[ Clos ] Un moment de pouloutitude... [Solo]

[Miku Hatsune]

« Lève les yeux, vers les cieux, là où tu aimes rêver… Mais n’oublie pas de regarder autour de toi, et ne te perds pas… »


Le Dieu protecteur des moissons, Démétéros, avait jugé les Erasiens échoués près de la rivière Sonata dignes de sa miséricorde. Il leur avait accordé de revenir sur leur terre natale grâce à des oiseaux inconnus d’eux, mais suffisamment robustes pour effectuer le trajet sans encombre. Miku n’avait aucune destination particulière, comme d’habitude, mais pour la première fois de son existence humaine, elle avait eu envie d’être réellement proche des vents et de la nature. Inconsciemment, elle avait donc fait aller sa monture improvisée vers Nalcia… Et le caractère calme et posé de l’adolescente avait fait le reste. Le Déflaisan l’avait emmenée dans un endroit calme, tranquille, en totale adéquation avec sa cavalière…

« Que c’est joli, par ici… »

Un roucoulement d’approbation lui répondit, tandis que l’oiseau se posait lentement, à la lisière d’une forêt luxuriante et magnifique. Elle remercia alors le Pokémon, lui caressa la tête affectueusement, puis s’installa sur le muret qui semblait délimiter l’étendue sauvage pour le regarder s’éloigner rapidement, puis disparaître. Elle murmura quelque chose d’inaudible, et cinq lumières jaillirent du sac posé à ses pieds. Quatre formes, en se matérialisant, saluèrent Miku d’un air enthousiaste, tandis que la cinquième se mettait un peu à l’écart, tant bien que mal, traînant sa patte blessée comme un lourd fardeau. La jeune fille évita son regard pendant quelques minutes, préférant perdre le sien dans le bleu miroir de ses propres yeux. Elle se résolut finalement à tourner la tête vers le faon, que ses camarades regardaient d’un air grave, ne comprenant pas vraiment pourquoi il s’isolait de la sorte.

« Est-ce que… Tu vas mieux ? »

Le faon la fixa d’un air d’abord haineux, se demandant comment elle pouvait lui poser une question pareille. Il était évident qu’il n’allait pas mieux, du moins, de son point de vue. S’il ne pouvait pas sauter et courir comme d’habitude, il était condamné, c’était sûr… Mais une fois encore, sa rancune s’évacua d’elle-même, comme un mauvais rêve qui se dissipe au réveil. Ces yeux d’un bleu très clair, ce visage radieux mais pourtant inquiet, et… Cette aura de pureté qu’elle dégageait, ce désintéressement et cette volonté sincères… Elle aurait aussi bien pu être une déesse du dévouement et de la bonté qu’une simple humaine cherchant à tout prix à aider les autres, le Vivaldaim n’y aurait pas vu de différence. Il ne remarqua même pas qu’elle s’était approchée, pour essayer de le soigner, encore. Il tressaillit simplement lorsqu’elle posa ses mains sur sa patte blessée, et la regarda avec des yeux ronds quand elle commença à chanter, les yeux clos. Sa voix semblait se dérouler comme un pansement invisible, s’enroulant ensuite autour de ses mains, puis de la plaie. Elle ne cessa de chanter que lorsque le souffle lui manqua, et qu’épuisée, elle s’autorisa un peu de repos. Elle prit le temps de reprendre sa respiration avant de souffler doucement :

« J’espère… Que tu te sens mieux, maintenant.  »

Le Pokémon resta muet, et immobile, et ne sursauta même pas quand elle risqua sa main vers son crâne, puis l’enlaça avec une douceur infinie. Il ne pouvait pas détester un être aussi bienveillant. Impossible. C’était au-dessus de ses forces. Il ferma les yeux, très lentement, alors qu’elle lui disait que tout irait bien, et qu’elle le ramènerait chez lui dès qu’elle le pourrait. Pour l’heure, elle n’en avait pas les moyens, et elle tenait à ce qu’il soit parfaitement guéri avant de le laisser dans la nature.

Il hésita alors à lui faire comprendre qu’il avait une dette envers elle, et qu’il devait rester auprès d’elle, mais un petit cri en provenance d’un arbre tout près d’ici l'en empêcha. Miku desserra ses bras, puis chercha l’origine de l’appel de détresse… Et aperçut un Pokémon félin, rouge, très, très petit, perché sur une branche, et qui cherchait désespérément à en descendre. En souriant, Miku tendit un bras vers lui, et le minuscule Skitty se retrouva soulevé, battant l’air de ses petites papattes ridiculement petites. Il était visiblement en proie à la panique la plus totale… Et il atterrit directement dans les bras de Miku, qui éclata de rire, puis le caressa doucement en lui murmurant des paroles rassurantes pour le calmer. Il cessa de s’agiter, puis passa un coup de langue sur la joue de Miku… Avant de gigoter dans tous les sens pour se libérer. Mais à force de se débattre, il fit tomber une capsule de la ceinture de la jeune fille, puis se mit à courir après, attiré par les objets ronds comme par un aimant. Ce qui devait arriver arriva : il fut englouti par la Ball, qui se figea immédiatement, sans doute parce que le Skitty était très surpris de s’être fait attraper. En soupirant, Miku le libéra, puis le gronda gentiment, et lui demanda s’il voulait rester avec elle ou repartir chez lui, dans la forêt. Au vu du regard terrifié qu’il lança aux arbres environnants, Miku en déduisit qu’il préférait ne plus y mettre une patte…

L’adolescente rappela alors tous ses Pokémon, y compris le Skitty, puis se mit en route, une nouvelle résolution en tête. Elle devait apprendre à soigner les gens, et à les défendre… Coûte que coûte.