Récits de Violette et Silver ! [Solo]

[Silver Belister]

Dans ce topics, quelques petits moments marquants du passé de Silver et/ou Violette ! Bonne lecture !

Pouce, index, majeur… En haut, en bas, en haut… La concentration du futur magicien était maximale. Il ne quittait pas la bille des yeux tandis qu’il la faisait valser d’un doigt à l’autre. Chaque doigt se contentait d’effleurer la sphère avant de la passer à son voisin. Il y était presque, il le sentait…

Malheureusement, son entraînement fut interrompu par un bruit caractéristique qui provenait de la chambre d’à côté, ce qui attira son attention moins d’une seconde. Cela fut suffisant pour casser le rythme de sa danse digitale et la bille tomba au sol avec un bruit mat.

Mais le jeune homme de seize ans s’en fichait à présent : sa concentration impassible avait fait place à l’agacement tandis qu’il fixait le mur adjacent. Pas encore ! Mais quelle plaie celle-là ! Il se leva de sa chaise et, résigné, pénétra dans la chambre où il vit ce à quoi il s’attendait : une gamine de 9 ans qui tremblotait dans son lit. Un lit qu’elle avait abondamment tâché d’une bouillie dégoûtante qui semblait constituée d’un mélange de morceaux de pain mal digérés et de bile. Sa sœur venait de rendre son maigre repas de la veille…

« PAPA ! VIOLETTE A ENCORE VOMI !
- Encore ? Occupe-t-en, je travaille ! »

Et voilà. Une fois de plus, c’était à lui de s’en charger. Silver savait qu’il était inutile d’insister avec son paternel. Quand il travaillait sur son commerce, rien ne pouvait l’interrompre…. S’il comptait sur lui, Violette moisirait dans son jus putride pendant au moins deux heures…

Résigné, il s’approcha du lit malodorant et lança à sa sœur sans la moindre aménité :

« Allez, accroche-toi à moi. »

Et joignant le geste à la parole, il se pencha en avant pour permettre à sa sœur d’attraper ses épaules de ses petits bras frêles. Il découvrit à cet occasion à son grand bonheur que sa sœur n’avait pas seulement taché son lit mais aussi sa chemise de nuit… Il ne put retenir un juron lorsqu’il sentit un des morceaux de pain se coller sur sa chemise tandis qu’il la soulevait alors qu’elle s’agrippait à ses épaules.

Il la manipula avec autant de délicatesse qu’un sac de farine pour arriver tant bien que mal à la faire s’asseoir sur la chaise à côté du lit. Avec Violette, il y avait toujours quelque chose de détraqué. Avant c’était les bras, aujourd’hui ses jambes qui ne répondaient plus. Et dans quelques temps selon le dernier médecin qui l’avait vue, ce serait son cœur… Sa maladie était aussi protéiforme qu’un Métamorph et extrêmement douée pour échapper à tous les traitement connus. Et comme elle était faible et fragile, Silver s’en occupait. Ou plutôt, il DEVAIT s’en occuper, puisqu’il était l’aîné. C’était comme ça. Personne ne lui avait laissé le choix ou même demandé son avis !

Mais ce qui l’énervait le plus chez sa sœur en ce moment même, ce n’était pas sa maladie ou ses vomissures. C’était ses putains de tremblements qui ne s’arrêtaient pas ! Au début, il avait cru qu’ils venaient de sa maladie, comme le reste. Jusqu’à ce que sa sœur lui avoue elle-même qu’elle tremblait de peur et de honte ! D’ailleurs des larmes perlaient sous ses yeux clos. Et elle essayait pathétiquement de les cacher…

« Hé, c’est bon ! Arrête de pleurer, c’est fini ! »

Autant un réconfort qu’un ordre… Violette hocha misérablement la tête mais son assentiment se vit à peine.

Silver soupira et la déshabilla non sans mal avant de se diriger vers la commode de laquelle il sortit une couverture. Il la posa sur sa sœur qui aussitôt s’emmitoufla dedans du mieux qu’elle pouvait. Puis il s’occupa de changer les draps. Par bonheur, le sol avait été épargné.

« Tu veux un bain je suppose ?
-Ou… Oui… Sil te plaît... »

Nouveau soupir.

« Attends ici. Je vais faire chauffer de l’eau et je reviens. »

Attends ici… N’importe quoi… Comme si elle pouvait s’en aller de toute façon ! Arrivé dans la pièce principale où brûlait un grand feu ; il attrapa vivement un grand seau situé près de l’entrée et sortit à l’extérieur. Le printemps avait beau être bien entamé, la neige était encore bien présente dans les montagnes. Armé d’une pelle posée contre le mur près de la porte d’entrée, Silver eut tôt fait de remplir son seau à ras bord. Il le ramena à l’intérieur et le laissa chauffer sur le feu pour que la neige glacée se transforme petit à petit en eau bien chaude. Lorsque la température fut à son goût, il ramena le seau plein d’eau chaude jusqu’à la chambre de sa sœur. Il ramena également dans la pièce une bassine, assez grande pour que la petite puisse y loger , un gant de toilette et un morceau de savon grisâtre. Mais bien sûr, elle ne pouvait pas le faire seule… Enfin, avec un peu de chance, elle aurait cessé de trembler à son retour...

Avant de la déposer, Silver lui fit tester l’eau du seau du bout des doigts. Hors de question que sa sœur s’ébouillante après tout le mal qu’il s’était donné pour ramener de l’eau chaude. Violette valida la température d’un timide hochement de tête… Dans ces situations, Silver la savait capable de dire « oui » à n’importe quoi aussi il attendit qu’elle répète pour être sûr que c’était bon pour elle. Puis il remplit la bassine avec le contenu du seau et immergea péniblement sa sœur.

Alors qu’elle soupirait de soulagement de pouvoir enfin se nettoyer, son frère fit volte-face, faisant mine de partir.

« Attends… Tu veux pas rester ? »

Il hésita une fraction de seconde avant de répondre :

« Non. Je vais me changer. Lave ce que tu peux et appelle-moi si tu as besoin d’aide.
-D’accord... »

Eh, lui aussi avait bien le droit à un petit nettoyage après tout ça ! Violette ne le rappela que lorsqu’elle eut finit son bain. Après quoi il la fit sortir et l’aida à s’habiller avant de la remettre au lit. Elle n’était vraiment pas en forme aujourd’hui…

Le lendemain, son père lui apprit qu’il devait à nouveau partir sur les routes pour revendre les marchandises qu’il avait accumulées ces derniers mois. Silver le laissa partir sans manifester la moindre émotion. Heureusement, Nelly, leur gouvernante, était déjà arrivée. Elle était une des dernières habitantes du village situé non loin de chez les Belister et par chance, elle acceptait de garder Silver et surtout sa sœur lorsque leur père s’absentait la moitié de l’année pour son activité de marchand ambulant.

Violette attendait toujours son arrivée avec impatience car elle était bien plus attentionnée à son égard que son père ou même son frère. Surtout ces dernières années. Silver lui attendait surtout le retour de son maître, magicien itinérant, dans l’espoir de lui montrer tous ses progrès. Mais ce ne serait pas avant deux longs mois…

Alors qu’il allait franchir le seuil, Nelly l’interpela :

« Où vas-tu ?
-Je sors prendre l’air.
-D’accord, pendant ce temps je vais m’occuper de laver les draps d ta sœur. Tu as bien fait de les sortir dehors, ils empestent ! Mais je vais demander à Mashi de t’accompagner.
-Je suis plus un gamin, Nelly.
-Taratata, tu sais aussi bien que moi que ces routes de montagnes sont dangereuses ! Tu pourrais te faire attaquer par des Pokémon sauvages ! Ca irait si tu avais ton propre Pokémon pour te défendre mais comme tu n’en a pas…
-C’est bon, c’est bon, je connais la chanson ! Il peut venir !
-D’ailleurs c’est vrai ça ! Comment ça se fait que tu n’en aies pas encore ? Je connais des gamins qui font déjà des matchs avec leurs partenaires et ils ont la moitié de ton âge… »

Silver sortit sans répondre, suivi par Mashi le Machopeur qui gardait une distance raisonnable avec le jeune homme. Comme elle vivait seule depuis la mort de son mari survenue deux ans plus tôt, Nelly était accompagnée en permanence d’un couple de Machopeur, Mashi et Masha, qui lui servaient autant de compagnon de vie que de protecteurs.

La raison pour laquelle Silver ne voulait pas de Pokémon pour le moment était très simple : sa sœur était déjà un « Pokémon » assez contraignant à gérer et il ne voulait pas d’un fardeau supplémentaire. Pas avant qu’il ait quitté cet endroit en tout cas.

Il parcourut le chemin qui le séparait de sa destination complètement perdu dans ses pensées, ne faisant absolument pas attention au Pokémon qui le suivait de quelques pas. Mais plus il avançait, plus sa hargne faiblissait, laissant place à la mélancolie. Trente minutes plus tard, il était arrivé Alors qu’il allait pénétrer dans le cimetière du village où habitait Nelly, il lança au Machopeur :

« Ecoute, je sais qu’elle t’a dit de me surveiller. Mais ici, je ne risque rien. Les Pokémon ne viennent pas dans le village. Et de toute façon, j’ai besoin d’être seul. Allez ! Ouste ! »

Le colosse jaugea un moment le visage du garçon. Nelly ne lui avait pas exactement demandé de le surveiller, mais de l’aider en cas de besoin. Et pour le moment, ce garçon avait besoin d’être seul. Aussi, il fit demi-tour et s’éloigna de quelques mètres, tout en veillant à rester assez près pour intervenir en cas de besoin. Silver le suivit des yeux avec un regard mauvais jusqu’à ce qu’il eut disparu de sa vue. Alors seulement il pénétra l’enceinte et s’autorisa à relâcher son masque de colère.

Oh, de la colère, il en éprouvait. Et pour plein de gens. Pour sa sœur d’abord, sans qui il n’aurait pas été obligé de rester ici. Sans elle et sa foutue maladie, il aurait pu suivre son maître et donner des spectacles de magie sur les routes d’Erasia. Pour son père ensuite, cet imbécile qui ignorait TOUT de la manière de s’occuper d’une enfant de neuf ans et d’une malade. Alors une enfant de neuf ans malade… Qu’il parte donc en voyage et très loin si possible  ! De toute façon quand il était là, il n’était bon qu’à lui refiler les tâches domestiques et particulièrement tout ce qui touchait à Violette ! Pour Nelly aussi. Cette femme avait beau les avoir élevés, Violette et lui, comme ses enfants, depuis le décès de leur mère quatre ans auparavant, il ne supportait plus sa sollicitude à son égard. Il ne supportait plus d’être pris pour un gamin ! Mais en cet instant précis, celle qu’il détestait le plus c’était…

« Pourquoi tu nous as abandonnés ? POURQUOI ?! »

Et tandis qu’une violente bourrasque de vent faisait tomber les chapeaux de neige des tombes environnante, Silver se décida seulement à laisser couler les larmes qui menaçaient depuis si longtemps, pleurant sur la tombe de sa mère. Depuis qu’elle était partie, sa famille était brisée. Violette, qui était si souriante autrefois malgré son mal supportait de moins en moins sa situation et sa maladie gagnait du terrain. Leur père s’était refermé comme un Kokyas effrayé et ne parlait pour ainsi dire plus à ses enfants. Quant à Silver… Il n’était plus le frère de sa sœur, son ami et son confident, il était devenu son garde-malade… Le putain de marionnettiste blessé d’un pantin brisé...

Il resta là à pleurer pendant de longue minutes. Comme d’habitude lorsqu’il s’emportait, cela éveillait ses pouvoirs du vent. Lorsqu’il eut fini de déverser sa colère liquide sur la froide neige printanière, il s’en alla sans un regard en arrière, sans un mot. A son retour, sa sœur l’attendait dans le salon, assise sur un fauteuil non loin du foyer. La présence de sa canne reposant contre le dossier indiquait qu’elle était venu ici d’elle-même, sans être portée. Donc elle allait mieux… Aujourd’hui !

Lorsqu’elle le vit, Nelly s’empressa de lui lancer :

« Regarde qui est venu te souhaiter la bienvenue ! Bon je vous laisse, je dois préparer le dîner ! Ah je vois qu’on va manquer de bois ici, je vais en rentrer! »

Et elle sortit à son tour. Violette en profita pour se redresser, attraper sa canne et se mettre debout. Si son sourire était encore faible, elle semblait en bien meilleure forme que la veille et ne tremblait plus. Comme son frère ne savait pas sur quel pied danser après l’incident de la veille, ce fut elle qui prit la parole :

« Je voulais juste de dire… Merci de t’être occupé de moi hier… Et merci… Pour tout ce que tu fais pour moi… Je sais que… C’est pas facile... »

Et elle se jeta dans ses bras. Silver lui rendit son étreinte, non sans gêne. Devait-il lui dire que pendant le chemin du retour, il s’était finalement décidé à quitter cette prison dès que le temps se serait un peu radouci ? Il n’eut pas la force de décevoir sa sœur et resta là, à serrer l’être dont il était le plus proche, maudissant sa lâcheté…

***

La nuit était bien avancée et seules Jester et Galaxia étaient encore debout. Elles avaient insisté pour que je leur raconte des histoires tirées de mon passé, ce qui était chose faite. Et quelle histoire ! Pourquoi est-ce que j’avais commencé par celle-là aussi ?

Le regard de la petite Tarsal était empli de compassion à mon égard. Heureusement, elle savait parfaitement accueillir les confidences sans les juger. La réaction de Jester fut bien plus expressive : de grosses larmes de gaz coulaient de ses yeux d’habitude si rieurs. Dès que j’eus fini de parler, elle me lança :

« Mais mais… Elle est horrible ton histoire ! T’étais si… Enfin t’étais pas du tout… Comme maintenant quoi ! Et c’est pas non plus ce que Violette m’a raconté de toi enfant ! Et puis votre histoire à tous les deux elle est... »

Un flot de larmes interrompit sa tirade. Sa conclusion était assez explicite. Je répondis avec beaucoup de douceur :

« C’est vrai que je suis loin d’être un être parfait. J’ai fait des erreurs, j’ai blessé des gens que j’aimais et il y a des tonnes de choses que je n’ai pas su dire au moment où j’en avais envie. Je n’ai réussi à e faire que bien plus tard. J'ai quitté Violette et Nelly environ deux mois après cet épisode, sans même leur dire au revoir. Je leur ai simplement laissé une lettre. Je n'étais pas très courageux à l'époque... Mais comme tu voulais en savoir plus sur mon passé, j’ai pensé que cet événement était assez révélateur.
-Ouais, on peut pas dire le contraire !
-Pour ce que t’a dit ma sœur, je crois qu’elle t’a surtout parlé de la période qui a précédé la mort de ma mère. C’est drôle qu’elle en parle autant alors qu’elle ne l’a quasiment pas vécue. Elle n’avait que cinq ans quand notre mère et morte. Je n’était pas du tout le même à l’époque. J’étais bien plus joyeux et proche d’elle.
-Ah je vois. Elle doit chérir ces souvenirs heureux pour s’en rappeler aussi bien.
-Sans doute…
-Mais tu peux pas finir sur une histoire comme ça hein ? C’est trop triste ! T’en as pas une plus heureuse ? »

Galaxia, qui avait observé sans parler jusqu’à maintenant, prit la parole :

« Moi je veux bien que tu nous raconte la suite de celle-là, à savoir comment ta sœur et toi vous vous êtes retrouvés ! Je sais que Jester a vécu cet épisode mais j’étais pas encore avec vous moi ! »

Jester sourit et je répondis :

« Pourquoi pas ? Mais d’abord, il faut que je rassemble mes souvenirs. Je ne suis même plus sûr du lieu où on s’est retrouvé ?
-Hein ? Mais comment t’as pu oublier ça ? C’est important !
-Tu sais Jester, parfois, on retient bien plus facilement les sentiments qui nous ont saisi lors d’une scène que les détails. Surtout si ces sentiments étaient forts... »

Galaxia valida d’un signe de tête suivi d'un sourire.