[ Clos ] Cruauté des couleurs... [solo/contrainte]

par Melian Dim 4 Déc 2011 - 11:23

[Contrainte 2 : Insister sur la psychologie du personnage]

Melian souffla doucement en atterrissant sur la chaîne de montagne. Elle avait voulu partir, suite à son match contre Soriu mais avait constaté qu’il lui manquait pas mal d’herbes et autres plantes. Elle voulait capturer un Airmure mais ne serait pas contre d’autres compagnons. Et si elle tombait sur un Pokémon Poison qui l’intéressait, elle se devait d’avoir de quoi tester son efficacité. Elle était comme ça. Chaque nouveau Pokémon susceptible de recourir à un poison quelconque qu’elle capturait devait obligatoirement lui injecter du venin. C’était un rite qu’elle pratiquait depuis sa capture de son premier Pokémon poison : Seshru, la redoutable Séviper.

En effet, la championne avait un sens aigu de la responsabilité et savait pertinemment qu’elle culpabiliserait jusqu’à la fin de sa vie si un jeune dresseur venant la défier perdait son Pokémon. Et elle serait probablement déchue de son titre aussi. Elle ne savait pas si les autres champions avaient cette conscience du rôle à jouer. Mais elle se rappela bien vite que peu d’entre eux étaient confrontés à ce problème. Asaka ou Allistair par exemple, respectivement Vol et Spectre et Ténèbre n’avaient pas de Pokémon prévu dans ce but. Leur stratégie était ailleurs. Celle de la Terrosienne reposait sur le venin de ses compagnons.

Elle avait d’ailleurs une flopée de cicatrices sur le bras, la plupart des petits points circulaires et parfaitement rond. Elle ne lésinait pas sur les exercices en tout genre, pour préparer au mieux ses remèdes. Au tout début de ce genre de test, elle avait cru ne pas tenir et devenir folle. Seule sa bravoure avait su la pousser suffisament en avant pour résister. Elle ne devait pas flancher, lorsqu’elle sentait les crocs lui transperçait la chair, lorsqu’elle avait l’impression que son sang se mettait à bouillir dans ses veines. Elle savait qu’en abandonnant, elle redeviendrait le vulgaire pantin de son père. Et elle s’y refusait. Elle n’était pas un jouet manipulable… Elle ne voulait plus être une sorte de cinquième roue du carrosse, juste utile quand l’une casse. Non, elle désirait être libre et indépendante.

Cette liberté, elle ne l’avait pas totalement et elle le savait. Son père, ou plutôt, père adoptif était en vie, bien en vie… Et il la traquait presque pour tout obtenir d’elle. Des remèdes, de la reconnaissance, et une obéissance sans faille. Lui voulait dompter et mener à la baguette celle qu’il appelait « sa fille » bien que les mots sonnent faux dans sa bouche. Elle était douée, intelligente, capable de grande chose… Et en devenant championne d’arène, elle se gâchait. Du moins selon lui… Parce que ce rôle qu’elle avait acquis par un coup du sort, la jeune Niniel ne s’en sentait que plus accomplie. Elle se sentait bien mieux au cœur de son arène, dans l’espèce de forêt construite par l’ancienne arène que chez elle, à regarder son père instrumentaliser les Pokémon pour en obtenir ce qu’il voulait. Elle gronda doucement en pensant à ça, en pensant à Hanasaï. Elle était un des Pokémon de son père… Un des anciens en tout cas, et c’est l’Herbizarre qui avait ouvert les yeux de sa dresseuse sur la cruauté du médecin. A se demander comment un homme pareil pouvait sauver des vies…

Pourtant des vies, elle en sauvait aussi, c’était son rôle, elle était là pour ça… Elle se devait d’être là pour ça… Mais d’une façon totalement désintéressée. Elle réfléchit sur le terme. Elle n’était pas désintéressée en réalité, non, elle avait très bien saisi l’importance de la vie… Et c’est pour ça qu’elle aidait au mieux les gens…. Non pas par avarice, pour se faire un « paquet d’oseille » comme dirait le vieux Mizuhanien qui avait épousé sa mère, mais parce qu’une vie était quelque chose de précieux, à préserver à tout prix. Elle aidait quiconque en avait le besoin… Parce qu’elle était là pour ça. En général, elle ne demandait rien en échange, ou juste si elle était dans le besoin. Mais elle était prête à vendre ses services –et encore, elle servait d’abord avant de demander quelque chose- contre des renseignements, sur certains Pokémon. Oui, elle s’intéressait à beaucoup de chose et était bien plus curieuse qu’il n’y paraissait…

Un petit cri la tira de ses pensées et elle leva la tête. La fidèle Tropius de sa mère s’était posée sur un plateau herbeux et avait l’intention de se reposer mais avait entendu quelque chose. Elle se penchait à présent au-dessus du précipice en contrebas, pour observer ce qui se passait. Et c’est en poussant un cri d’angoisse qu’elle avait attiré l’attention de la demoiselle. Cette dernière s’avança, intriguée et se pencha aussi. Elle aperçut une forme, quelque chose d’étrange. Et c’était cette tâche, plus bas, qui semblait pleurer. Melian grimpa sur le dinosaure végétal et ce dernier décolla pour descendre et se mettre à la hauteur de l’animal ou personne coincée. C’était un Girafarig. Un étrange Girafarig… Il avait le bout du museau bleu et non rose. Et son pelage semblait bien plus vif que celui de ses congénères, même si là, il était surtout maculé de poussière et de bout. En voyant l’humaine, le jeune Pokémon poussa un faible cri. Ca faisait combien de temps qu’il était là ? Il avait dû passer la nuit sur cette petite corniche.

Melian ne comprit pas. Il était jeune et le troupeau broutait sur le plateau avec tranquillité. Pourquoi n’avaient-ils pas sauvé le petit ? D’autant que ses parents devaient y être alors pourquoi le laisser en bas ? La jeune dresseuse fit signe à sa monture de se coller à la falaise et bondit sur le petit espace. Le Pokémon blessé voulut lui envoyer un coup de sabot dans le ventre, sous la peur mais la demoiselle se décala pour esquiver. Elle fit signe à la créature au cou ornait de fruit d’utiliser un Doux Parfum pour calmer les ardeurs du petit. Elle tendit doucement la main vers lui et il finit par consentir, au bout de plusieurs minutes, à y placer ses naseaux.

La demoiselle frissonna, étonnée d’avoir mis si vite en confiance la petite bête. Elle esquissa un sourire pour le rassurer, mais semblait sombre. Pourquoi personne ne l’avait aidé ? Pourquoi était-il tombé si bas ? Le pouvoir psychique combiné de la harde aurait pu sans problème le remonter… Mais il avait été laissé de côté et ignoré… Comme elle… Jusqu’à ce que son maître la trouve. Elle souffla doucement. Elle ne laisserait pas tomber la girafe, elle en était intimement convaincue. Chacun avait besoin d’une deuxième chance, il fallait juste tendre la main. Et cette main, elle la tendait actuellement au jeune Pokémon.

Une fois ce dernier bien en confiance, elle réfléchit. Comment le remonter ? Sa maîtrise de la terre serait utile mais handicapante aussi, si elle échouait. Sa Tropius serait capable de les porter, encore fallait-il grimper sur son dos. Elle allait combiner les deux idées… Elle posa sa main au sol et se concentra. Elle sentit une douce chaleur dans son ventre. Son corps et son esprit en appelait à leur Reine mère, la Terre, pour les aider. Elle sentit le sol bouger et se concentra, yeux clos. Pour elle, c’était la force de son esprit et de sa volonté qui déterminait le maniement d’un élément. On ne pouvait pas plier la nature à ses choix, mais on pouvait s’harmoniser avec elle, pour combattre de la meilleure façon qui soit. Un esprit faible était incapable de faire un bon usage d’un pouvoir. Un don de la nature était précieux, très précieux, il fallait le manipuler avec attention. Elle ne désirait jamais soumettre la terre à tous ses désirs, elle connaissait ses limites. Mais là, elle ne demandait qu’un pont, une petite parcelle de terre solide pour la girafe et elle-même. Alors elle façonnait, à l’aide de son esprit, de son mental, le sol sous ses pieds, pour lui faire adopter la forme qu’elle désirait. En général, elle s’en sortait bien. Elle ne demandait pas grand-chose. Et ici, elle agissait pour la bonne cause… Lorsqu’elle rouvrit les yeux, le pont était fait.

Elle se plaça près du Girafarig et l’encouragea à se lever. Il avait une blessure sérieuse à la patte et elle se plaça près de lui pour l’aider à avancer. Elle devait l’aider, elle ne pouvait se résoudre à le laisser là… Elle le guida avec précaution sur le dos du monstre végétal et sa Rozbouton, perchée sur le crâne de la bête volante, lança une Vampigraine pour l’attacher et éviter qu’il tombe. Puis, elle fit signe qu’ils pouvaient remonter.

Une fois sur le plateau, elle coupa les lianes et posa doucement le Pokémon au sol. Elle sortit des bandages de son sac et commença à le soigner avec attention. Il semblait plutôt content, ce qui lui fit chaud au cœur. Les remerciements, l’air rassuré de ceux qu’elle soignait, la confiance qu’ils avaient en elle… C’était vraiment merveilleux, à ses yeux… Elle caressa la tête du Pokémon et le confia aux deux Pokémon plante, allant ramasser les plantes qu’elle cherchait. Elle parcourut le troupeau, avec Kogane qui sifflait, au cas où. Il n’avait pas confiance en ces Pokémon qui étaient prêt à sacrifier leur petit, parce qu’il était différent. Sa dresseuse avait été rejetée pour ça, il voulait la préserver.

Après avoir rempli sa besace, elle chercha des baies pour la girafe, lorsqu’un cri retentit. Elle se retourna et vit des jeunes mâles du troupeau s’approcher de ses trois compagnons. La Tropius se dressa de toute sa hauteur et poussa un cri sourd. Elle avait l’air particulièrement mauvaise. Comme Melian, sa colère était froide et violente, implacable. Elle pencha sa tête vers eux, les foudroyants du regard. La championne sprinta et se retrouva en un temps record près de ses Pokémon.

"On s’en va… Puisque vous ne le tolérez pas, on s’en va…"

Kogane glissa au sol et fit claquer sa mâchoire au museau du chef du petit groupe qui gémit, effrayé. Il n’était encore qu’un simple bébé… Et il préféra bien vite retourner dans les sabots de sa mère. La demoiselle sourit et se retourna pour caresser la girafe, commençant à le soigner. Elle banda la patte de la créature, appliqua des remèdes sur ses plaies avec les gestes d’une experte. Elle ne savait faire que ça, mais elle le faisait bien… Le petit Pokémon semblait plutôt content et il lui donna un coup de museau sur le bras. Elle sourit et lui tendit une Poké Ball. Il accepta de rentrer dedans, sans faire le difficile…

Elle rassembla ses affaires et grimpa sur le dos du Pokémon plante, tout en restant songeuse. Elle se demandait bien pourquoi ils l’avaient chassé ? A cause de sa couleur ? Elle haïssait ce comportement. Ce rejet des autres… et elle acceptait tout entier les personnes différentes… Elle ne pouvait pas se permettre de rejeter les autres, elle n’était pas comme ça. Au contraire, elle recelait une personnalité plus douce et tolérante, sous ses airs parfois froids, professionnels et dangereux. Elle était quelqu’un de fondamentalement bon, qui ne comprenait pas toujours le monde qui l’entourait…