maugréaient aux autres membres devant eux de se dépêcher. Lorsque Backum se retrouva sous l'eau froide, il s'empressa de se laver avant de ressortir, éveillé par la température de l'eau. Il lui resta une minute pour déguster le frugal petit déjeuner offert aux membres du camp, mais suffisant pour acquérir de l'énergie pour la journée. Une fois cela fait, il s’empressa de se rendre aux écuries. Luniu et Lunio l'attendait, et secouèrent leur tête respective en signe de joie à la vue de leur dresseur. Ouvrant un sachet, il déversa des graines dans la gamelle du Pokémon et lui caressa chaque tête avant de s'en aller au point de rendez-vous. La veille au soir, Timothée lui avait assigné une tente où il devrait se rendre. Il ne devait pas encore être six heures du matin, mais déjà, le camp s'affairait aux préparatifs de la journée. Backum, sur le chemin de la tente, remarqua près de la porte, un groupe de soldats rentrer de quelques affaires, tandis que deux autres groupes franchirent le portail à leur tour pour s'en aller à l'extérieur. Il ignorait en quoi leurs affaires consistaient, et il n'avait pas le temps de s'en préoccuper. Déjà, un groupe était formé près de la tente que le jeune paysan vint grossir.

"Bien, Division 3-B ! Aujourd'hui nous accueillons cinq nouveaux volontaires dans notre groupe d'entrainement. Je compte sur vous pour les aider à prendre leurs marques pour la journée ! Nous allons commencer l'entrainement quotidien ! ALLEZ !"

La dirigeante de ce groupe parlait d'une voix haut et forte, sans aucune douceur, mais sans aucune colère non plus. Cette voix était autoritaire, bien plus autoritaire que Backum aurait imaginé en apercevant le visage de cette femme entre trente et quarante ans, habillée en armure. Le groupe de vingt-cinq personnes, composé de garçons et de fille allant de douze à dix-sept ans environ, voir plus, commença un jogging matinal autour du camp. Le camp étant imposant, le parcourir à un pas vif n'était pas de tout repos, surtout après le cinquième tour. Le jeune paysan fut étonné de voir que si s’essoufflait de plus en plus, deux de ses camarades, plus jeunes que lui, ne montrait aucun signe de fatigue. C'était là la preuve que cet entrainement était régulier, et faisait ses preuves. La suite de la matinée vit le groupe, à l'égal de nombreux autres du camp, enchaîner les épreuves d'entrainement les plus basiques. Course à pied, montée à la corde, course d'obstacles, l'un des membres du groupe expliqua que ce n'était là que l'échauffement avant les principaux entraînements. Backum parvenait tant bien que mal à suivre la cadence. Son corps était forgé de longues heures de labourage et de récolte des champs, et il était persuadé que d'ici quelques jours, ces exercices du matin ne seraient que formalité pour lui.

Et c'était bien cela tous les matins. Le premier jour, le second jour, le troisième, et ainsi de suite, tous les matins l'échauffement était le même. Backum prit bien vite l'habitude de le pratiquer avec son groupe. Par chance, tous avaient à peu près le même âge que lui, et les quelques personnes avec qui il avait échangé étaient sympathiques. Les entraînements qui suivirent se divisaient en plusieurs de deux heures. Combat au sabre, à mains nues, à l'arc, et élémentalisme divisaient les sessions. Cette dernière était celle que Backum détestait le plus. Ce n'était pas par manque de goût, mais parce qu'il ne parvenait guère qu'à de piètres résultats. Si certains membres du groupe parvenaient à créer des petites bourrasques de vent, lui, n'avait guère réussi à émettre le moindre souffle. Bien entendu, il n'était pas le seul, certains jeunes ne parvenaient guère au moindre résultat. Néanmoins, le chef de troupe ne voyait pas cette réussite d'un bon œil, motivant ses troupes par des pompes et des abdominaux supplémentaires à chaque essai raté. Le combat au sabre pouvait plutôt se nommer combat à l'arme. Celles-ci, pour les entraînements étaient faites de bois, mais répondaient à une demande élevée. Epée de genre différent, lance, masse, bouclier, boomerang, hache, marteau de guerre ... chacun en allait avec l'arme qu'il souhaitait utiliser.

"Ne vous concentrez pas forcément sur une seule arme ... essayez en plusieurs, c'est comme ça que l'on apprend !"

Avait déclaré la chef de troupe. Backum s'était ainsi jour après jour, essayé à plusieurs armes. Il aimait l'épée classique et le bouclier, pour les possibilités qu'elles offraient, mais le sabre en bois lui conférait plus de puissance. Il avait tenté le marteau de guerre, après avoir constaté de sa puissance lorsque l'un de ses adversaires en avait utilisé un. Il avait ainsi été charmé par la puissance conférée par cette arme, mais avait gardé un mauvais souvenir de la frappe qu'avait utilisé son opposant. Profitant de la perte de vitesse provoquée par le poids de l'arme, son adversaire, une jeune fille rousse au regard vide, était parvenue à esquiver sans réelle difficulté la lourde frappe du paysan et à lui asséner un violent coup de bâton dans les côtes. Nul doute qu'user un tel poids nécessitait une excellente préparation physique pensa Backum qui se frottait là où l'impact avait eu lieu. Le tir à l'arc n'était pas un exercice bien compliqué, il suffisait d'être concentré. Mais la concentration sur un point situé à distance n'était pas toujours aisé, et le jeune paysan ne touchait pas la cible à chaque essai. Ici aussi, des élèves se débrouillaient bien mieux que lui. L'un d'eux, à chaque réussite, affichait un sourire narquois et exprimait :

"Vu mes origines, ce n'est guère étonnant !"

Backum préférait ignorer ce type qui semblait les regarder de haut. Il se moquait bien d'une telle compétition, il était conscient que ses performances sur la durée évolueraient. Le combat au corps-à-corps était destiné à préparer les jeunes à se défendre sans arme, mais également à pouvoir maîtriser un jour un Pokémon. Néanmoins, à ce stade de commencement, il était hors de question de laisser les jeunes s’entraîner avec une créature parfois aussi imprévisible qu'un Pokémon. Des rumeurs traînaient dans le groupe. Un blondinet à la queue de cheval, de deux ans l’aîné de Backum, avait à un moment déclaré que l'un des examens de passage était de parvenir à stopper la course d'un Tauros à mains nues. Backum ignorait ce qu'était un Tauros, mais à la réaction de certains de ses camarades, il comprit que ce devait être une créature difficile à stopper. Durant la pause, l'un d'eux avait tenté de demander à la chef de troupe si cette rumeur était vraie, mais d'un sourire, elle répondit : "Qui sait ?"

Personne ne parvint à savoir si elle voulait éviter la question, ou leur faire croire que cela pouvait être vrai afin de les motiver à faire plus d'efforts. Ainsi, les entraînements à mains nues consistaient à frapper contre des sacs ou des rondis d'entrainement, ou à parvenir à maîtriser un adversaire humain dans un combat à deux. Backum ne se sentait pas trop comme un mauvais combattant. A deux reprises, il était parvenu assez aisément à plaquer au sol l'un de ses adversaires de sa taille. Bien entendu, des camarades plus expérimentés l'avaient désarçonnés tout aussi facilement, usant de mouvements que le jeune paysan n'aurait pas imaginé de lui-même. En fin d'après-midi, le groupe se voyait confié tâches ménagères, et autres travaux divers. Backum fut le second jour de corvée de nourriture. Ainsi, faisant le tour des boxes, il devait nourrir tous les Pokémons du camp. ce n'était pour lui guère une réelle corvée ... combien de fois avait-il nourri les Pokémons lorsqu'il était à la ferme. Cette corvée était d'avantage une lutte contre la nostalgie que cela lui conférait. Déjà une semaine et de mi qu'il était parti et s’entraînait dans ce camp. Jamais il n'était parti de chez lui aussi longtemps. C'était un sentiment étrange, et par chance, le fait de s'être fait quelques camarades sympathiques l'aidait à ne pas se sentir trop triste. Après tout, chacun était venu pour des raisons diverses. Certains avaient des histoires semblables à lui, quand à d'autres, leur histoire était bien différente : parfois assez triste, parfois terriblement ordinaire. D'autres refusaient d'en parler, et personne n'insista, comprenait que le silence cachait parfois des secrets assez lourds. Backum ne parlait que trop peu aux autres groupes du camp. Il avait pourtant remarqué que certains groupes étaient composés de jeunes comme lui, et que leur entrainement était le même que leur propre groupe, à un intervalle décalé. Certains groupes étaient quand à eux d'avantage composés de soldats d'un âge légèrement plus avancé, plus proche de la vingtaine. Certains de ces groupes étaient disparates. Certains étaient composés de membres qui paraissaient assez expérimentés, tandis que d'autres contenaient des groupes similaires au leur, mais avec une tranche différente.

"C'est parce que certains nouveaux membres du camp sont parfois plus âgés ... c'est normal, ça arrive parfois."

Avait expliqué Minello, un rouquin aux cheveux bouclés qui paraissait s'y connaitre. La journée s'achevait par un repas dans une grande salle servant de cantine. Une grande table était située au centre, et d'autres plus petites l'entouraient. Les moments où le repas était pris permettait de vite repérer les différents groupes du camp, qui se composaient souvent de personnes d'une même tranche d'âge, ou de même rangs. Une fois la journée achevée, Backum s'en retournait finalement dans sa chambrette, épuisé, mais satisfait de ce qu'il apprenait, et des progrès qu'il entreprenait. Il n'avait pas encore eu le temps de repenser à Bahia. Depuis qu'elle était partie, il s'était donné à sa formation et ne prenait ainsi plus trop le temps pour penser à autre chose.

[Backum McLeod]

Trois heures de l'après-midi, le mentor déclara le début de la pause. L'entrainement aux armes blanches venaient de s'achever, Backum avait gagné un match sur les trois auquel il avait participé. Une bien piètre performance estima t'il en posant la masse qu'il avait tenté de manier pour ce combat. Il était en sueur, et pour cause, bien qu'il avait augmenté en force, cela n'était pas suffisant pour manier des armes lourdes. Il était parvenu à gagner grâce au maniement de l'épée. Celle-ci lui permettait des frappes vives et des déplacements bien plus libres. Pourtant, contre Lanaha, une recrue plus expérimentée que lui, son premier match s'était soldé par une défaite. Le sabre en bois n'était pas parvenu à toucher son adversaire, et celle-ci était même parvenue à lui briser son arme avec son marteau de guerre. Cela prouvait qu'en sachant manier une arme habilement, qu'elle soit lourde ou non, la victoire était bien plus facilement acquise. Lanaha était une fille très grande, tout en muscles. La première fois où Backum l'avait vu de dos, il avait même cru avoir affaire à un homme, avant que celle-ci se retourne et lui demande ce qu'il était en train de regarder fixement comme ça. La surprise l'avait laissé pantois quelques secondes ... cette jeune femme était plus baraquée que lui. Nul doute qu'elle se tournait vers une maîtrise des armes lourdes, tant son corps ressemblait fortement à ceux des guerriers expérimentés qui revenaient de missions la hache à la main. Des rumeurs dans le groupe des soldats inexpérimentés exprimaient que ces guerriers parvenaient à faire trembler la terre d'un seul coup d'arme, et que ceux maniant le marteau étaient, à un certain niveau, capable de contrer le séisme d'un Pokémon en un seul coup sur le sol. Backum avait du mal à y croire.

En avalant une gorgée d'eau de sa gourde, le garçon remarqua un petit attroupement près d'un enclos. Piqué par la curiosité, le garçon se releva et rejoignit ses camarades affairés devant la barrière, l'un d'eux posé plus en avant que les autres. C'était Julius, un jeune homme qui appréciait de se vanter à haute-voix, exprimant être toujours le plus doué d'entre tous, et qu'un jour, il deviendrait un grand meneur d'hommes. Cette fois-ci, il déclarait qu'il allait prouver à tous qu'il était capable de mettre au sol un Pokémon. Dans l'enclos se trouvait un Machoc, baillant aux corneilles. Le jeune Pokémon de type combat adorait se battre, comme la majorité des membres de son espèce. C'était chose très utile pour les humains souhaitant entraîner leurs jeunes recrues du fait que ce Pokémon de base était déjà un excellent combattant. Pourtant, après un mois et demi d'entrainement à la dure, aucun élève du groupe n'avait encore participé à un combat au corps à corps contre un Pokémon. Des élèves souhaitaient décourager Julius, tandis que d'autres se taisaient, pressés que le vantard soit mis au tapis dès son entrée en scène. Enfin, quelques-un admiraient ce qu'ils appelaient le courage de ce garçon. Backum s'était déjà battu avec Julius, en combat d'entrainement. Le duel de lutte avait donné le paysan vainqueur de peu, son adversaire ayant eu de réelles capacités. Mais il n'avait guère apprécié que celui-ci n'accepte cette défaite telle qu'elle l'était, préférant trouver des excuses sur les raisons de sa défaite. Backum n'appréciait pas vraiment Julius pour ainsi dire, et préférait passer du temps avec d'autres camarades qu'avec lui.

Le vantard pénétra dans l'enclos. Immédiatement, le Machoc tourna la tête vers lui, comprenant que ce corps qui se dirigeait vers lui était son nouvel adversaire. Lorsqu'enfin Julius se trouva à une distance suffisante de lui, le Pokémon se mit en position de combat. Quelques camarades s'étaient réunis autour de l'enclos pour assister au spectacle. Julius tenta le premier mouvement que le Machoc esquiva sans souci, usant d'un geste habile afin d'échapper à la prise que tenta son adversaire. Le jeune garçon essaya de nouveau plusieurs prises, ou plusieurs frappes, que le Pokémon évitait sans problème.

"On dirait qu'il l'observe ... ou il s'échauffe dirais t'on ."

Avait dit la fille rousse du groupe de Backum. Il ignorait encore son prénom, n'ayant eu jamais l'occasion de lui parler, ou d'échanger un duel avec elle. Cependant, elle avait l'air de s'y connaitre, tant sa manière d'observer ce combat semblait l'intéresser. Elle avait raison, après quelques minutes où Julius s'épuisait à frapper le Machoc, celui-ci semblait de plus en plus dynamique, et bien plus vif dans ses esquives, semblant à certains moments réussir à prévoir le prochain geste de son adversaire. Enfin, le combat s'interrompit lorsque le combattant tenta de nouveau une approche, auquel le Pokémon répondit enfin, d'une simple manchette au dos qui fit chuter le garçon au sol, et l'immobilisa. Celui-ci commença à pousser un cri de douleur. Le Machoc avait certainement frapper un peu trop fort. Parvenant à se relever péniblement, Julius s'éloigna du Pokémon qui le regardait fixement, curieux de voir sa prochaine action. Lorsqu'il rejoint les barrières de l'enclos, le jeune homme, une larme à l'oeil, ordonna qu'on l'aide à aller à l'infirmerie. Certains vinrent l'aider immédiatement, tandis que d'autres élèves ricanaient, amusés que toutes les vantardises du jeune garçon soient tombées à plat aussi lamentablement. Avant de s'éloigner, Julius se retourna et lança un regard noir en maugréant :

"Vous vous moquez ? VOUS VOUS MOQUEZ ? Mais MOI j'ai eu le courage d'aller dans l'enclos ! Pas l'un de vous n'aurait eu le cran, bande de lâches !"

Les rires s'interrompirent. Quelques camarades grognaient et critiquaient le jeune homme, vexés et touchés dans leur propre fierté, sans pour autant prendre leur courage à deux mains et s'en aller affronter le Machoc. Celui-ci semblait excité par son premier combat. S'échauffant d'avantage en pratiquant des exercices seul, il paraissait impatient d'affronter son nouvel adversaire.

"Mais qu'est-ce que tu fais, reviens ?"

Lança Bellami, un camarade de classe de Backum qui voyait ce dernier enjamber la barrière supérieure de l'enclos. Le jeune homme posa son pied sur le sol, se demandant encore ce qu'il était en train de faire. Devant les regards de ses camarades abasourdis par la réaction du garçon, celui-ci ne répondit pas. Il ignorait lui-même pourquoi il était entré dans l'enclos et se rapprochait du Machoc qui le regardait en souriant, ravi d'avoir un nouvel adversaire. Etait-ce pour prouver ses propres capacités ? Parce que Julius l'avait blessé dans sa fierté ? Pour épater ses camardes ? Ou épater plus précisément la jeune fille rousse qu'il avait remarqué ? Backum ignorait pourquoi il agissait ainsi, et pourquoi à présent, il était debout, se mettant en position face à ce Machoc.

Le Pokémon s'était également placé en position de combat. Les deux adversaires attendaient tous deux qui serait celui qui prendrait l'initiative. Backum fit finalement un pas en avant et tenta d'asséner un coup de pied au Pokémon qui esquiva facilement. Le jeune garçon se rétablit et tenta d'enchaîner avec un coup de poing, puis essaya d'attraper son adversaire par l'épaule afin de le faire chuter. Rien n'y fit. Le Machoc évitait toutes les offensives du paysan qui reprit position, prenant soin de garder une distance entre lui et le Pokémon. Backum avait l'impression de revivre les actes de Julius, à l'égal. Il préfèra rester sur la défensive, ne préférant pas entrer dans le même jeu que son prédecesseur. Le Pokémon, après quelques secondes, comprit le plan du garçon, et en fut amusé. Patientant un léger moment, suffisant pour que tout le public retienne son souffle, la créature avança d'un pas vif vers Backum. Le Pokémon lança un coup de manchette en direction du garçon qui parvint à esquiver de justesse. Néanmoins, alors qu'il tentait une riposte, le Machoc parvint aisément à s'échapper de sa faible position. Cependant, il n'attendit pas que Backum se tienne de nouveau en position. A peine le Pokémon esquiva qu'il s'approcha bien vite de son adversaire, l'attrapant par la veste. Le jeune homme sentit son corps s'élever, porté par le geste ample du Machoc qui le plaqua violemment au sol, sur le dos. En instant, Backum sentit son corps s'immobiliser. Le choc fut rude, et quelques secondes furent nécessaires pour qu'il parvienne à se relever devant le regard de ses camarades.

"MAINTENANT TU REVIENS !"

Avait crié un professeur dans l'assemblée. Celle-ci s'était quelque peu élargie. Un autre groupe de jeunes recrues était venu observer le combat, et deux, trois combattants expérimentés s'amusaient en observant le duel improbable entre cette recrue et ce Machoc. Ce dernier observait Backum dans les yeux, continuant de sourire. Ce combat était facile pour lui, trop facile. Il espérait que le jeune homme lui donne d'avantage de challenge. Le paysan, se tenant le dos qui le faisait souffrir, lui adressa un sourire, et reprit position.

"NON, TU NE FAIS PAS CA, TU REVIENS !"

Hurlait le professeur qui avait compris que la recrue lui désobéissait. Etrangement, le professeur en charge du groupe de Backum n'était pas intervenu, se contentant d'observer la scène près de l'enclos. Le Machoc revint à la charge d'un coup de poing que Backum tenta d'éviter. Son geste de recul lui fit ressentir sa douleur au dos. Il continua de reculer, voyant que le Pokémon continuait de venir l'attaquer sans lui laisser le temps de contrer. Soudain, alors qu'il venait d'éviter une manchette de la part du Pokémon, Backum sentit son corps attiré vers le sol. Il venait de sentir un puissant choc lui faire perdre l'équilibre. Le Pokémon avait feinté afin d'effectuer un balayage aux jambes du garçon. Une nouvelle chute. Ce serait sans doute là le point final de cet affrontement. Pourtant, puisant dans ses dernières forces, le garçon dans sa chute, parvint à bouger son bras suffisamment, et à serrer son poing qui vint cogner la tête du Machoc. Un coup sans conséquence, le Pokémon ayant connu bien pire, mais suffisamment pour qu'il reconnaisse cette frappe traître comme un signe de défaite. Backum, maintenant au sol, vit que la créature s'énervait d'avantage, emporté par le feu du combat. Ce fut là où le professeur intervint enfin, attrapant la tête du Pokémon avec ses bras, et l'immobilisant ainsi.

"Quand je dis c'est fini, c'est fini, d'accord ?!"

Backum était épuisé, restant quelques dizaines de secondes au sol pour reprendre son souffle. C'était son premier combat contre un Pokémon, et il avait appris qu'un tel affrontement demandait beaucoup de ressources physiques et mentales. Enfin prêt à se relever, la douleur au dos et aux jambes se fit sentir. Cependant, sa dirigeante de groupe refusa qu'il s'en aille à l'infirmerie.

"Je n'empèche pas mes recrues de faire de l'esbrouffe ... mais qu'elles assument."

Rétorqua la femme avant de relancer les exercices. La deuxième moitié de l'après-midi fut désagréable au possible. Le garçon avait l'impression que son corps pouvait s'écrouler à chacun des mouvements qu'il effectuait. Entrainements à l'arc, tâches ménagères, tout y passa. Enfin, lorsque la journée prenait fin, la dirigeante, après avoir donné ses dernières consignes, conseils et recommandations à ses recrues, se tourna vers Backum :

"Tu peux aller à l'infirmerie."

Ces mots étaient les meilleurs de la journée. Backum s'empressa de s'en aller au cabanon du médecin. Celui-ci était là, terminant de bander le bras d'un guerrier qui semblait avoir été blessé par une lame. Se tournant vers Backum, le médecin lui lança d'un rire taquin :

"Oh, c'est notre fameux affronteur de Machoc ... tu viens me montrer tes blessures de guerre ?"

Après une consultation d'une demi-heure, le médecin laissa sortir Backum. Il expliqua qu'il ne lui donnerait pas de traitement de faveur. Ainsi, le jeune homme devra dès le lendemain être présent aux entraînements. Il lui expliqua néanmoins que son dos risquait d'être douloureux pendant les jours à venir, et que des engourdissements dans les jambes pouvaient se faire ressentir. Les attaques d'un Pokémon n'étaient jamais à prendre à la légère, c'était le conseil qu'il lui avait prodigué. Le jeune homme s'en alla dans la salle du repas, où ses camarades le regardèrent. Certains lui clamèrent qu'il avait fait n'importe quoi, tandis que d'autres étaient impressionnés par ce qu'il avait fait. Lorsque deux guerriers, spectateurs du duel passèrent derrière la table, ils posèrent leur main sur les épaules du garçon et lui intimèrent :

"Eyh p'tit gars, refais-nous un p'tit combat un des jours !"

Ils s'en allèrent en riant, après avoir ébouriffé les cheveux de Backum, qui prit ce geste innattendu comme un signe de reconnaissance. Il chercha du regard la fille rousse, mais elle n'était pas à table.Il ne s'avoua pas qu'il était en vérité déçu de ne pas avoir pu la voir ce soir, au moins échanger un regard avec elle. Il s'en alla finalement se coucher, s'allongeant sur son matelas en serrant les dents, son dos lui lançant de nouvelles décharges douloureuses dans le corps. Les yeux de Backum se fermèrent, finalement satisfaits de l'expérience de ce jour qu'il retiendrait longtemps.

[Backum McLeod]

"Le ch...chat coure dans ... le... pr..pr...pré !"

"Non, "le chat court", et non "coure", fais attention à comment tu articules tes verbes."

"Mais c'est trop dur !"

Fit Backum en s'allongeant sur son lit et étirant ses bras, laissant le livre qu'il tenait dans la main se fermer sur son matelas. Mana le regarda d'un oeil sévère.

"C'est notre jour de repos, tu ne veux pas qu'on aille se promener dans Alfen plutôt ?"

demanda le paysan à la jeune fille. Il était resté allongé, relevant simplement la tête pour lui parler. Mana ferma les yeux et soupira.

"Ces dernières semaines, on se promène tous les jours à chaque fois que c'est notre jour de repos. Qu'il vente ou qu'il pleuve, tu veux aller te promener ... mais ce que nous faisons ici est important."

"Lorsque nous combattons, c'est inutile de savoir lire ou écrire ..."

"Justement ... ici les dirigeants se moquent que leurs élèves soient analphabètes ..."

"Analpha quoi ?"

"Analphabètes, c'est à dire qu'ils ne sachent pas communiquer autrement qu'en parlant... mais si tu dois un jour découvrir le monde, il est important que tu saches lire."

Cela faisait plusieurs semaines que Mana et Backum étaient devenus amis. Certains membres de leur groupe se demandaient d'ailleurs s'il n'y avait pas d'avantage. Peu de temps après l'incident avec le Machoc, la jeune fille à la chevelure rousse était venue trouver Backum pour lui demander s'il s'était rétabli de son combat. Le jeune homme ne s'était pas attendu à la visite de la demoiselle, mais lui avait répondu sincèrement. La douleur était quasiment partie, sauf s'il effectuait le moindre contact sur les traces rouges de son dos. Elle avait demandé à les voir, et avait appuyé dessus pour tester si le garçon disait vrai. Une simple blague, que le garçon ne tint pas rigueur. Elle n'était pas restée longtemps, mais les deux s'étaient parlés à de nouvelles occasions. Lors des repas, ou durant les pauses. Puis elle avait rejoint le petit groupe de potes auquel Backum appartenait. Mana appartenait à présent à leur groupe auquel son sourire, sa gentillesse, sa bonne humeur et son caractère déterminé étaient parvenus à conquérir le coeur. Pourtant, elle ne parlait que très peu d'elle, de ses origines notamment. Backum et certains de ses camarades s'étaient déjà risqués à la question, mais elle avait répondu poliment qu'elle préférait ne pas en parler. Cependant, les origines de ses propres camarades l'intéressaient. A nombreuses reprises, elle semblait impressionné par les histoires pourtant classiques de ses camarades. Pourtant Backum n'avait pas ressenti une exagération de réaction ... elle était sincère.

Ce fut lors d'une promenade que la jeune fille découvrit que Backum ne savait pas lire. Il n'était pas le seul de son groupe, loin de là, mais il fut le premier à qui elle proposa de découvrir le plaisir des mots, qu'elle s'évertuait à vouloir lui apprendre le soir ou durant le jour de pause de la semaine. Le jeune garçon avait accepté, naturellement charmé par la jeune fille. Il déchantait néanmoins devant la difficulté de la tâche. Toutes ces lettres, tous ces mots, toutes ces sonorités, toutes ces règles. Backum n'y voyait guère le sens. L'alphabet fut une étape qu'il n'était parvenu à conquérir qu'après de nombreuses séances de révision, et la lecture lui semblait presque aussi dure à conquérir que l'élémentalisme auquel il n'arrivait toujours à rien. Son entrainement se poursuivait, mais le jeune garçon avait l'impression de stagner de plus en plus. Il ne parvenait guère à s'améliorer, ou plutôt, sa progression égalait celle de ses camarades, ainsi fit qu'il ne voyait pas les résultats de son entrainement. Combien de temps était-il ici ? Plusieurs mois ? Et peu de choses s'étaient déroulés. Timothée était parti un moment, emportant le Floravol de Bahia. Il avait combattu le Machoc également. Il s'était fait des amis, et maintenant il apprenait à lire. Mais il avait l'impression de se confronter à ses limites. Il ne se voyait guère pouvoir faire mieux contre le Machoc que la dernière fois, tout comme il ne gagnait pas plus de matchs que le mois dernier.

Il se redressa finalement de son lit :

"Le chat court dans le pré. Et il poursu... poursu... il poursuiiiiit la soure ...la souris."

Mana le félicita de cet effort. Backum referma le livre qu'il venait à peine d'ouvrir.

"A quoi ça sert ? Je t'ai vu lire de ton coté, tes livres son bien plus gros, et les écrits son minuscules ... à quoi ça sert que je sache lire une phrase d'un livre pour gosse ?"

"Qu'est-ce que tu veux dire par là ?"

rétorqua Mana en le regardant droit dans les yeux. Backum hésita un instant.

"Savoir qu'un chat court dans le pré, ça ne me sert à rien ... quand je voyagerai, à quoi ça me servira de savoir ça ..."

"La suite va venir."

"Mais quand ? Ca m'a pris combien de temps pour lire une phrase ? Deux, trois semaines ? Je n'ai pas envie de perdre ma vie entière à apprendre quelque chose qui ne me servira finalement pas."

"Bien, fais comme tu veux."

Se levant, Mana sortit de la chambre de Backum sans un mot de plus. Le garçon resta assis, refusant de courir pour aller la chercher, bien que quelque peu agacé de s'être ainsi faché avec son amie. Le lendemain, il ne se parlèrent que très peu, s'échangeant de simples politesse. L'entrainement se fit sans incident, il fut quotidien à nouveau. Backum gagna deux des cinq affrontements à mains nues. Il était parvenu à n'en gagner qu'un seul à l'arme blanche. Les exercices étaient devenus simples, routiniers. A certains moments, le jeune homme était tenté de monter au dos du Luniu et Lunio et de repartir à l'aventure. Après tout, il avait quitté la ferme pour cette raison précise ... et cela faisait plusieurs mois qu'il restait dans ce seul endroit.

[Backum McLeod]

*J'aime quand mon dresseur vient me brosser. Tous les jours, j'attends ce moment où il passera le creux dans le mur en bois où je suis attaché, qu'il prendra la brosse située dans mon box, et la fera circuler dans mes plumes. Moi, j'aime quand il vient me nourrir, à cette heure où l'air est encore frais, lorsque le soleil est haut dans le soleil, et lorsque il finit par retomber par terre. Parfois, il nous apporte des légumes, ce sont mes moments préférés ! Et lorsque il sort nous promener ? tu n'aimes pas ce moment ? Oh, si, j'adore quand il nous grimpe sur le dos et que l'on se dégourdit les pattes. Mais je trouve que ce n'est plus aussi souvent qu'avant. C'est vrai, depuis qu'on est ici, les grandes étendues se font rare. Depuis quand n'avons-nous pas vu les grosses bosses vertes ? Maintenant c'est ce gros terrain avec des tentes partout. Ou les gros chemins avec trop plein de gens, il faut toujours qu'il y en ait un pour nous marcher sur la patte. Oh oui, la prochaine fois que ça arrive, promis, je lui fout un coup de bec. Et pourquoi pas un coup de patte ? On risque de se faire disputer par mon dresseur ... tu veux dire mon dresseur ? Non, mon dresseur ... ou notre dresseur, comme tu veux. C'est la même chose je te rappelle. Si tu le dis.*

*Oh, et tu ne trouves pas que sa mine est un peu tristoune ? Tu as remarqué toi aussi ? C'est vrai que son visage est moins rayonnant qu'avant. Tu crois que lui aussi les grosses collines vertes lui manquent ? Peut-être ... mais son espèce se prend la tête pour rien. Tu te rappelles ce qu'elle nous a dit un jour la grosse Dudu ? Non, quoi ? Que le maître était sorti un jour, tout maussade, alors qu'il faisait pourtant très beau, et qu'on venait de manger. Il parait que sa mauvaise humeur était provoquée par une dispute avec la maîtresse. Bizarre. Ouais. En tout cas, le maître est bizarre en ce moment. Ouep. Tu te rappelles ce qu'il nous a dit la dernière fois ? Non quoi ? T'écoutes jamais ou quoi ? Ben nan, je profite de sa présence, mais j'écoute jamais ce que les humains disent tant que ce ne sont pas des ordres. Il parait qu'un type lui a proposé de se barrer avec lui, un bonhomme de son groupe. Il a dit oui, ou il a dit non ? Ben il sait pas ... il y a une fille qu'il aime bien. La rousse ou la brunette ? Je croyais que t'écoutais pas ? Moi, les histoires d'amour, ça me fait toujours rêver. Tu te rappelles qu'il s'est disputé avec elle ? Moi, les ruptures d'amour, j'aime pas écouter ça, ça me fait pleurer. C'est pas de l'amour non plus. Enfin bref, il n'a pas l'air de savoir quoi faire.*

*Pourquoi on se lève maintenant ? Il fait tout noir, pourquoi on nous réveille ? Moi je m'en fous, je dors, dirige. Non, toi, dirige. Oh mais je veux dormir. Ben moi aussi. On se la joue à plume, bec ou patte ? D'accord. Plume/Bec ! Ah ! Je gagne. Flûte, j'ai perdu. On en refais une ? Ah non, t'as perdu, t'as perdu. En trois fois ? NON ! Ah, bien joué, voilà que le dresseur tire sur la renne. T'avais qu'à te bouger plus vite. C'est toi qui a perdu au jeu. En tout cas, pourquoi on a sort alors qu'il fait tout noir ? Et c'est qui lui ? Qu'est-ce qu'il dit ? Il dit à notre dresseur qu'il a bien fait ... il a bien fait quoi ? Je ne sais pas, mais si on va se balader, moi je suis content. Tu voulais pas dormir ? Oui, mais là je suis réveillé. Ouais, moi aussi. Mais je me demande où on va ? L'autre, je l'aime pas trop. C'est pas lui qui se pavanait avec son Tauros ? Je crois oui. On lui fout un coup de patte ? Plutôt deux ! ... Ah, il a pas l'air content. Dommage que notre dresseur nous a retenu. Je l'aime pas ce type, t'as pas vu comment il parle mal à notre dresseur ? Vas-y on lui fait les yeux méchants. Ouais, et on lui piaille dessus !*

"BARK, BARK ! BARK"


*Notre dresseur il a pas l'air content. En tout cas le type il s'est calmé. Bon, on fait quoi, on part en promenade ? Oh regarde là-bas. Quoi ? C'est la fille rousse ! Ah ouais. Notre dresseur a l'air surpris. Et l'autre il a pas l'air content. Bien fait ! Ouep. Qu'est-ce qu'elle lui dit ? Elle est pas contente ou elle est triste ? Je ne sais pas, mais notre dresseur a l'air de pas réussir à la calmer. Oh, le ton monte. On piaille ? Nan, attends ... je l'aime bien elle. Ah bon ? Ouais, un jour elle m'a fait une caresse. Ah bon ? Je m'en souviens pas. Tu mangeais. Ah, dommage, j'aurai bien aimé m'en rappeler. Le ton s'est calmé. Tu comprends quelque chose ? Nan ... je comprends pas ce qu'ils veulent dire. En tout cas, notre dresseur a l'air confus. Qu'est-ce qu'il nous fait l'autre ? Pourquoi il monte le ton comme ça ? On lui piaille dessus ? A lui, ouais !*

"BARK !"

*Ohohoh, il a pas l'air content. Ouais, il enrage. C'est trop marrant. Dommage que notre dresseur, il a pas l'air content lui. En tout cas, il a l'air de ne plus vouloir partir. Tu trouves ? Nan, t'entends pas ce qu'il dit à l'autre là ? Il lui dit quoi ? Il a l'air de dire qu'il part plus. Pas de promenade alors ? Nan, et c'est ptet mieux comme ça. Ca veut dire qu'on va pouvoir partir se recoucher ? Ouais. Ca c'est cool ! L'autre il s'en va tout seul. Qu'il aille se faire brouter. La fille rousse elle a souri ! Ouais, mais notre dresseur il a rien vu. Ah, il la regarde. Ouais, mais elle sourit plus. Oh, c'est nul. Mais ils ont l'air ravi tous les deux. Tu penses ? Il sourit pas pourtant. Mais ça se voit. Tu connais rien aux histoires d'amour. Pas plus que toi. Nan, mais j'aime bien... Allez, un p'tit dernier pour la route ? Ouais ! Allez.*

"BARK,BARK,BARK,BARK !"

[Backum McLeod]

Et une nouvelle matinée. Backum se leva, fit sa toilette et prit le petit déjeuner avant de commencer l'entrainement. Tout récemment, le jeune homme s'était petit à petit éloigné de son petit groupe de camarades, minés par cette impression de ne plus être au bon endroit. Il s'était même laissé tenté par un camarade. Ce dernier lui avait proposé de partir à l'aventure avec lui, et de laisser tomber le camp. Le jeune hommes s'était levé pendant la nuit, mais sans doute à cause de Luniu et Lunio, étrangement bruyant, avait été interrompu par Mana. Ils ne s'étaient pas reparlés depuis leur dispute de la dernière fois, mais elle venu, pour le convaincre de rester. Le jeune homme ne croyait pas que c'était une bonne idée. Pourtant, une partie de lui était heureux que son amie soit venue le retenir. Son camarade avait perdu patience, et avait tenté de convaincre Backum qu'il ne ferait plus aucun progrès dans ces lieux. Néanmoins, Mana était parvenu à argumenter le contraire. Selon elle, tout le monde avait des passades où les progrès se faisaient moindres. Seulement, c'était ceux qui abandonnaient qui ne progressaient plus, l'important était de continuer à s'exercer, jusqu'à ce que les progrès reviennent. En vérité, Backum n'y croyait pas réellement. C'était d'avantage Mana qui lui avait donné l'envie de rester, et d'essayer.

Il était donc là, répétant les exercices du quotidien. Son camarade avait disparu, mais cela ne fit aucun bruit. Après tout, il n'était pas le premier, ni le dernier à quitter ce camp d'entrainement pour s'en aller vivre sa vie. Certains étaient simplement attristés qu'il n'ait pas même dit au revoir. Durant l'après-midi, Backum observa au loin les soldats supérieurs s’entraîner avec des Machopeurs. Il était impressionné de la manière dont ces humains parfois à peine plus âgés que lui arrivaient à tenir tête à ce Pokémon tout en muscles. Il n'avait pas tenté une nouvelle fois d'affronter un Machoc. Ses douleurs au dos s'étaient finalement dissipées, et l'envie était toujours présente, mais l'occasion ne s'était pas renouvelée.

"Ce n'est pas encore de ton niveau, Backum."

Lui fit remarquer un chef d'entrainement qui passait par là. Le jeune garçon sortit de sa rêverie et tourna la tête vers le vieil homme. Il ne le reconnaissait pas, mais lui semblait le connaitre.

"Le bruit court que tu serais persuadé de ne plus faire de progrès en ce moment ..."

"Disons que je ne les sens plus ..."

répondit le jeune homme un peu gêné de savoir que certains parlaient de lui derrière son dos. Le vieil homme laissa échapper un rire. Puis demanda au garçon s'il était toujours à la recherche d'un combat contre un Machoc. Le jeune homme, tout d'abord méfiant, lui répondit :

"Ca me permettrait de voir si je me suis amélioré."

Le vieil homme laissa échapper un rire. Backum pensa malgré lui que la vie de cet homme ne devait pas être triste s'il riait de tout et de rien. Le chef d'entrainement lui proposa de tester ses compétences, assurant au jeune homme qu'il essaierait de se mettre au niveau d'un Pokémon de combat. Intéressé, le jeune homme accepta, et tenta une approche habile. Néanmoins, il ne fallut que peu de temps pour l'homme afin de mettre son jeune opposant au tapis.

"Cela suffira, tu es encore bien loin mon p'tit Backum ..."

Le vieillard relâcha sa prise sur le paysan qui se releva légèrement étourdi, et quelque peu vexé.

"Je pense que tu devrais t'intéresser au stage d'entrainement que nous proposons en ce moment. Un groupe va s'en aller à Payan, et accepte de prendre quelques jeunes recrues."

Sur ces mots, le vieillard s'en alla tandis que Backum s'en retourna à l'entrainement. Le soir venu, une fois que Backum se retrouva seul avec Mana, il lui demanda :

"Tu connais Payan ?"

La fille à la chevelure rousse le regarda, étonnée par cette question. Elle referma le livre qu'elle était en train de lire et ferma les yeux une seconde avant de parler.

"C'est un village un peu éloigné, au fond d'une forêt. C'est minuscule par rapport à Alfen, mais l'endroit est magnifique. On dit que les gens grandissent dans les arbres et développent des mouvements si agiles qu'ils sont aussi adroits que des Pokémons singes. J'y suis déjà allé une fois, je ne sais pas si les rumeurs sont vrais, mais les maisons étaient construites dans des arbres, j'ai beaucoup aimé."

Des maisons dans des arbres, des hommes aux capacités extraordinaires ... Backum fut bien vite tenté par ce stage d'entrainement. Il sortit de sa veste la feuille d'inscription qu'il était parti chercher avant le repas auprès de l'organisateur du voyage. Ses yeux se posèrent sur tous les mots qui composaient la feuille :

"Les participants seront divisés en plusieurs groupes. Tandis que ... ce... certains des membreuh principô de l'équipeuh d'investiga ... tion s'occuperont de la mission, les recr...ues inexpérimentés ... accompagneront les villajois de Payan dans leurs menus travaux."

"Villageois ... pas villajois."

"Si nécezaire ... l'équipeuh d'investigation pourra appeler à l'aide à certaines recrues du groupe d'entraine ... ment. Ce stage a pour voca ...tion d'alimenter les rapports amicaukesse entre notre camp situé à Alfen et le village de Payan qui ont accepté de partager quelques leçons d'entrainement à nos recrues contre des menus services."

"Amicaux, le "x" est muet".

Mana sourit des efforts de son jeune élève. Il parvenait à aligner quelques phrases sans faire de fautes. Il ne s'en rendait pas compte, mais elle avait remarqué les progrès de lecture du jeune homme. Ce dernier laissa échapper son enthousiasme. Il proposa à Mana de s'inscrire avec lui. Pensive un moment, elle lui promit d'y réfléchir.

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