[ Clos ] En spectatrices [Ninj]

[Anthere Osarian]

Anthère bailla discrètement. Il était très tôt et pourtant il y avait déjà énormément de monde. La jeune fille essayait de se frayer un chemin dans l’immense foule qui se précipitait pour obtenir les meilleures places du Colisée. Mais revenons en arrière. Anthère avait rencontré Echo et Elayan, respectivement Terrosienne et Nalcienne à l’occasion d’un évènement assez extraordinaire. Retrouvant son âge normal, tout comme ses pokémons, Anthère avait continué son périple à travers Terros. Elle avait donc pu visiter le Donjon de Celosian et fait une halte au beau milieu des plaines. Elle y avait alors rencontré une jeune dresseuse aux préceptes un peu étrange, à la suite de quoi, elle avait trouvé son cinquième compagnon. Malheureusement, il avait fallut aller à Seian en catastrophe pour lui trouver un Guérisseur. L’attente était longue et on lui avait dit qu’il y en avait bien pour quelques jours, inquiète, le Guérisseur lui avait suggéré de profiter des évènements du moment. C’est ainsi qu’elle avait appris l’ouverture du Tournoi du Colisée, qui n’avait lieu qu’une fois par an. Mais son compagnon était entre de bonne main et de toute façon, elle ne pouvait rien faire de plus pour l’instant et puis elle était aussi partie en voyage, justement pour pouvoir participer toutes ces choses. Elle et ses pokémons avaient beaucoup voyagés et la jeune Mizuhanaise préféré profiter des transports organisés à l’occasion. Le voyage était long, de Seian jusqu’au Colisée et Anthère passait le temps en regardant défiler le paysage. Et finalement, la diligence s’arrête et déposa le groupe aux portes du Colisée. Anthère descendit donc. Il était tôt, mais la foule était bien présente. Durant la route, elle avait pu lâcher un peu ses pokémons afin qu’ils se dégourdissent les pattes. Ou les ailes. Mais avec tout ce monde, elle avait préféré les rentrer dans leur balle respective, en attendant de trouver une place.

A première vue, des gens arrivaient de tous les pays et de toutes les sociétés. Les spectateurs entraient, mais certaines personnes étaient dirigées ailleurs ; sans aucun doute pensa Anthère, les participants. Comme on le lui avait dit, il y avait autant de pokémons que d’humains, et le Tournoi concernait donc autant les uns que les autres. Anthère n’avait participé qu’à trois matches d’arène et avait essuyé deux défaites, mais elle avait le sentiment de plus apprendre de ses défaites que de ses victoires, enfin, sa victoire. Encore que le match contre Naky n’avait pas été facile et Anthère avait donc remporté le Badge Neige. D’autres s’ajouteraient peut-être, après tout c’était un bon moyen de savoir si elle dressait bien ses pokémons. La jeune fille ne reconnut personne dans la foule, tout le monde ne faisait que passer et il fallait dire qu’il y avait de toute façon trop de monde. Au terme d’une bonne demi-heure, Anthère parvint enfin à trouver une place et put faire sortir ses pokémons. La foule se plaça et enfin le commentateur commença à parler. Un discours des plus banal, entre les bienvenues et l’annonce du programme. Anthère applaudit lorsque les deux premiers combattant s’avançèrent dans l’Arène. Il y eu d’abord un énorme Libégon. Anthère le savait, car elle en avait rencontré un à Loukai il y avait de cela plusieurs semaines, celui de Ninj. Puis vint un… ha comment cela s’appelait déjà ? Ha oui un Riolu. A côté d’Anthère, Le Nidoran s’agitait. Et les autre aussi d’ailleurs.

« Mais qu’est-ce qu’il vous prend ? » mais en y regardant de plus près, Anthère crut reconnaître le pokémon dans l’arène. « Ho mais ! C’est le Riolu d’Hako ! hé mais, Où est-ce que tu vas toi ? »

Anthère se jeta en avant, attrapant le Nidoran par les épines du dos. C’est qu’elle commençait à avoir le coup de main… A bout de bras, elle essayait de ramener le vénépic d’à travers les barreaux qui les séparait des combattants. L’animal avait simplement décidé d’aller provoquer les deux pokémons. Elle dû le tirer un peu, mais finalement elle put le soulever et le porta dans ses bras. Tylton et Evoli ne cessait de vouloir attirer son attention et ce n’est qu’après quelques minutes que la jeune fille tilta.

« Mais ce n’est pas le Libegon de Ninj ? Incroyable ! »

[Ninj]

Au milieu des spectateurs, on pouvait apercevoir une petite fille qui semblait s’être déplacée seule pour assister au spectacle. Arrivée très tôt pour pouvoir inscrire son compagnon de voyage, l’enfant avait eut tout le temps de s’installer, d’observer la foule se presser dans le colisée, et surtout, de fixer le terrain de son regard vide pendant une bonne heure. Rien ni personne ne perturba l’étrange gamine, du moins jusqu’à ce qu’une adulte à la recherche d’une place ne s’installe à coté d’elle et ne sorte toute une flopée de pokemons agités.
Mais la petite blonde n’eut pas le temps de s’en plaindre. Une voix retentit, et enfin le premier match fut lancé. Premier concurrent, et surtout seul participant qui intéressait l’enfant, le Libegon de Ninj entra dans l’arène, rapidement suivi par son adversaire à l’autre bout du stade.

Libegon de Ninj… ces quelques mots résonnèrent autour d’elle. Surprise, l’enfant fronça les sourcils et tourna les yeux pour enfin observer cette femme à coté d’elle, sans pour autant remuer la tête. Mais l’inquiétude fut de courte durée, et la Pichu transformée put décrisper ses mains sur sa robe blanche en reconnaissant Anthère. Si Ninj aurait été très heureux de retrouver une amie durant ce genre d’événement, sa Pichu quand à elle n’en avait absolument rien à faire. D’ailleurs, elle se rappelait parfaitement de ce petit nuage de coton énervant, et elle n’avait pas du tout l’intention d’entamer des retrouvailles avec.

Reportant son attention sur le match des deux pokemons, la Pichu s’intéressa tout particulièrement au Riolu qu’allait combattre l’immense dragon du désert. Un minuscule pokemon que la foule semblait déjà désigner comme perdant du match. Mais elle, elle savait que ce petit bout de pokemon avait toutes ses chances. Chaque pokemon était bien trop compliqué pour simplement baser une victoire sur la taille des combattants. D’ailleurs, l’énorme dragon devait être au courant. Mais sans doute l’avait-il oublié, puisqu’il jouait les durs face à son adversaire ? Soupirant, la Pichu se mit à parler à voix haute sans réaliser que, sous sa forme humaine, les autres humains pouvaient également comprendre ses paroles :

« Idiot, si tu le sous-estime… tu vas perdre. »

Prenant un petit air amusé, la Pichu secoua la tête de gauche à droite avant d’ajouter :

« Et si tu perds… surtout de cette façon, tu vas m’entendre ! »

Croisant les bras, l’enfant s’avachit légèrement en arrière, jetant un coup d’œil rêveur en direction du magnifique ciel bleu qui surplombait le Colisée. Le match perdait en intérêt si Libegon ne se donnait pas à fond. Sans doute se rattraperait-il d’ici quelques minutes, mais en attendant… elle préférait penser à autre chose.

La petite épousseta sa robe sans véritable raison. Ces vêtements étaient si gênants… pourquoi les humains s’encombraient-ils de choses aussi ennuyeuses ? Et d’ailleurs, pourquoi se retrouvait-elle avec cette robe éclatante de blancheur aujourd’hui, alors qu’elle était vêtue d’une tenue plutôt sombre la dernière fois ? Tout cela n’avait aucun sens. Pour sa part, elle préférait la version sombre ! Aujourd’hui, elle devait être particulièrement ravissante, étant donné que plusieurs personnes le lui avaient fait remarquer en passant devant elle… et malgré le petit sourire forcé qu’elle leur avait renvoyé, tout cela ne lui plaisait guère. Etre simpliste, passer inaperçu… voilà ce qu’elle voulait. Sans quoi elle n’aurait pas revêtu cette forme contre nature pour participer au Colisée avec son ami ! Le hasard de la vie avait vraiment décidé de la persécuter jusqu’au bout, jusqu’au moindre détail… bah, tant que ce n’était que ça… elle pouvait bien survivre à une petite robe.

[Anthere Osarian]

Anthère en était presque certaine, la première fois qu’elle l’avait vu, il portait une grande armure noire… En revanche, elle n’avait pas fait attention à la petite Pichu, qui était juste à côté d’elle. Mais comment aurait-elle pu ? Elle portait son Nidoran dans les bras, pendant que celui-ci remuait des pattes dans le vide dans l’espoir vain de se débattre.

« C’est un Tournoi, pas un combat de rue. » Dit-elle a son intention.

Et oui… Une prochaine fois peut-être, son Nidoran pourrait participer, mais à vrai dire, Anthère n’était pas très chaude à l’idée que l’un de ses pokémons aille se faire massacrer dans un colisée.

« Ce n’est pas comme les matches d’arène tu sais… Mais si tu veux, on pourra défier tous les Champions et peut-être tenter la Ligue. »

Si cela pouvait le calmer… Anthère aimait la compétition, pas la boucherie, alors elle préférait de beaucoup voir son pokémon se battre pour des badges plutôt que pour une gloire éphémère… les autres d’ailleurs, étaient trop occupés sur le duel qui commençait pour s’intéresser eux aussi à la Pichu. Pendant un instant, les yeux d’Anthère parcoururent les gradins, mais ne s’accrochèrent sur aucun des spectateurs en particulier. Mais après tout, peut-être les dresseurs devaient ils rester dans un vestiaire, ou une partie plus privée… Ce qui expliquait pourquoi elle ne voyait pas le détenteur du dragon. Dommage… Mais ce serait sans doute pour une prochaine fois, car en effet, ils avaient comme qui dirait prit l’habitude de croiser leur route. La foule commençait à hurler, accueillant comme il se devait les deux combattants, plus particulièrement le dragon. Anthère se joignit à eux, sifflant et se désignant comme supporter du Libegon. Après tout, elle connaissait mieux Ninj que la propriétaire du Riolu… Et considérait d’ailleurs le Flamenois comme un ami. Sous les cris de la foule, le Libegon se redressa et rugit, déchainant les passions dans les gradins. Les dragons étaient très populaires, et ce n’était donc pas étonnant qu’il ne soit directement choisit comme favori… Mais c’est une petite voix à côté d’elle qui fit tourner la tête à Anthère.

A côté, il y avait une petite fille en robe blanche qui venait de crier sur le dragon. Ho ! ce Libegon était donc a elle ? Anthère était surprise et pas qu’un peu ! Une si petite fille capable de dresser un si grand pokémon ?! Alors ce n’était pas celui de Ninj… Dommage !

« Les réactions de la foule, ça motive toujours un peu en compétition. » Dit Anthère à la petite fille.

Elle savait bien de quoi elle parlait, en concours d’équitation, c’était même plutôt électrisant… Mais elle n’avait pas tord la petite et c’était étonnant même, elle avait l’air de s’y connaître en combat pokémon. Et puis les passes commencèrent, le Libegon remuait les ailes, mais resta immobile, ce n’est qu’une seconde plus tard qu’il lança un souffle d’énergie droit sur le Riolu, que celui-ci prit de plein fouet. Lorsque le dragon commença à créer une tempête de sable, le renard sauta sur le côté, tentant de l’esquiver. Un nuage de poussière s’éleva alors, bouchant la vue de tous les spectateurs qui poussèrent en unisson une huée. EN effet, derrière le masque de sable et de vent, ils ne voyaient plus rien.

« Ha ! On ne voit plus rien ! »

[Ninj]

La petite fille sursauta en entendant Anthère lui adresser la parole. Surprise, elle tourna la tête et fixa la jeune femme d’un air intrigué. La souris transformée ne réalisa qu’après coup sa petite maladresse, elle se contenta donc de marmonner quelques sons incompréhensibles, trahissant une gêne évidente avant de reporter son attention sur le match.

Ce début de combat donnait l’avantage au Libegon… mais pour sa part, la Pichu considérait toujours que son camarade prenait trop de risques. Et puis, même après avoir lancé son dracosouffle, le dragon aurait pu s’envoler immédiatement, plutôt que de rester au sol. Mais depuis le temps qu’elle le côtoyait, elle connaissait la façon de penser du Libegon, elle pouvait deviner ses intentions même en tant que simple spectatrice. S’il agissait ainsi, c’était pour mieux connaitre son adversaire… à quoi bon faire connaissance avec sa victime ? Pour sa part, elle n’avait jamais compris cette façon de penser. Lorsqu’en pleine guerre, un guerrier l’avait menacée de sa lame, l’homme n’avait pas pris le temps de lui demander son nom avant de taillader son oreille et son cœur…

Le spectacle à peine commencé, la foule semblait déjà déchainée. Chacun encourageait son favori à sa façon, mais tous observaient le match avec la même passion. Une passion qui fut comme brisée par l’arrivée d’une violente tempête de sable, dissimulant le match aux yeux des spectateurs. Les plaintes gagnèrent en intensité lorsque le sable envahit les gradins, bien qu’un minimum de sécurité ait été mis en place pour protéger la foule de ce genre de phénomène : même si quelques grains de sable arrivaient à atteindre les spectateurs, la majorité de l’attaque était comme enfermée dans l’arène.
De son coté, la Pichu lâcha un petit rire mesquin en entendant Anthère et beaucoup d’autres réagir à la tempête. Elle se remit également à parler à voix haute sans y penser, suffisamment fort pour être entendue de tous ceux qui l’entouraient :

« Ah, il a déjà oublié son fan club ! C’était bien la peine de jouer les beaux tout à l’heure ! »

Mais après-tout… pour sa part, elle préférait le voir agir ainsi ! Par contre, elle allait devoir trouver quelque chose pour perdre cette mauvaise habitude humaine… penser à voix haute n’était vraiment pas acceptable sous cette forme !
Plissant légèrement les yeux, la Pichu essayait de repérer les formes des deux combattants à travers le sable volant. Bien qu’habituée à voler à travers un brouillard de sable, ses yeux semblaient perturbés par le simple fait d’être à l’extérieur de la tempête… mais malgré cette faible visibilité, l’enfant eut l’occasion d’apercevoir l’attaque du jeune Riolu atteindre le maître du sable de plein fouet. Un point pour le petit lycaon… comme prévu. Maintenant, le dragon devait se reprendre avant d’être vraiment en difficulté.

« Et voilà, le petit est en train de prendre l’avantage sur la grosse brute aux attaques impressionnantes grâce à un simple coup de pied. C’est amusant non ? Un Libegon a beau déchainer les éléments, faire trembler la terre et contrôler le ciel, tout cela n’a même pas ébranlé la confiance de ce petit Riolu. »

A l’origine, la Pichu s’était remise à parler seule… mais ne souhaitant pas passer pour une idiote tout le long du tournoi, elle avait rapidement fait passer ses paroles pour une tentative de discussion avec sa voisine – bien qu’elle n’en ait qu’à moitié envie –. Elle avait également tourné la tête pour observer une quelconque réaction de ses grands yeux couleur ciel, puisque le match était actuellement brouillé…

Puis la souris posa ses yeux sur les pokemons qui accompagnaient la dresseuse. Evidemment, elle les voyait mal participer au tournoi. Mais cela ne coutait rien de demander.

« Aucun de tes pokemons ne participe au tournoi ? Tu es juste venue regarder ? »

[Anthere Osarian]

L’attention d’Anthère était partagée entre le matche et la petite fille à côté d’elle, aussi, la gêne que put ressentir la Pichu passa inaperçue. Et de toute façon, Anthère était plutôt du genre à laisser ce genre de choses sans importance et à faire comme si de rien n’était que de le faire remarquer. D’ailleurs, la jeune fille était plus absorbée par le match actuellement que par la conversation ; elle avait décroché. Le match était prenant, surtout depuis qu’Anthère avait pu elle-même s’y essayé, mais voir un pokémon se débrouiller seul, c’était autre chose quand même ! Le Libegon restait obstinément au sol pendant un moment, jusqu’à la fameuse tempête de sable. Heureusement, les gradins étaient bien protégé et Anthère n’eut pas le loisir de se retrouver avec du sable plein les cheveux et les vêtements. En tout cas le dragon n’avait pas eu l’air très stressé. Quand la petite fille prit la parole, cela fit rire Anthère.

« Mais ça a quand même un peu plus de gueule un guerrier qui salue la foule au lieu de l’ignorer ! »

La petite fille plissait les yeux pour voir son pokémon, ce qu’Anthère avait renoncé de faire, après tout, la tempête finirait bien par se dissiper. Un séisme se fit sentir, mais bien faiblement sur les gradins qui étaient bien sûr fait pour ne pas subir les attaques. La fillette semblait avoir vu quelque chose car elle se mit à commenter le match. Anthère plissa les yeux, voyant et entendant le dragon hurler et battre des ailes pour s’envoler. Le match allait commencer à être intéressant…

« Le match ne fait que commencer, les deux sont confiants pour l’instant, mais on dirait que Libegon vient de se rendre compte que même un petit pokémon à toutes ses chances contre lui et que se passera t-il quand le Riolu se rendra compte que ça sera plus compliqué qu’il ne le pense et que lui aussi à ses points faibles ? Je pense que le combat va être intéressant. » Comment Anthère à son tour, essayant d’analyser le match. L’Evoli était très attentive au match, mais le Tylton s’occupait plutôt de la conversation, tandis que le Nidoran était absolument absorbé par le match, bien qu’il semblait se tenir un peu plus tranquille.

« Bien, non en fait. Peut-être est-ce à tord, mais je trouve que c’est un peu trop dangereux pour les pokémons, en matches d’arène c’est différent… Et puis de toute façon, je suis arrivée trop tard même si j’avais voulu y inscrire l’un d’eux. J’ai participé à un concours d’équitation il y a quelques temps et après je suis restée un bon moment dans les plaines de Terros à visiter un peu tout. Mais… En fait, je suis juste venue faire un saut, un pokémon est dans un centre de soin. On la retrouvé agonisant dans les plaines… Comme on ne peut rien faire pendant que les Guérisseurs essayent de le sauver, on m’a suggéré de venir ici plutôt que de passer nuit et jour au centre… »

Anthère se tut, l’état du pokémon était plus qu’inquiétant, comme on le lui avait dit, il y avait de forte chance pour qu’il ne survive pas. Anthère préféra tourner son attention sur le match, sentant les larmes lui monter aux yeux. Elle s’en voudrait si le pokémon ne survivait pas… On avait beau dire qu’il ne fallait pas contrarier la nature et le court des choses, laisser une pauvre bête mourir était trop pour Anthère. Elle n’avait tout simplement pas pu la laisser comme ça. Le Riolu se retrouva vite largué, lui ne pouvait pas voler. La tempête se dissipa et le public acclama de nouveau les combattants qui réapparaissaient. D’un coup d’un seul, une aura blanche entoura le Riolu

« Ho ! Il a évolué ! » S’exclama Anthère. Une évolution en plein combat, la jeune fille en avait fait l’expérience… « Ca m’est déjà arrivé en match d’arène, Evoli combattait le Poissirène de Tyla, la Championne d’Arkan, à évolué. On a perdu le match à cause de ça. » Dit-elle, sans expression particulière sur le visage, les yeux fixés sur le Lucario.

[Ninj]

Tandis qu’elle tentait d’analyser le match, Anthère rappela son propre dresseur à la jeune Pichu. Ninj aussi s’amusait à étudier les matchs des autres comme elle était en train de le faire… mais une fois sur le terrain, il était tout simplement incapable de donner un ordre correctement. Enfin, peut-être cette jeune femme était-elle plus douée que le chercheur.

Lorsqu’Anthère répondit à sa question, la Pichu détourna le regard pour reporter son attention sur le stade. Le Libegon s’était enfin envolé, le match allait pouvoir prendre une autre tournure… comme le disait la jeune dresseuse, la suite allait peut-être devenir intéressante.
La petite fille n’était pas vraiment passionnée par ce que racontait Anthère. En fait, un simple « non » lui aurait suffit. Par contre, lorsque le sujet bifurqua sur l’histoire d’un pokemon blessé, elle ne put s’empêcher de relancer dessus, sans se préoccuper de l’état émotionnel de la dresseuse.

« Un pokemon blessé ? Quel pokemon ? Tu sais ce qui lui est arrivé ? »

Contrairement à l’instant d’avant, cette fois-ci la Pichu s’intéressait vraiment au sujet. A vrai dire, elle s’inquiétait pour certains pokemon qu’elle avait croisés durant son long voyage en solitaire à travers Flamen… que ce soit des pokemons qu’elle avait aidé ou des pokemons qui lui étaient venus en aide. C’était d’ailleurs pour eux qu’elle était revenue sur Flamen. Pour une promesse qu’elle avait faite…

Mais ce n’était pas le sujet. D’ailleurs, ce pokemon blessé avait peu de chance d’être l’une de ces connaissances. Toujours est-il qu’elle gardait une certaine rancœur envers les Flamois après tout ce qu’elle avait traversé… si par hasard les blessures de ce pokemon étaient d’origine humaine, cela ne ferait qu’attiser sa haine.

Une aura blanche provenant du terrain reporta l’attention de l’enfant sur le terrain. Surprise, la Pichu se releva brutalement et s'exclama en serrant les poings :

« Non, il va vraiment faire ça ? »

Quelques petits éclairs s’échappèrent de ses mains. Heureusement, la jeune fille savait se contrôler. Toutefois, cela risquait de la faire passer pour plus impressionnante qu’elle ne l’était : seuls les maitres du feu très expérimentés arrivaient à maitriser la foudre. Soupirant en observant le magnifique Lucario dont l’évolution venait de s’achever, l’enfant se rassit d’un air blasé. Anthère avait déjà vécu cette situation, elle savait donc ce que ressentait l’adversaire qui voyait sa victoire lui échapper à cause d’une évolution.

« Moi je trouve ça lâche. »

Affichant un sourire moqueur, la jeune fille continua son argumentation en se tournant vers Anthère :

« C’est comme s’il avait décidé d’abandonner, et qu’il préférait recourir à une aide extérieur plutôt que de garder confiance en lui et en ses capacités pour terminer son combat. Que fera-t-il la prochaine fois qu’il sera dans une situation semblable ? Il tentera d’évoluer à nouveau ? Sauf que là, ce sera impossible. »

La souris n’observait plus du tout le match, elle s’en était complètement désintéressé. De toute façon, son partenaire n’avait plus aucune chance à présent. Non pas qu’il soit incapable de gagner, mais elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il ne s’en sortirait pas s’il ne recevait pas lui aussi une aide extérieur. De plus, elle n’avait plus aucun respect pour ce Riolu qui avait attiré son attention l’instant d’avant…
Soudainement bien plus passionnée par Anthère, la souris s’exclama :

« Personnellement, je ne vois pas vraiment de différence entre un match d’arène et ce tournoi. Dans les deux cas, on envoie des pokemons se battre entre eux pour la compétition. Le match d’arène que j’ai livré à Fla’Or ne m’a pas paru plus louable que ce que je vois aujourd’hui. »

Sans vraiment s’en rendre compte, la Pichu se faisait passer pour une véritable surdouée. A son jeune âge, elle possédait un Libegon, maitrisait la foudre et combattait en arène… mais ce n’était pas les réactions d’Anthère sur ce sujet qui l’intéressaient, mais celles concernant sa façon de voir les pokemons.

[Anthere Osarian]

Anthère étudiait toujours, en concours, ce que faisaient les autres sur la piste. C’était un bon moyen de savoir ce que valait ses concurrents et dans quel état d’esprit étaient les juges. Un match, c’était la même chose dans le fond. Mais habituée des concours en tout genre, être elle-même sur la piste ne l’impressionnait plus. Il n’y avait que dans le domaine qu’elle ne connaissait pas où la première fois était un peu plus compliqué. Comme son tout premier match, Anthère n’avait pas bien su comment enchainer les choses et il y avait eu beaucoup de blanc de sa part… Mais une fois qu’on se mettait dans le bain, les choses devenaient de plus en plus facile, d’autant qu’Anthère étudiait sérieusement sa théorie sur ses pokémons, leur nature, leurs attaques… Ce genre de chose. Il y avait aussi sa relation avec ses pokémons, mais ce n’était pas vraiment un travail pour elle, ils étaient avant tout ses compagnons de tous les jours et pas juste des animaux de concours, des objets lui permettant de décroches coupes et badges. Anthère ne faisait plus tellement attention au duel. Elle regardait, mais elle était moins plongée dedans que tantôt.

« Un Medhyena. Il est très jeune, enfin c’est difficile de savoir… Je l’ai trouvé dans les Plaines de Terros, agonisant, mourant de faim. C’est horrible à voir, il est maigre au point de ne même plus avoir de muscle, tout avait fondu. Il n’avait jamais bougé une oreille quand je me suis approchée, mais ça m’étonnerait qu’il aurait pu le faire. C’est bête, mais je n’ai trouvé que la capture pour essayer de le sauver, j’avais une soinball et quelques potions revitalisantes, ça l’a maintenu en vie jusqu'à Seian. Il est encore chez le Guérisseur. » Dit-elle en soupirant. « On m’a conseillé de venir me changer les idées, puisque que ça ne servait à rien d’attendre indéfiniment dans le hall… » La jeune fille marqua une pause. « De toute façon, il y a des chances pour que je m’en sépare, c’est un pokémon sauvage, il n’avait peut-être aucune envie d’être capturé. »

Anthère regardait le Riolu évoluer. Cette évolution semblait énerver quelque peu la petite fille, ce qui pouvait se comprendre, c’est vrai que c’était frustrant, c’était un peu de la tricherie non ?

« Je sais pas… C’est peut-être pas tout à fait conscient comme truc. Je sais pas trop ce qui fait qu’un pokémon évolue à un moment plutôt qu’un autre. Mon Nidoran serait déjà un Nidoking s’il le pouvait, mais il n’évolue pas et d’un autre côté, le Bulbizarre de ma mère n’a jamais montré aucun signe d’évolution, il est pourtant bien plus vieux que moi. Mais la plupart du temps ça vient des dresseurs, soient ils forcent leur animaux à évoluer, soit leurs animaux évoluent pour faire plaisir… Je me vois mal demander à mes pokémons d’évoluer pour mon bon plaisir, après tout c’est surtout eux que ça regarde. »

La jeune fille détachait son attention du match, sa discussion l’intéressait un peu plus. L’évolution des pokémons, c’était une grande question qu’elle aimait se poser.

« C’est une façon de voir oui… Moi j’ai eu l’impression de changer d’adversaire sans avoir rien à y dire contre le Poissirène, mais tout le monde trouve ça normal qu’un pokémon évolue, même en plein combat. Si encore c’était vital, je ne dis pas. Hé bien… La seule différence c’est que le pokémon ne peut pas compter sur son dresseur pour l’aider. Mais ça reste une compète, faut aimer. » Dit-elle en haussant les épaules. « Ha ?! Tu as combattu Eeva toi aussi ? Je n’aime ni sa façon de traiter les pokémons, ni… Enfin, en fait, je ne l’aime pas tout court. J’ai perdu un match contre elle, mais quand je suis revenue, j’ai combattu son remplaçant. C’était bien mieux. Mais c’est spur que si on n’aime pas les compétitions, c’est pas la peine d’y participer. Je ne coure pas spécialement après les Arènes, mais j’aime concourir, disons que j’ai juste de la chance, mes pokémons ne sont pas contre, s’ils l’étaient, je ne les enverrais pas. » Elle marqua une pause. « C’est pareil pour l’évolution, s’ils veulent, c’est eux que ça regarde, ça ne me dérangerais pas spécialement qu’ils changent ou non, l’apparence, c’est pas vraiment ce qui compte. »

[Ninj]

Un Medhyena… la Pichu ne connaissait aucun Medhyena personnellement. Quand à son histoire… cela ressemblait plutôt à un mauvais coup de la nature. Un de ces pokemons qui avaient eu la malchance de naitre au mauvais moment dans la mauvaise famille, et qui se retrouvaient abandonné, livrés à eux-mêmes alors qu’ils étaient encore incapable de survivre seuls… bah, ce genre de chose arrivera toujours, et cela ne fait qu’empirer avec la présence des humains.

La jeune fille ne répondit pas, faisant mine de reporter son attention sur le match. Le fait qu’Anthère préfère suivre le souhait du pokemon était une grande marque de respect de la jeune femme envers les pokemons. C’était une bonne dresseuse… d’ailleurs, cela se lisait dans le regard de chacun des membres de sa petite équipe. Mais elle restait une dresseuse, tout comme Ninj. Même si beaucoup de dresseurs se vantaient de considérer leurs pokemons comme des partenaires, ou d’une autre façon tout aussi sympathique, ils restaient leurs maîtres, tout simplement.

Anthère se lança ensuite dans une petite réflexion sur l’évolution. Ah… l’évolution… un phénomène qui a toujours su passionner les humains. Et pourtant, la petite Pichu n’en voyait pas l’intérêt. C’était pourtant clair non ? Un pokemon est toujours capable de maitriser un minimum son évolution. Il peut se battre pour la provoquer, lutter pour l’empêcher, ou tout simplement laisser la nature faire les choses… Pour sa part, évidemment, elle n’avait jamais souhaité que cela arrive. D’ailleurs, son évolution était tout simplement bloquée… selon les humains, un Pichu peut évoluer de bonheur. Mais l’évolution serait pour elle un véritable malheur… donc il lui était impossible d’évoluer.

« L’évolution est un procédé compliqué qu’aucun humain n’a vraiment réussi à décortiquer… la seule chose certaine, c’est que le pokemon a toujours son mot à dire, quel que soit l’avis de son dresseur. De plus, forcer un pokemon à évoluer ne peut avoir que des effets désastreux sur son organisme et son psychisme. Et je ne parle pas que des évolutions poussées par les humains… ce Riolu par exemple. Il vient d’évoluer en plein combat, pour remporter ce match… mais a-t’il pris le temps de peser le pour et le contre avant de s’engager ? Il a grandit, il devient donc une proie facile pour certains pokemons… mais d’un autre coté, il est également plus fort. Et physiquement, est-il satisfait ? Il n’y pensera qu’après, et certains sont bien souvent déçus… en particulier lors d’évolutions choisies. »

La jeune fille posa son regard sur l’Evoli d’Anthère en repensant à la Voltali de Ninj. Cette folle ne semblait pas satisfaite de sa vie… et son évolution y était certainement pour beaucoup.
Anthère prononça le nom d’Eeva dans la conversation, faisant grimacer l’enfant. A peine Anthère eut-elle terminé que la Pichu reprit sur un ton particulièrement agressif :

« Cette femme est exactement le genre de dresseur dont j’ai horreur… elle n’est même pas consciente du caractère de ses pokemons… pokemons qui sont tout aussi pitoyables qu’elle... son Farfuret a même décidé de me laisser sans adversaire pour mon match pour se jeter sur sa dresseuse ! Ce match était scandaleux du début à la fin. Heureusement, sa Givrali est restée jusqu’à sa défaite… mais j’étais vraiment déçue d’observer un tel comportement de la part d’une championne. Je veux dire, même la pire des dresseuses arrivait à se montrer correcte face à elle, c’est honteux… »

Pendant ce temps, la conclusion du match approchait. Le Libegon semblait à bout de force, et une de ses ailes semblait brisée. Et pourtant, la Pichu ne regardait plus son partenaire combattre… ce dernier semblait même jeter quelques regards dans sa direction, mais l’enfant restait de marbre devant sa défaite.

Pourtant, le seigneur du désert sembla trouver la force de lancer une ultime attaque… une attaque qui réussit au moins à attirer l’attention de sa soi-disante dresseuse : un poing de feu. Affichant un petit sourire amusé, la Pichu s’exclama, ayant l'air d'avoir oublié l'histoire d'Eeva :

« Tient, voilà exactement le genre de choses dont je parlais tout à l’heure ! Le Riolu a gagné autre chose en évoluant… le type acier. Cette attaque va lui faire comprendre le contrecoup de son évolution. Oh, évidemment, il va gagner quand même, c’est un bien maigre inconvénient à coté du reste. Mais c’est exactement le genre de chose auxquelles certains pokemons ne pensent pas lorsqu’ils évoluent. »

Hé oui, elle ne fit absolument aucune remarque sur son partenaire, tandis que le Libegon se prenait l’ultime attaque de son adversaire. Sa défaite n’était pas aussi pitoyable que l’avait imaginé la souris en voyant l’évolution du Riolu… elle pouvait être fier de lui. Mais elle ne le dirait pas : elle n’était pas réellement sa dresseuse, elle n’avait pas à se vanter des résultats de son camarade. Les félicitations viendraient plus tard…

[Anthere Osarian]

A vrai dire, on connaissait bien les Grahyena et les Medhyena dans le petit village de Yiling, car étant situé dans les Plaines de Mizuhan, ils étaient parfois trop nombreux aux alentours du village et devaient êtres chassés. Mais là, le cas de figure était différent, cette pauvre petite bête n’avait pas eu de chance. Né une mauvaise année, au mauvais moment, au mauvais endroit et pas dans un bon groupe d’animaux visiblement, Anthère pensait comme la fillette. Ca arrivait, mais une si jeune créature, Anthère se disait que la nature pouvait être bien cruelle, chose à laquelle elle préférait ne pas penser. La fillette ne lui répondit pas et Anthère ne chercha pas à obtenir une réponse, elle n’aimait pas évoquer les tristesses du monde et ses malheurs, sa nature optimiste lui faisait préférer les choses plus heureuses. Il fallait dire qu’elle n’avait pas eu une enfance difficile, elle avait été heureuse toute sa vie et sa sensibilité s’en trouvait épargnée.

La jeune fille fini par reporter elle aussi son attention sur le match qui se déroulait, pendant un instant, on aurait dit que les duelliste se retrouvaient tous les deux dans l’impasse et elle ne pensa déjà plus aux grandes questions de l’évolution. Si la fillette ne la considérait que comme une dresseuse, Anthère ne se vantait pas de ce qu’elle faisait. Certes ses pokémons étaient des animaux de compagnie, des amis pour ainsi dire, mais elle n’en oubliait pas leur place : c’était elle qui dirigeait le groupe. Ce n’était finalement que comme dans n’importe quel groupe d’animaux, il y avait toujours un chef qui menait les autres, les protégeait et si besoin était, leur faisait faire des choses ; alors certes ses choses à elle n’étaient pas vitales, mais finalement, elle respectait la voix de la nature. Personne ne s’en plaignait pour l’instant et de toute façon, elle verrait bien si un jour ses pokémons décidait de partir ou pas : elle ne pouvait pas aller à l’encontre de leur inspiration non plus, elle ne s’en sentait pas le droit.

La fillette reprit la parole sur le sujet laissé en suspens. Anthère en fut impressionnée car si jeune qu’elle était, la petite fille en savait beaucoup sur les pokémons, même si ce n’était pas difficile d’en savoir plus qu’Anthère.

« Je n’avais pas pensé à ça comme ça. J’imagine que je dois plaindre les pauvres Galopa que j’ai monté, c’est déjà pas marrant de faire la bête de somme dans un manège, alors être forcé d’évoluer pour devenir une bête de concours… Surtout quand on voit les procédés utilisé et comment ça fini parfois… »

Anthère n’avait jamais pensé à tout ça. L’écurie où elle montait avant s’était toujours vanté de n’avoir que des galopa, des chevaux dressés pour les concours, des vraies bêtes de compétition dressées en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire… Son propre poney avait-il vécut quelque chose de semblable ? Bousculé mentalement, entravé, forcé à apprendre un métier ? Cravaché à en casser l’instrument et réduit à une machine sans âme ? Vu l’état dans lequel elle l’avait capturé, ce ne serait pas étonnant… Pauvre Ourasi. Elle avait eu beaucoup de mal à l’apprivoiser. C’était triste dans le fond… La fillette fixa son Evoli. Anthère crut savoir à quoi elle pensait : les evoli étaient certainement les pokémons les plus intéressants de ce points de vue tant le choix de leurs évolutions étaient grandes. L’Evoli lui rendit son regard. Anthère ne connaissait pas du tout l’aspiration de sa pokémon sur le sujet, mais elle ne pensait pas avoir son mot à dire, au mieux, elle avait juste pu constaté qu’elle n’avait pas aimé sa forme de Noctali.

« Je ne sais pas si tu as su, mais il y a eu un problème récemment avec les dragons, Palkia et Dialga. Evoli s’est retrouvé changée en Noctali et Nidoran en Nidoking, ça a été une vraie catastrophe. » Confia Anthère, tandis qu’elle se souvenait de ces étranges évènements. « Nidoran est devenu incontrôlable et Evoli n’a pas du tout aimé sa forme. Par contre, mon Ponyta s’est retrouvé en œuf et à eu droit à une rennaissance. Au final, ça aura peut-être été bénéfique pour tout le monde, même si je n’ai pas non plus aimé d’âvoir vieilli de plusieurs dizaines d’années d’un coup. »

Anthère avait un peu oublié ce qu’elle avait ressentit, mais c’était peut-être ça que ressentait un pokémon lorsqu’il était forcé d’évoluer. Lorsque la fillette reprit, Anthère lui lança un regard surprit : elle connaissait Eeva et l’appréciait au moins autant qu’elle !

« Ha bon ?! J’aurais dis qu’elle avait de la haine, c’était même pas un combat que j’ai mené, ça a été un massacre… Je suis bien contente d’avoir combattu son remplaçant et d’avoir eu de lui un badge. On combat pour le fun, pour la compète, pas pour sa vie quand même ! » Conclut vivement Anthère.

Ce fut la Pichu qui attira l’attention d’Anthère sur le match qu’elle avait oublié à force de papoter. Tout en regardant les deux combattants, la jeune fille écoutait attentivement les commentaires de la pokémon dont elle ignorait toujours la nature et n’en doutait même pas la légitimité. Pour elle, la Pichu n’était qu’une enfant comme les autres, mais qui semblait bien plus âgée et savante qu’elle n’en avait l’air.

« Dommage il a perdu…
Alors je devrais peut-être me renseigner sur les évolutions de mes pokémons, comme ça ils sauront à quoi s’en tenir, je suppose que dans la nature c’est la famille qui aide à faire les choix, mais j’ai l’impression que la plupart d’entre eux n’ont pas eu beaucoup de chance de ce côté-là. » Dit-elle, pensant particulièrement au Ponyta, au Nidoran et au Medhyena, même si elle n’en savait pas plus pour les autres.

Anthère regarda en silence les combattants quitter l’arène.

« Ha ce sont les combats humains maintenant. Mince alors ! Je les connais ces deux là ! C’est Tyla, la Championne d’Arène d’Arkan et l’autre, c’est Soriu, un élémentaliste… Je n’aime pas trop sa Gardevoir à lui… »

[Ninj]

La fillette pouffa de rire en repensant à la catastrophe qu’avaient provoquée Dialga et Palkia. Si la chose avait été particulièrement dégradante pour elle-même, elle était finalement très satisfaite d’avoir pu observer la Voltali de Ninj en Phyllali. Elle qui était habituellement haineuse et aussi dangereuse que la foudre, elle était devenu un pokemon aussi pitoyable que chétif… et la Pichu évoluée ne s’était pas gênée pour lui faire remarquer. Ah, ça… la Voltali avait cru vivre un rêve éveillé grâce à son rajeunissement miracle. Un rêve qui avait rapidement tourné au cauchemar, lorsque la dure réalité avait percuté son corps fragile. La pauvre devait encore en être à se ronger les griffes, tant ce paradis auquel elle avait gouté lui avait paru amer.

« Ah ça pour être bénéfique, ça a été bénéfique. Enfin, je ne sais pas si tout le monde pourra en dire autant, mais pour ma part, j’aurais au moins profité de l’occasion. Mais pour rien au monde je ne renouvellerais l’expérience… je suis bien comme je suis. »

Mais était-elle réellement comme elle voulait l’être ? Actuellement, non… puisqu’elle se cachait sous une apparence humaine. Pourtant, elle n’y pensait pas… en fait, la petite semblait changer radicalement de comportement par rapport à d’habitude. Bien que ce soit involontaire, elle s’ouvrait à Anthère, maintenant qu’elle pouvait discuter comme n’importe quel humain. D’ailleurs, cela fut nettement plus visible dans la suite, à la fin de la discussion concernant Eeva :

« Pas pour sa vie… tu as déjà combattu pour ta vie ? Pas dans un match d’arène, mais vraiment pour ta vie, ou même celle de quelqu’un d’autre ? »

La question était sérieuse… pour sa part, la Pichu avait de quoi raconter sur ce sujet. Mais elle préférait connaitre l’avis de son interlocutrice en premier. Et puis, elle ne voulait pas non plus choquer la jeune femme avec ses histoires sordides… la guerre, la mort… tout cela était devenu son quotidien, malgré son jeune âge.
Pendant ce temps, les deux prochains combattants entraient dans la ronde : Soriu et la championne d’Arkan... Soriu ?… qui dit Soriu, dit Elena. La Pichu fronça les sourcils, serra les poings et se leva.

« Je vais aller rejoindre Libegon, je ne veux pas voir le match de Soriu. »

Elle resta immobile un instant, hésitante… puis elle jeta un regard à Anthère pour ajouter :

« Si tu veux, on peut continuer à parler là-bas… »

Cela ne lui déplaisait pas de discuter ainsi… surtout qu’Anthère n’était pas une mauvaise personne. Enfin, ne pas se faire d’idée trop vite… Soriu, justement, était un très bon exemple pour ce genre de choses… la Pichu s’était sentie en confiance avec lui, en sécurité… jusqu’à ce qu’elle découvre le monstre que pouvait devenir tout être vivant lorsqu’une vie était en jeu.

La petite fille secoua sa robe pour pouvoir marcher correctement, Ecarta les quelques cheveux dorés qui gênaient sa vue, jeta un coup d’œil à Anthère pour savoir si elle la suivait ou non, et se mit finalement en marche en direction des coulisses… et plus précisément de l’endroit où étaient donnés les premiers soins.

Le Libegon était allongé sur un immense tapis et prenait un repos bien mérité. Son aile blessée avait été bandée, ainsi que la majorité de ses blessures. Une infirmière s’occupait de lui, accompagnée par un des nombreux leveinards qui peuplaient le colisée. En voyant la Pichu approcher, elle lui sourit et s’éloigna sans rien dire, laissant la petite fille s’asseoir aux cotés de son compagnon de vol. Les blessures n’étaient pas graves, il avait seulement besoin de repos. Elle caressa doucement la tête du seigneur des sables, espérant le voir ouvrir les yeux… mais sa fatigue était telle que même la présence de la petite souris ne pouvait pas le réveiller avant la fin de son long sommeil réparateur. Le vol du départ ne serait pas pour aujourd’hui…

[Anthere Osarian]

La petite fille pouffa de rire, ce qui piqua un peu Anthère alors qu’ele se souvenait de la panique qu’elle avait eu en découvrant dans sa salle de bain, qu’elle avait quarante ans et que ses pokémons avaient évolués. D’ailleurs, la « Noctali » avait eu peur de sa propre voix et avait fait un bond.

« C’est pas drôle, c’est hyper déroutant ! » se défendit Anthère.

Néanmoins, la jeune fille ne put qu’acquiesser, sur la suite, okay, après, ça avait pu être un peu sympa, mais elle préférait définitivement rester comme elle était. Elle était bien d’accord avec la petite fille, elle était très bien comme elle était ! Et contrairement à la gamine, Anthère était comme elle voulait être… Ou disons plutôt qu’elle ne s’était jamais posée la question, et que rien ne l’avait fait jamais douté quant à son apparence, son caractère ou se qu’elle était. En un mot, Anthère était satisfaite d’être elle-même et de sa vie. Elle n’avait rien a envier à personne… C’était probablement un luxe que tous n’avaient pas, même si elle ne s’en rendait pas compte. C’était juste normal, pour elle.

« Combattre pour ma vie ? Heu… Non… » Fit Anthère qui ne comprenait pas bien.

La fillette était sérieuse. Sur le moment, Anthère ne savait pas si cette conversation restait banale ou si quelque chose allait la rendre moins agréable, comme quand elle avait vu le vrai visage d’Allen et avait préféré s’en séparer pour faire son voyage seule… Elle espérait vraiment que la fillette n’ait pas une vie malheureuse, peut-être était-elle poltronne, mais dans le cas contraire, elle préférait ne pas le savoir… Anthère avait toujours eu une belle vie, elle avait du mal à imaginer, enfin, à accepter que les autres aient pu souffrir ou ne pas avoir ce qu’elle avait eu. C’était pour ça qu’elle était naïve, elle ne pouvait pas accepter et ne voulait voir que le bon côté des choses.

« En fait, je n’ai jamais quitté mon village dans les Plaines de Mizuhan. Pour résumer, il ne s’y passe jamais rien, mais personne ne compte vraiment le quitter définitivement, sauf les jeunes mariés ou ceux qui cherchent un travail à la ville et que la vie de campagne ne plaît pas. Je n’ai jamais eu à me plaindre… Ma mère tiens une serre et une boutique de fleurs et mon père fait les comptes. Moi j’aide de temps en temps, je fais des concours d’équitation ou d’autres compétitions sportives quand je ne suis pas en cours et c’est tout.
Sauf que l’an dernier, j’ai décidé de partir en voyage ; je veux voir tous les monuments du monde. »

Une vie idyllique en somme… Anthère réalisa que cela faisait un an qu’elle était partie. Elle avait commencé son voyage à l’automne dernier et on était de nouveau en automne. Hé bien… La fillette se releva soudainement, l’air crispé. Elle avait toujours trouvé Soriu bizarre, mais Anthère aimait bien Tyla.

« Hum… J’espère que Tyla va gagner, même si je me suis faite ratatinée à notre match. De toute façon, je suppose qu’on peut voir le match des coulisses. Je pourrais aller la voir comme ça après. »

Pour Anthère, la fillette n’avait peut-être pas trop envie de se déplacer toute seule dans l’immense foule que contenait les gradins et elle n’allait pas la laisser se perdre toute seule… C’est en partie pour cela qu’elle accompagna la Pichu, car elle aurait bien aimé voir le match d’ici. Mais la Pichu pouvait être tranquille : Anthère était loin de pouvoir devenir quelqu’un de violent. Même si une vie était en jeu, elle n’avait jamais eu l’occasion de savoir ce qu’elle valait, mais ce n’était vraiment pas dans sa nature. Anthère lissa inutilement sa salopette et suivit la Pichu, descendant les marches et rejoignant les coulisses de l’Arène. C’était un endroit un peu froid et en même temps remplit d’une étrange chaleur, celle des combattants s’échauffant, prêt à en découdre pour s’entraîner ou pour la gloire d’une compétition. Il y avait une certaine tension, une concentration et un trac qu’Anthère reconnaissait bien : c’était tous les sentiments que l’on pouvait ressentir avant une quelconque compétition.

Le Libégon était allongé sur un grand tapis. Il avait un bandage à l’aile, qu’un Leveinard s’empressait de vérifier. Anthère se tint aux côtés de l’infirmière, alors que la petite fille alla voir son pokémon. Le dragon était endormit et visiblement pas près de se lever. Pour sa part, Anthère n’avait jamais fait combattre à ce point ses pokémons, mais elle n’était encore qu’une débutante…

[Ninj]

La situation était risible. Malgré son jeune âge, c’était la Pichu qui voyait Anthère comme une jeune enfant naïve et innocente que la vie avait décidé d’épargner jusqu’à aujourd’hui. Sa petite vie peu mouvementée représentait une rareté que nombre d’êtres vivants enviaient à présent. En effet, entre les guerres, les folies des hommes et les récents cataclysmes naturels, peu d’âmes avaient été épargnées par toutes ces tragédies que la vie occasionnait.
La fillette n’aurait eut aucune gène à enchainer sur une nouvelle question, ou à raconter ses propres mésaventures à Anthère, malgré la réticence évidente d’Anthère sur le sujet. Aussi, si elle décida de ne pas troubler la jeune femme, ce fut plus par manque d’intérêt qu’autre chose : Anthère ne pouvait pas la comprendre, seul le temps apprenait ce genre de choses. D’un autre coté, son manque total de réaction quand à la réponse de l’adulte sur une question aussi douteuse montrait clairement que la Pichu avait un bon bagage de catastrophes à présenter… mais tant qu’Anthère ne revenait pas sur le sujet, la souris n’avait pas l’intention d’y revenir non plus. Du moins, pour l’instant.

De même, la Pichu ignora la réflexion concernant le match de Tyla : parler de ce match reviendrait à parler de Soriu… et elle ne souhaitait pas parler de Soriu. D’ailleurs, si Anthère voulait réellement éviter de se lancer dans des sujets désagréables, mieux valait pour elle que Soriu reste en dehors de la conversation…

Le Libegon ne réagissait toujours pas à la présence de la jeune fille. Apparemment, il était parti pour passer la nuit dans cette position… L’enfant n’était pas vraiment enchantée par cette nouvelle, mais elle n’en laissa rien paraitre. Retournant auprès d’Anthère avec un petit sourire aux lèvres, elle reprit la conversation, tandis que l’infirmière retournait auprès du pokemon pour vérifier son état.

« Alors tu voyages pour visiter ! C’est bien d’avoir un but… mais dis-moi, tu te contentes des monuments ? Il y a aussi des choses magnifiques qui ne sont pas disons… répertoriées. Tu vois, par exemple, près de l’endroit où j’ai rencontré mon ami, en plein milieu du désert se trouve le "roc du Cactus". Pour ma part, je pense que cela restera l’endroit le plus magnifique que j’ai eu l’occasion de voir. »

D’ailleurs… pourquoi ne pas y retourner ? Après-tout, ils n’avaient plus d’attache à présent. Il y avait de quoi vivre sur place, le paysage était magnifique, et le désert offrait un endroit de rêve permettant aux Libegons de voler en toute discrétion autant qu’ils le souhaitaient…
C’était décidé. Leur prochaine direction serait le "roc du Cactus", là où leur voyage à tous les deux avait véritablement commencé.

Mais pour le moment, le Libegon n’était absolument pas en état de voler jusque là-bas… curieuse, la Pichu s’adressa à l’infirmière :

« Excusez-moi… combien de temps devra t’il se reposer pour recouvrer l’usage de ses ailes ? »

L’infirmière afficha un petit sourire gêné qui en disait long. La blessure n’était pas grave… mais elle n’en était pas moins handicapante. Tout en continuant son examen, elle répondit à l’enfant d’une voix qui se voulait rassurante :

« Deux mois, minimum… je te déconseille de le faire revoler avant si tu veux vraiment qu’il ne garde aucune séquelle du combat. Ton pokemon s’est vraiment beaucoup donné avant d'abandonner… au final, les choses se sont plutôt bien déroulées, mais sans doute aurait-il du abandonner un peu plus tôt, il a beaucoup poussé sur sa blessure. »

La réaction de la Pichu se fit en deux temps. Tout d’abord, l’enfant écarquilla les yeux de surprise à l’annonce de cette longue période de rétablissement. Deux mois ? Mais comment empêcher un Libegon de voler pendant deux mois entier ? Le pauvre risquait de devenir fou… et elle aussi !
Puis vint cette dernière phrase concernant Libegon… et là, une fois encore, la Pichu laissa éclater un petit rire amusé, sous le regard indigné de l’infirmière. Evidemment, ce n’était pas très responsable de la part de l’enfant de réagir ainsi… mais sincèrement : Libegon, abandonner ? Impossible. Voyant les diverses réactions autour d’elle, la petite enchaina :

« Si le match s’est terminé, ce n’est pas parce qu’il a abandonné, il a été battu. Ce Libegon n’a jamais abandonné quoi que ce soit, ni qui que ce soit. Même sa présence dans ce tournoi est due au fait qu’il n’abandonne jamais. »

L’enfant passa une main sur son visage pour remettre en ordre quelques mèches qui avaient profité de son éclat de rire pour se disperser. Puis elle reprit son calme, respirant lentement avant d’ajouter sur un ton beaucoup moins sympathique :

« Je refuse que l’on dise qu’il a abandonné. »

L’enfant foudroyait l’infirmière du regard. D’ailleurs, cette dernière lui renvoya un regard similaire avant de reporter son attention sur le dragon, préférant ne pas prolonger la discussion avec cette petite peste. Satisfaite, la Pichu reporta son attention sur Anthère… et resta silencieuse. Son visage était neutre, un poil souriant… elle s’attendait à une réaction, mais elle n’avait aucune idée de la façon dont Anthère avait pu percevoir la situation…

[Anthere Osarian]

Si la Pichu la voyait ainsi, c’est sans doute parce qu’Anthère était effectivement naïve et épargnée de tout depuis toujours. La jeune fille avait parfois conscience de sa chance, parfois pas, considérant comme tout à fait normale la vie qu’elle avait eu et n’imaginant pas vraiment qu’il puisse en être autrement pour les autres, à moins d’en avoir un témoignage. Anthère n’était pas bête, mais elle était très sensible et l’on pouvait penser que c’était son inconscient qui l’éloignait de tout ce qui pouvait faire des dégâts en elle, ses parents avaient toujours respecté et prit soin de sa sensibilité, Anthère ne voyait pas le monde comme les autres et ne le ressentait pas du tout de la même façon non plus. Il était pour elle plus haut en couleurs, plus vif et chaque émotion plus forte. La Pichu ne commenta pas sa réponse, ce qui en général signifiait toujours la même chose, elle avait une chance inouïe comparé à son interlocuteur, car ceux qui avaient une vie à peu près semblable à la sienne comparaient et en discutaient volontiers et c’est pourquoi Anthère ne se montra d’ailleurs pas plus intrusive, elle préférait ne pas savoir et ne pas mettre mal à l’aise la petite fille, ni lui faire de la peine en montrant à quelle point elle avait eu une vie horrible. Le futur apprendrait à Anthère que la vie n’était pas toujours douce et pourrait apprendre à la Pichu qu’elle pouvait l’être.

Anthère s’approcha à pas de loup du dragon mais ne le touche pas, elle ne voulait pas le surprendre, s’introduire dans sa bulle personnelle et le réveiller. La « bulle » était un concept apprit auprès des chevaux, un concept de courtoisie ; personne ne devait enfreindre la limite de la bulle d’une autre créature sans y avoir été invitée, à moins d’être un ami proche qui pouvait se le permettre. Ou un dominant dans un troupeau. Le dragon, du moins c’est ce qu’elle ressentit, avait l’air épuisé. Elle dû cependant se pousser pour laisser passer l’infirmière et comme la Pichu lui répondait, elle put reprendre la conversation.

« Pas seulement, il y a des coins où je me suis rendue un peu par hasard mais qui étaient magnifiques, dans la forêt près de Loukaï à Mizuhan, mon Ponyta s’est enfuit un jour, terrorisé par la neige. Je l’ai retrouvé à plusieurs lieues de là, dans une grotte de glace. Sinon je vais aux fêtes et autres festivals si je peux en avoir l’occasion. C’est bientôt la fête de l’Halloween sur l’Île de la Demi-Lune à Terros, je compte m’y rendre si le Medhyena est en état de voyager. Ho et puis, j’ai visité un étrange château sur la banquise, ce n’est pas vraiment un monument, mais c’est un vestige très ancien et très mystérieux : je n’ai pas pu résister ! » Anthère marqua une pause avant de reprendre : « Le Roc du Cactus ? Si j’arrive jusque là bas, j’essaierais d’aller le voir. Mais il y a tellement de chose à voir, j’ai peur de ne pas pouvoir aller partout ! »

Et Anthère ne se posa pas une seule la question : mais que fait une fillette au beau milieu du désert ? Non, car la jeune fille pouvait imaginer qu’il s’agissait simplement d’un voyage de famille, d’ailleurs, elle ne pensait pas que ses parents puisse être loin. Non parce qu’on ne laissait tout simplement pas une petite fille toute seule. Du coup, si Anthère suivait son raisonnement, ce pokémon était peut-être celui de son grand frère, ou de son père qui le laissait faire des concours avec. Mais la Pichu l’interrompit avant même qu’Anthère n’y pense et posa son regard sur l’infirmière.

« Deux mois ? » Fit Anthère aussi surprise que la fillette. « Peut-on seulement empêcher un dragon de voler ? »

Sa remarque était évidente, car Anthère avait déjà entendu parler de chevaux se brisant un canon. Ce qui signifiait, des mois de convalescence avec un membre plâtré au box, sans pouvoir marcher. Retenir un cheval immobile était d’une difficulté sans précédent et n’était bon ni pour son métabolisme, son physique et surtout pas pour son moral… C’était probablement la même chose pour un dragon. Et puis, la Pichu réagit étrangement, elle se mit un rire, mais un rire qui –d’après Anthère-, n’était pas une expression de joie pas plus que de soulagement, ni même nerveux. C’était plutôt un rire de mépris ou de quelque chose dans le genre. Et sa réponse en disait long sur ce que pensait la petite fille. Anthère pouvait comprendre, dans une compétition qu’elle aurait perdu, elle aurait détesté qu’on dise d’elle qu’elle n’avait pas fait au mieux et abandonner. Abandonner n’était pas dans son tempérament et puis cela avait une connotation très négative, un bon compétiteur n’abandonnait jamais, même si la défaite était écrasante. Mais Anthère n’ajouta rien et regarda l’infirmière partir, offusqué du culot de la Pichu qui démontrait un caractère affirmé.

« J’ai beau savoir que ce qui ne font pas de compétition ne peuvent pas comprendre les sportifs qui en font, mais leurs réactions m’étonnent toujours… Ils ne comprennent rien à rien. Un vrai compétiteur n’abandonne pas, quitte à prendre une raclée, mais il fait toujours le mieux dont il est capable… » Dit-elle enfin, passant ses yeux verts de l’infirmière au dragon.

[Ninj]

A première vue, Anthère était d’accord avec la Pichu. Après, la pokemon ne parlait absolument pas de compétition, mais bien du caractère de son ami dans la vie de tous les jours… mais après-tout, les deux étaient liés.
Satisfaite de la réaction de la jeune femme, la Pichu lui sourit. Elle commençait à comprendre pourquoi Ninj appréciait cette Mizuhanienne. Pourtant, Anthère était entrée dans la vie du chercheur par pur hasard, dans une période plutôt sombre de sa vie… alors certes, Ninj se liait facilement d’amitié avec ceux qu’il rencontrait, mais il n’accordait pas la même importance à chacun. Et en peu de temps, Anthère était devenue ce que l’on pouvait appeler une "bonne amie", tout comme l’étaient déjà Soriu, Nina et Reverie.

Sa façon de voir le monde, de s’occuper de ses pokemons, ses réactions… cette femme inspirait la confiance. Et c’était probablement pour cette raison que la Pichu en disait tant, tout en restant dans son petit jeu de méconnaissance.
L’infirmière ne s’occupant plus du Libegon, la Pichu retourna s’agenouiller auprès du dragon et invita Anthère à faire de même. Occultant totalement la petite controverse avec l’infirmière, l’enfant reprit en baissant légèrement la voix pour ne pas déranger le dormeur :

« Tu sais, je ne m’inquiète pas pour lui… il est sage, il serait capable de tenir même une année entière dans cette situation. C’est plutôt moi qui risque de le pousser, et je ne voudrais pas qu’il aggrave son état pour me faire plaisir. »

Après-tout… même la première fois qu’il avait défié les cieux, il l’avait fait uniquement pour elle. Pour lui éviter une longue chute au fond des abimes glacials de la banquise Mizuhanienne… et pour sa part, la Pichu ne tiendrait pas deux mois sans demander au Libegon de l’emmener dans les airs. Elle avait beau avoir visité au moins autant de lieux magnifiques qu’Anthère, ils avaient tous au moins une chose en commun qu’elle appréciait : un ciel immense vers lequel elle souhaitait s’envoler.
Ciel qu’elle ne pouvait d’ailleurs pas observer de là où elle se trouvait. Inconsciemment, la Pichu avait levé la tête… et maintenant, elle posait son regard un peu partout dans la salle, jusqu’à finalement retomber sur l’infirmière qui s’occupait à présent d’un autre participant qui venait d’arriver. Cela donnait à l’enfant l’occasion de reprendre la discussion :

« Avant, j’étais comme ça… j’abandonnais. Je n’arrivais pas à atteindre mes buts, alors j’abandonnais… puis je regrettais, à chaque fois. »

Elle marqua une pause, caressant doucement la tête du Libegon. Elle se rappelait de ses premiers combats… cette époque où elle n’était même pas capable de lever le petit doigt sans tomber dans les pommes. Au jour d’aujourd’hui, elle était capable d’encaisser plusieurs attaques sans tomber, elle avait même remporté un match d’arène… et tout cela, grâce à lui. Elle reprit :

« Puis je l’ai regardé faire… à cette même époque, il perdait absolument tous ses combats. Et pourtant, il insistait, il essayait toujours de donner plus, même en sachant qu’il était incapable de faire ce qu’il souhaitait faire. Et moi, tandis que je pleurais sur mes échecs, je l’admirais… depuis, j’essaye de faire comme lui, et de devenir aussi forte que lui... »

Elle ne parlait évidemment pas de force physique. Son mental d’acier, elle le devait à cette grande créature. Sans lui, sans doute en serait-elle encore à se cacher derrière Ninj et ses autres pokemons…

« On apprend beaucoup de ceux que l’on côtoie… »

Et pour une fois, elle eut une pensée envers Ninj et les autres. Il est vrai que le dresseur lui avait beaucoup apporté… beaucoup de peine également, mais avant tout, beaucoup de savoir faire. Sa Voltali également avait su s’occuper d’elle à sa façon… malgré son air complètement désintéressé, finalement, cette renarde veillait sur la troupe à sa façon. Où étaient-ils au jour d’aujourd’hui ? Ninj pensait certainement à eux jour après-jour… mais continuait-il sa vie avec d’autres compagnons, ou attendait-il simplement leur retour ?
La Pichu n’avait aucun remord à l’idée de voyager seule avec Libegon. Mais de temps à autre, Ninj lui manquait… bien qu’il ne soit qu’un incapable, bien qu’il ait laissé les pires choses arriver… il restait comme un père pour elle.

[Anthere Osarian]

Anthère était un peu de ce genre là aussi, elle n’abandonnait pas facilement et quand elle avait l’air de le faire, comme après un concours une fois, où son cheval avait déféré en se marchant dessus à la réception d’un obstacle et n’avait plus rien voulu entendre, disqualifiée, Anthère n’avait pu finir son parcours et avait dû laisser sa place pour le concurrent suivant. Désabusée, elle qui pensait réussir facilement avec ce superbe galopa, elle était revenue quelques jours plus tard, cheval referré, pour refaire ce parcours. Un sans-faute. Malheureusement, cela n’avait pas changé le résultat du concours. Parfois, elle laissait un peu ses objectifs de côté, quand elle n’arrivait pas, pour les aborder plus tard et parfois, avec un œil différent d’avant. Il fallait parfois aussi oublier ses objectifs pour parvenir jusqu’à ces derniers et cela, c’était Ourasi qui lui avait fait comprendre. Pour le reste, Anthère se liait facilement aussi et ne suivait que son propre chemin en parallèle, sa façon de traiter ses pokémons n’étaient que le reflet de sa considération pour eux, elle ne les traitait pas comme des humains, car ils n’en étaient pas, mais les respectaient et respectaient leur nature et essayait au maximum de combler leur besoins. Leur condition animale était tout à fait correcte et Anthère ne comptait pas changer sa façon de faire.

« Je connais ça aussi. Un cheval que j’avais en demi-pension avait besoin de repos après un accident de cross, c’était difficile de ne pas se dire qu’une balade ne lui ferait rien et ferait même du bien. Moralement c’était vrai, physiquement ça ne l’était pas. Mais on n’a pas le choix, c’est le boulot de tout bon propriétaire, faire ce qu’il faut pour sa santé en dépit du reste… » C’était comme avec Ourasi. « Quand j’ai capturé Ourasi, je m’étais dit qu’après une bonne nuit de sommeil et quelques jours de repos, parce qu’il avait l’air épuisé, je pourrais enfin monter comme je voudrais mon cheval. Sauf que c’était impossible, il avait peur de tout de la neige à la mouche se lâche comme on dit. Enfin j’aurais, par la force, mais ça ne lui aurait rien apporté et je n’aime pas me battre contre quelqu’un pour obtenir quelque chose de lui. C’est fatiguant et il faut toujours recommencer, et c’est plus dur à chaque fois. »

Mais c’était ç le boulot d’un vrai bon propriétaire et consciente de sa chance, d’avoir un poney aussi vif et aussi bon sauteur, même s’il était très sensible, Anthère y faisait attention. Depuis le temps qu’elle l’avait, un an maintenant, Ourasi avait bien évolué. Même si la présence de personnes étrangères lui faisait toujours coucher les oreilles, il ne se jetait plus dents en avant sur le premier à passer à quelques mètres de lui. Pour ce qui était de la neige, il l’avait un peu oubliée, car cela faisait des mois qu’ils avaient quitté l’ouest de Mizuhan. Ne restait que la pluie qu’il n’appréciait pas tellement en tant que pokémon feu, mais ça allait. Anthère écoutait la petite fille parler, se rappelant que elle aussi avait été petite et qu’elle se décourageait facilement, jusqu’au jour où comme elle, las de toujours regarder avec envie les autres avoir ce qu’elle n’avait pas le courage d’essayer d’obtenir, elle ne commence à s’entêter.

« C’est comme ça qu’on grandit, un jour on est lassé de ne jamais réussir ce qu’on veut et on envie les autres. Alors soit on devient un jaloux chronique, soit on fait en sorte de l’avoir aussi. Gagner des combats, c’est assez aléatoire en fin de compte, parce qu’il n’y a pas que son propre talent en jeu et ses qualités, il y a aussi ceux de l’adversaire et même des éléments incontrôlés ou au moins, imprévus. Mais si déjà on fait du mieux qu’on peut, c’est bien et c’est même l’essentiel. Perdre ou gagner, ce n’est pas si important que ça, et c’est même en perdant beaucoup de concours que j’ai appris le plus de mes erreurs. »

Anthère avait finit par venir près du dragon, pensant que la petite n’était pas si incapable que ça. Pour sa part, elle se sentait totalement incapable de dresser un dragon, qui était sans doute les pokémons les plus difficiles du monde à éduquer. Elle n’avait pas ce problème cependant, même si chacun de ses pokémons étaient très différents, entre un minuscule oiseau, un poney, un saurien, un renard et une hyène… Ils n’avaient quand même rien à voir les uns avec les autres, mais Anthère se renseignait et ne s’en sortait pas mal. Et puis elle vivait tous les jours avec eux, alors la différence d’espèce n’avait pas beaucoup d’incidence et elle connaissait leur caractère. Même si c’était le petit dinosaure qui lui avait donné le plus de fil à retordre et gardait la palme d’or du caractère le plus difficile ! Pour Ourasi c’était différent : Anthère connaissait les chevaux.

« Où vas-tu aller maintenant ? » Demanda finalement Anthère.

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