[ Clos ] La maison familiale [Hugo/Silver]

[Silver Belister]

« Je n’ai toujours pas reçu votre réponse à notre proposition. Prenez votre temps, votre offre n’est pas limitée dans le temps. Si vous êtes toujours intéressé, envoyez simplement votre réponse à « Margaret », à la consigne du bureau de poste de l’île de la demi-lune. J’y passe régulièrement pour relever mon courrier. Sincèrement vôtre, Margaret ».

Silencieux, je relus le mot deux fois avant de commencer à réfléchir à son contenu. Ave ce que j’avais vécu ces derniers mois, la proposition de Margaret de rejoindre sa compagnie de mercenaires-magiciens m’était sorti de la tête. Dans l’idée, cela pouvait toujours m’intéresser, si le mercenariat ne me demandait pas d’effectuer des missions contraire à mon éthique et si ces dernières me laissaient du temps à passer avec ma sœur et mes Pokmon, et pour préparer mes spectacle de magie, car il était hors de question pour moi d’abandonner l’un d’entre eux ou la scène ! Mais pour les rejoindre, Margaret et son groupe m’avaient laissé entendre que je devais me spécialiser dans le type poison. Or, cela n’était plus du tout dans mes plans.

Le mot m’avait été apporté un peu plus tôt par un vaillant petit Baudrive – à n’en pas douter un des Pokémon de Margaret, qui était spécialiste des spectres – qui avait bravé le froid et le vent des Monts Tempête pour apporter la missive jusqu’à ma pension. Rien d’étonnant puisque sa dresseuse avait lu mes pensées lors de notre rencontre et savait donc où se trouvait ma maison. La chance qu’avait eu le ballon, c’était de m’avoir trouvé là-bas, car je n’y étais pas tous le temps en ce moment. Je faisais pas mal d’allers-retour entre ma garderie dans les montagnes et l’arène de ma sœur à Alfen. Puis le Baudrive était reparti aussitôt, avant même que j’aie eu le temps de lire son message. Margaret se doutait probablement qu’il me faudrait le temps de la réflexion pour lui répondre…

« Un Spinda qui court un marathon !
- Mais non ! C’est une Ecremeuh qui se prépare à utilise Roulade !
-… Mais vous le faites exprès ! Ca se voit que c’est Silver qui danse quand il est bourré, non ? »

Entendant mon nom, je levais enfin mes yeux du papier. Caillou Galaxia et Jester jouaient à projeter des ombres sur le mur devant moi et tandis que l’un créait l’illusion, les deux autres devaient deviner de quoi il s’agissait. Si pour les deux spectres, l’exercice de projection était tellement facile qu’ils n’avaient même pas besoin de feu pour modeler des ombres grâce à leurs attaques, la petite Tarsal devait redoubler d’imagination pour ses propres créations, même si elle était aidée par le soleil qui filtrait légèrement à travers la fenêtre, offrant une source de lumière parfaite pour le jeu. Pour le reste, elle se débrouillait en déplaçant des objets à travers la pièce pour reconstituer aussi fidèlement que possible ce qu’elle avait à l’esprit. Pour l’avoir observée quelques minutes au début de la partie, je devais reconnaître qu’elle savait s’y prendre, mais cela n’était pas sans conséquences : les objets présents lévitaient régulièrement dans la pièce au gré des besoins de la fée et j’avais déjà failli me faire assommer par un tabouret volant deux fois, trop occupé à lire et à réfléchir pour le voir venir.

« Pff… Continuez tous les deux, je fais une petite pause, je vais essayer de convaincre Monsieur Sérieux de jouer avec nous !
- Ca marche ! »

Et Galaxia pris le relai de l'Ectoplasma, ce qui se matérialisa par un nouvel objet léviatant à travers la pièce jusqu’à se placer devant le rai de lumière. Cette fois, il s’agissait d’un simple tapis. Tant mieux, moins de risques en cas de choc !

Connaissant Jester, je savais qu’elle avait probablement arrêté parce qu’elle avait été vexée que personne ne devine son ombre… Ce qui était plutôt une bonne nouvelle pour moi. Mais à ma grande surprise, elle me demanda simplement :

« Alors, tu viens jouer avec nous ? Allez, lâche un peu ce papier, tu le connais par coeur maintenant et le garder en main ça va pas t’aider à réfléchir mieux !
-Je crois… Que tu as raison. Je n’ai aucune raison de me presser ! »

Pour une fois, je n’en voulut pas à Jester d’avoir lu mon esprit sans mon autorisation. Son conseil était judicieux et je savais qu’elle ne pensait pas à mal. De manière plus générale, je la trouvais beaucoup plus mature ces derniers temps… Même si elle gardait son côté potache !

Mais alors que Caillou venait de deviner avec succès la forme de Galaxia – Un Limonde qui faisait le poirier – un bruit sourd se fit entendre à l’extérieur. Aussitôt, Caillou s’excusa et disparut à travers le mur. L’éboulement qu’il venait d’entendre l’intéressait au plus haut point… Comme tous les précédents ! Ils étaient plutôt courant par ici tout en étant assez éloignés pour que la pension ne risquât rien.

Lorsque Margaret et ses acolytes avaient téléporté tous mes Pokémon sauf Jester chez moi en guise de rituel d’admission dans sa bande de mercenaire, Caillou avait eu tout loisirs d’explorer les montagnes alentours… Et d’en étudier les roches qui le fascinaient tant, pour son plus grand plaisir ! Je soupçonnais d’ailleurs un fort traumatisme d’être à l’origine de la vénération quasi religieuse dont faisait preuve le petit fantôme envers ses minéraux favoris.

Bis le Doduo s’amusait à courir en cercle le plus vite possible derrière la maison, Félicie était en ce moment à l’arène de Violette avec sa sœur et Fiesta n’était pas là. Caillou m’avait expliqué qu’il avait trouvé une place dans un orchestre qui acceptait tous les musiciens, tant humains que Pokémon. Le ballon musicien avait donc accepté leur invitation avec joie et il était en ce moment en train de répéter avec eux non loin de Payan d’après ce que Caillou m’avait expliqué. Quant à Nelly, ma mère de coeur, qui s’occupait de la pension en mon absence, elle avait pris quelques jours de congés comme elle savait que je devais passer. Mais elle rentrait normalement aujourd’hui pour passer ensuite quelques jours avec moi. Ce serait un séjour plutôt calme puisqu’il n’y avait pas d’autres pensionnaires que mes Pokémon en ce moment.

Mais alors que j’allais rejoindre Galaxia et Jester devant le mur pour remplacer Caillou comme troisième joueur au jeu des devinettes, ce dernier nous envoya à tous les trois un drôle de message psychique :

« Eh, venez voir ! Dehors ya quelqu’un qu’on connaît ! »

Nelly déjà de retour ? Dans sa dernière lettre, elle m’avait indiqué qu’elle rentrerait aujourd’hui mais à la tombée de la nuit, et nous n’étions qu’en fin de matinée ! Quoi qu’il en soit, Caillou semblait content de son annonce, le mystérieux visiteur ne devait donc pas être une mauvaise surprise ! Ceci dit, aucune autre idée ne me venait spontanément sur l'identité de cette personne. Les visites étaient rares par ici.

D'un regard, les deux Pokémon restants et moi décidâmes de mettre la partie en pause le temps de sortir pour voir qui était notre mystérieux visiteur que nous connaissions déjà...

[Hugo]

Le soleil était au beau fixe quand Hugo et Sophos arrivèrent au pied des Monts Tempête. Une légère brume entourait les flancs des différentes montages et l’humidité ambiante hérissait le poil du félin. L’élémancien profita de la météo clémente au pied des Monts pour y faire une dernière pause avant d’entamer leur ascension. L’air frais picotait les poumons de l’humain à chacune de ses respirations, et il adorait ça. Le nez rougi par le froid, il se moucha de manière peu gracieuse avant de fourrer le bout de tissu au fond de sa poche. Il s’avança alors vers la souche d’un arbre abattu il y’a de ça plusieurs décennies et y posa ses deux gros sacs qu’il portait depuis qu’il avait quitté son auberge la veille. Il se mit à en déballer le contenu : de quoi manger pour lui et ses compagnons de route.

Alors qu’Hugo s’affairait à distribuer la nourriture entre les différents contenants pliants qu’il avait emporté avec lui, le félin se laissa tomber au sol et roula sur son flanc, faisant dos à son dresseur. Depuis que le Terrosien avait annoncé leur retour dans ce que son Persian considérait comme des montagnes maudites, ce dernier ne cachait pas son mécontentement. Il laissait sortir des grognements à peine dissimulés à chaque fois qu’Hugo tentait de lui adresser la parole et feignait l’indifférence le reste du temps. Bien que ce comportement était bien loin des habitues du félin, le blond se montrait compréhensif. Et pour cause, la dernière fois que Sophos et son dresseur s’étaient retrouvés dans les Monts Tempêtes, le Pokémon avait manqué de mourir de peu, trop peu à son goût, emporté par un glissement de terrain. Il avait été sauvé in-extremis par le Terrosien et sa maîtrise des plantes dont il ignorait tout avant ce moment précis.

« Je sais bien Sophos, je t’avais dit qu’on ne reviendrait jamais ici… Mais la dernière fois qu’on a approché les monts tempêtes, c’était y’a plus de 4 ans. Les choses ont changé depuis, tu ne penses pas ? »

Et quand Hugo parlait des choses, il parlait en réalité de lui. Il avait changé. Il était même transformé. Il n’était plus le jeune homme épris et amoureux qu’il était à l’époque. Il n’était plus la loque trop portée sur la bouteille qu’il a pu être également. Il n’était plus le jeune élémental qui tremblait à l’idée d’entrer en conflit, ni celui qui manquait de confiance en lui et ses capacités. Il avait mûri, et de jeune homme, il était passé à adulte.

Ce changement ne se fit pas en une nuit bien sûr. La disparition de Violette, sa descente aux enfers, les différentes aventures qu’il vécut depuis plusieurs années,… tout ça participa à son changement. Mais ce qui le transforma réellement, c’était la guerre qui avait ravagé le continent il y’a de ça plusieurs années. Le blond avait intégré les rangs terrosiens… Du moins, on l’y avait intégré, sans vraiment prendre en considération son avis. Mais le fait qu’Hugo était répertorié comme élémancien dans les bases de données militaires avait suffi pour que sa présence soit requise sur le champ de bataille. La Première Guerre lui avait pris sa mère sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit pour la protéger. Il était bien décidé à se rendre utile cette fois-ci et qui sait ? Le blond a peut-être évité à d’autres petits Hugo de subir le même sort et de se retrouver orphelin à leur tour. C’était du moins ce qu’il espérait. C’était ce dont il avait besoin de se raconter pour dormir la nuit, pour accepter et rationaliser l’horreur qu’il avait vécu et à laquelle il avait participé.

Une fois que la paix, aussi fragile soit-elle, régnait à nouveau sur le continent, Hugo avait décidé de quitter son pays natal. Du moins pour le moment. Il fit un premier saut à Mizuhan, où il retrouva Léanne, sa mentor et ange gardien. Bien des années s’étaient écoulées depuis l’époque où il avait rencontré son aîné et où il était son patient. Et le temps ne l’avait pas épargnée. Ses cheveux gris qui, autrefois, luisaient au soleil tels une lame d’épée polie faisaient maintenant place à une crinière blanche. Les marques du temps étaient de plus en plus marquées sur son visage, et sa posture n’était plus aussi droite qu’avant.

Hugo posa ses affaires à Arkan une année, essayant de se rendre le plus utile possible à la guérisseuse, et à Juliette, son apprentie. Les deux femmes ont passé des mois à traiter des patients qui nécessitaient leurs soins pour traiter leurs blessures de guerre. Soldats et civils se succédaient dans leurs bains thérapeutiques. Les estropiés se suivaient et se ressemblaient. Ils étaient tous différents, bien sûr, mais ils avaient tous un point commun. Ils lui rappelaient la guerre. Le sang, les blessures et la mort.

Après avoir passé un an à Arkan, Hugo décida qu’il était temps pour lui de mettre les voiles. Lors d’un repas partagé par les trois amis, le Terrosien annonça la nouvelle. Les deux femmes échangèrent un regard complice et lui annoncèrent qu’elles savaient qu’il n’allait plus rester. Le blond embrassa les maîtres de l’eau et le lendemain, le Roigada de Juliette le téléporta au service de location d’Airmure le plus proche. Et c’est ainsi qu’il décida de mettre le cap sur le seul endroit de Nalcia qu’il connaissait, les Monts tempêtes. À partir de là, il lui suffirait de suivre le nord pour traverser le pays.

Après avoir partagé un repas avec ses Pokémon et après leur avoir laissé le temps afin de se dégourdir les pattes, Hugo rappela la plupart de ses compagnons dans leur Pokéball à l’exception de son fidèle Persian.

« Tu vas continuer à bouder longtemps ? Si c’est le cas, je te rappelle dans ta Pokéball et je fais l’ascension tout seul. »

Le dresseur eut pour seul réponse un regard noir qui pouvait se traduire par « essaie si tu l’oses » avant que son Pokémon ne se mette en route sans même attendre son dresseur. Hugo sourit quand il vit la queue de son félin battre l’air. Sophos ne restait jamais très longtemps en colère, et quand c’était le cas, un peu de nourriture le rendait généralement de meilleure humeur.

Les deux comparses entreprirent l’ascension des Monts tempêtes et après deux heures de marche à bon rythme, Hugo commença à fatiguer. Le dresseur creusa une banquette dans le versant de la montagne qu’ils étaient occupés de gravir pour qu’il puisse s’asseoir et se reposer un peu. Tout en épongeant son front avec la manque de son vêtement, Hugo demanda à son Persian :

« Tu te rappelles ? La dernière fois qu’on a eu un accident ici, c’était sur une corniche un peu similaire. »

Sophos émit un feulement rauque, preuve qu’il s’en souvenait très bien mais qu’il ne voulait pas en parler. Le dresseur comprit le message et se contenta de caresser la tête de son compagnon avant de fermer les yeux et de profiter du calme absolu qui régnait dans les environs. Le repos ne fit que courte durée car quand il ferma les yeux, Hugo prévit un éboulement dans les minutes à venir. Un affrontement de ce qu’il devinait être des Galegon prenait lieu au-dessus d’eux et la terre sur laquelle ils se battaient commençait à s’affaisser. Ils avaient quelques minutes pour quitter les lieux avant de se retrouver pris dans l’éboulement.

Hugo ne prit pas le temps d’expliquer la situation à son compagnon et sortit directement sa Pokéball avant de l’y rappeler. Il se mit ensuite à courir et une minute plus tard, la corniche sur laquelle il se reposait était emportée par un éboulement comprenant plusieurs Galégon, roulés sur eux-mêmes. L’élémancien prit quelques secondes pour reprendre son souffle, se retourna et recréa une corniche à l’aide de sa géokinésie. Large d’un mètre cinquante, elle permettra à d’autres personnes de s’aventurer dans les Monts tempêtes sans avoir à opérer un demi-tour une fois arrivées ici.

Hugo reprit alors sa route et après quelques petites minutes, il arriva sur un grand plateau surplombant le versant de la montagne qu’Hugo gravissait. De la taille d’un hameau, le plateau paraissait à priori désert, une seule maison ayant résistée au temps. Cependant, un Doduo courant autour de la demeure trahissait une présence humaine. Alors qu’Hugo s’avançait vers cette bâtisse imposante, un Skélénox en sortit à toute vitesse et fonça droit vers lui. Le spectre fit sursauter Hugo qui dressa une paroi de roche face à lui par réflexe. Mais le fantôme, lancé dans sa course, n’en n’avait que faire et Caillou traversa, et la paroi, et Hugo.  

Confus par l’expérience qu’il venait de vivre, le maître de la terre fit retomber sa paroi au sol et regarda le spectre continuer sa course avant que celui-ci ne s’arrête, se retourne et le dévisage. Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait un Skélénox, mais il n’arrivait plus à se remémorer s’il en avait déjà rencontré un qui avait été capturé par un dresseur. Ne sachant pas à quoi s’attendre, Hugo fixa le spectre, essayant de suivre l’œil lumineux qui se baladait derrière son masque. Finalement, l’humain décida de briser le silence.

« On se connait ? »

[Silver Belister]

[Sauf mention contraire, tu peux considérer que les Pokémon de Silver sont audibles par tout le monde avec leurs pouvoirs psy.]

L’arrivée du jeune homme avait suffisamment surpris Caillou pour qu’il se retourne pour l’observer juste après l’avoir traversé. A la question qu’il lui posa, le fantôme en déduisit que l’humain ne le remettait pas, mais lui se souvenait très bien du jeune homme et pour cause : il n’oubliait aucun détail des journées où ils découvrait de nouvelles pierres intéressantes. Et le jour où Silver avait rencontré ce garçon, Caillou avait fait des découvertes très intéressantes !

Il prévint donc son dresseur et les autres de sa rencontre, avant de prendre un air amusé suite à la question du maître de la terre et lui répondit non sans humour :

« Ca veut dire quoi, on se connaît ? Tu veux savoir si je connais ton plat préféré ? Alors la réponse est non ! Mais si tu veux savoir si on s’est déjà croisé, alors la réponse est oui ! »

Le temps que le magicien arrive, le spectre consentit même à donner un indice supplémentaire au jeune homme :

« Moi, je m’appelle Caillou. Il y a quatre ans, c’est dans ces montagnes que tu as passé ton épreuve d’elémancien, pas vrai ? »

Et il laissa le jeune homme réfléchir tandis que le trio faisait son apparition en passant à travers le mur de la maison comme lui l’avait fait un peu plus tôt – sauf Galaxia qui se téléporta directement dehors à proximité des deux autres. De toute façon, le Skélénox n’avait jamais compris l’intérêt des portes !

***

« Oh ! Mais regardez qui va là ! Hugo, c’est ça ? »

A la vue du nouvel arrivant, le sourire habituel de Jester s’était encore élargi. Apparemment, elle était contente de revoir ce jeune homme. Il me fallut un peu plus de temps pour m’en souvenir mais cela n’avait rien d’étonnant : elle avait toujours eu une mémoire meilleure que la mienne. Et puis, pour ma défense, le maître de la terre avait pas mal changé depuis notre dernière rencontre. Ses cheveux étaient aussi blonds que dans mes souvenirs, mais ses traits semblaient plus affermis qu’autrefois et je distinguais dans ses yeux une étincelle que j’étais certain de ne pas avoir aperçue la dernière fois. Même sans utiliser mes pouvoirs, je savais dire que le jeune homme avait mûri. La présence d’un Persian à ses côtés ne m’étonna pas. Je l’avais probablement aperçu lui aussi, même si je ne me souvenais pas de son nom.

Et moi alors, serait-il capable de me reconnaître ? J’avais pas mal changé tant physiquement que mentalement depuis notre épreuve ! A l’époque je ne me séparais jamais de mon costume de scène et je portais les cheveux courts. Aujourd’hui, ma queue de cheval arrivait au milieu de mon dos et j’avais adopté le kimono depuis un petit moment. Bref, mieux valait prendre les devants.

« Salut Hugo ! C’est moi, Ombre le magicien. Mais tu peux m’appeler Silver, c’est mon vrai nom. On s’est rencontré sur cette montagne un peu à l’est d’ici pour une épreuve d’Elemancien ! Tu te souviens de Jester ? Ce n’était qu’une Fantominus à l’époque... La Tarsal s’appelle Galaxia et le Doduo qui court là derrière, c’est Bis.
- T’inquiète pas, je vais lui rafraîchir la mémoire ! »
Puis à Hugo : « Alors tu me remets ? »

Et elle s’amusa à entrer dans le sol puis à modeler son ombre pour qu’elle devienne la copie conforme de celle d’Hugo, avant de lui faire faire un numéro de claquette plutôt réussi. Elle maîtrisait ce petit tour de mieux en mieux. Alors qu’elle réapparaissait à la vue de tous, Galaxia en profita pour se présenter à Hugo, puisque les deux ne s’étaient jamais vus.

« Moi c’est Galaxia, enchantée ! Si tu as rencontré Silver il y a quatre ans, c’est normal qu’on se soit jamais vu, j’ai rejoint son équipe il y a seulement quelques mois. »

Est-ce que j’étais réellement heureux de recroiser Hugo ? Même si nous avions au final peu échangé durant notre épreuve – essentiellement des rochers et des bourrasques ! - la simplicité du jeune homme m’avait fait bonne impression. Et malgré la maturité acquise, il semblait n’en avoir rien perdu aujourd’hui. Mais surtout, la présence d’Hugo me rappelait des temps qui ajourd’hui me paraissaient extrêmement reculés. Une époque où tout était à la fois plus simple, et plus limité. Je voulais alors « simplement » devenir le plus grand magicien d’Erasia et l’élémancie n’était qu’une étape sur ma route. Jester, Caillou, Fiesta, Félicie et moi enchaînions spectacles sur spectacles et répétitions sur répétitions, mais malgré la somme de travail, nous étions heureux. Non pas que nous ne l’étions plus aujourd’hui mais les choses avaient changé : comparé à avant, je ne donnais quasiment plus de spectacles en salle, je m’étais essayé à toutes formes de prestidigitation avant de finalement décider que je n’avais pas besoin de me spécialiser et que je pouvais aller à mon rythme. A l’époque, je faisais des concours aussi, mais ces dernières années, le besoin d’avoir en permanence un large public devant qui faire mes tours s’était fait de moins en moins pressant. Je n’avais plus l’impression de devoir absolument accomplir un but.

Aujourd’hui, les choses étaient plus calmes, plus posées, et plus harmonieuses. A l’époque, je n’aurais jamais pensé pouvoir prendre du plaisir à une vie plus sédentaire, simplement ponctuée entre les allers-retours entre Alfen et ici… Je n’aurais jamais cru pouvoir retrouver une relation avec ma sœur ou Nelly d’ailleurs. Et puis, mes Pokémon étaient toujours là et certaines s’étaient même rajoutées au groupe ! Et puis en soi, rien ne m’interdisait de reprendre le voyage, les spectacles ou les concours, je n’en avais juste pas envie pour le moment... Aujourd’hui aussi j’étais heureux mais… Différemment…

Tout à coup, un détail me fit sortir de mes considérations révêuses : je n’avais toujours pas expliqué  à mon visiteur pourquoi j’étais sorti – en passant par le mur – de la maison voisine ! Je réparai donc cet oubli :

« Tu dois te demander ce que je fais ici ? En fait, cette maison est celle de ma famille et c’est moi qui m’en occupe aujourd’hui. Je l’ai reconvertie en pension et j’accueille surtout des Pokémon Spectre et Psy . D’ailleurs ça te dit d’entrer ? Vu ta tête, tu viens tout juste de terminer ton ascension, je me trompe ? Crois-moi, tu seras mieux à l’intérieur pour te reposer ! »

Et d’un geste de main, je l’invitai à me suivre en direction cette fois-ci de la porte. Un minimum de tenue était nécessaire devant les invités ! Cette dernière n’étant pas fermée à clé, je l’ouvris et y pénétrai le premier… Pour me rappeler que la pièce était dans un sacré désordre suite au jeu de mes Pokémon ! Les meubles avaient été déplacés dans tous les sens et gisaient dans les positions les pus incongrues ! Les seuls mobiliers qui n’avaient pas bougé étaient la chaise et la table sur lesquelles j’avais étudié la missive un peu plus tôt – missive que j’escamotais dans la manche d’un kimono d’un geste de main bien placé au-dessus de la table. J’avais relativement confiance en Hugo mais cette affaire ne regardait que moi pour le moment.

Heureusement, Jester et Galaxia étaient resté avec moi et en quelques minutes, elles m’aidèrent à tout remettre en ordre avec leurs pouvoirs psy. Enfin, je pus inviter à entrer après lui avoir présenté mes excuses pour le désordre. Je lui indiquai qu’il pouvait prendre place non pas sur une chaise en bois mais sur un des deux gros fauteuils rembourrés en laine de Wattouatt recouvert de cuir de Tauros qui trônaient devant un âtre éteint. Heureusement, en cette saison estivale, le chauffage n’était plus nécessaire… En tout cas en journée.

Les pieds des deux fauteuils reposaient sur un vaste tapis lui aussi en laine qui était parfait pour accueillir les Pokémon. D’ailleurs Galaxia et Jester ne se firent pas prier pour s’y installer après avoir tout remis en place. Caillou lui s’excusa et choisit de ressortir, irrésistiblement appelé par l’éboulement qu’il avait entendu un peu plus tôt. De mon côté, je pris place dans le premier fauteuil, invitai le jeune homme à en faire de même et relançai la conversation :

« Et voilà, c’est là que je vis… Enfin, en ce moment je partage mon temps entre Alfen et ici. Il n’y a a pas de pensionnaires pour le moment, je me conte de veiller sur la maison le temps que la gardienne qui s’en occupe d’habitude rentre de voyage. Et toi alors ? Qu’est-ce qui t’amène dans ces montagnes ? »

[Hugo]

Sophos surgit hors de sa Pokéball quand le fantôme répondit à la question d’Hugo. Le félin connaissait l’hostilité que ce dernier ressentait en règle générale pour les discussions télépathiques. Alors que le Pokémon fixait son dresseur du regard pour voir comment ce dernier réagissait, l’humain se contenta de lui tendre la main et de lui caresser instinctivement le haut du crâne. Ce geste, à priori anodin, avait une véritable vertu apaisante pour Hugo. Le dresseur n’avait en réalité jamais été très porté sur les Pokémon psy et spectre. Le fait que ces derniers peuvent potentiellement lire ses pensées le dérangeait profondément. Le blond voulait préserver ce jardin secret de potentielles intrusions d’autrui.

Sa position à ce sujet s’était cependant assouplie au cours des années, notamment au contact de Doc, la Kirlia de Violette, mais également le Roigada de Juliette qu’il avait fréquenté quotidiennement cette dernière année. Hugo s’était lié d’amitié avec le pachyderme et la source infinie de savoirs qu’il constituait. Le blond avait passé des nuits entières, à la belle étoile, à écouter les récits et divers mythes que Roigada lui comptait, pendant qu’il lévitait au milieu des étoiles.

Hugo revint à ses esprits quand le Skélénox évoqua son épreuve d’élémancien qu’il avait effectivement passé dans les environs. Comment ce Pokémon, qu’il n’arrivait pas à remettre, pouvait connaître cette information ? Serait-il déjà occupé de fouiller les souvenirs du maître de la terre ? Non, Hugo ne ressentait aucune présence inhabituelle dans son esprit. Le blond se rendit à l’évidence : sa mémoire lui jouait des tours. Il l’avait probablement rencontré mais rien n’y faisait, il ne souvenait pas du Skélénox, pourtant plein de répondant et de répartie.

« Désolé, Caillou… Je ne me souviens p- »

Le jeune homme ne termina pas sa phrase quand il entendit une voix masculine derrière lui, le faisant sursauter. Bon sang, pensa le dresseur. Lui qui s’attendait à ne croiser personne dans cette montagne, le voilà maintenant entouré de plusieurs Pokémon et de celui qui apparaissait être leur dresseur. Le Terrosien ne les reconnaissait pas. Pourtant, eux, semblaient le connaître. Après avoir récupéré un peu de contenance - Hugo était quand même soulagé de ne pas avoir laissé échapper un cri – le blond se mit à analyser l’homme qui faisait face à lui.

L’inconnu, qui devait être un peu plus âgé que lui, le surplombait de plusieurs centimètres. Ce dernier regroupait dans une queue de cheval sa chevelure noire de jais et avait revêtu ce qu’Hugo devina être un kimono de très bonne qualité. Son attitude se voulait bienveillante et le dresseur le sentait sincère. Les possibilités quant à son identité étaient peu nombreuses étant donné que la personne qui avait encadré son épreuve était une femme. Il ne restait qu’un candidat potentiel, Ombre, le magicien maître de l’air qui avait passé l’épreuve en même temps que lui. Mais la personne qui se tenait face à lui était très différente aux premiers abords de celle qu’il avait rencontré lors de cette journée spéciale. L’homme paraissait plus sobre, plus calme aussi. Moins extravagant. Mais les traits du visage de l’étranger paraissaient suffisamment similaires aux souvenirs qu’il avait de son adversaire d’un jour pour qu’il s’agisse effectivement de la même personne.

L’inconnu déclina alors rapidement son identité, et confirma les soupçons du blond par la même occasion. Il s’agissait bien d’Ombre, ou du moins de Silver, c’est comme ça que le prodige de la magie voulait qu’on l’adresse. Hugo en prit note et le gratifia d’un grand sourire.

« Salut, Silver ! Le monde est petit, c’est fou. Comment tu vas depuis tout ce temps ? Tu te souviens de Sophos, mon Persian ? Il était présent ce jour-là. » Hugo ne manqua pas de saluer chacun des Pokémon du magicien, en finissant par Galaxia, la Tarsal. Il avait bien connu cette espèce au cours de sa relation avec Violette et savait à quel point ces créatures peuvent être sensibles aux émotions de ceux qui les entoure. Il s’efforça à deux fois de ne pas laisser paraître son malaise face aux pouvoirs de la fée.

L’élémancien de terre apprécia le petit spectacle offert par Jester que l’humain replaçait désormais dans son contexte. Elle aussi avait bien changé en quelques années, et si Silver paraissait plus calme, son Ectoplasma paraissait plus enjouée que jamais. Elle avait reproduit diverses situations qui s’étaient déroulées il y’a de ça plusieurs années avec une précision déconcertante. Il applaudit timidement la prestation du spectre une fois que celle-ci avait fait tomber un léger rideau de terre au sol, signifiant la fin de son acte.

Un peu plus à l’aise, Hugo accepta la proposition du maître de l’air. Après tout, un peu de repos ne lui ferait pas de mal. Il avait beau être un maître de la terre, et donc dans son élément en pleine montagne, il avait encore du mal à gérer les vertiges que peuvent provoquer un changement d’altitude trop brutal. Il demanda par précaution si Sophos pouvait entrer également ou si l’hôte préférait que le félin reste dehors. Une fois que ce dernier confirma que la présence du Persian ne posa pas de problème, Hugo emboîta le pas de Silver, se laissant embarquer dans une situation qui lui paraissait un peu rocambolesque. Quelles étaient les probabilités que celui avec qui il avait passé son épreuve d’élémancien il y’a de ça plus de 4 ans habitait justement à cet endroit ? Bon, c’est peut-être la raison pour laquelle avait eu lieu ici, justement. Hugo avait toujours trouvé ça curieux qu’on lui demande de se déplacer jusqu’à Nalcia, sachant qu’il allait être enrôlé dans l’armée Terrosienne. Mais assez avec les questions ! Cette épreuve avait eu lieu il y’a de ça plusieurs années, il n’allait pas en ressasser tous les détails.

Le maître de la terre fut surpris en apercevant le désordre à l’intérieur de la propriété de Silver une fois que ce dernier ouvrit la porte. Ce dernier paraissait si propre sur lui, tiré à quatre épingles, il avait du mal à imaginer qu’il puisse vivre dans une demeure sans dessus dessous. Mais le fait que les Pokémon du Nalcien mirent la main à la pâte et qu’en quelques secondes, les pièces à vivre étaient à nouveau en ordre laissait penser que le désordre ne restait jamais très longtemps. Alors que le Skélénox s’excusa et se dirigea à nouveau vers l’extérieur, Hugo prit la liberté de lui donner quelques indications quant à la direction de l’éboulement dont il avait été témoin il y’a de ça quelques minutes.

« Elle a eu lieu un peu plus bas en contrebas, à environ 500 mètres, pile à l’endroit où j’ai creusé une banquette à l’intérieur du flanc de la montagne. Tu ne peux pas la rater. »

Le blond imita alors le brun et s’assit face à lui tandis que son Persian s’allongea sur ses pieds. C’était donc une pension… Lui aussi, s’il le voulait, pouvait en ouvrir une petite. Son grade de ramasseur le lui permettait. Mais jamais il n’en n’avait ressenti le besoin jusqu’à maintenant. Il ne se fermait pas à cette possibilité, au contraire, il aimerait probablement ça. Mais ça serait pour plus tard, pensa le blond, quand il aura un vrai chez lui.

« Qu’est ce qui m’amène ici ? Ça risque de prendre du temps de tout expliquer. Mais pour faire court, j’avais besoin de changement. Tu le sais, je suis Terrosien d’origine et j’y ai vécu la grande majorité de ma vie. J’ai voyagé quelques années, puis la guerre a frappé mon île natale. On a réquisitionné ma présence et j’ai participé aux batailles pour la défendre et… » Hugo s’arrêta là avant de trop en raconter. Ombre n’avait pas besoin de tous les détails des atrocités auxquelles il avait assisté. Si ça se trouve, le magicien n’avait pas pris part aux différentes batailles. De plus, un nouveau mouvement pacifiste se rependait un peu partout sur le continent, et de plus en plus de personnes adhéraient à l’idée que la guerre était ni plus ni moins qu’un jeu de pouvoir entre de riches qui considéraient les civils et soldats comme de la chair à canon. Ne connaissant pas l’opinion de son hôte à ce sujet, Hugo décida d’écourter ce sujet pour ne pas risquer de le mettre mal à l’aise.

« Toujours est-il que j’avais besoin de changer d’air, et quoi de mieux que de venir à Nalcia dans ce cas ? » fit Hugo en tentant une pointe d’humour. « Air… Nalcia… Bref. À vrai dire, c’est le pays que je connais le moins. À part les Monts du fait de l’épreuve, et une petite journée à Alfen, je ne connais vraiment rien. D’ailleurs, tu pourras me donner tes bonnes adresses pour Alfen si tu connais bien la ville ? J’ai pour projet de remonter le pays avec les Monts tempêtes comme point de départ. Mais avant ça, je voulais profiter d’y être pour les explorer un peu mieux. Je suis bien mieux préparé qu’à l’époque. C’est à se demander comment j’ai fait pour réussir l’épreuve il y’a plusieurs années. »

Eh, c’était probablement un peu trop, pensa Hugo. Le dresseur avait toujours eu tendance à partager plus qu’il ne fallait et bien qu’il faisait relativement confiance à Silver, il devait néanmoins rester prudent sur ce qu’il disait. Le brun ne lui avait donné aucune raison de douter, il était inutile de prendre des risques.

« Et toi, dis-moi. Que s’est-il passé depuis l’épreuve ? Tu as sacrément changé, j’ai pris quelques instants à te reconnaître. »

Hugo reposa son regard sur les différents Pokémon présents dans la pièce et analysa Galaxia, la Tarsal. Cette dernière dégageait une énergie complètement différente que Doc. Là où Doc paraissait timide et frêle, Galaxia semblait plus sûre d’elle, plus adulte en un sens. Elle correspondait bien à l’image que Silver reflétait actuellement. Il sourit en observant un peu la petite fée, avant d’adresser à Ombre :

« J’ai aussi capturé un Pokémon fée depuis la dernière fois qu’on s’est croisé. Enfin… On m’a dit que pendant des années on a considéré son espèce comme étant un Pokémon de type normal, ce n’est que récemment qu’on a requalifié son type et qu’on la considère comme fée. »

Bon, Argos n'était pas un Pokémon psy ni spectre, mais Hugo cherchait à meubler la discussion. Peut-être Silver aurait des conseils à lui donner sur comment correctement entraîner un Pokémon fée ?

[Silver Belister]

Avant de répondre à son dresseur, je pris le temps de saluer formellement son Persian d’un signe de tête amical. Comme je le pensais, nous nous étions déjà rencontrés lui et moi. Puis je m’adressai à Hugo en voyant sa gêne alors qu’il abordait le sujet militaire :

« Tu peux parler de la guerre si tu veux, ça ne me dérange pas. Moi aussi, j’ai fait partie de l’armée de mon pays, à une époque, en tant que garde forestier royal de Nalcia. C’était l’époque où je pensais que la magie ne me suffirait pas à mener une vie décente et où j’avais cherché à me reconvertir. Mais j’ai vite déchanté et je suis retourné à mes premiers amours magiques. L’armée n’est vraiment pas faite pour moi et moi pour elle ! Mais bon, cette histoire remonte, c’était avant même notre première rencontre. Par contre, j’avoue que j’ai eu la chance de ne participer à aucune guerre pendant mon séjour dans l’armée et Lugia soit loué, j’en suis parti avant la suivante. »

Voyant que Hugo ne désirait pas pousser le sujet, je n’insistai pas. De toute façon je n’avais pas grand-chose à dire de plus sur cette période assez banale de ma vie, si ce n’est ma quête des fragments de la Clé de Voûte qui valait le détour. Mais cela n’avait rien à voir avec l’armée.

A la place, le jeune terrosien évoqua plutôt ses futurs projets, dont la visite d’Alfen, ce qui m’arracha un sourire.

« En fait, il se trouve que je fais souvent la navette entre ici et Alfen ces derniers temps. Ici j’ai ma pension et une partie de ma famille et j’ai l’autre partie de ma famille à la capitale. Et oui, je connais deux trois coins sympas, je te les montrerai si tu veux… En fait, on pourrait carrément faire la route ensemble jusque là-bas ? La gardienne qui me remplace est ma mère adoptive et elle doit rentrer ce soir. Ensuite, j’avais justement prévu de retourner à Alfen… Ca te convient ? »

Houlà depuis l’épreuve ! Il s’en était passé des choses ! Un paquet de choses même ! Par où commencer ? Heureusement – ou malheureusement, c’est selon -Jester vint à ma rescousse sans même que je lui demande :

« Alors d’abord Silver est devenu Lieur. C’est comme ça qu’il a appris le tour du passe-muraille ! Pas mal hein ? Et c’est moi qui lui ai enseigné ! Et puis on a remporté deux concours. Enfin moi surtout, même si lui il m’a un peu aidé ! Et puis on a voyagé un peu partout à travers Erasia et Tenkei, on a expérimenté plein de magies différentes, on a fait plein de blagues, Silver a réussi à se coincer la tête dans une soupière en passant à travers le plancher du premier étage d’une auberge et il a même fait la course pendant presque une heure avec un plagiste qui hurlait parce qu’il croyait avoir perdu sa montre ! En vrai j’avais juste piqué un coquillage sur la plage et je lui avais fait croire que c’était sa montre… Ah et Silver a formé.. Une non deux apprenties à la magie ! Par contre on n’a pas recruté beaucoup d’équipiers depuis quatre ans… Enfin mis à part Galxia bien sûr ! »

La Tarsal sourit à l’Ectoplasma, contente de ne pas avoir été oubliée. Je pouvais enfin reprendre la parole.

« Merci Jester pour ce résumé concis mais exhaustif, même si je ne suis pas sûr que les épisodes de la soupière et du plagiste étaient nécessaires !
-Les passages les plus drôles sont toujours les plus nécessaires !
-… Bref. J’ajouterais juste que je me suis pas mal posé ces derniers temps. Comme je te l’ai dit, je ressens moins le besoin de… Me mettre en scène en permanence. C’est pour ça que j’ai adopté les cheveux longs et le kimono. C’est plus adapté à une vie détendue ! Et puis, les cheveux longs plaisent beaucoup à Galaxia ! »

Cette dernière sourit pour marquer son assentiment et ce fut elle qui répondit à la remarque d’Hugo concernant les types fée :

« En fait on ne peut pas vraiment dire que Silver m’a « capturée ». C’est presque le contraire en fait ! On s’est rencontré complètement par hasard alors que je pourchassais un vilain petit Tarsal qui m’avait joué un méchant tour. J’ai suivi sa piste jusqu’à une boulangerie où j’ai rencontré Silver et Jester en train de manger en compagnie d’autres humains et Pokémon. Le Tarsal avait disparu mais dès que j’ai vu cet humain aux longs cheveux noirs, j’ai senti qu’il serait mon dresseur pour le reste de ma vie alors je lui ai annoncé ma décision de rester avec lui ! Nous les Tarsal, on fonctionne ainsi ! Et depuis je l’accompagne dans ses voyages !
-Oui, enfin, les autres Tarsal que je connais ne sont pas aussi… extrêmes dans leur serment de loyauté » tempérai-je en riant.
« Question de caractère ! Moi je ne fais jamais les choses à moitié. JAMAIS ! »

Son ton ne souffrait d’aucune réplique, aucune contestation n’était possible et la Tarsal ne plaisantait pas ; Son caractère était aussi entier qu’elle le laissait paraître. J’en revins ensuite au sujet des Pokémon fée en eux-même. Malheureusement, je n’avais pas beaucoup de choses à ajouter à ce sujet, comme je le lui expliquai :

«  En fait, Galaxia est mon unique Pokémon fée, en tout cas pour le moment. Mon domaine de prédilection, c’est plutôt les spectres. Le seul Pokémon que je connais qui correspond à ta description, c’est Mélofée. Enfin, il y en a peut-être d’autres mais je n’en ai pas entendu parler. Ils ont acquis ce type et de nouveaux pouvoirs suite à la mystérieuse reconstruction du monde qui s’est produite après l’attaque de Mewtwo c’est ça ? En fait, c’est ma sœur qui m’a appris tout ça, c’est elle l’experte du type fée dans la famille. C’est elle la « famille que je vais voir à Alfen » dont je te parlais tout à l’heure.

Et puisqu’on en parle, si tu veux des informations sur les Pokémon fée, je te conseille plutôt de t’adresser à elle quand tu seras à la capitale, elle sera bien plus capable de t’aider que moi. D’ailleurs, si tu t’intéresse aux Pokémon fée, tu connais peut-être ma sœur de réputation ? Elle est la championne des types psy et fée d’Alfen, et elle s’appelle Violette ! Et elle est aussi chanteuse quand elle ne combat pas. »

[Hugo]

Faire la route jusqu’à Alfen avec Silver était une perspective qui plaisait bien au blond. Les circonstances de l’épreuve avaient fait qu’il n’avait pas pu réellement faire connaissance avec le magicien, mais ce dernier s’avérait réellement sympathique et avenant. Hugo avait principalement été au contact de femmes au cours de sa vie, à tel point qu’il avait tendance à parfois se sentir mal à l’aise quand il était entouré d’autres hommes. Sa sensibilité et sa douceur lui valurent de nombreuses brimades lors de son enfance. Il avait alors appris à jouer un rôle, celui que la société attendant de lui : viril et fort. Mais Silver le mettait à l’aise et toutes les barrières du blond s’effondraient. Une bienveillance émanait du brun et l’instinct du maître de la terre le trompait rarement.

« Avec plaisir ! » se contenta-t-il de répondre à Silver, le gratifiant d’un grand sourire sincère.

Le blond écouta alors en silence, mais amusé, le récapitulatif de la vie de Silver que fit Jester. Il n’y a pas à dire, l’Ectoplasma était vraiment singulière. Jamais Hugo n’avait croisé de Pokémon spectre si jovial. La Tarsal du magicien n’était pas en reste, et son tempérament flamboyant et complet lui arracha un sourire. Une flamme brûlait dans les yeux du petit être quand elle parlait de son dresseur, et une telle dévotion faisait chaud au cœur. Quand Silver évoqua un Mélofée, Hugo sourit. Peut-être était-il celui qui pouvait apprendre une chose ou deux à son nouvel ami. Le maître de la terre se permit d’interrompre Silver pour lui apporter quelques précisions.

« Non, il s’agit d’un Snubbull ! Un jeune mâle, très fougueux. C’est en lisant quelques ouvrages scientifiques sur l’émergence du type fée dans la bibliothèque des Parangons à Fla’Or que je me suis rendu compte que son espèce était désormais considérée parmi les Pokémon fée. Je ne me spécialise pas dans un type en particulier, d’où le fait que je sois ouvert aux conseils d’experts ! »

Hugo plongea ensuite sa main dans la petite sacoche qu’il porte contre son torse et en sortit une Pokéball qui doubla de volume au contact de sa paume. Un petit mouvement du poignet suffit pour faire surgir Argos hors de sa sphère aux côtés de Sophos. Son dresseur lui fit immédiatement les gros yeux, le prévenant silencieusement. Il n’avait pas intérêt à se faire remarquer négativement par Silver et ses Pokémon ! Encore jouette dû son jeune âge, le canidé soutint le regard de son dresseur avant de finalement abdiquer et abaisser les oreilles. Hugo se pencha en avant et l’agrippa pour ensuite le placer sur ses cuisses et de lui gratouiller son poitrail. Argos n’était pas méchant, loin de là, il était même très affectueux, mais sa fougue l’amenait parfois à agir avant de réfléchir, et bonne chance pour l’arrêter dans ces moments-là…

« Comme tu peux le constater, aucun de mes Pokémon n’est de type spectre ou psy, je ne communique donc pas avec eux par la pensée. Ça serait pratique, quand même, de savoir ce à quoi ils pensent. Mais bon, on fonctionne autrement et on ne s’en sort pas trop mal, n’est-ce-pas ? »

Pour seule réponse, Argos pivota sur lui-même et se jeta sur son dresseur pour lui asséner de multiples coups de lèche sur le menton. Hugo rit et repoussa doucement le Pokémon rose et observa Sophos qui les regardaient avant de reposer sa tête entre ses pattes.

« Mon Persian n’était pas très fan de l’idée de revenir dans les Monts, d’où sa nonchalance. Il n’est pas comme ça d’habitude. Lorsqu’on a quitté les lieux de l’épreuve y’a quelques années, j’étais vraiment épuisé. Alors qu’on descendait la montagne pour essayer de retrouver le petit village au pieds des Monts où j’avais laissé la monture de location que j’avais utilisé pour me rendre sur les lieux, nous avons été pris dans un éboulement de terrain. J’avais réussi à ne pas tomber, mais l’épuisement a eu raison de mes réflexes. Je suis resté tétanisé et Sophos avait été emporté par l’effondrement, manquant de mourir de peu. C’est ce jour-là que j’ai découvert que ma maîtrise ne se limitait pas uniquement à la terre mais également à toutes les plantes qui y poussent. Le traumatisme et l’adrénaline m’avait permis de manipuler la végétation avoisinante pour le sauver, mais après ça, j’ai dû travailler plus d’un an pour atteindre à nouveau le niveau dont j’avais fait preuve ce jour-là. »

Hugo s’excusa d’avoir interrompu son hôte et le laissa terminer. Mmmh mmmh, mmmh mmmh, soeur à Alfen, ok, mmmh mmmh mmmh, spécialiste des Pokémon des types fée, intéressant. Le blond hochait vigoureusement la tête quand Silver se dévoilait un peu sur sa famille quand soudain, la salive du Terrosien se coinça dans le fond de sa gorge, déclenchant chez lui une quinte de toux irrépressible.

Il avait bien dit Violette ? Sa Violette ? Le cerveau d’Hugo se mit à fonctionner de manière frénétique. Non, ça devait être une coïncidence. Silver ne pouvait pas être le frère de Violette… Ou bien pouvait-il l’être ? Après tout, Violette était Nalcienne et Hugo la savait originaire du coin des monts tempêtes. Son ancienne petite amie avait toujours aimé chanter pour le maître de la terre, mais il ne l’aurait jamais imaginé capable de vaincre sa timidité et de pouvoir se produire devant un public. Mais tous ces détails étaient insignifiants face à LA question qui l’avait foudroyé sur place.

Elle… Elle était en vie ? Après tout ce temps ? Hugo avait erré des mois à travers Terros, tel un zombie alcoolisé, à la recherche de sa petite amie. La jeune femme avait disparu du jour au lendemain et ses Pokémon avaient fait de même. Jamais Doc n’avait tenté de contacter Hugo… Pourquoi ?

Une suée de froide envahit le jeune homme et ce dernier commença à se sentir nauséeux. Un retour de parmi les morts. Hugo avait littéralement abandonné tout espoir que Violette puisse être en vie. Sa disparition si soudaine combinée à son état de santé plus fragile et les conditions de vie plutôt rudes sur Erasia... Hugo s’était fait une raison. Elle était morte, sans qu’il n’ait pu la protéger. Il avait fait le deuil de sa relation, mais aussi de la jeune femme. Et maintenant, on lui dit qu’elle est en vie ? Et championne d’arène par-dessus le lot ?

Argos avait sauté des genoux de son maître pour atterrir sur le tapis molletonné qui se trouvait sous les canapés. Sophos s’était relevé et fixait intensément son dresseur, comprenant la gravité de la situation qui était occupé de se dérouler face à lui. Hugo n’était pas bien, un mélange d’incompréhension, de colère et de tristesse l’assaillait tel un torrent violent.

« Vio… Violette… » réussit-il difficilement à prononcer. « Violette Belister ? Tu me parles bien de Violette Belister ? Accompagnée de Doc, une Kirlia ? Si c’est encore une Kirlia… Elle est en vie ? »

Ç’en était trop pour le blond. Le sang tambourinait dans ses tempes. Les réponses de Silver étaient inaudibles pour Hugo, il avait l’impression d’avoir la tête sous l’eau. De l’air, il avait besoin de l’air. Sans même écouter les explications de son nouveau compagnon de voyage, le jeune homme se leva et se dirigea d’un pas rapide vers la porte, talonné par ses deux Pokémon. Tant de questions se bousculaient dans son esprit. Ne l’avait-elle jamais aimé ? Elle semblait si sincère. Il s’était imaginé une vie en commun avec elle, un futur, une famille, même. Alors pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI ?!

La terre grondait sous les pieds de l’élémancien. Elle réagissait à la confusion de son dompteur. Hugo voulait hurler, hurler jusqu’à s’en casser la voix. Pourquoi… Si elle voulait le quitter, elle n’avait qu’à le dire… Il l’aurait compris. Elle avait déjà fait part de son envie de commencer le défi des arènes et Hugo l’avait soutenu et encouragé du mieux qu’il le pouvait. Le couple ne partageait pas les mêmes objectifs, peut-être était-ce la raison qui l’a poussée à disparaître sans aucune explication ? Non, rien ne faisait sens. Et enfin, la tristesse prit le pas sur la colère. Il était triste, tout simplement.

Il aimait Violette et il se sentait trahi. Alors que ses poings étaient encore serrés, sa main droite rencontra le crâne de Sophos. Ce contact le dégagea de sa torpeur. Irémia et Leio étaient sortis de leur Pokéball pendant la transe de leur dresseur et tous les compagnons du blond l’entouraient. Il n’était pas seul. Il ne l’avait jamais été, et il ne le sera probablement jamais. La respiration saccadée d’Hugo se calma, et sa mâchoire se décrispa. Silver était la personne qui pouvait apporter des réponses à toutes ces questions. Cet homme mystérieux avait la possibilité d’apporter la paix d’esprit qu’Hugo recherchait depuis plusieurs années. Le Terrosien sécha ses yeux qui étaient embués d’un revers de la manche et inspira une grande bouffée d’air avant d’expirer profondément.

« Super, il va me prendre pour un fou maintenant. Je peux dire au revoir au voyage accompagné. » pensa Hugo, pas très à l’aise alors qu’il entra à nouveau dans la demeure du Nalcien.

« Je suis désolé. Tu dois te demander ce qui vient de se passer… Violette et moi, on se connait bien. Du moins, c’est ce que je croyais. On était en couple pendant près d’un an… J’étais là quand Doc a évolué, j’étais la première personne à qui elle a confessé son rêve de devenir championne d’arène… Mais un jour, elle a disparu. Nous étions partis chacun de notre côté le temps d’une journée, et elle n’est jamais revenue au point de rendez-vous. C’était très inhabituel venant d’elle, alors je l’ai cherché, jours et nuits, sans relâche. Et jamais je ne l’ai retrouvée. Du jour au lendemain, elle avait disparu. Jamais je ne me suis jamais senti aussi seul. J’ai fini par croire qu’elle était morte. Si elle était en vie, elle m’aurait fait un signe. Si elle avait besoin d’aide, Doc, Flèche ou même Lily m’aurait contacté. J’aurais tout fait pour elle. Alors il n’y avait pas d’autres explications, elle devait être morte. Et là tu me dis qu’elle est en vie… Dis-moi, elle t’a déjà parlé de moi ? Tu sais pourquoi elle a fait ça ? Et surtout, comment va-t-elle ? »

Le Terrosien était désespéré, mais son esprit était désormais un peu moins embrumé. Il ne pouvait pas se permettre de retomber au plus bas. Il allait mieux… Il avait changé… Tout ce qu’il voulait, c’étaient des réponses. Et si Silver acceptait toujours d’accompagner Hugo, il pourrait rencontrer Violette à nouveau. Le ramasseur était désormais sûr. Avec ou sans Silver, sa prochaine étape sera Alfen, et il obtiendra les réponses aux questions qui le torturent depuis des années.

[Silver Belister]

Mes yeux de magiciens étaient exercés depuis des années à analyser le corps de mes interlocuteurs pour y déceler le moindre signe de doute mal placé. Aussi la déglutition difficile d’Hugo ne m’échappa pas. Et en tant que professionnel, j’aurais pu prédire qu’il allait se passer quelque chose.

Pourtant, la violence de la réaction d’Hugo me surpris, autant qu’elle surprit mes Pokémon puisque Jester eut tout juste le temps de se dématérialiser par réflexe pour ne pas se prendre en pleine tête le Snubbull qui avait été éjecté du siège.

Mon invité réussit pourtant à articuler quelques questions malgré la violence de ses émotions mais je ne lui répondit pas, gardant mon visage impassible de professionnel de la scène. Il abordait là unn sujet sensible et je ne voulais pas en discuter avec lui avant d’être sûr qu’il soit absolument digne de confiance. Certaines de ses paroles me laissaient à penser qu’il ne mentait pas. Il connaissait bien Violette personnellement et avait dû être très proche d’elle à une époque. Pourtant sa réaction suscita aussitôt en moi une forte méfiance et malgré le malaise d’Hugo face aux pouvoirs psychiques, j’étais à deux doigts de visiter son esprit pour sonder ses intentions lorsque Galaxia me prit de vitesse et me transmit ce qu’elle sentait :

« Je sens beaucoup de colère en lui. De la colère… De la trahison… Et de l’amour aussi. Il a aimé Violette, et il pense qu’elle l’a trahi.
-Merci Galaxia. Je crois que je n’aurai pas besoin de lire dans son esprit. Tant mieux. »

Je restai assis sur mon fauteuil, imperturbable, tandis que le Terrosien, sous le coup de la colère, en appelait à la terre de façon incontrôlée, puis se allait à l’extérieur avec ses Pokémon pour respirer un grand coup dans l’espoir de se calmer. Jester profita de l’accalmie pour me parler. Apparemment elle avait été effrayée par la réaction du jeune homme.

« Hey Silver, tu veux que je l’hypnotise ? Pas pour le faire tomber comme une masse mais juste un peu, pour qu’il se calme…
- Merci Jester, pas pour le moment. Tant qu’il ne tente rien de stupide ou qu’il ne démolit pas la maison, je préfère ne pas intervenir. Il va bien se calmer tout seul... Evite d’entrer dans son esprit aussi. Je ne voudrais pas l’enrager davantage.
-Comme tu voudras. Mais je veille au grain !
-Merci Jester. Je te fais confiance
-Je vais quand même vérifier que tout va bien dehors !
-Ok. Bonne idée. »

Quelques instants plus tard, le jeune homme re-rentrait en compagnie du spectre. Apparemment tout s’était bien passé dehors sinon Jester m’aurait averti. Toujours aussi impavide, je n’avais pas bougé d’un pouce, engoncé dans mon fauteuil. Je le laissais se rasseoir et s’expliquer sans l’interrompre. Ce serait sans doute plus facile pour lui ainsi. Mon visage se dérida quelque peu lorsque je lui répondis en commençant par l’information qui l’intéressait le plus :

« Elle va très bien. »

Puis je pris une inspiration pour répondre au reste de ses questions et de ses remarques avec une mine pensive :

« Je te crois quand tu dis que tu connaissais très bien Violette. Parce qu’aujourd’hui, alors même qu’elle est championne d’arène, on peut compter sur les doigts d’une main les gens qui savent que son nom de famille est Belister. Même les officiels de Nalcia pensent qu’elle s’appelle Violette Heaver, du nom de jeune fille de notre mère. Je présume donc qu’elle t’a donné elle-même son vrai nom et si elle l’a fait, c’est qu’elle avait vraiment confiance en toi car ce nom est un secret bien gardé.

De plus, j’ai toute confiance en Galaxia et elle m’assure que tu l’aimes et que tu t’es senti trahi par elle. Rare sont ceux qui peuvent duper un maître des sentiments comme une Tarsal. J’en déduis donc que tu me dis la vérité. Je compatis à ta douleur. Malheureusement je n’ai pas grand-chose de plus à t’apprendre.

Ma sœur et moi nous nous sommes perdus de vue pendant plus de dix ans alors que je parcourais les routes d’Erasia pour donner des spectacles de magie. On s’est retrouvé juste avant qu’elle ne devienne championne, donc j’imagine que vous n’étiez déjà plus ensemble puisque tu n’étais pas au courant de son nouveau poste. Et non, elle ne m’a jamais parlé de toi. Ni elle, ni ses Pokémon. Et au fait, oui, Doc est toujours une Kirlia. En tout cas elle l’était il y a moins de trois semaines. »

Voilà les seules choses dont j’étais sûr. Le reste n’était que suppositions.

« Si vous étiez ensemble avant qu’on se retrouve elle et moi alors cela doit faire au moins… cinq ans, c’est ça ? Vous étiez encore ensemble quand on a passé notre épreuve d’élémancien ? »

Il y a cinq ans… Cet épisode bizarre dont m’avait parlé Violette… Quand avait-il eu lieu déjà ? En 216 non ? Donc la date collait…

« Et quand elle a eu son accident sur l’île d’I Maï, tu étais là ? Tu sais, la chute qui a failli lui être fatale ? Elle m’a dit qu’elle avait été soignée par une mystérieuse guérisseuse assez antipathique. D’après ce qu’on lui a raconté, elle avait respiré le parfum d’une fleur hallucinogène et ses visions l’ont convaincue de s’éloigner de ses Pokémon et de sauter de la falaise. Elle a eu les deux jambes cassées et son coeur, qui était fragile à l’époque, a failli lâcher sous la violence de la douleur. Heureusement, une soigneuse qui passait par là l’a prise en charge dans une cabane reculée de l’île. Ma sœur a dû garder le lit dix jours avant de pouvoir remarcher avec des béquilles. Le seul point positif de tout ça, c’est que l’éclair que lui a envoyé la médecin pour faire repartir son coeur a guéri en bonne partie ses problèmes cardiaques.

Pendant ces quelques jours, elle a eu pas mal de pertes de conscience mais elle m’a confié qu’elle avait eu la désagréable impression d’avoir oublié quelque chose lorsqu’elle avait enfin quitté l’île… Je suis sincèrement désolé pour tout ce qu’il t’es arrivé. »

Ma compassion était brève mais malgré tout sincère. Même sans aucun pouvoir psychique, nul ne pouvait douter de la détresse d’Hugo et y rester insensible. Et puis cela avait l’avantage de mettre fin aux explications… Je préférais garder le reste de mes questions pour moi car je n’aimais pas du tout la tournure qu’elles prenaient. Mais Jester avait attentivement suivi toute l’histoire et elle n’était pas stupide. Elle me rappela donc le point du récit d’Hugo que j’avais volontairement laissé en suspens :

« Il a raison et je crois que tu le sais. Même si le choc ou le traitement avaient été assez violents pour provoquer une perte de mémoire, jamais ses Pokémon n’auraient laissé Violette oublier Hugo ou Hugo sans nouvelle, pas plus qu’ils n’auraient laissé le premier kinésiste ou Pokémon psy venu altérer ses souvenirs.
-Je suis d’accord avec toi. Et pourtant… Quoi qu’il en soit, je refuse de douter de Doc et des autres pour le moment. S’ils l’ont fait, ils devaient avoir leurs raisons, et j’aimerais les connaître.
-Oui moi aussi. Ceci dit, ya pas besoin de trois Pokémon psy pour effacer des souvenirs… Un seul suffit… Et si je devais miser une pièce... »

Les oreilles de Jester s’allongèrent alors subtilement jusqu’à former des oreilles de chat.

« Possible. C’est vrai que Flèche semble avoir du mal avec les hommes. Mais cela n’explique pas pourquoi Doc et Lily auraient approuvé son geste, en tout cas suffisamment pour ne rien en dire à Violette et à Hugo.
-C’est pas faux... »

Voyant que la morosité et le doute s’installait, Galaxia décida de prendre les chose en main. La Tarsal résuma donc la situation à tout le monde, Hugo y compris et nous proposa un plan d’action :

« Si vous voulez toutes les explications sur cette histoire, il va vous falloir aller à Alfen et poser des questions à Violette et à ses Pokémon ! Et ça tombe bien puisque c’était justement le voyage qui était prévu ! »

Je hochai la tête en guise d’assentiment, guettant la réponse d’Hugo.

[Hugo]

« Elle va très bien. »

Cette phrase résonnait tel un écho infernal dans l’esprit du blond. Elle était aussi douloureuse qu’elle était rassurante. Si elle allait très bien, pourquoi ne l’avait-elle jamais contacté ? Ça devait être un choix délibéré de sa part… Les raisons de cet abandon torturaient l’esprit du jeune homme.

Mais en réalité, tout ce qui importait à Hugo, c’était qu’elle allait bien. Très bien même. Violette était en vie, et Hugo pourrait peut-être la revoir… Se souvenait-elle de lui ? Elle ne pouvait pas l’avoir oublié quand même. De longues années s’étaient écoulées depuis leur relation et sa fin tragique, mais les souvenirs que les deux amoureux avaient créé ensemble étaient marqués de manière indélébile dans l’esprit du maître de la terre. La réciproque devait être vrai. La réciproque était vrai. Hugo en était persuadé.

Le jeune homme se mit alors à quelque peu se relaxer. Il s’enfonça dans le canapé alors qu’il écoutait attentivement la suite des explications que lui offrait son interlocuteur. Ce dernier semblait surpris que sa sœur lui ait dévoilé leur patronyme. En réalité, Violette avait pris du temps pour confesser ses mensonges sur son identité. Ce n’est qu’après plusieurs mois de relation que la championne d’arène s’était confiée à son celui qui était alors son petit ami. Elle lui avait expliqué pourquoi elle lui avait caché la vérité sur sa lignée et ses origines. Elle était persuadée que c’était pour le mieux, autant pour elle que pour Hugo, qu’elle ne voulait pas mettre en danger. Elle lui expliqua la malédiction qui avait frappé sa famille. Elle lui avait aussi parlé de la mort de sa mère en couche, son enfance isolée avec son frère distant, l’absence de son père, le plus souvent sur les routes pour son commerce.

Hugo n’avait pas eu une enfance facile non plus. Enfant bâtard né d’une mère célibataire, il s’était retrouvé orphelin de guerre et contraint de vivre dans la rue dans un premier temps, puis survivre dans la forêt dans un second. Il était fier de qui il était devenu. Il aurait pu abandonner tellement de fois, baisser les bras et se laisser partir… Mais son instinct de survie avait été plus fort et l’avait poussé à se battre.

Les deux amoureux avaient eu des enfants drastiquement opposées, et pourtant, ils se comprenaient parfaitement. C’était une raison pour laquelle leur relation était si forte, si solide. Ils se complétaient dans leurs différences. Hugo se remémorait les meilleurs moments de leur relation quand le frère de Violette interrompit ses rêveries.

« Oui, on était encore ensemble lors de notre épreuve. Je l’avais retrouvée à Alfen après ça, d’où le fait que je t’ai dit que j’avais déjà été là-bas… On avait remis les voiles sur Terros après. Elle a disparu presque deux mois jour pour jour après. J’ai d’abord cru à un accident, puis je me suis rappelé de la malédiction dont elle m’avait parlé… Celle qui frappe votre famille. Je ne crois pas à ce genre de choses en temps normal donc je me suis d’abord dit que quelqu’un l’avait retrouvé et lui avait fait du mal. Puis avec le temps, je me suis résigné, et je me suis dit qu’elle avait peut-être été réellement victime d’une malédiction. »

Hugo écouta attentivement la suite du récit de Silver. Il était si heureux de pouvoir parler de Violette avec quelqu’un. Cependant, le blond arqua un sourcil quand Silver lui parla d’un accident sur l’île d’I’Maï.

« Non, je ne vois pas. La dernière fois que je l’ai vue, elle allait très bien. Jamais elle n’a été victime d’un accident quand on était ensemble. »

Le reste des explications du frère glaça le sang du blond. Elle aurait sauté d’une falaise suite à une hallucination ? Elle aurait eu les deux jambes cassées ? Heureusement qu’Hugo était déjà assis auquel cas il aurait eu besoin de s’asseoir dans la seconde. Toutes les pièces du puzzle se mettaient désormais en place. Elle avait véritablement eu un accident. Quelqu’un l’avait miraculeusement sauvée, elle avait été dans l’incapacité de le joindre et le traitement nécessaire pour lui sauver la vie lui avait fait perdre la mémoire, effaçant ainsi toute trace du blond… Même si ça n’expliquait pas pourquoi aucun des Pokémon de la jeune femme n’avait décidé de le joindre télépathiquement pour le prévenir, ce début d’explication soulagea Hugo d’un poids qu’il portait sur ses épaules depuis maintenant 5 longues années. Ce n’était qu’un début et il restait beaucoup de trous noirs à élucider pour comprendre ce qui s’était réellement passé. Mais pour la première fois en cinq ans, le Terrosien avait une piste pour retrouver celle avec qui il avait promis de passer le reste de sa vie.

Un sentiment enfoui depuis des années se mit à émerger à nouveau chez l’élémancien. Pour la première fois depuis cet accident, Hugo se permit de ressentir de l’espoir. C’était un risque. De l’espoir entrainait bien souvent de la déception. C’est pour cela qu’il avait arrêté d’attendre quoi que ce soit de la part des gens, pour ne pas être déçu. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir cette petite flamme brûler au fond de ses tripes. Le jeune homme avait de l’espoir que la mémoire de la Nalcienne ne soit pas définitivement et irrémédiablement altérée, et que voir le maître de la terre pourrait déclencher chez elle une récupération de ses souvenirs.

Si, une fois que la championne est en pleine possession de ses moyens, cette dernière venait à décider qu’elle était heureuse et épanouie dans la nouvelle vie qu’elle menait, Hugo accepterait sa décision et la laisserait tranquille. Mais il se devait d’essayer. Il ne pouvait pas laisser l’occasion de la perdre une seconde fois sans se battre. Elle méritait de se souvenir à quel point elle avait été aimé par l’élémancien.

Hugo finit par répondre à Galaxia qui proposait de maintenir le voyage initialement prévu. Violette était maintenant championne d’arène, elle faisait donc partie d’une des classes sociales les plus respectées et honorées à travers Erasia. L’atteindre ne serait pas chose facile, avoir son frère à ses côtés serait un véritable avantage afin de pouvoir la rencontrer à nouveau.

« Je suis d’accord… je pense que le plus simple sera de poser mes questions directement à Violette et de voir ce qu’elle aura à me dire. Si le traitement lui a effacé définitivement effacé la mémoire, alors peut-être pourra-t-elle voir les miens. Je ne fais pas ça pour la récupérer, je veux juste qu’elle ait le choix… »

Hugo regardait ses pieds, un peu gêné de se dévoiler autant face à un presque inconnu. Son équipe au complet était restée dehors, il n’avait dès lors personne sur qui s’appuyer pour récupérer un peu de prestance. Le blond inspira profondément avant de s’adresser une nouvelle fois à Silver.

« Je tenais à m’excuser pour la façon dont j’ai réagi. Sortir comme une furie comme ça sans prévenir, tu as du te demander ce que j’allais faire. Je ne suis pas quelqu’un de violent… Ni de stupide. Je n’aurais pas laissé ma maîtrise prendre le dessus dans un environnement aussi hostile et risqué que les Monts tempêtes. Je me suis juste senti dépassé par les évènements et j’avais besoin d’un peu d’air.
Donc si tu acceptes toujours ma présence, ça serait avec grand plaisir que je t’accompagnerai, toi et tes Pokémon, jusqu’à Alfen. »

Hugo attendait fébrilement la réponse du maître de la terre. Lui seul pouvait lui assurer une rencontre avec Violette. D’ailleurs, avait-elle changé ? Peut-être sa nouvelle vie l’avait transformée. Être champion d’arène s’accompagnait de son lot d’exigences. Était-elle encore la jeune fille simple et douce de laquelle il était tombé amoureux ? Il n’en savait rien. Peut-être. Mais la seule façon pour lui de le savoir était de se rendre directement sur place. Il sourit alors à Silver et, tel un enfant excité la veille de son anniversaire, lui demanda :

« On démarre quand ? ».

[PNJ]

Il était dans ses foutues montagnes depuis trop longtemps. L’homme enveloppé de noir et de rouge soupire et réajuste le masque sur son visage. Non loin de lui, un Braségali au caractère fumant semble s’acharner sur deux pauvres Galégon qui essayent de survivre tant bien que mal aux assauts du Pokémon à l’apparence différente. Son pelage est au ton de noir et de rouge, aucun blanc ne semble être visible. Son regard n’est qu’une étrange lueur sanguine qui reflète une folie qui ne vient pas d’ici. L’Exécuteur qui est avec lui l’observe en silence. Les bras croisés sur son torse, il jette un coup d’œil au Noigrume qu’il porte à sa ceinture. Ils avaient presque tous attraper les Pokémon qui se trouvaient ici, il ne manquait plus que ce monstre de métal.

Il détourne les yeux un instant pour les poser sur l’étrange tablette qu’il tient dans sa main gauche. Tout semblait aller bien, ils avaient rapidement avancé sur la capture de plusieurs spécimens et ils avaient commencé leur plan initial, sous peu, ils pourraient lancer l’une des étapes la plus importante de leur plan. Il hoche la tête et est dérangé par un grésillement particulier. Il porte sa main à son masque et semble activé un appareil.

« Oui ? Elle a fait quoi ? » Demande froidement l’homme.

Tout en parlant, il tire sur la tablette et appui sur la vitre. Cette dernière semble afficher d’étranges choses, des données lier à son autre compagne et ses Pokémon. Il plisse les yeux sous son masque, et laisse un claquement de langue irrité.

« Je vais personnellement m’occuper d’elle quand nous nous réunirons… Elle sera sévèrement punie… » Annonce-t-il en raccrochant la ligne.

Pendant ce temps, du haut de leur falaise, le Braségali frappe l’un des Galégon qui recule trop et finalement tombe de la falaise. L’Exécuteur est alerté, le cri du Pokémon qui chute. Toutefois, le son qu’il fait n’est pas celui a lequel il s’attend. Tout en se rapprochant du rebord en compagnie de son Pokémon. Ils remarquent une maison en contre bas et le Galégon semble avoir traversé le plafond. L’homme en rouge soupire et jette un coup d’œil à son Braségali qui l’ignore et qui saute à son tour pour aller rejoindre son trophée. À son tour, le Pokémon de combat passe au travers le plafond, atterrissant lourdement aux côtés du Galégon inconscient. Sans se soucier des habitants, il attrape sa proie et la jette sur son épaule comme s’il était un poids plume et marche ensuite vers le mur qui donne vers le devant de la pension et se fraye un chemin jusqu’au mur extérieur.

Peu de temps après l’Exécuteur atterrir devant la pension. Il saute du dos de son Flambusard qui partage les mêmes étrange traits rouge et noir au regard rouge brillant. Il pousse un puissant cri terrifiant et son maître pose les pieds au sol, attendant son combattant. Le Braségali saute du plus haut étage et marche lentement vers son maître, ignorant tout Pokémon qui s’approche de lui et si l’un d’eux ose s’approcher de trop prêt, il ne se gêne pas pour envoyer une attaque vicieuse entourée d’une fumée noire qui semble être efficace contre tout ce qu’il touche.

hrp:

[Silver Belister]

L’enthousiasme d’Hugo faisait plaisir à voir mais je devais malgré tout temporiser un peu :

« Eh bien comme je te l’ai dit, j’attends le retour de Nelly, ma mère adoptive. Elle devrait arriver d’ici ce soir pour garder la pension en mon absence, ce qui fait qu’on pourrait partir dès demain matin. En attendant, ça te dirait d’aller manger un…
-RECULEZ ! »

Je répondis par pur réflexe au hurlement psychique de Caillou en me jetant en arrière avec ma maîtrise de la vitesse tandis que j’envoyais une bourrasque de vent en plein sur Hugo, le faisant reculer sur son fauteuil de plusieurs mètres.

L’instant d’après, un Galegon transperça le plafond et alla s’écraser là où se trouvait ma tête juste avant. Malgré ses yeux grands ouverts, l’armure vivante ne bougeait pas d’un pouce et un rapide examen mental me permit de confirmer qu’elle était morte. Je n’eus pas le temps de me demander si le Pokémon acier avait été victime d’un tragique accident que l’instant d’après, un Braségali pénétra dans la maison par le même orifice.

Galaxia s’était rapprochée du Pokémon de métal, aussi se trouvait-elle juste à côté de l’oiseau de feu. Mais état-il vraiment de feu ? Il avait des couleurs bizarres, ce plumage noir… Et cette aura malsaine qui s’échappait de lui… Tout ceci n’était pas normal, il y avait danger…

« Galaxia recule ! »

Mon avertissement ne fut pas assez rapide. Avisant la petite fée curieuse juste à côté de lui, l’oiseau lui envoya un balayage du pied sans prévenir tandis qu’il était rejoint par un Flambusard et un homme.

Invoquant une sphère d’air, je réussis à arrêter le vol plané de la Tarsal avant qu’elle ne s’écrase au sol.

« Ca va ?
-Je… Oui je crois… Ouch ! C’est qui ceux-là ?!
-J’en sais pas plus que toi… Va voir Bis et dis lui de s’éloigner d’accord ? Et va avertir les Pokémon d’Hugo au passage !
-D’accord … Mais après je reviens me battre ! Il va pas s’en tirer comme ça ! »

Et la Tarsal se téléporta à l’extérieur tandis que j’envoyais une bonne bourrasque sur l’oiseau bipède, plus pour attirer son attention que pour lui faire vraiment mal. Je n’avais pas eu le temps de dire à ma fée que je ne la pensais pas au niveau et ne voulais pas qu’elle revienne mais de toute façon, elle ne m’aurait pas écouté Je devais occuper les eenmis le temps que Galaxia donne l’alerte. Jester pourrit toujours aider Hugo avec l’homme mystérieux et son Flambusard tout aussi lugubre. Juste quand je pensais à elle, l’Ectoplasma me contacta, paniquée :

« Silver ! J’ai essayé de lire dans l’esprit des deux Pokémon pour savoir ce qu’ils veulent… J’y arrive pas ! C’est comme s’ils n’avaient pas d’esprit et qu’on avait à faire à des cadavres vivants ! J’aime pas ça !
-Ok ! Reste avec Hugo et retiens les le plus possible ! »

En evoyant une nouvelle bourrasque pour ralentir le Pokémon de feu, je m’adressai à Hugo par la pensée tandis que Jester bombardait l’oiseau avec ses Ball’Ombre :

« Je vais attirer le Braségali plus loin. Galaxia est allée avertir les autres. Tu peux attirer les autres sous terre ? Je pense qu’ils auront plus de mal à nous suivre ! »

Occupé par mon message, j’eus tout juste de temps de sauter pour éviter la charge du Braségali qui perça un trou d’un bon demi-mètre de diamètre dans le mur situé juste derrière moi. L’avantage c’est que cela me permettait de sortir de la maison sans dévoiler mes pouvoirs psychiques. Ma maîtrise de la vitesse me permettait de rester à distance du coq furieux, en tout cas tant que le Trubo de la bête ne s’était pas enclenché.

Hélas, cela finit par arriver alors que l’oiseau me crachait une boule de flammes noires au visage. Je réussis à l’esquiver mais le combattant m’anticipa parfaitement et m’accueillit avec un balayage parfaitement exécuté qui me coupa le souffle.

« Argh ! »

Curieusement, j’avais la sensation que le poulet sombre aurait pu frapper beaucoup plus fort s’il l’avait voulu… Pour autant, il ne semblait pas prêt à s’arrêter et fut sur moi un en un bond alors que j’étais au bord de la falaise montagneuse qui jouxtait ma maison… Ce qui m’arrangeait à vrai dire.

Mobilisant à la fois ma maîtrise de l’air et mes pouvoirs psychiques, je réduisit le poids de mon corps en le rendant partiellement spectral tandis que j’appelai à moi une tornade qui me permit de rester en lévitation au-dessus du vide, assez loin du bord pour ne pas que mon adversaire puisse me rejoindre en sautant.

Il essaya bien de m’atteindre avec ses attaques incendiaires mais maintenant qu’il ne pouvait plus compléter ses attaques élémentaires par des coups physiques, je n’avais pas trop de mal à les esquiver. Comprenant que je n’avais pas l’intention de revenir sur la terre ferme, l’oiseau fit simplement volte-face, prêt à retourner vers son dresseur.

Comprenant ce qu’il avait en tête, je le forçais à se retourner en lui envoyant une bonne bourrasque de face ainsi qu’une lame d’air vicieuse dans le dos.

« C’est MOI ton adversaire ! »

En réponse à mon défi, l’oiseau se contenta de camper ses pieds dans le sol rocheux tout en croisant ses bras devant sa poitrine dans une attitude méprisante. Il encaissa ensuite toutes mes lames d’air sans brocher, comme si elles n’étaient pas plus dangereuses que de légères brises. Je fis mine de m’énerver de sa résistance.

En réalité, je voyais bien que je n’avais aucun moyen de le vaincre mais tel n’était pas mon objectif : il me surfaisait de l’attaquer assez pour retenir son attention, le temps qu’un des Pokémon à l’extérieur vienne m’aider...

« Si tu veux, je peux t’aider, MOI ! »

Souffla alors une nouvelle voix dans mon esprit...

[Hugo]

Un hurlement psychique assaillit toutes les personnes et Pokémon présents dans la pension. Malheureusement pour lui, Hugo prit un peu plus de temps à le décrypter et réagir. Probablement du fait de sa connexion préalable avec le spectre, Silver avait compris le message de Caillou plus rapidement que le blond et l’envoya valser dans le canapé dans lequel il s’était installé quelques minutes plus tôt. Le fauteuil fut projeté sur plusieurs mètres en arrière avant de se heurter à un des murs de la bâtisse. Le maître de la terre porta sa main à l’arrière de son crâne qui s’était cogné au mur et pris quelques secondes pour observer ce qui venait de se passer.

Un Galégon venait de s’écraser en plein milieu de la maison de son hôte et quelques secondes plus tard, un Braségali rejoignit sa proie par le même trou duquel le Pokémon armure venait de tomber. Une aura profondément dérangeante et sombre émanait du Pokémon dont la couleur des plumes étaient inhabituelle. « Tout ça ne valait rien de bon », pensa le maître de la terre. Les Galégon sont connus pour être recouvert d’une armure résistante à toute épreuve. Il n’était pas rare de les voir dévaler un versant de montagne recroquevillés sur eux-mêmes avant de les observer marcher comme si de rien était une fois leur course folle terminée, quelques dizaines de mètres plus bas. Pour qu’un Braségali ait pu tuer un Galégon comme cela semblait être le cas, celui-ci devait être terriblement puissant.

Hugo se tenait maintenant debout. Le maître de la terre avait utilisé son don pour surélever un pilier de terre de quelques centimètre de haut, détruisant au passage le parquet qui se trouvait sous ses pieds. Le Terrosien se trouvait maintenant au milieu d’un cercle de deux mètre de diamètre, directement en contact avec son élément. Si le Pokémon combat tentait quelque chose envers lui ou Silver, Hugo aurait de quoi répliquer.

Mais l’oiseau bipède semblait avoir d’autres plans. Il jeta sa proie par-dessus son épaule et se dirigeait vers la porte. Le sang d’Hugo ne fit qu’un tour dans son corps. Si ce monstre avait pu tuer un Galégon si facilement, les Pokémon du dresseur qui l’attendaient dehors étaient en réel danger. L’élémancien ne réfléchit pas plus qu’une demi-seconde et se retrouva engouffré par un trou qu’il venait d’ouvrir sous ses pieds. Une fois sous terre, il sentit ses Pokémon à quelques mètres de lui. Le maître de la terre avait développé ses compétences de combat sous-terrain au cours des dernières années, et sa perception terrestre s’était affinée au fur et à mesure de ses entraînements. Il pouvait sentir la présence de ses compagnons sans même les voir, juste en ressentant leur contact avec la terre avoisinante.

Quelques secondes plus tard, le blond émergea de sa galerie sous-terraine, surgissant du sol en face de ses Pokémon, prêt à les protéger. Galaxia les avait déjà rejoint et se tenait à leurs côtés. Les trois plus jeunes compagnons d’Hugo s’étaient réfugiés derrière Sophos qui fixait une autre menace au loin. Le blond sortit les Pokéball d’Iremia, Leio et Argos et les rappela immédiatement. Hugo ne savait pas ce qui allait se passer, ni même à qui ils avaient à faire. Mais il ne laisserait pas ses Pokémon prendre le risque d’être blessé, surtout si ces derniers ne sont pas encore aptes au combat.

« Merci Galaxia. Ils sont en sécurité maintenant. Je n’ai pas vu le Doduo qui était dehors. Peut-être tu pourrais aller vérifier si il ne lui ai rien arrivé. »

Le blond porta ensuite son attention sur son félin et regarda dans la même direction que ce dernier. Il avait son poil dressé le long de sa colonne vertébrale. Sophos dévoilait ses dents et ses muscles saillants sous son pelage crème indiquaient qu’il était prêt à attaquer au moindre ordre d’Hugo. En plissant les yeux, le maître de la terre aperçut ce qui semblait être une silhouette humaine. Une personne se tenait au loin, recouvert d’une armure noire. Impassible, il dégageait une aura similaire à celle du Braségali qui ravageait l’intérieur de la pension de Silver.

Hugo se concentrait sur le dresseur quand il entendit un cri strident déchirer les cieux. Un rapace fonçait sur le félin et son dresseur.

« RECULE ! » cria le dresseur à son Pokémon qui sauta d’un bon rapide sur le côté.

L’élémancien prit appui dans le sol et créa deux parois de roche qui se dressèrent face à lui, créant un angle de 45 degrés entre elles avant de s’agenouiller derrière sa protection. Une déferlante de flammes s’abattit sur la protection d’Hugo qui ne céda pas pour autant. Ce dernier regarda alors Sophos qui était à quelques mètres de lui et plaça son index et son majeur devant ses yeux. Le Persian regarda alors rapidement autour de lui et indiqua une direction à son dresseur d’un mouvement de museau. Le Terrosien se leva ensuite et d’un coup de poing, détruisit ses parois et projeta de multiples missiles aiguisés dans la direction indiquée par son Pokémon, espérant toucher l’oiseau.

Malheureusement pour le Terrosien, le Flambusard évita gracieusement son assaut et répliqua avec un nouveau piqué, droit vers Sophos cette fois-ci.

« Utilise Rayon-gemme ! » ordonna le dresseur.

Une sphère lumineuse se forma au niveau de la pierre précieuse se trouvant sur le front du félin et un rayon rocheux se forma, fonçant droit vers l’adversaire ailé. Le rapace virevolta, évitant l’attaque du félin avant de continuer sa descente vers ce dernier. Hugo créa alors un pilier de terre sous les pattes du Persian et d’un coup de pieds, projeta son Pokémon dans les airs pour qu’il atterrisse à ses côtés. Le Flambusard évita l’impact avec le sol sans effort et retourna dans le ciel, surplombant ses adversaires.

« Tant qu’il est dans les airs, Sophos ne pourra rien faire. Il faut que je l’attire près du sol. » pensa Hugo avant d’ordonner à son Pokémon d’utiliser Météores.

Une myriade d’étoiles surgit de la gueule du félin en direction de l’oiseau qui continuait de les survoler. Les étoiles suivirent le Flambusard peu importe les angles qu’il empruntait pour les semer. L’oiseau de feu finit cependant par se retourner et les disperser à l’aide d’une bourrasque créée à l’aide un battement d’ailes unique. Hugo et Sophos n’avaient pas le niveau pour les affronter dans cette configuration. L’oiseau était très puissant, mais d’une certaine façon, Hugo sentait qu’il se retenait.

Le blond jeta un coup d’œil à la silhouette d’ombre qu’il avait observé au début de l’affrontement et la personne qui se cachait derrière cette lourde armure était toujours présente. Elle semblait ne pas avoir bougé d’un pouce, se contentant d’observer les deux affrontements qui avaient lieu au loin.

Le ramasseur se mit à réfléchir quand il aperçut Jester traverser le mur. La voix de Silver résonna dans son esprit au même moment, lui demandant d’attirer les deux Pokémon feu sous terre. « Plus facile à dire qu’à faire » marmonna Hugo entre ses dents. Mais il savait que Silver avait raison. Si les adversaires gardaient l’avantage du terrain, ils n’auraient pas l’opportunité de les battre. Il espérait juste que le magicien pourrait suivre sous terre, une fois privé de sa vision.

Hugo finit par rappeler Persian dans sa Pokéball. Il allait devoir se battre contre le Flambursard seul. Le dresseur ne pouvait pas se permettre de devoir se concentrer sur son ennemi tout en faisant attention à ce que son compagnon ne soit pas blessé.

« Dis à Silver que je vais essayer, mais que j’ai affaire à un Flambusard, ça risque de prendre du temps. Il est très fort. » adressa mentalement Hugo à l’attention de Jester qu’il soupçonnait être le lien entre les deux humains.  

Hugo observait la buse qui continuait dessiner des cercles autour de lui. Le blond commençait en avoir marre. Si encore il pouvait se battre contre l’autre dresseur, il ne se plaindrait pas. Mais devoir se battre contre un Pokémon… Ce n’était pas dans le code moral du Terrosien.

Cependant, il n’avait pas le choix, tandis que le Flambusard fonça une nouvelle fois vers le dresseur. Le maître de la terre se recouvra d’une épaisse armure de roche. Cette astuce lui permettait d’augmenter considérablement sa puissance de frappe au corps à corps ainsi que sa résistance au coup, mais entravait grandement sa vitesse.

Le rapace arrivait à toute vitesse vers Hugo qui brandit un coup de poing fulgurant vers l’oiseau. Alors que le poing ganté du jeune homme entra en contact avec son adversaire, ce dernier redoubla de puissance, détruisant le gant de roche et frappa le jeune homme dans l’abdomen, l’envoyant valser en arrière de plusieurs mètres. Sans jamais tomber au sol une fois, le Terrosien retrouva son équilibre à quelques centimètres du mur de la pension. Hugo se défit de son armure terrestre et palma ses côtes inférieures, légèrement douloureuses. Jamais aucun adversaire n’avait réussi à passer à travers cette protection, et encore moins à blesser Hugo.

Silver avait raison, il devait les attirer sous terre. Le corps à corps ne lui permettrait pas de prendre l’ascendant sur l’oiseau. Le Terrosien donna un coup de pied dans le sol et analysa les environs. Il y’avait d’importants réseaux souterrains de diverses espèces de Pokémon qui se trouvaient sous ses pieds. Ouvrir un trou suffisamment grand pour qu’ils puissent tous y tenir serait une chose aisée pour le jeune homme. Il fallait maintenant attirer l’oiseau.

D’un coup de talons au sol, Hugo fit surgir une rangée de larges piques de la surface. Épaisses à la base et pointues à leur extrémité, les créations du maître de la terre étaient en quinconce, s’entrechoquant les unes avec les autres. Un pilier de terre surgit sous les pieds de l’élémancien et envoya ce dernier dans les airs, directement sur ses nouveax piliers. Alors qu’Hugo s’approchait des premières piques qui trônaient à plus de 3 mètres au-dessus de la surface, le jeune homme utilisa sa maîtrise pour en détacher les extrémités pointues qu’il fit léviter autour de lui. Prenant appui sur ses piliers, désormais plats, il se mit à sauter, passant d’un pilier à l’autre, jusqu’à ce que le dernier pilier lui permet de se retrouver sous sa cible. D’un coup de pied, le pilier de terre surgit d’avantage du sol, avalant à toute vitesse la distance qui séparait Hugo et l’oiseau maudit. Une fois arrivé au niveau de la buse, le blond leva les bras en l’air, mains tendues avant de fermer le poing.

Un déluge de pointes de roche acérées se mit à pleuvoir sur plusieurs mètres à la ronde. Le Flambusard se mit à piquer droit vers le sol, cherchant à éviter les projectiles de roche. Hugo se rapprochait également du sol, son pilier de terre retournant dans le sol à la même vitesse à laquelle il en était sorti. Alors que le rapace s’approchait dangereusement du sol, il profita de la distance qu’il avait mis entre les attaques du maître de la terre et lui-même pour raser le sol et chercher à se mettre hors de portée des projectiles du ramasseur.

Hugo sourit alors, et ses fragments rocheux furent instantanément réduits en poussière. Il n’avait pas encore montré l’étendue de tout ses pouvoirs. Le blond s’accroupit et plongea sa main dans le pilier de terre sur lequel il se trouvait et de nombreuses racines d’arbres avoisinants répondirent à son appel. Des racines, solides et fortifiées par le temps, surgirent du sol avec fracas, s’enroulant autour des pattes crochues et des ailes du rapaces, le bloquant net dans sa course. Il devait agir maintenant, ce subterfuge ne retiendrait pas longtemps l’oiseau qui se retournait déjà, prêt à cramer ces inconvenances.

Une fraction de seconde plus tard, le pilier du blond finit sa course folle et retourna s’encastrer dans le sol. Au même moment, l’impact de la colonne terrestre avec le sol créa une gouffre immense, défigurant le plateau de la montagne sur lequel se trouvait la pension Nalcienne. Les racines qui maintenaient tant bien que mal l’oiseau en place le trainèrent sous terre tandis qu’Hugo sauta les pieds en avant dans le trou qu’il venait de creuser, le refermant dessus de lui et de son adversaire avant même qu’il n’en touche le fond.

« Silver, j’ai Flambusard sous terre. Je suis à 200 mètres de toi, sur l’est. Si tu réussis à venir jusqu’ici, je peux vous engouffrer avec m- »

Le fil de pensée d’Hugo fut interrompu par le Flambusard qui venait d’émettre un cri strident avant de s’entourer de flammes et de foncer sur Hugo, illuminant l’intérieur de la cave dans laquelle il se trouvait. Profonde de trois mètres et large de six, elle laissait de la place aux deux adversaires pour continuer leur combat. Du moins, l’oiseau n’avait pas l’air de vouloir abandonner. Le Terrosien sourit et disparu à nouveau dans le sol, évitant l’impact avec le rapace, pour ressortir derrière son adversaire, roches aux poings.

[Silver Belister]

Je venais tout juste de recevoir le dernier message d’Hugo via Jester, vraisemblablement interrompu par l’attaque du Flambusard, lorsque je ressentis une douleur dans les bras à force d’exécuter les même gestes encore et encore pour maintenir ma tornade. Habitué à ces petits désagréments lors de mes spectacles, je n’en laissais rien paraître mais mon impassibilité ne décourageait pas le Braségali qui n’avait pas bougé un cil depuis qu’il avait constaté qu’il ne pouvait pas m’atteindre avec ses poings. Tout juste envoyait-il de temps en temps un jet de flammes dans ma direction pour me rappeler sa présence…

Malheureusement, la fatigue était maintenant mon ennemi le plus mortel : si j’arrêtais mes techniques de lévitation, je tomberais dans le vide et il n’y aurait personne pour me rattraper. Certes, le poulet de feu n’aurait pas eu directement ma peau, mais le résultat serait le même !

« J’arrive ! »

Ce n’était pas la voix qui m’avait proposé son aide un peu plus tôt mais celle de Galaxia. Ayant fini sa mission d’alerte, elle était revenue vers moi d’un nouveau Téléport et l’instant d’après, une aura rosâtre émana de son corps jusqu’à former un drôle de rayon lumineux. Mais contrairement à ce que je pensais, elle ne visait pas notre adversaire. Elle était trop maligne pour ça et savait qu’elle ne ferait pas le poids après le coup qu’elle avait reçu, même avec mon aide. A la place, le flux rose contourna l’oiseau martial pour venir me frapper moi. Aussitôt, je sentis mes forces revenir. C’était bien un Vibra-Soin !

« Bonne chance ! »

Et elle se téléporta de nouveau alors que le Brasegali s’était retourné vers elle, attiré par son attaque. Mais alors qu’il la chargeait griffes au clair, sans doute prêt à la lacérer d’une Tranche fatale, la petite fée se téléporta à nouveau juste à temps, se mettant ainsi hors d’atteinte. Elle n’était pourtant pas très loin puisque j’entendais encore sa voix dans ma tête :

« J’ai rejoint Bis et Caillou, on est pas très loin. Caillou a pris soin de Bis après vous avoir avertis. Je crois qu’on est à l’abri ici, surtout si vous continuez le combat sous terre. Par contre, j’ai utilisé mes dernières forces pour te requinquer et m’en aller, je vais pas pouvoir en faire plus.
-Merci ! »

je n’avais pas le temps d’en dire plus. Non seulement Galaxia m’avait rendu de l’énergie mais en plus, son intervention éclair avait détourné l’attention du combattant sombre de ma personne et c’était exactement la diversion dont j’avais besoin. Utilisant ma maîtrise de la vitesse en combinaison avec mes dons de passe-muraille, je mis fin à ma tornade et me fondis dans le sol, complètement dématérialisé, dans la direction indiquée par Hugo.

Avec ma vitesse accrue, je ressentis très rapidement la présence psychique du jeune homme et me dirigeai vers elle. Alors que le terrosien était presque en vue, je vis une épaisse fumée violette me rejoindre à travers le sous-sol. Comprenant de quoi il s’agissait, je lui permis de bénéficier elle-aussi de mon bonus de vitesse. Même si le Brasegali était maintenant plus rapide que moi en vitesse pure grâce à son Turbo, il lui faudrait quand même faire un détour pour retourner à l’orifice d’entrée et nous rejoindre ici, j’avais donc de bonnes chances d’être arrivé avant lui.

Je m’arrêtai lorsque j’aperçus une énorme boule enflammée foncer vers une silhouette humaine qui s’avérait être Hugo. Ca, c’était une Nitrocharge… Qui fit plaisir à la fumée qui m’accompagnait :

« De la lumière ? Mais c’est parfait ça ! Ca vous dit un petit tour visuel ? »

Je connaissais bien son attaque préférée, aussi je prévins tous mes alliés présents dans le tunnel :

« FERMEZ LES YEUX ! »

La salle souterraine était complètement dégagée et pas très grande, deux conditions idéales pour l’attaque Onde-Folie que Pénombre exécuta parfaitement. Avec un peu de chance, elle avait suffisamment troublé l’oiseau pour l’arrêter, voire le faire foncer dans un mur. Mais il était bien trop tôt pour crier victoire et une autre voix me le rappela en me contactant :

« Hey Silver ! Je suis juste à côté du piaf, je le vois plus mais je sens sa présence ! J’ai besoin de ton aide, renforce ma prochaine Ball’Ombre avec un gros courant d’air ! A bout portant, ça va faire très mal ! Si avec ça il est pas KO, c’est qu’il est invulnérable !
Ok, go ! »

Je ne voyais plus Jester, mais je la sentais grâce au lien qui nous unissait, tout comme je sentais son attaque. Dès qu’elle eut formé sa sphère, j’invoquais aussitôt une rafale qui fit accélérer le projectile sombre jusqu’à ce qu’il atteigne sa cible. Pénombre m’interpela alors :

« Tu peux rouvrir les yeux, l’attaque est finie ! Par contre j’ai une mauvaise nouvelle pour toi : ton pote le zozio aux longues jambes vient d’arriver dans le trou, il est juste derrière nous !
-Merde... »

La Spiritomb semblait complètement insensible au danger auquel nous faisions face. Au contraire, j’entendais sans doute possible de la joie dans sa voix. De la satisfaction. Non seulement elle était heureuse car elle s’adonnait au seul type de combats qu’elle appréciait – ceux où la vie était en jeu et où il n’y avait pas de règles – mais en plus elle pouvait se battre à mes côtés dans cette lutte pour la survie… Ce qui était plus ou moins ce que je lui avais promis lors de notre rencontre...

Sans la moindre peur, elle fit face à l’oiseau karatéka avant de commencer à faire tourner les tâche vertes fluorescentes de son corps, tandis qu’elle envoyait des messages mentaux hypnotiques en direction de l’adversaire. Hugo n’avait probablement pas besoin de moi pour localiser le poulet grâce à sa maîtrise.

« Alors cet Hypnose ça vient ? Il est très puissant je te signale, seule je vais pas y arriver ! »

J’obéis aussitôt à mon Pokémon et joignis ma télépathie soporifique à la sienne.

Malgré tout, je n’étais pas optimiste : même si nous réussissions à ralentir les adversaires avec des tours de passe-passe comme ceux-ci, nos ennemis restaient en bonne forme et ils auraient tôt fait de nous rattraper. Sans compter que leur dresseur était probablement combattant lui-même… Et je ne croyais pas à nos chances en combat direct, pas avec deux voire trois adversaires de ce calibre... D’un autre côté, Hugo et mois pourrions toujours utiliser le terrain pour poser des pièges incapacitants, comme nous l’avions fait lors de notre épreuve...

[Hugo]

Silver avait raison, maîtriser le terrain donnait définitivement un avantage au jeune homme, mais Hugo devait tout de même faire attention à ce que le terrain ne se retourne pas contre lui. La température à l’intérieur de la cave grimpait dangereusement suite aux différentes Nitrocharges du rapace, et Hugo n’était pas certain de pouvoir garder ce rythme bien longtemps sous une chaleur accablante.

Le blond avait cependant réussi à éviter les nombreux assauts répétés de l’oiseau enflammé grâce à sa maîtrise de la terre. En effet, il était assez aisé pour le jeune homme de localiser son adversaire tant que ce dernier était entouré de terre et ainsi anticiper ses mouvements. Mais le blond ne pouvait pas se permettre de baisser sa garde. Le Flambursard avait beau être en désavantage et rater de nombreux assauts, ce dernier ne semblait pas fatiguer pour autant. De plus, son agilité lui permettait d’éviter la grande partie des ripostes rocheuses d’Hugo et les quelques attaques qui l’atteignaient ne semblait que peu l’affecter.

Hugo sursauta quand il sentit la présence de Silver derrière lui tandis qu’il évitait une énième attaque. Il ne l’avait pas senti arriver, ce qui n’arrivait jamais. Il avait dû utiliser ses capacités de Lieur pour léviter et le rejoindre… Ce détail perturba le jeune homme de temps d’une seconde. Mais c’était trop tard. Ce moment d’inattention de la part d’Hugo permit au rapace de fondre vers lui à toute vitesse, serres déployées. Le Terrosien savait que chaque combattant attendait une erreur de la part de l’autre, et Hugo était le premier à avoir fauté. Alors que le Flambusard se préparait à foncer sur sa proie, l’élémancien perçut également le Braségali à sa surface donner de puissants coups de pieds dans le sol afin de créer une brèche et de s’engouffrer dans le trou à son tour.

Hugo ferma instinctivement les yeux et porta ses bras devant son visage tandis que de grosses pierres se mirent à léviter face à lui, prêt à riposter du mieux qu’il pouvait à une attaque directe. Crispant la mâchoire et fermant les yeux, le maître de la terre se préparait à l’impact quand la voix de Silver résonna dans le caisson de terre. Hugo finit par ouvrir les yeux, étonné d’être toujours debout. Le Flambusard ne lui était pas rentré dedans. À la place, le Terrosien perçu deux impacts. Le premier était le poids du Braségali qui venait de s’engouffrer dans un tunnel qui menait à l’arène, pas très loin d’eux. Le deuxième fut un impact un peu plus loin, entre le Flambusard et une paroi interne de la grotte. Apparemment l’onde folie avait suffi à désorienter l’oiseau et lui faire finir sa course contre un mur.

Cependant, le choc permit de sortir le rapace instantanément de sa confusion. Énervé, l’oisea de feu se mit à battre des ailes, provoquant un mini cyclone où débris de roche se mélangèrent à une poussière chaude et humide. Hugo couvrit ses yeux à l’aide d’un bras tandis qu’il éleva une paroi de terre de l’autre, le protégeant des vents du rapace.

Cette petite accalmie permit au blond d’analyser la situation dans laquelle lui et Silver se trouvaient. Le trou qu’Hugo avait créé n’était de base de pas très grand et ils y étaient maintenant quatre. Les deux hommes devraient faire attention à ne pas se marcher dessus et trébucher l’un sur l’autre, au risque de se retrouver à la merci des oiseaux de feu. Mais l’inverse était vrai également et les deux oiseaux devraient travailler en équipe pour ne pas se foncer l’un sur l’autre… Et les humains avaient un avantage avec leur maîtrise élémentale. C’était peut-être ça la solution ! Si aucun des Pokémon de Silver et d’Hugo n’étaient pas de taille à les mettre hors combat, peut-être qu’eux-mêmes l’étaient !

« On doit essayer de faire en sorte qu’ils s’attaquent mutuellement. Ils sont clairement trop fort pour nous, mais si on arrive à ce qu’ils se foncent dessus, on peut prendre le dessus. ». À vrai dire, Hugo ne savait pas si son allié recevait ses messages. Le blond ignorait tout du mode d’emploi à utiliser pour communiquer à travers les pensées. Il espérait juste que Jester intercepte ses pensées et fasse le lien.

Une chorégraphie minutieuse aller devoir se mettre en place, chose qui n’allait pas être facile pour deux personnes n’ayant jamais combattu ensemble. Ils avaient bien passé leur épreuve ensemble, mais c’était il y’a maintenant presque 5 ans, et ils étaient principalement restés de leur côté le temps de l’évaluation. De plus, les deux jeunes hommes avaient énormément changé. Hugo allait devoir redoubler d’attention et de vigilance pour ne pas tout faire échouer.

Rapidement, le maître de la terre se plaça dos à Silver et se repositionna en position de combat. Les deux oiseaux maléfiques semblaient maintenir leur attention sur leur premier adversaire. Hugo allait donc en faire de même en essayant de ne pas s’inquiéter de ce que faisait Silver de son côté.

« Continue de t’occuper du Braségali, ici je m’occupe du Flambusard. » fit-il télépathiquement au Nalcien.

L’élémancien se mit à envoyer à grande vitesse de nombreux projectiles de terre en direction du rapace flamboyant. Ce dernier, comme refroidi par le fait d’avoir foncé dans une mur, se contenait désormais d’éviter les attaques de son adversaire avec une aisance déconcertante tout en maintenant une certaine distance, restant dans un coin plus reculé de la cave. Hugo visait les ailes de son adversaire, qui, avec ses serres, étaient ses armes les plus dangereuses. Si le blond réussissait à toucher les ailes de son adversaire, ce dernier ne pourrait plus se permettre de gagner du temps et se retrouverait obligé d’aller à la confrontation. Et c’était précisément ce à quoi Hugo voulait que cet affrontement aboutisse.

Le maître de la terre enchaînait coup de pieds et coup de poings de manière incessante, ne laissant que peu de répit à son adversaire. Le jeune homme était trempé, épuisé par ce combat qui n’avait aucun sens. Mais il ne pouvait pas faillir. Il ne lui suffisait que d’une seule attaque. Un seul coup qui mette à mal son adversaire.

N’ayant aucune idée de ce que Silver était occupé de faire et commençant à fatiguer dangereusement, Hugo se mit à considérer l’idée de simplement détruire la cave dans laquelle ils se trouvaient tous. En faisant la faisant s’effondrer sur elle-même, le combat prendrait fin, d’une façon ou d’une autre. Hugo pourrait puiser dans ses dernières forces pour remonter à la surface et le Nalcien pourrait probablement s’échapper vers la surface grâce à ses dons spectraux. Hugo n’aimait pas cette idée qui pouvait éventuellement condamner les Pokémon adversaires. Les tuer n’avait jamais été son idée première, mais le jeune homme se devait de garder des forces s’il venait à affronter leur dresseur. Quand soudain, une idée traversa l’esprit du blond.

Il n’avait pas besoin de faire en sorte que la cave s’effondre sur elle-même, juste que son adversaire le croit. Ancrant ses pieds profondément dans le sol, Hugo stoppa ses assauts ininterrompus et écarta les bras, les portant au-dessus de sa tête. L’ensemble de l’arène se mit à trembler, du sol au plafond en passant par les parois. Des mottes de terre se détachaient du plafond et une couche de poussière couvrait la vue de toutes les entités présentes dans la pièce.

« Il faut que tu me fasses confiance, quand je te crie « maintenant », j’ai besoin que tu te dématérialises ou que tu disparaisses. Essaie de faire en sorte d’avoir le Braségali face à toi. » adressa-t-il à Silver par la pensée.

La terre grondait partout autour des deux humains et un sourire se dessina sur le visage du jeune homme qui gardait les yeux fermés pour contrôler ses pouvoirs le plus précisément possible. Les petites mottes de terre qui tombaient du plafond se transformaient en des masses plus importantes. Seulement, elles ne tombaient qu’au-dessus de l’endroit où le Flambusard était acculé. L’arrogance de l’oiseau l’avait poussé à rester dans son coin, à attendre que son adversaire se fatigue avant de l’attaquer. Un éboulement localisé juste au-dessus de l’oiseau commençait se produire. Comprenant ce que l’humain était occupé de mijoter et estimant qu’il ne voulait probablement pas finir enterré vivant, le rapace décida de répliquer. Il s’entoura d’une lueur bleue éblouissante avant de foncer à toute vitesse vers Hugo qui se trouvait toujours dos à Silver.

« MAINTENANT ! » hurla le Terrosien.

Un trou se forma sous les pieds du maître de la terre qui l’avala dans la seconde, évitant la charge de l’oiseau qui le manqua de trop peu. Hugo utilisa la maîtrise de son élément pour créer une galerie souterraine parallèle à la cave et utilisa cette dernière pour atteindre la surface. Le brouhaha à l’intérieur de la crevasse qu’il avait créé rendait sa perception difficile, et la fatigue n’aidait pas. Il n’avait donc aucune idée de ce qui s’y passait. Le ramasseur espérait juste que Silver avait réussi à éviter l’attaque à temps et que le Flambusard était entré en collision avec l’autre oiseau.

En quelques secondes, il atteignit la surface. Couvert de poussière fixée à l’aide par sa transpiration, le blond posa une de ses mains au-dessus de ses yeux pour leur laisser le temps de s’acclimater au soleil. Hugo restait cependant sur ses gardes, cherchant du regard son allié de bataille ainsi que le dresseur des deux bêtes obscures.

[PNJ]

L’homme aux habits noir et rouge plisse les yeux sous la férocité de ses Pokémon. Sous son masque, il sourit doucement. Même loin de lui, le combattant ressent le lien fort de ses Pokémon et grâce à une technologie plus avancée, il peut plus ou moins suivre le combat sur son étrange tablette. Le duo d’homme et de Pokémon se démène bien contre ses deux Pokémon qui s’activent grandement à les éliminer. Il salut tout de même l’ingéniosité et l’imagination des humains qu’ils offrent pour essayer d’éliminer ces combattants.

Après de longues minutes à attendre que ses Pokémon reviennent et quitte le dessous de la terre, l’homme fait quelque pas en direction de l’emplacement où se trouve les combats souterrain. Trouver l’emplacement n’est pas trop difficile, des vapeurs chaudes s’échappent parfois, évacuant une fumée blanche par des trous souterrain. Malgré la distance, il entend les cris de rage de son Braségali et le cri perçant du Flambusard pousse à chacun de ces attaques volantes. Il soulève la main au-dessus du sol, et brusquement laisse échapper une épaisse lave qui s’écoule au sol pour en faire fondre tel l’acide la terre et creuser un trou assez gros pour laisser passer un homme robuste. La lave rougeâtre à la température suffocante, se glisse jusqu’en bas pour finalement percer le plafond de l’étrange grotte où se trouvent ces Pokémon.

Presque au même moment, le blondinet immerger de la terre, dos à l’homme. L’homme tourne lentement la tête dans sa direction et se retourne très lentement. Tandis qu’il pose les yeux sur le jeune homme, sa présence ce fait écrasant et elle semble paralyser sur place Hugo. La main sur le manche de son arme, il est prêt à frapper, tout ce qu’il désire est de détacher la tête du corps, mais il est arrêté dans son mouvement. À la distance d’où se trouve Hugo, à moins de deux mètres, étrangement l’homme de la terre ne semble pas détecté le pas trop léger de l’Exécuteur sur la terre, il peut toutefois entendre un étrange grésillement.

Sans quitter des yeux sa cible, l’homme au masque glisse deux doigts gantés dans son capuchon et un Bib électrique se fait entendre. Il souffle doucement :

« Oui ? »
« … »
« Pardon ? »
« … »
« Oui… J’irais la chercher… J’ai juste… »
« … »
« Ah oui ? Soit… Je quitte maintenant. »

Les yeux du masque toujours fixé sur Hugo, il retire les doigts de son capuchon et le grésillement s’éteint aussi. Il laisse échapper un long sifflement qui attire immédiatement l’attention des deux Pokémon en contre bas. Après s’être évités de justesse, ils remontent par le trou fait par leur maître. À peine le Flambusard sortit du trou, que le combattant à l’aura écrasante saute sur son dos avec une agilité déstabilisante et tandis qu’il s’éloigne très rapidement, l’impression de paralysie quitte le corps d’Hugo, le laissant à nouveau respirer librement et sans danger.

hrp:

[Silver Belister]

Le Braségali semblait très résistant aux attaques mentales et je doutais à présent que Pénombre et moi puissions l’endormir. Heureusement, avec le nouveau plan d’Hugo, ce n’était plus nécessaire. Il suffisait simplement de l’embrouiller assez pour l’empêcher d’esquiver son partenaire au dernier moment.

Lorsque le Terrosien donna le signal, Jester, Pénombre et moi nous dématérialisâmes et nous dirigeâmes vers la surface à travers la roche. Fatigué par le combat, je choisis de m’économiser en n’utilisant ma maîtrise de la vitesse pour accélérer. Du coup, quand j’arrivai à la surface, je vis Hugo, immobile, qui semblait à la merci de l’homme masqué tandis que de la lave s’écoulait à ses pieds, probablement pour creuser un trou qui lui permettrait de rapatrier ses Pokémon. Non seulement ces derniers étaient invincibles mais leur maître était probablement Fusionneur !

L’horreur de ce qui allait suivre s’éveilla dans mon cerveau. Même au mieux de ma forme, je savais que ma maîtrise de la vitesse n’aurait eu que très peu de chances d’empêcher l‘homme de tordre le cou d’Hugo ou de lui enfoncer une lame dans la poitrine… Alors après un combat…

Malgré tout, je devais tenter quelque chose. Je me projetai donc mentalement vers l’homme… Qui semblait aussi insensible à mes pouvoirs que ses créatures, même si lui pour le coup ne ressemblait pas à un « cadavre ambulant », comme les avait appelés Jester.

Cette dernière me contacta avant que mon tour mental ne porte :

« Attends ! On dirait qu’il a arrêté son geste et qu’il discute ! Si tu l’attaques par surprise, il risque de se venger sur Hugo !
-Ok... »

Si l’homme n’avait pas l’air absolument déterminé à tuer, mieux valait ne pas l’y encourager, surtout que je doutais fortement de faire plus le poids contre lui que contre ses Pokémon ! Mais si Jester l’entendait discuter, cela voulait dire que…

« Il discute comment ? Par télépathie ?
-Je sais pas trop… Je peux pas lire son esprit mais il ne fait pas que penser, il parle aussi, comme si son interlocuteur était juste à côté… Il est peut-être invisible et masque sa présence alors…
-Pour quoi faire ? Cet homme a prouvé qu’il avait largement le dessus sur nous, alors pourquoi se cacher ?
-Pas faux... »

Finalement, la lave termina de forer son trou à travers la roche et l’instant d’après, les deux Pokémon de cauchemar émergèrent indemnes à l’air libre. La stratégie du maître de la terre avait échoué, comme toutes les miennes. Le dresseur masqué sauta sur son Flambusard au passage tout en libérant son étreinte mystérieuse sur Hugo puis il s’en alla sans un regard pour nous, ce qui n’était pas plus mal… Nous avions eu chaud. Très chaud même.

Tandis que la tension se relâchait avec le départ de nos adversaire, je m’autorisai exprimer ma surprise aux autres :

« Bordel ! C’était qui ceux-là ? Et pourquoi ils nous ont attaqués ?
-Tu penses que c’est les gens qui en veulent à ta famille ?
-Je sais pas… Non je crois pas. Ces types-là ont un grief tellement personnel contre moi qu’ils n’auraient pas manqué de me faire savoir qui ils étaient. Là on aurait dit que ce type… Il tapait comme un automate, pour la seule raison qu’il lui fallait taper. Et ses Pokémon étaient pires, eux on aurait dit que leur vie entière consistait à taper sur les autres ! »

Malheureusement, j’avais moi aussi pensé que l’attaque pouvait être le fait de mes démons familiaux. Je pensais ce que je venais de dire à Jester, il était très improbable que ce fût eux et pourtant… Violette…

« Je vais partir maintenant pour voir comment va Violette. En partant tout de suite, j’y serai demain matin et tu auras des nouvelles dans deux jours, peut-être même avant si vous vous rapprochez d’Alfen. C’est plus rapide que n’importe quel courrier.
-Merci Jester, mais… Tu ne veux pas te reposer après ce combat ?
-Un combat ? Quel combat ? Bon c’est vrai qu’ils m’ont un peu fichu la trouille ces Pokémon noirs mais contrairement à toi, j’ai pas pris de mauvais coups donc il me reste pas mal d’énergie ! Et ne serait-ce que pour descendre de la montagne, j’irai bien plus vite en passant à travers les murs et le sol que toi si tu ne pars que demain !
-D’accord… Merci Jester !
-Oh mais de rien. Et puis, je fais pas ça que pour toi ! Moi aussi je l’aime bien Violette ! »

Et elle disparut à travers le sol après un dernier sourire qui se voulait rassurant. Même si je voulais désormais retourner à Alfen le plus vite possible, l’Ectoplasma avait raison. J’étais trop épuisé par l’affrontement pour partir aujourd’hui. Et puis je devais toujours attendre Nelly pour lui expliquer la situation et être sûr que Bis et Caillou auraient quelqu’un pour veiller sur eux…

« Moi en tout cas je me suis bien amusée ! J’avais oublié combien ça faisait du bien de combattre !
-Ravi que tu te sois amusée Pénombre... »

La Spiritomb avait jailli du sol à son tour, profitant probablement du départ de Jester pour me parler seul à seule. Indifférentes à mon ton désabusé, le fantôme spiralé poursuivit :

« Je vais peut-être reprendre le voyage à tes côtés en fin de compte, j’ai l’impression qu’il y a un truc qui a changé chez toi depuis la dernière fois. Tu fais plus… Sûr de toi… Plus combatif ! Tu ressembles davantage à celui que tu étais quand on s’est rencontré et ça me plaît !
-En effet, il s’est passé beaucoup de choses depuis la dernière fois qu’on s’est vu. Et… Merci pour ton aide. Je n’aurais probablement pas survécu aux assauts de ces deux Pokémon sans toi.
-Eh bien merci du compliment ! Et au plaisir si tu veux de nouveau te battre avec moi ! »

Et le fantôme regagna sa clé de voûte taillée en sphère avant de faire léviter cette dernière jusqu’à ma ceinture, ou elle s’accrocha. Grâce au pouvoir mystérieux de la Spiritomb, elle ne me semblait pas plus lourde qu’un noigrume ordinaire. Elle était donc bel et bien de retour… Restait à voir comment ça allait se passer cette fois, même si je n’étais pas inquiet.

Finalement, il me restait plus qu’Hugo à remercier :

« Merci pour ton aide sous terre et désolé de n’avoir rien pu faire de plus tout à l’heure. Je crois qu’on a eu beaucoup de chance qu’ils finissent par nous laisser tranquille parce qu’on ne faisait clairement pas le poids… Tu as une idée de qui sont ces types ? »

Je le laissai répondre puis enchaînai avec des sujets plus légers :

« Je te propose qu’on prenne la route d’Alfen dès demain matin. On va prendre l’après midi pour reprendre notre souffle et de toute façon, je dois toujours attendre Nelly pour qu’elle veille sur les Pokémon qui vont rester ici… Et pour lui expliquer la situation.
Ah et si tu en as l’envie et la force, est-ce que tu pourrais s’il te plaît utiliser ta maîtrise pour reboucher les trous dans le mur avec de la roche ? Pour le plafond, ce n’est pas grave s’il y a un pilier de pierre en plein milieu pour le moment…
-Moi tu sais, je trouve que ta maison hantée a encore plus de charme avec ses trous… Et ce ne serait pas une mauvaise idée de demander l’aide d’un géokynésiste pour la reconstruire ! C’est pas la pierre qui manque par ici et une maison de pierre résisterait mieux aux attaques en plus d’être plus facile à reconstruire ou à aménager en cas de besoin.
-Ce n’est pas une mauvaise idée, je vais y réfléchir… A et au fait, merci pour ton aide, Galaxia !
-Avec plaisir ! »

Et la Tarsal rompit notre conversation sur un sourire mental.

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