[ Clos ] Après l'effort... [Soriu]

[Lehna]

Lehna contempla la vue, le regard perdu dans l’immensité bleuté qui s’ouvrait devant elle. Elle y était enfin arrivée. Après des mois de marche, elle avait enfin atteint ce fameux lac. Elle n’était pas encore au bout de ses peines, mais pour la première fois depuis longtemps, elle voyait enfin la lumière au bout de ce long tunnel qu’elle avait décidé d’emprunter.

L’Altaria du palais avait été plus inutile que jamais. Il était désormais incapable de bouger, et la princesse s’était donc retrouvée coincée sur le continent volant, sans moyen de redescendre suite au concours. On lui avait conseillé d’essayer de se rendre dans la tribu la plus proche, Abyan, en expliquant que c’était l’endroit où elle avait le plus de chance de rencontrer quelqu’un apte de l’aider à rejoindre Érasia. Ne comprenant pas bien le dialecte local, elle avait eu beaucoup de mal à se repérer, et encore plus à trouver son chemin. D’autant plus qu’elle avait fuit le concours dès qu’elle avait pu : il avait été là, et après la dernière rencontre qu’elle avait eu avec lui, le revoir et lui parler était la dernière chose qu’elle avait envie de faire.

En fait, avec toutes les commotions qu’elle avait créées, elle hésitait même à rentrer chez elle. La seule chose qui la motivait encore était son arène : elle ne pouvait se permettre d’en rester loin trop longtemps, et ce délai avait été dépassé depuis quelques temps déjà… Elle avait hésité à demander à Céleste de porter un message à Arkan, mais le voyage promettait d’être long et elle n’était qu’une toute petite caneton. C’était presque du suicide de l’envoyer, et cela aurait été dommage de perdre un membre de l’équipe aussi utile, même si encore faible.

La noble s’avança sur le rivage, puis, lentement, ôta ses chaussures, retroussa un peu sa tunique, puis s’avança jusqu’à la berge pour que ses pieds trempent dans l’eau. Le liquide azur était glacé, mais cela lui importait peu : elle attendait ce moment depuis trop longtemps. Elle ne s’était pas lavé et n’avait pas mangé correctement depuis des semaines, ses nuits étaient privées de sommeil et son corps était complétement meurtrit par l’effort physique constant qu’elle avait du fournir. En particulier, ses pieds étaient cloqués et sanglants, si abimés qu’elle avait arrêté d’y ressentir la douleur depuis des jours. Ses cheveux étaient en pagailles et ses vêtements déchirés ; de loin, il aurait été dur de le reconnaître d'une paysanne.

Lentement, elle se baissa jusqu’à être assise sur la rive, les pieds toujours plongés dans le Lac Lazuli. Toutefois, même dans cet état, elle n’osa pas prendre la liberté de s’allonger. Maintenant plus que jamais, elle devait continuer à paraître forte, à montrer qu’elle était, contrairement à ce que les apparences laissaient croire, toujours en alerte et aussi prompte que jamais.

Ses trois compagnons se libérèrent de leur prison, s’avançant aussi dans l’étang pour profiter de sa fraîcheur. Ils n’étaient pas aussi physiquement érodés que la femme, mais la fatigue du voyage pesait sur leurs épaules aussi. Pour preuve, ils étaient tous les trois très calmes, bougeant à peine, profitant de l’instant de repos.

Ils restèrent ainsi de longues, longues minutes, remuant très peu, essayant de récupérer des forces et un peu de courage. Lehna continuait d’admirer le bassin : c’était curieux combien l’eau lui avait manqué. Certes, il avait plu à quelques reprises et elle avait pu utiliser sa maîtrise pour s’hydrater, mais ce n’était pas pareil qu’être complétement entouré de son élément naturel. Au fond de l’eau, elle vit finalement une forme s’approcher. Curieuse, elle leva un peu la tête pour regarder, sans bouger de peur de faire peur à la chose. Cela ressemblait à un gros Lovdisc, avec une teinte plus pâle et rosée ; en l’observant, la princesse avait l’impression de regarder une réflexion de la lune dans l’eau. L’animal s’avança un peu, sembla hésiter puis finalement décida de venir toucher les pieds blessés de la jeune femme. Cette dernière se laissa faire, prête à renvoyer cette bestiole d’où elle venait au premier geste suspecte, mais trop curieuse pour la repousser tout de suite. D’ailleurs, elle fit bien : le poisson se frotta à ses membres, et elle sentit instantanément une sensation de douceur, comme si on lui étalait de la crème sur ses écorchures. Doucement, les douleurs finirent par s’estomper, jusqu’à ce que ses plus faibles blessures ne soient plus qu’un souvenir, et que les plus prédominantes se cicatrisent enfin.

Le poisson recula un peu, puis fit face à la femme qui, intriguée, remonta un de ses pieds hors de l’eau pour admirer le résultat. C’était splendide, impressionnant. Elle n’était pas complétement rétablie, mais elle n’en doutait pas qu’elle le serait d’en à peine quelques jours, surtout si cet animal décidait de rester avec elle… Immédiatement, son côté funeste se réveilla, imaginant tous les avantages qu’elle pourrait tirer à avoir un Pokémon comme ce dernier dans son équipe. Se décalant un peu, elle plongea ses mains dans l’eau, et à nouveau la créature s’avança, et elle en profita pour la caresser.

Merci, merci énormément, murmura-t-elle. Tu n’as pas idée combien j’avais besoin de cela, juste maintenant…

Une larme se forma au coin de son œil et glissa le long de sa joue, et tomba dans l’eau avec un léger « ploc ». Même elle ne savait plus si elle jouait la comédie ou pas. Le poisson l’observait, comme hypnotisé, jusqu’à ce qu’elle lui fasse un signe désignant ses autres camarades.

Il ne faut pas se préoccuper de moi, eux on plus besoin d’aide, quémanda-t-elle implicitement, espérant que l’image d’une personne soucieuse du bien-être des autres lui permettrait de s’attirer les sympathies de cette bête.

L'animal se déplaça comme demandé, puis sembla se mettre à communiquer avec la petite canne. La princesse mit tout de suite cela sur le compte du caractère amical de l’oiselle, qui adorait se faire de nouveau amis. Peut-être qu’en plus, comme ils étaient du même monde, la connexion était d'autant plus forte ? Elle les laissa s’amuser un moment, reprenant sa position initiale. Les deux semblaient s’entendre vraiment bien, avec un peu de chance, cela pourrait se concrétiser…

[Soriu Tiadramat]

"Humpf ... Vraiment ..."

Il était resté là, les bras croisés, adossé à un arbre. Le lac Lazuli ... En y réfléchissant bien, était-ce là qu'il avait capturé Nephenee ? D'après ses souvenirs, ce n'était pas le cas, loin de là. Il poussa un léger soupir, plaçant une main sur son front. Il était un peu fatigué, il devait se l'avouer ... en fait, un peu beaucoup pour être plus précis. Mais bon, Lehna semblait calme, c'était l'un des rares moments où elle semblait presque atteignable ... et lucide. A se comporter comme une princesse pimbêche, elle méritait souvent son sort ... et des fois, quand on la regardait ainsi, on se demandait qui pouvait être le monstre à s'acharner contre elle ? Il avait pourtant un simple nom : le Destin. A partir e là ... il n'était pas forcément capable de la protéger pour le moment ... Il avait simplement envie de se reposer mais il ne pouvait pas se le permettre. Il regarda tout simplement devant lui avant de se redresser. La Cryptero le fusilla du regard mais resta muette : elle n'avait pas envie de converser avec lui. Bon, il était temps de se rapprocher de Lehna pour prendre de ses nouvelles. Il commença à marcher vers elle, restant à un bon mètre dans son dos, debout.

"Mademoiselle Lehna, combien de temps est-ce que vous comptez rester ici ? Pour ma part, je n'ai pas de limite mais que je sache si je dois déjà installer les tentes ou non voire préparer à manger puisque nous sommes aux abords du lac. Peut-être que vous comptez dormir ici ce soir. Les étoiles sont plutôt belles en cette saison et nous sommes éloignés de toute civilisation donc il n'y aura nul nuage ou pollution pour cacher la vue. Qu'est-ce que vous en dites ?"

Il proposait cela tout simplement car la jeune femme semblait comme épuisé par les évènements. Des évènements dont il ne connaissait sûrement rien mais ce n'était à à lui de demander des informations. Quand elle voudra se confesser, il sera là ... mais pour le moment, il n'en était rien. La seule chose sur laquelle il se sentait concerné, c'était la mission que le père de Lehna lui avait confiée. Une mission absurde ... car il n'y avait aucun doute que Lehna n'était pas enceinte. Il n'était pas là pour lui faire la morale vu ce qu'il avait put faire dans le passé. Néanmoins, ce n'était pas une raison pour rester là sans rien dire ou faire. Il demanda une nouvelle fois :

"Est-ce que vous comptez fuir votre père ou non ? Que je sache si je dois vous arrêter ou non ... bien entendu, sans force. Ah ... Vous vous êtes mise dans une sacrée galère mais cela, je ne pense pas qu'il faut être un génie pour l'avoir remarqué."

Il avait finit par s'accroupir, sortant une noigrume avant de la jeter dans les airs, une Milobellus aux écailles si différentes de celles des autres apparaissant avant de plonger dans l'eau du lac. Finalement, il fit de même que Lehna, sortant tous ses pokémon. C'était décidé : ils allaient dormir à la belle étoile ce soir. Il ouvrit son sac, commençant à sortir les tentes avant de les monter. Il était tout simplement hors de question de dormir sous une seule et même tente. Déjà, lui, il ne saurait pas où se mettre. Ensuite, Lehna ne risquait pas d'accepter. Malgré ses pouvoirs psychiques, il n'avait guère réellement d'hésitation à monter les tentes "à la dure", c'est à dire avec la force de ses mains. Il faisait de même pour la récolte du bois, vu que Lehna ne semblait pas disposée à l'aider. Ce n'était pas comme si cela était réellement surprenant dans le fond.

Bon ... Le plus important était déjà fait ... normalement. Il avait récupéré le bois, il attendait juste quand il allait allumer le feu. D'ailleurs, la Pyronille patientait elle aussi, semblant prête et motivée à faire calciner les bouts de bois. De on côté, une certaine Solochi lézardait dans l'herbe, en boule, profitant du soleil pour bronzer un peu. Les trois chiots, quant à eux, gambadaient aux abors du lac, venant s'arroser et s'asperger d'eau. Moona tournait dans les airs, semblant s'approcher de différents arbres comme pour discuter avec ses occupants. la Shaofouine, quant à elle, s'entraînait contre un adversaire invisible, comme à son habitude. Eoli et Cryptero, quant à elles, ne faisaient que s'asseoir posément aux abords du lac, calmes et tranquilles. Seule Friyendia n'hésitait pas à aider Soriu pour préparer le repas, cela sous sa forme humaine. On aurait put croire à une véritable maîtresse des lieux, prête à accueillir différent hôtes pour l'occasion. C'était bien l'unique personne sur qui il pouvait compter pour le moment ... pour ce genre de tâches. Pas que les autres, comme Eoli ou Nephene, étaient incapables de l'aider. Hum ... Bon, le repas était prêt. Un peu de viande, surtout de la soupe, ça pouvait réchauffer un peu les coeurs et voilà. Il avait aussi préparé quelques casseroles pour les pokémon car bon, ils étaient une sacré communauté quand même.

"Mademoiselle Lehna, vous pouvez venir. Nephene et les autres, pareil ! Les pokémon de Lehna, c'est la même ! J'ai servi tout le monde !"

[Lehna]

Les cheveux sur la nuque de Lehna s’hérissèrent lorsqu’elle entendit le son de cette voix si tragiquement familière. Son corps entier se figea, comme si un ennemi invisible lui avait littéralement glacé le sang. Elle était incapable de bouger, et pensa même un moment que sa respiration s’était coupée. Sa surprise était telle qu’elle eut du mal à assimiler les paroles qu’on venait de lui adresser. Son interlocuteur s’était approché d’elle furtivement mais lui avait parlé comme s’il s’était tenu à ses côtés depuis des heures. Enfin, après un effort qui lui semblait considérable, la jeune femme retourna son bassin pour faire face au nouveau venu. Ses craintes se matérialisèrent lorsqu’elle constata de ses propres yeux que c’était bien Soriu qui se tenait devant elle. La princesse passa un moment à le fixer, son cerveau tournant à cent à l’heure pour essayer de comprendre ce qui se déroulait, et ce que l’homme voulait d’elle. Mais, probablement à cause de la fatigue, ou du moins l’espérait-elle, elle était incapable de déchiffrer les intentions du garçon.

La noble opta donc pour le silence, suivant la philosophie que si la parole était d’argent, son contraire était d’or. En un sens, elle ne faisait ni accepter ni refuser l’offre : étant incapable de comprendre ce qui se passait, elle se contenta d’attendre la suite. Suite qui ne se fit pas attendre, car rapidement après Soriu apporta sur la table le sujet de son père, à qui elle avait menti lors du dernier repas qu’ils avaient pris ensemble. À ces mots, elle pivota à nouveau sur elle-même pour faire face au lac, présentant un nouveau son dos au Mizuhanien. Alors comme ça, son père lui avait demandé de la traquer ? Elle n’en attendait pas moins de ce vil personnage. Elle le laissa finir sa courte tirade de bonne morale, se souciant peu de toute façon de ce qu’il pensait.

Je sais ce que je fais, prononça-t-elle enfin, presque dans un murmure. Même elle n’était plus bien convaincue de ces paroles, mais elle devait continuer à les croire cela sous peine de voir son monde s’effondrer.

Sans en attendre davantage, l’homme se mit au travail pour mettre en place son campement. La femme, elle, était réticente à l’idée de rester ici. Elle était si près du but, si près de la civilisation qu’elle pensait cela absurde de s’arrêter maintenant. Elle allait annoncer le rapatriement général de ses troupes lorsque, au milieu de tout ce tumulte, quelque chose de presque spécial attira son attention. En inspirant, elle sentit les effluves du dîner que Friyendia était train de préparer, et il n’en fallut pas plus pour que son ventre se mette à grogner sauvagement. Elle n’avait pas eu de repas décent depuis des semaines, et la certitude d’en avoir un bon maintenant ébranlait sa conviction. Elle était humaine aussi, et devait donc, à son plus grand regret, répondre à ses instincts primitifs de survie. Si elle descendait dans la cité, rien ne lui garantissait un lit de plume et encore moins un repas chaud : sans argent et présentée comme elle l'était, elle aurait du mal à convaincre les gens de ce monde de son statut pour l'aider… Presque comme une zombie, elle avança à petits pas vers les fourneaux, suivant son estomac lui dictant ses mouvements. On aurait presque pu croire que les odeurs de la nourriture avaient un effet narcoleptique sur elle, comme un drogué qui retrouvait enfin de sa substance et en était hypnotisé.

Un peu avant son point d’arrivé, la princesse s’arrêta, son cerveau se demandant si c’était vraiment la bonne chose à faire. Elle se tourna vers le lac à nouveau, contemplant un moment l’eau, avant de remarquer ses animaux en train de jouer avec ceux de Soriu. Si elle avait peut-être eut la force de continuer, eux méritaient la certitude d’un bon repas et d’une vraie pause. Se décidant enfin, un peu à contrecœur, elle finit de s’avancer vers le feu et s’y posa sagement en tailleur, ses pieds abimés toujours dénudés, attendant sagement qu’on lui propose un repas.

De près, Soriu pouvait voir son visage et les traits usés qui l’ornaient, ainsi que des cernes qui attestaient de son état faible. Elle restait belle, mais ce n’était clairement pas la même femme que celle que celle qu’il connaissait qui se tenait en face de lui : celle-ci avait l’air déprimée, désespérée et, surtout, fatiguée. Ses biffures ressemblaient presque à des craqures, comme si petit à petit, par la force des choses qui lui tombaient dessus, son masque commençait à se fissurer…

[Soriu Tiadramat]

"Tu me permets d'en douter ... Lehna ?"

Oui, pas de mademoiselle sur le coup. Ce n'était pas qu'il n'en avait pas envie ... mais actuellement, la situation n'était pas reluisante et pas plaisante. Pendant qu'il lui donnait à manger, il continuait à la regarder et à l'observer. Le moindre des mouvements de la jeune femme était étudié par Soriu qui n'hésitait pas à la fixer. Il n'y avait aucune moquerie dans le regard et même Garuda avait préféré se taire car Soriu n'était visiblement pas d'humeur à entendre la Cryptero se moquer de la jeune femme affaiblie devant ses yeux. Avec douceur, voilà qu'il commença à servir Lehna, sans pour autant reprendre la parole. Il attendit qu'elle ait commencé à manger, avant de servir tout le reste, c'est à dire les pokémon. Pourquoi cela ? Comme pour l'inciter à commencer à manger sinon, il ne servira pas les autres. Oui ... Dans cet état, il était clair qu'elle n'était pas en état de refuser et visiblement, elle pouvait toujours jouer le rôle de la princesse, il était tout simplement hors de question qu'il se mêle de tout ça. Enfin non, c'était le contraire, il devait se mêler de tout ça ... Mais bon ... Lehna avait exagéré.

"Lorsque tu voudras dormir, tu me le diras, d'accord ? Je t'y aiderais. Et ne t'en fait pas, tu feras si nécessaire, un sommeil sans rêve. Ton corps a besoin de repos et tu le sais aussi bien que moi, Lehna."

Ce n'était pas une recommandation ou un conseil mais un ordre. Si elle voulait se détruire la santé, elle pouvait le faire ... mais vu que sa santé comme sa personne faisaient en inquiéter d'autres, il était tout simplement hors de question qu'il tolère ses bêtises une fois de plus. Et bien entendu, même si elle aurait cherché à protester, il l'aurait tout simplement regarder de son unique oeil valide, quitte à le faire devenir rose. Ce n'était pas parce qu'il avait des "soucis" à lire dans ses pensées qu'elle pouvait croire qu'il serait incapable de lui expliquer à quel point il pouvait être vraiment dangereux et terrifiant. Elle l'avait toujours vu de son côté, n'est-ce pas ? Qu'est-ce que cela risquerait de donner s'il décidait vraiment de s'opposer à elle ? Néanmoins, malgré que l'ambiance n'était pas forcément très chaleureuse entre eux deux, les pokémon n'avaient pas à prendre part au conflit. De même, vu qu'il avait installé les tentes et le reste, il comptait bien forcer Lehna à s'endormir, ne serait-ce que pour quelques heures. Et cela lui ferait le plus de bien. Les rides de fatigue ternissaient son doux visage.

Sauf qu'il n'était pas là pour faire dans le sentimentalisme et voilà qu'il continuait de regarder la jeune femme, attendant d'être sûr qu'elle ait terminé de manger. Pour ses pokémon, il ne se faisait pas vraiment d'illusions à ce sujet. Ils avaient sûrement faim et un bon repas ne pouvait que leur convenir. Heureusement que ses pokémon n'étaient pas belliqueux. Oh ... Certains avaient leur petit caractère (Ahem ... Garuda) mais bon, ça ne changeait pas qu'ils étaient fondamentalement gentils ... elles ... Vu qu'il n'y avait que des pokémon féminin avec lui. Mais bon, ce n'est pas vraiment le moment de se poser des questions aussi absurdes. Dès que le repas est terminé, il commence à aller nettoyer ses assiettes, gamelles et ustensiles justement dans l'eau non-loin, jetant parfois quelques regards à Lehna. Il ne voudrait pas la voir commettre une bêtise. Il a été chargé de la surveiller et quitte à employer la force mentale, il comptait bien y arriver ... même si cela n'allait certainement pas plaire à la demoiselle mais vu l'état psychologique de cette dernière, il n'était pas vraiment sûr. Humpf ... Ah ... Lehna ... Des fois ... elle se comportait comme une idiote. Il avait finit par terminer le nettoyage et vient simplement se positionner devant elle, accroupi. Il suffisait qu'elle parle ... et se dévoile un peu. Mentalement, bien entendu, pas autrement hein ?

[Lehna]

La noble garda ses yeux rivés sur son repas, refusant de croiser le regard de Soriu, même lorsqu'il lui servit son bol. Elle n'avait pas besoin de s'imposer : sans même qu'elle le lui demande, le mizuhanien lui donnait tout ce qu'elle voulait, sans même qu'elle ait d'efforts à fournir. Elle tourna l'idée en rond dans sa tête pour tenter de s'en convaincre elle-même : la raison pour laquelle elle ne voulait pas lui faire face, c'est qu'elle n'en avait pas la nécessité ; pourquoi devait-elle s'embêter avec des tâches fastidieuses lorsqu'elles étaient inutiles ?

Je n'ai pas besoin d'aide, répliqua-t-elle à la « demande » de l'homme. Elle se raidit, n'appréciant pas les devants qu'il prenait. Nous devons rejoindre la cité sous les eaux afin de descendre à Mizuhan le plus rapidement possible, expliqua-t-elle, levant enfin ses yeux rougis d'épuisement vers le garçon.

Elle voulait quitter ce purgatoire le plus rapidement possible, ne se rendant pas compte que sa précipitation était la cause de sa descente aux enfers. Elle tentait de reprendre le dessus sur l'homme, avec une prestance déraillée et hésitante. La confiance que Soriu avait en lui la faisait vaciller et douter, mais elle se laisser faire, elle refusait de se le permettre. Ils respecteraient ses termes du contrat à elle, et non ceux qu'on lui imposerait.

Alors que les deux humains s'affrontait dans un combat de volonté – combat que Lehna était en train de perdre, sans s'en rendre compte et même convaincue du contraire – et que les animaux profitaient d'un bon repas chaud et nourrissant, un nouvel intrus, attiré par les odeurs de la tambouille cuisinée par le garçon, fit son apparition et trébuchant brusquement au milieu de tout le groupe. L'animal était criblé de coups et de blessures, et semblait atteint d'une fatigue aussi grande que celle de Lehna. Le Psykokwak se mit à ramper vers Saphir, poussant des petits râles qui finirent par faire tomber le chat en pitié, qui lui offrit de la nourriture.

La princesse observa l'intrus sans un mot, probablement trop faible pour l'envoyer valser de tout façon. Elle se demanda ce qui avait bien pu lui arriver pour qu'il se retrouve dans cette situation ; plus elle contemplait l'animal abattu, plus elle avait l'impression de se regarder dans un miroir. Saphir commença à lécher les plaies du canard, puis essaya, aidée par Céleste qui lança l'idée, de déplacer le Psykokwak jusqu'à la rive, pour que le Mamanbo puisse le soigner. Voyant qu'ils n'y arrivaient pas bien en raison de la large taille du blessé et de leur petit gabarit, Lehna posa lentement son bol vide, puis se leva doucement, souleva le canard et se mit en route jusqu'à l'étang, où elle s'assit sur ses genoux et trempa la bête. Comme pour ses pieds, le Pokémon soigneur enveloppa la créature d'une eau guérisseuse, qui ferma la plupart des blessures ouvertes de l'oiseau aquatique. L'animal, ravi de son rétablissement miraculeux, se lança dans les bras de la demoiselle qui n'eut pas la force de le repousser, et en quelques secondes se mit à ronfler dans ses bras, sous le regard désappointé de la femme. Elle avait aidé son chat par pitié pour cette dernière et, surtout, pour avoir la paix, et voilà maintenant que l'animal s'accrochait à elle comme une sangsue, la tirant en arrière comme un boulet. Saphir était venue s'assoir à côté de sa maîtresse, et ses grands yeux bleus la mirent en face de la vérité qu'elle ne voulait pas voir. Ils n'allaient pas abandonner cet être vivant dans le besoin, alors qu'il lui faudrait encore des soins à son réveil. Aucun de ses compagnons ne la laisseraient faire ou l'accompagneraient plus loin si elle décidait de continuer sans ce soucier de son bien-être.

Dépitée, Lehna ferma les yeux, et voulu de se relever. Toutefois, elle eut beau tenter de réunir toutes ses forces dans ses jambes, ses muscles se contentèrent de se mettre à trembler, sans la lever. L'animal était trop lourd et elle était trop usée. Elle se retrouva clouée devant le lac, incapable d'aller de l'avant et de revenir en arrière...

Lehna est un peu ch*ante parce qu'elle n'aime pas recevoir des ordres (obviously), mais cela dit ton message était très bien, t'inquiète pas pour ça x) Elle est donc un peu coincée sous le poids du Psykokwak, si tu voulais bien la dégager de là je suis sûre qu'elle s'en sera « reconnaissante ». ^^" xD

[Soriu Tiadramat]

"Je vais être mauvais en disant ça ... mais boucle-là, Lehna. On ne bougera plus de la soirée, que cela te plaise ou non."

Il n'aimait vraiment pas le ton qu'il venait d'employer pour Lehna mais des fois, le meilleur moyen de mettre du plomb dans la cervelle de la jeune femme, c'était de lui dire franchement ce qu'il pensait de tout ça ... et actuellement, il n'avait guère envie de se compliquer la vie avec elle. Si elle ne faisait aucun effort pour améliorer sa condition, ... moui. Non, il était pas comme ça et il le savait parfaitement. La jeune femme pouvait en profiter sauf que dans son état, c'était tout simplement impossible. D'ailleurs, son état ressemblait plus à un Aspicot qu'autre chose ... Oui, c'était une ;larve humaine qu'il voyait tout simplement au sol alors qu'il regardait la jeune femme. Celle-ci semblait complètement lessivée, il n'y avait plus grand chose à faire d'elle, n'est-ce pas ? Pour autant, il ne vint pas se plaindre. Son oeil valide devint complètement rose avant qu'il ne soulève le Psykokwak pour le déposer dans la tente. Lui-même ? Qu'est-ce qu'il faisait ? Il porta tout simplement la jeune femme dans ses bras, un peu comme la princesse qu'elle était. Pour autant, il ne lui faisait pas de sourire ou autre. Elle pouvait juste l'entendre chuchoter :

"Un jour, on paye le prix de ses idioties. Plus on retarde l'inévitable et plus il nous tombera violemment dessus. Ne l'oubliez jamais, mademoiselle Lehna."

... ... ... Ouais, il ne pouvait pas s'en empêcher hein ? Quel imbécile. Même s'il avait toutes les raisons d'en vouloir à cette femme, il n'y arrivait pas. Elle n'avait visiblement pas une existence facile et pour cela, il ne pouvait pas lui en vouloir. Ca ne voulait pas dire pour autant qu'il lui pardonnait ses excès. Ah ça, non, il en était hors de question. Bon ... Il vint la déposer tout simplement dans la tente, la regardant pendant quelques secondes, sans un mot. Même pas un bonne nuit ou autre. Il observa les pokémon dont le canard jaune avant de les laisser s'installer correctement autour de leur maîtresse ou future maîtresse. Il n'était pas là pour s'occuper d'eux, bien que pourtant, ça ne voulait pas dire qu'il devait ignorer complètement leurs soucis. S'ils avaient un problème ou que Lehna en avait un, il allait rester à moitié éveillé. Voilà que le jeune homme commençait maintenant à faire un peu de nettoyage. Il avait les couverts et les gamelles à nettoyer et ça n'allait pas se faire tout seul. Pour autant, il était tout simplement hors de question de ne pas continuer à se concentrer sur tout ça.

Ses propres pokémon cherchèrent à voir ce qui n'allait pas. Elles avaient bien remarqué que le jeune homme n'était pas comme à son habitude avec Lehna. Est-ce qu'il donnait l'impression d'être impuissant ? D'être en colère ? D'en avoir rien à faire ? Difficile de cerner exactement tout ça. Pour autant, le jeune homme aux cheveux argentés termina aussi vite qu'il avait commencé le nettoyage. AH ... Bon, ce n'était pas tout ça mais il en avait aussi fini avec les assiettes. Il était maintenant temps d'aller se reposer. Il invita tous ses pokémon à rentrer dans la tente, bien plus grande que celle de Lehna. Bien entendu, Nephene ne pouvait pas rentrer toute son être dedans ... ou presque. Il suffisait juste qu'elle s'enroule sur elle-même et c'était parfait. Bien qu'il avait fermé les yeux, il restait pour autant conscient du monde qui l'entourait. Oui ... Il n'hésitait pas à laisser vagabonder ses pouvoirs psychiques pour une seule et unique raison : Surveiller Lehna et savoir où elle allait si elle décidait de se lever pendant la nuit.

[Lehna]

La princesse grinça des dents à la demande du garçon. Même s’il avait l’air de savoir qu’il n’avait pas à prononcer ces mots, la noble ne les prendrait pas bien pour autant. Elle n’avait pas à recevoir d’ordres ou de conseils ni de lui, ni de personne.

Je me tairais quand cela me plaira, claqua-t-elle sans aucune considération. Toutefois… malgré son outrage face à son comportement, inconsciemment ou pas, elle ne contredit pas sa décision cette fois-ci. Soit elle n’avait pas entendu sa seconde phrase, soit elle l’acceptait, mais refusait de l’admettre.

Elle ne broncha pas quand l’homme vint « la sauver » de son agresseur. Même une fois le Psykokwak soulevé de ses genoux, elle n’arrivait pas à se relever. Elle avait mis ses dernières forces à essayer quelque chose qui avait échoué, et maintenant, il ne lui restait plus rien pour continuer à avancer une fois l’obstacle passé. Elle voulu rejeter l’homme qui s’approcha d’elle, mais le regard froid et autoritaire que lui lança son chat à ses côtés la figea sur place. Tout à coup, elle avait presque peur. Tremblante, elle se laissa soulever sans rien dire.

Elle était curieusement bien installée dans les bras de Soriu. Elle se sentait bizarre, comme subjuguée d’une émotion qu’elle ne connaissait pas. Cela rendait son cerveau inepte, comme si elle avait été droguée. Ces pensées étaient confuses et vagabondes, et aucune ne s’occupait de l’instant présent, jusqu’à ce que le chevalier tente de la faire revenir à la dure réalité.

Je sais ce que je fais… répéta-t-elle une fois de plus, pour lui répondre, convaincue que cela aiderait tous les êtres vivants présents là à s’en rendre compte. Pendant un instant, elle crut qu’elle allait pleurer. Quelle idiote, à quoi cela l’avancerait ? Se morfondre sur son compte n’avait jamais rien apporté à personne, et elle refusait de se plaindre de sa condition. C’était de l’énergie perdue, et pour le prouver elle maîtrisa ses larmes pour les évaporer de ses yeux avant même qu’elles ne coulent. Elle contrôlait peut-être plus son corps, mais elle ne laisserait pas son visage, son masque, s’en tirer aussi facilement.

Sur tout le chemin – qui lui parut très long – elle continua à chercher des répliques pour expliquer à Soriu qu’elle était toujours en contrôle, mais rien ne lui vint à l’esprit. Elle alla même chercher dans ses arguments pré-faits et applicables en toutes circonstances, mais cela ne servit à rien. Il la posa dans la tente sans qu’elle ait pipé un mot de plus, et dès qu’elle fut au sol, Saphir vint se lover prêt d’elle après s’être frottée contre les jambes du porteur. Par réflexe, Lehna agrippa le chat comme une peluche, la serrant contre son torse. L’animal réagit en se mettant à ronronner ; c’était leur petite routine du soir. En temps normal, la princesse n’aurait jamais laissé personne assister au seul instant de tendresse auquel elle se subjuguait chaque jour, mais en à ce moment-là, cela n’avait plus d’importance. De toute façon, elle n’avait plus rien à dire à cet homme, alors pourquoi continuer à faire semblant ? Les deux canards s’installèrent dans un coin, alors que Boréal préférait rester à l’entrée de la tente. Il connaissait Soriu et ne craignait rien de sa part, mais part principe, il était celui qui montait la garde, et il allait respecter son rôle jusqu’au bout.

Au moment où Lehna entendit les draps de la tente se soulever, signifiant que l’homme quittait le petit abri, elle laissa échapper un « Merci ». Il était incertain à qui elle l’adressait, mais une chose était sûre, elle l’avait prononcé.


Bien joué.

Le ton âpre, sarcastique, tranchant, acerbe et virulent de la voix fit lever Lehna d’un coup, son cœur battant à cent à l’heure. Assise dans la tente, elle chercha du regard la coupable, mais la nuit était silencieuse, et il n’y avait personne dans ses quartiers à part ses animaux et elle-même. Elle se recoucha, et, malgré un sentiment inconfortable qui pesait sur elle, s’endormie en un claquement de doigts, sa fatigue la plongeant dans un sommeil sans rêve…


Et ça clôture pour moi ! Je te laisse conclure et / ou demander la notation, comme tu le souhaites J’essaye de lancer le mini-aparté au temple de Keldeo dès que je peux ^^’

[Soriu Tiadramat]

Bien entendu qu'elle savait ce qu'elle faisait. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle était là, n'est-ce pas ? Dans cet état déplorable, un peu pathétique et autres ? Pourtant, il ne lui en fit pas la remarque. Il n'avait pas à le faire, il n'en avait pas besoin ... et c'était tout simplement inutile. Le jeune homme aux cheveux blancs s'était juste rapproché d'elle, pour vérifier comment elle allait avant de la confier aux bons soins de Boréal. Quelques minutes plus tard, il s'était positionné devant le pokémon, faisant un mouvement de la tête en direction de la tente. Est-ce qu'elle s'était endormie ? Le pokémon plongea sa tête dans la tente, revenant quelques secondes après pour confirmer que oui. Ah ... Oui ... C'était donc bon de ce côté hein ? Elle dormait paisiblement ou presque ... Cela voulait dire qu'elle allait pouvoir enfin souffler un petit peu. Le jeune homme marmonna quelques paroles incongrues, ne cherchant pas vraiment à expliquer son cas tandis qu'il réfléchissait à toute allure. Ouais ... Ou pas ... Maintenant, il avait décidé de tout simplement veiller pendant toute la nuit. Pour trouver le repos et le sommeil ? Bah ... Il le fera d'une autre manière, il n'était pas très difficile de ce côté. Ce n'était pas comme si sincèrement, il avait quelques problèmes à sombrer dans le sommeil.

En fait si ... Cette histoire commençait à l'user un peu mentalement. De plus, utiliser et lever la voix face à une femme qui se comportait encore comme une enfant tout en étant adulte physiquement et mentalement ... C'était assez paradoxal. Il avait l'impression de devoir s'occuper de Lehna comme il s'occuperait d'un pokémon un peu trop capricieux et qui n'en faisait qu'à sa tête. A partir de là, il devait parfois durcir le ton mais sans trop en faire pour autant. Le jeune homme aux cheveux blonds regarda le ciel étoilé, finissant par observer Garuda qui posa sa tête parcourue de plumes sur ses genoux.

"Tu n'arrives pas à dormir toi non plus, Garuda ? Les autres, c'est déjà le cas depuis si longtemps."

"Tu crois vraiment que je peux dormir si tu ne dors pas ? Est-ce que je dois te rappeler de quoi je suis issu ? D'où est-ce que je viens ? Ce que j'ai vécue ? Pendant des années dans le passé, tu étais à mes côtés pour trouver le sommeil ..."

"Oui ... La petite demoiselle qui s'insinuait dans mon lit car elle n'arrivait pas à dormir et qu'elle se sentait bien dans mes bras, hein ?"

"KWAAAA ! T'es pas obligé de le dire à voix haute ! Gardes-le pour tes pensées ! Non, n'y penses même pas ! J'ai pas envie de lire ça, moi !"

Il eut un petit rire alors qu'elle venait piaillait contre le jeune homme aux cheveux blancs, celui-ci se faisant becqueter par l'oiseau qui n'était visiblement pas très heureuse de la tournure des évènements. Mais voilà ... avec tout ça ... Il caressait son crâne duveteux avant de murmurer que tout allait bien même s'il ne le montrait pas forcément. S'occuper de Lehna était un peu comme un nouveau devoir ... qu'il s'offrait, n'est-ce pas ? Sans ça, qu'est-ce qu'il ferait de ses jours ? De ses nuits ? Il n'en avait strictement aucune idée. Finalement, il sombra dans le sommeil, quelques minutes plus tard, Garuda se redressant pour s'installer sur lui, face à face. Elle déploya ses longues ailes autour du corps du jeune homme, formant comme un cocon protecteur de chaleur ... malgré le fait qu'il dormait assis au beau milieu de l'herbe, devant les flammes. Certaines choses ne changeaient pas malgré les apparences.

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