[ Clos ] Dernière escale [Luciano / Andromède]

[Andromède di Neralitha]

La chaleur était étouffante, on pouvait sentir le magma bouillonner dans les entrailles du cratère. Pour un Abyannais ayant grandi couvé par la fraîcheur des profondeurs, cette ville s'apparentait à une véritable fournaise. Il était inconcevable pour le garçons d'éterniser son séjour dans la cité. Il récupérerai les informations dont il avait besoin et irait à la découverte des vestiges d'ébènes. Toutefois,dans la mesure où son plan se déroulerai comme prévu, un obstacle de taille se dresserai sur sa route. Le salar. Andromède avait déjà du mal à tenir debout à Torcan, il suait à grosses gouttes et devait constamment s'hydrater. Comment comptait-t-il survivre une fois dans le désert ?   Il pourrait y aller de nuit, certes, mais était-il sur de trouver la structure avant le lever du jour ?   C'était un endroit réputé comme étant la zone la plus inhospitalière du continent. Devait-il vraiment risquer sa vie pour rejoindre quelques morceaux de pierres au milieu de rien ?

«  Bien sur que tu le dois ! On a pas traversé tout le continent pour rien ! » hurla Némésis à son dresseur.

Elle était plus tendue qu''à son habitude. Généralement une nouvelle ville était synonyme de découverte pour elle. Dyrinn avait par exemple émerveillé la féline,par sa culture et la beauté de la flore environnante. Elle avait particulièrement apprécié la nourriture, plus exotique et variée qu'à Abyan. Ici, leur collecte d'information semblait obséder le Pokemon. Et cela pouvait se comprendre. Un seul faux pas et toute la petite troupe se retrouverai exécutée pour hérésie. Il fallait donc être subtil et elle avait raison de se faire du soucis.

Andromède n'était pas connu pour sa discrétion. Il ne savait pas mentir, ce qui exaspérait au plus haut point Némésis. Cependant, Luciano semblait beaucoup plus disposer à endosser ce rôle. Qui pourrait se méfier de sa beauté froide comme le marbre ? On ne pouvait que s'abandonner à son regard, pourfendant l'âme de sa flèche azurée. Et, même si au plus profond de lui quelque chose de dangereux restait tapis dans l'ombre, son visage ne laissait rien transparaître. Ce masque tombait seulement  lorsqu'il perdait le contrôle ; c'est alors qu'il inspirait la crainte. Némésis l'avait bien comprit en observant la réaction des Pokémon du maudit en sa présence. Ils avaient peur de ses sautes d'humeurs et ne savaient pas comment appréhender ses crises.

Le garçon se tourna vers son cousin et balbutia :

«  Tu sais Luciano je suis un très mauvais menteur et je préfère ne pas risquer de tout ruiner en vendant la mèche à un habitant. C'est pour ça que je pense que… tu devrais peut-être le faire. Je veux dire… parler à ma place… tu comprends ? Surtout que j'aurai du mal à regarder mes interlocuteurs dans les yeux à cause de la malédiction… »

Némésis dévisagea son dresseur, il perdait encore tous ses moyens face à Luciano. Il fallait qu'Andromède apprenne à s'imposer, à être fort, à montrer plus d'assurance. Sinon, tout le monde abuserai de lui. A commencer par Luciano qui, encore et toujours, n'inspirait pas confiance au Pokemon.

La chaleur augmentait crescendo à mesure que le soleil s'approchait de son Zenith. Le coeur de la fournaise couplée aux conditions météorologiques écrasaient littéralement l'atmosphère.

«  Il faudrait peut-être trouver un endroit frais pour s'abriter tu ne penses pas ? » murmura Némésis dans la tête du maudit, laissant échapper un sursaut de surprise au garçon.

La meilleure idée était d'aller se réfugier dans une taverne. L'ambiance y serait, sûrement, plus agréable ( bien qu'éloignée du climat idéal ), et ils pourraient commencer à récolter quelques informations sur les ruines, son emplacement exact et les dangers de la zone. Il faudrait alors trier les faux renseignements des vrais, mais la parti la plus difficile resterai la collecte.

Andromède se retourna une nouvelle fois pour parler à son cousin :

«  Peut-être que nous pourrions aller dans une taverne, qu'est ce que tu en dis ?  Ce serait un bon endroit pour… se reposer et chercher un peu… tu sais ?»

[Bon bah j'aurai tardé à écrire ce post, mais mieux vaut tard que jamais ? ]

[Luciano di Neralitha]

Après avoir expliqué à Andromède comment la gélatine verte et relou s’était bien foutue de sa gueule, Luciano avait repris sa route, non sans jeter, de temps à autre, des regards emplis de mépris à la créature bleue et noire dont la principale activité était d’afficher en permanence un sourire béat. Bon sang, par Zekrom, c’était quoi ça ? Incapable de se décider sur le pire des deux Pokémon, entre Rain Man et Chewing-gum, le maudit en arriva à la conclusion qu’ils étaient tous les deux aussi cons l’un que l’autre, avec une préférence pour celui de son cousin, quand même, parce que voilà, quoi. Au moins, le dénommé Sandalphon réfléchissait, même si c’était pour pondre des trucs débiles comme « je suis là pour t’aider » ou « tu n’as aucune ambition ». Non mais, de quoi il se mêlait, celui-là ? Instantanément, une bouffée de colère enfla en lui, et il envoya valser un caillou d’un coup de pied.

Le fait qu’ils aient marché des jours et des jours, sous un Soleil de plomb, et en traversant des paysages ne brillant pas par leur diversité (de l’herbe, de l’herbe et encore de l’herbe, roussie, en plus, pour finir), n’aidait pas le maudit à être de bonne humeur. Il avait d’ailleurs rarement été aussi exécrable, et il le faisait bien comprendre à son entourage. La Vostourno avait carrément renoncé à suivre la troupe, bien trop épuisée, et s’était réfugiée dans sa sphère, en désespoir de cause. Iroël, imperturbable, semblait s’amuser de la scène, flottant près des deux cousins, alors que Leliel, les coussinets craquelés et la gorge sèche, suivait son maître sans sourciller, refoulant la douleur et ce qu’il aurait aimé crier à son humain. Sachiel, en revanche, souffrait beaucoup de la chaleur, mais il était bien trop fier pour se rabaisser à se comporter comme l’autre vautour mouillé. Il endurait donc cette difficile épreuve en silence, devenant de plus en plus flou à mesure qu’ils avançaient vers la capitale de la tribu du Feu.

« Putain, encore à deux doigts de s’évaporer, celui-là ! J’te jure, faut tout que je fasse ! »

Passablement énervé par le comportement du Viskuse, Luciano amplifia le peu d’eau qu’il lui restait pour lui redonner une consistance un peu plus... Consistante, quoi. Revigoré, le Pokémon aquatique lévita gaiement autour du groupe, alors qu’ils pénétraient enfin dans la ville. Ce fut à ce moment-là qu’Andromède demanda à son cousin de jouer les investigateurs, arguant qu’il serait un bien piètre baratineur et qu’il risquerait de compromettre leur sécurité et leur identité. Luciano soupira.

« Je suis plutôt d’accord, effectivement. On voit que tu manques de pratique à ce niveau... Pas de problème, je m’en occupe. Tiens, vise un peu la minette là-bas... »

Avec son plus beau sourire, le maudit accosta une superbe jeune fille d’une vingtaine d’années, et il lui débita quelques paroles charmeuses. Le rouge aux joues, elle lui murmura quelque chose, puis partit en courant, non sans jeter de nombreux regards en arrière. Impeccable malgré la chaleur écrasante grâce à sa maîtrise, le noble ajusta son habit, puis se tourna vers Andromède, avec un sourire triomphant.

« Tu vois ? Prends-en, de la graine, c’est comme ça qu’on fait avec les femmes. Si tu veux, je t’apprendrai à faire pareil avec les hommes, c’est un peu plus subtil, mais ça marche aussi. »

Une voix désagréable se fit alors entendre dans l’esprit du maudit à l’iris bleu, qui se renfrogna subitement.

« Tu sais, Luciano, il arrive que ça ne fonctionne pas, et si tu tombes sur quelqu’un de dangereux, qui lit ton esprit ou qui reconnaît le blason de ta famille, je ne donne pas cher de ta jolie peau. Et là, ce qui te sert à te protéger ne suffit pas. Je ne parle pas de tes gardes du corps, encore qu’ils ne soient pas bien costauds pour défendre quelqu’un d’aussi exposé que toi. Mais mentalement, t’es plutôt léger. Enfin, je ne dis pas que tu es idiot, loin de moi l’idée de t’insulter, mais tu es aussi ouvert que ceux que tu aimes séduire et mettre dans ton lit à la nuit tombée. »

Luciano se sentit bouillir intérieurement, à un point tel que le Cœur de la Fournaise lui parut être de la rigolade, à côté. Captant un changement d’humeur annonçant une tempête, Leliel recula d’un pas, légèrement apeuré, alors qu’Iroël, imperturbable, se régalait de tout ce que dégageait le jeune noble. Mais contre toute attente, il redescendit en pression aussi vite qu’il était monté, d’une part parce qu’il se sentait impuissant face à cette agression mentale, mais aussi et surtout parce qu’il ne voulait pas passer pour un aliéné à s’énerver et à parler tout seul. Ce putain de truc vert arrivait à les lui briser même de l’intérieur de sa Ball, il sentait donc, confusément, qu’il ne s’en débarrasserait pas aussi facilement que prévu...

« Enfin, pour cette fois, ça t’a été utile, la fille t’a indiqué un endroit plutôt pas mal, et tu peux en profiter pour t’y poser un peu. »

Pour ne plus penser à cette horripilante et constante présence dans sa tête, l’Abyanais ancra son regard dans celui de son cousin, qui lui suggérait, plus qu’hésitant, d’aller dans une taverne pour y glaner des informations et se reposer, accessoirement. Résigné, il reprit malgré tout son sourire narquois habituel, avant de lâcher :

« Ça tombe bien, parce que c’est exactement ce que la jolie nana de tout à l’heure m’a conseillé de faire. J’en ferais bien mon casse-croûte, d’ailleurs, mais je m’en occuperai ce soir. Et pas un mot autre que pour dire ton prénom et celui de ta chatte, laisse-moi faire. Regarde simplement, et essaie de retenir, ça pourrait nous servir à tendre des pièges encore plus efficaces et à savoir tout ce qu’on veut en combinant nos... Stratégies. »

Incroyable. Comment tant d’arrogance pouvait-elle tenir dans un seul homme ?! Non seulement il se présentait comme un pro de la séduction, mais il estimait, en plus, pouvoir être un professeur hors-pair pour transmettre ses tours de passe-passe et ses magouilles de tombeur ? Leliel, Iroël et Sachiel levèrent les yeux au ciel en même temps, sans même se concerter, puis emboîtèrent le pas au maudit, qui poussa la porte de la taverne qu’on lui avait indiquée comme un conquérant.

[« Hé gamin, assieds-toi et observe, regarde l’Papa en action » xD]

[Andromède di Neralitha]

Luciano avait prit les devants et s’était rué vers la tavernes que la fille lui avait conseillé. Même sous cette chaleur étouffante il avait assez d’énergie pour marcher aussi vite… incroyable. Lorsque les deux maudits entrèrent dans la taverne, Andromède était à bout de souffle. Il lui fallu quelques secondes pour reprendre son souffle, heureusement l’intérieur du bâtiment avait un climat un peu plus supportable. Il faisait toujours chaud, certes, mais beaucoup moins qu’à l’extérieur. Durant ses mois de errance après avoir massacré sa famille en mettant le feu à sa maison, le maudit avait fait escale dans de nombreuses cités et était un habitué des tavernes. Non pas par ce qu’il aimait boire, mais c’était un repère pour les personnes qu’on pourrait qualifier d’atypiques. Dans un lieu comme celui-ci il pouvait se fondre dans la masse sans craindre d’être le centre de l'attention à cause de son bras en moins. Oh et puis, généralement, personne ne venait lui parler et il n’avait pas à faire face à un visage vierge.

« Tu comptes t’en remettre entièrement à Luciano pour la collecte d’informations ? » lança Némésis à son dresseur sur un ton assez inquisiteur, presque accusateur.

Le Pokemon semblait à bout de souffle, tout comme le maudit, aucun des deux exilés n’étaient habitués à un climat aussi sec et étouffant.

« Tu sais Némésis, je préfère le laisser faire plutôt que de faire capoter la mission et nous faire exécuter pour hérésie. » murmura-t-il à son Pokemon.

Andromède s’était assis à une table et contemplait son cousin valser de personne en personne afin de leur soutirer des informations.  Luciano était un très bon manipulateur, il maîtrisait les mots comme personne. Malgré le fait qu’il était totalement imprévisible, les personnes qu’il dupait semblaient intriguées et curieuses plutôt qu’apeurées. Soudain, une main vint se poser violemment sur la table à laquelle le garçon était installé. Il releva la tête instinctivement pour connaître l’identité de celui qui avait fait preuve d’un tel manque de manière, mais tout ce qu’il pouvait voir était un tissus de chair tendu et dénué de traits.

« T’es pas d’ici jeune homme ?!» l’homme parlait tellement fort qu’on aurait presque pu l’entendre du monde d’en bas.

Son interlocuteur avait une carrure plutôt imposante, des cheveux grisonnants ainsi qu’une voix assez rauque. Par déduction Andromède en conclu qu’il devait être d’un âge mûr. En tout cas, si le maudit voulait faire profile bas c’était fichu.

« Oh cela se voit tant que ça ? Je viens d’Abyan.» expliqua-t-il tout en essayant d’esquiver au plus possible le visage de l’homme.

Némésis jeta un regard noir au garçon. Celui-ci donnait beaucoup trop d’informations sur lui à un pauvre inconnu. Il ne savait jamais quand mentir et quand dire la vérité. Si il espérait un jour arriver à son but et obtenir ce qu’il voulait il fallait qu’il apprenne à ne pas être aussi direct et à assurer ses arrières.

«  Abyan… Petit ça fait une trotte ! C’est donc pour cela que tu sembles aussi perdu! Un poisson dans le volcan, si ce n’est pas drôle comme situation ! » il termina sa phrase en donnant une tape dans le dos du maudit qui manqua de recracher sa boisson.

Andromède s’apprêtait à répondre mais l’homme reprit de plus belle tout en s’installant à la même table que lui.

« Alors qu’est-ce qu’un gamin comme toi vient faire ici ? » demanda-t-il simplement.

Et merde, le vieux posait beaucoup trop de questions. Le garçon sentait son pouls s’accélérer, il voulait venir ici en laissant le travaille à Luciano et il se retrouvait là à se faire interroger par un vieux de Torcan. Il ne pouvait pas ne pas répondre, cela éveillerait probablement les soupçons. Mais, si il se risquait à parler, il bégayerait probablement tellement qu’il deviendrait tout de suite suspicieux. Prenant son courage à deux mains et sous le regard consterné de Némésis, il se décida à prendre la parole.

«  Oh vous savez rien de spécifique, je commençais à devenir lassé de l’ambiance beaucoup trop… beaucoup trop… » il eu du mal à terminer sa phrase mais se reprit aussitôt « … beaucoup trop calme d’Abyan ! »

L’homme ne répondit pas dans la seconde. Le pokemon du maudit suait à grosse goutte, la féline savait pertinemment qu’Andromède était capable de tout faire foirer en un instant. Ce moment de silence semblait avoir duré une éternité, même si le garçon n’avait presque rien dit il avait peur de déjà en avoir trop fait. Enfin, son interlocuteur brisa le silence.

«  Je vois et donc tu viens pour le salar ou... »

A ces mot  la gorge d’Andromède se serra et il répliqua instantanément .

« Pourquoi je voudrais  aller au salar ? C’est l’endroit le plus inhospitalier du continent et je n’ai aucune raison d’y aller. Je veux dire… pourquoi je voudrais y aller ahah c’est vrai il n’y a que les… Il n’y a que les Vestiges d’Ebènes dans cette zone. » se justifia Andromède.

Némésis prit son visage dans ses pattes. En voulant étouffer tout soupçon chez l’homme, le maudit était devenu encore plus suspect. Mentionner les vestiges d’Ebène était une très mauvaise idée. Toute personne qui parlait ouvertement de sujets liés à Zekrom devenaient tout de suite louches.

« Non mais petit je pense bien que tu ne vas pas aller dans ces ruines malfamées ! Je plaisantais avec toi, personne ne veut aller dans le salar c’est beaucoup trop dangereux. » l’homme riait comme un homme saoul devenu trop ivre pour mesurer l’intensité de ses exclamations.

Sur ces mots, il se leva, donna une tape dans le dos d’Andromède et partit rejoindre quatre autres hommes à une table à l’autre bout de la taverne. Le dresseur et son pokemon soufflèrent de soulagement. Même si l’intérêt soudain de l’homme pour le garçon semblait étrange, il était probablement ivre et cherchait à faire la discussion. Quelquefois il ne faut pas se poser trop de questions, certaines personnes font des choses sans avoir une idée précise derrière la tête.

Mine de rien, la conversation avait été assez chronophage, peut être n’était-ce qu’une impression induite par le stress et le côté anxiogène de la situation. Le maudit décida d’aller rejoindre son cousin afin d’éviter de se retrouver dans une situation similaire une deuxième fois. Et puis, peut-être que celui-ci avait terminé de collecter les informations dont ils avaient besoins ?


[Je suis vraiment désolé pour l’attente. 1 an et demi c’est beaucoup trop long. J’ai eu très peu de temps à consacrer au forum avec mes concours et tout ça mais je compte bien reprendre sérieusement dès à présent ! ]

[Luciano di Neralitha]

À l'intérieur de la taverne, l'atmosphère était bien moins étouffante qu'à l'air libre, au grand soulagement de Luciano. Bien sûr, il n'en montra rien, trop fier pour avouer ses faiblesses, mais il eut un imperceptible mouvement au niveau de sa cage thoracique qui ressemblait à s'y méprendre à un soupir. Il s'avança nonchalamment vers une jeune femme qui travaillait là, d'après son agitation, pour lui demander un verre d'une spécialité locale, avant de se poser au comptoir afin d'observer son environnement.

Iroël se rendit invisible, préférant se dissimuler pour absorber son festin de sentiments négatifs sans être vue, alors que Sachiel, de son côté, voletait vers un serveur pour quémander un peu d'eau. Leliel, en dépit des douleurs qu'il ressentait au niveau des coussinets, se contenta de s'asseoir près d'Andromède, à la fois pour le surveiller et pour garder son maître dans son champ de vision sans se faire remarquer. La fille que Luciano avait interpellée s'approcha de l'Absol et lui proposa à boire, déposant une grande gamelle remplie à ras bord. Le Pokémon hocha la tête discrètement pour la remercier et commença à laper le liquide sans précipitation, malgré la soif qui le tiraillait, pour ne pas perdre l'Abyanais de vue. Ce dernier était déjà en grande conversation avec une femme d'une trentaine d'années aux attributs plutôt fournis et au sourire charmeur.

« Moi ? Oh, je suis en voyage avec un cousin à moi, nous avions soif d'aventure et nous nous sentions à l'étroit chez nous... Et puis, quand on a une certaine, hum, aisance, il est facile de décider de partir du jour au lendemain ! Ah, l'imprévu, les belles rencontres... C'est vraiment charmant. »

Lorgnant discrètement sur le décolleté de son interlocutrice, Luciano laissa le silence s'installer quelques secondes, histoire d'installer une ambiance pour le moins particulière entre eux.

« Mais dites-moi, mon vieil oncle m'a recommandé de visiter le coin, notamment le Salar, et j'avoue ne pas comprendre ce qui le passionne autant dans cet endroit. Je veux dire, c'est sec et désert, là-bas, est-ce qu'il y a une sorte de trésor caché ou de charme ravageur qu'on ne trouve que dans un tel... Milieu ? »

La jeune femme, bien qu'habituée à être confrontée aux hommes de par son métier, eut bien du mal à ne pas se laisser avoir, et elle résista un moment, mais lorsqu'elle lui répondit en lui donnant des informations sur les ruines à voix basse, Luciano sut qu'il était déjà trop tard pour elle. Il esquissa un sourire qui se voulait agréable et signe de gratitude, mais qui cachait en vérité sa jubilation intérieure.

« Oh, je vois, mais n'est-ce pas dangereux de s'aventurer là où vous le savez ? Enfin, ce doit être plein de brigands et de gens peu fréquentables. Non, vraiment, j'ai du mal à saisir l'intérêt de vieilles pierres qui font risquer à tous les imprudents qui auraient la folle idée d'aller les voir un sort peu enviable. »

Après avoir réglé la consommation de la fille, il la remercia, avant de se pencher et de lui chuchoter quelque chose au creux de l'oreille. Elle rougit alors violemment, le suivant du regard alors qu'il engageait la conversation avec un jeune homme, cette fois.

« Ton discours est bien rôdé, et tu sais y faire, mais je te recommande la plus grande prudence. Il suffit que tu tombes sur quelqu'un dont tu n'es pas le genre, et tu passeras de tombeur à suspect en un rien de temps. »

Encore cet emmerdeur qui se prenait pour un prophète depuis sa Ball. N'allait-il donc jamais lui lâcher la grappe, celui-là ? Feignant une surdité passagère, Luciano changea de cible. L'Absol désormais désaltéré le regarda faire sans bouger, jusqu'à ce qu'un type ne vienne s'asseoir à la table d'Andromède. Ce dernier était complètement perdu et paniqué, et il avait un mal fou à répondre à l'ivre qui lui tapait la discute sans la moindre gêne. Leliel échangea un regard avec Némésis, tentant de savoir si elle avait un plan pour sortir son maître de là, mais sa réaction face à l'évocation des Vestiges d'Ébène fit comprendre au loup blanc qu'elle était aussi désemparée que lui. Discrètement, le Pokémon appuya sa patte sur le pied d'Andromède pour lui intimer un peu plus de retenue, tout en lui indiquant par ce geste qu'il n'hésiterait pas à prendre le relais à sa manière si la conversation devait dévier dangereusement.

Fort heureusement, le sac à vin finit par se lever pour regagner sa table d'origine, laissant un Andromède dans un état de stress incroyable. En son for intérieur, Leliel songea qu'il s'en était fallu de peu pour que leurs projets se terminent là, dans cette taverne au bout du monde d'où venaient Luciano et son serviteur blanc et noir, et qu'il allait devoir signaler à son maître qu'Andromède serait beaucoup plus difficile à gérer que prévu, s'il continuait comme ça.

« Tiens, ton cousin arrive, et vu sa mine, je crois qu'il vient de passer un sale quart d'heure. »

Trouvant l'intervention de Sandalphon utile, pour une fois, l'Abyanais se retourna et dévisagea son parent en lui chuchotant :

« T'en fais une tête ! On dirait que tu viens de voir un fantôme. Pourtant, Iroël est cachée quelque part, et Sachiel... Il est bleu, il compte pas ! Sinon, j'ai eu du nouveau, et je crois que je n'aurai rien de plus ici, ou en tout cas pas ce soir. Si je m'agite trop, ça va se voir, et ce sera louche. Tiens, tu veux voir comment on fait ? Regarde. »

Relevant la tête, Luciano chercha de son œil sain sa prochaine victime pour faire une démonstration à son cousin, tout en estimant qu'avec la marche qu'ils venaient de se taper, il s'en tiendrait à deux ou trois pour la soirée. Il avait beau être jeune et expert en la matière, il n'était pas non plus increvable, et il faisait une de ces chaleurs, dans ce trou ! Tout en balayant la salle du regard, il glissa à Andromède :

« Au fait, tu m'as pas dit, mais c'est quoi, ton problème à toi ? »

[Luciano parle évidemment de malédiction à la fin du post, mais comme il peut pas le dire à voix haute vu que personne n'a reconnu son blason pour le moment... XD
Pas grave pour le délai, vu que j'avais des nouvelles régulièrement ^^]

[Andromède di Neralitha]

Andromède était devenu blanc comme un linge. La peur de se faire découvrir avait provoqué une montée d’adrénaline indescriptible dans l’organisme du garçon qui, en règle générale, ne se mettait pas dans des situations comme celle-ci. Luciano semblait être amusé de la tête de son cousin, pour lui qui était si à l’aise au contact des gens voir une personne aussi apeurée après une simple discussion devait être ridicule.

« Au fait, tu m'as pas dis, mais c'est quoi, ton problème à toi ? » demanda Luciano qui scrutait l’endroit à la recherche de sa prochaine victime.

Le garçon écoutait à moitié et ne comprit pas immédiatement ce que son cousin lui demandait, il fixait l’homme saoul qui était retourné s’asseoir avec ses compagnons. Alors qu’il le scrutait de haut en bas craignant que celui-ci n’ait comprit les intentions de leur petite troupe, leurs regards se croisèrent. Le maudit détourna aussitôt le regard et c’est là qu’il vit que son cousin le dévisageait avec insistance, attendant sa réponse. Il y eu un court instant de silence avant que la voix de Némésis ne résonne dans la tête d’Andromède :

« Ta malédiction ! Il parle de ta malédiction ! » La féline était tout aussi épuisée que son dresseur après que celui-ci n’ait faillit tous les faire exécuter. Il était la personne qui comptait le plus au monde pour elle mais, lorsqu’il perdait ses moyens, il lui était insupportable.

« Eh bien... » balbutia Andromède « Je suis incapable de voir le visage des gens… Ce n’est qu’un linceul de chair pour moi, étendu sur leur visage. »

Il déglutit, Andromède n’avait jamais parlé de sa malédiction à qui que ce soit auparavant. Seul les membres de sa défunte famille et Némésis avaient un jour été au courant.

« Mais, tu sais Luciano, ce qui est étrange c’est que je suis capable de voir le tient… Et je ne comprends pas, il m’est impossible d’expliquer pourquoi cela est différent lorsque je te regarde. »

L’oeil bleu de son cousin transperçait son regard, on aurait dit qu’il pouvait parcourir l’âme du garçon comme on recherche un livre à la bibliothèque. Il n’avait plus qu’à tendre la main pour attraper celui qu’il voulait. C’était peut être cela qui faisait de Luciano un si bon manipulateur, une aptitude de clairvoyance absolue, comme si il savait par avance comment chaque individu allait réagir.

« Et… et toi ? » murmura le jeune homme. Vu la personnalité de son cousin la nature de sa malédiction devait être aussi sombre que lui. Il a grandit avec et une telle tare forge l’être que vous deviendrez une fois adulte. L’incapacité d’Andromède à voir les visages, couplée à un manque cruel d’affection étant enfant, l’avait conduit à se renfermer et à éviter le plus possible le contact avec les autre. Dans le cas de Luciano, elle avait probablement influencé sa personnalité en lui donnant ce grain de… folie ? Il était imprévisible et semblait se moquer de l’esprit simple des gens autour de lui. Tenkei était un échiquier et il était le joueur, déplaçant les pions à sa guise.

Dehors la nuit commençait à tomber et la chaleur devenait de plus en plus supportable. Même si la fournaise continuait d’irradier la ville d’une aura bouillante, l’air de la nuit apaisait l’atmosphère du  puits de lave. Si ils voulaient traverser le Salar, il devraient le faire de nuit. En ce qui concerne les vestiges, Andromède espérait que la pêche aux informations avait été fructueuse pour son cousin. Il ne doutait en rien de la capacité de celui-ci à extorquer ce qu’il voulait de la bouche des personnes qu’il croisait, mais il n’est pas monnaie courante de rencontrer quelqu’un s’y connaissance sur le sujet. Cependant, la proximité de la ville et du lieu augmentait leurs chances d’en apprendre d’avantages.

Certains mythes, certaines légendes, ne se transmettaient que dans les familles de Torcan et des alentours et chaque histoire avait sa part de vérité, même celles qui semblaient les plus fantaisiste. D’ailleurs, le garçon en avait bien conscience. Pour beaucoup la malédiction de la famille di Neralitha était une histoire à dormir debout, une combine inventée par les prêtres pour renforcer l’influence symbolique du dieu d’ivoire. Une manière d’inspirer la crainte et de dissuader, en plus des exécutions, la population de contrarier le dragon. Cependant, le courroux de Reshiram n’avait rien d’un mythe. Le maudit devait vivre chaque jour avec un cauchemar gravé dans sa pupille. Le dieu l’avait puni pour une hérésie qu’il n’avait pas commise.

Andromède avait ses raisons de détester la divinité et de chercher des informations sur Zekrom. Mais étaient-t-elles les mêmes que son cousin ? Vouait-il lui aussi une haine incommensurable à la bête ou était-il simplement curieux. Peut-être avait-il l’esprit vengeur ?

« Je pense que nous devrions y aller, Luciano a terminé » ordonna Némésis avant de s’avancer vers Luciano.

Perdu dans ses pensées, encore une fois, le garçon n’avait même pas remarqué que Luciano avait déjà terminé d’extorquer des informations à une pauvre âme probablement déjà saoul ou sur le point de le devenir.

« Alors, tout s’est bien passé ? Tu as obtenu ce qu’on cherchait ? Quand pouvons nous partir ? »

Andromède trépignait d’impatience à l’idée de partir pour les vestiges. Il avait hâte de découvrir ce lieu interdit, délaissé et saccagé par le temps. Etait-ce vraiment si dangereux qu’on le prétendait ou les rumeurs étaient une tactique de plus des adorateurs du dieu blanc pour dissuader quiconque de s’en approcher ? Un fleuve de questions s’écoulait dans le cerveau du garçon et le seul moyen d’obtenir des réponses était de voir ce lieu de ses propres yeux.

[ Voilà encore sorry pour l'attente mais, comme d'habitude, les cours me demandent beaucoup d'investissement ! ]

[Luciano di Neralitha]

Dévisageant son cousin, Luciano attendait la réponse à sa question, tapotant sur le comptoir pour manifester son impatience. Il fallait dire que ce n'était pas une des vertus premières du maudit, et il en avait même une réserve plus que succincte, à vrai dire... Andromède semblait ailleurs, le regard fixé sur un type qui puait l'alcool à des kilomètres. Était-il possible que ce soit le genre de son cousin ? Répugnant. Lorsqu'il fut repéré, le jeune homme baissa les yeux, alors qu'un fin sourire s'étirait sur les lèvres de l'Abyanais. Contrairement à lui, il paraissait maladivement timide. Luciano, qui avait l'habitude de briller en soirée et de se faire remarquer, ne connaissait pas ce problème, et il considérait même cela comme une faiblesse, quelque part. S'empêcher de parler à qui il voulait et se censurer au risque de louper un bon coup, c'était impensable pour lui !

Finalement, Andromède daigna répondre et lui expliqua sa malédiction, tirant un haussement de sourcil à son cousin.

« Ah... Ça doit faire bizarre. Enfin, tant que tu es capable de voir le reste, notamment, hm, plus bas, si tu vois ce que je veux dire, c'est pas si grave ! »

Quand il ajouta qu'il était néanmoins capable de voir le sien, l'Amplificateur scruta le visage de son cousin, une indescriptible lueur dans sa pupille océan. C'était vrai ça, certaines malédictions s'annulaient en présence d'autres maudits, mais Luciano aurait été bien en peine de savoir pourquoi.

« La mienne non plus ne fonctionne pas en ta présence, et j'ai voyagé un moment avec une cousine à nous avec qui c'était pareil. Enfin, tant mieux pour toi, tu raterais quelque chose si tu ne pouvais pas me voir en entier, hein ! »

Leliel soupira ouvertement, s'attirant les foudres de son maître qui le toisa d'un air mauvais. L'Absol courba l'échine et s'aplatit au sol par peur des représailles, alors qu'Iroël, toujours invisible, ricanait ostensiblement. La suite de la conversation assombrit la mine de Luciano, qui prit le temps de réfléchir à la manière de tourner ses propos.

« Moi, eh bien... Si mon œil est exposé aux gens de la plèbe, j'entends dans mon esprit toutes sortes de choses bien dégueulasses à leur sujet, ou au sujet de gens de leur entourage. Par exemple, j'ai déjà eu la description exacte d'un type empalé sur un pic rocheux par la maîtrise de sa maîtresse qui s'était vengée de lui parce qu'il l'avait laissée tomber. Avec tous les détails, évidemment. Je sais pas si ça s'est vraiment passé ou non, mais je sais que ça file la nausée et que je préfère m'en passer autant que possible. Sacrée merde que cette malédiction, pas vrai ? Comme si on y était pour quelque chose, nous. Tout ça parce que des clampins se sont démerdés pour se retrouver chez l'autre pigeon blanc par hasard... Y'a prescription, normalement, depuis le temps. »

Pestant intérieurement contre Reshiram et son châtiment injuste et cruel, Luciano serra la mâchoire en fixant la fille à laquelle il avait donné rendez-vous. Son œil sain se détourna pour se poser sur une fille qui se tournait régulièrement dans leur direction. L'Abyanais se détendit, prêt à se relancer dans son jeu favori.

« Un jour, je ferai la peau à ce volatile à la con, mais pour le moment, je suis plus intéressé par tu-sais-quoi. J'ai eu des informations sur les ruines, et apparemment ça va pas être de la tarte pour y aller et pour y accéder. On en reparlera ce soir, j'ai pris deux chambres pour qu'on dorme pas dehors. »

D'un pas nonchalant, il s'éloigna pour aborder la jeune fille avec un sourire enjôleur.

« Dis donc, Luciano, les deux d'avant ne te suffisent pas ? C'est bien beau de les inviter, mais tu es plus fatigué que tu ne le penses, et il serait fâcheux de ne pas assurer après toutes ces belles paroles, n'est-ce pas ? »

Mais assez, à la fin ! C'était incroyable, ne savait-il donc pas la fermer, ce truc mou, vert et informe qui lui prenait la tête à longueur de journée ? Alors qu'une veine palpitait sur sa tempe, il répondit mentalement à Sandalphon d'aller se faire foutre, avant de s'asseoir à la table de sa troisième victime de la soirée.

« Eh bien, je ne sais pas si c'est mon cousin que vous regardez depuis tout à l'heure, mais voyez-vous, je suis fort troublé de cette attention... »

La jeune fille lui chuchota quelque chose à voix basse, puis jeta un coup d’œil à Andromède. Ravi, Luciano fit signe à son cousin de les rejoindre, puis murmura au blond :

« Hé, elle fait la mijaurée, mais elle en a après nous... Si tu veux, on peut partager. »

Interdit, Leliel en oublia même de se pousser du passage, manquant de faire trébucher un serveur qui lui cria dessus. Sachiel chercha une réponse dans le regard du loup blanc et noir, mais il n'en trouva aucune. Si le maître faisait une proposition si généreuse à son cousin... Il devait vraiment l'apprécier, en fait ! Néanmoins, Leliel était convaincu qu'Andromède ne serait pas intéressé par l'affaire et qu'il aurait même envie de prendre ses jambes à son cou... Assis près du blond, l'Absol lui appuya de nouveau sur le pied, avec douceur, pour lui indiquer de faire ce que lui demandait Luciano. Il fallait à tout prix qu'il évite de froisser l'Abyanais pour le moment, quitte à se dérober par la suite, quand il serait trop... Occupé. À ce moment-là, il pourrait compter sur le Pokémon Désastre pour lui offrir une discrète issue, mais actuellement, le mieux à faire pour lui était de s'asseoir avec eux et de faire mine d'être captivé par la perspective d'une nuit de débauche.

[Je suis vraiment désolée pour Andromède xD Et toujours aucun souci, t'inquiète ]

[Andromède di Neralitha]

Alors qu’Andromède se remettait à peine de ses émotions, Luciano batifolait déjà avec une nouvelle jeune femme.Il était désormais totalement absorbé par sa future conquête, on aurait dit un prédateur qui charmait sa proie.  Apparemment les deux précédentes ne lui avaient pas suffit.  Néanmoins, ses pouvoirs de séduction et de manipulation lui avaient permit de dérober d’importantes informations concernant les Vestige D’Ebène. Le garçon frissonnait, selon son cousin le périple allait être plus que dangereux et sortant de la bouche d’un homme aussi impressionnant que lui, ses paroles avaient encore plus de poids. A cela s’ajoutait le fait que Luciano avait dévoilé à Andromède la nature de sa malédiction, renforçant l’aura malsaine qui émanait de sa personne.

« Voir toutes ces choses atroces… je comprends pourquoi il a l’air si dérangé ! » s’exclama Némésis qui haletait à cause de la chaleur ambiante.

Le maudit ne pouvait qu’imaginer ce que son cousin subissait. A l’inverse d’Andromède qui voyait sa vision restreinte par sa malédiction, Luciano était en mesure de voir au-delà de ce que les autres choisissaient de laisser transparaître : les méandres de l’âme humaine, les secrets, les pulsions animales, les perversions de chacun. D’ailleurs, le garçon se demandait ce que son cousin verrait si il avait accès à son esprit. Probablement des nuits de terreurs et une soif de vengeance, une haine qu’Andromède préférait restreindre. Elle avait déjà coûté la vie à sa famille.

Luciano continuait de charmer la jeune femme qui se pencha pour lui murmurer quelque chose à l’oreille. Elle avait l’air d’une rare niaiserie mais on ne pouvait lui retirer son charme. De longs cheveux blonds ondulés, de longues jambes, une corps qui semblait sculpté par les dieux et une poitrine pour le moins imposante. Alors qu’Andromède la dévisageait sans s’en rendre compte, celle-ci éloigna sa tête de l’oreille de son cousin et fit volte-face vers le garçon, laissant apparaître son visage dénué de traits.

« Oh mon dieu non » pensa le maudit avant de détourner le regard.  Cependant, dans la précipitation et en cherchant le plus vite possible à regarder ailleurs, ses yeux se bloquèrent sur l’homme soûl de tout à l’heure. Il avait l’air encore plus mal en point que lors de leur précédente discussion, ses mouvements semblaient déconnectés de la réalité. C’était comme si la vie était une mélodie et qu’il ne dansait pas en rythme. Celui-ci sembla repérer le garçon et fit un mouvement de main vers lui avant de perdre l’équilibre et s’écraser sur le sol, entraînant une vague de rire de la part des personnes se trouvant autour de lui.

Gêné et perturbé par la scène à laquelle il venait d’assister, Andromède ne se rendit pas compte que son cousin l’appelait. C’est au bout de la troisième fois que celui-ci cria son nom que le maudit comprit qu’on s’adressait à lui. Luciano était assis sur sa chaise dans une posture qui laissait transparaître toute son insolence. Il se balançait, grâce à son pied qui se trouvait sur le bord de la table, le bras posé sur le haut du dossier de la chaise sur laquelle il était assis. Lorsque le garçon fût assez proche de son cousin, celui-ci esquissa un sourire. Il commença à lui expliquer que la demoiselle était intéressé par lui et que, si il le voulait, ils pourraient la partager pour la nuit.

« C’est une blague ? » murmura Andromède incrédule avant de sentir une pression sur son pied.  Leliel le fixait avec insistance comme pour lui signifier de jouer le jeu. Le maudit était très peu doué pour mentir ou pour faire semblant, il était persuadé que cela se verrait à l’instant même où il commencerait à ouvrir la bouche. De plus, entre la chaleur ardente et la gêne qu’il ressentait, il devait être rouge comme un écrapince.

Non loin, Némésis arborait une expression entre le dégoût et l’incrédulité la plus totale. Son dresseur pouvait déjà sentir la jalousie du Pokemon monter.Les psystigris étaient connus pour avoir du mal à contrôler leurs pouvoir psychiques et, lorsqu’elle ressentait une forte émotion, il n’était pas rare de voir certains objets léviter. Ce fût le cas d’une cuillère qui commença lentement à s’élever à une trentaine de centimètre de la table juste devant les yeux du garçon. En dépit du fait que Némésis semblait sur le point de faire s’élever le continent encore plus haut dans le ciel, Andromède décida de suivre les conseils du absol. Tout en essayant de sembler le plus calme possible, il prit place aux côtés de la blonde et de son cousin.

« Alors tu voudrais passer une nuit avec nous deux c’est bien ça » s’exprima-t-il sur un ton exagérément sensuel. Au même moment, la cuillère qui lévitait dans les airs fût projetée sur l’arrière de son crâne. Poussant un léger cri de douleur, le maudit chercha du regard l’auteur de cette attaque. Némésis le fixait avec des flammes dans les yeux.

« Qu’est ce que tu crois que tu es en train de faire Andromède ? »

La voix du Pokemon résonnait dans son esprit. Avant même qu’il soit en mesure de lui faire signe qu’il contrôlait plus ou moins la situation, la femme lui attrapa le menton et approcha son visage du sien avant de faire une énumération d’obscénités qu’elle aimerait accomplir au cours de la nuit. Luciano jubilait, il devait déjà penser à la nuit de débauche qu’ils allaient avoir. De son côté, afin de jouer le jeu jusqu’au bout, Andromède déglutit et essaya de garder son sang froid.

« Oh et bien je suis flatté d’entendre ça. J’espère que... » Il bégaya puis enchaîna « ...que vous êtes endurante. » Il conclut sa phrase par un clin d’oeil misérablement exécuté. Luciano avait un regard lubrique et semblait déjà imaginer toutes les choses qu’ils allaient pouvoir faire pendant la nuit. Cependant, connaissant ses penchants malsains, ses pratiques sexuelles devaient être aussi tordues que lui et Andromède ne voulait pas avoir à faire à cela. Mais, avant même que la conversation ne puisse continuer, une pinte de bière traversa la salle et vint s’écraser sur le mur, aspergeant les trois amants.

« Némésis ! Es-tu folle ? » Hurla Andromède tout en se levant de sa chaise.

Le pokemon ne regarda même pas le garçon, croisa les bras, et détourna le regards comme un enfant qu’on aurait rappelé à l’ordre et qui se serait vexé. L’assaut qu’ils avaient subit avec cette pinte avait commencé à agiter la taverne. L’homme à laquelle elle appartenait était l’ivrogne de tout à l’heure qui gisait dorénavant à moitié mort sur le sol. Avec le peu de force qui lui restait, celui-ci commença à insulter la personne à sa droite pensant que celle-ci avait volé sa bière pour la lancer. Tandis ce que les autres clients se demandaient qui avait propulsé la bière à travers la salle, les deux hommes commencèrent à se battre et bientôt l’agitation gagna la foule entière.

Avec son bras en moins, le garçon ne pourrait pas se défendre dans une telle situation. Les bagarres de taverne sont bestiales, tout le monde frappe au hasard juste pour se défouler et exorciser par la violence l’alcool qu’ils ont dans le sang.

« Luciano je pense qu’on devrait sérieusement y aller ça va chauffer pour nous » déclara Andromède qui s’était déjà réfugié sous une table afin d’éviter d’être pris pour cible. Némésis ne tarda pas à le rejoindre, oubliant son caprice et serrant son dresseur dans ses bras. Les chaises volaient, les insultes fusaient, les hommes tombaient au sol alors que les femmes hurlaient de terreur. C’était le chaos. Cependant, le garçon y voyait ici un moyen de se soustraire à la nuit de débauche que son cousin avait préparé pour eux deux. Il fallait juste s’assurer de partir sans que la fille ne soit en mesure de les rejoindre quitte à la pousser dans la foule.


[Et voilà ! A partir d'aujourd'hui je peux reprendre sérieusement le RP ! J'ai 4 mois de vacances qui m'attendent ]

[Luciano di Neralitha]

Appréciant la beauté de sa nouvelle trouvaille, Luciano prit la liberté de saisir l'une de ses mèches blondes entre ses doigts pour jouer nonchalamment avec, l'écoutant parler d'une oreille distraite. Le contact physique était toujours un bon moyen de passer à la vitesse supérieure, et la chevelure, pour une femme, avait quelque chose de très érotique et de carrément sensuel, voire... Sexuel. Il n'avait pas fallu longtemps à l'Abyanais pour le découvrir, et il aimait utiliser cet atout pour arriver à ses fins. Certaines filles étaient plutôt frileuses à l'idée qu'un homme puisse entrer en contact avec leurs cheveux, mais dans l'ensemble, celles qui manifestaient déjà un intérêt pour lui étaient plutôt ravies lorsqu'il passait ses mains dans leurs mèches, qu'elles soient sages ou rebelles, d'ailleurs.

Un bruit sourd le détourna de sa conversation, et Luciano haussa un sourcil en voyant le poivrot étalé par terre. Il ne put évidemment pas s'empêcher de se fendre d'un commentaire désobligeant.

« Quel manque de classe. Lourd et puant, comment veut-il attraper quoi que ce soit ? »

Il était difficile de croire qu'autant d'orgueil et de dédain pouvaient tenir dans un seul homme, et pourtant, la preuve vivante était là, se balançant sur sa chaise en fixant la scène d'un air distrait. Son visage s'illumina d'un sourire moqueur lorsque son cousin, incrédule, réalisa la proposition qui venait de lui être faite. Le deal ne semblait toutefois pas tout à fait du goût de la Psystigri, qui fit léviter une cuiller pour cogner son maître au niveau de la nuque. Alors quoi, c'était trop chaud bouillant pour ses oreilles innocentes ? Le ton employé par Andromède était pourtant du plus bel effet, et Luciano en fut agréablement surpris. Il pouvait paraître charmant et parfaitement à sa place dans un tel trio, quand il y mettait du sien... Il en était là de ses réflexions lorsqu'une pinte de bière termina sa course à un endroit où elle n'aurait pas dû être, à savoir contre le mur adjacent au trio, arrosant copieusement les cousins et la conquête du plus âgé des deux. La mine du maudit changea du tout au tout, comme si les ténèbres en personne avaient pris possession de lui.

« Alors toi... »

Son iris bleuté s'arrêta sur la chatte, qui boudait ostensiblement. Il se leva sans prêter attention aux hurlements de son cousin, bien décidé à la faire rejoindre la pauvre boisson sur la paroi désormais tachée et trempée, mais son geste fut suspendu par Sachiel, qui s'était matérialisé et retenait la main du maître.

« De quoi tu te mêles, la gélatine ? Lâche-moi ! »

Mais Iroël fit son apparition à son tour, jetant sur Luciano un regard désapprobateur. Depuis quand ses Spectres se souciaient de savoir si l'Abyanais se comportait bien ou mal ? C'était encore une nouveauté ? La chaleur leur tapait sur le système ou quoi ? Leliel se leva promptement, prêt à s'interposer à son tour, et le noble le toisa d'un air méprisant.

« Mais tu vas pas t'y mettre, toi aussi ! »

La blonde aux cheveux de blé semblait plus impressionnée par la démonstration de celui qui l'avait conquise que terrifiée par la colère sourde dont faisait preuve le maudit. Ce dernier se figea quand il entendit Sandalphon ajouter dans son esprit un avis dont il se serait bien passé.

« Trois de tes Pokémon te retiennent déjà, tu as besoin que je m'en occupe aussi ou tu as compris l'idée ? Inutile de frapper cette pauvre créature, elle ne fait que manifester son désaccord et cherche à protéger son maître. Andromède n'a pas la carrure pour te suivre dans tes nuits de folie, et tu le sais parfaitement. »

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Cette fois, Luciano frappa du poing sur la table, agitant l'eau du verre sur la table à sa portée, à sa gauche, pour l'envoyer sur la face de ses Pokémon. Le loup blanc s'ébroua, Sachiel se contenta d'absorber le liquide, et Iroël, après un regard courroucé, se volatilisa. Autour du trio, le chaos s'était installé, des bagarres avaient éclaté dans tous les coins de l'établissement, et Andromède semblait sérieusement flippé par la tournure que prenaient les événements. La mâchoire crispée, l'Abyanais lâcha :

« Fais ce que tu veux, moi je me casse. J'ai autre chose à faire que de m'écharper avec des sagouins et des poivrots. Toi, tu bouges pas d'ici, et toi, tu me suis, vu ? »

Le premier concerné, Leliel, s'assit docilement, visiblement chargé de veiller sur le jeune manchot, et la seconde se fit embarquer sans ménagement en direction de l'étage. Cherchant du regard ses deux premières conquêtes, Luciano les trouva et leur fit signe de le suivre, et il s'éclipsa sans demander son reste avec ses proies, après avoir balancé la clé de la chambre de son cousin sur la table.

« Ta piaule, et t'avise pas de me déranger, sauf si tu veux participer. »

Visiblement, la conversation était close. Andromède était libre de quitter la salle transformée en arène si cela lui chantait, mais il n'aurait apparemment pas le loisir d'en demander davantage à son cousin, qui semblait condamné à revoir le lendemain matin.

[The fun is on o/]

[Andromède di Neralitha]

Alors que le brouhaha ambiant semblait avoir atteint son paroxysme, Luciano bouillonnait de l’intérieur. Sa colère, à elle seule, aurait pu éclipser toute la violence qui prenait place autour d’eux. Le geste de Némésis avait provoqué la fureur du garçon qui, si il n’avait pas été retenu par ses Pokemon, aurait sûrement réduit la féline en bouillie.

« Qu’est-ce qu’il t’a pris ? J’avais la situation sous contrôle ! » hurla-t-il à une Némésis paralysée par la peur et blotti contre lui, la tête enterrée dans ses vêtements. Celle-ci ne répondit pas, consciente que son geste était motivé par des pulsions plutôt que par un véritable raisonnement. Elle n’avait pas d’excuse et préférait se taire plutôt que d’attiser la colère de son dresseur.

Bon, pour l’instant le véritable problème était de savoir comment se sortir de la situation. Luciano jurait dans son coin et faisait s’agiter l’eau présente dans son verre jusqu’à en asperger ses Pokemon. Aucun n’eut de véritable réaction, comme si ils étaient habitués à ce genre de comportement venant de sa part. Alors qu’Andromède s’apprêtait à se relever et essayer de se faufiler en dehors de ce bordel, des clefs s’écrasèrent sur la table en dessous de laquelle il s ‘était caché. Son cousin lui expliqua que celles-ci ouvraient sa chambre et que, si le coeur lui en disait, il pourrait rejoindre la partie de jambe en l’air qu’il prévoyait d’avoir à côté avec non pas une mais bien trois jeunes femmes.

« Je passe mon tour... » soupira-t-il soulagé de ne pas avoir à partager une telle expérience avec un parent à lui, dérangé et sexuellement dépravé qui plus est. La démonstration de violence qui prenait place autour du garçon gagnait un peu plus en intensité à chaque seconde qui passait, des hommes s’écroulaient ensanglantés, des débris de meubles non-identifiés tapissaient le sol et des projectiles de natures diverses fusaient de part et d’autre de la salle.

L’Absol de son cousin avait reçu l’ordre de rester où il était et celui-ci réussissait, assez incroyablement, à rester en place même avec l’agitation environnante. Andromède attira son attention et lui fit signe qu’il fallait s’en aller. Ni une ni deux le Pokemon se redressa et entraîna le garçon ainsi que Némésis dans la foule. Devant eux se déroulait un spectacle d’une violence inouïe, les uppercuts étaient distribués à la chaîne, les effluves de sang aspergeaient les murs et certains hommes ne bougeaient plus. Non pas qu’ils étaient morts, mais le mélange d’alcool qu’ils avaient dans le sang couplé avec les coups reçus ne faisait pas bon ménage. Miraculeusement, ils arrivèrent indemnes au deuxième étage après avoir traversé un amas de corps ivres de violence.

Andromède jeta un coup d’oeil au numéro sur sa clef afin de savoir quelle chambre lui était assignée. A en juger par les numéros qui se trouvaient sur les portes, la sienne était située au fond du couloir. Leliel prit les devant et s’arrêta devant une chambre qui devait probablement être celle de Luciano.

« Tu es sûr que c’est bien la chambre de - » le hurlement de plaisir d’une femme se fit entendre de l’autre côté de la cloison. En effet, c’était bien les appartements de son cousin. Quelle bonne surprise fut celle de voir que la chambre du garçon était adjacente à celle de son parent. Tout en déverrouillant la porte avec la clef, Andromède  proposa à l’Absol de le rejoindre dans sa chambre afin qu’il ne dorme pas dans le couloir, mais celui-ci déclina. Très bien. Après un timide « Bonne nuit », le maudit s’engouffra dans la pièce.

Son instinct le mena vers le lit sur lequel il se laissa tomber de tout son poids. Les draps étaient souples et les coussins moelleux. A peine avait-il fermé les yeux qu’il sentait le sommeil le gagner. Il lui fallait du repos après une journée aussi riche en émotion. Quelle folie, si Némésis n’avait pas lancé cette pinte Andromède serait en train de participer à l’orgie qui prenait place derrière son mur. Peut être serait-il en train de s’adonner à des jeux sadiques au cours desquels Luciano libère toute sa créativité malsaine. Un frisson parcourut le maudit.

Les cloisons étaient fines comme du papier, il n’arrivait même pas à faire la différence entre les cris venant du rez-de-chaussez et les gémissement provenant de la chambre d’à côté. Mais, fatigué comme il l’était, aucun bruit n’aurait été en mesure de troubler son sommeil. Apparemment, Némésis était elle aussi exténuée. A peine s’était-elle allongée aux côtés de son dresseur qu’elle s’abandonna à la douce caresse de la nuit. Son pelage se soulevait doucement en diapason avec ses respirations. Elle semblait si pure alors que c’était un vrai petit démon. Son caractère bien trempé leur avait presque valut de se faire tabasser et lyncher par les habitués de la taverne. Mais sa jalousie leur avait aussi permit de semer la confusion et de sortir Andromède des griffes lubriques de Luciano.

Seul avec ses pensées, le garçon commençait à faire le point sur tous les événements qui lui étaient arrivés jusqu’à présent. Son départ d’Abyan, son errance sur le continent, la rencontre avec son cousin. C’était à ce moment que tout s’est accéléré. Les deux maudits arpentaient désormais le monde à la recherche de réponse sur Zekrom, l’idole interdite. Prochainement, le garçon obtiendrait certaines informations qui marqueront le début véritable de son périple. Il brûlait d’impatience.  

Animé par son désir de vengeance et sa haine envers le dragon d’ivoire, se savoir aussi près du but le faisait presque jubiler. Tout compte fait, il valait peut-être mieux pour Luciano qu’il n’ait pas accès aux recoins les plus noirs de sa conscience. Il rêvait de pouvoir s’occuper lui même des oppresseurs adeptes de cet oiseau blanc de pacotille, le même qui a apporté damnation sur sa famille et qui a par la même occasion ruiné sa vie. L’apparence extérieure d’Andromède était bien moins inquiétante, mais des années de violence et de traumatisme ne disparaissent pas comme elles sont apparues. Bercé par les jurons des ivrognes et les cris de jouissances de son cousin et de son harem, Andromède se retrouva bientôt dans le monde des rêves où, dans celui-ci, les personnes lui ayant fait du mal connaissaient un sort pire que la mort.

[Et voilà ! Dark Andromède dans la place o/ je demande la notation et on retrouve nos maudits préférés au salar !]

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