Re: [ Clos ] Bienvenue au temple ! [Chad / Alice]

[Chad Kehr]

La vision d’Alice est d’un étrange ! Plus elle m’explique, moins je comprends. Mon sourcil se hausse peu à peu tout du long, ne redescendant qu’aux moments les plus clairs de son discours pour remonter aussitôt. Là où elle n’a pas tort, c’est que mon bordel de guérisseur, ça me servira toujours, j’vais pas le renier comme un idiot. Surtout que même elle le dit : j’suis plutôt doué pour ça ! En revanche, je peux affirmer que je profitai à peine du présent enfermé dans l’orphelinat, contrairement à ses camarades qui semblent apprécier leurs rôles. Ce n’est pas pour rien que j’suis là aujourd’hui !

Ce long discours enfin terminé, je devrais m’en faire une idée. Si j’ai bien compris, elle a fusionné ce qu’on l’obligeait à faire et ce qu’elle aimait faire, jusqu’à donner la personne face à moi ! Du coup, ce n’est ni la vraie, ni la fausse, c’est… c’est une méditationneuse ! Faut croire que ça sert à ça, la méditation, à devenir quelqu’un d’autre ! Je ricane intérieurement : je n’ai pas besoin de ça, moi, j’suis très bien comme je suis !

Alors que je me demandais ce qu’elle comptait faire de mon défi, après tant d’explication, la voilà qui m’annonce vouloir dévoiler l’un des secrets du temple ! Aucune chance que je dise non, ne serait-ce que par curiosité. D’un pas discret, je m’approche en vérifiant aux alentours qu’aucune oreille belliqueuse ne nous surveille. La voie est libre ! Je tends l’oreille…

Hein ?

Je porte une main à ma joue, perplexe et l’esprit embrumé par un Yvain qui roucoule de moqueries entre mes bras. Qu’est-ce qui vient de se passer ? On était en train de parler, de débattre, et là, d’un coup…
Mon regard dévie vers son sourire. Je sens le rouge me monter aux joues, porté par un bégayement idiot. Je reste ainsi une bonne minute, impuissant devant sa question avant d’enfin m’arracher les cheveux – presque littéralement – en pestant :

— Raaah, j’sais pas ! Hâmon, répond !

Je pointe le Moufouette du doigt. Celui-ci bondit en arrière de surprise, se rétabli de justesse contre un mur et se repropulse aussitôt pour courir dans tous les sens entre Alice et moi, bientôt rattrapé par un Yvain enthousiaste – dont le mal de ventre s’est subitement envolé –.

— Vous ne m’aidez pas les gars !

Bien sûr, ils s’en fichent. J’suis seul dans ma galère avec cette… gentille ! Mignonne ! Et plein d’autres mots qui viennent gonfler ma frustration actuelle d’incohérences. Allez, on se reprend ! Je croise les bras, et redresse la tête pour retrouver un chouilla de fierté malgré mon visage brûlant de honte. Et surtout, ne pas croiser ses yeux ! Je lève les miens vers la gauche, mimant du regard le vol d’un Poichigeon passant par là pour éviter une rechute à la vue d’Alice tandis que mon timbre hasardeux prononce :

— J’vais y réfléchir ! C’était une super visite et euh, très cool le temple, hein !

OUI, je fuis ! Mais chut, faut pas le dire ! Je pivote dès ma phrase terminée, reportant mon regard droit devant en espérant qu’aucune phrase ne viendra m’interrompre. Devant moi, Hâmon vient d’achever sa folie passagère et me lance un regard curieux, l’air de vouloir savoir où nous allons. C’est ainsi qu’Yvain, lequel s’est fait un devoir d’attraper le putois, arrive à ses fins. Il a bondi sur la boule de poils mauve, jusqu’à atterrir en plein sur son collier de fleurs.
Mon cœur ne fait qu’un tour. Je m’en retourne vers le temple et hurle aussitôt :

— À COUVERT !

Et sans réfléchir une seule seconde, je me jette sur Alice pour la plaquer au sol. Dans mon dos, le nuage nauséabond tant attendu s’étend déjà en direction des cieux, prêt à faire dégobiller quiconque aurait la bonne idée d’en respirer les vapeurs. À n’en pas douter, j’en connais un qui regrette déjà son geste ! Oh, deux en fait. Pourquoi j’ai fait ça, moi ?