[ Clos ] Barre à tribord ! [Solo]

[Kaé]

[Contrainte n°6 : Faire intervenir un PNJ]


Kaé avait continué de marcher un peu – complétement – au hasard, ne pensant qu’à une chose, quitter le pays. Ses parents avaient déjà du mettre des avis de recherches ou choses du genre dans le coin, et elle ne voulait être ramenée à la maison par la garde comme cela lui était déjà arrivé un bon nombre de fois. Malheureusement, elle n’avait que ses deux pieds pour marcher, et un sens de l’orientation défaillant, et se contentait donc d’avancer lentement dans ce qu’elle pensait être la direction pour s’éloigner de chez elle. Elle avait donc plus ou moins continué tout droit après avoir croisé Basho, pensant que la frontière avec Mizuhan était la plus proche qu’elle puisse passer. Elle n’avait que faire de l’endroit où elle se rendait, tant que ce n’était pas dans le pays de la terre.

Elle finit donc par arriver face à une grande étendue d’eau, qu’elle reconnu être le Lac Seian. Elle n’était venue dans le coin qu’une ou deux fois, mais cet endroit était une fierté nationale avec la vallée Chamarée, et donc lors des manifestations ou dans les grandes maisons où la décoration est la numéro un des priorités, il était fréquent de trouver des peintures représentant ces lieux. La gamine souffla. Elle devait avoir fait au moins la moitié du chemin, mais apparemment, elle s’éloignait effectivement de sa ville natale. Elle savait qu’il y avait un donjon à même la berge, avec un peu de chance elle pourrait trouver une auberge dans les parages où faire la plonge en échange d’un bon lit. Parce que oui, la gamine avait fugué en prenant avec elle à peine de quoi se payer une brioche à Omashu, et était donc sans le moindre sou.

Elle finit par apercevoir la ville en question, mais aussi une grande agitation sur le bord du lac, avec plein de gens qui courraient dans tous les sens et un bateau qui n’attendait qu’à prendre la mer. Se retrouvant perdue au milieu de la foule, la gamine se mit à se demander comment un si gros – bon c’était pas le plus grands des navires, mais bon – bateau avait pu atterrir ici et pourquoi. Alors qu’elle méditait sur la question, deux bons hommes se mirent à se disputer pas loin, ou plutôt, un type grand et trapu se mit à crier sur un autre qui subissait tranquillement. La gamine tourna la tête quand elle comprit vaguement de quoi il s’agissait. Un des mousses porté malade ne pouvait embarquer, et avait donc envoyé une excuse au dernier moment au capitaine, qui en était très fâché. Voyant là une occasion unique, la gamine n’hésita pas à se lancer dans la conversation.

« Excusez moi m’sieur, mais il paraît qu’il vous manque un matelot à bord ? »

Le type la regarda un instant, surpris par la réplique de la fille. Puis, la question arrivant lentement à son cerveau, il y répondit de manière simple et brève.

« Ouaip. Ce bon à rien de marin d’eau douce a jugé bon de se faire la malle ! Non mais quel cloporte, mille sabords, il n’y a vraiment plus aucun respect de nos jours, de mon temps, cela ne serait jamais arrivé ! On embarquait, mourant ou sain ! La parole n’est pas… »

« Ben si vous voulez, j’peux le remplacer alors ! » s’exclama la gamine sans attendre la fin de la tirade du type.

« Hé oh ! » commenta le capitaine, éreinté, « Ca se fait pas interrompre les adultes quand ils parlent, O.K. ? Non mais j’vous quand j'étais… »

« C’est vrai mais si on attend que vous ayez fini, on en a pour la semaine ! Du coup, vous allez où ? » coupa-t-elle à nouveau, sans trop se soucier des conséquences.

Le type commença par devenir tout rouge, puis finalement explosa de rire en posant sa grosse main sur l’épaule frêle de la gamine.

« Tu me plais miss, t’as plus de cran que la plupart des hommes de mon équipage ! Mais j’te préviens, être mousse, ce n’est pas une partie de plaisir. Dès que les dernières caisses seront chargés, on ferra route vers Nalcia, où on… »

« Vous inquiétez pas pour moi m’sieur, j’ai connu pire ! » reprit la fille, cherchant à conclure cet accord au plus vite. « donc j’embarque là ? On y va ? »

« Ouais allez monte, tu trouveras un type avec un manteau rouge, c’est le chef de bord. Tu seras sous ses commandes, » répondit l’homme, après quelques instants de réflexions. « Dis lui bien que tu viens de la part de Capitaine Kindâh. En revanche, en général pour ce qui est de la paye on… »

« Vous inquiétez pas pour ça m’sieur, tant que je suis nourrie, logée et que j’m’éloigne du coin, j’ai besoin de rien d’autre ! »

À nouveau, le capitaine poussa un rire sonore, avant d’indiquer à la gamine d'un signe de main qu’il était temps qu’elle monte à bord. Décidément, c’était une bonne affaire, cette petite ! Fallait juste espérer qu’elle ait le cœur assez solide pour tenir le voyage. De son côté, Kaé ne s’en faisait pas pour cela, et était ravie de se diriger vers le pays complétement à l’opposé de celui dans lequel elle était maintenant.

***

« Allez, un peu de nerf ! Faut que tout soit déchargé d’ici cinq minutes ! Plus vite, plus vite ! »

Après avoir passé son voyage à faire le ménage, la vaisselle, le messager et toutes les autres activités fastidieuses sur le bateau, la gamine finissait son travail en aidant à décharger les quelques caisses destinées au temple du coin. Quand ce fut fini, elle alla voir celui qui avait été son capitaine une dernière fois, afin de le remercier de ce qu’il avait fait pour elle. Il fut surpris d’ailleurs qu’elle ne réembarque pas avec eux, malgré le fait qu’elle avait déjà prévenu, mais la gamine fit comprendre pour la énième fois qu’elle était plus ou moins arrivée là où elle le voulait, à plusieurs centaines de kilomètres près. Elle avait envisagé d’aller faire un tour au Parc Safari depuis sa rencontre avec Basho, mais le besoin de fuir avait prédominé sur l’envie de faire du tourisme. Cela ne l’inquiétait pas de toute façon, elle trouverait d’autre manière de s’y rendre, tant qu’elle ne retournait pas dans son pays natal.

« Tu vas nous manquer petite, mais j’espère que tu arriveras à trouver ce que tu cherches. Bon courage, moussaillon ! »

Lançant un ultime signe de main en arrière, la gamine s’enfonça dans le pays du vent où elle espérait rencontrer des personnes aussi chouettes que le Capitaine Kindâh.