[ Clos ] After the Storm [Peter]

[Eeva Slanzar]

Pyracantha et Paeony avaient repris leur forme normale. Auparavant, Eeva avait craint pour le bras du militaire, pas lorsqu’il s’était approché du Méga-Démolosse, mais quand il s’était risqué de s’approcher du Méga-Ptéra. Jamais elle n’aurait osé passer son précieux bras si près de la gueule du monstre. Elle aurait demandé à son dresseur de le faire pour elle. Bientôt, Eeva et Peter se retrouvèrent seuls sur les plages, le militaire était partit en emportant le Pokémon. La rousse regardait les traces qu’il avait laissé dans le sol, puis elle s’intéressa à un petit éclat de lumière qui attira son attention. Elle rangea ses Pokéball à sa ceinture et partit ramasser à quelques mètres de là un éclat de cristal. Du moins, ça y ressemblait… Elle le retourna entre ses doigts et sortit de sa poche les deux gemmes qu’elle venait d’obtenir. C’était un éclat de Méga-Gemme. Elle le déposa dans une poche. Ce petit éclat servirait pour ses recherches, mais il était peu probable qu’il ait le moindre effet sur un Pokémon, il lui semblait trop petit pour cela.

La fatigue s’abattit soudain sur elle. La journée avait été longue et elle s’en rendait compte, maintenant qu’elle voyait le soleil qui avait déjà bien entamé sa descente sur la mer… Une douleur lancinante au bras se réveilla soudain, lui rappelant par la même occasion de quelle manière avait débuté cette incroyable transformation. Sa veste n’était plus qu’un tas de chiffon, son bras n’était pas loin d’être en lambeaux aussi, les traces de morsures étaient énormes. Le sang avait séché et cessé de couler, ce qui était une bonne chose, mais elle en avait sur tout le bras et le reste de sa tenue était largement tâchée. Ce n’était pas bien grave, si ce n’est qu’elle avait sans doute perdu une bonne quantité de sang. Le temps se rafraîchit brusquement. Le sable jusque là brûlant devenait frais, la mer se rapprochait au point que les vagues venaient mourir à quelques mètres seulement et le jour baissait encore.  Le ciel prenait une teinte pâle, violette. Il n’y avait au-dessus de l’horizon qu’une mince ligne rouge, une bille quasiment blanche et les derniers éclats du soleil, qui disparaissait à vue d’œil, formaient un ovale jaune et orange. Et en-dessous, la mer prenant une teinte bleu marine. Même l’écume perdait sa blancheur.

Le sable mouillé reflétait le ciel comme un miroir. La lumière dorée donnait un air bizarre à la plage, alors qu’elle était si claire, il n’y avait de cela que quelques instants ! Eeva retrouvait un peu de calme après deux journées de fou, dont l’une aurait pu marquer leur fin. Sans rien dire, Eeva se retourna vers Peter. De loin, elle observa l’état de ses Pokémon et ce moment où ils retrouvaient leur état normal. La lumière du crépuscule donnait une aura particuliere à cette scène, comme trop de quiétude après tant de violence. Cette pensée laissa une idée étrange à Eeva, une drôle d’impression. Comme si quelque chose était faux. Ou trop vrai. Elle se rendit alors compte qu'elle ne connaissait pas du tout Peter. C’était bizarre, mais c’est la pensée que lui laissa ce moment-là. Elle se moquait bien, d’habitude, de savoir qui étaient telle ou telle personne. Même ses autres collègues. Finalement, la championne décréta que la journée avait été beaucoup trop longue pour qu’elle se mette à réfléchir ainsi et détourna le regard vers le coucher de soleil.


À présent, elle avait surtout hâte de rentrer. Il lui semblait aussi étrange qu’elle soit moins dure à la tâche qu’avant, pour se sentir aussi harassée, ou alors c’était la grande quantité de sang perdu qui faisait son effet. En se demandant vaguement pourquoi la fatigue avait une emprise aussi importante que soudaine sur elle, Eeva se mit à repenser à ce qu’elle considérait comme bien pire, dans un lointain passé. Des pensées qu’elle garderait bien pour elle. C’était du passé et il était hors de question de reconnaître quoi que ce soit ! Pour autant, elle ne détacha pas ses yeux du soleil, puisse t-il lui brûler les yeux. Il y avait bien trop longtemps qu’elle n’avait pas pris le temps d’en regarder un, alors que quelques années auparavant, elle n’aurait vécu que pour ça. Le moment propice à la réflexion, elle se demanda, les bras croisés, ce qu’elle avait fait de sa vie.

[Peter]

Debout sur la plage, l’homme s’affairait à soigner une à une les blessures de son Dracaufeu de nouveau orangé. Ce dernier se laissait faire, conscient de la gravité de ses plaies, mais ne cessait de jeter des regards en biais à Eeva, un peu plus loin. Le saurien était convaincu que ses blessures à elles nécessitaient plus d’attention que les siennes, mais il n’osa pas contredire Peter, devinant qu’il avait ses raisons pour la laisser tranquille. Quand le Champion en eut fini avec lui, il se tourna vers Sakeriba, qui fit claquer sa mâchoire d’un air contrarié. Néanmoins, en croisant le regard acajou de son maître, elle cessa immédiatement son manège et le laissa se charger d’elle à son tour. Le fossile volant, contrairement à son partenaire, fixait intensément la Mizuhanienne, sans ciller, mais lorsque le Nalcien serra un bandage un peu plus que le précédent, la créature comprit le message et baissa les yeux, non sans grogner. Si on pouvait même plus s’amuser, alors...

Au bout d’un moment qui sembla interminable à la Ptéra, Peter la lâcha enfin, puis se tourna vers sa collègue en grimaçant. Les deux côtes brisées lors de l’affrontement avec Flocon lui faisaient plutôt mal, et sa respiration était sifflante. Il savait malgré tout qu’il irait bien mieux après avoir consulté le Guérisseur qui avait évalué l’état de l’Hypotrempe, la veille. Il rechignait à aller le voir, mais il n’avait pas vraiment le choix... Soudain inquiet pour sa protégée, il la fit sortir dans l’eau, et il constata qu’elle était réveillée et pleinement consciente. Il sourit.

« Ça alors, tu es bien plus en forme que nous. »

Sindragosa émit un petit cri aigu et décrivit un petit cercle dans l’onde. Elle avait clairement repris des forces, et Peter sut, par une étrange sensation, qu’elle n’était plus en danger de mort. L’Hypotrempe plongea subitement, puis revint à la surface avec un drôle de petit Pokémon marron aux yeux rouges. Puisqu’ils avaient l’air d’être absorbés par un quelconque jeu de poursuite, le Dragonnier se détourna d’eux et reporta son attention sur la rousse.

« Si tu en as besoin, j’ai de quoi faire pour ton bras. Ou pour d’éventuelles d’autres blessures, d’ailleurs. »

Avec un certain intérêt, Hakkatsu dévisagea son maître, incertain de la teneur de ce qu’il venait d’entendre. Peter était d’ordinaire franc et direct, mais le Pokémon Feu savait qu’il pouvait se montrer énigmatique et cachottier quand il en avait envie. Pourtant, nulle trace de jeu ou de moquerie n’était perceptible dans sa voix posée et calme. Que venait-il de proposer à Eeva, en fin de compte ? Il n’était pas Guérisseur, encore moins Marcheur de Rêves, et la maîtrise de l’esprit ne l’avait jamais trop emballé. Alors, quoi, exactement ? Le Dragonnier garda le silence, au grand dam du Dracaufeu. Bien trop fatigué par l’éprouvant combat qu’il venait de livrer, le saurien laissa tomber, décidant qu’il remettrait la réflexion à plus tard, sans se douter que dans l’esprit de la rousse, un processus similaire venait de se dérouler. Il n’était d’ailleurs pas convaincu que Peter lui-même ait bien mesuré la portée de ses mots, il en conclut donc que gamberger à ce sujet ne ferait que l’épuiser davantage.

Résolu à rester silencieux, le Nalcien, caressant distraitement la tête de la créature orangée, se perdit dans la contemplation du paysage de fin de journée. Sa mère avait toujours adoré la mer, qui lui manquait parfois, et il se demanda si elle aurait aimé regarder ce coucher de Soleil avec lui, sans trop savoir pourquoi ses pensées prenaient cette direction. Il songea également à la réaction qu’aurait pu avoir Polydora en rencontrant la flamboyante Eeva, qui semblait au moins aussi indomptable que les plus farouches de ses Pokémon à lui. Aurait-elle été surprise ? Ravie ? Complice ? La Mizuhanienne avait quitté ce monde depuis bien trop longtemps déjà, il ne servait donc à rien de s’attarder sur des considérations s’apparentant à des chimères, des rêves illusoires dans lesquels il était parfois dangereux de s’aventurer.

Une éternité s’écoula avant qu’enfin, Peter ne sorte de son mutisme.

« Je crois que j’avais oublié à quoi ressemble un départ. »

Cette fois, Hakkatsu se figea, encore plus perdu qu’auparavant. Le Pokémon enflammé détestait quand son maître dérivait ainsi, car il ne savait que trop bien que c’était l’un des déclencheurs des périodes noires qui plongeaient Peter et ses compagnons dans un profond désespoir. Avec une certaine angoisse, il coula un regard à la Championne, espérant de tout cœur que sa présence empêcherait le Nalcien de sombrer.

« Mais celui-là est plus beau que dans mes souvenirs. »

Le Dragon se détendit un peu, déchiffrant dans les mots de l’homme aux cheveux acajou l’évocation de Polydora, mais aussi et surtout une pensée plus positive que ce à quoi il s’attendait. S’il ne parlait que de la course de l’astre du Jour, il n’avait aucune raison de pencher vers le côté dont ses amis essayaient de le détourner, chaque fois que la balance oscillait dangereusement. Sans la regarder, Peter fit quelques pas vers Eeva, le regard toujours perdu dans l’horizon.

[Eeva Slanzar]

Alors que ses pensées prenaient un tournant sombre, car Eeva ne se laissait jamais aller à la tristesse (c’était pour les faibles !), la voix de Peter la ramena à la réalité. Il avait délaissé ses dragons, dont son nouveau protégé qui pataugeait avec, visiblement, un ami qu’il venait de se faire. Eeva n’y avait pas fait attention, mais la marée avait subitement avancé et l’avait dépassée. Elle avait maintenant les bottes dans l’eau. Le visage pâle, elle se tourna vers Peter, d’abord sans trop comprendre, puis quand elle raccrocha le fil de la discussion (enfin si on voulait), elle comprit enfin. Eeva arqua un sourcil. D’éventuelles  autres blessures ? Comme quoi ? Elle ne savait pas qu’il avait des talents de médecin et à y réfléchir, si elle ne voulait pas tomber inanimée entre ici et l’arène…  Cela ne l’enchantait guère d’exposer ses « faiblesses », mais quand ça touchait à la survie, Eeva était un peu moins regardante. Disons que les os cassés et une hémorragie possible pouvaient faire du dégât. Même si elle était ce qu’elle était, Eeva tenait à sa vie, au moins un peu. Elle regarda son bras, en piteux état, évoquant la quantité de sang qu’elle avait déjà perdu.

« Pourquoi pas…
…
Hmm, et tu n’as pas de quoi soigner les côtes cassées, divers os dans le bras qui ne sont peut-être plus a leur place et le mal de… »

Mais repensant à ce qu’elle avait lâché bien plus tôt dans la journée, Eeva ne sut pas comment finir dignement sa phrase, qui resta en suspend. Il n’y avait rien de très élégant, mais elle avait mal là aussi. Vu comment ses Pokémon et l’autre l’avait chargée, elle s’estimait heureuse d’être encore capable de marcher, mais elle avait l’impression, à travers la douleur qui se propageait comme une feu, que ses blessures internes étaient nombreuses. De plus, elle avait toujours la sensation que son flux vital sortait de son corps, comme si elle en sentait la chaleur en dehors d’elle-même. Une sensation très bizarre et très déplaisante aussi. Tout son corps était endolorit et à mesure que l’adrénaline disparaissait, la douleur se faisait de plus en plus présente. Mais elle tenait bon, la rousse n’avait aucune envie de passer pour une faiblarde. Tant pis, elle serrerait les dents. Chez elle, se serait différent…

« Alors Docteur ? C’est grave ? » Demanda t-elle sur un ton détaché, tendant son bras déchiré.

Mais Peter se fit brusquement plus lointain et comme son bras la faisait souffrir, Eeva le laissa retomber. Il regardait la mer et l’horizon. Eeva suivit son regard, les yeux attachés elle aussi à son tableau préféré, puis reporta son regard sur le dragonnier. Sans savoir pourquoi, Eeva aurait donné cher pour pouvoir suivre le fil de ses pensées et savoir à quoi il songeait, perdu comme cela. Si elle avait su… Elle n’aurait jamais pu se poser une question similaire, elle qui n’avait jamais eu de famille, même lointaine… Et à l’orphelinat, du moment qu’on réussissait à placer les enfants, ou que ce soit, un fardeau… Non, elle n’avait jamais eu de famille, personne pour penser sérieusement quoi que ce soit d’elle. Mais comme elle ne pouvait s’introduire dans l’esprit d’autrui, tout allait bien. Et c’était probablement mieux comme ça. Cela faisait un bon moment qu’Eeva dévisageait Peter, quand il sembla revenir à la réalité. Celle qui était surprise dans l’histoire, c’était la rouquine. Elle ne comprit pas du tout ce qu’il voulait dire. Le départ ? De qui ? Mais comme il regardait le soleil se coucher, elle en déduisit que c’était de ça, qu’il parlait.

« Tu veux dire, ma mort pour l’absence de soin ? » dit-elle en détournant la tête et faisant ondoyer ses cheveux, paraissant rouge vif à la lumière du couchant. « Si je meurs, je porte plainte pour non assistance à personne en danger. »

Pour souligner ses paroles, elle agita son bras, comme pour rappeler son existence.

« C’est vraiment pas sympa de ta part ! » conclut-elle sur un ton, faux, de reproches.

L’air sérieux, elle croisa les bras, non sans serrer les dents et retenir une grimace de douleur et sembla bouder. Ce qui pouvait paraître étrange venant d’elle ; Eeva ne se montrait ni joyeuse, ni taquine, ni pleine d’humour. On ne la connaissait que sous des traits sérieux ou violents. Sauf que pour l’instant, elle n’avait pas l’impression de devoir tenir un jeu, ni non plus qu’on l’avait à l’œil et la sensation de se trouver hors limite du reste du monde, lui donnait des libertés. Pour finir, elle se trouva elle-même bizarre, à agir ainsi. Depuis quand devenait-elle joueuse ? Mais même si elle semblait plus gaie ou « moins Eeva », celle-ci ne se sentait pas en forme. Elle sentait la fatigue et la douleur gagner dangereusement du terrain, mais n’en montra rien, se contentant de l’ignorer pour la combattre. C’est peut-être ce qui la fit paraître plus pâle que d’ordinaire. En définitive, Peter cessa de parler et fit quelques pas vers elle, quoi qu’il ne la regarda pas. De son côté, Eeva le scrutait et observait attentivement le moindre de ses gestes. Mais non, il avait l’air trop ailleurs pour juste contempler le soleil.  Le visage d’Eeva changea d’expression.

« Comment elle s’appelle ? » dit-elle, avec un léger, très très léger sourire goguenard.
« Laisse deviner, elle est jeune, super athlétique, elle a de magnifiques cheveux longs et clairs, hmmm… Comme ses yeux qui sont peut-être bleus… Et elle élève des dragons ? Elle est probablement de Nalcia… » affirma Eeva d’un ton entendu, sans regarder Peter. « Et je paris qu’elle ne porte que des vêtements très courts… »

[Peter]

En entendant la phrase laissée en suspens d’Eeva, Peter esquissa un léger sourire, avant de se perdre dans ses pensées. Oh, il avait très bien compris à quoi elle avait fait allusion, mais pour l’heure, il se sentait happé par une forme de mélancolie qu’il redoutait, mais dans laquelle il se fit plonger sans pouvoir résister, cette fois. Sa remarque sur son éventuelle plainte le tira quelque peu de sa torpeur, sans qu’aucun signe sur son visage ne prouve qu’il l’avait bien entendue. Quelque part, le faux reproche de la Mizuhanienne lui fit plaisir, non pas parce qu’il se rendait soudain compte qu’il lui avait proposé son aide sans l’appliquer par la suite, mais parce qu’il sentait qu’elle jouait avec lui et plaisantait volontiers. Il y avait une éternité qu’il ne s’était pas lancé dans un tel jeu de taquineries et de pirouettes, et il avait renoncé depuis longtemps à discuter ainsi avec quelqu’un d’autre que ses précieux Dragons. Bien sûr, ces derniers ne manquaient pas d’humour, et ils avaient du répondant, mais... C’était différent.

Lorsqu’Eeva commença à lui poser des questions, Peter revint brusquement à la réalité. Mais par tous les Dragons, de quoi parlait-elle ? Incrédule, le Nalcien se tourna vers elle, et alors qu’elle continuait sa description, il passa de l’incompréhension à la surprise la plus totale. Perdu, il lâcha :

« Tu connais Sandra ? Il y a pourtant des années que je l’ai congédiée. »

La Championne de Fla’Or venait en effet de lui dépeindre le parfait portrait de la jeune Dragonnière qui avait toujours été éprise de Peter et avait cherché à marcher sur ses traces. De plus en plus étouffante, elle avait fini par être mise à l’épreuve par son mentor, qui l’avait confrontée à Yûn, son apprentie de l’époque. La Terrosienne avait perdu la course, mais le comportement de la femme aux cheveux bleus avait achevé de convaincre le Nalcien qu’il ne voulait plus l’avoir dans ses pattes. Elle avait du talent, mais elle avait encore beaucoup à apprendre et, surtout, elle devait absolument grandir.

Mais il se reprit soudain. Il était fort peu probable que la rousse ait croisé Sandra, et Peter comprit qu’elle faisait sans doute référence à une potentielle prétendante. Pour le coup, elle se trompait complètement. À côté de lui, Hakkatsu se retint de justesse de passer sa patte sur sa tête, tant Eeva était loin du compte. À la place, il jeta à la Championne un regard courroucé et empli de reproches, mais il se détourna rapidement, sachant pertinemment qu’elle ne pouvait pas être au courant.

« Enfin, tu n’y es pas du tout. Celle qui occupe mes pensées s’appelait Polydora, et elle a quitté ce monde il y a plus de vingt ans, maintenant. C’est d’elle que je tiens ma Draco. Tiens, fais voir ton bras. »

Avec une douceur surprenante pour un homme de sa carrure et de sa réputation, Peter saisit doucement la main d’Eeva, jetant un regard sévère sur la plaie. D’un geste rapide, il attrapa une fiole minuscule contenant un drôle de liquide dans la poche intérieure de son vêtement, puis en vida le contenu sur la blessure, avant de ranger la flasque et d’en sortir une autre. D’un mouvement sec, il arracha le tissu qui pendait en lambeaux, puis retira délicatement ce qui restait et commençait à vouloir s’incruster dans la peau meurtrie. Il appliqua ensuite l’onguent consciencieusement, avec minutie, puis saisit un bandage enroulé dans une autre poche dissimulée.

« J’ai l’habitude, je passe plusieurs heures à m’occuper de mes Dragons quand l’entraînement a été particulièrement rude. Je pourrais presque devenir Guérisseur, même si je ne serai probablement pas aussi doué que ma mère pour ça. »

Le sourire était revenu sur le visage de Peter, au grand soulagement de son Dracaufeu. La Ptéra, elle, s’amusait à fondre sur le duo marin pour faire peur à l’Hypotrempe, mais à son grand étonnement, le drôle de Pokémon marron et feuillu lui envoya un projectile empoisonné à la figure. Cette fois, le Dragon Master éclata de rire.

« Aurais-tu trouvé ton maître, Sakeriba ? »

Vexée, le ptérodactyle fit volte-face et se mit à sillonner furieusement les airs, comme si elle voulait déchirer le ciel simplement en le parcourant. La créature foncée, elle, bomba le torse, comme si elle voulait protéger Sindragosa. Satisfait de voir que sa protégée avait trouvé un camarade, sachant que c’était un excellent moyen de guérison que de passer du temps avec quelqu’un d’agréable et d’apprécié, il songea qu’il pourrait probablement relâcher Sindragosa dans peu de temps. Mais, comme si elle avait deviné ses pensées, la minuscule Pokémon se tourna brusquement vers Peter. Ce dernier l’interpréta comme un refus catégorique.

« Je crois que je vais devoir les adopter, eux aussi. Voilà pour ton bras. Il faut attendre un peu, ça va piquer et lancer, mais ça va rapidement faire effet. Comment tu te sens ? Tu veux manger quelque chose ? »

[Eeva Slanzar]

Eeva scrutait le visage de Peter, cherchant à décrypter la moindre expression, ou alors, à la surprendre. Il émergea soudainement, comme surprit, ne semblant d’abord pas vraiment comprendre. Cette expression là laissa un sourire narquois sur le visage d’Eeva. Passant à la surprise, elle se sentit alors on ne plus amusée par ce qui se passait. Il répondit enfin. Sandra ? Congédiée ? Elle ne sut pas très bien quelle pensée prit le dessus sur l’autre, alors.

« Qui ça ? » Lâcha t-elle lentement sur un ton égal, relevant légèrement un sourcil.

Eeva ne connaissait pas cette femme et d’ailleurs, elle songea qu’il y avait de grande chance pour que cette folle romance se soit déroulée avant son arrivé à Fla’or. Néanmoins, cela l’amusa beaucoup. Mais quand il reprit, un ton plus calme, la réponse n’était pas tout à fait celle qu’aurait attendu Eeva. Et en même temps qu’il parla, un détail la frappa. Elle écouta bien ses réflexions, sur Madame Maman de Peter, ou Polydora comme elle s’appelait, et avait une réplique toute prête. Elle la garda cependant et s’en félicita, quand il précisa qu’elle était morte il y avait de cela plusieurs dizaine d’années. Pour une fois, elle avait bien fait de se taire.  Ils se tutoyaient à présent, tout naturellement. Ce qui n’était pas le cas, le matin même.

Elle enregistra ses propos dans sa mémoire. Le Draco, capable de prendre une forme Gijinka avait donc déjà de la bouteille… Il s’agissait de Pokémon fascinant et terriblement mystérieux. Et puis il enchaîna, il lui prit la main pour soigner son bras. Avec une docilité étrange pour sa personne, Eeva le regarda faire, d’observer ses blessures et de se faire un avis. C’était marrant, pendant qu’il la manipulait, enfin son bras, comme si elle était une poupée de porcelaine, Eeva se disait qu’elle se serait attendue à une poigne… Disons plus comme la sienne, mais Eeva était une vraie brute. Il versa sur les larges entailles un liquide qui lu fit directement penser aux émanations d’un Ortide et entreprit de retirer des chairs les lambeaux de tissus qui s’y étaient incrustés. Cette opération fut la moins agréable, les chairs a vif étaient tirées et un pincement douloureux et aigues lui lançait tout le bras. Eeva n’en montra rien cependant, cachant avec soin les crispations qui apparaissaient fugacement.

« Ah ? » Fit-elle juste, un ton plus bas. Il n’y avait donc pas qu’elle qui menait la vie dure à ses Pokémon au quotidien ! « Je crois aussi, tu ne m’as même pas proposé du ‘qui-pique-pas’… » laissa t-elle traîner.

Elle regardait à ce moment-là les mains de Peter, sur son bras et releva les yeux pour le regarder. C’était plutôt bizarre ce qui se passait là, il évoquait des souvenirs, mais… Eeva n’avait pas la sensation que ce soit particulièrement heureux, malgré son sourire. En ce qui la concernait, elle ne pouvait pas dire… N’ayant jamais eu de parents, elle n’avait aucune idée de ce que leur disparition soudaine pouvait engendrer. Après tout, ce qu’on ne connaissait pas ne pouvait pas nous manquer. C’est pourquoi elle s’en tint à son mutisme, n’ayant aucune envie d’aborder un suet inconnu et qui lui semblait très délicat, un terrain de Voltorbe, pour ainsi dire. Eeva sentait ce sentier comme dangereux. Heureusement, c’est le même moment que choisirent les Pokémon pour détourner leur attention. Eeva eut en sourire en coin. L’Hypotrempe semblait en effet bien s’entendre avec le… Ah, comment s’appelait-il déjà ? Eeva avait le nom de cette espèce sur le bout de la langue, mais incapable de le reformuler. Même en pensée.

« C’est un ‘nouveau’ Pokémon intéressant. Un dragon si je ne me trompe pas. Et un type poison également. » Eeva regarda le Ptéra s’envoler haut sous la vexation. « Mais si tu n’en veux pas… » Laissa t-elle couler, ne laissant aucun doute sur sa suggestion.

Elle s’apprêtait à lui répondre, comme quoi elle acceptait volontiers une invitation à dîner, quand un cri se fit entendre et surtout, qu’une boule de plume noire s’écrasa dans l’eau. Surprise et tout aussi intriguée, Eeva se tourna vers ce qui venait de les interrompre et reconnu le Cornèbre de l’Arène. Elle afficha une mine renfrognée et étendit son bras pour rattraper l’oiseau, l’air égal, par la queue, le sortant de l’eau, elle lui arracha des pattes la lettre qu’il tenait dans les pattes. Avant de le reposer sur le sable. Cela va de soi. Eeva déplia la lettre et laissa échapper un grommellement. Il y avait toujours quelqu’un pour vous pét… Enfin… Cela faisait malheureusement partit de ses obligations. Et surtout parce que ces empafés de Chercheurs qu’étaient ces collègues, avaient bien trop peur de se rendre sur le terrain, couplé à une flemme monumentale. Elle allait donc encore se taper le boulot. Elle aurait préféré se taper autre chose pour le coup ! Elle soupira.

« Pas le temps. » dit-elle en agitant la lettre. « J’ai un apprenti à superviser, un futur Chercheur. » Elle se releva, tout près de Peter. « Je dois partir maintenant, si je veux arriver à temps. » Ajouta Eeva, plongeant son regard outremer dans celui du dragon master, attendant sa réaction.

Elle porta sa main blessée à sa ceinture, s’apprêtant à sortir Dictame.

[Peter]

Ne souhaitant pas épiloguer sur cette jeune écervelée qu’était Sandra, Peter ne releva pas la question d’Eeva, se contentant de s’occuper de son bras avec le plus grand soin. Il savait pertinemment que ce qu’il venait d’appliquer sur la plaie était douloureux et arrachait terriblement, mais il avait également deviné que la rousse était le genre de femme à crever en silence plutôt que d’ouvrir la bouche pour se plaindre. En entendant sa fausse protestation, néanmoins, il comprit que la blessure devait être sérieuse, pour qu’elle essaie de plaisanter sur le traitement administré. Toujours souriant, il haussa les épaules.

« Désolé, j’ai pas ça en stock. Le seul remède indolore que je connaisse, c’était elle qui l’avait entre les mains. Mais il doit y avoir d’autres Guérisseurs de talent dans le monde, j’en suis persuadé. »

Reportant son attention sur le Venalgue, le Champion écouta sa collègue lui préciser qu’il était de types Poison et Dragon. S’il n’avait pas d’affinité particulière avec les créatures toxiques, les Dragons, en revanche, n’avaient rien « d’inhabituel » pour lui. Non pas qu’il connaisse parfaitement tous ces Pokémon, loin de là. Il considérait même que chacun d’entre eux était unique, différent à sa manière, même s’ils avaient tous des traits communs. Mais il était tellement accoutumé à leur présence qu’il oubliait parfois qu’il n’était pas comme eux... L’hippocampe sombre, décidé, l’interrompit dans ses pensées en fixant intensément le Dragonnier, puis Sindragosa, avant de revenir sur l’homme. Avec un petit mouvement des épaules et une expression faciale qui voulaient signifier un « désolé, il a choisi », Peter attrapa une sphère dans son vêtement pour y enfermer le Pokémon feuillu, avant de l’en faire sortir aussitôt. Ayant obtenu gain de cause, le Venalgue se remit à nager gaiement avec l’Hypotrempe, qui semblait aller mieux de minute en minute.

Peter fronça soudain les sourcils, comme dérangé par quelque chose, alors que le prédateur des temps anciens tournait la tête vers l’origine du trouble. Peut-être était-ce une proie potentielle ? Était-elle à plumes, à écailles ou à fourrure ? Elle fit claquer sa mâchoire d’un air gourmand, se réjouissant d’avance d’un éventuel repas.

« Tiens, il y a un drôle de bruit... »

La nuisance sonore en question se matérialisa sous la forme d’un Cornèbre suffisamment maladroit pour aller se crasher dans l’eau. La rousse lut en vitesse la missive qui lui était adressée, la mine contrite, avant d’expliquer qu’elle devait quitter l’endroit sur-le-champ. Le Nalcien jeta un coup d’œil rapide au bras de sa collègue, puis hocha la tête.

« Je vois. Fais attention, ça pourrait dégénérer si tu ne t’en occupes pas suffisamment. »

Parlant bien évidemment de la plaie d’Eeva, Peter laissa le silence s’installer quelques instants, prolongeant le contact visuel avec la rouquine. Finalement, il leva sa main et étreignit l’épaule de la Mizuhanienne, brièvement, dans un mélange de force virile et de douceur étrange. Pourtant, le geste ne parut pas déplacé, ni même bizarre pour Hakkatsu, qui ne s’y retrouva pas dans cette drôle de scène. Sakeriba, trop occupée à bouder, n’y fit même pas attention.

« Le dîner sera pour la prochaine fois », fit le Champion du Temple, comme s’il lui faisait la promesse de se revoir bientôt, sans avoir, néanmoins, la moindre garantie à ce sujet. Libérant rapidement le serpent de mer aux écailles écarlates, le Nalcien se rapprocha de l’eau, dans le but avoué d’aller faire une virée aquatique avec son vieil ami.

[Eeva Slanzar]

Environ une semaine plus tard
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Eeva et Molly s’en étaient finalement sortie vivantes, de cette Grotte Gi, ce qui n’était pas le cas de tous ceux qui l’avaient explorée, ou avaient tenté de le faire. Sortant de la Grotte, Eeva avait congédié Molly, l’avait pratiquement laissée en plan. La rouquine allait maintenant écrire un long rapport, dans l’auberge du village Cosmo qu’elle allait par la suite envoyer dans les bureaux de recherche. Par la suite, Molly recevrait sa réponse. Probablement quelques semaines, il ne fallait pas compter sur ces fénéants handicapés de l’administration pour se bouger les fesses un peu plus vite. Tard dans la nuit, Eeva posa sa plume et reboucha son encrier. Elle fit basculer sa chaise et s’étira. Elle n’aurait aucun mal à s’endormir ce soir, la journée avait été longue. Malgré l’heure plus que tardive, elle alla rejoindre les autochtones autour de la Bougie Cosmo. Ils restèrent tous silencieux, humains, comme Lions de Feu, mais Eeva perçut dans l’atmosphère un soulagement. Elle savait bien pourquoi. Peut-être reviendrait-elle un jour… Mais en attendant, son séjour s’achevait. Elle retourna dans sa chambre et passa encore la nuit dans le village, qu’elle quitta le lendemain matin.

Le lendemain matin, après son petit déjeuner à l’auberge, elle alla saluer l’ancien du village et redescendit dans la place principale. Elle saisit la première Pokéball accrochée à sa ceinture et libéra son Nostenfer. Elle voulait rentrer vite maintenant. Le temps se maintenait beau, facilitant la traversée de l’océan, le vampire filait à grande vitesse, mais il fallut quasiment sept heures de vol pour voir surgir les côtes de Mizuhan, comme un bateau naufragé, il semblait sortir de l’eau. Las de cette mission qu’on lui avait confié et de ce voyage, elle ne pensait plus qu’à rentrer. Des tas de choses l’attendaient à Fla’or, beaucoup de dossiers et de travail de recherche, mais elle savait aussi qu’à chaque absence, les Dresseurs venus l’affronter attendraient tous l’ouverture de la grande baie vitrée. Ces dingues étaient capables de tout, même d’attendre des jours. Elle avait même vu un timbré de Terros planter sa tente directement en face de l’Arène, dans le jardin publique ! Il avait gentiment été raccompagné à une auberge par la garde, mais il l’avait quand même plantée, sa tente.

Au loin, à l’est, elle devinait, plus qu’elle ne le voyait vu la distance, Comodo et ses plage. C‘est en arrivant à sa hauteur qu’elle se rappela en particulier la fin de la journée où elle avait récupéré et associé –le plus important- les Méga-Gemmes. Eeva eut une hésitation.

« Attends. »

La rousse se mit à réfléchir. Sans rien s’avouer, elle fini par se décider. Elle fit changer de direction à Dictame, qui peinait à avoir un vol stable et stationnaire, ce dont il était incapable. Là-bas, il y avait les plages du Charivari. Il s’y trouvait aussi autre chose, des paroles, des souvenirs. Comme pour rattraper ces choses immatérielles, elle s’y dirigea et lorsque Dictame s’en approcha. Eeva saisit une autre Pokéball. Elle allait probablement attendre un moment ici et elle préférait que sa monture ailée se repose d’ici-là. Quand elle vit le Métamorph couler lentement et ne rien faire, elle soupira et lui suggéra de se morpher en quelque chose d’aquatique. Dans sa panique, il choisi la première forme qui lui vint à l’esprit. Son corps commença à se distordre et à s’allonger. Réussirait-il une bonne métamorphose cette fois ? Eeva eut rapidement sa réponse, il prit l’apparence d’un Mustebouée. La Championne prit un air dépité.

« Essaye plutôt quelque chose sur lequel je puisse monter. »

Déçu, la loutre rose redevint un petit pâté, avant de tenter une autre morphose. Puis, il s’étira à nouveau, grossissant son dos et étirant son cou. Et s’arrêta là. Eeva en resta sans voix, il avait choisi la forme d’un Lokhlass, le sien évidemment, mais on aurait dit un rendu réel d’un dessin d’un gosse de quatre ans. Enfin, tant que ça flottait… Ca ferait l’affaire. Mais il faudrait vraiment faire quelque chose à ce sujet. Eeva sauta du dos de Dictame, qu’elle rappela, pour se hisser sur celui de Germandrée. Le Lokhlass rose avait une drôle de tête, comme moulé de travers. Un petit soucis de perspective a priori… Cela n’empêcha pas le Métamorph de promener sa maitresse du côté des plages.

[Peter]

Les jours passèrent, inéluctables, le Soleil égrenant les heures à mesure qu’il avançait dans sa course, avant d’être remplacé par sa compagne nocturne. Suspendant momentanément son voyage, le Dragon Master avait consacré le plus clair de son temps à s’occuper de Sindragosa, désormais totalement rétablie. Toujours avec le Venalgue, qui avait lui-même choisi son nom, Nefarian, elle ne semblait pas vouloir s’en aller et s’était accommodée à sa captivité, sentant chez Peter une garantie de sécurité et une affinité avec le Pokémon Poison qui l’avaient convaincue de rester dans son équipe. Le Nalcien avait eu une discussion avec les deux inséparables, un soir, au bord de l’eau, à ce sujet.

« Vous savez, je suis Champion d’Arène, et l’entraînement que je fais subir à mes partenaires est difficile. Vraiment. Je ne suis pas sûr que vous soyez prêts pour ça. »

Si Sindragosa avait eu un instant d’hésitation, Nefarian, lui, n’en avait pas démordu, et il s’était entêté, prenant même les propos de l’humain comme un défi.

« Après, vous êtes des Dragons, tous les deux, vous aurez donc parfaitement votre place chez moi, mais pour le moment, les matchs officiels ne sont pas à l’ordre du jour pour vous. Néanmoins, si cela vous tente, je vous apprendrai ce que je sais, et vous travaillerez avec mes autres Pokémon. Sachant tout cela, vous êtes toujours partants ? »

En chœur, les deux hippocampes avaient acquiescé, l’une considérant qu’une nouvelle vie guidée par la reconnaissance ne pouvait lui être que bénéfique, l’autre y voyant là un moyen d’assouvir son désir d’aventure, de duels difficiles et d’une certaine rigueur qui manquait ici, en plein milieu de l’Océan. Peter avait souri, puis avait repris son entraînement contre Hakkatsu, qui maîtrisait de mieux en mieux la nouvelle transformation si durement acquise.

« Ça suffit pour ce aujourd’hui, mon vieux. J’ai à faire avec Akairos, tu as quartier libre jusqu’à ce soir. »

Il y avait une semaine qu’ils s’exerçaient sans relâche, tantôt avec Sakeriba, tantôt seuls à seuls, le Pokémon était donc bien content que Peter ait remarqué sa fatigue, comme toujours, et qu’il lui laisse le loisir de faire ce qu’il voulait pour le restant de la journée. Le saurien noir aux flammes bleues reprit sa forme normale, puis défia le fossile du regard. D’un air entendu, ils filèrent dans les cieux pour savoir qui était le plus rapide des deux, sous l’œil blasé de leur maître. Bon sang, même après un entraînement pareil, ils étaient encore en état de se mesurer l’un à l’autre... D’un geste presque nonchalant, le Nalcien libéra le serpent écarlate, qui se dressa de toute sa hauteur et invita l’humain à se jucher sur sa tête, juste derrière le cou. Vêtu légèrement, ne gardant que le strict nécessaire, le Champion laissa ses affaires et ses sphères aux bons soins de son Dracolosse, qui sillonnait les cieux paresseusement, contrairement à ses compagnons, non loin de Peter.

« Allons-y. »

Le Nalcien savait qu’Akairos contenait avec peine une frustration dont l’origine ne faisait aucun doute pour lui. En effet, il avait vu Hakkatsu et Sakeriba hériter du précieux pouvoir, alors qu’il en avait été privé. Le Léviator aux écailles sanglantes savait très bien pourquoi il avait été écarté de ce processus, mais il en gardait malgré tout une inextinguible rancœur que Peter voulait évacuer avant qu’elle ne prenne des proportions dramatiques. Sous ses jambes, il percevait l’agitation intérieure et la fureur du Dragon, et il se pencha en avant pour lui murmurer :

« Ultralaser. »

Dans un rugissement épouvantable, Akairos relâcha toute la frustration accumulée depuis des mois, voire des années, dans un puissant rayon dirigé vers les cieux. L’attaque illumina les lieux et surprit les deux concurrents en pleine course aérienne, mais cela ne les empêcha en rien de reprendre leur compétition. Un grondement s’échappa de la gueule du monstre. Le Champion se laissa glisser dans l’eau et plongea son regard dans celui de la créature.

« Je ne pouvais pas, et tu le sais. Nous avons risqué notre vie la dernière fois, et je n’étais pas prêt à recommencer, du moins, pas comme ça. J’aurai besoin de toi si une telle menace vient à se présenter à nous, mais j’avais également besoin de m’assurer qu’ils aient la maîtrise totale de la Méga-Évolution, tous les deux. Ce sera bientôt ton tour, et j’ai déjà ce qu’il nous faut pour ça. Regarde. Tu y arriveras, toi aussi, et tu ne seras pas seul. Je te le promets. »

Le Dragonnier et le Léviator échangèrent un long regard bien plus parlant que des mots. Le chromatique savait qu’il n’était pas encore prêt et qu’il risquait à tout instant de se retourner contre Peter, laissant la raison dans cette transformation qui avait déjà failli coûter la vie à son maître. Pourtant, pour rien au monde il n’aurait voulu tuer son sauveur. C’était grâce à lui que sa fragile psyché n’avait pas cédé aux mauvais traitements subis dans l’organisation, et il ne pourrait que se donner la mort s’il perdait le contrôle au point de commettre l’irréparable. Finalement, le serpent écarlate émit un gémissement plaintif et se pencha vers Peter, qui colla sa joue contre le terrifiant visage du monstre et le ramena près de lui avec ses bras. Akairos avait beau être un terrible Pokémon aux colères destructrices, il n’en restait pas moins une victime des hommes forcée d’évoluer et de se battre contre sa volonté. Sans Peter, il était perdu, et à présent qu’il avait saisi la situation dans son ensemble, il acceptait d’attendre le moment que le Nalcien jugerait opportun.

Ce fut une silhouette grotesque et bizarre avançant dans les flots qui mit fin à l’étreinte du pseudo-Dragon et de la bête. D’abord surpris, Peter avisa la cavalière du faux Lokhlass légèrement raté, comprit que le dinosaure était en fait un Métamorph en apprentissage, puis se décala légèrement sur le côté pour faire face à la rousse, tout en restant dans l’eau.

« Il semblerait que les lieux aient un petit quelque chose d’attirant », commenta-t-il simplement, laissant ensuite couler son regard vers ses deux autres Pokémon en pleine joute céleste. « Une sorte de réminiscence. Comment va ton bras ? »

Les propos du Dragon Master étaient laconiques, mais son regard, lui, en disait long. Il espérait qu’au fond, la Mizuhanienne serait contente d’avoir eu la présence d’esprit de revenir ici, même un tout petit peu.

[Eeva Slanzar]

Une colonne de lumière illumina l’horizon et déchira le ciel. Cet éclat de lumière attira l’œil d’Eeva et lui fit tourner la tête. Ce n’était évidement pas un éclair, mais cela ne lui disait rien qui vaille. Une attaque de Pokémon ? En pleine mer, on pouvait s’attendre et redouter un banc de Léviator. Elle pressa le Métamorph, elle pouvait mettre K.O un Léviator sans aucun problème, mais elle n’était pas certaine de pouvoir faire face à tout un banc. Ou un banc de tout autre Pokémon, elle n’avait pour ainsi dire que deux Pokémon pour combattre les créatures marines des environs et elle aimait autant éviter la confrontation… Pas quand elle savait partir avec un sérieux handicap en tout cas. Eeva scruta l’horizon, mais ne vit rien et se détourna pour regarder droit devant elle, attendant d’atteindre la plage. En réalité, ils avaient encore pour longtemps. Naviguant lentement et cherchant à voir une brisure dans l’horizon aqueux, la rousse ne fut pas témoin de la scène touchante et ô combien rare qui se déroula dans son dos. Ce qui était bien dommage, les Léviator n’étaient considérés que comme des brutes sauvages… Comme certaines autres espèces, des monstres assoiffés de sang, pour tomber dans le cliché.

Eeva changea de position sur la carapace inconfortable du Métamorph, choisissant une posture en amazone, des plus élégantes, avec son tailleur blanc et turquoise. Une brise légère soufflait dans son dos, rabattant ses cheveux devant ses yeux, d’un geste énergique et impatient, pour la dixième fois, elle ramena ses cheveux en arrière, comme une vague de flammes. Quand une voix parla, derrière elle, Eeva se retourna, prenant conscience de la présence de Peter. Le bruit des vagues, du vent, des Bekipan et des Goélise le lui avait couvert. Une mèche de cheveux roux glissa de ses épaules et voleta devant son visage, Eeva la ramena derrière l’oreille. D’abord, elle jeta un regard circulaire rapide, cherchant la source de cet « agrément » (un autre dragon ? Un Pokémon inconnu ?), avant de comprendre qu’il parlait sans doute d’elle. Une première pour Eeva, qu’on avait tendance à fuir… Depuis son plus jeune âge, ou du moins, pour autant qu’elle s’en souvenait. Cette marque d’intérêt lui fit plaisir, pour le peu qu’elle voulu bien se l’avouer à elle-même. Le plus amusant dans tout cela, c’est qu’elle-même n’était pas mécontente de le voir. Enfin, si elle en croyait ses paroles d’adieux, la dernière fois qu’ils s’étaient vus, elle aurait pu s’y attendre. Ou alors était-elle venue pour voir s’il viendrait ?

« Je me disais bien que j’avais une bonne raison de revenir ici. » dit-elle en scrutant du regard Peter. « Le paysage est… Agréable. »

Elle avait dit cela sur un certain ton, et elle ne s’était pas gênée pour le reluquer à son aise. Elle ne s’était pas faite trop insistante sur le coup, mais réflexion faite, le paysage n’était vraiment pas mal du côté des plages de Mizuhan ! Ne sachant pas à quoi s’attendre, elle restait taquine. De toute façon, elle ne se sentait pas d’humeur sérieuse et la tempête de liberté qui avait commencé à souffler quelques jours auparavant, ne s’était pas encore tut. Il s’était seulement apaisé du côté du Canyon, mais c’était tout. Elle attendait en particulier, la moindre réaction à déchiffrer sur le visage de son collègue ou bien un geste, ou tout autre chose. Barbotant avec son « poisson rouge », il laissa errer son regard dans l’azur. Finalement, elle suivit son regard et remarqua deux formes dans le ciel. Probablement ses Pokémon. Une réminiscence ? Elle n’était pas sûre de comprendre et eut une mimique interrogative. Est-ce qu’elle devait aussi s’étonner de l’entendre lui demander des nouvelles de son bras ? A part Benji, mais c’était une autre histoire, c’était une question qu’on ne lui posait jamais. On se moquait pas mal d’elle et de ses états d’âme dans le fond, ce qui lui fit se demander en quoi cela pouvait vraiment l’intéresser…

« Il va bien, il te remercie. » dit Eeva en se détendant un peu. « Tu as toujours toutes te côtes ? »

Est-ce qu’elle plaisantait, Etait-elle sérieuse ? Avec une expression incertaine, elle descendit son regard sur cette partie de son corps, comme si d’ici, elle pouvait les compter et s’assurer qu’elle était toutes en place. Ce dont elle était bien sûr incapable. Elle remarqua seulement alors qu’il était largement dévêtu et que le regarder avec insistance pouvait devenir indécent. Mais ce n’était pas pour lui déplaire, bien au contraire… Il y avait longtemps qu’elle ne rencontrait plus d’homme qui en valaient la peine, ne fût-ce arrivé qu’une seule fois… Eeva détourna le regard. Le vent avait l’air de tourner.

[Peter]

La journée touchait à sa fin, et tout dans le paysage laissait à penser que l’on était plus proche d’un achèvement. Pourtant, quelque chose flottait dans l’atmosphère, quelque chose qui, pour qui aurait eu un sens aigu de l’observation, ressemblerait plutôt à un début. Un début, plus qu’un départ, en vérité. Juchée sur son Métamorph, qui avait visiblement besoin d’un peu d’entraînement supplémentaire, Eeva parut s’arrêter sur un mot, comme si elle butait dessus, ou plutôt comme si elle l’avait cherché pour qu’il corresponde à sa pensée sans être trop osé non plus. Peter savait qu’il attirait les regards, en particulier ceux des femmes (ou des hommes qui avaient d’autres goûts, mais il était, à vrai dire, carrément indifférent à ces états d’âme-là), mais il avait toujours été bien trop concentré sur sa vie auprès de ses Dragons, après la fuite et la vengeance, pour se donner la peine d’en jouer. Bien sûr, quand on passait le plus clair de son temps sur le dos de ses Pokémon, à bouger avec eux et à suivre leurs pirouettes en accompagnant leurs mouvements, on se forgeait... Un certain physique, ou un physique certain, à en croire le coup d’œil appuyé de la Mizuhanienne qui s’attarda sur lui. Akairos, malgré son statut de « brute destructrice », n’était pas moins sensible aux taquineries humaines, et il jeta un coup d’œil amusé sur son maître. En bonne créature de la mer, il aurait bien lâché un « hey patron, t’as une touche », comme un pêcheur avec sa ligne, mais même s’il avait pu conserver ses pouvoirs de Gijinka, il se serait abstenu ! Feignant l’ignorance, le monstre se contenta de poser sa tête sur l’épaule du Dragonnier, sans s’appuyer dessus, néanmoins. Manquerait plus qu’il lui fasse boire la tasse, tiens...

Un sourire en coin, le Champion lâcha :

« Eh bien, ravi de l’apprendre. »

Clairement, voir qu’il suscitait l’intérêt de la rousse lui faisait plaisir, un peu. Bon, d’accord, carrément, en fait. Peter n’avait jamais été un grand séducteur, du moins pas de son plein gré, et il n’avait connu que des aventures sans lendemain. Au départ, il s’était dit que personne n’aurait voulu d’un voleur, d’un fuyard et d’un assassin... Puis, pris par sa vie de Champion, il avait laissé tomber, songeant qu’après tout, être avec ses Dragons lui suffisait, tant qu’il pouvait voyager de temps en temps. Mais cela faisait une éternité qu’il n’était pas en présence de quelqu’un qui semblait s’intéresser réellement à lui, et il pensa qu’elle n’était pas seulement là pour son physique ou son statut de Champion. Après tout, Championne, elle l’était aussi, et des types comme lui, il y en avait probablement à la pelle. Des hommes au passé moins trouble, qui n’étaient pas d’anciens criminels et qui n’avaient pas fait de taule, aussi. Mais il préféra se prêter au jeu, sans rien prendre au sérieux, pour ne prendre aucun risque. Les dangers, il en affrontait souvent, ce n’était donc pas la peine de se jeter à corps perdu dans ce qui était peut-être une jolie chimère.

La remarque d’Eeva sur ses côtes le fit rire, un rire moqueur, mais sincèrement amusé.

« Tu m’en vois soulagé. Et, que je sache, elles sont toutes bien là, même si j’en ai quelques-unes qui me font encore savoir que j’y suis allé un peu fort. »

En disant cela, il fut pris d’une pointe de douleur, et il porta la main à son abdomen en grimaçant légèrement. L’eau n’était pas spécialement chaude non plus, et il réalisa qu’il ferait mieux de sortir de là s’il ne voulait pas risquer la pneumonie. Lisant dans l’aura du Dragonnier, le Léviator se pencha pour permettre au Nalcien de se hisser sur son dos, dans un clapotis qui éclaboussa le Pokémon. Une légère brise balaya l’endroit, hérissant les poils du Champion et lui donnant la chair de poule, mais il ne dit rien, suivant le regard de la Mizuhanienne.

« Je crois que nous avons été interrompus, la dernière fois, par un oiseau de mauvais augure... Ma proposition tient toujours, si ça t’intéresse. Quelque chose en particulier que tu aimerais manger ? »

[Eeva Slanzar]

La rousse n’était pas bien sûre de savoir ce qu’il se passait exactement. Le temps lui sembla soudain statique et la situation étrange. Elle détourna le regard. C’était typiquement le genre de situation où elle ne savait comment réagir, elle était devenue Chercheur par intérêt, mais cela ne faisait pas d’elle une personne soudainement plus savante en sociologie. Elle n’avait pas la sensation d’avoir tant changé que cela.

En vérité, elle se trompait bien sûr. D’une furie aussi violente que méprisable, l’ancienne pirate était devenue quelqu’un de bien plus fréquentable et même relativement de compagnie plutôt sereine et beaucoup, beaucoup plus flegmatique en combat d’Arène. Autrefois, il n’y avait que la violence des combats qui la faisait vibrer, si cette violence dans les affrontements était toujours bien présente, elle en avait fait la pierre angulaire de son Arène. Mais depuis, son comportement en avait changé le sens, ce n’était plus du massacre gratuit, mais une épreuve destinée à emmener au bout de leurs forces et de leur confiance Dresseurs et Pokémon. Il y avait toujours des blessés, mais les plus endurants et les plus persévérants gagnaient finalement son Badge. Eeva ne faisait aucun cadeau, impitoyable en match, ais au moins, lui arracher un Badge et lus rarement la victoire donnait la sensation aux Dresseurs et leurs Pokémon d’avoir franchis un cap. Ils en ressortaient grandis. Elle savait être un Champion difficile, peut-être l’un des plus difficiles. Et puis, elle travaillait aussi en étroite collaboration avec une boutique d’herboriste. On soignait les Pokémon après leur match, maintenant.

Si Peter craignait que son passé ressurgisse au milieu d’une relation, il n’avait pas grand-chose à craindre avec Eeva… Même si celle-ci taisait également son histoire, même Benji et ses propres Pokémon ne savaient pas, elle ne pouvait pas l’oublier. Voleuse, pillard, assassin et pire, pirate, elle n’avait certes jamais ait de prison, car elle s’était toujours débrouillée pour y échapper, en sachant que cet état serait bien sur une transition, en attendant la potence. Quitte à devoir ramper pour y échapper, mentir, corrompre, soi-même ou les autres, trahir pour y arriver. En somme, elle avait déjà fait les pires choses que la société pouvait imaginer. Dans une vie pareil, le relationnel était inexistant. Ou alors, seulement pour quelques besoins primaires… Et qui généralement, passaient leur vie a essayer de déssouler, croupissaient encore en prison, ou étaient mort depuis longtemps. On était loin d’une vie modèle… Et puis finalement, elle aussi avait plongé dans la vie de Champion, ce qui au départ, n’était qu’une supercherie, le temps de trouver un moyen de mettre la ville à feu et à sang, de la voir rongée de l’intérieur. Ce qui n’arriva finalement jamais. Au fil du temps, sans l’avoir oublié, elle n’avait plus eu de raison de mettre ses plans à l’œuvre.

Elle y avait ajouté on travail de recherche. Elle n’avait plus eu de temps pour autre chose que les recherches et les matches, depuis. Elle préférait ne pas compter les années. En somme, depuis qu’elle s’était installée à Fla’or, elle vivait seule en bonne célibataire endurcie et les choses étaient très bien comme elles étaient.  Sa réputation de fée carabosse se chargeait d’empêcher quiconque de s’intéresser à elle et par la même occasion, lui permettait de garder bien au chaud ses secrets. Autant pour certains crimes il y avait une date prescription, autant pour le piratage, jamais.

Peter prit un air moqueur et se mit à rire, mais il fit bien vite la grimace, avec ses côtes endolories et ce fût à Eeva d’afficher un sourire goguenard.  Son petit air ne dura pas bien longtemps, car le Métamorph qui essayait d’attirer son attention depuis un moment déjà, n’y tint plus. Sa métamorphose prit fin et il se changea en chewing-gum, laissant Eeva tomber à l’eau avec une expression de totale surprise. Honnêtement, pour elle, le froid n’avait aucune importance, à force de vivre dans le froid polaire, l’eau lui semblait encore chaude. Eeva revint à la surface, ses cheveux lui collant au visage et ramena à la surface Germandrée.

« Allez recommence. » dit-elle d’un ton neutre, elle jeta un regard sur le Léviator. « En ‘poisson rouge’, cette fois. »

Elle prit un air malicieux. Tandis qu’elle taquinait Peter et son « poisson rouge », Germandrée s’appliquait. Il s’étira, comme une grosse anguille grossière, avant de prendre la forme parfaite d’un Léviator, avec ses voiles et ses épines. Il gardait certes sa couleur rose, ce qui le faisait éventuellement passer pour un Léviator femelle, à côté d’Akairos. Fier de lui, il ouvrit grand la gueule, déjà démesurée, peut-être dans un sourire. Il plongea pour récupérer sa maitresse et l’installer sur son dos. Eeva repoussa ses cheveux collants de ses yeux. Quand ils ne se trouvèrent plus très loin de la plage, elle libéra Silvius, Ravel, Pompette et Dictame, leur demandant de jeter un petit coup d'oeil dans les fonds et le sable, et de lui ramasser quelque chose, s'il trouvait quelque chose d'intéressant... Depuis quelques temps, Eeva s'intéressait également aux objets, probablement depuis l'impact évident de certains d'entre-eux sur les Pokémon.

« Autre chose que du plancton… » Laissa t-elle traîner. Elle ne prenait pas mal les piètres performances de Germandrée et de son manque de résistance, mais elle ne l’entraînait pas moins dur que les autres pour autant. La dénomination que donna Peter de son messager d’Arène l’amusa. Surtout quand on savait quel message il lui avait porté, si Peter savait… « Hmm, Flamennois ? » Répondit-elle, acceptant son invitation à dîner.


[Epicé c’est bon *w*]

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