[ Clos ] [Épreuve Défenseur] De fange et d'ébène [Chad & Andromède]

[Tyrande di Neralitha]

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais perchée dans un arbre noueux aux contours torturés, dans un endroit que je ne connaissais pas. Prenant quelques instants pour retrouver mes esprits, je sentis le contact familier et rassurant d'une plante enroulée autour de moi, et je m'aperçus que j'étais en suspension dans le vide, retenue par ma maîtrise utilisée de manière inconsciente dans mon sommeil. Un léger bruissement d'ailes me fit tourner la tête, et je découvris Dori'thur, veillant sur moi comme toujours. L'esprit toujours embrumé, j'articulai péniblement d'une voix pâteuse :

« Je dors depuis longtemps ? Et on est où, là ? »

Hochant vigoureusement la tête, ma chouette me fit comprendre que j'étais là depuis bien plus longtemps que prévu. En revanche, elle ne put m'informer sur notre localisation précise, et je décidai de l'envoyer en reconnaissance le temps de reprendre un peu le contrôle sur la situation. Toutes mes affaires étaient là, dans la même position que moi, enveloppées d'un cocon végétal qui les dissimulaient parfaitement des yeux indiscrets. Avec prudence, j'ouvris ma protection d'une pensée, récupérant ensuite mes effets personnels. Lorsque je sanglai l'arc dans mon dos, ma Brindibou revint, m'indiquant une direction.

« Il y a quelque chose à voir ? Un point d'intérêt, une ville ? »

Faisant confiance au rapace, je le suivis en passant d'arbre en arbre. Lugubre à souhait, l'endroit n'avait rien à voir avec ma Canopée natale, ni même avec la Jungle de Thâ. Partout, de la boue recouvrait le sol, et des arbres émergeaient de cette fange sinistre où évoluaient des Pokémon tous plus antipathiques les uns que les autres. Un Gloupti tenta même de me gober, de là où il était, mais j'avançais bien trop vite pour lui, tout en étant à bonne distance. En le voyant se rabattre sur un Axoloto qui passait un peu trop près, j'eus une sensation de profond dégoût au bord des lèvres et m'empressai de me détourner au plus vite de ce triste spectacle.

Atteignant finalement la destination vers laquelle Dori'thur m'avait emmenée, je m'approchai de la cité et pris quelques repères avant d'y pénétrer. Renseignements pris, je sus que j'étais à Tarouga, une ville dont la réputation était aussi mauvaise que le temps y était affreux. Couverte de brume, elle abritait les pires des crapules doublées d'ivrognes qui passèrent leur temps à tenter de m'aborder. Après avoir réussi à louer une chambre, je m'y enfermai, libérant Darius par précaution. Le loup orangé se posta devant la porte et s'allongea, guettant le moindre bruit suspect.

Cette drôle d'aventure qui m'avait transformée en Pokémon m'avait donc emmenée bien loin de mon point de départ, à savoir Nalcia... Moi qui voulais enquêter là-bas sur mon protecteur, c'était raté ! Malgré tout, je me sentais bien et en pleine possession de mes pouvoirs, et je songeai que ce voyage forcé serait peut-être une opportunité d'en savoir plus. Néanmoins, au vu de la population de cette ville décidément mal famée à souhait, il serait probablement plus pertinent de prendre le problème dans l'autre sens. S'il existait quelqu'un qui s'évertuait à protéger les di Neralitha partout dans le monde, il devait bien y avoir des gens qui nous détestaient assez pour nous attaquer à vue, non ?

Je décidai donc de passer quelques semaines à Tarouga, au beau milieu des pirates et des truands, comme si j'étais soudain dans l’œil du cyclone. Les indices et les informations tombaient au compte-gouttes, puisque je devais me renseigner en me préservant et en évitant à tout prix de mentir, ce qui me força à déployer des trésors d'ingéniosité pour ne pas griller ma couverture...

Et puis, un matin, alors que je relisais les notes que j'avais griffonnées à la hâte après mon dernier entretien avec un voyageur de passage, quelque chose me revint subitement à l'esprit.

« Mince ! Chad ! Lui qui voulais que je l'évalue, il doit trépigner d'impatience ! »

Interrompant ma lecture, je rédigeai un message à son attention, en lui précisant bien de me répondre en utilisant le nom de Délas. J'empruntais en effet le nom de ma sœur de cœur pour taire ma véritable identité ici, au cas où des gens mal intentionnés voudraient passer à l'acte. Après lui avoir donné rendez-vous d'ici trois semaines devant Tarouga pour parler de son épreuve, je fis partir la missive et me replongeai dans mon enquête. D'après ce que je savais, deux jeunes hommes étaient arrivés à Tarouga peu avant moi après avoir été attaqués dans le Marais Brumeux, et je tenais à en savoir davantage sur leur identité véritable. Le nom de ma famille avait été prononcé à plusieurs reprises dans des conversations de bars et de tavernes que j'avais entendues, et je devais en avoir le cœur net.

Malheureusement, j'eus beau expliquer que j'étais Guérisseuse et que je pouvais peut-être venir en aide au plus amoché des deux, je ne réussis pas à les approcher, comme si quelque chose de puissant les protégeait de toute intrusion extérieure. Renonçant pour l'heure, et m'inquiétant de ne pas avoir de nouvelles de Chad, je décidai de partir à sa rencontre dans le Marais, au cas où il se serait perdu en route en venant me rejoindre - et, connaissant un peu le personnage, c'était tout à fait son style.

« Et toi ? Tu penses qu'il s'est égaré, toi aussi ? »

Pour toute réponse, Dori'thur s'envola pour prendre de l'avance. Comme d'habitude, je restai prudente alors que j'avançais dans l'environnement hostile et humide, utilisant les arbres pour me déplacer sans jamais toucher le sol. Au bout d'un long moment, j'aperçus une silhouette penchée en avant en pleine cueillette d'herbes, mais avant que j'aie pu m'annoncer, un homme encapuchonné surgit littéralement de la boue. Ce que je vis briller dans sa main réveilla la Sentinelle que j'avais toujours été, et en quelques instants, je décochai une flèche dans le cou de l'agresseur, qui s'effondra dans un atroce bruit de succion. Alors que les habitants du Marais se chargeaient de lui, j'interpellai le jeune homme encore choqué d'avoir frôlé la mort pour lui demander s'il allait bien en érasien. Au même moment, je vis quelqu'un s'approcher avec une mine déconfite, celle du voyageur complètement paumé, mais soulagé de voir un visage familier.

« Chad ! Je commençais à avoir peur qu'il te soit arrivé malheur. Par contre, fais attention, il n'y a pas que des êtres bienveillants ici... »

Je m'étais adressée à mon compatriote en dyrinnois, avant de m'excuser auprès de mon protégé en répétant ma phrase en érasien. À son expression faciale, je compris qu'il ne parlait pas la langue du continent et qu'il s'agissait d'un natif de Midgard. Je réitérai donc une nouvelle fois mon propos en midgardien. Que venait donc bien faire un homme originaire de notre terre dans un coin aussi reculé ? Je jetai alors un coup d’œil inquiet à Chad. J'avais visiblement bien fait de venir à la rencontre de l'adolescent, au vu de ce à quoi je venais d'assister...

[Bienvenue dans votre épreuve Chad, tu peux tout à fait griller la couverture de Tyrande auprès d'Andromède sans le vouloir, qui va de toute manière me démasquer avec sa propre malédiction xD

Nous voilà donc au beau milieu du Marais Brumeux, avec un cadavre en cours de dissolution/dégustation/digestion par les charmants Pokémon de l'endroit. Je vous laisse vous présenter et expliquer un peu ce que vous faites là. Bien évidemment, vous vous doutez bien qu'on ne pourra pas papoter éternellement et tranquillement ici... Mais ça, c'est pour le prochain tour ]

[Andromède di Neralitha]

De fange et d'ébène

Tarouga était un lieu infect. Depuis l’arrivée du maudit dans la ville son quotidien n’avait été qu’insécurité et haut-le-coeur. Il était impressionnant de constater le niveau de saleté et de puanteur qu’elle avait atteint.  Mais, en un coup d’oeil à la population locale qui peuplait ce nid de déchets, sa décrépitude était compréhensible. Des ivrognes, des voleurs, des tueurs, des pirates… pas vraiment un voisinage accueillant.

Andromède passait ses journées à attendre, errant lascivement entre les baraques tout en évitant les ruelles lugubres véritable berceaux du crime. Toujours sur ses gardes, il avait l’impression qu’on le suivait et tendait l’oreille au moindre son suspect, à la moindre accélération, au moindre souffle dissonant. Peut-être que c’est son aura de maudit qui le protégeait, mais personne ne l’attaqua ou ne tenta de le dépouiller durant son séjour. Pourtant, un manchot n’est pas supposé être une menace, surtout pour des personnes aussi peu fréquentables.

Au fond, il se sentait assez inutile et le temps commençait à se faire long. Luciano ne se réveillait pas et l’incertitude planait quant à un réveil potentiel. Ses blessures étaient graves, se faire griller comme un vulgaire insecte attiré par l’or des flammes ne laissait que peu de chance de survie. De plus, si il reprenait connaissance, pas sûr qu’il encaisserait aussi bien la mutilation de son ego. Mais c’était un di Neralitha, il survivrait, c’est dans leur sang.

L’homme qui s’occupait de soigner le garçon était un gaillard rustre aux multiples cicatrices. Il était bien loin de l’image qu’on pouvait se faire d’un guérisseur. Ses mains rugueuses avaient été forgées dans un alliage froid et râpeux, celui qui témoignait d’une vie difficile marquée par l’effort. Il était loin de la délicatesse des médecins d’Abyan qui, même dans une urgence absolue lorsque le maudit perdit son bras, le manipulèrent avec soin. On aurait dit qu’à tout moment, pris d’un excès de folie, il pouvait achever Luciano d’un coup entre les vertèbres.

Il n’était d’ailleurs pas très bavard. La seule fois où le colosse adressa la parole à Andromède, ce fût pour lui demander d’aller chercher des plantes médicinales dans le marais. Outre le fait que retourner dans ce purgatoire moite et brumeux ne l’enchantait pas, il n’avais pas eu de description claire de ce qu’il devait chercher. Les plantes se voulaient fines et poussaient dans la vase, il allait alors falloir s’embourber pour les récupérer. Mais ce n’est pas comme si il avait le choix, la vie de Luciano dépendait sûrement du remède que l’homme comptait préparer avec ces satanées fougères.

Le soleil était encore haut dans le ciel quand le maudit s’enfonça dans les terres inhospitalières du marais. Il ne voulait pas arpenter le lieu de nuit, il s’exposait déjà à beaucoup trop de danger en y retournant. Il était accompagné de Némésis, accrochée à son dos, et Thanatos dont le corps éthéré flottait à ses côtés. Après les macabres événements s’étant joués sur cette scène lugubre, le garçon était heureux d’avoir le spectre comme allié. Il était peut-être mégalomane et grandiloquent mais ses pouvoirs étaient un atout de taille pour braver la brume délirante des marais.

C’est avec prudence qu’Andromède se penchait pour palper le sol spongieux des bourbes. Son bras unique remuait le sol à la recherche des plantes suffoquant dans cette boue nauséabonde. Quelquefois, il pouvait sentir le mouvement d’un Pokemon dans la vase et priait pour que cela ne se révèle pas être dangereux. Il ne fallait pas oublier que tout ici pouvait s’avérer mortel. Néanmoins, trop focalisé sur les attaques potentiels de la faune environnante, le maudit ne prêta pas attention à l’homme qui le suivait. Sans qu’aucun de ses Pokemon n’aient le temps de le prévenir, celui-ci bondit sur le dresseur prêt à lui ôter la vie, la haine et le sadisme se reflétant dans le diamant sombre de ses yeux.

Tétanisé, il fallu quelques secondes au garçon pour se rendre compte qu’il n’était pas mort. Mieux, qu’il était indemne et que le corps de son assaillant était désormais à la merci des prédateurs peuplant le lieu. Il cru d’abord à une de ses folies meurtrières dont il ressortait sans aucun souvenir. Dans cet état, massacrer un homme n’était pas chose difficile pour lui, même avec un bras en moins. Cependant, une femme s’approcha de lui et il s’avéra très vite que c’était elle qui venait de le sauver.

Elle était magnifique, une créature sylvestre qui offrait un peu de beauté dans ce lieu déchu. Son visage était… SON VISAGE ? Andromède pouvait percevoir les traits de sa sauveteuse, chose qu’il ne pouvait faire qu’avec les membres de sa propre famille. Qui était-elle ? Une nymphe ? Un esprit ? Ou une autre di Neralitha ? L’accent Midgarien qui transparaissait dans ses paroles ne laissaient cependant aucun doute sur ses origines célestes.

Essayant de reprendre ses esprits, et toujours en état de choc et de confusion, il bégaya des bribes de remerciements tout en essayant d’éclaircir le point sur sa malédiction.

« Etes vous une di Ne- » Il ne put terminer sa phrase car un garçon, que la Midgarienne connaissait vraisemblablement, se précipita vers elle.

A côté d’eux gisait toujours le corps, maintenant altéré, de l’homme ayant tenté d’ôter la vie à Andromède.  Si il était présentement hors de danger, le maudit pouvait sentir que l’aura sombre des marais manigançait quelque chose. Un complot du destin, quelque chose qui entraînerait notre petit groupe aux portes de l’enfer, et il n’aimait pas vraiment ça.

ASHLING POUR EPICODE

[Chad Kehr]

— Nan, sans déconner… Tarouga ?! Mais pourquoiiii ?!

Pourquoi, pourquoi, pourquoi parmi toutes les villes du monde, Tyrande avait-elle choisi la seule dans laquelle j’avais décidé de ne jamais retourner ? Une ville de pirates, brigands et autres fouteurs de merdes dans laquelle j’avait déjà eu assez d’emmerdes pour tout une vie. C’est vrai qu’au final, je m’en étais bien sorti la dernière fois, mais c’était uniquement grâce à Elvira !
Bordel, pourquoi lui avais-je dit oui, moi ? En plus, je ne me sens pas du tout prêt à la passer, cette épreuve. Bien sûr que je me suis entraîné ! Mais vous l’avez vu, Tyrande ? C’est limite si elle n’éternue pas du pollen radioactif capable de faire pousser une jungle entière en deux minutes, comment vous voudriez que j’arrive à l’impressionner, moi qui galère déjà à garder ma concentration quand il s’agit de l’écouter.

Bref, vous l’avez compris : sa lettre m’a fait l’effet d’une baffe. Et pas la baffe bien cherchée, non ! La baffe qui se téléporte dans votre tronche alors que vous étiez en train de sourire à la personne, tout content de la revoir !
Et vous voulez le pire, dans tout ça ? Ben c’est que j’y ai été, bien sûr, idiot que je suis ! C’est Tyrande, une des gardiennes de Dyrinn ! Elle ne va pas me balancer dans un plan foireux, quand même ! Encore moins le jour de mon épreuve.

Enfin, ça c’était ce que j’imaginais avant de prendre la mer. Maintenant, j’commence à regretter ma confiance aveugle ! Faut dire que y’en a, des points négatifs à ajouter.
Déjà, Yvain doit crever d’ennui et m’en vouloir à mort : ça va faire quelques jours que je n’ose pas le sortir, de crainte qu’un taré s’empresse de me voler la petite boule de poil si j’osais la sortir dans un lieu aussi dépravé. Je me planque même sous le lit de l’endroit où je loge – que je refuse d’appeler une auberge, puisqu’on y héberge plus de morts que d’endormis –, lorsque c’est l’heure de le nourrir !
Hâmon, lui… c’est l’inverse. Dès que je croise des types louches, je le prends dans mes bras, pour bieeeen montrer qu’il est avec moi. Ah ça, j’en ai fait reculer des types dont le bras levé menaçait déjà ma tête. C’est fou le nombre de personnes qui préfèreront attendre une prochaine victime plutôt que de se faire pourrir les naseaux. Du coup, y’en a au moins un qui s’amuse.
Le problème, c’est que ça marche pas à chaque fois. Ce matin, par exemple, ça a pas marché. Bien trop inquiet de rater l’heure, je me suis levé tôt pour aller rejoindre Tyrande au point de rendez-vous. Très tôt. Trop tôt. L’a fallut que j’attende. Et il semblerait que ça se voit, un abruti qui attend seul pendant plus d’une heure devant une ville malfamée. Résultat ? J’ai vite réalisé qu’un nombre inquiétant de silhouettes commençaient à se rapprocher, et je me suis tiré, en ligne droite, au milieu des marais. D’ailleurs, j’ai bien fait : je les ai vu taper un sprint derrière-moi. J’imagine leur tronche déçues en voyant leur cible se carapater au dernier moment !

Bref. Vous l’aurez compris, j’ai eu tout le loisir de me perdre le jour du rendez-vous. Un vrai bonheur ! Le pire étant que je n’étais pas vraiment pressé de retrouver Tarouga. J’espérais plutôt que le hasard serait gentil une seconde fois avec moi, et que…

Oh, un assassinat en direct !

Ah, non, l’assassin est mort.

Ah, bah voilà le miracle. Bonjour Tyrande ! Je quitte la brume pour me rapprocher d’eux, levant un bras chaleureux à leur intention. Elle a répété sa phrase en midgardien, je l’imite donc pour répondre :

— Salut Tyran… Euh… Dé… Las ! (je rougis de ma bourde puis me reprend à la hâte pour faire oublier cette maladresse.) J’avais r’marqué, merci. On dirait qu’y’a mon visage dans la colonne "proie facile" d’leur panneau d’affichage. Si l’but était d’me mettre en condition pour l’épreuve, c’est parfait !

Si mon air courroucé laisse penser le contraire, je suis plutôt de bonne humeur. C’est quand même une bonne chose de savoir qu’au moins, la chance ne m’a pas quitté. Je me tourne vers l’autre type et lui tapote l’épaule d’un geste chaleureux :

— Hé, t’as eu une chance d’bâtard, toi ! J’m’appelle Chad, content d’voir un autre type qui n’a pas l’air psychopathe dans l’coin ! Qu’est-ce tu fouillais dans la vase ?

Tout en légèreté, comme si l’autre n’avait pas failli se faire crever l’instant d’avant. Ah ça, quand on se balade dans des coins pareils, faut savoir dédramatiser ! Et ce n’est pas Hâmon qui dira le contraire : le Moufouette calé sous mon épaule hume en direction de Tyrande. Il reconnait cette grande dame ! C’est la madame qui fait des fleurs magnifiques ! Est-ce qu’elle va faire pousser de jolies fleurs pour remplacer la vase du marais ? Sans que je ne puisse le retenir, le Moufouette s’échappe de mon étreinte et accoure jusqu’à l’adulte pour lui tourner autour et la saluer en remuant la queue.

— Hâmon, ne t’éloigne pas trop ! La dernière fois, l’a fallu un dragon amoureux des mauvaises odeurs pour te r’trouver !

Le Ptera d’Elvira a quand même de droles de goûts. Mais passons ! je suis là pour une bonne choses, faudrait pas oublier :

— Eh, du coup, Ty… (j’suis vraiment nul pour ça.) Délas, Tarouga c’était juste le point d’rendez-vous, ou l’épreuve va être ici ? J’suis chaud hein, pas d’soucis ! Mais, euh… Nan, c’est bon ! Quand tu veux !

Je me passe une main gênée dans les cheveux avec un sourire forcé. À la fois, je ne me sens tellement pas prêt… Et en même temps, je refuse de la décevoir. Bordel, dans quoi j’ai été me foutre, encore ?!

[Tyrande di Neralitha]

Examinant rapidement le corps qui s'était enfoncé dans la fange, je pus constater que l'homme était habillé entièrement en noir, et qu'une cagoule recouvrait la totalité de son visage pour ne laisser que les yeux à l'air libre. Par la Lune, c'était un professionnel, ou quelqu'un qui tenait vraiment à rester anonyme... Ou les deux. Que venait faire un assassin dans un endroit aussi reculé ? Je savais que Tarouga était un endroit très mal famé, mais de là à attirer de tels individus...

Néanmoins, en me relevant, j'entendis l'étranger m'interpeller. Dans un geste vif et brusque, je me jetai sur lui pour lui plaquer une main devant la bouche lorsque je compris qu'il m'avait démasquée. J'avais entendu dire que certains des membres de ma famille voyaient leur malédiction être annulée en présence d'autres maudits, mais je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de vérifier cette rumeur... Ma première pensée fut de le prendre pour l'un de ceux qui étaient à ma poursuite (car comment aurait-il pu savoir ?), mais s'il m'avait démasquée aussi vite, soit il connaissait certaines caractéristiques de ceux qui partageaient mon fardeau... Soit il en faisait partie. Il fallait dire que les tatouages qui barraient mon visage depuis toujours, autour de mes yeux si particuliers qu'on pouvait me croire aveugle au premier abord, me rendaient repérable pour qui me voulait du mal. Mais mon intuition me disait que c'était également un di Neralitha lui aussi, et que sa malédiction devait être sacrément handicapante pour que la disparition de son effet le trouble à ce point. Quoi qu'il en soit, personne aux alentours ne devait savoir ma véritable identité. Puisqu'il m'avait parlé en midgardien, je lui répondis dans la même langue, me penchant pour lui chuchoter :

« Oui, mais pas un mot à ce propos. Chad me connaît déjà, mais nous ne pouvons savoir qui peut nous entendre ici, alors ne dis rien. Ton prénom suffira, vu ? »

Tout aussi furtivement, je m'écartai de l'inconnu encore sous le choc, avant de lever la tête vers la cime des arbres. Dori'thur revenait vers moi, après avoir plané un moment dans les environs, et je la rappelai immédiatement, craignant qu'elle ne soit prise pour cible. Me tournant vers Chad, je répliquai :

« L'épreuve devait se dérouler près de Tarouga, mais vu la situation, notre priorité va d'être de regagner la ville sans encombre. Oh, et je suis Délas. »

N'ayant pas prévu de devoir mentir sur mon identité en rejoignant Chad, que j'avais informé au préalable au sujet de mon alias, je sentis ma vision se troubler. Sur le qui-vive, j'encochai une nouvelle flèche et tendit la corde dans un léger craquement. Malheureusement, je ne fus pas assez rapide pour anticiper l'assaut simultané de trois silhouettes qui se jetèrent sur nous. La première immobilisa les pieds de mon compatriote dans une prison de glace d'un simple geste de la main, tandis que les deux autres se ruèrent directement sur moi. Ma flèche partit, mais se ficha dans l'épaule d'un de mes agresseurs, qui grogna et s'arrêta un instant. J'avais peu de place pour me mouvoir et pour être efficace, je devais prendre un peu de distance, le temps de retrouver mon acuité visuelle normale... Malheureusement, je n'étais pas certaine d'en avoir le loisir.

« Protège Chad ! »

J'avais crié en midgardien à l'adresse de celui que j'avais sauvé un peu plus tôt, ne pouvant décemment pas envisager de défendre le Dyrinnois sans me mettre d'abord à l'abri. J'ignorais tout de ce jeune homme, mais j'espérais vivement qu'il avait de quoi obéir à mon injonction, sans quoi Chad aurait de sérieux ennuis !

« Darius ! »

J'eus tout juste le temps de libérer mon Lougaroc orangé et de me pencher en arrière pour esquiver la dague qui avait failli me lacérer le visage. Enragé, mon Pokémon bondit sur celui qui s'en était pris à moi et roula dans la boue avec lui, tandis que le second envoyait une bourrasque dans ma direction pour me repousser. Le troisième, lui, avait jeté son dévolu sur l'autre di Neralitha, pensant être débarrassé de mon jeune apprenti immobilisé. D'une pensée, je fis sortir une plante immonde tout droit inspirée de celles qui peuplaient le Marais pour l'interposer entre le maître de l'Air et moi. Je voyais encore flou, et je devais hélas m'en remettre à ma maîtrise pour me repérer pendant un moment, ainsi qu'à l'instinct de survie de mes deux jeunes camarades...

[Voilà, les ennuis commencent xD

Chad, tu es immobilisé par un carcan de glace qui t'empêche de bouger pour un tour. Tu as néanmoins la possibilité d'utiliser ta maîtrise, bien évidemment, mais tu es en position de faiblesse et c'est Andromède (d'ailleurs pense à te présenter xD) qui te défendra et te protégera avec ses propres pouvoirs. Andromède, il y a de l'eau partout ici, enjoy xD
Celui qui vous attaque est Élémental de l'Eau de rang 2 et maîtrise l'eau et la glace.
Ne vous occupez pas de mes agresseurs, Tyrande les gère avec Darius. Bonne chance !]

[Andromède di Neralitha]

De fange et d'ébène

La familiarité de Chad et l’inquiétude de celle qui se faisait appeler Délas nourrissaient les contradictions dans l’esprit du garçon. Il ne savait pas vraiment comment réagir alors, d’un ton incertain et dans son érasien bancal, il décida de se présenter au duo :

« Je m’appelle Andromède, je suis originaire d’Abyan. Je suis ici pour- »

Le maudit fut interrompu une nouvelle fois. On aurait dit que le destin se moquait de lui, un rire malsain qu’il entendait depuis sa plus tendre enfance. La malice des étoiles et de leurs sombres desseins. Trois silhouettes sans visage débusquèrent le petit groupe au milieu des tourbes nauséabondes du marais. Décidément, ce lieu était un terreau fertile aux agressions en tout genre.

En un instant, un voile d’angoisse recouvrit l’atmosphère déjà trouble des marécages. Sa cousine (?) se battait contre deux des hommes pendant que le dernier leur faisait face. Chad était enraciné au le sol, le pied piégé par la poigne meurtrière de la glace et Andromède était désemparé.

« Protège Chad ! » lui hurla l’archère.


Bien mais… comment ? Andromède n’avait pas assez confiance en ses propres aptitudes pour se défendre lui-même, alors quelqu’un d’autre ? Si il est vrai que son cousin et lui avaient survécu à l’assaut barbare et impitoyable d’un équipage entier de pirates, cela relevait plus d’une grâce providentielle qu’un déchaînement de pouvoir.

Néanmoins, l’heure n’était pas au doute. Il fallait remettre en ordre le chaos qui s’était installé dans son esprit pour parvenir à les sortir de cette situation. De toute évidence, leur adversaire maîtrisait la glace et il n’était pas improbable que celui-ci maîtrise aussi l’eau en général. Cependant, l’enfer dans lequel ils se trouvaient était une tourbière moite et propice à la manipulation des liquides. Chad était un élémentaliste, mais de quoi ? Le maudit avait trop de questions mais si peu de temps pour prendre une décision.

Une tension malsaine faisait palpiter les tempes de leur adversaire dans un requiem perçant. L’ambroisie du sadisme coulait dans ses veines, injectant dans son organisme les ardeurs meurtrières de la psychose. Il était prêt à passer à l’attaque et la force de frappe du manchot ne pouvait rivaliser. Sa seule chance était la repli, donner assez de temps à Chad pour agir et combiner leurs efforts.

Soudain, il se souvint de ce qui lui avait sauvé la vie face au maître de la foudre. Il avait asséché la zone autour de lui pour dévier le courant et couper toute conduction de celui-ci vers lui. Ici, le liquide qui les entourait était à la fois le courant et le corps conducteur. Il fallait court-circuiter les deux à la fois pour assurer la protection du duo.

D’un geste de son bras unique, le maudit repoussa l’eau à leurs pieds pour façonner un dôme  autour d’eux. Le sol, de nature spongieuse, était désormais aussi sec que le Salar abritant les ruines d’ébène. Se faisant, la sphère aqueuse qui les protégeait les isolaient des attaques extérieures et l’assèchement total d’une zone circulaire autour d’eux prévoyait une éventuelle attaque venant de l’intérieur. Il aurait été aisé pour un maître de la glace d’utiliser l’eau qui montait jusqu’à leurs chevilles pour les emprisonner dans les tourbes.

Conscient de son manque d’expérience face à son assaillant, Andromède instigua un mouvement circulaire au dôme qui les abritait. Le courant qui se créa brouilla leur vue, donnant une impression d’isolation totale. Il espérait, en créant une sorte de tourbillon, gêner un gel de leur bouclier tout en renforçant leur protection face à d’éventuels projectiles.

« Chad je ne maîtrise pas la glace, je ne peux pas te libérer moi-même ! » il haletait « Je ne sais pas ce que tu maîtrises mais j’essaye de gagner du temps. D’accord ? Il faut qu’on se coordonne pour se sortir de là ! »

[ Andromède assèche la zone autour de Chad et lui et repousse l'eau autour d'eux formant un dôme. Il lui instigue un mouvement rapide et circulaire pour: 1) dévier d'éventuels projectiles avec la vitesse du liquide 2) éviter un gel instantané de l'eau ]

ASHLING POUR EPICODE

[Chad Kehr]

Hein ? Pasque c’est pas fini ? Ah, bah apparemment non. À peine Tyrande a-t-elle annoncé la priorité et l’autre entamé ses présentations que trois silhouettes lancent un nouvel assaut. En un instant, je me retrouve pris dans la glace et l’affrontement reprends. Hâmon se lance à l’assaut des glaçons sur mes pieds, chose plus mignonne qu’autre chose. Au moins, il ne se lance pas sur notre ennemi à corps perdu, ça m’évitera qu’il se retrouve hors de portée pour le protéger.

Instinctivement, je plonge une main dans mes pochettes, prêt à en ressortir de quoi me défendre, mais mon camarade me devance en éloignant l’eau à nos pieds pour former un dôme et nous y abriter.

— Ah wé. T’es balèze en fait ! Moi j’fais juste pousser d'la verdure !

Faut l’dire, il m’impressionne ! Mais pas le temps de chômer : puisque la sécurité ça a l’air bon, je profite de l’occasion pour aider Hâmon à me libérer. L’eau n’étant plus un problème, je pose les deux mains au sol, cherchant à percevoir des racines d’arbres qui parviendraient jusqu’à moi. J’en repère, pas trop loin, parfait. Ayant les pieds gelés au sol, j’essaye d'amplifier leur croissance jusqu’à moi pour les faire ressortir autour de mes chaussures. La pression augmente à l’intérieur du bloc gelé. Je grimace en sentant mon pied ainsi écrasé. Juste un petit effort de plus… et crac : la glace finit par se fendre d’un côté. Plus qu’à terminer le travail à coup de dague, et me voilà libre.
J’ai un peu laissé ma vie à un inconnu, là, non ? Je suis un peu taré d’avoir confiance en Tyrande comme ça. Mais si elle dit qu’il peut me protéger, c’est qu’il peut, pas vrai ? Attendez… Elle n’avait pas l’air de le connaître l’instant d’avant, si ? J’suis taré.

En tout cas, j’ai l’air d’être en un seul morceau. Je peux à présent reprendre mon idée initiale et sortir de ma sacoche les restes d’une feuille de Dyrinn. Je prends toujours soin d’avoir un bon paquet d’échantillons de chez moi et les garder en état, histoire de pouvoir appliquer ce que j’ai appris là-bas. La majorité servent à soigner et n’ont aucun intérêt en combat, mais celui-là, il sert toujours : profitant à nouveau de la sécurité accordée par Andromède, je prends le temps de transmettre un bon paquet d’énergie dans l’échantillon pour reformer une des énormes feuilles d’arbre de la canopée. Si le type nous balance de la flotte ou de la glace, ça devrait pouvoir en parer la majorité, tant qu’il ne balance pas des trucs trop perçants. Après cela, je rejoindrais Andromède pour couvrir ses arrières : le dôme, il est cool, mais on ne voit rien du coup. Aucune idée d’où il va attaquer le type. D’ailleurs…

— Merci gars ! Rassure-moi : s’il utilise l’eau aussi, y n’peut pas nous écraser avec l’dôme qu’t’as fait ?

Je préfère poser la question tout de suite avant que ça nous tombe dessus. Même si le plus important, ça va surement être qu’on s’entraide. Je ne suis pas trop inquiet pour Tyrande, connaissant son rôle de sentinelle. Le tout, c’est de ne pas l’emmerder, se faire prendre en otages, ou toute autre connerie qui risquerait de la mettre en mauvaise posture.

— On l’a perdu de vue, restons près l’un d’l’autre, y n’pourra pas nous surprendre tous les deux.

Je garde mon épaisse feuille en bouclier devant moi, prêt à encaisser une attaque qui passerait la première barrière du dôme.

Chad se libère à l’aide de racines pour briser la glace de l’intérieur.
Chad prépare une protection en feuille pour dévier une déferlante d’eau ou de glace bourrine qui traverserait le tourbillon.

[Tyrande di Neralitha]

Le pauvre homme aux yeux bleus avait à peine eu le temps de se présenter que déjà, notre petit groupe formé à l'improviste s'était fait sauvagement attaquer. Toujours aux prises avec mon adversaire qui maniait visiblement l'air, je ne pouvais pas vérifier la situation du côté des garçons... Je devais d'abord et avant tout m'occuper de ma propre sécurité, sans quoi je ne pourrais pas leur venir en aide. Tout proche de moi, Darius se débattait dans un concert de cris et de grognements, mais lorsque je n'entendis plus la voix de son agresseur, qui s'éteignit dans un râle, je compris qu'il avait gagné son duel. La gueule ensanglantée, ses magnifiques yeux verts ayant viré au rubis, il bondit dans ma direction alors que je faisais tout pour m'éloigner de mon propre adversaire. Je lui criai alors en dyrinnois :

« Va les aider ! »

D'abord immobile, mon loup se résolut en voyant que j'esquivais les coups de dague pourtant rapides et nombreux et se précipita vers le duo plus loin. Le dôme aquatique d'Andromède semblait plutôt bien fonctionner, mais l'Abyanais s'acharnait dessus avec une force telle qu'il finit par le faire céder. Dans un bruit sourd, la protection s'effondra, trempant les deux hommes et les laissant à la merci de leur ennemi. Avec un sourire carnassier, l'Élémancien projeta des pics gelés dans leur direction, pics qui furent d'abord déviés par la feuille géante de Chad, mais qui finirent par prendre une trajectoire plus aléatoire. Dans un sifflement, le pieu de glace se planta dans l'épaule du Dyrinnois, avant d'être tout simplement désintégré par Darius, broyé dans la puissante mâchoire du Lougaroc.

« Chad ! »

Retrouvant lentement mes capacités visuelles, je pus enfin sauter sur une branche basse et me hisser plus haut pour me mettre hors de portée du Mystique de l'Air. Frustré, ce dernier essaya de m'atteindre en se propulsant dans l'air, arrivant à ma hauteur. Serrant le poing, je fis un mouvement sec en le tournant brusquement. En face de moi, surpris, le type écarquilla les yeux, tandis qu'une force invisible le plaquait violemment au sol. Je maintins la pression un long moment, profitant de mon emprise pour regarder Darius qui avait déjà mordu à de nombreuses reprises l'Élémancien, et lorsque je fus assurée d'avoir noyé le type dans la fange et l'eau croupie, je pus voir mes deux protégés debout, leur ennemi empalé sur une Lame de Roc par la férocité de mon loup.

« Non, attendez ! »

Mettant en garde les deux jeunes hommes en midgardien, alors qu'ils se mettaient en mouvement pour me rejoindre, j'encochai une nouvelle flèche et tirai entre les deux, abattant proprement un nouvel assassin qui s'était glissé derrière eux.

« Andromède, tu peux regarder la blessure de Chad ? Il perd pas mal de sang. »

Bien évidemment, j'aurais clairement préféré descendre de mon perchoir et m'occuper moi-même de la plaie de mon compatriote, mais j'étais bien trop préoccupée par notre situation et notre position... À l'heure actuelle, je serais plus utile avec mes capacités d'archerie : c'était bien beau de savoir guérir, mais je ne pourrais pas assurer leur protection tout en essayant de refermer les chairs meurtries de mon cadet. Discrètement, je fis bouger les quelques plantes à ma portée de là où j'étais, traçant un potentiel dôme végétal prêt à se refermer autour du duo en cas de nouvelle attaque. Hélas, de nouvelles ombres se faufilèrent entre les racines et se ruèrent, non pas sur eux, mais sur moi... Peut-être que ma posture et mon comportement les avaient alertées sur le danger que je pouvais représenter par rapport à eux ? Une nouvelle fois, Darius s'interposa et roula dans la boue avec le premier qu'il put attraper, me dégageant ainsi d'un ennemi dont les énormes mains laissaient deviner sa force physique. Un adversaire dont j'aurais assurément eu du mal à me défaire... D'une pensée, je fis croître rapidement la branche sur laquelle je m'étais réfugiée pour séparer mes agresseurs. Le premier, du côté de Chad et d'Andromède, se retourna contre eux, épée au poing, dans l'idée de les saigner, alors que le deuxième se faisait engloutir par les ombres pour réapparaître devant moi et tenter de m'assommer. D'un réflexe bienvenu, je bloquai son assaut en interposant un petit bouclier rocheux entre lui et moi, luttant pour garder l'équilibre sur mon perchoir. Un Maître des Ombres... D'un côté, j'étais soulagée d'avoir récupéré l'intérêt de celui-là, qui aurait été compliqué à gérer pour des novices, mais de l'autre, je savais qu'il allait me donner du fil à retordre malgré tout...

[On continue la galère ^^ xD

Chad, tu as pris un pic gelé dans l'épaule (je te laisse choisir le côté ), Darius l'a totalement détruit, mais tu perds du sang et ça va devenir compliqué si l'hémorragie n'est pas stoppée. Tu dois donc protéger Andromède (et toi-même) pendant qu'Andromède essaie de te soigner avec ses propres pouvoirs.

Comme au tour précédent, ne vous occupez pas de Tyrande, qui gère son Maître des Ombres toute seule comme une grande. Si vous avez des questions, vous savez où me trouver. Bon courage !]

[Andromède di Neralitha]

De fange et d'ébène

La protection aqueuse ne résista pas bien longtemps. L’idée était excellente mais impossible de tenir face à un élémental de son rang. Alors que les trombes d’eaux se dissipaient, des projectiles de glaces firent leur apparition. Leur assaillant était rapide, bien trop rapide, il contrait leurs défenses tout en enchaînant les attaques.

La feuille que Chad avait fait pousser en un instant ne fit elle-même pas long feu. Les projectiles vinrent ricocher dessus pour finir leur course dans l’épaule du garçon avant d’être détruit par le Lougaroc de l’archère. Il saignait, il saignait abondamment. Même si Andromède s’était battu aux côtés de Luciano qui réarrangeais les organes de ses ennemis avec la délicatesse d’un boucher, la vue du sang était toujours quelque chose qui captait ses yeux. Il n’en avait pas peur, au contraire, mais cette ambroisie vermeille le fascinait. Il voyait en elle les joyaux liquides de la vie, ceux dont s’échappaient les volutes fragiles de l’existence. Notre mortalité, nos faiblesses.

« Andromède, tu peux regarder la blessure de Chad ? Il perd pas mal de sang. »

Il y avait dans la voix de la di Neralitha une pointe d’angoisse. Il est vrai que les deux midgariens avaient l’air de se connaître et s’appréciaient probablement grandement. Voir un ami ainsi blessé… cela lui rappela Luciano, électrocuté dans le marais. Il espérait que quand il sortirait de ce merdier celui-ci se serait réveillé. Mais pour l’instant, il fallait sortir de ce merdier.

La plaie était assez profonde et le maudit n’avait pas assez de connaissances de l’anatomie humaine pour véritablement savoir si la zone touchée était vitale ou non. L’artère était-elle touchée ? Aucun moyen de le savoir mais la quantité de sang qu’il perdait était effectivement alarmante. Jamais Andromède n’avait été confronté à ce genre de problème. Il avait appris à ôter la vie avec sa maîtrise mais pas à la préserver.

Manipulant un filet d’eau avec sa main unique, le garçon restait alerte des mouvements de son adversaire. Il fallait que Chad le protège tant bien que mal pendant qu’il s’occupait de la plaie. L’eau des marais était dégoûtante, il fallait au moins séparer les impuretés avant de l’appliquer. En mouvant ses phalanges d’avant en arrière, il parvint finalement à séparer l’eau des débris nauséabondes. Même si le liquide restait sale, cette faible épuration ne faisait pas de mal.

Le manchot commença d’abord par appliquer l’onguent aqueux sur l’épaule de Chad. Son but premier était de stopper l’hémorragie en utilisant l’eau comme un écran. Ainsi, il fallait qu’il empêche la base de son « pansement » de se mêler au sang pour lui faire conserver sa trajectoire dans les veines de la victime. Le  résultat ne fût pas optimal mais la quantité de sang éjecté était bien plus faible qu’auparavant.

« Tiens le coup Chad ! » exprima un andromède haletant.

Maintenant, le plat de résistance : il fallait soigner la plaie. Luciano ne lui avait jamais appris à se servir de sa maîtrise de cette manière, pour lui ce n’était qu’un instrument mortel. Il fallait donc improviser. Alors que la bataille faisait rage autour de lui, le maudit isola son esprit et consacra toute son attention à la réussite de son intervention.

Il effleurait presque la peau de Chad de ses doigts. Les mouvements de sa main étaient délicats, faisant valser l’eau corrompue par le sang autour de la blessure. On dit que l’eau est la source de la vie, qu’elle soigne tous les maux. C’est sa pureté qui offre vitalité aux êtres vivants et que les vivifient. Nous en dépendons entièrement et en sommes gorgés. Andromède essayait de se mettre dans l’état d’esprit d’un soigneur, il essayait de comprendre l’élément avec lequel il travaillait. L’usage qu’il en faisait lui était étranger mais, très vite, les résultats commencèrent à se voir.

Bien sûr, la plaie de Chad ne disparue pas entièrement, mais l’hémorragie avait été définitivement stoppée. D’un mouvement rapide, le manchot se débarrassa du liquide vermeil pour utiliser un nouvel onguent qui lui permettrait d’y voir plus clair ( en tout cas aussi clair qu’une eau de marais peut être ).

« Bon on y est presque, comment tu te sens ? » s’inquiéta le garçon.

[ Andromède essaye tout d'abord de stopper l'hémorragie en empêchant le sang de s'échapper de la plaie. Le résultat est pas ouf donc il se concentre sur une vraie technique de guérison. Il essaye de comprendre l'élément et comment en extraire les propriétés curratives. Cela semble marcher et stoppe définitivement l’hémorragie ]

ASHLING POUR EPICODE

[Chad Kehr]

Ça s’passe bien, hein ? Dites-moi qu’ça s’passe bien ! Nan, j'dis ça parce que j’ai comme un doute en voyant la grosse barrière d’eau s’effondrer sur elle-même.
Ah.
Sans surprise, l’autre type en profite pour balancer une attaque que ma feuille serait incapable de dévier complètement.
Ah.
Je tente ce que je peux. Puis là, c’est le cri.

— PUT*N DE B*RDEL DE SA R*CE !

ÇA ME N*QUE L’ÉPAULE GAUCHE SON MERDIER ! Le loup de Tyrande arrive à temps pour m’éviter davantage de blessures, mais je sens déjà qu’un bon paquet de sang s’échappe sous ma main posée sur la plaie. Et merde… Je venais juste passer une épreuve comme un pauvre élève, moi, à la base, c’est quoi ce coupe gorge à la con ?! J’ai envie de me tirer… Mais même ça, je ne peux pas ! Ces types dont je sais rien du tout m’en veulent pour je ne sais quoi, ou juste parce que je suis au mauvais endroit au mauvais moment, et si je tente une percée je vais juste me faire égorger sur place.
Hâmon a les yeux rivés sur ma plaie béante, tétanisé par mon état. Je vois ses mâchoires trembler de colère. Oh, je pense savoir ce qui va suivre… désolé mon beau, mais c’est trop dangereux, je ne te laisserai pas te jeter à corps perdu sur un type aussi dangereux. Je sors rapidement sa pokeball et l’enferme avant qu’il ne sorte de sa torpeur. Ça fera toujours ça de moins à surveiller…

Bref, comme on dit… Je peux râler, c’est que ça va. J’avais en tête de panser la plaie à l’arrache quand Tyrande ordonne à Andromède de s’occuper de ça. Ah bah bon ? Il a des compétences de soin, lui ? J’espère qu’il fait ça mieux que les barrières d’eau ! OUI, je suis de mauvaise humeur, et je vais le rester ! Désolé que je n’apprécie qu’à moitié de me faire saigner sans raison !
Je grommelle donc bien que je me laisse faire, gardant plutôt un œil sur les autres assassins qui rodent. Y’en a deux sur Tyrande, qui parvient à les séparer. Manque de bol, du coup, la moitié est pour notre gueule. Merci, mais non merci !
Tiens le coup qu’il me dit, l’autre. Bordel, j’ai le choix ?

— Dépêche, il n’va pas attendre !

Je m’accroupis et pause une main au sol. Vaut mieux ne pas trop bouger pendant qu’Andromède me soigne, déjà qu’il a l’air de galérer. Raah, ça picote en plus ! Vous êtes sûrs que c’est pas mieux d’attendre que Tyrande s’en charge ? Allez, assez de mauvaise langue… Y’a du boulot ! Je réitère ma trouvaille de l’instant d’avant et fait pousser de nouvelles racines hors du sol, cherchant à ralentir au maximum l’épéiste. Si je pouvais choper sa chaussure, ou sa jambe, ça serait le top ! Hélas, faire pousser des fleurs ça se fait bien, mais des racines… j’arrive à le ralentir, le fait même presque trébucher, mais le type continue d’avancer, je l’oblige juste à la prudence tandis qu’il se rapproche, les yeux rivés vers le sol.

— Allez, allez… murmurai-je autant pour moi-même qu’Andromède.

Plus que quelques mètres, j’aimerais bien ne pas finir empalé, s’il vous plait ? De ma main libre, je fouille déjà mes pochettes à la recherche d’une autre solution pour quand le type sera plus proche.

On y est presque ? Je prends ça pour un "C’est bon." ! On a plus le temps. De ma main libre, je balance la boule entre mes doigts que je bourre de mon énergie terrestre depuis quelques instants. Une petite feuille toute innocente roulée en boule !

— Bouffe ça, enc…

Je vous épargne le reste de mon langage colérique si fleuri. Dites vous simplement qu’un coup = une insulte, avec une originalité à toute épreuve.
Le type n’est pas con, il l’évite. C’est pour ça qu’en général, je fais en sorte que ça pète tout seul. Le surplus d’énergie fait craquer la feuille juste à temps, répandant un pollen virulent sur le visage de l’épeiste pour l’aveugler.
Non, ceci n’est pas du tout une technique de fugueur destinées aux surveillants, vous mentez. De toute façon, vous n’avez aucune preuve que c’était moi.
Le type est proche de nous, suffisamment pour nous frapper de son épée. Pas de chance, il est occupé à se frotter les yeux rougis par mon attaque. Je bondis, et à défaut de pouvoir me reposer sur mon bras blessé, lève une jambe à la verticale là où ça fait mal. Trois fois. Parce que une, ça ne me contentait pas.

Aieuh, par contre, faut pas forcer sur l’épaule… Bon, on arrête les conneries, et on essaye de profiter qu’il ne bouge pas pour l’attraper correctement avec les racines cette fois.

Chad tente de ralentir l'ennemi en faisant pousser des racines sur son chemin.
Une fois à portée, il forme une boule de pollen à partir d'une des fleurs de sa besace pour l'aveugler.
Il cherche ensuite à l'immobiliser définitivement par les racines.

[Tyrande di Neralitha]

Vif et sans pitié, le Maître des Ombres ne me laissait aucun répit, enchaînant les attaques occultes tandis que je parais de mon mieux. Heureusement que mon entraînement de Sentinelle avait aiguisé mes réflexes, sans quoi j'aurais probablement perdu un organe vital dans la mêlée ! Incapable de détacher mon regard de l'ennemi, je ne pouvais pas surveiller le reste du champ de bataille sauvage. Je perdis soudain mon adversaire de vue et, dans le doute, j'agitai mes doigts pour solliciter la flore locale. Dans l'eau, quelque chose bouillonna, et au moment où le type sortit de nulle part à moins d'un mètre de moi, des ronces et des plantes particulièrement vilaines jaillirent de la mélasse, emprisonnant mon assaillant dans un concert de craquements. Je mis à profit les quelques secondes qu'il mit à réaliser ce qui lui arrivait pour ériger un dôme rocheux que je doublai de trois épaisseurs supplémentaires. Les couches successives sortirent de terre dans un grondement sourd et saccadé alors que je réfléchissais à toute vitesse.

« Je t'attends ! »

Répondant à ma provocation, le Maître des Ombres surgit brusquement de l'interstice que j'avais volontairement laissé et qui projetait une ombre dans laquelle l'expert en arts occultes s'était coulé avec la plus grande des précipitations. Aussitôt, je le pris par surprise en le plaquant contre la paroi avec ma maîtrise de la gravité et, le souffle coupé, il reprit une consistance plus humaine. J'en profitai pour l'éjecter de ma forteresse en faisant exploser les rochers que je récupérai rapidement pour m'en faire une ceinture flottante et mouvante, ce qui me sauva probablement la vie. En effet, une flèche sortie de nulle part ricocha dessus, et mon Osselait sortit de sa sphère sans sollicitation de ma part pour balancer son os vers les branches. Dans un gémissement, l'archer chuta dans la boue, probablement désarticulé vu la hauteur de laquelle il était tombé, et le bruit de succion me confirma son funeste destin dans l'estomac d'une créature locale.

« Xul ! »

Mon Pokémon, loin de se démonter, attira l'attention du Maître des Ombres, qui fondit dessus après avoir largement eu le temps de reprendre ses esprits. Malgré ma réactivité (une salve de projectiles rocheux venait de fuser vers sa tête), mon Osselait poussa un cri de douleur, une large plaie barrant son ventre qui se teintait de rouge.

« Maudis sois-tu... »

En chancelant, l'homme se tourna vers le duo, puis vers moi, et un sourire mauvais s'étira sur ses lèvres. En un instant, une onde d'un noir de jais serpenta jusqu'à Andromède, sembla s'évaporer dans ses vêtements et teinta d'ébène la zone autour de l'Abyanais. Dans un gargouillis sinistre, mon ennemi rendit finalement son dernier soupir, un pic rocheux de près d'un mètre lui ayant traversé la gorge sans autre forme de procès. Rapidement, je vis que la plaie de Chad était soignée ; ce n'était évidemment pas du travail de pro, mais au moins, elle ne se remettrait pas à saigner abondamment. Cela tiendrait donc jusqu'à ce que je puisse m'en charger moi-même, et vu notre situation, c'était l'essentiel. Récupérant mon Osselait, j'entrepris de nettoyer rapidement sa blessure en la purifiant avec des plantes que je fis pousser depuis ma réserve de graines personnelle, avant de refermer les chairs en quelques instants. Après l'avoir rappelé, je levai les yeux vers mes deux cadets, et ce fut à cet instant qu'Andromède s'effondra.

« Chad ! Il a été maudit ! »

Ironie du sort... Comme si les di Neralitha n'avaient pas assez de cette condamnation déjà bien arbitraire et d'une rare cruauté ! Obéissant à mon ordre mental, la protection végétale que j'avais préparée à l'avance jaillit du sol marécageux, se dressant comme un dôme qui se voulait indestructible autour des deux garçons. Dans l'urgence, je n'avais rien pu faire de mieux : déjà, un nouveau duo me tombait dessus, et alors que Darius se ruait littéralement sur l'épéiste qui s'était acharné sur mes protégés pour le saigner proprement (avec succès), la femme ricana en se téléportant sur moi pour me décocher un coup de pied dans le ventre qui me mit à terre. L'homme, de son côté, décida de balancer tranquillement des bourrasques de plus en plus violentes sur le dôme végétal. Le souffle coupé, je parvins à me relever et à faire pousser un mur de ronces tout autour de moi, mur sur lequel la Maîtresse de l'Esprit se blessa en hurlant. Une main posée sur mon abdomen, je me requinquai en quelques secondes, tandis que la paume de l'autre s'affairait à faire naître une nouvelle plante pour me défendre. Je n'avais plus qu'à espérer que Chad mettrait à profit la protection que j'avais érigée pour construire la sienne, au moins le temps que je me défasse de cet adversaire au moins aussi redoutable que le précédent ! L'état d'Andromède, quant à lui, m'inquiétait au plus haut point... J'espérais donc que le maléfice d'un Maître des Ombres mourant serait réversible et que je pourrais agir dessus, s'il ne parvenait pas à s'en défaire par lui-même.

[C'est pas fini ! MADA MADA xD

Chad, ta blessure est guérie, mais tu dois prendre pour base le dôme que vous a offert Tyrande pour ériger tes propres barrières. J'étais un peu « meh » devant ta dernière réponse côté objectif demandé, alors je veux voir une VRAIE protection élémentale de Défenseur Profites-en pour introduire ta seconde maîtrise dans le post, histoire d'alimenter un peu ta description du processus ^^ Ce qui m'intéresse, c'est la manière dont Chad arrive au contrôle des plantes pour défendre et protéger. Ne t'occupe pas d'Andromède, hormis pour le protéger

Andromède, ton exercice à toi sera un peu différent. Maudit par un Maître des Ombres (heureusement diminué car mourant au moment de lancer son maléfice), tu es inconscient et en proie à des cauchemars qualité top + xD Tu dois faire une petite introspection et te sortir de là en utilisant ton élément. Cela peut être en pensant à l'eau d'une manière ou d'une autre, ou bien en interagissant avec le sang, puisque ce sera ta seconde maîtrise. Tu es libre, tant que cela fait intervenir ton élément ^^ Tu dois être réveillé et paré à te battre à la fin de ton post, car le prochain tour sera le dernier !

Bonne chance ]

[Andromède di Neralitha]

De fange et d'ébène

Andromède ouvrit les yeux dans un sursaut dément. Il pouvait sentir son coeur injecter ses veines du nectar cuisant de la peur, celui des terreurs indicibles de la nuit. Cependant, loin du miasme moite des marais, celui-ci se trouvait dans l’antre de la folie. Une terre de douleur et de confusion qu’il ne connaissait que trop bien.

Là où les rêves ordinaire s’effacent dans un flou onirique, évaporant l’horizon de leur souffle éthéré, le garçon était en proie à des visions grouillant de réalisme. Il essayait d’échapper à ses démons, des êtres au visage vierge, dans une course qui semblait durer une éternité comme un instant. Il hurlait à plein poumon, essayait de se défendre mais l’eau qu’il manipulait se transformait en cendre. Il était redevenu cet enfant apeuré, celui dont les hurlements s’évanouissaient dans l’immensité de sa demeure.

Puis, alors que le décor était devenu un rideau déformé par la vitesse de sa course, son environnement se transforma. Les monstres à ses trousses se fondirent dans le chaos ambiant et les ténèbres se muèrent en un cube infernal. Des miroirs s’érigèrent tout autour de lui, formant une  pièce délirante. Il ne voyait que sa personne, une infinité de reflets qui semblaient se moquer de lui.

Si il se reconnu d’abord dans les miroirs, ses doubles se métamorphosèrent peu à peu. Les changements étaient subtils : d’abord leurs iris azures prirent la teinte d’un lilas perçant, ensuite leurs cheveux s’assombrirent. Un rictus malsain se dessina peu à peu sur leur visage, finissant par former une fissure sur la porcelaine de leur peau. Ils se muaient en ce qu’Andromède redoutait le plus. Ce n’était pas la mort, ce n’était pas la souffrance : c’était-lui-même. Une version de lui qu’il réprimait, celle qui s’élançait dans une frénésie meurtrière pour se délecter du mal qu’elle infligeait.

Alors que le maudit contemplait avec horreur les spectres qui lui faisaient face, ceux-ci avancèrent. L’infinité de reflets se mouvait dans une danse informe, chaque entité se perdait dans l’ombre de son congénère. Il était impossible de suivre leur mouvement, ils n’étaient plus qu’une masse informe de corps, un démon de chair et de sang.  

Il était difficile de dire si ils se rapprochaient véritablement du maudit ou si leur prison de verre les enchaînait à ce purgatoire sans fin. Dans tous les cas, la panique gagnait l’esprit fragile du garçon qui s’efforçait de ne pas lâcher la poigne de sa raison. Puis, alors qu’il pleurait et conjurait l’univers de lui offrir une échappatoire, une main sorti du miroir en face de lui. Cette apparition eu pour effet de purger toutes les surface de cette geôle démente, aucun reflet ne subsistait seulement un horizon verdâtre.

Lentement, le corps corrompu de son double s’extirpa du verre pour se matérialiser devant lui. La silhouette semblait s’amuser de la torpeur du garçon, ses rires masquant les complaintes d’Andromède. Il était à la merci de ses peurs, incapable de se défendre. L’eau qui était la seule véritable arme du maudit était absente de son cauchemar. Il se savait condamné. Son double brandissait désormais une lame, un poignard à la lame d’onyx. Même si l’avancée de son bourreau était lente, il savait que dans quelques instants tout cela serait terminé.

Trop réelle pour faire douter Andromède de la réalité, cette illusion était un spectre sadique fruit d’une malédiction impie. Il était prêt à tout abandonner, sa vie, son âme, pourvu que ce supplice s’arrête. Rarement la peur l’avait paralysé à ce point. Il avait pourtant vécu l’innommable lors de ses jeunes années, des tortures lui ayant coûté une partie de son corps et de son esprit.

Déposant le flanc de la lame contre le cou de sa victime, l’ombre approcha son visage jusqu’à ce que leurs deux respirations s’entremêlent. Il avait l’odeur de la mort, un miasme nauséabonde qui gangrenait son environnement. Un parfum difficile à oublier. Peut-être était-ce juste finalement ? Le maudit subissait une colère providentielle, celle qui lui ferait expier ses crimes. Lui aussi avait semé la mort derrière lui, en commençant par sa famille. Mais ils le méritaient. N’est-ce pas ? Ils méritaient la douleur apportée par les volutes purificatrices des flammes. Ils méritaient de périr. Une vie de souffrance n’est qu’une course à la survie. Et dans ce monde, la règle veut que le fort mange le faible. Andromède n’avait jamais été faible. Il était le véritable monstre mais sa nature profonde le terrorisait. Il fallait qu’il l’embrasse pour survivre, accepter ce qu’il était devenu. Vivre avec ses crimes pour échapper à la terreur.

Alors que le sang commençait à couler au bout de la lame, Andromède s’éveilla. Dans un mouvement de phalange, il manipula les gouttes vermeilles pour aveugler son assaillant. Il est vrai que le nectar qui nous maintient en vie n’est qu’une ambroisie aqueuse. Il avait vu Luciano l’utiliser  pour meurtrir ses ennemis mais s’était toujours pensé incapable de réaliser de telles prouesses.  Envoyées à pleine vitesse dans les yeux du reflet, celles-ci percèrent sa rétine pour venir se loger dans l’antre de ses iris. Un cri de douleur s’éleva dans la pièce, résonnant dans un écho délirant. Le maudit était prêt à se battre pour survivre. Mais, il sous estimait l’entité.

Après tout, elle était lui et il était elle. Ainsi, si il pouvait manipuler le sang, alors elle aussi.  Le visage déformé par la hargne et la démence, le double s’arracha la peau du poignet par la force de ses dents. Une morsure digne d’un Pokemon enragé. La mâchoire serrée, celui-ci grognait. Le sang coulait abondamment de sa plaie et, presque instantanément, il l’utilisa pour créer des salves meurtrières.

Face à la force de frappe aliénée de son adversaire, Andromède devait jouer la prudence. Animé par l’envie de s’en sortir, il interceptait les projectiles de l’aveugle (lancés aléatoirement) qui éclataient face à lui. On aurait dit qu’ils heurtaient une barrière impénétrable. La maîtrise du maudit était immaculée, il parvenait à bloquer la puissance délirante de son adversaire qui ne cessait de croître.

Conscient qu’une posture défensive n’était pas la clé pour gagner le combat, il cherchait une manière de contre attaquer. Mais comment ? Son adversaire réutilisait inlassablement le liquide constituant ses salves, dont la quantité ne cessait de croître à mesure que le sang s’échappait de sa blessure. Il fallait qu’Andromède puisse lui aussi utiliser sa maîtrise, il lui fallait une source de sang utilisable.

Profitant de la trajectoire aveugle des projectiles, le maudit se laissa transpercer la cuisse. Cependant, au vu de la quantité de sang qu’il perdait, il avait touché une artère. Son temps était alors compté, il devait se débarrasser de l’entité infernale pour pouvoir se soigner ensuite. Ainsi, dans un mouvement rapide, le garçon utilisa le liquide vermeil pour se constituer une tentacule à l’emplacement de son bras manquant. Puis, en agitant son nouveau membre face à lui, il interceptait les projectiles tout en se nourrissant du sang apporté par eux. Profitant de la puissance apportée par les attaques de son adversaire, Andromède étira l’appendice tentaculaire pour transpercer son crâne. Le choc fût tel que son front sembla se fendre comme une coquille avant que son corps ne retombe au sol brisant le miroir à leurs pieds.

Néanmoins, le temps n’était pas aux célébrations, si il voulait s’en sortir alors il devait stopper l’hémorragie. La tête déjà embrumée par le manque d’oxygène, il commença sa besogne. En dépit de la profondeur de la blessure, il était plus aisé de stopper les saignement en maîtrisant directement le liquide. Concentrant ses dernières forces à la pointe de ses doigts, le maudit parvint à faire reprendre à son sang le chemin de ses veines. Même si a blessure était encore fraîche et bien présente, le trou encore béant, les saignement s’arrêtèrent.

Il avait réussi, il avait vaincu son démon et avait survécu à une mort certaine. Qui aurait pu croire qu’il trouverait dans les limbes de son esprit la rage de vivre ?

Soudain, le décor s’évapora. Puis, les cris de Chad et de Tyrande s’élevèrent dans la pénombre. Sans avoir le temps de réagir, une lumière le tira sa prison, transportant sa conscience au milieu du marais. Il venait de vaincre la malédiction.

[ Alooooors, Andromède se retrouve dans un cauchemar où une entité lui ressemblant à quelques détails près s’extirpe d’un miroir et tente de le tuer. Cédant tout d’abord à la panique, le garçon riposte finalement. Il se rend compte qu’il peut utiliser le sang. Après avoir aveuglé son assaillant, il s’attelle à intercepter les projectiles lancés par son adversaire. Se rendant compte qu’il ne peut pas gagner en se défendant, il laisse sa jambe se faire mutiler pour former une tentacule avec son propre sang qui gonfle à mesure que les salves de sang la touche. Lorsque celle-ci est bien empower, il la tend et perce le crâne de son ennemi. Puis pour ne pas mourir il soigne sa blessure. N’ayant pas succombé à sa confrontation avec la malédiction, il se réveille. ]

ASHLING POUR EPICODE

[Chad Kehr]

Bordel, mais c’est de pire en pire ! Voilà que maintenant c’est l’autre qui se fait atteindre. Je galérais déjà à retenir l’épéiste, je n’ai pas vu l’autre venir, moi ! Et puis ça me fait une belle jambe de savoir ce qui l’a mis dans cet état, je ne sais pas dissiper un truc pareil, moi ! J’accoure quand même vers lui pour voir comment il va lorsqu’un énorme dôme apparait autour de nous.
C’est quoi, encore, ça ? Ça ne bouge pas, ça nous entoure sans nous écraser… je dirais même que ça retient nos ennemis. Eh ! Mais ce ne serait pas un coup de Tyrande ?

— Ah put*n mais oui, ÇA je peux en faire quelque chose !

Oui parce que j’ai quand même un peu conscience qu’au milieu des deux autres, je n’ai pas été le plus utile aujourd’hui. Mais eh, je n’ai pas demandé à risquer ma peau, moi ! J’avais imaginé un truc genre question théorique, exercices pratiques et repoussage de limites dans les règles de l’art, pas une tentative d’assassinat !

J’entends du vacarme de l’autre côté du mur, surement des coups d’épées ou autres pour se frayer un chemin à travers la protection. Si je ne fais rien, ils vont finir par passer. Allez Chad, c’est à toi de jouer cette fois !
Pour plus de proximité et d’efficacité, j’attrape deux morceaux de liane qui s’échappent de notre forteresse de fortune. J’aime le contact, j’ai toujours été plus à l’aise ainsi. Ce n’est pas pour rien que je travaille mieux avec ce qui traine dans ma besace. Allez mon gros, on a un dôme à tenir ! Je m’accroupis, ferme les yeux, me concentre… Et on est parti !

Du mouvement se fait sentir autour du dôme en partance de l’endroit où je me trouve. Dans un premier temps, le phénomène ressemble beaucoup à la suite logique de ce que Tyrande a érigé : les lianes s’étirent, s’entremêlent autour du dôme pour le recouvrir d’une énième protection et en protéger la base. Petit à petit, j’essaye de les rendre plus longues, plus imposantes également.
Mais ce n’est qu’un début. Avec la base fournie par Tyrande, en rajouter une couche n’a rien d’un défi. D’ailleurs, venir à bout de mes lianes ne sera pas plus difficile que de creuser la protection qu’elles recouvrent. C’est maintenant que je dois bosser dur !
Je me concentre à percevoir les endroits où mes lianes se font agresser, coupées ou geler, peu importe. Tout ce qui compte, c’est de renforcer cet endroit précis. Le dôme semble prendre vie, tandis qu’à chaque fois qu’un nouvel assaut se fait en un point, une horde de lianes s’élance aussitôt pour venir combler le vide laissé par leurs camarades tombées au combat. Et lorsque je sens que nos ennemis risqueraient de s’enfoncer parmi l’une ou l’autre des failles laissées dans mes défenses, c’est une ligne de plantes épineuses qui s’interpose en arrière, dernier rempart destiné à empêcher le passage le temps que d’autres lianes plus résistantes reprennent leur place.
J’essaye de réagir à ce que je perçois des assauts. S’ils tournent autour du dôme, tentent de passer par les airs, changent de cible, insistent en un point… le principal étant d’y réagir aussi vite que possible en gardant ce même control sur le dôme. J’ignore combien de temps je tiendrais : je m’épuiserai surement avant ceux qui attaquent, puisque je ne fais aucune contre-attaque véritable, mais si je peux donner ainsi à Tyrande le temps qu’il lui faut, peut-être qu’on s’en tirera.
Tant d’efforts sur les plantes du dôme m’en fait oublier qu’il n’est pas formé que de plantes. Pourtant, lorsque je me concentre en un point précis de sa formation, j’arrive à ressentir le reste de ce qui le compose. De la roche, de la terre. Je sens ces clés de voute autour desquelles les plantes s’agencent. D’instinct, j’aimerais les guider à leur tour, réagencer leur structure pour m’assurer que tout ne s’effondre pas tel un château de cartes. Je n’ai jamais été vraiment doué pour manipuler la terre, contrairement à tous mes camarades. C’est pourtant la maitrise de base de notre village, mais mes professeurs m’ont tout de suite dirigé vers les plantes en remarquant mes talents. Pourtant, je sens qu’elle est là, malgré tout. Comme en chacun de nous à Dyrinn.

Je sens du mouvement derrière-moi. Andromède se réveille ?

— Ça va ? lui lançai-je pour résumer ma pensée.

Pensée qui pourrait se résumer en "j’espère qu’il va pas me poignarder dans le dos façon possession par l’ennemi". Je n’aurais pas vraiment le temps de me défendre ni même de lui accorder un regard, trop occupé à défendre autre chose. Genre, nos vies.

[Tyrande di Neralitha]

Le rire de la démente résonnait comme autant d'échos sinistres dans le Marais Brumeux, qui menaçait de devenir notre tombeau à chaque instant. Malgré le sang qui coulait des blessures occasionnées par ma barrière de ronces, elle attaquait sans discontinuer, alternant les assauts physiques avec les tentatives d'attaques mentales qui ne s'arrêtaient pas. Quand elle parvint à trouver une brèche dans mon esprit, elle s'y engouffra d'un air avide, un ris sardonien crispant son visage. Frappée de plein fouet par la violence de ce coup d'estoc, je sentis mon corps se figer, à la merci de la Maîtresse de l'Esprit.

« Sors de... Là... »

Sa présence, assimilée à un véritable viol mental, me mettait dans un état de transe qui m'était jusqu'alors totalement inconnu. Si elle continuait comme ça, elle allait trouver ce que je voulais lui dissimuler à tout prix ! J'avais beau me forcer à focaliser mes pensées sur autre chose, ma peur allait finir par me trahir. Doucement, avec une lenteur calculée, je laissai ma main se frayer un chemin jusqu'à mes sphères, et j'eus toutes les peines du monde à y parvenir. Mon bourreau, trop occupé à me torturer, ne prêta pas attention à mon manège, et je dressai d'un coup une barrière mentale aussi soudaine que fragile pour me donner le temps de faire sortir mon Pokémon. Surprise par le phénomène, la femme resta un instant hébétée, ne s'attendant probablement pas à rencontrer de résistance dans ce domaine-là.

« Crève. »

Furieux, mon Sablaireau jaillit de sa prison et transperça l'abdomen de ma tortionnaire, qui s'affaissa comme une poupée de chiffon. Reprenant ma respiration, je vis l'épéiste qui s'acharnait sur le dôme, qui finit par se disloquer, mais qui avait parfaitement joué son rôle. Darius se rua sur l'homme et le plaqua si violemment dans la boue qu'il en perdit connaissance, et au moment où il allait l'achever, je lui criai en dyrinnois :

« Non ! Prisonnier. »

En grognant, mon loup orangé lui appuya néanmoins la patte sur le cou d'un air menaçant, tout en le laissant respirer. Avec prudence, je l'enchaînai directement au sol avec des ronces qui suintaient d'un poison non létal, mais suffisamment fort pour le replonger dans l'inconscience si d'aventure il se réveillait et avait dans l'idée de s'échapper. Simple précaution.

« Chad, Andromède, ça va ? »

En tout cas, ils étaient tous les deux sur pied, et conscients. Bonne nouvelle. Mais alors que je pensais avoir enfin retrouvé la paix, une vive lumière semblable à une comète se dirigea vers nous. Non... Pas ça... Mais ce que je redoutais finit par arriver : perché sur son énorme Flambusard, l'homme qui avait déjà failli me tuer la première fois que j'étais descendue dans le monde d'en bas me visa avec une boule de feu que j'évitai en hurlant. Connaissant ma phobie, Tavarok hérissa ses épines carmin en direction du type. Darius, lui, se rua dans la mêlée, mais il fut intercepté par un Pyrax avec lequel il engagea le combat. J'étais terrorisée à l'idée de me battre contre celui qui avait manqué son assassinat (probablement à deux reprises...), mais cette fois, je n'avais pas le choix. Cette fois, néanmoins, je n'étais pas seule : Tavarok était visiblement prêt à en découdre, et j'avais, de mon côté, acquis deux maîtrises supplémentaires que j'utilisais correctement, à présent. Ce salaud devait savoir que j'avais le feu en horreur, car il fit danser une flammèche devant ses yeux, comme pour me provoquer. Je tremblais de tous mes membres, mais cette fois, au lieu de reculer, je bondis vers lui pour tirer mes projectiles de roche au plus près de ma cible. Surpris, il ne put en esquiver qu'une partie et, reprenant de la hauteur sur sa monture, il s'éleva pour se mettre hors de portée. Mais je ne comptais pas le laisser partir, cette fois : à peine avais-je atterri sur une branche à moitié pourrie que je repartais à l'assaut, dans une formidable détente boostée par ma maîtrise de la gravité. Emmenant Tavarok avec moi, je m'élançai dans un ballet aérien, affrontant pour la première fois la phobie qui rythmait ma vie.

[Dernier tour ! Pour ce final, votre but sera de protéger Tyrande sans la gêner dans son combat. C'est un 2V2, mais inégal, d'une part parce que Tyrande a déjà plusieurs combats dans les jambes, et d'autre part parce qu'elle affronte celui qui a déjà failli la tuer et qui maîtrise le feu, sa phobie de longue date. Elle sera donc moins réactive et moins prompte à se défendre ^^ Pour ce tour, vous avez le droit de powergamer légèrement mon personnage en lui infligeant des blessures (qu'elles soient causées par l'humain ou par le Flambusard), à condition de les soigner avant la fin de votre post.

J'attends de vous que vous coopériez et que vous aidiez Tyrande à prendre le dessus sur ses peurs, au moins le temps d'un combat Vous pouvez donc ériger des barrières élémentales physiques ou mentales (si vous vous en sentez capables, c'est une petite approche de Marcheur de Rêves, même si je sais que vous voulez devenir tous les deux Guérisseurs. En revanche, pas de coup direct sur les adversaires, j'ai besoin de ce PNJ pour la suite de mes aventures, il ne sera donc ni tué, ni fait prisonnier (hélas XD).

Bon courage ! ]

[Andromède di Neralitha]

De fange et d'ébène

Toujours embrumé par les réminiscences de la malédiction l’ayant frappé, Andromède tentait de reprendre pied avec la réalité. Dans sa confusion, il n’entendit pas Chad ni sa cousine se préoccuper de son état. Le goût âpre de la peur qui gangrenait sa gorge s’estompait peu à peu et sa vision, toujours trouble, s’éclaircissait. Cependant, dans le brouillard de son éveil, les cris de Tyrande pouvaient se faire entendre. Une rhapsodie de terreur, un chaos attisé par les flammes de leur dernier ennemi.

Constatant que l’archère était en mauvaise posture, le garçon se releva en s’appuyant sur Chad. Son bras vacillait à cause du poids de la fatigue mais, avec un peu d’effort, il pu à nouveau se tenir debout.

« Chad, il faut l’aider ! »

Après avoir échangé un regard approbateur, les deux maîtres élémentaires s’élancèrent à la poursuite de Tyrande qui s’était propulsée en direction de l’homme à une vitesse phénoménale. Leur combat promettait d’être dantesque mais il semblait que la femme redoutait l’élément d’or. Les volutes infernales du feu embrasaient ses iris du nectar cuisant de la terreur, engourdissant ses mouvements de la poigne malsaine du Tartare. Même si elle essayait de surmonter ses démons, ceux-ci la désavantageaient grandement.

La stratégie la plus sage à adopter était, pour le maudit, de dévier les tirs de l’assaillant avec sa maîtrise de l’eau. Eau contre feu, l’équation était vite résolue. Utilisant l’eau croupie des marais, Andromède se constitua un tentacule d’eau à la place de son membre manquant comme il l’avait fait pour se sortir de son cauchemar. Ensuite, lorsque le nouveau bras fût bien en place, il s’en servit  pour agripper le tronc d’un arbre et se hisser sur celui-ci. Dorénavant plus en hauteur, le maudit pouvait être plus alerte et plus réactif face aux attaques du maître du feu.

Alors que celui-ci se préparait à envoyer une gerbe de flammes en direction de Tyrande, Andromède martela l’air en face d’elle avec son tentacule aqueux. Le choc des deux éléments produisit un râle vaporeux qui, très vite, se mua en un voile de brume. Réagissant dans l’instant-même, le maudit convertit la vapeur en eau et vint l’absorber avec son nouveau membre.

« J’espère que ça va ! Je vais tenter de dévier ses attaques, surtout garde ton ca- »

A peine eut-il le temps de terminer son cri d’alerte qu’une boule de feu se logea à quelques centimètres de son visage. Il fallait qu’il reste aussi concentré sur sa propre survie. Alors que Tyrande continuait de se battre, Andromède analysait la trajectoire des projectiles et les annihilait en vole. Certes il en manquait certains, mais aucun qui puisse atteindre sa cousine. Véritable tourelle défensive, il allongeait son tentacule tout en l’alimentant avec l’eau présente en contrebas. Lorsqu’une flamme s’approchait de l’archère, il n’avait qu’à fouetter l’air pour vaporiser les braises.

Néanmoins, il pouvait toujours sentir la peur battre dans les veines de l’archère. Perché sur sa branche, Andromède ne pouvait pas faire grand-chose pour lui éviter de céder à la panique. Il ne pouvait que se contenter d’être un soutien défensif pour éviter que les flammes ne s’approchent trop d’elle. De plus, il devait lui même esquiver les attaques occasionnelles tirées en sa direction. Avec si peu d’équilibre, ce n’était pas chose facile.

Soudain, l’ennemi sembla s’impatienter. Dans un hurlement bestial, il fit converger une quantité absurde d’énergie dans sa paume avant d’utiliser sa maîtrise comme un véritable lance-flamme. Perché sur son Flambusard, celui-ci commençait à tourner autour de Tyrande à une vitesse monstrueuse. Pris de cours, le maudit ne pût empêcher à sa cousine de se faire brûler l’épaule. Cependant, il eu le temps de propulser son tentacule en direction de celle-ci. Le membre aqueux s’enroula autour d’elle avant de s’élargir et former une sphère. L’intérieur était parfaitement respirable, dessinant une prison aux murailles hostiles à la maîtrise de leur agresseur. Comme précédemment, l’attaque se vaporisa en un épais brouillard, laissant le temps à Tyrande de réagir.

« Chad, il faut faire quelque chose pour sa blessure. Je vous couvre ! »

Reformant un tentacule à la place de son membre manquant, Andromède se tenait prêt à protéger ses alliés de l’assaut infernal de leur adversaire.

[ Sooo, Andromède défend Tyrande avec un tentacule aqueux en fouettant les projectiles enflammés se dirigeant vers elle. Sur ce post, Andromède se contente d’un soutien défensif assez périlleux car il doit non seulement faire attention à la vie de Tyrande mais aussi à la sienne. Cependant, l’ennemi perd patience et crée un lance-flamme au creux de sa main et commence à tournoyer, perché sur son Pokemon, autour de l’archère. Andromède n’est pas assez réactif et sa cousine se fait blesser au niveau de l’épaule. Il contre cependant la fin de l’attaque en propulsant son tentacule qui déploie une barrière autour de Tyrande.

Pfiou à toi Chad ! ]

ASHLING POUR EPICODE

[Chad Kehr]

Bon. On est toujours en vie, j’imagine que ça veut dire que nos efforts ont payé ? Andromède semble être lui-même, et j’entends Tyrande qui nous appelle. J’entrouvre la barrière de ronces et de lianes une fois certain que plus personne ne s’acharne dessus pour en sortir avec Andromède et faire signe à ma mentor. Hélas, si nos adversaires initiaux sont en effet neutralisés, on n’est pas tiré d’affaire pour autant. Voilà un énième combattant sur un Flambusard pour nous cramer la tronche ! Je soupire quelques instants avant de me reprendre. Plus tard, la lassitude ! Nos vies sont en jeu !
Je commence à fatiguer, espérons qu’il ne leur reste plus d’autres renforts après celui-là.

Puis là, Tyrande hurle. Wow ! C’est la boule de feu qui l’a faite gueuler comme ça ? Je la sens d’un coup beaucoup moins sûre d’elle ! Elle ne tremblait pas comme ça, tout à l’heure, pas vrai ? On ne décoche pas des flèches aussi précises avec de pareils tremblements !

Cette fois encore, Andromède a été plus réactif que moi. Je râle, je râle, mais j’avoue que c’est un soulagement qu’il soit là. D’un hochement de tête, j’acquiesce à ses ordres. Néanmoins, contrairement à lui, je garde mes distances avec l’affrontement, préférant rester à portée du dôme en cas de panique de premier ordre. De toute façon, pour ce que je compte faire, il va me falloir un minimum de préparation.

— Gagne-moi un peu de temps, j’vais lui préparer d’quoi t'nir le coup, dis-je à Andromède qui s’éloignait.

Andromède se débrouille bien pour intercepter les attaques ennemies. Parfait. Néanmoins, je dois me grouiller, pas sûr qu’il tienne longtemps. J’ose même pas jeter un œil sur le combat qui se déroule de crainte qu’il m’arrive dans la gueule ou d’y constater que j’ai été trop lent. Allez…

D’abord, quelques plantes curatives. De quoi calmer les brûlures. Je fouille ma sacoche, en sort des graines. C’est pas le genre de trucs que je trouverai dans le marais. Enfin, je crois ? C’est pas vraiment mon coin, ici. Ces plantes-là, au moins, je sais ce qu’elles valent. Par contre, pour le reste… les lianes que j’utilise depuis tout à l’heure feront l’affaire. Surtout avec l’humidité du marais, ce sera parfait.
Je jette tout ce dont j’ai besoin dans un pan de terre puis plaque immédiatement mes mains au sol pour faire pousser le nécessaire. Je rapatrie également une partie des lianes dont je me servais autour de moi, les fait s’immerger un instant avant de les ressortir. Bien, j’ai tout ce qu’il me faut. C’est là que les choses se compliquent.

J’entends des cris. Je crois que Tyrande vient de se faire toucher, Andromède m’appelle.

— J’m’en charge !

J’arrache tout ce dont j’ai besoin avec hâte pour les broyer dans mes mains à coup de maitrise pour en amplifier les effets et étaler l'étrange sève résultante sur les lianes tout en me ruant dans leur direction. J’imagine que je vais me faire canarder à mon tour, mais je compte sur Andromède pour réagir à temps. Lorsque Tyrande me semble à portée d’action, je lui hurle un ordre direct en espérant qu’elle m’écoute :

— Tyrande ! Attrape !

Je lui pointe la branche juste au-dessus de moi. D’un pied tapé sur l’arbre vers lequel l’adulte se dirige, j’envoie mes lianes l’escalader jusqu’à la branche où elle atterrit. En un instant, les lianes quittent leur support pour s’enrouler autour de son torse. Le tout, c’est d’arriver à le faire sans gêner ses mouvements. Ne pas bloquer d’articulation, sentir et suivre ses mouvements…

— Ignore-les, ça va aller !

Les lianes se séparent en plusieurs morceaux, un pour le torse, un pour chaque bras, avant-bras, jambe et genou. L’humaine peut sentir une protection de lianes prendre place ainsi autour de ses membres sans l'entraver. Elle devrait au contraire ressentir un soulagement immédiat au niveau de sa blessure. L’onguent des autres plantes renforcé de ma maitrise s’y étale aux mouvements des lianes guérisseuses. La douleur disparue, elle devrait déjà pouvoir se battre à nouveau sans être gênée. Quant au reste…

Une seconde boule de feu érafle le bras droit de l’humaine. Mais grâce aux efforts d’Andromède pour réduire les attaques ennemies, ma nouvelle protection encaisse la totalité des dégâts restants. Tyrande ne verra qu’une liane s’embraser avant de se détacher de son corps le plus naturellement possible. Reste à espérer que j’en ai envoyé assez pour qu’elle tienne jusqu’à avoir arrêté ce type, ou que ma maitrise parvienne à les régénérer assez vite. J’aurais encore une fois préféré pouvoir garder le contact avec les plantes, mais c’était impensable dans cette situation. Maintenant, il ne manque qu’une chose pour que l’on puisse réellement espérer vaincre : la convaincre.

— ON EST LÀ, TU CRAINS RIEN, DÉFONCE C’T’ORDURE !

Vite de préférence, avant qu’on craque ou s’en prenne une…

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