[ Clos ] Les petites aventures du quotidien. [Solo/Anniversaire]

[Juliette Sevaltico]

« Spore de Rafflésia, pommade à base de graisse de Wailmer et… ? »

« Œuf de Leveinard. »

« Œuf de Leveinard. C’est bon, je reviens d’ici trente minutes. »

« Ne traîne pas, j’aurais besoin de toi en rentrant. »

Juliette acquiesça et claqua la porte du cabinet de soin de Léanne. Le marchand et fournisseur habituel de la guérisseuse avait fait une mauvaise chute il y’a deux semaines et devait rester alité pour une période indéterminée. L’homme, bien trop avare et méfiant, même envers ses enfants, préféra alors mettre en pause toutes ses commandes plutôt que de laisser sa progéniture les honorer. Selon lui, ils en profiteraient pour lui voler sa clientèle. Léanne, excédée par ce genre de comportement, avait déclaré haut est fort que cet homme était un connard, et qu’il avait de la chance d’être bon à trouver des produits médicinaux de bonne qualité, à défaut d’être un bon père. Juliette en avait tristement conclu qu’une mère ne faisait jamais totalement le deuil de son enfant.

Enfin, toute cette histoire permit à la blonde de s’évader un peu des cours de Léanne. Bien sûr, l’aînée avait commencé à enseigner à la benjamine à la demande de cette dernière, et Juliette retirait beaucoup de plaisir à apprendre auprès d’une guérisseuse aguerrie comme la sexagénaire, mais toutefois… Prendre un peu l’air et ne plus avoir à se préoccuper de la douleur d’autrui, le temps de quelques instants, ne pouvait faire que du bien.

C’est donc tout sourire que la blonde se mit en route vers une des nombreuses places d’Arkan où se déroulaient les nombreux marchés de la ville. Celui auquel Juliette se rendait était prisé par les soigneurs de la ville jumelle de Fla'Or pour ses produits aux vertus thérapeutiques importés des quatre coins d’Erasia. Les plus grands marchands du pays s’y regroupaient régulièrement, rivalisant de denrées rares et précieuses.

Juliette fit alors le tour des étals avec ravissement, les yeux pétillant devant les produits aux milles couleurs qui y étaient présentés. La blonde finit par trouver le premier ingrédient de sa liste et en acheté la quantité demandée par Léanne. Juliette déposa alors la petite bourse qui contenait les spores de Rafflésia dans un coin de la caissette en bois qu’elle avait embarqué et continua son chemin.

La place était bruyante, les gens étaient volubiles, de bonne humeur. Les vendeurs criaient à qui voulait l’entendre que leurs produits étaient les meilleurs du marché, les plus frais, les plus efficaces, les gens négociaient, hésitaient, achetaient sans regrets. Une odeur de poivre noir et de bois de cèdre se mélangeaient dans l’air et un Mélokrik, au loin, frottait joyeusement ses bras contre les cordes de son ventre, produisant une mélodie des plus entraînantes.

Juliette finit par se demander pourquoi Léanne se faisait directement livrer à son lieu de travail plutôt que se déplacer elle-même au marché. Il y’avait tant à voir, tant à découvrir ! L’apprentie était persuadée que même Léanne réussirait encore à découvrir de nouveaux produits.

Juliette continua de déambuler entre les différents étals du marché, avant de tomber sur un marchand qui vendait les deux derniers ingrédients dont Léanne avait besoin.

« Euh… Bonjour ? Excusez-moi ? » fit la blonde tandis que le vendeur lui faisait dos. Lorsque ce dernier se retourna, il s’avéra être un homme d’une trentaine d’année, bien bâti au sourire ravageur. Il était typiquement le genre d’homme qui plaisait aux femmes, et aux autres hommes d’ailleurs, et cela n’étonnerait pas Juliette si ce dernier abusait de ses charmes sans vergogne pour booster ses ventes.  

« Oui ? Que puis-je faire pour une si jolie demoiselle ? » répondit le commercial de but en blanc.

Juliette se contenta de sourire légèrement, alors qu’elle mourait d’envie de rouler des yeux. Il ne lui avait pas fallu une minute qu’elle avait déjà percé à jour le personnage.

« Il me faudrait un bocal d’un kilo de pommade à base de graisse de Wailmer et une dizaine d’œuf de Leveinard. »

« Mais certainement. » répondit le vendeur avant de conclure sa phrase par un clin d’œil.

Alors que ce dernier s’abaissa pour retirer dix œufs de son stock, Juliette souffla d’exaspération quand elle vit une jeune femme un peu plus jeune qu’elle regarder avec émerveillement le Don Juan. Il y’avait donc tant de femmes qui tombaient dans le panneau du beau-parleur ?

Juliette régla sans plus tarder le prix de ses achats et les rangea dans sa caissette quand elle remarqua une petite écaille, plate et arrondie d’environ cinq centimètres. La blonde prit alors la petite plaque entre ses doigts et la regarda à travers le soleil. La couleur dominante de l’écaille était un bleu pâle, mais toutes les couleurs de l’arc-en-ciel étaient présentes par petites touches délicates. L’écaille devait être une très belle pièce de collection, et, surestimant sa valeur, Juliette voulut la rendre au vendeur.

« Pas question. Vous êtes ma plus belle cliente du jour, je me dois de vous offrir cette bel'écaille ! »

« Et vous dîtes ça à toutes vos clientes ? » fit Juliette, amusée par le rentre-dedans que lui faisait le vendeur. Elle était à présent persuadée qu’il n’était pas sérieux et qu’il jouait un personnage. Il ne pouvait pas être une telle caricature.

« Peut-être. » répondit le jeune marchand avec un sourire malicieux avant de s’intéresser à un nouveau client et de reprendre sa technique, plus ou moins subtile de drague.

Juliette sourit cette fois-ci de bon cœur et se remit en route vers la maison de Léanne, où cette dernière l’attendait pour reprendre l’apprentissage.

[HRP: Ce RP sert à récupérer mon cadeau d'anniversaire qui est une Bel'écaille ]