[ Clos ] Ohoh... Mauvaise idée... [Libre]

[Tyrra Missu]

Cher Journal... Tel sont les mots solitaires qui orne la première page du petit livret vierge que je me suis acheté. J'ai tenté d'écrire autre chose, tout et rien à la fois, mais je n'ai pas trouvé les mots pour exprimer clairement la multitude de sentiment qui m'ont envahi et qui m'envahissent encore.

Pourtant, j'avais essayé de faire ça bien, de me poser, là, contre l'une des statues, Arès caler sur mon épaule, mais rien à faire, vraiment rien. J'étais vraiment aussi doué pour l'écriture qu'un Carapuce pour allumer un feu et ma patience était aussi grande qu'un Statitik. Très vite, finalement, j'ai jeté l'ouvrage, droit devant moi en soupirant. Après tout, pourquoi je m'ennuyais avec ça, les héros, les guerriers, ça n'écrit pas, non ?

D'ailleurs, parlant de guerrier... Je glissais la main à mon pantalon, en sortant le couteau de cuisine que j'avais emprunter pour une durée très indéterminé. J'avais décidé que ce serait ma première arme de guerrière et, au passage, un bon souvenir ainsi qu'un objet dont on a toujours besoin. Pour éviter de me couper avec d'ailleurs, je l'avais enroulé dans un chiffon. Certes, ça faisait un brin bizarre mais on fait avec les moyens du bord.

Je me relevais finalement, avança puis me retourna vers la statu pour lui faire face. Ares ouvrit juste un oeil pour voir ce qui m'avait fait décider à me bouger alors que je menaçais la grosse pierre sculpter de mon arme, clamant haut et fort comme si l'être de marbre pouvait m'entendre :

« Hey toi ! Arrêtes-toi ! Jamais tu ne passeras sur les terres de Nalcia, vil créature ! Pas tant que je serais en vie ! »

Pointant la lame vers les narine de l'homme à longue barbe que représentait la statue, je continuais, Ares s'étant redressé, le dard levé, comme pour menacer à son tour la statue.

« Pardon ? Tu ne sais pas qui je suis ? Moi ? La femme-dard ? La meilleure guerrière d'Alfen ? Ah si.. . Voilà ! Tu trembles maintenant ?! Froussard ! Pleutre ! »

Je levais alors mon arme et l'abattit sur l'être de pierre, provoquant d'un côté une lame qui se casse et de l'autre un bruit loin d'être agréable. Observant mon couteau détruit je soupirais puis le lançais par-dessus mon épaule, menaçant du regard mon ennemi immobile mais un son, juste derrière, attira mon intention.

J'ai toujours eu un don pour viser, même quand je prévois pas de cibler quelque chose de précis. La chose sur laquelle mon couteau cassé avait atterrit en plein dans le mile me regarda, frottant sa tête de sa patte griffu, tête sur laquelle se formera sans doute une belle bosse dans quelques minutes. Un pelage blanc, un peu de rouge, un belle queue panachée... Un Mangriff il me semble, non ? Et pas de bonne humeur apparemment ! Quoi que je serais un peu comme lui si je m'étais pris un manche de couteau cassé en pleine figure...

Ce ne fut pas moi qui décida de me battre en première mais Ares qui dressa son petit corps, pointe vers l'avant. Dressant le bras vers le pokémon, montrant du doigt l'être sauvage, je murmurais à mon compagnon :

« Près à défendre nos vies mon mignon ? »

Prêt à se battre, prêt à se battre... Il le fut cinq secondes, juste avant de voir d'autre Mangriff rejoindre le premier. D'abord un, puis deux, puis trois... Arès qui était descendu jusqu'à mon poignet faisait finalement marche arrière du coup. Mais fois de Tyrra, hors de question de reculer, ce ne serais pas digne d'un guerrier ! D'un héros ! Je cherchais alors du regard la moindre chose pour m'aider avant de trouver une nouvelle arme improviser en un vieux bout de bois et de le dresser devant moi, comme une épée, prête à combattre. Pokémon ou humain, s'était du kifkif ! Hors de question de se prendre une claque - ou un coup de griffes - sans riposter, même si la défaite semblait plus présente que la victoire.

Un cours laps de temps et la bataille s'engagea mais peut m'importer de finir griffé ou tailladé, tans pis si, finalement, je devais me retrouver accroupis, a terre, à protéger Aspicot qui, bien que combattant, ne pouvait pas leur faire face. Je ne m'enfuirais pas !

[Asaka Chôko]

Enfin… La Furie d’Alfen était enfin revenue dans sa ville, après des semaines d’absence.

Elle avait été obligée de demeurer de longues journées à Loukaï, le village caché dans la forêt boréale de la contrée de l’eau, afin de se faire confectionner une nouvelle béquille, la sienne ayant été brisée lors de sa traversée des terres gelées. Si trouver le bois n’avait pas été difficile, le sculpter et y implémenter le mécanisme permettant de sortir la plume d’Airmure, heureusement intacte, avait été une autre paire de manche pour l’artisan qualifié à qui elle avait confié l’ouvrage. Hors de question qu’on lui refourgue une branche pourrie qui la lâcherait au premier assaut. Il fallait que son soutien soit fiable, robuste, redevienne une extension de son corps, comme cela avait été le cas toutes ces dernières années.

Néanmoins, Asaka avait également profité de ce repos forcé pour récupérer, et surtout s’occuper de sa monture militaire. L’autruche tricéphale s’était éveillée à leur arrivée, quand elle l’avait sortie dans un box aménagé, mais sa patte était gonflée. Le Guérisseur du village n’avait décelé aucune fracture, mais c’était bien d’une entorse dont souffrait le Dodrio. La seule solution était donc du repos, et qu’il évite de s’appuyer sur cette patte-là.
Ce fut plus facile à dire qu’à faire. Car, si Dachou, en bon Pokémon de l’armée, se laissait manipuler sa blessure sans mot dire, il souhaitait tout de même montrer à sa propriétaire et supérieure qu’il était toujours en forme. Combien de fois, lorsqu’elle était venue le voir, avait-elle été obligée d’employer le vent pour l’empêcher de se remettre debout et le maintenir couché sur sa litière. La Furie d’Alfen avait eu beau lui répéter à chaque fois, exaspérée, qu’il n’avait pas à se mettre au garde à vous devant elle, surtout dans ces circonstances-là, rien n’y changeait. L’oiseau terrestre tentait toujours d’en faire trop.

Enfin, la Nalcienne estropiée put récupérer sa béquille armée. Après quelques essais, en tant que simple soutien puis en tant que faux, elle rémunéra l’artisan avant de se préparer à partir. Sa monture attitrée était encore trop fragile pour pouvoir marcher, malgré ses tentatives pour lui montrer qu’il n’en était rien, mais de toute façon, même si cela n’avait pas été le cas, Asaka n’aurait pas pris la voie terrestre. Son dernier voyage en ces terres gelées n’avait pas été des plus plaisants, et elle avait hâte de rentrer en son fief. Aussi se jucha-t-elle sur son fier oiseau de fer, qui fila droit en direction de la nation du vent et de sa capitale.

***

Le trajet dura de longues heures, mais ils atterrirent sans peine au beau milieu de l’Arène aérienne. Après un bref remerciement, l’ancienne espionne laissa Hokosaki vaquer à ses occupations, et se dirigea vers la porte menant à l’intérieur des bâtiments… Pour tomber sur une pièce bondée de monde.
Des blessés en masse se trouvaient allongés sur des lits improvisés, assis par terre ou encore debout. Des Guérisseurs s’affairaient, courant partout d’un patient à un autre, tandis que des volontaires apportaient de l’eau ou un peu de nourriture à certains qui réclamaient.

« Mais qu’est-ce que… » murmura la Championne aux oiseaux, sans rien y comprendre.

C’est alors que plusieurs silhouettes fondirent sur elle. Sa petite libellule s’accrocha à son haut, les yeux remplis de larmes, alors que l’oiselle de jais se posa sur son épaule en poussant un croassement qui se voulait joyeux. Fujimoto s'arrêta devant elle avant de s'incliner respectueusement, tel l'élève face à son maître. Même Gekirin, pourtant toujours aussi sombre, que ce soit de plumage ou d’humeur, atterrit sur son épaule libre, bien qu’en détournant la tête. Yuki Yûki, elle aussi, surgit d’un des murs pour venir à sa rencontre, une expression d’intense soulagement sur son visage fantomatique.

*Enfin te revoilà, Asaka ! J’ai eu si peur en ne te voyant pas revenir de Mizuhan, j’ai cru qu’il t’était arrivé malheur !*
« Ca a failli ne pas louper. Tu peux m’expliquer ? » demanda-t-elle en caressant furtivement la chitine rouge de Yoshiko, pour la rassurer.
*Alfen a été attaquée par des Pokémon fous, comme un peu partout ailleurs… Comme tu étais absente et que l’Arène était presque vide, Kajin a proposé de l’utiliser pour abriter les blessés et les soigner, le temps que cela se calme. Arceus soit loué, cette catastrophe est enfin terminée… Mais pas sans dommages.*

La Nalcienne à la jambe paralysée ne répondit rien. Elle se contenta de demander à ses guerriers de s’enlever d’elle, avant de libérer Dachou dans sa couche de paille. Il ne pouvait pas encore s’appuyer sur sa patte bandée, même si celle-ci était beaucoup moins gonflée. Un bon signe. Plus que quelques jours, et il serait de nouveau capable de courir.
Sans un seul mot d’explication sur ce qu’il leur était arrivé, Asaka quitta l’Arène en effervescence, pour s’aventurer dans les rues de sa ville.

Ganka se matérialisa bien rapidement aux côtés de la Championne aux oiseaux, pour l’accompagner dans son tour d’Alfen. Son combat dans le blizzard lui avait prouvé que sa rééducation touchait à sa fin. Le lion sombre était presque capable de voir sans ses yeux, et marchait enfin d’un pas assuré, sans buter sur le moindre obstacle.
Cependant, même s’il pouvait sentir l’ambiance lourde qui pesait sur la capitale, il était épargné du spectacle désastreux qui s’offrait à sa dresseuse. Celle-ci se mordait les lèvres jusqu’aux sangs, en constatant l’ampleur des dégâts. Nombre de bâtiments avaient été partiellement ou totalement détruits, éventrés. Des habitants tentaient de déblayer des décombres, espérant retrouver des survivants sans grand espoir. Ils ne traversaient pas une rue sans croiser une famille déchirée à vie par la perte d’un des leurs. Même si cette notion était assez étrangère à la Furie, elle ressentait tout de même le chagrin qui englobait la cité du vent. Bon sang… Et dire qu’à ce moment-là, elle s’était trouvée à des centaines de kilomètres, au lieu de protéger sa ville. Certes, elle n’aurait pas pu prévoir cela, mais elle s’en voulait.

Alors qu’elle était prise dans ses pensées noires, elle ne vit pas que le seigneur déchu s’était immobilisé, et le percuta malencontreusement.

« Ben alors, qu’est-ce qui te prend, idiot ! » grogna-t-elle, pas d’humeur à plaisanter.

Elle remarqua alors que Ganka avait relevé la tête et que ses oreilles pointaient dans la même direction. Il eut un petit grognement pour inviter sa dresseuse à le suivre, avant de reprendre sa route avec d’amples foulées afin qu’elle ne le perde pas. Intriguée, Asaka lui emboîta le pas. Qu’est-ce qu’il avait bien pu trouver…

La réponse lui vint au détour d’une ruelle. Une jeune femme et son Aspicot était aux prises avec une horde de Mangriff en colère. Et ils n’en menaient pas large.
Un rugissement autoritaire quitta alors la gorge du Luxray aveugle, la crinière gonflée et le poitrail bombé pour se faire encore plus imposant, alors que la Furie d’Alfen sortait ses rênes de Dompteuse.

« Vous avez intérêt à déguerpir vite fait. Je suis un peu en rogne, là, et si je dois remettre une brochette de chats de gouttière à leur place, c’est pas ça qui va me faire peur ! » gronda-t-elle à l’attention des Mangriff.