[ Clos ] Progresser à son rythme [ Solo / Contrainte ]

[Aisling Hops]

[ Contrainte n° 4 : Faire intervenir le climat ]

Le bateau tanguait beaucoup puisque les vagues venaient se cogner contre la coque et le vent soufflait, gonflant les violes du navire. Le ciel gris ne présageait rien de bon et les matelots avaient peur qu’une tempête violente ne se lève et ne complique la navigation vers l’Île I’o Maï. Car oui, le groupe composé de deux membres d’un clan Midgardien s’était finalement réuni après des jours de recherches sur le pays de l’Eau, et ainsi ils pouvaient reprendre la route vers leur destination. Destination qui se trouvait être une île à l’Ouest de Terros, le pays de la terre. D’ailleurs certains membres, dont Lefay, étaient dans une cabine en train de discuter sur des affaires d’un genre qui n’intéressait pas du tout Aisling (et dont elle n’avait pas besoin de savoir).

En effet, la rouquine se trouvait dans une autre pièce en compagnie d’une charmante jeune femme venant de Dyrinn : Aotori était son prénom et elle était plus âgée et expérimentée que la rouquine mais cela ne les empêchait pas de bien rigoler ensemble. Les demoiselles discutaient de leurs expériences passées et de ce qu’elles comptaient faire plus tard. Evidemment, Aisling lui parla de son rêve de devenir une grande Chercheuse et qu’elle avait demandé à passer une épreuve pour devenir Ramasseuse, la première étape de son apprentissage. Malheureusement, en attente d’une réponse positive, elle devait suivre son frère puisqu’elle était encore sous sa surveillance bien qu’elle ait atteint la majorité depuis leur arrivée sur Erasia.

Par ailleurs, elle parla de son aventure sur la Banquise et de ses retrouvailles avec la Championne de Fla’Or mais aussi de sa rencontre avec Shira, un autre Champion. En entendant ses noms, Aotori fut étonnée qu’une Migardienne comme Aisling connaisse deux Champions d’Erasia. Sans se vanter, la rouquine lui expliqua alors comment elle les avait rencontrés. Et alors qu’elles rigolaient, un puissant grondement retentit, stoppant net leur délire. Dehors, la pluie tombait en trombe aveuglant et neutralisant presque les matelots qui avait du mal à travailler et parce qu’il faisait nuit noire, les lanternes n’éclairaient plus autant qu’avant. Certaines ne tinrent même pas le coup et s’éteignirent rapidement, d’autres avaient la flamme qui dansait au rythme du bateau, faisant bouger la zone de lumière sur le pont. Non, la traversée de l’océan s’annonçait angoissante…

« C’est comme la dernière fois, quand on est descendus sur Erasia… À croire qu’on ne veut pas de nous ici…, s’inquiéta Aisling.

- Ne dis pas ça, répondit calmement la jeune femme. Ce genre de tempête doit souvent se produire sur un tel océan. Nous, on n’a pas ça là-haut. » termina-t-elle en souriant.

En effet, sur Midgard, il n’y avait pas d’Océan alors Aotori calma alors son amie que tout ira bien. Enfin, le vent soufflait très fort et les vagues faisaient tanguer le bateau dans tous les sens, ce qui entraînait des déséquilibres. Le mieux était soit de rester assis soit d’être couché, quoique… Tomber du lit, ça faisait mal et cela arriva plusieurs fois à Aisling qui n’arrêtait pas de râler, au grand dam de son frère qui du coup ne trouvait plus le sommeil…  

Le matin arriva et la mer s’était calmée ainsi que le vent. Bref, le ciel était dégagé laissant le soleil éblouir de ses rayons la vaste étendue d’eau. Le bateau pouvait ainsi naviguer tranquillement, ce qui permettait aux matelots de respirer un peu. Aisling sortit de sa cabine et s’empressa de se rapprocher du bord pour observer le paysage constant de l’Océan. Il n’y avait que de l’eau à perte de vue mais au petit matin, c’était rafraichissant et puis prendre l’air lui faisait un bien fou plutôt que de rester cloitrer dans la cabine. La gamine leva ses bras en l’air et commença des exercices d’étirement en compagnie de Voodoo. Cette dernière ne manqua pas de faire rire les matelots avec ses exercices matinaux, à sa façon.

Ses étirements matinaux durèrent de bonnes minutes, le temps que le Soleil soit plus haut dans le ciel. Le vent maritime s’était doucement levé, gonflant les voiles mais de façon plus calme et régulière que la veille. Et puis doucement, un point noir à l’horizon se dessina. Au début, personne n’y prit attention jusqu’à ce que quelqu’un cri « Terre en vue ! ». Ainsi, l’Île apparut devant les yeux ébahis des Midgardiens. Au port, le groupe prit la direction de la ville I’Maï et une fois sur les lieux, les plus âgés et les plus compétents pour dialoguer s’occupèrent des directives pour leur séjour.

« Aisling, ne commence pas à t’éloigner, râla Lefay.

- Oh ça va, je sais me débrouiller quand même ! »

Sur ces mots, la gamine quitta le groupe trop ennuyeux pour se balader dans la cité. De toute façon, elle ne pouvait pas aller bien loin sur une île. Que son frère pouvait-être bête des fois ! Ainsi, la gamine se promena en compagnie de Voodoo et Kircheis qui était là comme traducteur. D’ailleurs, les deux Pokémon commençaient à bien s’entendre bien qu’ils soient de types différents. Tant mieux. Les mains derrière sa tête, la rouquine leva ses yeux vers le ciel et constata que des nuages faisaient leur apparition. Mais des nuages non menaçants ! En tout cas, il faisait agréablement bon dans le coin et l’air frais de l’océan rendait la visite plus attractive bien qu’il y ait des effluves de poissons. Beurk, Aisling n’aimait pas ça.

« Je sais ! On va faire un jeu : je vais choisir l’un de vous deux et celui qui sera choisi devra se laisser porter par le vent. Mais attention, pas de tricherie… Pour Kircheis, je le saurais de toute façon ! » lança-t-elle en éclatant de rire.

Aisling se positionna au « milieu », entourée de ses deux Pokémon. Elle ferma ses yeux et commença à tourner sur elle-même en ayant le bras droit perpendiculaire au sol. Elle fit plusieurs tours avant de finalement s’arrêter. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle  « pointait » une direction plus proche de Voodoo que Kircheis.

« Allez Voodoo, laisse-toi porter par le vent. Ne t’en fais pas, c’est une petite île, enfin on n’ira pas bien loin. »

Le Pokémon regarda son compère et finalement relâcha toute pression en lui et attendit que le vent souffle pour se laisser aller. Aisling, toute contente de laisser le climat la guider, suivit son Pokémon sous le regard inquiet de Kircheis. Mais quand grandira-t-elle vraiment ? Le groupe dépassa une entrée de la cité pour arriver sur une prairie. Une immense prairie verdoyante où les fleurs dansaient au rythme du vent. La rouquine dépassa alors le Polichombr pour courir dans l’herbe comme une folle. Elle leva ses bras en l’air puis de façon perpendiculaire, comme si elle avait la capacité de voler. Elle courut alors comme ça pendant de bonnes secondes et soudain, une grosse rafale lui fit perdre l’équilibre et elle tomba en avant, faisant deux à trois roulages avant de s’allonger sur le dos. Inquiets, ses Pokémon volèrent jusqu’à elle pour savoir si tout allait bien et oui puisqu’elle riait encore.

« C’est trop bien ! »

Restant allongée, Aisling regarda le ciel chargé de nuages mais il y avait encore des parcelles de ciel bleu visibles. Il faisait vraiment un temps agréable et les Pokémon sauvages gambadaient tranquillement dans la prairie. Une nuée d’Etourmi lui passa juste au-dessus d’elle et leurs ombres interpellèrent Voodoo et Kircheis qui se mirent en position défensive mais se rassurèrent en voyant que ce n’était pas menaçant. Il y avait une multitude de Pokémon que la gamine ne connaissait pas encore et les voir voguer à leurs occupations en ne prenant pas compte de la présence de l’humaine lui permettait de comprendre leur mode de vie. Ainsi, la jeune femme se mit sur le ventre et observa les Pokémon sauvages.

Mais elle ne se rendit pas compte qu’une petite créature au pelage marron s’approchait d’elle doucement par derrière. La petite fouine ne se soucia pas de savoir si l’étrangère était méchante ou pas, mais sa curiosité la piqua au vif et elle voulait savoir ce que c’était. Ca avait deux longues pattes arrière, un peu arrondies sur le début, et ça sentait drôlement bon…

« Wouah !! »

Aisling sentit quelque chose caresser sa jambe et aussitôt elle se redressa, donnant malencontreusement un coup de pied sur la pauvre Fouinette qui fit plusieurs roulades avant de s’écrouler à cause du tournis. L’humaine se rapprocha de la créature à quatre pattes et tenta de la toucher avec sn doigt pour voir si elle était toujours vivante. Kircheis apparut rapidement devant sa dresseuse et semblait vouloir dire quelque chose.

« Roh ça va, elle va pas me tuer cette bestiole. Pousse-toi, veux-tu ? »

Et de son autre main, Aisling écarta son Pokémon pour revenir sur la petite fouine encore sonnée par ses nombreuses roulades. Mais ce que Kircheis voulait faire comprendre à sa dresseuse, ce n’était pas la dangerosité de la bestiole poilue mais le temps qui avait subitement changé ! De gros nuages noirs arrivèrent et un puissant grondement retentit dans toute la prairie. Aussitôt, les Pokémon sauvages quittèrent les lieux, laissant l’humaine avec ses deux Pokémon et la Fouinette. Avec le vent qui s’était subitement levé, l’orage gagna de la distance et se rapprochait vite. Voodoo prit la veste de sa dresseuse entre ses dents pour lui faire comprendre qu’il était l’heure de se bouger les fesses et de rentrer rapidement à la cité avant que la pluie de dégringole.

« Mais on ne peut pas laisser cette pauvre bête là ?! »

Et lorsque la petite troupe reporta son attention sur le Fouinette qui s’était relevé mais titubait forcément à cause du tournis, quelque chose les étonna : le rongeur marchait certes en zigzagant mais après quelques secondes passées, la créature mit ses mains en avant et semblait tâter le sol comme pour avancer. Intrigué, Voodoo se mit devant le Pokémon et là, la fouine sursauta. Il disparut et réapparut un peu plus loin et il n’y eut aucune réaction.

« Elle voit plus trop hein ? »

Un puissant grondement retentit, faisant sursauter la bande. Voodoo insista une nouvelle fois en agrippant la veste de sa dresseuse mais Aisling s’empressa de récupérer la fouine dans ses bras et prit la direction de la ville.

« Ok, je sais pas si c’est de ma faute mais je peux pas la laisser ici alors qu’une tempête arrive. Voodoo, montre-nous le chemin vers la cité ! »

Ainsi le petit chiffon violet prit la tête du groupe et montra le chemin. Malheureusement, le vent soufflait et poussait les nuages dans la même direction qu’eux alors lorsqu’elle arrivait à peine à destination, Aisling fut prise dans la pluie battante mais elle veilla cependant à protéger le petit Pokémon entre ses vêtements. Trempée de la tête aux pieds, elle fut accueillie par son frère qui râla sur elle (forcément).

« Sérieux ?! Tu étais où ? Tu peux décidément pas rester à endroit plus de deux minutes ?! »

Mais la rouquine n’écouta pas son frère et le dépassa de l’entrée de l’auberge pour rejoindre le groupe Midgardien. Aotori s’approcha de la jeune fille en lui rappelant qu’elle était trempée jusqu’aux os et qu’il fallait qu’elle se change rapidement sinon elle allait choper une pneumonie. Mais Aisling n’écouta pas encore et s’approcha de la table où se trouvait toute la troupe pour y déposer la petite Fouinette. Perdue, la créature tenta de se frayer un chemin parmi la vaisselle présente sur la table mais se cogna dans les verres.

« Elle est bourrée ta bestiole ! lâcha Ming, un jeune de Torcan, en riant.

- Je ne pense pas, déclara Goliah, un Abyannais. Aisling, je vais examiner ton Pokémon, pendant ce temps, vas te changer. Il ne faudrait pas que tu tombes malade. »

Goliah était le Guérisseur du groupe et doucement, il se leva de sa chaise en prenant le Pokémon dans ses mains pour quitter ainsi la pièce à manger et se rendre dans sa chambre. Aotori prit Aisling par la main et l’entraîna aussi vers leur chambre afin de lui faire couler un bon bain bien chaud. Dehors, le vent soufflait fort et la pluie tombait à grosse goutte, venant s’écraser sur les fenêtres de l’auberge. Le tonnerre frondait et les éclairs zébraient le ciel sombre… Une fois bien réchauffée et habillée de vêtements propres, Aisling frappa à la porte de Goliah qui lui répondit calmement ;

« Ta Fouinette, c’est son nom d’espèce, est juste myope. Et cela s’aggrave et elle pourrait bien devenir aveugle plus tard. »

Aisling baissa sa tête et regarda la petite fouine qui tentait de s’orienter sur la table présente au milieu de la pièce. Evidemment, lorsqu’elle s’approchait trop prêt du bord, les mains du Guérisseur lui empêchaient toute chute. La rouquine s’installa à côté de l’homme et lui demanda si c’était de sa faute vu la façon dont elle l’avait « expulsée » lorsque cette dernière s’était approchée d’elle.

« Non, c’est de naissance ou quelque chose s’est produit dans sa vie qui lui a fait perdre la vue petit à petit. Je ne pense pas que ce soit une attaque offensive sinon elle aurait des cicatrices au niveau des yeux. Tu ne l’as pas capturée n’est-ce pas ?

- Non et je n’y ai pas songé une seconde…

- Cette petite a besoin d’aide. En devenant aveugle, elle sera livrée à elle-même et mourra bien jeune… Aisling, tu peux t’en occuper et je pense qu’elle te sera d’une grande aide pour plus tard. »

Sur ces mots, Goliah prit la Fouinette dans ses mains et la déposa sur les genoux d’Aisling. Sentant la chaleur qui se dégageait du corps de la gamine, le rongeur se vola contre elle, notamment épuisée par les évènements. Aisling posa sa main sur la Fouinette pour la caresser et la rassurer ; au début, le Pokémon eut le poil hérissé mais se détendit au fil des caresses jusqu’à s’endormir. Dehors, le tonnerre grondait sévèrement, faisant trembler les fenêtres de l’auberge mais à l’intérieur, ils ne risquaient rien.

« Alors je vais l’adopter et veiller sur elle. Panyar sera son nom. »