[ Clos ] Miroir de glace, reflets croisés. [PV Eeva]

[Juliette Sevaltico]

Juliette s’était trop faîte remarquée à Fla’Or. Bien que la ville soit immense, le bouche à oreille est très présent à l’intérieur des enceintes de la cité de Mizuhan. Les rumeurs ne tarderaient pas à arriver aux oreilles de son père. Ce dernier redoublerait d’effort et mettrait tout en œuvre pour la retrouver le plus rapidement possible pour la marier de gré ou de force. C’est pour cela qu’elle était partie de sa ville natale. Elle était partie vers le Sud, vers les terres enneigées. Dans son enfance, ses parents l’y emmenaient souvent…Elle repensait souvent à cette partie de sa vie, quand ils n’étaient que trois, elle, sa mère et son père. Ils n’étaient pas aussi riche que maintenant, mais elle avait de l’amour à profusion et une situation familiale stable. Oui, elle avait tout pour être heureuse toute sa vie… Pourquoi a t’il fallu que son père détruise cette harmonie qui s’était instaurée chez eux ? En repensant à ce dernier, la jeune Mizuhanienne frappa du pied dans un caillou qui partit plonger dans un rare lac des terres enneigées où l’eau était encore sous sa forme liquide. Juliette se sentait seule, elle marchait dans la neige immaculée, le regard baissé vers ses pieds.

Elle repensa à Kirin, la fille au Pokémon girafe rencontrée à Fla’Or. La jeune fille repensa au don si particulier qu’avait Kirin, elle maîtrisait le feu. Si on suivait une logique simple, Kirin maîtrisait le feu car elle était Flammenoise, Juliette maîtrisait t’elle donc l’eau ? Il est vrai qu’elle avait toujours été à l’aise dans l’eau, mais de là à la faire bouger, à l’animer comme une partie d’elle-même, il y’avait un pas énorme, un gouffre même.La Mizuhanienne fit sortir sa Goupix de sa sphère bicolore. Cette dernière s’assit sur le permafrost des terres enneigées et plongea son regard dans celui de sa maitresse. Juliette sortit un plaid de son sac à dos et l’étala sur la rive du lac qui s’étendait à perte de vue devant ses yeux vairons. La jeune fille apposa les mains au dessus de la surface de l’eau et se concentra. Elle oublia tout ce qui se trouvait à côté d’elle, elle fit abstraction de tous ses problèmes, il n’avait plus qu’elle et l’eau. Elle ferma les yeux, inspira l’air glacial calmement pour l’expirer par sa bouche. Rien.Rien ne bougeait, rien ne se passait. N’avait-elle donc pas le don de la maîtrise de l’eau ? Il faut croire que non, malgré tout, elle aurait adoré maîtriser l’élément de sa nation. Elle n’aurait plus besoin d’être protégé, de compter sur Goupix pour tout, elle serait forte, plus sûre d’elle.

De rage, elle prit Goupix dans ses bras, et pleura silencieusement. Le petit goupil tenta de rassurer sa maîtresse comme elle le pouvait, un petit coup de langue par ci, un petit coup de museau par là. La jeune fille blonde redéposa Goupix a ses côtés, l’embrassant sur le haut du crâne. Juliette piocha dans les graviers à côté d’elle et en puisa une mince poignée. Elle les jeta un à un dans le lac, le regard vide. Quand elle jeta le quatrième caillou, elle s’attendait à entendre une quatrième fois le « plouf » que fait le caillou quand il rentre en collision avec la surface l’eau, mais il n’en fut rien. Le caillou lévitait dans les airs, entouré d’une aura rose. Les yeux ronds, elle vit le gravier se faire projeter vers elle. Elle eut juste le temps de bouger sa tête que le caillou la frôla.Elle vit avec horreur et stupéfaction qu’une multitude de cailloux s’élevaient dans les airs, tous entourés de la même aura rose. Ils foncèrent tous en même temps vers Juliette, cette dernière hurla à s’époumoner… Elle voyait tous les graviers, galets, et autres cailloux arriver vers elle et ferma les yeux. Elle attendit mais ne reçut rien. Quand ses paupières se levèrent, Goupix était couché sur le sol, avec quelques petites égratignures. Tous les cailloux étaient devant le petit renard, noirs.

« Goupix ! Tu vas bien ? Tu les as arrêtés avec Flammèche, c’est ça ? Tu n’aurais pas dû faire ça, ma Goupix… »

Mais le goupil ne semblait pas écouter, elle sourirait presque, fière d’elle et descendit des bras de sa maîtresse pour se placer face au lac. Retroussant « ses babines », dévoilant ses dents, elle utilisa une attaque Flammèche qui traversa une bonne partie du lac. La buée dégagée par l’attaque feu disparut en à peine quelques secondes. Juliette fut horrifiée en voyant l’aura rose entourée sa Pokémon. Sa Goupix n’était plus maîtresse de son corps et se vit valser dans le lac.

« GOUPIIIIIX ! »

N’hésitant pas une seconde, Juliette se débarrassa de son sac et plongea dans le lac. L’eau était horriblement froide, approchant probablement sa température de solidification. À grand coup de crawl, la fille de l’eau attrapa sa Pokémon, inconsciente, par la peau du coup et la tira vers elle. Manquant d’air, la jeune fille remonta à la surface verticalement. Elle était à quelques mètres de la terre ferme qu’elle fit en quelques minutes. L’aura semblait avoir disparue… Quand elle arriva sur le rivage, elle entoura Goupix dans le plaid qu’elle avait posé avant de se faire « attaquer ». L’enserrant au maximum pour le réchauffer, le renard finit par ouvrir ses grands yeux marron. La Goupix éternua, faisant rire doucement Juliette.Entendant des bruits arrivant vers elle, Juliette se leva et cria dans le vide :

« Qui est là ?! »

[Eeva Slanzar]

Le temps était beau depuis quelques jours, succédant à des semaines de tempêtes de neiges et de grêle. Rester enfermée n’était pas trop pour plaire à Eeva, qui aimait le grand air. C’est pourquoi, dès l’aube de ce jour de beau temps bien qu’il ne faisait pas spécialement chaud, la rousse ferma l’arène pour cause d’entrainement. Il fallait dire que profitant de la tempête et pour s’occuper, les dresseurs s’y étaient succédés. Alors aujourd’hui, Eeva allait s’occuper à autre chose et surtout, à prendre l’air. Toujours habillée de son uniforme d’arène et couverte de sa cape de fourrure noire, elle marchait en compagnie de ses pokémons sur les terres enneigées. Il ne faisait pas chaud, mais pas froid non plus, les températures étaient un peu plus clémentes et il n’y avait pas de vent, c’était surtout cela. Sa cape balayant la neige dernière elle, Eeva parcourait donc avec ses bêtes les terres de neige. Elle cherchait un endroit propice à l’entrainement et peut-être de quoi se battre contre des pokémons sauvages, ce qu’elle préférait à un entrainement plus fermé qui ne concernait que ses pokémons. Combattre un pokémon sauvage était un peu plus aléatoire, on ne savait pas sur quoi on tombait et surtout, les attaques n’étaient pas programmées ce qui en faisait tout l’intérêt. Cela faisait maintenant de nombreux mois qu’Eeva avait dû se débrouiller sans Farfuret et Lokhlass et la rousse avait finit par se dire qu’elles ne reviendraient plus, en conséquence de quoi, elle avait monté une autre équipe et surtout, les vents du changement s’étaient lourdement fait sentir, ayant pour preuve, la Givrali qui acceptait de nouveau de combattre. Seulement voilà, elle était bien la seule qui tenait la route en tant que champion pokémon… Il fallait donc mettre les autres au niveau. Le Kokiyas, qui avant n’avait jamais combattu un autre pokémon et qui semblait apprécier le challenge, et sa nouvelle recrue, la Stalgamin. Certes elle avait un certain niveau, mais pas celui d’un champion. Quant aux autres, Nosferapti, Motisma et Pomdépik –qui soit dit en passant n’étaient pas dans le ton de l’arène- étaient plus là pour dépanner et compléter. Le mélange de pokémon spectre et glace avait clairement surpris et Eeva avait apprécié. Visiblement, elle aimait les pokémons spectres, bien que son devoir de tenir une arène de glace la menait plus vers ce type de pokémon qu’un autre.

Enfin, de toute façon, il fallait tous les entrainer un peu et elle aussi par la même occasion. Eeva et ses pokémons attaquaient à peu près tout ce qui bougeait, menant les combats contre les pokémons sauvages à la chaîne. La plupart n’étaient pas difficile à combattre. Encore qu’il valait mieux faire attention, on ne savait pas quand un pokémon décidait de devenir vraiment agressif ou si le reste de sa meute ne trainait pas dans le coin. Ce qui finit par arriver avec un troupeau de poussifeu. Ce fut la Givrali qui la première prit les flammes de plein fouet. Y voyant un excellent moyen d’entrainer tout le monde en même temps, Eeva envoya également les autres. Le combat était certes bordélique, mais semblait être efficace. La renarde envoyait des jets de sable un peu partout, bloquant la vue de ses adversaires grâce à la neige et permettant de fait au Kokiyas de tester ses attaques apprises récemment. La Stalgamin intervenait par à-coup avec des poudreuses et protégeant ses alliés au moment auportun en se plaçant devant eu et lançant un abri. Le vampire pouvait lui, à distance, envoyer ses ultrasons et oser aller vampiriser les poussins. Et de temps en temps, une cage d’éclair apparaissait, paralysant les pokémons de feu, venant de l’étrange pokémon qu’avait ramené Eeva : Motisma. Et puis il y avait aussi le Pomdépik, qui la suivait depuis cette fameuse quête à Terros et qui ne la quittait plus. Lui en revanche ne s’approchait pas trop des poussins de feu, car le feu, merci pour lui, il en avait assez vu pour un moment. Il se contentait donc de regarder et de se tenir sous son abri de pin. Les attaques pleuvaient dans tous les sens, Eeva s’efforçant à suivre le mouvement partout. Elle pu même se joindre à ses pokémons, lançant ce qui ressemblait à des piques d’eau, mais qui n’étaient pas aussi efficace que les stalactites qu’envoyait par moment le coquillage. Cela fusait de partout, des charges, vive-attaques et autres charges pleines des forces naturelles. Il fallut un certain temps, entre la grêle, les éclairs et les ultrasons pour venir à bout du groupe. Diantre ! Jamais Eeva n’aurait cru un groupe de poussin aussi résistant ! Néanmoins, elle était contente et ses pokémons aussi, il n’y avait pas de casse de son côté et le Kokiyas rafistola un peu tout le monde grâce à son anneau d’eau bienfaisant. Ils purent continuer, mais avec moins d’ambition cependant.

Bien plus tard dans la journée, faisant la pause de la mi-journée, un peu en retard certes, Eeva assise sur un rocher, regardait les nuages se balader dans le ciel. Cette nouvelle vie lui semblait étrange, au point qu’elle en vint à douter. La Givrali qui sentit son trouble lui lécha la main en s’asseyant près d’elle. Tout avait tellement changé en l’espace de quelques mois… Une nouvelle vie, une nouvelle équipe… Un nouveau mode de pensée… Elle n’y aurait jamais cru et si on le lui avait prédit, elle aurait rit au nez du manant. Eeva soupira, ses doutes ne se dissipaient pas. Pourtant elle continuait d’avancer sur ce chemin brumeux. Ce n’était pas tellement dans ses habitudes, sauf si on parlait trésor. Tout cela était loin. Et puis il se mit à neiger, comme un point d’exclamation sur ses pensées soudaines. La rousse ne le remarqua pas tout de suite, mais finit par lever ses yeux océans vers le ciel, automatisme développé avec les années, combien de temps durerait cette nouvelle tempête ? Mais le ciel était clair et le soleil brillait fort. De la neige et pas de nuage ? Eeva chercha la source de cette étrangeté du regard mais ne trouva rien. Pourtant, la neige tombait bien… Scrutant le ciel mieux que jamais, elle vit alors une grande bête ailée ondoyant dans le ciel et laissant choir au vent de longues plumes caudales d’un bleu profond. Eeva eut comme une décharge électrique. Pourquoi désirait-elle le voir ? Elle avait déjà vu l’oiseau de glace à Terros, elle le revoyait ici maintenant… Curieuse, dans le doute, et surtout se disant qu’il n’y avait pas de hasard, la rousse se mit à la poursuite d’Artikodin, suivit de près par ses pokémons. Elle arriva rapidement près d’un lac et sauta par-dessus des buissons gelés, comme il y en avait tant ici, atterrissant de faire presque sous le nez d’une jeune fille, surprise.

[J'espère m'être rattrapée pour cette longue attente ^^']

[Juliette Sevaltico]

« Qui est là ?! Montrez vous, je n’ai pas peur ! »

Juliette hurlait ses paroles en tournoyant sur elle-même, les mains placées de telle sorte à amplifier le son de sa voix. Ses paroles se perdaient malgré tout, isolées par la neige omniprésente autour d’elle. Elle devait avoir rêvé, elle devenait folle. Il n’y avait pas de bruit venant vers elle. Ou bien ils avaient disparu. Doucement, elle se rassit sur son plaid et sortit une serviette en coton pour entreprendre de se sécher les cheveux encore trempés. Elle tremblottait de partout et claquait légèrement des dents. Goupix, désormais sec, se lova sur le bas ventre de sa dresseuse. La renarde dégageait une douce chaleur qui réchauffait sa dresseuse.

La mizuhanienne repensa à l’aura rose qui entourait les projectiles et sa Goupix, de quelle origine pouvait-elle être ? Juliette avait déjà entendu parler de personnes capables de déplacer des corps plus ou moins lourd rien que par leur seule force mentale. Ces personnes seraient très rares et très puissantes… Juliette réfléchit longuement. Devenir une de ses personnes pourraient palier à son problème de maîtrise, ou plutôt non maîtrise, de l’eau. Elle rêva à s’imaginer télékinésiste et s’endormit, Goupix dans ses bras.

*

Ce fut la neige qui réveilla la jeune fille, elle venait de recevoir un énorme flocon de la taille d’une bille sur la joue. S’en suivit un étirement qui fit craquer quelques articulations. Lorsqu’elle fut levée, la neige continuait à tomber, recouvrant ainsi le sol déjà gelé des terres enneigées. La neige en elle-même n’était pas rare aux ici, mais une neige si épaisse et si soudaine… Juliette replia en vitesse son plaid ainsi que sa serviette et les fourra dans son sac.  C’est quand elle leva la tête, sac au dos, qu’elle découvrit un LE Pokémon…

Ce Pokémon était la pureté incarnée. Un Pokémon oiseau qui mesurait plus ou moins un mètre septante sans compter sa queue qui doit mesurer plus d’un mètre et demi à elle seule. Le bleu unique de ses plumes est un mélange de plusieurs teintes de bleu, du bleu cyan au bleu céruléen en passant par l’azur et par la profondeur du bleu du saphir… Ce Pokémon… Cette grâce, cette pureté, oui… Ce Pokémon ne pouvait qu’être un des très rares Pokémon légendaire. Un de ces Pokémon chargé de veiller sur l’harmonie de la planète…

La jeune fille se mit à réfléchir à tous les Pokémon légendaire recensés qu’elle connaissait. Soudain, un nom vint instinctivement aux lèvres de la Mizuhannienne : Artikodin… Instinctivement, elle se mit à réciter une des nombreuses légendes concernant cet oiseau majestueux de glace.  

{ Ne perturbez pas l'harmonie qui règne entre le feu, la glace et la foudre. De crainte que ces titans n'anéantissent le monde dans lequel  ils s'affrontent. }

Lentement, Juliette se rendit compte de la chance qu’elle avait eu d’avoir pu apercevoir ce Pokémon. Soudainement, elle entendit des bruits de pas venir vers elle. Oui, ils se rapprochaient d’elle. Cette fois si, ils étaient bien réels. La personne ou la chose n’était pas seule. En effet, Juliette pouvait clairement distinguer le bruit de deux créatures. S’attendant à découvrir un Pokémon – car qui serait assez fou pour venir en ces terres si inhospitalières ? – Juliette se posa devant un buisson aux feuilles gelées, attendant de pieds ferme le Pokémon qu’elle pensait auteur de son attaque de cailloux. Mais quelle surprise quand elle découvrit une femme accompagnée de ses Pokémon…

Cette femme devait approcher la trentaine. La première chose que la blonde remarqua fut la chevelure rousse de la femme. Non pas un roux carotte qui jure mais un roux harmonieux qui s’accorde parfaitement avec la couleur pâle de son visage et le bleu de ses yeux. Un peu plus petite que Juliette de quelques centimètres, on peut deviner rien qu’en la voyant que la rousse état d’une forme olympique. Niveau vestimentaire, Juliette ne put voir grand-chose du fait que l'inconnue s’était recouverte d’une longue cape de fourrure noire. Suivie de près par une petite horde de Pokémon, la jeune fille découvrit un magnifique Givrali qui devait être l’auteur des autres bruits qu’elle avait entendu. La rousse paraissait aussi surprise de tomber sur Juliette que Juliette de tomber sur un être humain ici.

« Bonjour… Je m’appelle Juliette, Juliette Sevaltico... Et vous, madame ? »

Jaugeant la femme du regard, elle ajouta :

« Je ne m’attendais pas à tomber sur quelqu’un sur ces terres. Je crois avoir aperçu le légendaire Artikodin, êtes vous ici pour le voir ? »

[Eeva Slanzar]

Sa course s’était stoppée brutalement. En plein élan, Eeva dérapa dans la neige et s’arrêta à un mètre seulement de la jeune fille qu’elle venait de trouver. Derrière elle, la Givrali s’arrêta de la même façon, si bien suivit que les autres pokémons lui rentrèrent dedans et tous s’étalèrent dans la neige. Le Nosferapti lui, continua tout simplement tout droit, sans comprendre pourquoi soudainement il était seul… Puis vint faire demi-tour en appelant les autres d’un cri caractéristique. Pour sa part, le spectre avait continué tout droit, était rentré dans la jeune fille et surpris, avait lâché une décharge électrique. Pas de quoi la blesser, mais assez pour la « réveiller ». Dans une expression d’urgence et de détermination, Eeva regarda l’adolescente avant de reporter son regard vers le ciel. Artikodin avait disparu. Rageant ! Elle soupira. La rousse avait très bien entendu les paroles de Juliette, depuis ses cris terrifiés jusqu’au reste.

« Ca s’entend. C’est vrai qu’en criant avec une voix terrifiée on y pense pas du tout. » Dit-elle.

Elle avait dit cela d’un ton égal, pourtant son visage presque figé et ses sourcils relevés montraient clairement qu’il s’agissait là d’une petite moquerie. Les gens étaient naïfs… C’est bien quand on hurlait ne pas avoir peur que justement, on était le plus effrayé. Enfin bref, qu’est-ce que cela pouvait lui faire au fond ? La jeune fille avait l’air bien perdue, il neigeait fort et Eeva vit des traces dans la neige partiellement recouverte mais qu’elle reconnu. Il fallait complètement cinglé pour tenter de se reposer ici… Combien étaient morts surpris par une tempête ? Des centaines si ce n’était plus. Mais pas des gens du coin bien sûr, des touristes… Ou des imbéciles. A même la neige en plus. Eeva ferme les yeux un bref instant en une moue qui exprimait ses pensées. C’était assez ésotérique dans le fond, parfois elle se demandait qui c’était les gens qui étaient cons à ce point, où si c’était elle qui ne pigeait rien à rien. A moins que les gens ne soient tellement stupides qu’ils en venaient à la faire douter de sa propre intelligence. C’était possible ça ?

« Ne me dis pas que tu as essayé de dormir ici ? » Dit-elle avec un fin sourire en coin. « Ca ne t’as pas effleuré l’esprit que tu pouvais juste mourir de froid ? Et pas besoin d’une tempête pour cela. » Poursuivit-elle très calme, presque aimable.

Oui elle se moquait, mais ce cas de figure lui semblait tellement irréel… Comment pouvait-on avoir des idées aussi… Débiles ? N’était-ce pas évident que le froid pouvait tuer ? Ce fut Givrali qui coupa court aux réflexions désespérées d’Eeva en venant se frotter à sa jambe. L’entrée en matière n’était pas très chaleureuse, mais au moins, Juliette avait de la chance de tomber avec la « nouvelle » Eeva…

« Eeva. » dit-elle simplement, sans juger bon de donner son identité entière. ‘Madame’, elle l’avait appelée ‘Madame’… c’était vexant, cela lui faisait l’impression d’être plus âgée qu’elle ne l’était. Et plus mariée aussi. « C’était bien Artikodin, et je le pourchasse. »

Ou du moins, c’est ce qu’elle faisait avant de tomber sur elle, maintenant, la bête avait dû filer. Mais peut-être qu’en continuant son chemin… La Givrali se retourna et se mit à grogner en direction d’un buisson. Eeva, sur le qui-vive se retourna. Bien… C’est vrai qu’à la base, ils étaient là pour s’entraîner… Son équipe en avait grandement besoin. Parfait !

« Kokiyas, Nosferapti ! » Appela t-elle. Les deux pokémons se placèrent l’un à côté de l’autre. Le coquillage s’enfonçant à vu d’œil dans la neige poudreuse et l’autre en virevoltant à deux mètres du sol. « Stalactite et Ultrason. »

Le coquillage envoya des piques de glace à travers le buisson, qui eurent pour effet de faire sortir le pokémon de sa cachette. Un Ramoloss… Moui… Pas brillant quoi, Eeva ne les aimait pas, ils étaient mous et sans intérêt. Mais c’était toujours bon à prendre pour taper dessus. Une fois le pokémon lent sortit, le vampire lança une onde vers lui, histoire de « confusionner » un peu la bête et gagner un peu plus facilement, même si dans le fond, c’était le déroulement du combat le plus important… Le pokémon rose était tellement lent que même Kokiyas n’avait aucun mal à attaquer et pourtant, il n’avait jamais vraiment combattu avant qu’Eeva ne le capture… ce qui soulignait bien la nullité de ce type de pokémon là. Le coquillage pu lancer une charge, se projetant contre la créature avec la coquille fermée et pendant ce temps, le vampire faisait ce qu’il savait faire de mieux : absorber la vie de son adversaire.

[Juliette Sevaltico]

La rousse se moquait gentiment de Juliette. Elle devait prendre cette dernière pour une idiote, une potiche. Durant des années, elle avait été une potiche, se contentant de serrer des mains, de faire des révérences, de sourire qu’en elle n’en avait pas le cœur, tout ça pour bien paraître aux yeux de la haute société. Juliette ne voulait plus être une fille de ce genre, mais il fallait avouer que d’hurler qu’elle n’avait pas peur alors qu’elle était effrayée n’était pas très intelligent surtout que le ton de sa voix la trahissait. Malgré tout, elle se sentit comme rassurée quand elle découvrit que les bruits qu’elle percevait venaient d’une femme et non d'un horrible homme qui l’enlèverait sans laisser aucune trace. Juliette avait trop d’imagination et s’imaginait souvent le pire, c’était comme ça. Cependant, elle réussissait à trouver des avantages à son pessimisme. Elle répétait toujours ; « Au moins, je ne risque pas d’être déçue. »

Ce fut la deuxième pique lancée par la rousse qui saisit la jeune fille. Si ça l’avait effleuré qu’elle pouvait mourir dans son sommeil, même sans tempêtes ? À vrai dire, non. Elle s’était juste endormie là et fut réveillée par de la neige. Elle pensa à Artikodin. Ce Pokémon avait la réputation d’aider les montagnards perdus ou en difficulté… Si il était passé à ce moment là, peut-être que c’était pour sauver Juliette d’une hypothermie certaine… Elle chassa cette idée de sa tête, après tout, qui était-elle pour espérer qu’un légendaire vienne à son secours ?

« À vrai dire, j’ai carrément dormi ici… Enfin, je me suis reposé et le sommeil est venu tout seul. » dit-elle la tête basse, regardant ses chaussures. « Et non, je n’ai pas pensé que je pouvais mourir ici. Il faut croire que ce n’était pas encore mon heure. »

La rousse se présenta. Eeva, tel était son nom. Eeva suivait bel et bien Artikodin. Le rouge monta aux joues de la noble.  Rouges de gêne. Si elle poursuivait Artikodin, cela veut dire que Juliette avait coupé court à sa course poursuite avec l’oiseau. La blonde s’apprêtait à s’excuser du dérangement quand un bruissement de feuilles se fit entendre dans le dos de la rousse. Instinctivement, cette dernière envoya deux de ses Pokémon. Le coquillage envoya des piques de glace en direction du buisson ce qui eut pour effet de faire sortir un Ramoloss de sa cachette. À la vue du Pokémon benêt, Juliette eut comme un léger choc. Il y’avait un lien entre eux, lequel ? Elle l’ignorait.

Une fois l’hippopotame croisé salamandre débusqué, Eeva envoya son Nosferapti en plus du coquillage. Deux contre un. Juliette regarda Eeva avec des yeux pleins d’incompréhension. Depuis quand envoyons-nous deux Pokémon contre un ? Surtout un Pokémon sauvage ! Et la jeune fille assista au commencement du combat, impuissante. Elle regardait le Pokémon rose se faire  attaquer de toutes parts, subissant les charges du Kokiyas ainsi que les attaques vampirismes de la chauve-souris. On ne pouvait pas vraiment voir si le Ramoloss souffrait du fait que son visage n’exprime aucun sentiment. Malgré tout, Juliette avait mal au fond d’elle quand le Pokémon essuyait les assauts continus.

Le Ramoloss était confus et ne réagissait à aucune attaque et c’est quand elle vit une des attaques charges du Kokiyas renversait le Pokémon lent qu’elle découvrit le lien qui les unissait. Sa couleur, son rose, comme l’aura qui entourait les cailloux. Quand le benêt se remit sur ses quatre pattes, Juliette piocha dans les graviers et les lança vers Ramoloss. Arrivés à quelques centimètres du visage du Pokémon sauvage, les minis projectiles stoppèrent leur course et partirent dans toutes les directions, manquant de blesser Goupix. La confusion… À cause de l’attaque du vampire, le Ramoloss ne savait pas gérer ses pouvoirs psychiques.

Voyant le vampire se diriger à pleine vitesse sur sa proie pour lui aspirer son énergie, Juliette laissa échapper une phrase de sa bouche.

« Goupix, Flammèche pleine puissance. »

Le goupil ne se fit pas prier et dégagea une large gerbe de flamme qui coupa net la course du Nosférapti. La dresseuse se plaça devant le Ramoloss et détourna tant bien que mal une des charges du crustacé qui dévia sur la droite de la blonde.

« Arrêtez. Il… Il y’a comme un lien entre ce Pokémon et moi. Alors s’il te plait, arrêter de l’attaquer. Il est… Mon Pokémon. »

Elle attrapa la Pokéball qui se trouvait dans son sac à dos et la laissa tomber sur le dos du Ramoloss qui fut aspiré par le faisceau d’énergie rouge. La jeune fille regarda la balle vaciller dans la neige et lâcha un soupir de soulagement quand la sphère s’immobilisa. Il avait été pas mal affaibli de son combat, ce qui avait facilité sa capture... La nouvelle dresseuse du Ramoloss s’abaissa et souleva la balle avant de s’adresser à la spectatrice de tout ceci, Eeva.

« Je… Je suis désolée d’avoir ordonné une attaque contre votre Nosférapti et d’avoir détourner une charge de votre Kokiyas. Je ne pouvais pas le voir encaisser plus d’attaques. »

{ Hors RP ; Désolé pour ce retard. ^-^' }

[Eeva Slanzar]

Un peu oui… Comment pouvait-on avancer dans une terre où les tempêtes de neiges n’étaient pas rares sans se méfier du froid ? Une véritable énigme pour Eeva, dont la question et la réponse coulaient pourtant de source. Enfin, c’était son problème si elle s’endormait dans la neige pour le reste des temps, c’était sa vie, pas la sienne. Et puis compter sur un semi-dieu pour l’aider en cas de pépin… mais bien sûr quoi. Elle avait plus de chance de mourir de cette façon, mais après tout, pourquoi pas… Avec des « si », on pourrait refaire le monde, c’était sûr. Cette cruche avoua avoir carrément dormi, sans se douter de rien. Eeva roula les yeux et les leva au ciel. Comment pouvait-on être aussi inconséquent, je vous le demande ? Quand on en avait un minimum de la cervelle, dans les déserts –de neige ou de glace- on ne s’arrêtait pas et on ne se reposait surtout pas ! Mais bon, ça, il y en aurait toujours pour faire baisser la moyenne intellectuel des gens, il suffisait de demander. Comment pouvait-on croire à des conneries pareilles ? Ca n’était pas son heure mais bien sûr… Il y avait bien trop d’occasion de perdre la vie pour se soucier de ce genre d’inepties, croyez-en son expérience. Mais bon, c’était son problème, ne ?

« Et bien bonne nuit alors. » Ricana t-elle devant la bêtise de la gamine.

Juliette se mit à rougir devant les révélations que lui fit Eeva. Pour quoi exactement, elle n’en savait rien, mais il lui sembla que cela la gênait. L’oiseau lui avait échappé soit et alors ? Ca n’était pas si étonnant. Elle l’aurait peut-être une prochaine fois. Enfin, de toute façon, elle n’eut pas le temps d’y penser plus qu’elle envoyait déjà ses pokémons au combat. Le Ramollos qu’ils combattaient était incroyablement lent. Malgré les apparences, le pokémon rose ne devait pas vraiment souffrir. Il encaissait, sans trop broncher. Il fallait dire que le coquillage et le vampire n’étaient pas vraiment entrainés. En fait, ils étaient eux aussi sauvages et capturés depuis trop peu de temps pour être vraiment de bons niveaux. Surtout que les attaques restaient imprécises et peu puissantes. Même à deux, le Ramoloss ne risquait pas grand-chose. C’était d’ailleurs bien pour cela qu’elle les avait envoyés eux et non Stalgamin et Givrali. L’idée était de leur faire comprendre comment se déroulait un duel, qu’ils devaient êtres vifs, précis et… Obéissants. Un ramoloss était une cible idéale, suffisamment lent pour leur laisser le temps d’appréhender, d’ajuster et de régler leurs attaques. Et puis à un moment ou un autre, il finirait bien par répliquer. Mais la confusion l’en empêcha et il perdit l’équilibre en roulant sur le côté, il en était presque comique, à rester complètement amorphe. Et enfin, il réagit. Utilisant ses pouvoirs psychiques, il éparpilla les stalactites.

« Bien… ! » Gratifia Eeva, encourageant le pokémon même à se défendre. Cela rendrait le combat plus intéressant et surtout, plus utile.

Certes, il avait un peu de mal à viser, mais ses attaques restaient tout de même très correctes, ce qui montrait que l’animal avait tout de même un certain niveau, que les pokémons d’Eeva n’avaient pas. Tout se déroulait très bien, alors que le Ramoloss commençait enfin à parer les attaques multiples, quand Juliette s’en mêla. Et quand Eeva comprit que non seulement elle ne se mêlait pas de ses affaires mais en plis visait SES pokémons, elle vit rouge. La sale gamine ! Mais de quel droit ? Quoiqu’il en soit, elle réagit au quart de tour.

« Givrali, Vent Glace, Stalgamin, Abri. »

La cible avait changée. Rapide, la renarde de glace, qui elle était la plus expérimentée de la troupe, envoya un vent glacial sur le Goupix. Au contact du feu, le vent froid se changea en vent humide, très peu convenant pour un pokémon de feu. Un peu comme un voile d’eau… E même temps, le triangle protégea le vampire en se plaçant en dessous et lançant un bel Abri.

« Ne refais jamais ça. » Gronda Eeva, dont le regard s’était enflammé, couvrant la voix de Juliette de la sienne. La rousse avait bien l’intention de gagner ce duel improvisé, quoiqu’en dise cette cruche. « Motisma, aide-les, Cage-Eclair ! »

On aurait pu craindre que cette attaque était encore pour le renard, mais il n’en était rien. Cet étrange lien qui avait fait que ce pokémon tout aussi étrange ne suive Eeva, lui avait révélé qu’elle parlait du duel contre Ramoloss. Il se mit à grésiller et à bleuir. Et puis une décharge se dirigea vers le Ramoloss, l’emprisonnant dans une cage dont l’électricité fourmillait sur son cuir.

« Kokiyas, Charge. »

Et le coquillage fit un « poc » en cognant la tête du pokémon. Celui-ci resta béat et Eeva eut bien du mal à savoir s’il était étourdit ou non. De toue façon, s’en était assez, son but n’était pas de le blesser gravement, et moins encore de le tuer.

« Bien, ça suffit. » Elle s’agenouilla et le coquillage rampa vers elle, alors que le Ramoloss ne bougeait toujours pas. « C’est la base de tout duel. En solo, il suffit de ne s’occuper que d’un adversaire, mais lors d’un match en double, tenir compte de son partenaire est vital…
Rentre chez toi Ramoloss. » Confia t-elle à ses pokémons débutants.

Mais elle n’eut guère le temps d’en dire plus, une balle siffla et vint s’écraser sur le pokémon, qui n’eut aucune réaction. Le manque de réactivité du pokémon était impressionnant… Mieux valait pour lui que ce soit surtout à cause des attaques de confusion et de paralysie qu’il avait subit. La rousse ramassa son coquillage et gratifia son vampire d’une caresse sur le dos.

« Je te l’ai déjà dit, ne refais jamais ça. »

Eeva était un vrai démolosse, elle ne lâchait jamais le morceau et avait particulièrement horreur que l’on interfère dans ses affaires. Pour le reste, ce que devenait son pokémon ne la choquait pas. Après tout bon nombre de pokémons étaient capturés chaque jour et se portaient très bien. Et puis, celui-ci serait rapidement soigné, même si les animaux savaient par nature comment se soigner. L’objet de cette mésentente ayant disparut, la Givrali retourna au pied de sa maitresse et le triangle la suivit.

[Pas de soucis ^^]

[Juliette Sevaltico]

« Je te l’ai déjà dis, ne refais jamais ça. »

La phrase, nette et tranchante d’Eeva, avait secoué Juliette de l’intérieur. La jeune femme réfléchit rapidement. D’accord, elle n’aurait peut-être pas dû stopper la route de Nosferapti, mais à près tout, il n’avait pas été blessé. De plus, l’attaque feu avait été réduite à l’état gazeux par une vent glacé de Givrali qui lui-même avait été protégé par Stalgamin. D’accord, elle n’aurait peut-être pas dû également détourner la charge de Kokiyas, mais encore une fois, le coquillage n’était pas blessé. Alors oui, elle avait agi sans penser une seule seconde, oui, elle avait agi sur un coup de tête, mais non, elle ne regrettait rien. Maintenant, elle avait un nouveau Pokémon, cette créature si spéciale avec laquelle elle avait un lien inqualifiable.

La blonde observa le renard des neiges retourner aux pieds de sa dresseuse. Avec ce duo, l’expression « Tel Pokémon, tel dresseur. » n’avait jamais pris autant de sens. Tous les deux de glaces, ils forment assez déconcertant. Enfin, qu’importe. Sous le regard lourd de la rousse et de ses Pokémon, la jeune noble ramassa son sac et empoigna la Pokéball contenant son Ramoloss. Au contact entre la paume de la main de la jeune fille et la sphère bicolore, une étrange sensation envahit le corps entier de Juliette. Le mal que ressentait Ramoloss se propagea dans les veines de sa dresseuse. On dit des Ramoloss qu’ils ne ressentent la douleur que quelques temps après avoir essuyé les coups. Le Pokémon subissait maintenant les conséquences de son inactivité mais il était clair que Juliette souffrait également des assauts du vampire et du coquillage. Son Pokémon psychique partageait, d’une manière inconnue, sa douleur avec la jeune femme…

La douleur circulant dans tout le corps de la blonde la fit tomber à genoux. Son dos se cambra, ses yeux se fermèrent, son visage se crispa, ses mains bouchèrent ses oreilles. D’un geste désespéré, elle libéra son nouveau Pokémon de sa balle. Désormais, on voyait que ce dernier souffrait autant que sa maîtresse. Son visage, si inexpressif habituellement, était tordu par la douleur qui s’échappait de ses blessures. Difficilement, le Ramoloss traîna son corps jusqu’au lac. Aidé de Goupix qui le poussait, le Pokémon lent atteignit afin l’eau et y plongea. Entièrement immergé, l’hippopotame rose sentit l’élément du changement apaiser la chaleur lancinante qui traversait son être. La douleur s’apaisa aussi bien dans le corps du Pokémon que dans celui de sa dresseuse qui reprenait peu à peu son souffle. Un étrange lien s’était formé entre Ramoloss et Juliette, un très puissant lien…

La jeune fille se releva dès que son corps le lui permit. Entièrement libérée de la paralysie, elle s’étira, ouvra et ferma son poing à plusieurs reprises, cligna des yeux. Les Pokémon étaient réellement surprenant… Ils réussissaient à se soigner eux-mêmes et avaient une faculté de récupération impressionnante. Juliette observa son Pokémon sortir de l’eau, un lambeau d’algue dépassant de sa gueule. Riant doucement, elle s’abaissa et coinça le bout de végétal entre son index et son pouce et le décolla pour le déposer dans la gueule grande ouverte de son Pokémon. La blonde caressa le sommet du crâne du Ramoloss de sa main menue. Juliette releva sa tête, une pointe d’appréhension la tiraillant. Qu’est ce qu’Eeva allait penser d’elle maintenant ? La rousse allait la prendre pour une folle, voire une barge qui souffre de douleur aigue passagère. Pas franchement super classe le portrait… Elle qui avait l’habitude d’être toujours impeccable. Elle qui avait l’habitude de passer pour quelqu’un de tout à fait respectable serait bien étonnée de ce qu’on pourrait penser d’elle après cet incident. Son Ramoloss frotta sa tête ronde contre le mollet de sa dresseuse, histoire de la rassurer. Peut importe ce que pensait les gens, tant qu’elle avait le respect de ses Pokémon elle ne serait jamais seule… Elle sourit à son Pokémon, toujours dos à l’endroit où se trouvait Eeva avant cet incident. Elle s’adressa à son nouvel ami.

« Oui, il y’a un lien fort entre nous… »

[Eeva Slanzar]

Non, elle n’aurait pas dû non… Mais Juliette avait encore de la chance d’avoir à faire à la nouvelle Eeva et non à l’ancienne qui lui aurait probablement arraché un bras avant de la balancer en nourriture aux poissons. Eeva avait horreur qu’on ne se mêle de ses affaires, surtout lorsqu’il s’agissait de chasse. Elle avait ce tempérament prédateur et mieux valait ne pas trop se mettre en travers de son chemin. Son regard flamboyait, comme ceux de la renarde, qui elle en revanche était plutôt tranquille, mais extraordinairement loyale à la rousse. Sous son regard incisif, la blonde préféra s’occuper de son nouveau pokémon donc, ainsi qu’à son sac et son contenu. Eeva avait eu un petit coup de sang, mais il passa. Elle ne voulait pas oublier pourquoi elle était là, elle se devait d’entrainer ses pokémons. Mais avant, il lui fallait absolument retrouver Artikodin ! Sa vision l’avait électrisée et elle ne savait trop ce qu’elle cherchait en lui courant après, mais elle voulait le faire. Mais pourquoi ? Approcher un légendaire pour pouvoir dire qu’elle l’avait fait ou attendait-elle quelque chose de spécial de lui ? Elle n’en avait pas l’impression, elle n’attendait rien de personne… Du moins, rien de vital. Peut-être était-ce juste une question d’élément. Fla’Or, son arène, les statuts d’Artikodin à l’entrée… Peut-être était-ce bien plus… Après tout, Artikodin avait toujours été un peu le protecteur des marins de part son type… A la fois entité ailée et glaciaire, comment dire… Le vent était vital aux marins, mais la glace représentait également un éternel danger pour eux, hors Eeva avait plus que souvent voyagé sur les mers gelées. Lors des grands raids, ils partaient tous en haute mer là où l’argent se trouvait –et le Capitaine avait toujours eu un nez de caninos pour ça !- mais le temps de dilapider leurs trésors et de se planquer, c’était bien entre les icebergs qu’ils se cachaient… C’était aussi pour ça que la proue de leur navire représentait Artikodin, le Capitaine avait toujours juré s’obtenir la protection du légendaire de cette façon. Alors c’était un lien d’évidence. Eeva avait beau être comme le vent, aller partout où il l’emportait, le froid et la glace étaient toujours très présent dans sa vie. La planque, l’Arène… Ses trois premiers compagnons étaient d’ailleurs de ce type, n’était-ce pas un signe ? A l’époque, Givrali qui n’était qu’un Evoli, aurait pu prendre n’importe quelle forme, elle se serait même attendue à un Aquali -logique- puisque c’était thématique avec la mer. Mais non… La femelle avait choisit la banquise, elle avait choisit la glace, pas l’eau. Et puis Eeva s’était découvert un don d’élémentaliste. Elle était certaine de pouvoir un jour manipuler la glace, que ce n’était qu’une question de temps… Non… Il n’y avait plus de place pour le doute. Ce n’était pas un hasard tout ça. Elle devait rencontrer Artikodin.

Eeva s’était instinctivement tournée vers l’horizon, là où elle avait vu l’oiseau en dernier. Il n’y paraissait plus maintenant, cela fit souffler Eeva qui e tint la hanche d’une main. Par où devait-elle chercher maintenant ? Quand elle se retourna pour scruter les environs –des fois que-, elle ne vit que Juliette s’étirer et s’occuper de son mollusque rose. Affligeant ce genre de pokémon… DU genre qu’elle ne pouvait pas supporter d’avoir sous le nez. La rousse exigeait de ses pokémons qu’ils n’aient pas besoin d’elle, en aucune façon. C’était peut-être un peu étrange, mais elle appréciait avoir des pokémons intelligents et dégourdis, ce qui n’était sûrement pas le cas de ce tas de débilité rose. Enfin… Ce n’était pas comme si Juliette comptait lui offrir, si ? Ca n’avait donc pas tellement d’importance. Elle entendit alors l’affirmation de la blonde. Un lien fort ? Elle préféra s’abstenir de répondre. Non pas pour se moquer, car justement, le Nosferapti (qu’elle avait capturé par erreur et qu’elle avait bien faillit abandonner à son sort enfermé dans sa pokéball, alors que la grotte où ils se trouvait s’effondrait), possédaient un lien de ce genre. A la différence qu’Eeva n’en avait absolument pas voulu et puis avec le temps… Et les remontrances silencieuses de Givrali, qui lui avait valut de se sentir forcée de prendre le vampire. Enfin quoiqu’il en soit, il ne serait pas venu à l’idée d’Eeva de se moquer de Juliette pour ce qu’elle venait de dire, elle vivait exactement la même chose avec le vampire… Et bizarrement, la petite et timide Stalgamin, ainsi que le Motisma qui avait décidé de la suivre. Quel lien étrange avait-elle avec la glace et les spectres ? C’était quand même unique non ? A moins qu’elle ne se fasse des idées, c’était tout aussi possible… La rousse finit par sortir de sa rêverie, alors que la Givrali la questionnait en prononçant la seule chose qu’elle savait dire, son propre nom. Ce n’était pas tout, il fallait songer à retrouver l’oiseau…

« Et tu ne peux pas utiliser ton super lien psychique pour retrouver Artikodin ? » Fit Eeva.

Difficile de dire si elle était vraiment sérieuse, ou si elle se moquait ouvertement de Juliette. Mais après tout, c’était elle qui lui avait fait perdre sa piste, alors autant qu’elle ne l’aide à la retrouver, n’était-ce pas la moindre des choses ? Eeva avait tout de même un sacré culot, mais comment savoir si cela pouvait fonctionner si elle n’essayait pas. La Givrali en tout cas, la voyait venir. Le stade du combat passé depuis plusieurs minutes, les autres pokémons allaient ça et là. Seule la Stalgamin était restée près d’Eeva et se dirigeait vers le Ramoloss avec une certaine timidité.

[Eeva Slanzar]

Mais l’instinct de chasse d’Eeva lui fit trouver que la jeune femme était trop longue à la détente et elle en eut rapidement assez. Elle l’écarta de son chemin sans trop de délicatesse et reprit sa route. Non, cette fille ne devait pas avoir le moindre don utile, alors Eeva préféra se fier à son flair. Tout ce qu’elle faisait se rapportait tôt ou tard à la glace et au vent. Elle envoya son Nosferapti en reconnaissance et alors qu’elle s’éloignait à grandes enjambées, ses autres pokémons la rattrapèrent rapidement. Eeva ne semblait pas se préoccuper tant que ça de ses pokémons, laissant même le soin à son Kokiyas de se débrouiller pour la rejoindre, ce serait pourtant mal la connaître que de penser qu’elle les abandonnerait ici et elle était certaine que son pokémon se débrouillait très bien sans elle. Plus loin dans les terres, elle se tourna vers sa Stalgamin et lui fit une demande aussi étrange que particulière : lui faisant part de ses pensées, elle émit l’hypothèque que les spectre pouvaient tout aussi bien ressentir la présence des pokémons que les pokémons psychiques, non grâce à un sens de plus que les autres, mais simplement parce qu’ils étaient vivants, ce qui n’était pas le cas des pokémons spectres par nature. Or, la Stalgamin était aussi un spectre. Un spectre de glace qui plus était. Ou du moins, en passe de le devenir et Eeva était certaine que la pokémon était tout à fait capable de trouver l’oiseau légendaire.

Ce n’était pourtant pas facile, car la petite pokémon ne savait pas comment faire et ce fut le vampire qui l’y aida, lorsqu’il revint vers Eeva. Il faisait lui aussi partit des pokémons un peu particulier capable de ressentir les autres et le Motisma ne tarda pas à se joindre à eux, en parfait spectre, il était tout à fait à même de les aider, voire de trouver ce qu’ils cherchaient. Eeva pour sa part, laissait faire ses pokémons et pouvait-on croire, se contentait de les suivre en attendant le résultat. Elle était pourtant loin d’attendre seulement que les choses ne se passent. Peut-être n’avait-elle aucun pouvoir spectral ou psychique, mais par la glace et le vent, il était peut-être possible d’obtenir quelque chose. En tant que pirate, elle savait lire le vent et l’eau et la glace n’était qu’une des formes de l’eau, elle n’était pas médium, seulement observatrice. La neige se mit à tomber et fort mais cela ne lui fit pas faire demi tour, elle se contenta de fermer un peu plus sa cape de fourrure et de continuer. En fait, après deux lieues à pied à marcher dans la neige qui montait rapidement en épaisseur, l’ex-pirate remarqua que la neige chassait, alors qu’il n’y avait pas de vent. Ce qui était plus qu’intéressant comme observation, puisque cela voulait sans doute dire que l’oiseau n’était plus très loin !

Plus loin encore, alors qu’une véritable tempête de neige tombait, c’est une grande forme sombre qu’elle apperçut sur un grand arbre mort. Ses pokémons se figèrent sur place, sa Givrali tel un chien de chasse et les autres ressemblants à des statues de neige.

« Alors c’est là que tu es… Permet-tu que je me joigne à toi ? » Cette question fut accueillit par un silence. Artikodin ne bougeait pas une plume et se contenta de pencher la tête sur le côté. Eeva alla le rejoindre, grimpant dans l’arbre aussi aisément qu’elle savait grimper à un mât. « Chouette perchoir, mais je préfère les mâts personnellement… Comme tu n’es pas très bavard, c’est moi qui vais parler. … » Eeva soupira et resta un moment silencieuse. « Je n’ai jamais défendu aucune cause et je n’ai pas compris tout de suite pourquoi le Capitaine te faisais honneur lorsqu’il m’a engagée. Je n’ai compris qu’après nos premiers raids, quand nous devions nous cacher de la garde maritime, il nous emmenait entre les icebergs plus au nord et il disait qu’avec un bon allié, la glace pouvait devenir une amie et non un danger pour les marins. Moi j’avais pensé à Regice, mais le Capitaine m’a dit ‘et qu’est-ce que tu fais du vent qui souffle en tempête pour t’écraser contre les roches gelées ? La mer est notre sol, mais la glace, et le vent est notre plus puissant allié’. Il avait raison, sans un peu de vent le plus rapide des bateau ne va nulle part. » Il y eu un long moment de silence. « C’est loin tout ça, pourtant tout ce que je fais me ramène à toi d’une façon ou d’une autre, la piraterie, mes propres pokémons que j’ai eu presque par hasard, l’Arène de Fla’Or qui était la seule où pouvoir me réfugier sans que ça fasse toute une histoire ailleurs, mes pouvoirs, le reste… Est-ce que j’extrapole en disant que tu apparais souvent dans ma vie ? Je ne suis pas très claire et je ne suis pas non plus quelqu’un de sentimental ou d’expansif, mais on m’a appris que c’était bien d’avoir un bon allié à ses côtés, qu’est-ce que tu en dis ? Mieux vaut avoir un pirate, même ayant raccroché son sabre, avec soi, je connais pas mal de choses avec mon ancien métier. »

Ce que Eeva voulait dire, elle ne le savait pas trop elle-même, ni même où elle voulait en venir, elle ne s’était du reste jamais confiée à personne… Quoiqu’il en soit, elle resta ainsi longtemps encore en compagnie d’Artikodin, qui bien que peu bavard semblait se prendre d’affection pour l’âme de glace sur le chemin de la rédemption. Enfin, oui, mais pas trop ‘rédemptive’ non plus…


[Je boucle, ce Rp a assez traîné ;)]

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