[ Clos ] L'appel du vent. [Contrainte/Solo]

[Bahia Nur]

La paix.

Bahia était couchée dans l’herbe, observant avec calme les étranges petits Pokémons qui flottaient dans les airs. Elle ne savait pas depuis combien de temps qu’elle était là et pour tout dire elle s’en fichait. Cela faisait deux semaines qu’elle ne s’était pas sentie aussi détendue. C’était comme si les mouvements gracieux des Granivol et des Floravol calmaient cette nervosité qui grondait depuis un moment en elle. Ils formaient de petits groupes serrés, s’accrochant l’un à l’autre pour ne pas se perdre. Ils voguaient tout simplement, laissant le vent décider de leurs destinations. La jeune femme aurait aimé avoir cette liberté de mouvement, elle qui se sentait à présent enfermer dans une cage. La raison était fort simple : elle retournait chez son père. La dresseuse n’en avait pas vraiment envie, elle redoutait ce moment et allongeait son voyage uniquement pour cela. Bahia avait peur de la réaction de son paternel et surtout elle se demandait ce qu’il allait décider de faire d’elle. Allait-il tenter à nouveau de l’entrainer ? La jeune femme n’en avait pas vraiment envie, les combats ne l’importaient plus vraiment. Elle rêvait de quelque chose de nouveau, de quelque chose qu’elle aimait réellement. Peut-être se montrerait-il compréhensif ? Cela restait à voir. La jeune femme était sûre qu’il serait furieux de la décision de sa mère, mais au fond il avait lui-même poussé sa fille de l’autre côté en espérant ne plus l’avoir dans les pattes. Après un léger pincement au cœur, Bahia décida de ne plus y penser. Elle voulait rester concentrer sur les petits Pokémon migrateurs, dont la bonne humeur se voyait de loin.

Entendant des bruits de pas, la jeune femme se releva en position assise, pensant que c’était Rubis qui revenait de sa chasse aux fruits. Mais elle avait tort, c’était un monsieur assez âgé qui marchait lentement avec sa canne, suivant le sentier près duquel Bahia était assise. Il s’arrêta à sa hauteur et la salua, la dresseuse lui répondant après un léger moment d’hésitation. Un petit cri attira son attention et elle leva la tête, cherchant la source. Un des groupes avait été séparé par une violente bourrasque, les membres dans la troupe volant dans tous les sens. Au départ elle ne vit rien d’anormal  et cru que c’était simplement un cri de peur de la part d’un des membres du groupe qui  avaient finalement réussi à se rattraper, mais en redescendant son regard elle vit une petite forme verte au sol, gigotant un peu. La jeune femme se leva et, suivie de l’homme à la canne, s’approcha du Floravol qui s’était écrasé au sol. Pourtant le groupe qui avait reçu la bourrasque n’était composé que de Granivol, elle se demandait bien d’où il pouvait sortir.

Elle hésita d’abord à l’approcher, ne sachant pas comment le petit Pokémon allait agir. En regardant d’un peu plus près, elle vit que la fleur sur sa tête semblait fortement abîmée, ce qui l’empêchait visiblement de s’envoler comme les autres. Le vieil homme lui avait vu le Pokémon plante sautiller dans les airs avant de se prendre le pied dans une pierre et tomber. Les groupes s’éloignaient déjà, laissant le petit Pokémon seul. Bahia décida à ce moment de s’approcher doucement de lui, ne voulant pas lui faire peur. Le Floravol se retourna et l’observa avec de grands yeux béants, visiblement peu intimidé par elle. Il semblait un peu naïf à dire vrai, sautillant sur place. La dresseuse tendit la main vers lui et le Pokémon se laissa faire, s’agrippant à son bras. Visiblement il voulait surtout se servir d’elle comme tremplin, sautant avant qu’elle ait pu l’agripper à son tour. Il s’écrasa lamentablement au sol, lâchant un petit cri à nouveau. La jeune femme se sentait triste pour lui, tous les autres étaient partis et il n’avait visiblement personne d’autre. Sa fleur était vraiment étrange, de plus près elle paraissait pourrie. Bahia se pencha et l’attrapa fermement cette fois-ci, le Floravol ne faisant rien pour se défaire. La jeune femme sursauta alors en attendant la voix du vieux dresseur, dont elle avait oublié la présence.

-‘ Voilà qui est fort étrange. Oh, permettez-moi. Je m’appelle Ugo et je suis un ancien chercheur. Vous me laissez voir de plus près ? ‘

Bahia se tourna vers lui et lui tendit le Pokémon plante, qui ne bougeait toujours pas, la bouche légèrement entrouverte. Ugo ajusta ses lunettes et la jeune femme attendit patiemment à bout de bras que celui-ci ait fini d’examiner la fleur de Floravol. Lorsqu’il eut terminé il parut légèrement triste, reprenant appui sur sa canne.

-‘ Visiblement ce Floravol est malade. Je ne saurais dire de quoi, par contre. C’est fort dommage. ‘

-‘ Vous… vous ne pouvez rien y faire ? ‘

-‘ Oh, moi non. Il y a de nombreux chercheurs à Nalcia spécialisé qui sauraient peut-être ce qu’il a. C’est bien loin, par contre. ‘

Une idée germa dans l’esprit de la jeune femme. Et si elle l’amenait, elle ? Cela lui donnait un but et une raison de s’éloigner de son père. Qui plus est, la jeune femme ne se voyait pas abandonner le Pokémon. Le vieil homme s’éloigna et Bahia tourna Floravol vers elle, l’observant dans les yeux. Rubis serait sûrement d’accord, il n’aimait pas son père de toute façon. C’était décider, elle amènerait ce Floravol à Nalcia après avoir passé chez son père. C’était le seul pays où elle n’avait pas encore mis les pieds, cela risquait d’être intéressant. Celle-ci sourit au Pokémon plante, qui l'observait toujours avec ce petit air de béatitude.

-‘ T’inquiète pas coco, on va s’occuper de toi ! ‘

[Bahia Nur]

-‘ Bon bon, est-ce que tu as un nom ? Hum ? Si tu veux, on peut essayer de t’en trouver un, ce sera plus facile pour nous de communiquer ainsi. ‘

À qui Bahia pouvait bien parler comme ça ? Au Floravol assit devant elle, évidemment. Le petit Pokémon vert ne semblait pas trop concentré sur ce qu’elle disait, il observait le ciel et parfois descendait son regard sur cette étrange personne qui n’arrêtait pas de lui parler. Il ne comprenait pas vraiment où elle voulait en venir, mais il l’aimait bien, c’était la première fois depuis longtemps que quelqu’un lui accordait autant d’attention. Voyant qu’il regardait ailleurs, la jeune femme tapota du bout du doigt sur sa tête avec douceur, pour qu’il se tourne vers elle. Étrangement elle avait l’impression de se voir un peu à travers lui, elle connaissait ce manque de concentration flagrant. La dresseuse évita de tapoter près de sa fleur, dont l’état lui faisait peur. Que pouvait-elle faire pour l’aider maintenant ? Parfois le Floravol se grattait un peu la tête en gémissant, Bahia se demandait si cette pourriture qui s’attaquait à ses pétales ne lui faisait pas un peu mal. La jeune femme voulait trouver une solution de rechange le temps de passer chez son père et se rendre à Nalcia. Celle-ci se tourna légèrement pour agripper son sac, peut-être y trouverait-elle quelque chose d’intéressant, sachant qu’elle amenait avec elle différentes pommades et herbes comme trousse de secours, avec bandage et tout ce qui allait avec. Avant de fouiller elle observa l’horizon, se demandant quand Rubis allait revenir. Il était parti cela ne faisait même pas vingt minutes, il serait de retour dans une heure maximum. Elle avait hâte de lui présenter son nouveau compagnon de voyage, restait à voir si lui en serait content.

-‘ Hum, voyons voir ce que j’ai pour toi… Tu veux bien que je t’appelle Tourmaline ? C’est joli, non ? ‘

Le Pokémon hocha la tête avec vigueur, visiblement amusée. Tourmaline ? Ça sonnait bien. Il se releva tout joyeux, sautillant un peu autour de Bahia qui commençait à chercher dans son sac. Sortant quelques pots en verre, elle les aligna dans l’herbe et les observa attentivement, tentant de se souvenir ce qu’ils contenaient. La jeune femme fit vite son choix, remettant les autres dans son bagage. La pommade était claire et un peu grumeleuse, pas très appétissant, mais très efficace. Elle aidait à calmer la douleur, engourdissant un peu la zone ciblée. Voilà qui aiderait peut-être les douleurs du Floravol à se dissiper, au moins un moment. Prenant le pot transparent, Bahia se leva et se tourna vers le petit Pokémon, qui sautillait toujours en rond. Elle l’attrapa dans les airs, le serrant contre elle le temps de lui en mettre.

-‘ Surtout ne bouge pas, ça prendra deux se… hé ! ‘

Visiblement il n’avait pas envie d’arrêter de se balader. Il agrippa le pot qui était dans la main droite de la dresseuse, avant de se mettre à gigoter furieusement. Celle-ci tenta de le séparer de la pommade en éloignant son bras gauche, mais sans ses deux bras il était difficile de le retenir et il s’échappa, restant suspendu au bras droit de Bahia. Elle fit l’erreur de secouer son bras un peu en espérant qu’il lâche le pot, ce qui fit glisser le pot de sa main, faisant tomber le Floravol au sol par la même occasion. Dès qu’il toucha la terre ferme, il se remit à sautiller, la pommade dans les mains. Visiblement il semblait croire que c’était un jeu, un jeu où la dresseuse devait lui courir après pour rattraper la pommade.

-‘ Hé, Tourmaline, revient ! ‘

Mais qu’est qu’il faisait ? Ce mettant à courir derrière lui, Bahia espérant le rattraper rapidement, elle n’était pas supposée s’éloigner de l’endroit, pour être sûre que Rubis la retrouve. Se rapprochant du Pokémon sauteur, la jeune femme se jeta littéralement sur lui, juste avant qu’il ne se mette à débouler la colline juste devant lui. Le tenant fermement dans ses bras, ce fut avec horreur qu’elle vit que le Pokémon avait lâché la fiole, celle-ci roulant allégrement le long de ladite colline. Exaspérée, la jeune femme tenait toujours le Floravol fermement, courant pour descendre rejoindre la pommade. Elle faillit d’ailleurs se prendre le pied dans un caillou, ce qui l’aurait fait embrasser la terre tête première. Elle aurait peut-être même roulé jusqu’en bas. Heureusement cela ne se produit pas, celle-ci reprenant son équilibre juste avant. Super, la pommade s’était arrêtée au pied d’un arbre. Mais, qu’est qu’elle voyait à côté ?

-‘ Oh non, tu laisses cette pommade tranquille ! ‘

Un Miaouss avait été attiré par le bruit et visiblement s’intéressait de près au petit pot brillant. Il le prit entre ses pattes et jeta un coup d’œil à la dresseuse qui courait vers lui, avant de s’enfoncer dans le buisson juste à côté. Bahia poussa un cri de lassitude, légèrement essoufflée par sa course. Pour ce qui était de ne pas s’éloigner du campement, c’était raté. Elle fit une courte pause le temps de respirer, serrant toujours le Floravol dans ses bras, qui avait arrêté de gigoter. Il observait à nouveau le ciel, se fichant visiblement que la dresseuse ne le laisse pas se promener. Il venait encore de se déconnecter de ce qui se passait. Tant mieux, cela lui donnerait des vacances. Entendant des feulements, Bahia se remit en route, en joggant pour éviter de s’épuiser trop vite.

Le Miaouss avait visiblement trouvé des compétiteurs, d’autres Miaouss tentaient de voler sa fiole. Ne voulait pas les blesser avec son épée Bahia décida de pratiquer un peu sa maitrise du feu et fit simplement voler des orbes de flammes près d’eux, ce qui les dispersa immédiatement. Elle aurait cru que le Miaouss aurait lâché la pommade sur le coup, mais visiblement ce n’était pas le cas. Découragée, la jeune femme se laissa tomber sur les fesses, relâcha sa prise sur le Floravol. Celui-ci ne comprenait toujours pas ce qui se passait, se remettant à sautiller en rond autour de Bahia, qui était désespérée. Elle resta ainsi de nombreuses minutes, la tête sur les genoux. Puis un tintement se fit attendre, celle-ci releva immédiatement la tête. Sa pommade ! Elle était là, à ses pieds ! Sautant dessus avant de la perdre à nouveau, Bahia leva la tête pour voir qui la lui avait ramenée. Elle fut bien gênée de voir devant elle son Ténéfix qui tapait du pied, l’air de dire : qu’est que ta encore fait ?

-‘ Je… je peux tout t’expliquer ! ‘