[ Clos ] Un futur roi est né (/solo)

[Hugo]

Le festival du feu s’était achevé depuis presqu’une semaine maintenant. Hugo et Violette avaient posé leurs bagages à Omatsu et avaient profité du calme retrouvé de la capitale Flamennoise. Il n’avait malheureusement pas été aisé pour les amoureux de se retrouver en tête à tête lors des festivités annuelles, ainsi, ils décidèrent alors d’un commun accord de prolonger un peu leur séjour en ville. Tous les jours, le couple visitait un monument important. Ils firent le tour des grands musées, ils découvrirent le palais royal ainsi que l’arène… Ils profitaient tout simplement de leur vie de couple, ne se souciant de rien d’autre.

Lors d’une soirée classique, alors que les deux tourtereaux étaient installés à la terrasse d’un petit établissement où ils venaient de partager un repas, un militaire qui les observait au loin s’approcha de leur table. La vision de ce soldat s’approchant de sa bien-aimée rendit l’élémental extrêment tendu. Il l’attendait, le poing crispé, les muscles bandés, que leur voulait-il ? Depuis les évènements de Nouvelle-Gilnéas, le Terrosien se méfiait de toutes les personnes qui se prétendaient appartenir à  l’armée.

« Monsieur Hugo, de l’île d’I’maï ? »

Hugo regarda le jeune homme en uniforme qui se tenait face à lui. Visiblement, il était plus jeune que lui, il ne devait pas être plus âgé que sa petite amie. Le Terrosien jeta un coup d’œil à sa moitié, cherchant une solution dans les yeux violets de l’herboriste. Son regard infiniment doux semblait lui dire « Fais confiance à ton instinct, moi je te fais confiance ». Devait-il répondre par l’affirmative et découvrir ce que l’armée lui voulait, ou devait-il mentir pour se débarrasser de cet homme ? Finalement, il s’y résigna, la curiosité qui le caractérisait finit par prendre le dessus et le poussa à répondre :

« C’est moi. »

« J’ai ceci pour vous. » répondit immédiatement le jeune soldat.

Et le jeune adulte en uniforme quitta les lieux, laissant uniquement un parchemin enroulé derrière lui. Hugo passa ses doigts sur le papier brun, caressant la matière rugueuse et dénoua le nœud avant de lire la missive en diagonale. Le choc fut tel pour le jeune homme qu’il fut pris d’un léger vertige. Rassemblant peu à peu ses idées, il regarda alors Violette, et blanc comme un mort, lui annonça :

« C’est… L’armée de Terros. Elle me convoque pour une épreuve, pour évaluer ma maîtrise de la terre.... Je n’ai demandé aucun passage d’épreuve Violette, c’est ça qui est le plus bizarre… Comment ont-ils su qui j’étais ou même que je maîtrisais la terre ? Il y’a le sceau officiel du bureau des admissions de l’armée, ça ne peut qu’être vrai… »

« Et qu’est-ce qu’elle te dit exactement cette lettre ? » répondit la jeune femme, sincèrement concernée.

« Euh… Que je suis attendu dans une semaine dans les monts tempêtes, qu’un examinateur sera présent pour évaluer si j’ai le niveau pour être élémancien et qu’il y’aura un autre candidat. Que… Attends, y’a quelque chose que je n’avais pas vu… J’y crois pas ! L’épreuve a été commandée par Léanne… »

Le blond tiqua quelques instants, le temps d'ingérer toutes les informations qu’il devait enregistrer puis fut pris un léger fou rire. Pas un rire aux éclats, non, il était trop pudique pour ça, mais un rire étouffé, qui se voulait plus discret. Tout en étant conscient qu’il devait paraître pour un fou, il essaya de rassurer Violette qui ne semblait pas comprendre ce changement de comportement si soudain.

« Je suis désolé Violette, c’est la pression qui redescend. J’étais inquiet, je me demandais comment ils avaient fait pour me retrouver mais l’intervention de Léanne rend les choses tout de suite plus logique… Tu sais, quand elle m’a soigné, quand j’ai passé un mois à ses côtés à Palma, elle m’a tout de suite dit que je devais faire quelque chose de ma vie une fois sortie des problèmes de santé, que je devais devenir quelqu’un, quelqu’un qui fasse le mien autour de lui. Que je devais devenir plus fort aussi, pour que plus jamais je sois amoché de la sorte. Je suppose que pour elle, passer cette épreuve est une première étape pour devenir ce genre de personne. »

Hugo accueillait désormais cette convocation avec optimisme. Il n’était certes, toujours pas fan du fait de rentrer dans les bases de données de l’armée, mais Léanne lui offrait la possibilité d’approfondir ses connaissances et ses compétences élémentales et Arceus sait à quel point elle s'était battue pour lui obtenir un examinateur. Il aurait été ingrat de ne pas se présenter au lieu du rendez-vous, ne serait-ce que pour voir en quoi consistait l’épreuve. Le Terrosien régla alors l’addition et le couple repartit, main dans la main, vers l’auberge où il s’était établi.

-

Le lendemain matin, les deux amoureux étaient partis par les airs, à dos d’un imposant Airmure qu’ils avaient loué dans la ville berceau de la maîtrise du feu. Ils s’étaient mis d’accord pour se retrouver quinze jours plus tard à Alfen, en face de l’arène de la capitale du pays de l’air. Cela laisserait le temps à Hugo de passer son épreuve tout en accordant un peu de liberté à Violette. Depuis que le couple s’était rencontré au temple du volcan il y’a plusieurs mois de cela, il n’avait jamais connu une séparation. Peut-être que cette absence leur ferait du bien à tous les deux, peut-être cela leur serait bénéfique de se retrouver en unique compagnie de leurs Pokémon ?

Au bout d’une journée de vol, la monture ailée qui portait les deux humains se mit à faiblir et Hugo amorça un atterrissage contrôlé. Il n’affectionnait toujours pas les voyages aériens mais fort était de constater qu’il prenait la technique pour contrôler les bêtes volantes.
Les deux jeunes adultes posèrent alors pied à terre et le Terrosien desserra les liens qui entravaient l’oiseau métallique et entreprit de le nourrir. Hugo observait les plaines qui s’étendaient devant eux, il y’avait de l’herbe à perte de vue. Le soleil tapait encore intensément malgré qu’il entamait le dernier sprint de sa course quotidienne. Ils n’avaient pas le choix, l’Airmure étant trop fatigué et la nuit approchant, le couple allait devoir dormir à la belle étoile.  

Hugo commençait alors à décharger les affaires quand il décida de libérer ses deux compagnons de leur sphère. Il ne connaissait pas les espèces qui peuplaient la Pampa et préférait pouvoir se défendre en cas d’attaque. Le jeune homme montait la tente qui allait les accueillir, Violette et lui, quand il entendit un feulement particulièrement courroucé.

Sortant le nez des toiles et des barres métalliques, l’élémental cherchait la provenance des râles quand il vit Sophos, les poils de la nuque hérissés et les crocs dévoilés. Hugo s’approcha alors un peu pour calmer son compagnon quand il vit la source d’angoisse de son Pokémon. Un énorme serpent aux crocs aiguisés se tenait à à peine quelques mètres de leur campement. Le blond détaillait rapidement l’épais corps enroulé sur lui-même du Séviper. Un large tube bleu comme la nuit zébré d’éclair violet. Ses crocs disproportionnés menaçaient une petite créature qui se trouvait pris au piège entre les anneaux du serpent. Le petit lion cherchait vainement à se débattre mais doucement, l’air commençait à lui manquait, il n’allait bientôt plus pouvoir se défendre…

Devant ce spectacle, Hugo ne put rester de marbre… Et pourtant... Il savait que c’était le cycle naturel des choses, que les prédateurs chassent leurs proies pour se nourrir, qu’il n’était probablement pas le premier lionceau que ce serpent tuait et qu’il ne fallait pas en vouloir au reptile, que c’était la nature. Il le savait très bien, mais ce jour-là, il n’arrivait pas à l’accepter. Sans même jeter un regard vers ses Pokémon, Irémia se dirigea vers Violette. Hugo restait donc aux côtés de son Persian et ce dernier savait exactement quoi faire. Sans une parole, un rayon rougeoyant s’échappa du joyau du puma,  percutant l’animal longiligne de plein fouet. Le Séviper relâcha alors la pression qu’il maintenant sur le jeune Pokémon feu et envoya une salve de dards venins en direction de ses assaillants. Hugo utilisa alors ses pouvoirs pour élever un muret de terre sur lequel vinrent se planter les piques venimeuses.

« Evitons le contact physique, je n’ai pas envie que tu finisses empoisonné. Météores. »

Hugo paraissait froid mais son plus fidèle compagnon savait qu’il était inquiet. Inquiet de le voir blessé et surtout inquiet de l’état de santé du jeune félin qui était encore allongé au sol, visiblement inanimé. Les étoiles qui jaillirent de la gueule du chat finirent par faire mouche et frapper le Séviper en pleine tête. Le serpent, énervé d’avoir été dérangé pendant sa chasse, se propulsa dans les airs à l’air de son épaisse queue aiguisée et déploya ses deux mètres dans les airs. Il se roula sur lui-même pour présenter sa queue illuminée d’une étrange lueur violine à son adversaire. Une redoutable  attaque Queue-poison.

« Queue de fer puis rayon gemme. »

Le puma bondit alors dans les airs à son tour et présenta à son adversaire sa queue transformée temporairement en métal. Les deux épées s’entrechoquèrent et un rayon de roche frappa le moins vif des deux. L’ennemi juré de Mangriff s’écrasa au sol, creusant une galerie pour fuir le champ de bataille. Hugo analysa le sol et souffla de soulagement, la bête partait dans la direction opposé. Sans perdre une seconde, le Terrosien s’élança alors sur la victime du serpent.

C’était un petit lionceau à la fourrure grise et à la mèche rouge. Il respirait avec difficultés et semblait avoir beaucoup de difficultés à ouvrir les yeux.

« Tiens bon, je connais quelqu’un qui pourra t’aider… » dit doucement Hugo à son petit protégé.

Le calant alors dans le creux de ses bras, contre ton torse, il emmena et présenta le petit Hélionceau à la Kirlia de sa moitié.

« Dis-moi Doc, tu pourrais utiliser une Vibra-Soin sur ce petit ? »

La gracieuse Kirlia accepta et d’un geste délicat, elle se mit à émaner une aura apaisante. La respiration du félin se fit immédiatement plus régulière, plus calme. Le petit lion ferma alors les yeux, plongé dans les anneaux de Cresselia. Le jeune homme caressa le petit museau du lionceau et regarda celle qui faisait battre son coeur.

« Je ne peux pas le laisser endormi ici, et encore moins seul. Il se ferait tuer en moins d’une heure… Il n’y a pas beaucoup de solutions… » adressa-Hugo à Violette, un sourire enfantin en coin. « Je pense que la famille compte désormais un membre de plus… »

À cet instant, l’oiseau métallique qui était resté en retraite se mit à battre des ailes dans un bruissement de métal pour signifier qu’il était prêt à repartir. Il n’avait pas totalement récupéré mais semblait vouloir quitter la Pampa au plus vite, quitte à se reposer un peu plus loin et un peu plus tard. Le blond sortit alors une vieille Pokémon qu’il frotta de la main. Son cœur battait la chamade, depuis la capture d’Irémia il y’a maintenant cinq ans, il n’avait plus intégré aucun nouveau membre à son équipe. Puis le mécanisme de capture toucha le ventre rebondi du bébé et ce dernier disparut dans un faisceau lumineux. Il regarda avec excitation la Pokéball de son nouveau Pokémon puis tendit la main à Violette.

« J’espère qu’il ne m’en voudra pas de l’avoir capturé alors qu’il était endormi… Dans tous les cas, remontons à bord et quittons cet endroit, nous avons Nalcia qui nous attend. »