[ Clos ] Trois Planètes pour un Astre [Pv Molly Hale]

[White Tama]

« S’il vous plait, arrêtez-les ! Que quelqu’un fasse quelque chose !! »

Dans le manoir, des hurlements résonnèrent. Des piaillements entre mêlés à des cris d’humain. Quelqu’un appelait à l’aide et tout naturellement, le personnel se rendait sur les lieux du drame et constata qu’un Rapasdepic était en train de combattre un Roucarnage. Le combat était inégal, le Roucarnage avait clairement l’avantage sur son adversaire qui faisait de son mieux pour se défendre. Mais l’autre créature ailée ne le ménagea pas et le cloua même au sol.

« Khamsin ! » cria alors un jeune homme, se dégageant des spectateurs.

Aussitôt, White rappela son Pokémon dans sa noigrume. Malheureusement pour lui, le Roucarnage le prit pour cible, voyant que son adversaire avait disparu et qu’il en était la cause. Prenant de l’élan pour sa prochaine attaque, celui-ci fit un tour dans les airs et retomba aussi vite sur l’humain. Le brun se concentra suffisamment et invoqua un mur de feu qui incita l’oiseau à dévier sa trajectoire. Mais tapis dans l’ombre, Aigual sortit de sa cachette et lança une attaque Vibraqua sur le Pokémon sauvage. Les ailes complètement mouillées, il se sentit lourd et tomba sur le sol, en plein milieu de la cour intérieure du manoir. Quelques gardes tentèrent de le saisir mais l’oiseau ne se laissait pas faire. La créature lança alors un regard haineux vers le brun qui le fixait également de ses yeux rouges. Et dans un dernier effort, la créature ailée donna des coups d’ailes en direction du sol pour créer une légère tempête de sable et lui permettre ainsi de quitter les lieux.

« Poursuivez-le !, cria un des garde.

- Ce ne sera pas nécessaire. C’est une créature sauvage et je ne pense pas qu’elle revienne…, conseilla White. »

White laissa tout de même les gardes faire ce qu’ils avaient envie de faire, quittes à perdre du temps à poursuivre l’oiseau sauvage. De toute façon, le Maître des lieux n’était pas là aujourd’hui, alors c’était « tout le monde fait un peu ce qu’il veut ». Aussi, le garçon préféra alors s’isoler et rappela Khamsin. Sa pauvre créature avait les ailes brisées. White tenta de le soigner partiellement avec sa maîtrise mais n’y parvint. Tout ce qu’il pouvait faire avec ses flammes, c’était apaiser son Pokémon. Le garçon avait été négligent de l’avoir laissé seul mais il pensait que le manoir serait suffisamment surveillé pour empêcher quiconque de rentrer, même des Pokémon sauvages. Non, en fait, tout cela était dû à un relâchement du personnel, voyant cette journée comme un congé.


« Votre Pokémon s’en sortira. Il a juste besoin de soins et de repos, ne vous en faites. »

White s’était adressé au médecin généraliste de la résidence pour s’occuper de Khamsin. Le garçon acquiesça puis laissa son camarade à ses soins. Malheureusement pour lui, Rashawn venait de lui confier une mission dès son retour. Le garçon devait se rendre à Omatsu pour y déposer une missive auprès d’un certain Oracion.

« J’ai appris pour Khamsin. Tu vas devoir y aller à pieds.

- Il n’y a pas de limite de temps pour la livraison ?

- Non rassure-toi. Tu peux même y rester un certain temps si tu veux.

- Très bien. Je partirais le plus tôt possible. On ne sait jamais… »

White prit la fameuse lettre qui était bien roulée et scellée par le sceau du maître. A pieds hein ? Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait un tel grand voyage. Il salua son maître sans pour autant oublier de mentionner que ce drame qui était arrivé n’était pas de sa faute mais d’un certain relâchement du personnel. Rashawn le remercia pour cette délicate attention et ne manquera pas de le faire savoir. Puis le brun quitta la pièce pour se diriger vers ses appartements afin de préparer ses affaires pour le long voyage qui l’attendait.

Dans sa chambre, White examina une carte du Continent pour savoir quel chemin prendre. Il allait devoir traverser une bonne partie de Flamen et pour cela, il allait devoir prévoir de quoi se déshydrater, lui et ses compagnons de route. Mais aussi des vêtements de rechange et légers. Quelle plaie quand même, devoir y aller à pieds alors qu’à vole d’oiseau, c’était largement plus rapide… Mais il ne pouvait plus compter sur Khamsin avant un petit moment. Kiito, voyant que son nouveau dresseur soupirait trop souvent depuis son retour, monta sur le bureau et se présenta devant lui, avec sa petite bouille. Le garçon le regarda et ne put s’empêcher de lui caresser la tête.

« On repart en voyage… Ca te tente ? »

La souris jaune se mit à lever ses petites pattes pour exprimer sa joie, voyant le sourire de son dresseur. Au moins, y’en avait un qui était content… Puis le jour J arriva. White s’était levé de très bonne heure cette nuit là pour commencer son chemin et éviter que la chaleur ne les stoppe dans leur progression. Il se dirigea vers l’enclos où résidaient les Pokémon servant à tracter charrettes mais aussi servant de monture. Il ouvrit l’enclos d’Aconit qui venait tout juste de se réveiller. Le Rhinocorne se laissa volontiers seller puis une fois les préparatifs faits, White monta sur son Pokémon et commença à se diriger vers la sortie du manoir.


Le voyage était beaucoup trop long à son goût. White venait toujours juste de traverser la frontière séparant Terros et Flamen et déjà il voulait tout arrêter. Fort heureusement, la chaleur semblait n’avoir aucun effet sur Aconit mais tout de même, son Pokémon ressentait la fatigue et forcément, à plusieurs reprises, ils s’étaient arrêtés dans des auberges pour voyageurs. Cela faisait maintenant quatre voire cinq jours qu’ils voyageaient. En espérant que cet Oracion possède une monture ailée pour le retour…

« Bon, nous progressons, doucement mais nous progressons. Nous arriverons bientôt à la Pampa du Solaroc. D’après ce que j’en ai entendu, il faudra faire attention aux attaques surprises dues aux hautes herbes mais ne t’en fais pas, je serais aux aguets pour te défendre. »

White ne parlait pas seul. Non, il s’adressait à Aconit tout en regardant sa carte. Une fois qu’il lui ait donné ses directives, il la replia et remit en place son keffieh de façon à ce que sa bouche mais aussi sa tête soit recouverte. L’air était sec et le vent faisait soulevé les grains de sable, c’était très désagréable… Et en plus de ça, il faisait horriblement chaud. A croire qu’il n’aimait plus autant son pays et se sentait bien mieux à Terros. En tout cas, les deux comparses arrivèrent à la Pampa et constatèrent les hautes herbes ; un danger éminent, devenant ainsi des proies faciles pour les résidents. Mais ils n’avaient pas vraiment le choix s’ils devaient se rendre à Omatsu. Aconit était plus solide mais il s’inquiétait pour son dresseur qui était fait de chair et d’os. Avec prudence, ils s’engouffrèrent alors dans la Pampa, tous les deux aux aguets aux moindres bruits.

Leur progression se faisait en toute discrétion, du moins Aconit veillait à ne pas trop faire de bruit mais ce n’était pas tellement gagné avec son poids. White soutint son camarade en lui donnant une petite caresse. Malheureusement pour lui, cette délicate attention le détourna de sa responsabilité première, à savoir protéger son Pokémon mais aussi SE protéger. Une ombre vivace se jeta sur lui, l’obligeant à tomber de son Pokémon et à se retrouver au sol. Voulant s’en défaire, le garçon fit plusieurs roulades dans les hautes herbes. Lorsqu’il cessa ses roulades, il vit son agresseur : un Luxio enragé. La créature venait de lui enfoncer ses griffes dans sa peau et l’humain tenta de repousser le félin tout en hurlant de douleur. Puisant dans ses forces, White invoqua des flammes pour repousser le Pokémon. Son action réussit, obligeant le Luxio à retirer ses griffes de l’humain qui s’écarta de quelques mètres de sa victime. Avec peine, le garçon se redressa et constata les blessures. La salle bête, elle n’y était pas allée de mains mortes ! En effet, le félin avait enfoncé ses griffes au niveau des quatre membres du garçon. Mais alors qu’il réussit à complètement se redresser, prêt à bondir pour répliquer, une autre ombre sortit des herbes et griffa violemment le dos du garçon.

« Argh !!! »

Quelques morceaux de vêtements volèrent avec la patte du second agresseur mais aussi des gouttelettes de sang. Le garçon tourna légèrement sa tête et vit un Persian. Ici ? Puis le garçon tomba sur ses genoux, la tête en avant. Il sentait que ses membres étaient engourdis et avec peine, il tenta de créer un mur de feu pour se protéger mais le Luxio chargea à nouveau, dominant complètement l’humain. Le félin planta alors ses crocs dans la chair du garçon au niveau de son épaule droite. Le sang gicla à nouveau. Paralysé, mais pas totalement, il tenta à nouveau d’invoquer son feu pour se défendre… Mais seul… Aconit devait être en train de chercher désespérément son dresseur, veillant à ne pas l’écraser… « Aconit… S’il te plait… ».

[Molly Hale]

Avec un sourire radieux, Molly remercia la gérante de l’auberge d’Omashu dans laquelle elle avait élu domicile pour une semaine, puis quitta l’établissement, Hecate sur les talons. Elle inspira une grande bouffée d’air frais, prête à repartir sur les routes après ses aventures au Temple de la Terre, avec Ninj et Sylver... Et, surtout, elle sentait en elle, enfin, le besoin impérieux de rentrer chez elle. De revoir ses parents, après ces six années de voyage quasi ininterrompu. Les quelques lettres qu’elle avait échangées avec eux n’étaient qu’un lien ténu avec ceux qui lui manquaient terriblement, à présent. Alors, elle devait les revoir. À tout prix.

Libérant son énorme rapace de métal, Molly le gratifia d’une caresse amicale, frissonnant au contact de ses plumes gelées. Après l’avoir nourri, elle déplia sa carte personnelle d’Érasia, indiquant à sa monture aérienne qu’elle prévoyait d’aller jusqu’à Kabana avec lui, puis de laisser Tamekyn prendre le relais, histoire de ménager l’oiseau. Steers approuva, aimant bien l’idée, même si, en faisant cela, le groupe allait faire un détour, car il était plus rapide de rallier directement Omatsu en survolant l’étendue d’eau qui creusait le continent. Mais il respectait le choix de sa Dresseuse, et la remerciait pour son attention. Elle était toujours si prévenante avec ses Pokémon...

« Prêt, Steers ? Hecate, Ball ou dos d’Airmure ? »

Bien évidemment, la louve choisit de se jucher derrière sa maîtresse, préférant sentir l’air frais dans sa fourrure plutôt que d’être enfermée dans sa sphère. En se demandant pourquoi elle posait encore la question, la Flamenoise donna une petite impulsion des talons sur les flancs du rapace, qui s’arracha au sol de Terros pour filer vers la forêt d’Agata.

Après de longues heures de vol, ils arrivèrent enfin à Kabana, où la jeune femme fit rentrer son Airmure dans sa Ball. Son gabarit l’empêchait en effet de circuler dans ce village perché dans les arbres... Là-bas, elle fit une halte, choisissant une cabane charmante qui portait un panneau indiquant son statut de gîte. Elle y rencontra des gens charmants, avec qui elle passa la soirée à discuter, à manger et à partager, avant de s’octroyer une nuit de sommeil bien méritée. Le lendemain matin, une fois encore, elle remercia les propriétaires des lieux, échangea son adresse avec celles de ses convives, puis s’en alla, chevauchant son Ponyta aux flammes d’azur, droit vers la capitale du Feu.

Une fois sorti de la forêt d’Agata, le duo fit une pause près d’un grand cours d’eau, où Molly se baigna un moment, éclaboussant parfois Tamekyn pour l’agacer. Le Ponyta, ronchon, finit par aller se coucher un peu plus loin, à moitié vexé par le manège de sa dresseuse, qui rit de bon cœur. Au bout d’un moment, voyant que son Pokémon faisait vraiment la tête, elle se résolut à refaire appel à Steers qui, reposé, fut néanmoins surpris d’être de nouveau sollicité.

« Ben ouais, c’est la faute de Tamekyn, qui boude, là. Il veut pas arrêter de faire sa mauvaise tête, alors c’est toi qui trinques, désolée mon beau ! »

Échangeant un regard complice avec le rapace, l’Alchimiste fit rentrer le cheval dans sa sphère, non sans avoir éclaté de rire après avoir vu sa mine déçue (« quoi, tu me remplaces déjà ?! »), avant de s’installer confortablement sur sa monture volante, la Grahyena sur les genoux.

« Tu sais que tu pèses ton poids, poulette. Tu crois pas que t’exagères, quand même ? »

Feignant l’indifférence et une surdité passagère, la louve posa sa tête sur ses pattes et ferma les yeux, snobant totalement Molly. Résignée, la Flamenoise s’en remit à l’Airmure, qui décolla rapidement.

Le trio survolait la Pampa du Solaroc, qui défilait sous leurs yeux, lorsqu’un cri attira leur attention. L’œil perçant du rapace capta immédiatement l’origine du bruit, et il descendit en piqué pour rejoindre les trois silhouettes qui se battaient dans une mêlée poussiéreuse. En se rapprochant un peu, Molly put constater qu’un jeune homme en sang, agenouillé, était à la merci d’un Persian et d’un Luxio en furie, et qui coopéraient, à première vue, pour s’en prendre à l’humain.

« Suffit ! »

L’ordre claqua en même temps que Chante-Acier, le fouet à plaques de la Meneuse. Le serpent de métal s’interposa entre les deux groupes, séparant les Pokémon du garçon, alors qu’elle s’avançait, inquiète, en demandant :

« Ça ira, rien de cassé ? Ils vous ont salement amoché ! Qu’est-ce que vous leur avez fait, pour qu’ils vous agressent aussi violemment ? »

Mais elle avait à peine achevé sa phrase que déjà, les deux furies lui sautaient dessus, toutes griffes dehors. Molly émit un sifflement bref, et Hecate se laissa tomber sur le gros chat, dans un concert de cris rauques et de feulements. Steers, lui, se dressa de toute sa hauteur, écartant ses ailes sanglantes et immenses pour impressionner leurs assaillants. Il fallait dire qu’avec sa taille XXL, il projetait une ombre menaçante et imposante sur le sol desséché de la Pampa...

« Non, je m’en occupe. Cherche plutôt la monture de ce garçon, celle qu’on a aperçue tout près, et guide-la jusqu’à nous. »

Le rapace s’exécuta, s’éloignant rapidement pour retrouver le Rhinocorne. Molly, elle, déroula complètement son fouet à plaques, puis s’équipa de ses gants et de son heaume d’acier. Elle n’enfilerait pas son armure complète, mais elle préférait prendre ses précautions, face à une telle bête enragée.

« Écartez-vous et tâchez de vous faire quelques bandages sommaires, le temps que j’arrive. Au cas où, je suis Molly Hale, et je viens d’Omatsu ! Allez, à nous deux ! »

D’un mouvement du poignet, la fille d’Alpha entoura rapidement sa Grahyena d’une gaine flamboyante, grâce à ses talents d’Alchimiste. Elle se tourna ensuite vers son propre adversaire, sur lequel elle se rua sans peur, Chante-Acier dans une main, une boule de feu dans l’autre. Elle allait au contact, et elle ne craignait pas ce duel qui lui semblait, de toute façon, inévitable.

[Super-Molly à la rescousse xD]

[White Tama]

Tout ça ne serait pas arrivé s’il avait été sur le dos de Khamsin pour rejoindre la capitale. Tout ça ne serait pas arrivé si ces stupides gardes avaient fait le boulot correctement en empêchant qu’un Pokémon sauvage ne vienne s’en prendre à sa créature ! White se rendit compte qu’il était en très mauvaise posture. Par ailleurs, il ne comprenait pas pourquoi ces deux félins lui en voulaient personnellement, à moins qu’ils ne soient affamés et se soient jetés sur le premier « venu » mais ils ne trouveront pas grand-chose à manger sur lui. En tout cas, ce n’était pas le moment de faire de l’humour, White était en train de se faire mordre l’épaule droite, bloquant ainsi pas mal de ses mouvements. Il pria pour qu’Aconit le trouve et puisse faire fuir ces deux créatures avec sa taille et force. Malheureusement ou heureusement, une voix s’éleva dans la savane. Une voix féminine mais puissante. Un claquement retentit ensuite suite à l’utilisation d’une arme étrange dont White ignorait le nom. La jeune femme qui se présenta alors à lui permit au garçon de se libérer ainsi de l’emprise du Luxio. Affaibli, White posa les genoux à terre et tenta de reprendre ses esprits. Puis il regarda sa sauveuse ; il s’agissait d’une jolie et jeune femme aux longs cheveux rousses. Son visage était inquiet, sûrement parce qu’il était ensanglanté mais les blessures n’étaient pas aussi profondes, juste que le félin avait bien visé les membres du jeune homme pour immobiliser sa proie.

« Merci… » lâcha-t-il tout simplement.

Juste ça car les deux Pokémon sauvages s’en prenaient maintenant à elle. Pendant qu’elle se défendait contre ses agresseurs et puisqu’il ne pouvait plus énormément bouger à cause de ses blessures, White se ressaisit partiellement et avec sa main droite invoqua une flamme. Avec l’aide de celle-ci, il cicatrisa ses plaies afin de stopper la légère hémorragie provoquée. Il serra les dents, non pas parce qu’il avait mal ou que la « guérison » le faisait souffrir, juste qu’il se sentait con et c’était le mot, de s’être fait avoir aussi facilement. A quoi bon passer des épreuves et s’entraîner sans relâche si c’est pour se faire voir comme ça ? Lorsqu’il eut fini de se « soigner » les membres, il restait le plus dur et le moins accessible pour lui : son dos. Heureusement, il avait quelques une de ses affaires avec lui, notamment ses Pokémon. Ainsi, il appela Samovar. L’hérisson de feu écarquilla les yeux en voyant son dresseur dans un tel état.

« Ne fais pas cette tête veux-tu… Viens plutôt m’aider mon grand. »

Samovar hésita puis s’approcha de son dresseur. Bien que ses membres soient soignés, la plaie dans le dos mais aussi sur son épaule droite étaient plus bien plus importantes. Inspirant doucement, le garçon retira son haut couvert de sang et complètement déchiré. Il déchira le tissu et épongea son épaule avec. Sur les conseils de son dresseur, Samovar invoqua ses flammes et les approcha du dos de son dresseur pour cautériser la plaie. Pendant ce temps, White s’occupa de sa plaie à l’épaule. Là par contre, il avait mal. Il n’hurla pas, préférant garder la douleur pour lui. Ainsi, il se mordit la lèvre inférieure, quittes à la faire saigner pour éviter d’hurler.

Pendant ce temps, la sauveuse se débrouillait très bien face aux félins sauvages et avec l’aide de ses Pokémon. Elle s’adressa une dernière fois au garçon ; Molly Hale. Lorsqu’il la vit aussi déterminée, une image soudaine apparue dans sa tête. L’avait-il déjà rencontrée avant ? Non, il s’en souviendrait quand même… Pourtant cette silhouette… il l’avait déjà vue… mais où ? Et quand ?! Pour le moment, White n’y prêta pas plus attention.

« J’ai cautérisé les plaies mais il faudra qu’un Guérisseur m’examine. Merci beaucoup d’être venue à mon secours… Je m’appelle White Tama et j’étais justement en route vers Omatsu quand ces deux Pokémon m’ont attaqué. »

Le garçon se releva doucement et fut totalement désolé de ne pouvoir l’aider. Mais lorsqu’elle usa de ses pouvoirs élémentaux, White comprit qu’elle n’était pas novice dans ce domaine, bien au contraire. Et s’il venait à s’engager dans le combat, il ne serait qu’une gêne pour elle. Alors, comme elle le préconisait, le brun s’occupa de ses blessures. Le mieux pour lui serait de retrouver Aconit car il détenait ses autres affaires, notamment des bandages stériles –au cas où-.

D’ailleurs, son Pokémon revint auprès de lui en courant. La terre trembla à chacun de ses pas posés sur le sol, White perdant légèrement l’équilibre mais ne montra pas son agacement pour cela. Au contraire, il caressa sa créature qui semblait être terrorisé à l’idée d’avoir perdu son dresseur. C’est alors que le garçon vit un Aimure, un magnifique Pokémon mais de taille démesurée. Le Pokémon n’attaqua pas et le jeune homme comprit qu’il appartenait à Molly. Il ne manqua pas de le remercier d’avoir ramené son Pokémon. Puis White commença à fouiller dans ses affaires, sous le regard inquiet de Samovar. A chacun de ses mouvements, la douleur revenait mais ce n’était pas le moment de penser à ça ; il devait s’occuper de lui pendant que Molly était avec les deux félins. Etrangement, White ne s’inquiéta pas car il pouvait lui faire confiance. Elle était sûre d’elle et sûrement bien plus forte que lui. Aussi, il fouilla dans sa sacoche et en sortit une trousse de soins. Il avait tellement l’habitude de se brûler les mains avec son feu que c’était devenu d’un naturel pour lui de se trimballer avec. Le guerrier blessé présenta une petite boîte ronde à son Pokémon et lui demanda alors de lui appliquer cet onguent sur sa plaie située dans le dos pendant qu’il s’occupera de son épaule. Une fois la pommade mise, il se fit un bandage quelque peu sommaire, recouvrant à la fois son dos mais aussi son épaule droite. Au moins, avec ça, la plaie sera nettoyée et une fois qu’il sera à la capitale, il demandera à ce qu’on l’examine sérieusement.  

[Molly Hale]

Le jeune homme remercia Molly, qui hocha simplement la tête, n’ayant pas le temps ni le loisir de se perdre en politesses. Elle avait un combat à mener…

Elle se jeta en effet dans la mêlée, à corps perdu, fouet contre griffes, crocs contre crocs. Comme mue par un instinct sauvage, elle sembla se changer elle-même en bête. Elle était entrée dans la peau d’une créature de la nature, pour pouvoir affronter son adversaire.

« À nous deux, ma belle ! »

Molly s’éloigna d’un bond rapide, avec une idée en tête. En fermant sa main libre, la jeune femme se concentra, imaginant l’implosion qu’elle voulait créer près de la petite lionne. Aussitôt, la pyrokinésiste sentit une vive chaleur se manifester en elle, puis plus loin, et le son qu’elle perçut lui indiqua qu’elle avait réussi. Le cri de terreur du Pokémon lui confirma qu’elle avait un petit instant de répit, instant qu’elle mit à profit pour faire claquer Chante-Acier tout près des pattes de la bête électrique. Rapide, le serpent de métal s’enroula autour des membres de la Luxio, qui s’effondra, immobilisée. Mais elle ne renonça pas pour autant : avec toute la hargne dont elle était capable, elle se débattit, tentant de griffer les plaques d’acier à l’aide de ses pattes arrière. Ce faisant, elle ne réussit qu’à se blesser davantage, en se coupant sur les morceaux tranchants, augmentant son courroux.

La Flamenoise détacha alors son second fouet, en cuir, celui-ci, et elle le fit claquer d’un mouvement sec du poignet. Elle recommença l’opération, plusieurs fois, jusqu’à ce que la lionne cesse complètement de bouger, comprenant mieux le langage du Meneur que celui des humains, dans son état de colère et de rage avancées.

« Du calme. Pour attaquer les humains de la sorte, tu ne dois pas être complètement sauvage. Tu leur en veux, pour une raison qui m’est inconnue, mais cela ne te donne pas le droit de t’en prendre au premier venu. Ce garçon ne t’a rien fait. »

Non loin de là, alors que les deux combattantes se défiaient du regard, un concert de feulements et de grognements s’élevait, tandis que le puma et la louve donnaient le meilleur d’eux-mêmes pour avoir le dessus sur l’autre. Ce fut Hecate, un peu plus grande, mais aussi plus en forme, dotée d’une gaine de feu, et mieux entraînée, qui finit par plaquer son adversaire au sol. Ils se regardèrent longuement, avant que la Grahyena, décidant qu’elle pouvait lui faire confiance, ne libère le vaincu. Le Persian, un peu amoché, mais toujours en état de se tenir debout, avança vers Molly qui, prudente, resta d’abord tendue. Mais en voyant l’attitude du Pokémon, elle se ravisa quelque peu : en effet, le gros chat renifla son fouet à plaques, puis l’humaine elle-même, et commença à communiquer avec la lionne prisonnière. Sachant qu’elle ne comprendrait pas un mot de la conversation, la Meneuse libéra son Hyporoi, qui prit aussitôt sa forme humanoïde pour traduire le dialogue. Les présentations, ce serait pour plus tard…

« Tu dis que le Persian m’a reconnue, et qu’il affirme que j’ai affronté son ancien maître au Colisée ? Oh… Reishiya, c’est ça ? Je me souviens… Il avait la copie conforme de Chante-Acier. Qu’est-il advenu de lui ? »

Le Persian baissa les yeux et ancra son regard au sol. La Luxio, elle, riva ses iris sur l’humaine, les yeux emplis de larmes.

« Je… Je suis désolée. Ça me chagrine de savoir qu’il a disparu… Mais, vous savez, quoi qu’il ait pu lui arriver, vous devez cesser d’attaquer les humains. Ce jeune homme n’y est pour rien, j’en suis sûre. Pas vrai ? »

Molly s’était tournée vers le brun, pour lui demander la confirmation de ce qu’elle savait déjà au fond d’elle. Ce pauvre type n’avait rien à voir avec la disparition de Reishiya, elle en était persuadée.

« Écoutez, je ne vous veux aucun mal. Je suis simplement venue au secours de White, et je vous ai blessés dans cette manœuvre. Mais ce n’est pas mon but. Si vous êtes d’accord, je peux vous aider. En commençant par soigner vos plaies, déjà, puis en vous prenant avec moi. J’étais en chemin pour aller voir mes parents à Omatsu, ils ont un grand manoir avec un terrain immense. On s’occupera bien de vous, là-bas. Et si vous souhaitez que cette solution ne soit que temporaire, je ne vous forcerai pas à rester. Mais il est hors de question que je vous abandonne ici. D’ailleurs, ça vaut pour vous aussi, White, et pour vos Pokémon. »

Doucement, Molly libéra la Luxio de ses entraves, restant néanmoins méfiante. Mais la petite lionne ne l’attaqua pas. À la place, elle fondit en larmes, avec des feulements à fendre l’âme… Le puma s’avança pour frotter sa tête à la sienne, la consolant du mieux qu’il pouvait. Il jeta alors un coup d’œil à l’humaine, puis acquiesça, indiquant par là qu’il prenait la responsabilité d’accepter sa proposition.

« Je suppose qu’il vous avait donné un nom, à tous les deux… »

Le Persian s’adressa au Gijinka, qui transmit à sa dresseuse. Ils en avaient eu un, mais le félin estimait qu’il serait préférable d’en obtenir un nouveau, pour pouvoir se reconstruire. Quand le gros chat se tourna vers l’Alchimiste, il lui lança un « Mao ! » sonore et assuré.

« Puisque c’est comme ça, toi, tu seras Mao Boy. Quant à toi… Elle ne sait pas se servir de sa foudre ? »

La Flamenoise avait compris que la lionne n’était pas en état de communiquer quoi que ce soit. Par le biais de Basilushian, elle put savoir que la Luxio ne pouvait plus utiliser sa foudre, ni ses éclairs, suite au choc provoqué par la perte de leur dresseur. Désolée pour la créature, la fille d’Alpha sourit néanmoins.

« Alors, nous allons conjurer ce sort funeste. Tu porteras dans ton nom le symbole de Raikou. Tu t’appelleras Brontès. »

La Meneuse rangea ses armes, ôta son heaume et ses gants, puis se mit à fouiller dans ses affaires, pour en sortir onguents et bandages. Avec lenteur, elle s’approcha de Mao Boy, qui se laissa faire sans bouger, et elle entreprit d’appliquer du baume sur les blessures du puma.

« Là, c’est bien. N’aie pas peur, je veux juste t’aider. White, je réitère ma proposition, mais je tiens à ce que vous m’accompagniez. Chez moi, on connaît pas mal de monde, dont des Guérisseurs réputés. Ma famille a un réseau assez étendu, et dans pas mal de domaines, alors autant que ça serve à quelque chose… Et votre Rhinocorne n’est pas en état de continuer, alors qu’il reste une trotte jusqu’à la prochaine ville. Au fait, le grand gaillard, là, c’est Basilushian, mon Hyporoi. Il peut prendre une apparence humaine depuis plusieurs années, maintenant, suite aux perturbations du Temps… La louve, c’est Hecate, et mon gros oiseau, c’est Steers. »

[Molly qui laisse pas le choix à White, magique xD « Nan mais tu viens et t’as pas le choix, cherche pas » x)]

[White Tama]

Pendant que la demoiselle se chargeait des deux félins, White s’était apporté les premiers soins avec l’aide de son fidèle compagnon, Samovar. Evidemment, il était logique et important qu’il voie un vrai Guérisseur pour soigner tout ça correctement. Mais malheureusement, cela allait laisser des cicatrices. Des cicatrices, il commençait à en avoir pas mal ; tout a commencé depuis son épreuve de Maître des Lames où il s’était laissé surprendre plusieurs fois par son examinatrice –elle avait un niveau tellement élevé qu’il était tout à fait normal qu’un novice comme lui se fasse avoir- ou lors de son combat contre son père. Triste période pour le garçon qui avait perdu un être cher. Et maintenant, attaqué par surprise. En fait, il commençait à avoir l’habitude, hein ? Pendant ce temps, Molly se débrouillait admirablement bien ; ses mouvements étaient bien précis et justes, elle était plus qu’une dresseuse. Elle savait quoi faire où et à quel moment et avec douceur, tenta de dialoguer avec les deux créatures sauvages pour mieux les comprendre. Mais ce qui choqua plus le garçon fut que son Hyporoi se transforme en humain ! Un humain avec une armure typique des habitants aquatiques. Il avait vaguement entendu parler de ce « pouvoir », qu’un Pokémon puisse transformer en humain mais en voir en vrai, c’était toujours impressionnant ! Puis doucement, il écouta le dialogue qui s’échangeait entre eux. Les Pokémon n’étaient pas si sauvages que ça finalement puisque White constata que Molly connaissait l’ancien maître de ses deux Pokémon. Et lorsqu’elle mentionna l’ancien nom du dresseur, Reishiya, le jeune homme tenta de se souvenir s’il connaissait un fameux Reishiya. Des fois qu’il l’aurait agressé par le passé –sans le faire exprès- ou rencontré. Mais il n’avait rencontré aucune personne de ce nom alors il ne comprenait pas trop pourquoi ils s’en étaient pris à lui aussi sauvagement.

Molly proposa alors aux deux créatures maintenant devenues dociles de l’accompagner au manoir de ses parents pour les soigner. Et puisqu’elle connaissait l’ancien maître du Persian et de la Luxio, elle se sentait touchée de sa disparition, aussi elle voulait aider ces deux félins à s’en remettre. Cette jeune femme était vraiment attentionnée. Pourtant, lorsqu’elle avait revêtu sa tenue de « combat », elle semblait être une toute autre personne. Et puis soudain, elle s’adressa au brun qui sursauta en entendant son prénom. Quoi, lui aussi devait venir ? Ainsi elle lui proposa de venir chez ses parents pour qu’un Guérisseur s’occupe de ses blessures. Molly ne manqua pas de mentionner la fatigue d’Aconit.

« Pardon ? Non je ne voudrais pas vous déranger… Déjà que vous êtes venue à mon secours… »

Quand même, ramener un inconnu chez elle. Si elle vivait seule oui mais là chez ses parents… White ne se sentait pas très à l’aise. Qui sait comment les choses pourraient tourner ? Mais voyant le regard appuyé de la belle mais aussi de son Pokémon sol qui en avait un peu marre de cette chaleur et avait eu terriblement peur, le brun haussa les épaules et s’avoua vaincu. Samovar approuva la décision de la Flamenoise car son dresseur n’était pas apte à faire le voyage seul, surtout avec des blessures pareil. Qui sait s’il retombait sur des créatures aussi féroces que celles-ci hein ? White regarda son compagnon et soupira, il n’avait pas tord, et puis sa mission n’avait pas de limite dans le temps. Ce fameux Oracion devra attendre.

« Bien. Vous avez raison. Après tout, je vous dois bien la vie et je ne connais pas bien Omatsu car je n’y suis jamais allé. Votre aide me sera précieuse pour trouver un Guérisseur qui pourra me soigner. »

White regarda Samovar et celui-ci se mit à sourire. Voilà, c’était une sage décision. En plus, il n’était que partiellement guéri, ses membres lui faisaient encore mal et ne parlons même pas de son dos ou de son épaule droite. Les bandages commençaient d’ailleurs à se teinter de rouge, l’hémorragie n’avait pas été totalement arrêtée… Le brun rangea ses affaires et rappela ses Pokémon en prenant soin de les remercier et leur promit de faire en sorte qu’ils se reposent eux aussi. Surtout Aconit qui n’avait du jamais faire une marche aussi longue. Après, il ne connaissait pas grand-chose de lui, juste qu’il s’agissait d’une monture Pokémon qu’il avait reçu après obtention de son diplôme et statut de Maître des Lames. Une fois prêt, le garçon attendit que Molly le soit et tous deux grimpèrent sur le dos de l’imposant Airmure. Mal à l’aise, White eut du mal à s’installer et surtout, de se tenir correctement… Il hésita à plusieurs reprises quant à savoir comment s’accrocher et finalement, posa ses mains sur les hanches de la demoiselle, s’excusant par avance de son geste. Encore il y aurait une selle, White se serait accroché au cuir mais l’Airmure n’en possédait pas. Rougissant de gêne, il la laissa alors diriger son Pokémon pour que les deux jeunes gens puissent se rendre à Omatsu, et plus particulièrement dans la demeure des Hale.

L’oiseau de métal survola la ville et White découvrit alors Omatsu : c’était une imposante cité, protégée par de puissantes murailles. Apparemment, c’était ici que vivait la famille royale. Molly avait mentionné que ses parents possédaient une grande demeure, sa famille devait être plus moins liée aux pouvoirs politiques du royaume… White pouvait-il les rencontrer alors qu’il venait d’une vulgaire famille de dernier ? En plus, son père était un assassin parce qu’il avait tué son ancien maître mais peut-être qu’il était aussi recherché par le palais royal pour d’autres méfaits… On ne lui avait rien dit là-dessus, que ce soit Arhead ou Rashawn… Et sûrement que le garçon s’entraînait tout seul dans une galère pas possible en venant ici. Non, ce n’était pas possible, il devait amener une missive à Oracion. D’ailleurs, le garçon ne savait rien à son sujet ; allié ou ennemi ? Comment est-il ? Où vivait-il ? De toute façon, actuellement, White n’était pas en état de se balader dans la cité car il était très faible et ses blessures se rouvraient. La douleur revint soudainement et il espérait qu’une chose, qu’ils arrivent bientôt car le jeune homme avait bien du mal à se tenir correctement, manquant sous peu de tomber à la renverse…  

[ Hrp : va mon Whity, elle ne te mangera pas 8D ]

[Molly Hale]

White essaya bien de protester en refusant la proposition de Molly, arguant qu'il ne voulait pas la déranger davantage. Il estimait sans doute avoir déjà abusé de la gentillesse de la rousse... Mais celle-ci ne se démonta pas, et elle ancra son regard d'un bleu profond dans celui du brun, qui renonça et déposa les armes.

« Parfait ! Vous voyez que vous savez être raisonnable, quand vous le voulez. »

Un peu moqueuse et taquine, mais pas méchante pour autant, la Flamenoise se tourna vers les deux Pokémon, qu'elle avait sommairement soignés, en désinfectant leurs plaies pour apaiser leurs brûlures et leurs tourments.

« Quant à vous... Je suis désolée, ça ne sera pas forcément très agréable, mais je vais devoir vous capturer, au moins temporairement, pour vous transporter jusqu'à chez moi. Mon Airmure est grand, et solide, mais il ne pourra pas porter autant de monde sur son dos. De plus, être dans une Ball vous évitera d'être secoués dans tous les sens pendant le voyage, et ça évitera à vos blessures de s'aggraver. »

D'un air sérieux, Mao Boy hocha la tête, se laissant enfermer dans une sphère sans broncher. Brontès, elle, fut un peu plus réticente, mais en voyant son compagnon englouti dans le rayon lumineux, elle accepta de subir le même sort, de mauvaise grâce, ceci dit. Quand elle en eut terminé avec eux, la fille d'Alpha rappela sa louve noire, après l'avoir remerciée pour son aide, puis aida White à se jucher sur Steers, avant de prendre place devant lui.

« Je monte à cru, en temps de paix, alors il va falloir s'accrocher à moi. Tant que j'y pense, si on se tutoyait ? J'ai l'impression d'avoir à peu près le même âge que toi, c'est ridicule de continuer dans les politesses, je pense. D'ailleurs, prépare-toi : mon père a tendance à être familier très vite avec les gens, ne sois pas surpris s'il te parle comme s'il t'avait toujours connu. Quand on sait qu'il tutoie les plus grands Chercheurs et Archéologues du monde entier avant même de se présenter à eux... Allez, on décolle. »

L'énorme rapace s'arracha au sol desséché de la Pampa, s'envolant en direction de la capitale du Feu, suivant les directives de sa cavalière. Mais alors que Molly sentait son cœur se serrer, à la vue du manoir qui se profilait devant eux, elle sentit son passager faiblir, à deux doigts de glisser de leur monture. D'une voix forte et assurée, elle lança, pour couvrir le bruit du vent cinglant qui sifflait dans leurs oreilles :

« Eh, White, reste avec moi ! C'est pas le moment de flancher, regarde ! C'est juste là. Garde les yeux ouverts, on arrive. Steers, y'a urgence, fonce ! »

Aussitôt, le rapace de métal fondit en piqué vers la gigantesque demeure, tandis que la jeune femme attrapait les mains du Flamenois pour les maintenir de force sur ses hanches. Elle devait à tout prix lui éviter une chute, qui serait mortelle de cette hauteur, surtout avec les blessures qui couvraient déjà son corps... En bénissant son entraînement de guerrière confirmée, qui lui permettait de rester sur son Pokémon grâce aux muscles de ses jambes, elle fixa l'un des employés du manoir des Hale, employé qui se mit à crier de terreur, avant de reconnaître la jeune femme et de hurler un : « la jeune maîtresse est de retour ! ». Tandis que le groupe se posait plus ou moins en catastrophe, Molly pivota rapidement sur son oiseau de fer, descendit, puis aida le brun à faire de même, sans lâcher une seule fois ses mains.

« J'ai un blessé avec moi, il a besoin de soins, vite ! »

Reconnaissant soudain le Guérisseur de la famille, près de l'entrée du domaine, la jeune noble le héla, en lui désignant son protégé. L'homme accourut, estima rapidement l'état de santé de White, puis donna très vite des indications précises. On amena une civière sur laquelle le brun fut allongé, cautérisé une nouvelle fois, avec plus de technique et d'efficacité, cette fois, puis emmené à l'intérieur de la demeure.

« Ne t'en fais pas, c'est le meilleur docteur que je connaisse. Il va te retaper en un rien de temps, crois-moi. Je te rejoins dès que possible. Je te laisse la sphère de Basilushian, il te tiendra compagnie en attendant que j'arrive. »

Joignant le geste à la parole, Molly fourra la Ball de son Hyporoi dans la main de White, dont elle referma les doigts, histoire qu'il ne lâche pas l'objet. Tandis qu'elle voyait le brancard s'éloigner, elle sentit des regards peser sur elle et, sachant très bien ce qui l'attendait, affronta néanmoins la réalité en se tournant vers leur origine.

« Papa... Maman... Vous m'avez... Tellement manqué... »

La Flamenoise les laissa venir jusqu'à elle et l'enlacer dans une longue étreinte, commençant enfin à combler les six ans d'absence de leur fille. Six années durant lesquelles elle n'avait envoyé que quelques lettres, d'abord par étourderie, puis par manque de courage, après tout ce qu'elle avait vécu. Sachant pertinemment qu'elle ne pourrait plus les refouler, elle autorisa ses larmes à dévaler librement ses joues, enfin libérée de ce fardeau qu'elle avait porté si longtemps.

Il fallut un long moment à la jeune femme pour retrouver l'usage de la parole. Lorsqu'enfin elle put dire quelque chose, elle articula :

« Pardon de n'avoir rien dit, pendant tout ce temps... Mais c'était trop dur. Je vous raconterai, peut-être pas tout, mais l'essentiel. Comment vont Elemento et Taka ? »

La mère de Molly enchaîna directement sur les propos de sa fille, affirmant que les deux Pokémon qu'elle leur avait confiés étaient absolument adorables, gentils et serviables, sous leur forme humaine ou animale. Spencer, son père, ordonna aux valets et au majordome de faire le nécessaire pour que « l'énorme Airmure de sa fille » soit nourri et lavé comme il se devait, tout en insistant sur l'importance de lui donner un box spacieux, avant d'entraîner la rousse à l'intérieur.

« Désolée, je reviens à la maison et je crée déjà des problèmes en vous ramenant un blessé... Mais j'étais en route pour rentrer quand j'ai croisé son chemin. Je ne pouvais pas le laisser comme ça. »

Une fois dans le manoir, Molly s'excusa, puis rejoignit directement la chambre où on avait transporté White, ses parents sur les talons. Ils pouvaient la suivre s'ils le voulaient, mais elle voulait d'abord s'assurer de l'état du brun, avant de se lancer dans d'interminables récits de voyage.

[J'ai un peu joué White pour qu'on avance, si je dois changer quelque chose, n'hésite pas à me le signaler !]

[White Tama]

Avant qu’il ne prenne leur envol en direction d’Omatsu, Molly suggéra qu’il était temps pour eux de se tutoyer puisqu’apparemment, ils devaient avoir le même âge et qu’il n’était pas nécessaire de continuer dans de telles politesses. White acquiesça et se laissa alors porter à dos d’Airmure. La monture de Molly était très confortable, même sans selle car ils pouvaient tenir au moins à deux, ce qui n’était pas vraiment le cas pour Khamsin. D’ailleurs, le brun pensa à son compagnon ; pourra-t-il voler à nouveau ensemble ou tout ça était fini ? Il ne voulait pas y penser, cela lui briserait le cœur si ce n’était plus le cas… Le trajet n’était pas spécialement long mais pour White oui. Il sentait ses dernières forces le quitter, desserrant doucement son étreinte au niveau des hanches de Molly. Malgré l’intervention de la belle, White avait bien du mal à garder prise… Doucement, ses paumières se fermèrent, tenant vainement de lutter contre ça. Etant plongé dans un état presque d’inconscience, White entendit Molly quémander rapidement de l’aide. Aussitôt, un Guérisseur s’approcha du garçon, l’examina avant de demander à ce qu’on l’amène au manoir pour les soins. Se laissant faire car il n’avait plus la force de lutter, le garçon tenta d’ouvrir ses yeux et vit le doux visage de la rousse au-dessus du sien. Ses paroles étaient noyées, il n’entendait pas tout aussi bien qu’avant mais il sentit quelque chose se glisser dans la paume de sa main. C’était la sphère de Basilushian. Apparemment. Puis, il ferma ses paumières et sombra dans un état d’inconscience…

White était en train de rêver. Il rêvait et c’était mieux ainsi, car le Guérisseur pouvait s’occuper des blessures du patient sans que celui-ci ne le gène à cause de la douleur. Mais étrangement, le brun ne lâcha pas la sphère même si on le bougeait dans tous les sens pour s’occuper de son dos. Les soins se passaient dans difficulté, le Guérisseur étant expérimenté dans le domaine, Molly n’avait pas menti. Les soins terminés, le garçon fut amené dans une chambre du manoir, sûrement une salle réservée pour les invités. Confortablement allongé dans un grand lit, il ne se réveilla cependant pas. Mais il était soigné…

Son rêve se transforma soudainement en cauchemar.  Au début, il revoyait cet étrange rêve qu’il avait fait quand il se trouvait à Dyrinn en compagnie de Kaito. Le brun était en train de voler sur Khamsin au-dessus d’un village perché dans les arbres, sûrement Kabana. Mais surtout cette silhouette et cet étrange Ponyta aux flammes bleues à ses côtés. Alors qu’il s’apprêtait à descendre pour rejoindre cette personne, une fumée noire et opaque l’engloutit, lui et son Pokémon. Plongé dans l’obscurité, le garçon tenta de retrouver ses repères et après s’être débattu quelques secondes, la fumée se dissipa et son visage se décomposa. Et pour cause, White se retrouva chez lui, dans sa ferme familiale. Comment était-ce possible ?! Il l’avait détruite !! Puis il comprit qu’il était dans un rêve ; un rêve où il revoyait la scène. Cette tragique scène où Sandovan tuait Arhead de sang froid. Cette fameuse scène où il avait été impuissant pour protéger celui qui l’avait éduqué. Rongé par la colère, le White du rêve voulut frapper son père mais il le traversa, littéralement. White entendit alors le rire de son père, ce type, il allait vraiment le tuer…

« Aaah !! » cria-t-il.

Le blessé se réveilla en sursaut. Il eut un certain temps d’adaptation pour se rappeler qu’il n’était pas chez son maître mais chez Molly. White porta alors sa main gauche sur son front pour éponger partiellement sa sueur et remarqua les bandages bien faits. Il était tiré d’affaire. Mais lorsqu’il posa son bras le long de son corps, il fut surpris de voir Basilushian sous sa forme humaine, l’Hyporoi que Molly lui avait laissé avant son opération. Sa respiration se calma et voyant l’air inquiet de la « créature », White ne put s’empêcher de s’adresser à lui –espérant qu’il le comprenne- ;

« Pardon si je t’ai effrayé… J’ai… simplement fait un cauchemar… Oui, c’est sûrement ça… »

White ferma ses yeux et une larme coula. Arhead ne reviendra plus et pour le moment, son assassin voyageait tranquillement sur les terres Erasienne, ou ailleurs. Peut-être s’était-il réfugié à Tenkei après avoir revu son fils engagé dans l’armée de Flamen ? Pour le moment, il n’avait obtenu aucune donnée le concernant, il était dans le flou total. Mais il s’était juré de le retrouver. Cet homme n’avait plus sa place dans ce monde. Puis White entendit des bruits venant du couloir. Aussitôt il essuya ses larmes et voyant Molly entrer dans la chambre suivit de ses parents, le jeune homme se redressa du mieux qu’il put. Heureusement, Basilushian l’aida à s’assoir mais il était impensable pour lui de se lever du lit, pour le moment. Il s’excusa de ne pas pouvoir mieux se « tenir » devant les maîtres des lieux :

« Bonjour Monsieur, Madame. », commença-t-il, légèrement tendu par la présence de Nobles. « Je suis désolé du dérangement… Molly… » il hésita puis se reprit, ne sachant pas trop comment étaient ses parents « Votre fille m’a sauvé la vie alors que je me faisais agresser par deux Pokémon sauvages, dans la Pampa de Solaroc. Je l’ai grandement remerciée pour m’avoir sauvé et maintenant, je vous remercie de m’avoir soigné et accordé le repos dans votre demeure. » dit-il en penchant légèrement sa tête en avant par politesse. « Je m’appelle White Tama. Je ne suis pas un Noble alors je m’excuse par avance si je ne connais pas les coutumes pour m’adresser à vous correctement mais aussi de ma présence encombrante au sein de votre manoir. »

Tendu. White était très tendu par leur présence. Et ce n’était sûrement pas bon pour son rétablissement. Puis il se redressa doucement pour regarder la famille, visiblement au complet. Il repensait à son père, mais aussi à sa mère. Peut-être qu’ils auraient pu être réunis ainsi, dans une autre vie… Non, maintenant ce n’était qu’un rêve absurde…

[Molly Hale]

Molly, dans la chambre réservée aux invités, s’était assise sur une chaise en bois verni, près du lit dans lequel on avait installé White. Ce dernier semblait rêver, paisiblement d’abord, puis en s’agitant, ce qui fit froncer les sourcils à la rousse. Inquiète, elle prit doucement la main du brun dans la sienne, tentant de rassurer son avatar onirique en passant par le monde physique. Elle était loin d’être experte ou d’être Marcheuse de Rêves, mais si sa présence pouvait épauler le jeune homme dans son sommeil...

En chuchotant, elle s’adressa à ses parents.

« J’espère qu’il n’aura pas de séquelles... Les deux Pokémon qui l’ont attaqué n’ont pas fait semblant. Ah, je vous les présente, d’ailleurs. Ils auront peut-être aussi besoin de soins, mais j’ai fait le nécessaire sur place, alors ça devrait aller. »

De sa main libre, elle libéra les deux félins. Le Persian s’ébroua rapidement, commençant tout de suite à observer les nouveaux lieux, tandis que la Luxio, méfiante, se recroquevillait dans un coin, manifestant son désir de s’isoler et d’avoir la paix.

« Lui, c’est Mao Boy, il a l’air d’être l’aîné. C’est lui qui a réussi à convaincre Brontès d’accepter de m’accompagner jusqu’à la maison. Elle a beaucoup de plaies, mais la grande majorité n’est pas visible pour les yeux... »

Le père de Molly s’approcha du Persian, qui se laissa caresser bien volontiers, plutôt docile. Mais quand la mère de la jeune femme tenta de toucher la lionne, elle n’eut pour toute réponse qu’un feulement courroucé en guise d’avertissement.

« Laisse-la tranquille pour le moment, Maman. Inutile de la forcer à quoi que ce soit, tu vas juste la braquer davantage. »

Penché au-dessus du blessé, l’Hyporoi humanoïde attira l’attention de sa dresseuse, qui lâcha la main de White. La Meneuse se leva, puis sortit avec ses parents, laissant son Pokémon seul dans la pièce avec le jeune homme. Immédiatement après, ce dernier se réveilla en sursaut, avec un cri. Basilushian secoua doucement la tête de gauche à droite, en signe de dénégation, en répondant simplement un « pas de problème » aux excuses du Flamenois. À l’extérieur, Molly dit à ses parents, d’une voix à peine audible :

« Attendons un peu et laissons-le se réveiller tranquillement. S’il faisait un cauchemar, il n’a peut-être pas envie de montrer son trouble à des inconnus. »

Puis, lorsqu’elle estima qu’ils pouvaient y aller sans risque de le surprendre, Molly leur fit un signe, et ils entrèrent de nouveau dans la chambre. Le geste fugace du brun n’échappa cependant pas à la fille d’Alpha, qui choisit, par délicatesse, de ne rien montrer. Elle constata seulement qu’elle avait vu juste, et qu’elle avait bien fait de faire sortir les Hale... Tandis que le Gijinka aidait le blessé à se redresser sur ses coussins, la Meneuse, elle, se rasseyait sur la chaise, alors que Mao Boy s’approchait d’elle pour s’asseoir à ses côtés. Attendrie, elle le caressa sur le crâne, non sans jeter un coup d’œil inquiet à Brontès, toujours prostrée dans un coin. Mais elle se promit de s’en occuper le plus vite possible, une fois qu’elle aurait parlé avec White. Le garçon salua les Hale, les remercia pour leur hospitalité et s’excusa, une fois de plus. La rousse eut un rire cristallin.

« Oh, ne t’en fais pas pour ça ! Tu sais, notre lignée est de sang noble, mais Papa et moi, on se fiche pas mal de l’étiquette et de la bienséance, alors quand on peut éviter toutes ces simagrées... Maman, par contre... »

Alors que Mme Hale lançait un « Molly, enfin, voyons ! » courroucé, son mari et sa fille, eux, éclataient de rire, prenant un malin plaisir à la taquiner sur ce sujet classé comme « sensible » pour elle.

« Enfin, ne t’inquiète pas, on ne t’en tiendra pas rigueur, et tu es blessé, tu as un peu autre chose à faire que de te préoccuper de tous ces codes vieillots qui... Bref ! »

La jeune femme s’arrêta là, sentant le regard appuyé de sa mère. Les plaisanteries les plus courtes étaient les meilleures...

« Donc, je te présente Spencer Hale, mon père, et Rukma Hale, ma mère. Ils sont tous deux Archéologues, et Papa est Dompteur, à ses heures perdues, quand il n’a pas le nez dans ses fouilles... Les deux Pokémon que je leur ai envoyés avant de partir pour le Temple de la Terre ne devraient pas tarder à arriver, eux aussi... Tiens, d’ailleurs, je les entends. »

Effectivement, quelqu’un dévala l’escalier et déboula dans la chambre en courant : une Zigzaton assez petite qui, en sautant dans les bras de Molly, se changea en humanoïde d’une douzaine d’années, en criant :

« Mamaaaaaaaaaaaaan ! Tu es rentréééée ! »

Rukma Hale observa la scène d’un air bienveillant, même si elle se sentait vieillie par le terme que venait d’employer la Gijinka. La rousse, quant à elle, serra sa protégée dans ses bras, en caressant ses cheveux châtain foncé.

« Oui, je suis là, et je vais bien. J’ai amené de nouveaux amis avec moi, en plus. »

Dans l’encadrement de la porte, un jeune homme vêtu de gris, de noir et de blanc sourit à sa dresseuse, qui lui rendit son regard, en souriant à son tour.

« Alors, la petite dans mes bras, c’est Taka, et le gaillard qui se tient à l’écart, là-bas, c’est Elemento, mon Zarbi. Taka, Elemento, voilà Mao Boy et Brontès, que j’ai recueillis dans la Pampa, et White, que j’ai « recueilli » là-bas aussi, si je puis dire, pendant une bataille avec ces deux-là. White, Maman, Papa, tant que j’y suis... »

D’un geste vif de la main, l’Alchimiste libéra tous ses Pokémon.

« Zourika, Basilushian (un Hyporoi), Hecate et Kuma. Oui, c’est bien Kuma, elle a un peu changé depuis mon départ ! Et ce Pokémon, c’est ma monture de guerre jalouse et protectrice. Il me fait un peu la tête depuis quelques heures, mais bon, sans rancune, hein, Tamekyn ? »

Le Ponyta aux flammes d’azur râla un peu, mais se laissa finalement caresser, de mauvaise grâce. Pour faire semblant d’effrayer l’assistance, il fit tripler ses flammes de volume, déclenchant un nouvel éclat de rire chez Molly. Mais lorsqu’elle prit conscience du petit monde qui se trouvait à présent dans la pièce, elle se tourna vers le brun, un peu gênée.

« Oups ! Avec tout ça, je n’ai pas pensé que tu aurais besoin de repos et de calme... Désolée ! On va tous sortir pour te laisser tranquille, si tu veux. Et d’ailleurs, comment tu te sens ? »

[Invasion dans ta chambre, deal with it xD]

[White Tama]

La présence de Molly à ses côtés l’aidait grandement, surtout à faire face à ses parents : comment réagiront-ils en voyant que le garçon qu’elle ramenait chez eux était  fils de fermier ? Enfin, ça c’était la version officielle car officieusement, White était le fils d’un assassin, mais le bruit concernant Sandovan ne semblait pas s’être encore tellement répandu dans la région. Tant mieux. Enfin quand même, Rashawn ne l’aurait pas renvoyé à Flamen si le garçon était recherché ! Il ne prendrait pas le risque de perdre son « protégé » surtout qu’il avait promis de le former pour devenir meilleur. En tout cas, pour le moment le garçon pouvait souffler en tout tranquillité. Malgré tout, White salua convenablement, du moins comme il le pouvait, les parents de la jeune femme. C’est alors qu’elle prit la parole, le rassurant que ses parents n’étaient pas aussi attachés sur les coutumes et la noblesse, sauf peut-être sa mère. Puis Molly se fit légèrement réprimander par sa mère ce qui arracha un léger rire au garçon. Comment c’était étrange, il se sentait bien et même s’il ne connaissait pas encore bien les parents de la rousse, il ne pouvait s’empêcher de sourire. Puis doucement, il ferma les yeux, essayant de se rappeler quelques souvenirs joyeux qu’il avait pu vivre avec les siens. Ils n’étaient pas aussi nombreux que ça finalement mais ils étaient si précieux pour le brun…

Puis Molly fit les présentations : Spencer et Rukma Hale. Le garçon suivit du regard les deux êtres et les salua en baissant légèrement sa tête par politesse. Mais le calme ne dura que quelques secondes car dévalant les escaliers à triple galop, un Zigzaton sauta dans les bras de Molly et sous les yeux grands ouverts du garçon, se changea en une petite fillette. White, se tourna alors vers Basilushian et comprit qu’il n’était pas le seul alors à pouvoir devenir humain. Décidément, il avait loupé un truc super important là, depuis quand les Pokémon peuvent-ils devenir « humain » ? Mais malheureusement pour lui, Molly profita de ses retrouvailles avec ses parents pour faire sortir tous ses Pokémon. Oui. La chambre du blessé devint vite une chambre de foire et vite encombrée. Il ne savait plus trop où se mettre pour ne pas gêner le petit monde. Mais ce qui le captiva le plus fut le Ponyta de Molly ; il avait des flammes bleues, comme celui de son rêve ! Alors il l’avait rencontrée dans son rêve ? Intrigué, le garçon posa ses yeux sur Molly. Avait-il fait un rêve prémonitoire ? Oui mais dans son rêve, il la voyait à Kabana, pas à Omatsu… Etrange. Après ce n’était qu’un rêve, elle n’était sûrement pas la seule à possédait une telle monture chromatique… C’est alors que la concernée se tourna vers le brun et lui demanda comment il se sentait. Gêné, il détourna légèrement son regard, rougissant ;

« Euh… Beaucoup mieux. Merci. »

Avait-elle senti qu’il l’observait ? C’était limite de l’harcèlement, non ? Et son père, avait-il ressenti cela comme du harcèlement ? Après tout, c’était sûrement leur fille unique, il ne laissera pas n’importe qui l’approcher… Non pas que White avait des vues sur elle, loin de là ! Enfin là, il s’embrouillait plus qu’autre chose et ce n’était pas très bon pour lui. En tout cas, il ne pouvait s’empêcher d’être jaloux. Jaloux de voir une famille si heureuse. Mais il ne pouvait lui en vouloir, il n’avait juste pas eu la même chance. Finalement, voyant que cela faisait un moment que Molly n’avait pas revu ses parents, White se sentit de trop. Aussi, doucement, il s’adressa à elle ;

« Si cela ne te dérange pas et si j’en ai l’autorisation, j’aimerais me dégourdir un peu les jambes… »

Attendant l’autorisation de la demoiselle, le garçon s’épaula à Basilushian, toujours sous sa forme humaine pour sortir du lit. Avec politesse, il s’excusa auprès des maîtres des lieux de quitter la chambre ainsi. Puis il demanda au Pokémon de Molly s’il pouvait l’emmener jusqu’aux jardins. Oui, les Hale avaient sûrement de beaux jardins, mieux entretenus que le manoir de Rashawn, pour sûr… Allant au rythme de l’humain, Basilushian conduisit le jeune homme comme convenu dans les jardins. Et comme il se l’imaginait, ils étaient magnifiques et il y avait une telle variété de plantes et de fleurs ! Voyant l’émerveillement du garçon, l’Hyporoi le conduisit alors sûrement vers l’endroit le plus beau du manoir, à savoir un petit kiosque au milieu d’un bassin. Bon l’eau, c’était pas trop le truc de White mais doucement, l’humanoïde l’y emmena et le fit s’assoir sur une chaise qui s’y trouvait.

« Merci de ton aide… C’est juste temporaire… Je pourrais remarcher. » dit-il en riant légèrement.

Puis ses yeux se portèrent sur son environnement ; comme c’était calme et tellement apaisant, il s’y sentait bien. Très bien même et l’air était plus frais qu’à la Pampa de Solaroc. Bien mieux qu’à Terros aussi mais ça, c’est sûrement dû au fait que Rashawn est célibataire et qu’il manque de femmes dans son manoir… Doucement, White se laissa bercer par les bruits du décor, se sentant plus à l’aise seul. Malheureusement, des bruits un peu plus en retrait se faisaient entendre et dérangeaient la quiétude que ce lieu émanait. Ils devinrent même plus imposants, voire complètement dérangeants pour White qui n’aimait pas trop ce bruit de fond. Mais à peine eut-il le temps de se retourner pour voir d’où venait se raffut qu’une ombre se glissa sur le bassin pour venir se poser sur la balustrade en pierre.

« Mais… Aigual ? Que fais-tu en dehors de ta balle ?! » s’étonna le garçon.

Sa grenouille bleue se tint devant lui, étant parfaitement bien positionnée sur ses quatre pattes. Le Pokémon plongea alors son regard dans celui de son dresseur. Peut-être qu’il avait senti que son dresseur n’était pas en si grande forme. Enfin quand même, de là à sortir comme ça… Décidément, il n’en faisait qu’à sa tête et en évoluant, ça ne s’était pas arrangé. Puis le brun entendit des voix qui venaient de l’autre côté du bassin. Voyant l’inquiétude du batracien, le garçon soupira ;

« Tu es vraiment impossible toi… Tu débarques comme ça, comme si de rien n’était… »

Doucement, White se redressa en s’aidant de la chaise et se penchant en avant pour s’excuser auprès du personnel du manoir concernant la soudaine apparition de son Pokémon et de la gêne que celui-ci aurait occasionnée. Puis il reporta son attention sur son Pokémon qui semblait inquiet de voir son dresseur avec de tels bandages. Rassurant sa créature, White lui caressa la tête :

« Tu n’as plus à t’inquiéter, j’ai été soigné, il me faut juste un peu de repos. » puis doucement « Je ne voudrais pas plus la gêner, elle et sa famille…Et… ».

A nouveau, un cri se fit entendre venant du personnel. Et pour cause, sa Feuforêve lévitait doucement dans sa direction, suivit de Kiito et Oku, puis de Samovar. Ses Pokémon vinrent à sa rencontre, le câlinant et s’assurant que son dresseur allait mieux.

« Sérieux ? Je vais bien alors arrêtez… Je suis désolé si vous vous êtes inquiétés… Mais je vais bien… vraiment… »

White se sentait plus que gêné, non seulement il monopolisait une chambre, il logeait chez des inconnus, comme s’il s’était incrusté mais aussi parce que ses Pokémon s’étaient libérés pour rejoindre leur maître. Bon au moins, ils l’aimaient et c’était plutôt un sentiment agréable. Et puis c’est vrai qu’au manoir de Rashawn, il n’avait eu guère l’occasion de les voir tous réunis ainsi… Il ne manquait plus qu’Aconit mais heureusement qu’il n’était pas sortit de sa balle, il aurait tout cassé dans le manoir et la note aurait été salée, très salée… Et puis il y avait Khamsin… White espérait qu’il guérisse vite…

[ Hrp : moi aussi je peux tous les faire sortir o/ (ou presque) ]

[Molly Hale]

Molly sentit le regard du brun sur elle, et elle le soutint, se demandant pourquoi il lui accordait autant d’intérêt. Elle constata également que White semblait troublé par Tamekyn, et avec raison, même si la rousse se trompait sur les motifs de ses interrogations : elle pensait qu’il était tout simplement surpris de voir un Ponyta aux flammes bleues, alors qu’elles étaient habituellement rouges, voire orangées. Elle était bien loin d’imaginer qu’il l’avait déjà vu en rêve... Quand elle le vit rougir en répondant à sa question, elle lui sourit. Ce garçon avait l’air très timide, mais elle ne lui en voulait pas. C’était probablement dans son caractère, après tout.

Lorsqu’il demanda l’autorisation d’aller se dégourdir les jambes, Molly le dévisagea d’un air franchement étonné.

« Mais bien sûr que oui ! Ne prends même pas la peine de demander si tu peux circuler ou pas dans le manoir, tu es libre d’aller où bon te semble, tant que tu n’essaies pas de rentrer dans le capharnaüm de Papa. Tu risquerais de te prendre les pieds dans à peu près tout ou n’importe quoi, et tu prendrais peur en voyant le désordre qu’il y a là-dedans. À part ça, tu peux aller où tu veux. »

Échangeant un regard entendu avec Basilushian, la rousse le laissa accompagner White, tandis qu’elle donnait quelques instructions au personnel pour le soin de ses propres Pokémon. On conduisit Tamekyn et Zourika dans un box, non loin de Steers, déjà installé, tandis que Kuma, elle, préférait rester à se faire câliner par les Hale, trop heureuse de les revoir après tant de temps. Elle avait changé de gabarit, mais elle demeurait, au fond, une gamine...

Préoccupée par Brontès, la Meneuse posa Taka au sol, puis demanda à ses parents de sortir de la chambre, ce qu’ils firent sans poser de questions, confiants. Elle s’assit alors par terre, à environ deux mètres de la lionne, et prit de la nourriture dans son sac. Devant la méfiance de la Luxio, elle croqua dans un des morceaux de viande séchée qu’elle tendait au Pokémon.

« Ne crains rien, je ne vais pas t’empoisonner. Tiens, regarde, j’en donne à Mao Boy aussi. »

Déjà conquis par la jeune femme, le Persian mangea de bon cœur, sous l’œil agacé de Brontès. Patiente, Molly mit un bout de viande devant le museau de la lionne, puis attendit, en silence. De longues minutes s’écoulèrent avant qu’enfin, le félin électrique ne consente à venir humer le présent, pour croquer timidement dedans. Constatant que ce n’était effectivement pas nocif, elle engloutit le reste, puis lorgna sur le sac de la rousse, qui sourit en lui donnant le reste. Quand elle eut fini de manger, elle s’allongea à même le sol, puis avança vers l’humaine, en rampant presque, progressant avec lenteur et méfiance. Finalement, elle renifla la main tendue de sa bienfaitrice, avant d’y donner une léchouille mal assurée. D’un air bienveillant, la Meneuse effleura la fourrure sale et emmêlée de la bête, avant d’y poser ses doigts, puis sa paume, en douceur.

« Là, n’aie pas peur. Je ne te veux aucun mal. Tu es pleine de sang et de poussière... Ça doit te gêner, non ? Je suppose que tu n’as pas réussi à tout enlever en te lavant... On peut peut-être remédier à ça, non ? Qu’est-ce que tu en dis ? »

Brontès émit un grognement, signifiant par là qu’elle n’aimait pas tellement l’eau, mais que dans le cas présent, elle n’avait pas trop le choix. Avec des gestes lents et calculés, Molly se releva, se pencha pour ramasser la lionne, qui se tendit dans ses bras, encore stressée, puis se dirigea vers la salle d’eau, avec le reste de sa troupe sur les talons. Elle passa un long moment à nettoyer les plaies et la saleté du félin, avant de la sécher avec une serviette particulièrement agréable au toucher, histoire de ne pas irriter sa peau.

« Voilà, tu es toute propre. Mao Boy, à ton tour, maintenant. »

Une brève lueur de panique passa dans les yeux du puma, suscitant un éclat de rire chez Molly.

« Oh, allons, quand même ! Ne me fais pas croire qu’un grand gaillard comme toi a peur de l’eau ! Brontès n’a pas bronché, alors sois courageux un peu, tu veux ! »

Quand la « torture » fut terminée, le Persian s’échappa pour aller courir dans le patio, trop effrayé à l’idée qu’il y ait une suite encore plus terrible à ce traitement. La jeune femme en profita pour faire prendre un bain à tous ses Pokémon présents, à savoir Kuma (ce fut difficile), Hecate et Taka, qui s’était changée de nouveau en Zigzaton. Pour finir, la rousse s’accorda une pause, elle aussi, et ce furent propres comme des sous neufs qu’ils ressortirent tous de la salle d’eau, alors que des cris résonnaient dans le manoir. Voyant des Pokémon inconnus la dépasser à toute vitesse et foncer vers le kiosque, la fille d’Alpha en déduisit qu’ils appartenaient à White et qu’ils étaient pressés de retrouver leur maître, indiquant par la même occasion l’endroit où se trouvait l’invité des Hale.

« Maman, tu ferais du thé, s’il te plaît ? Je pense que notre protégé a bien besoin d’un petit remontant... Et comme je pense que l’alcool n’est pas une super idée... Merci. »

Rejoignant le brun dehors, elle s’assit sur la chaise à côté de la sienne.

« Alors, c’est ta petite troupe ? Je ne connais pas cette grenouille, c’est un Pokémon de là-haut ? Ou bien fait-il partie des espèces découvertes un peu partout après la catastrophe de Mewtwo ? »

La Zigzaton, qui avait repris sa place favorite, dans le col du haut de Molly, vint quémander quelques caresses, et Molly, amusée, la saisit pour la soulever et la faire bouger dans tous les sens, comme si elle volait. Spencer arriva alors comme une furie, coupant net Taka dans son hilarité : le mouvement qu’avait fait sa fille avait relevé un peu son haut, révélant le fouet à plaques accroché à sa ceinture. Rukma, qui venait de poser le plateau à thé sur la table tout proche, avisa quant à elle la cicatrice qui barrait la hanche de Molly, et elle pâlit.

« Papa ! Enfin ! Tu peux demander avant de me l’arracher, tu sais ! »

Un peu fâchée, elle récupéra Chante-Acier.

« Oui, c’est mon arme de Dompteuse, enfin, de Meneuse, maintenant, si tu te demandes... Je suis Alchimiste depuis plusieurs mois, aussi. Et je prévois de me lancer dans la recherche, comme vous, mais dans un domaine plus large. Être Archéologue ne me suffirait pas, alors je vais m’orienter vers la voie du Chercheur. »

Devant l’angoisse croissante de sa mère, la jeune femme fut obligée d’ajouter, d’une voix calme et sereine, pour ne pas affoler Rukma :

« J’ai participé à des combats, notamment (Maman, assieds-toi, ça vaudra mieux, s’il te plaît) à la seconde bataille qui a opposé l’Alliance de l’Eau et de l’Air à Flamen, dans les plaines de Mizuhan. La cicatrice que tu as vue est vieille, et elle est parfaitement guérie, ne t’inquiète pas. J’ai perdu beaucoup de choses, mais pas pendant la guerre. Après, surtout. Enfin, c’est du passé, tout ça. N’en parlons plus. »

Après avoir jeté un œil au puma roulé en boule contre la lionne, un peu plus loin, elle se tourna vers White.

« Et toi ? Tu as des passions, des rêves ? Des projets, peut-être ? Enfin, si tu ne veux pas en parler, ne te sens pas obligé. Tu es notre invité, mais ce n’est pas pour autant que tu dois nous dire des choses que tu préfères garder pour toi. »

Le regard d’azur de la rousse croisa les rubis du brun, alors qu’une expression chaleureuse et douce se peignait sur son visage. Elle faisait tout pour mettre le garçon à l’aise, tout en lui faisant comprendre qu’elle s’intéressait à la personne, et pas seulement au blessé qu’il était actuellement. D’un air distrait, elle retira une bouloche de la fourrure drue de Taka.

[Toute la famille au grand complet XD It’s tea time, prends des biscuits et mets-toi à l’aise xD]

[White Tama]

White fut alors envahi par ses compagnons qui ne cessèrent leurs câlineries et léchouillent pour certains. Légèrement envahissants, le garçon les força à arrêter, d’une parce qu’il était gêné et que jusqu’à présent, ils n’avaient jamais été aussi affectifs tous ensembles pour sa personne mais de deux parce qu’il était encore en convalescence. Une fois cela fait, il soupira doucement et les remercia d’être là pour lui. Pour certains, notamment Kiito, Oku, Hime et Aigual, il leur expliqua ce qu’il s’était passé et comment il était arrivé ici, dans cette demeure inconnue pour eux. Puis il se rassit sur sa chaise, un peu exténué par tant de mouvements d’un coup, c’était trop pour lui… La main sur son front, tentant de calmer sa peur de retomber dans l’inconscience, il entendit un mouvement de chaise à côté de lui et doucement, vit Molly s’installer à côté de lui. Elle demanda alors si c’était ses compagnons de voyage et son regard se porta ensuite sur la grenouille bleue, assise sur la rambarde de pierre, à son aise.

« De là-haut ? » il eut un petit temps avant de comprendre. « Ah de Tenkei. Oui c’est là-bas que je l’ai capturé et peut-être qu’il fait partie d’une des espèces découvertes après la colère de Mewtwo. » un sujet dont il ne s’était pas questionné. « Aigual n’était qu’un Grenousse quand on s’est rencontrés et maintenant, le voilà sous une forme évoluée. »

Voyant qu’on parlait de lui, Aigual fit sortir sa grande langue avant de la faire rentrer, tout en posant. Apparemment, il aimait bien être le centre d’attention, première nouvelle… Puis la Zigzaton de Molly revint auprès de sa dresseuse. White constata qu’elle était très attentionnée autant pour les Pokémon que pour les humains. C’était une bonne personne. Mais quelque chose attira l’attention du jeune homme quand elle souleva son Pokémon ; une cicatrice. D’abord il observa l’entaille puis porta son regard vers son visage radieux de jouer avec sa créature. C’est alors que Mr Spencer arriva et sembla demander des informations concernant une certaine « arme » que possédait sa fille.

Légèrement en retrait, White se fit discret, ne voulant pas interférer dans une affaire familiale mais il était tout de même curieux. Il demanda alors doucement à Kiito et Oku, qui jusqu’à présent étaient bien sur les cuisses de leur dresseur tout en jouant ensembles de rejoindre Samovar qui s’était allongé tranquillement dans l’herbe des jardins… Quittes à ce qu’il l’embête plutôt que leur maître. D’une oreille attentive, il comprit alors que Molly était devenue Meneuse et récemment Alchimiste. Voilà pourquoi elle maîtrisait si bien son élément et maintenant, elle visait la classe Chercheur. White en conclut qu’elle était très brillante et savait parfaitement ce qu’elle voulait faire de sa vie. Lui, c’était une toute autre histoire…

Puis sa mère semblait vouloir obtenir d’autres informations, notamment sur la fameuse cicatrice. White aussi était intrigué mais ça rentrait peut-être dans le domaine personnel là ? Tiens, il n’avait jamais entendu parler de cette bataille. Faut dire qu’il vivait dans la campagne profonde à l’époque alors les trucs politiques, ça le dépassait. Et puis avec une mère complètement atteinte et un père qui semblait être complètement décalé par ça, c’est sûr, cette bataille lui était totalement inconnue. Tout en écoutant le récit de la jeune femme, il ne put s’empêcher de piocher dans la petite assiette à biscuits. Et lorsqu’il voulut porter le biscuit qui semblait si bon à ses lèvres, Molly choisit ce moment pour se tourner vers lui. Elle lui demanda alors ce qui le passionnait, s’il avait des rêves, voire des projets. Pris sur le vif, il baissa son bras tenant la gourmandise et se sentit plus que gêné car non seulement il avait été pris en « flagrant délit » mais toute la famille le regardait. Mais le doux regard de la rousse le rassura, heureusement qu’elle était si gentille, surtout avec un inconnu et ne le jugeait pas sur ses actions maladroite.

« Plus des projets oui. Je suis devenu Maître des Lames pour parfaire ma maîtrise de l’épée et parce qu’un ami a été gravement blessé lors d’une mission. Je n’ai pas pu éviter cela parce qu’à l’époque, j’étais trop faible… Récemment, je suis devenu Défenseur et là-dessus, je pense m’orienter vers Guérisseur. » il se mit à rire légèrement « Pour éventuellement guérir mes propres blessures, oui ça me serait bien utile. » puis avec sérieux, « Mais c’est surtout pour aider autrui. »

Se rendre utile. Et comme il avait rejoint l’armée de Flamen, sait-on jamais si une nouvelle guerre venait à se déclarer ; il sera envoyé sur le terrain et il n’y aura pas de Défenseurs ou Guérisseurs tous les trois mètres. Et même si un nouvel évènement comme la catastrophe de Mewtwo venait à nouveau perturber le monde, il sera mieux préparé pour y faire face. Et si Rashawn lui avait fait bouger les fesses pour passer son épreuve rapidement, c’était bien pour une bonne cause. N’avait-il pas promis de faire de former le garçon ? Et puis surtout, le garçon voulait tellement tuer cet homme…

Voyant que son maître commençait à avoir des pensées négatives, la Feuforêve se rapprocha de lui. Elle n’aimait pas le voir ainsi, et parce qu’elle était sûrement de type Spectre qu’elle ressentait ce genre d’émotions. Doucement, l’ombre de sa créature apparut au niveau de la table et White se redressa pour la voir ? Il ne put s’empêcher de sourire, pour cacher sa peine. Ce n’était pas le moment de ressasser le passé, surtout qu’il n’était pas seul. Et puis, cela ne les regardait sûrement pas de savoir que son père était un assassin et qu’il était à sa recherche uniquement pour en finir.

« Je suis désolé, j’ai eu un petit moment d’absence. »

Il sourit pour détendre l’atmosphère. Ce n’était pas le moment de faire fausse impression devant des nobles. Et puis, être au centre de l’attention, ce n’était pas son truc. Ne voyant pas d’autres choses à ajouter, il grignota son biscuit et d’un coup, ses yeux s’émerveillèrent. Il n’aimait pas spécialement le sucré mais là, ils étaient délicieux ! Puis une tasse se présenta devant lui : du thé. Rashawn en buvait souvent, voire beaucoup trop à son goût… Mais celui-ci dégageait une toute autre odeur ainsi qu’une couleur verte. Curieux, White porta la tasse à ses lèvres et but une gorgée. Il était étonné d’aimer ça. Mais alors qu’il voulait poser sa tasse sur la table, il vit en face de lui Aigual en train de baver. White avait complètement oublié que son batracien se trouvait sur la balustrade du kiosque et que sa présence devait gêner les parents. Oui, sa présence gênait ! C’était un fait. Avec insistance, le garçon lui fit des signes de quitter la balustrade et d’aller voir les autres. Ce petit échange de regards dura quelques secondes et finalement la grenouille bleue capitula et descendit. Déjà que le brun s’incrustait, il n’allait pas créer d’autres ennuis avec ses Pokémon plus qu’il n’en causait, lui, avec sa convalescence.

« Je vous remercie encore pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je veillerais à vous remercier convenablement. »

White se courba légèrement en avant. Il leur devait énormément car franchement, Rashawn abusait. Lui surveillé ? N’importe quoi, c’était un coup de bol qu’il soit tombé sur Khamsin et le garçon en état critique la dernière fois. Mais s’il pouvait faire quelque chose pour les remercier, il le fera.

[Molly Hale]

En voyant le geste singulier de la grenouille, Molly ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Il y avait tant de Pokémon dont on ignorait jusqu’à l’existence... Plus elle avançait dans ses pérégrinations et ses périples, plus elle se disait qu’elle était définitivement faite pour être Chercheuse. Un peu fébrile, elle sortit son carnet et fit un rapide croquis du Pokémon aquatique, en notant ses caractéristiques dans un coin, griffonnant quelques mots à son sujet à la hâte. S’apercevant qu’elle n’avait pas demandé la permission, elle dit, sur un ton d’excuse :

« Oh, euh, désolée, c’est une habitude que j’ai prise... J’espère que ça ne vous dérange pas, tous les deux. »

Quand elle joua avec Taka, la rousse sentit le regard de leur invité s’attarder sur sa cicatrice, mais une fois de plus, elle ne lui en tint pas rigueur. Elle concevait aisément qu’une telle balafre pouvait attirer l’œil, et il était légitime qu’on puisse se poser des questions sur la créature ou l’arme à l’origine de cette marque.

Au moment où elle se tourna vers White pour lui poser quelques questions, son attitude de gamin pris sur le fait la fit éclater de rire.

« Tu peux y aller, ils sont faits pour être mangés, pas regardés ! »

Elle écouta alors attentivement ce que le brun avait à dire à son sujet, avant de commenter :

« Alors tu maîtrises les armes blanches ? J’imagine que tu n’as pas eu la présence d’esprit, ou tout simplement le temps, de t’en servir contre tes agresseurs. Quant à la Guérison... Hm, ça me semble être une bonne chose, en effet. Pour ma part, je sais cautériser sommairement mes plaies, mais quand j’ai eu quelques... Soucis avec un Tauros pendant mon épreuve de Meneuse, j’ai dû me faire transporter par Steers jusqu’à la ville la plus proche. Le feu est utile, mais ne peut pas grand-chose contre des blessures trop profondes, lorsqu’il n’est pas correctement exploité. »

Alors que la Feuforêve du garçon s’approchait de lui, captant sans doute une émotion qui n’était qu’une vague impression pour Molly, Elemento se changea en Zarbi pour dialoguer avec Brontès et Mao Boy. Le E lévitait doucement à quelques centimètres du sol, pour se mettre à la hauteur de ses deux interlocuteurs, et la Meneuse sourit. Son confident avait toujours été doué pour recueillir les histoires de vies brisées, et pour rassurer, aussi. Elle se souviendrait toujours du soutien qu’il lui avait apporté, lorsqu’elle était elle-même au plus mal.

Lorsque White revint parmi eux, après s’être excusé pour cette petite absence momentanée, il put constater que les parents de Molly n’étaient plus là. Devant son air surpris, la fille d’Alpha lui expliqua :

« Ils sont partis travailler sur les dernières reliques qu’ils ont déterrées sur leur chantier de fouilles actuel. Ils nous rejoindront probablement plus tard, pour le dîner, mais si jamais on ne les voit pas arriver vers neuf heures, fais-moi penser à aller les chercher. Ils sont tellement absorbés et passionnés par ce qu’ils font qu’ils en oublieraient de manger ! »

Taka se métamorphosa alors en humaine, puis tira sur la main de sa Maman, pour l’inciter à venir jouer avec elle. Mais la jeune femme refusa, lui faisant comprendre qu’elle n’en avait pas le courage, et que ce n’était pas le moment. Quoiqu’un peu dépitée, la Gijinka s’éloigna pour rejoindre le trio en pleine discussion. Hecate vint alors se lover aux pieds de sa maîtresse, écoutant d’une oreille distraite ce que les humains pouvaient bien avoir de si important à se dire, tandis que l’ourse, elle, se laissait tomber sur le dos, retrouvant sa position favorite pour observer les nuages.

« Tu sais, le meilleur moyen de nous remercier, c’est de guérir, et convenablement. Nous n’avons besoin de rien d’autre. Tant que nous pouvons faire ce qui nous plaît, et que nous sommes tous ensemble, ça nous suffit. Malgré les apparences, nous aimons les bonheurs simples, et ce manoir n’est que l’héritage de notre lignée. Nous appartenons à la vieille noblesse, et nous mesurons la chance que nous avons d’avoir une telle maison, et de l’argent, mais je crois sincèrement que même dans une toute petite baraque, nous serions heureux, pour les raisons que j’ai évoquées. »

D’un air distrait, Molly regarda les nombreuses plaques qui composaient Chante-Acier, avant d’effectuer un geste vif du poignet. Aussitôt, les morceaux de métal s’emboîtèrent parfaitement, formant une épée longue.

« L’idée est bonne, mais je trouve que cette forme est assez peu pratique, et donc peu fonctionnelle. Je lui préfère la souplesse du fouet, même si l’indépendance des plaques est un bel atout. C’est mon mentor qui me l’a offert pendant mon épreuve de Dompteuse, et je trouve que c’est un beau cadeau. Et toi ? Tu as une arme de prédilection ? »

Même si elle avait la guerre en horreur, la rousse aimait bien les beaux objets, surtout lorsqu’ils étaient le fruit d’un travail long et minutieux. La science de l’Alchimie lui plaisait aussi parce qu’elle lui permettait de créer et de combiner des choses qui n’avaient a priori rien à voir entre elles...

« En tout cas, pour en revenir à toi, tu peux rester autant de temps que nécessaire pour aller mieux. De toute manière, je doute que mes parents te laissent partir tant que tu ne seras pas totalement rétabli ! »

Les yeux rieurs, elle but une gorgée de thé, sans toucher aux biscuits. Elle n’avait pas très faim pour le moment, finalement.

« Si jamais tu en as besoin, nous avons un docteur vétérinaire, spécialiste des Pokémon, donc. Il pourra les regarder et voir s’il y a le moindre problème. Il loge dans une dépendance adjacente au manoir réservée au personnel, il peut être là en quelques minutes, le temps de traverser le terrain. »

Lentement, Molly finit sa tasse, puis se pencha pour caresser la Grahyena, en la gratouillant au sommet du crâne, là où elle le préférait. Discrète, la louve se contenta d’émettre un léger grognement de plaisir.

« Quand je pense au chemin qu’on a fait, toutes les deux, je me dis qu’on revient de loin. »

Puis, la rousse se leva, s’étira et lança, d’un air enjoué, avenante :

« Ça te dit de marcher un peu, ou tu te sens encore trop faible pour te promener ? »

[Une tite ballade au bord de l’eau ? ^^]

[White Tama]

Le garçon était plus que gêné, il ne se sentait pas spécialement à sa place dans cette demeure ; c’était comme si une atmosphère chaleureuse s’en dégageait et que lui n’était pas convié à tout ce bonheur. Sûrement parce qu’il n’avait pu avoir cette chance d’avoir une famille aussi aimante. Mais il devait retirer ces pensées négatives de sa tête, cette jeune femme n’y était pour rien et c’était à lui de réparer les erreurs de son père. Et il était, en plus de cela, intimidé par la présence de la jeune femme ; non seulement elle était belle et gentille, mais elle dégageait une telle prestance et une telle assurance… Malgré cela, White se sentait étrangement bien en sa présence, c’était tellement calme de discuter de tout et n’importe quoi, de ne pas parler systématiquement de stratégie et d’entraînements… Finalement, ce petit détour dans Flamen lui faisait un bien fou, malgré le fait qu’il se soit fait sauvagement attaquer ! Ce n’était sûrement pas un hasard qu’ils se rencontrent…

Doucement, il la regarda rire ; elle était tellement rayonnante et son rire avait quelque chose d’attirant. Mais le voilà qu’il divague mon garçon ! Il se reprit bien vite, rougissant de la remarque de Molly concernant les biscuits, et il cacha sa gêne en buvant son thé. C’est alors que Molly parla de ses mésaventures et de sa terrible blessure quand elle avait passé son épreuve de Meneuse… Elle avait dû terriblement souffrir, de se faire empaler de la sorte… Et lorsqu’il reprit « ses esprits » après un petit moment de faiblesse et à cause d’une légère fatigue, les parents de Molly s’étaient éclipsés pour repartir au travail. Puis, avec un naturel qu’elle connaissait si bien, elle reparla de ses parents et de leur amour pour leur travail. White ne put s’empêcher de sourire, timidement. Fort heureusement, elle n’avait pas posé de questions concernant ses parents à lui, il aurait bien trouvé une excuse mais mentir ce n’était pas trop son truc. Il se serait senti mal de mentir à des gens aussi honnêtes qu’eux. Concernant Rashawn, oui par contre il se permettait souvent de lui mentir puisque lui aussi ne disait pas tout et ça énervait souvent le garçon…  

Puis Molly observa sa fameuse « arme » et ses nombreuses plaques de métal. Elle était impressionnante , et savoir qu’une jeune femme la maniait avec une telle précision fit frissonner White. Il l’avait vue combattre – vaguement  - mais suffisamment pour comprendre qu’elle n’était pas une personne à contrarier. Et, sur un geste vif  de sa part, les plaques se rassemblèrent pour former une épée impressionnante. White écarquilla les yeux en voyant l’étrange mécanisme, il ne s’attendait pas à cela.

« C’est une belle arme en effet et tu sais très bien la manier. Il suffit juste de trouver le bon équilibre... Mais tu l’as trouvé. » dit-il en souriant.

Une arme de prédilection ? Oui, il avait bien son sabre mais impossible pour lui de le lui montrer là car l’arme était restée dans sa chambre avec ses affaires. Ou pas, car des cris retentirent de nouveau dans la demeure et White tira une tronche d’enterrement. De nouveau perché sur la balustrade du kiosque, Aigual tendit la longue épée de son dresseur, parfaitement rangée  dans son fourreau. Pourquoi fallait-il toujours qu’il se mêle de ce qui ne le regardait pas ?  Honteux, White récupéra son arme et la sortit légèrement de son étui pour la lui montrer.

« On peut dire que c’est mon arme de « prédilection ». Elle appartenait à mon ancien maître, il me l’a donnée avant que je ne prenne l’initiative de devenir Maître des Lames. Elle est très spéciale pour moi mais contrairement à la tienne, elle n’a pas de nom. »

Sûrement parce qu’il n’avait pas posé la question à Arhead. De toute façon, c’était foutu, il ne saurait jamais. En tout cas, White posa l’épée sur la table histoire  de voir si Molly voulait l’observer plus en détail, cela ne l’aurait pas dérangé. Mais comme elle l’avait si bien mentionné au début, White ne l’avait que vaguement utilisée. Contre son père, il avait perdu ses moyens et s’était jeté sur lui en oubliant tous les précieux conseils de son examinatrice pour finir à terre, agonisant. White ferma les  yeux, fronçant les sourcils pour chasser ces vilaines pensées. Ce n’était clairement pas le moment de ressasser le passé !

« Oui, je serais intéressé. Pendant que je me faisais agresser, Aconit était seul et j’ignore s’il a lui aussi été attaqué dans les fourrés. Je n’ai pas pu l’observer plus en détail mais il n’a sûrement rien. Et je n’ai que lui pour retourner à Terros. Il se peut qu’il ait été choqué en me voyant à terre… »

Cela aurait été embêtant si son Pokémon était instable avec ce qu’il avait vu. Après, il avait déjà vu son dresseur dans un sale état alors quelques égratignures et une épaule démolie, ce n’était rien ! À moins que le fameux Oracion ne lui  prête une créature volante pour retourner au manoir lorsque le brun en aurait fini avec lui. Ce serait même sympa de sa part mais ce ne serait sûrement pas le cas…

« Faire un tour ? Oui, ça me fera du bien de marcher. Merci. »

White s’aida de sa chaise pour se redresser et remercia Basilushian pour l’attention qu’il lui avait portée quand ce dernier s’était proposé pour l’aider. Mais il devait se débrouiller seul et étrangement, il avait réellement envie d’être seul avec elle. Alors lorsqu’Aigual s’empressa de le suivre, White l’en dissuada avec sa main du genre, « non, j’y vais seul. ». Ne pouvait-il pas être seul cinq minutes quand même ?! À moins que les Pokémon de la demoiselle ne s’en mêlent eux aussi… White parvint alors à se tenir debout et allant à son rythme, suivit Molly qui voulait sûrement lui proposer une petite balade pour se dégourdir les jambes. Cela ne lui ferait pas de mal, au contraire car rester assis et ne rien faire, ça faisait des mois qui n’avait pas fait ça, toujours à s’entraîner à droite et à gauche ou à délivrer des « colis »…

Les deux jeunes gens quittèrent alors le kiosque pour longer le petit bassin d’eau. White regarda une dernière fois en arrière ses Pokémon et se demanda si c’était une bonne idée de les laisser dehors… Qui savait ce qu’ils pourraient faire ? Encore terroriser le personnel ? En tout cas, ils ne semblaient pas se prendre la tête avec ceux de Molly, c’était plutôt une bonne chose. Et doucement, la jeune femme l’entraîna dans les jardins de sa demeure, faisant découvrir leur merveille. White était impressionné de voir autant de variétés de plantes et de fleurs aussi bien entretenues. Il était agréable de s’y promener. Un petit tour et ils arrivèrent devant un autre bassin, qui devait sûrement être lié à celui où ils se trouvaient quelques minutes avant. Par contre, White ressentit une vive douleur au niveau de ses jambes qui l’empêcha de continuer sa marche. Doucement, il s’assit sur une pierre juste à côté du bassin.

« Excuse-moi , j’ai eu soudainement mal. »

Il n’était pas complètement guéri, forcément puisqu’il venait tout juste d’être soigné ! Mais il n’avait pas envie non plus de s’éterniser et de profiter de leur gentillesse. Ce n’était pas dans ses habitudes de profiter d’autrui… Il devait se rétablir au plus vite… Puis lorsqu’il redressa sa tête, il put voir que le ciel devenait orangé, annonçant la fin de journée. Le coucher de soleil rendait le paysage encore plus beau qu’en milieu de journée et cette teinte orange était tellement apaisante.

« Molly… Dans mon état actuel je suis encore faible mais… J’aimerais beaucoup t’aider. Je ne sais pas comment mais je deviendrai plus fort. Je te le promets. »

Après tout, il lui devait énormément et peut-être qu’elle pourrait l’aider ; elle serait pour lui une source de motivation. Il aurait encore besoin de son maître actuel mais s’il avait du soutien, il pourrait y arriver. Puis il redressa sa tête pour regarder le bassin et les derniers reflets du soleil. Bientôt, il allait faire nuit…

[Molly Hale]

Molly perçut un peu l’espèce de gêne que ressentait White, devant ses parents, d’abord, et quand elle déplia son arme pour la changer en épée, dans un deuxième temps. Elle songea qu’il devait avoir vécu des choses terribles pour se sentir mal à l’aise dans une famille comme la sienne : elle trouvait les Hale plutôt aimables et accueillants, quoiqu’un peu loufoques, elle en déduisit donc – peut-être à tort – que le Flamenois avait probablement eu de grosses difficultés avec sa propre famille pour réagir ainsi. En revanche, elle se promit de s’appliquer à ne pas effrayer le jeune homme avec sa maîtrise du feu ou des armes : elle était là pour l’aider, pas pour lui faire peur en faisant un peu trop la fille forte et indépendante !

Elle sourit en réponse au compliment de son hôte, qui se fit amener sa propre épée par sa grenouille. Les yeux brillants, Molly la prit délicatement entre ses mains, pour l’examiner sous toutes les coutures.

« Elle est de bonne composition et de belle facture, dis donc. Bel outil, c’est sûr ! Je comprends qu’elle ait une valeur sentimentale pour toi, on prend toujours soin de ce qui a appartenu à ceux que l’on aime. »

Quand le brun lui expliqua qu’il craignait un traumatisme caché et interne chez son Rhinocorne découlant de l’attaque dans la Pampa, la fille d’Alpha fit un signe à une domestique qui vaquait à ses occupations. Aussitôt, l’employée s’approcha, et la jeune maîtresse de maison griffonna quelques mots à la hâte sur un papier, qu’elle tendit à la bonne. Celle-ci s’inclina, puis repartit immédiatement en sens inverse.

« J’ai fait porter un message pour le Guérisseur Pokémon, mais je lui ai dit de ne venir que demain. Je pense qu’il vaut mieux laisser tout le monde se reposer pour ce soir, et éviter de remuer le couteau dans la plaie tout de suite. »

Lorsqu’ils se levèrent et quittèrent le kiosque, Elemento intima discrètement à tous ses camarades de rester là et de ne pas les suivre. Il connaissait Molly mieux que quiconque, et il sentait qu’ils n’avaient pas à intervenir dans cette conversation et dans cette promenade qui s’annonçaient pourtant banales.

Durant leur courte marche, la jeune femme s’improvisa guide, montrant çà et là les différentes espèces de plantes que sa mère faisait pousser (et que les domestiques entretenaient, en fait), faisant même goûter un fruit mûr à son hôte. Elle mit un doigt sur sa bouche, comme une gamine qui ordonnerait à son ami de garder un secret, puis croqua dans la pomme à son tour, appréciant de retrouver les saveurs de son enfance qui lui avaient manqué durant son long voyage.

« On ne dira pas à Maman qu’on a piqué un fruit dans son verger, sinon, elle ne manquera pas de nous gronder. Je suis sûre qu’elle continuera à me faire la morale, même quand j’aurai cinquante ans ! On dit qu’il y a des choses qui ne changent jamais, eh bien... En voilà la preuve. »

White s’assit alors subitement, sans doute coupé dans son élan par sa blessure, ce qu’il lui confirma rapidement. Compréhensive, elle s’assit à côté de lui.

« Pas de problème, prends ton temps. Rien ne presse, tu sais. Inutile de se dépêcher, ici, hormis quand il s’agit des fouilles : là, il faut tout faire vite et se mettre sur plein de choses à la fois, pour finir par se disperser et faire une nuit blanche... C’est une drôle de vie qu’ont mes parents, mais je crois qu’ils étaient faits pour ça, au fond. En tout cas, si tu veux qu’on s’arrête de marcher et qu’on reste là, n’hésite pas à me le dire. »

Pensive, elle regarda l’astre du Jour, qui déclinait à vue d’œil. Ce paysage sanguin, si particulier, la rendait nostalgique, quelque part. Il lui semblait voir une époque révolue et lointaine, où elle jouait avec un petit garçon brun aux yeux rubis, se perdre dans l’horizon, emportée par la fin de la course du Soleil. À présent, elle se remémorait le jour où elle s’était fait mal, dans les Plaines Fleuries, et le moment où le Lion de Flammes lui était venu en aide...

« Tu connais Entei ? Si tu es de Flamen, j’imagine que oui, je suis bête. Cette créature est très spéciale à mes yeux, j’ai un lien avec elle que je n’ai avec aucun de mes Pokémon. Entei m’a sauvée, quand j’étais petite... J’aimerais vraiment le revoir. Maintenant que je suis rentrée, je vais pouvoir m’y atteler... Je te le présenterai, si tu veux ! Je suis sûre qu’il sera ravi de faire ta connaissance. C’est un être très gentil, et plein de bonté, aussi. »

Comme toujours, lorsqu’elle évoquait cette divinité qui avait marqué son enfance, Molly était plus rayonnante que jamais, et l’idée de le voir à nouveau l’enchantait vraiment. Consciente d’avoir parlé comme une gamine enthousiaste qui expliquerait son engouement pour une lubie quelconque, elle rougit, puis baissa les yeux. Elle s’aperçut de la ressemblance frappante entre White et Adearic, et elle en fut tellement remuée qu’elle se tut, comme si elle avait reçu un coup de poing dans le ventre. Terrifiée à l’idée d’établir une comparaison qu’elle se refusait à faire entre son défunt fiancé et son hôte, elle ancra son regard bleuté quelque part dans le vide, fixant ses bracelets de basalte épais d’un noir de jais. Non, elle ne les comparait pas. White et Adearic étaient flamenois tous les deux, il était donc normal qu’ils aient certains traits en commun. Le brun assis près d’elle était très différent : il n’était tout simplement PAS Adearic, et elle le savait pertinemment. Il était toutefois de charmante compagnie, et agréable à côtoyer, alors pourquoi s’interdirait-elle de se lier avec lui ? Elle lui avait promis son aide et son hospitalité, et elle n’avait aucune intention de le renvoyer chez lui comme un malpropre. Au contraire.

Le jeune homme se rappela à elle d’un seul coup, en assurant à Molly qu’il voulait l’aider, de son côté, et devenir plus fort. Elle le regarda d’abord avec des yeux ronds, avant de répondre :

« Tu sais, te ne me dois rien, ni à moi, ni à mes parents. Ce que nous faisons est naturel, et normal, il me semble. Mais si tu veux être fort, et avoir les capacités pour protéger quelqu’un, ce doit être avant tout pour toi, pour ton entourage. Tu n’as pas à te forcer à devenir quelqu’un que tu n’es pas et que tu ne veux pas être en vertu d’une dette ou d’un engagement quelconques. On n’a qu’une vie, et elle ne mérite pas d’être gâchée ou gaspillée pour des objectifs qui ne seraient pas les tiens. »

Consciente d’avoir été un peu dure avec lui, elle essaya de se rattraper un peu en prenant sa main entre les siennes.

« Mais sache que je suis néanmoins très touchée par tes paroles, et je t’en remercie. Je suis restée longtemps seule avec mes Pokémon et, même si je savais que je pouvais compter sur eux, comme sur mes parents... Ce n’est pas pareil. »

De nouveau souriante, la fille d’Alpha reprit :

« J’ai confiance en toi. Je suis persuadée que tu arriveras à acquérir ce que tu estimes nécessaire pour protéger tes êtres chers. Mais encore une fois, la meilleure façon de m’aider ou de me remercier, c’est de guérir ! Et puis, ce qui me ferait plaisir, c’est que tu réalises tes rêves, ou que tu t’en trouves, si tu n’en as pas encore. Tu veux pouvoir soigner les autres ? Donne-toi les moyens de devenir Guérisseur ! Tu penses que tu te réaliseras en assurant la défense ou la protection de quelqu’un ? Engage-toi auprès d’un maître et sois-lui loyal ! Tu préfères attraper tout plein de Pokémon et les voir grandir à tes côtés ? Sois Éleveur ! Il y a tant de choses à faire que les buts ne manquent pas, j’en suis certaine. »

La jeune femme lâcha la main de son interlocuteur, puis changea brusquement de sujet.

« Tiens, j’y pense : si on baptisait ton arme ? Tu m’as dit tout à l’heure qu’elle n’avait pas encore de nom, ce serait chouette de lui en attribuer un, non ? »

La rousse entendit alors un son de clochette résonner au loin, un son caractéristique qu’elle avait quasiment oublié, tant il y avait longtemps qu’elle ne l’avait pas écouté.

« Ah, je crois qu’il va être l’heure de manger. Tu te sens d’attaque pour retourner jusqu’au manoir ? »

[Désoléééée pour le retard >_<]

[White Tama]

Le cas désespéré de son hôte semblait toucher profondément la jeune femme. Molly était une jeune femme compatissante et malgré ses nombreuses connaissances et ses puissants pouvoirs, son caractère contrastait beaucoup : elle pouvait devenir sérieuse et dans la seconde qui suit, rire aux éclats d’une bêtise. White avait eu légèrement du mal au début mais cela lui faisait toujours autant sourire. Elle ne semblait pas se prendre trop la tête comme lui et voyait les choses du bon côté. Par ailleurs, ils venaient à peine de se connaître et pourtant, ils s’ouvraient déjà l’un à l’autre, comme si leur rencontre n’était pas due au hasard. Pour White en tout cas, car il avait déjà vu la jeune femme dans un de ses rêves mais pas au même endroit ; dans son rêve, il la rencontrait à Kabana. Etait-ce le cas pour Molly ? À nouveau, la douleur vint et força le garçon à s’assoir, sur une pierre près d’un bassin. Le souffle court, il se laissa quelques secondes pour reprendre son souffle avant de s’adresser à la belle. Attendrissante, elle s’assit à côté de lui et lui conseilla même de prendre son temps pour guérir. Oui mais pouvait-il se permettre de « squatter »  autant chez eux ? Il ne se sentait pas vraiment à sa place ici, même si sa famille semblait être d’accord pour que cet inconnu reste… White était plus que gêné d’abuser de leur hospitalité mais aussi de leur gentillesse. Doucement, il soupira pour relâcher toute la pression qu’il accumulait à cause de ses violentes douleurs. C’était encore frais et même si un Guérisseur s’était bien occupé de lui, il n’allait pas guérir en une journée et il s’était imposé cette marche, cette petite balade dans la demeure des Hale pour penser à autre chose…

« Entei ? » répéta-t-il.

Les yeux de Molly semblèrent pétiller lorsqu’elle se mit à parler du Dieu Pokémon. White en avait vaguement entendu parler dans son enfance mais un peu plus lorsqu’il était en compagnie d’Arhead. Le vieil homme s’était chargé de l’éducation du garçon, son père l’ayant complètement abandonné lorsque sa mère était encore vivante mais inconsciente de sa propre existence. En tout cas, White fut surpris d’apprendre que la demoiselle avait un lien particulier avec Entei mais encore plus lorsqu’elle mentionna son envie de lui présenter la créature divine ! Voyant l’enthousiasme de Molly, le brun ne put s’empêcher de sourire ;

« J’en serais honoré. »

À moins que le brun ne puisse le voir. Il se pourrait que la divinité n’accepte que les « cœurs  purs » ou des êtres exceptionnels. Mais il serait en effet honoré s’il pouvait la rencontrer et puis cela semblait faire plaisir à Molly ; d’ailleurs sa réaction suivante l’amusa. Ils se turent quelques secondes, White en profita alors pour observer alors le soleil se coucher. Le jeune guerrier se mit alors à penser à Khamsin qui était resté au manoir de Rashawn. Son Pokémon allait-il mieux ? Evidemment que non puisque cela ne faisait que deux jours que sa créature avait été blessée et soignée… Puis il espérait qu’Aconit guérisse aussi, au moins que le passage du Guérisseur puisse le rassurer que tout allait bien, autant pour lui et que pour son dresseur. Bien qu’il s’agisse d’une monture officielle de l’armée de Flamen, il devrait connaître ce genre de situations… À moins qu’on ne lui ait donné une jeune monture. Qu’importe puisqu’Aconit était maintenant son Pokémon et un compagnon de route, White ne pouvait le laisser dans cet état et même si leur première rencontre s’était mal passée, il ne pouvait ignorer la douleur de sa créature.

Attentif, il écouta à nouveau Molly qui prit la parole après quelques minutes sous silence. Etrangement, c’était comme si elle faisait la morale à White mais cela ne le gêna guère, au contraire, elle savait comment parler avec lui. Il ne put s’empêcher de l’écouter ; elle avait tellement raison, c’était à White de décider de son avenir, pas à une quelconque personne étrangère. Il s’était fixé un objectif, celui de devenir plus fort dans le maniement des armes pour pouvoir tuer son père mais sa rencontre avec Rashawn l’avait poussé à s’orienter vers la défense en devenant Guérisseur. Mais il ne pouvait pas vraiment en parler à Molly de son passé et ce que son père avait fait ne l’intéresserait guère.  

« Oui tu as parfaitement raison. Excuse-moi de ma maladresse. Je vais devenir plus fort en améliorant ma maîtrise des armes blanches et devenir un bon Guérisseur. J’ai déjà ces deux voies en tête. »

Doucement, elle lâcha la main du jeune homme qu’elle avait prise quelques secondes plutôt entre les siennes. Légèrement déçu de ne plus sentir sa peau chaude contre la sienne, il la laissa faire. Puis, sûrement un peu brusque, elle changea de sujet en se rappelant que quelques heures plutôt, ils avaient parlé des noms des armes et que celle de White n’en avait pas.  

« Je suis tout à fait d’accord. Et puis cela pourrait sceller notre amitié. » lâcha-t-il en souriant mais évidemment, en rougissant de son idée qui pourrait gêner Molly. Puis détachant son regard du sien ; « Malheureusement je n’ai pas de noms qui me viennent à l’esprit. Peut-être en as-tu en tête ? »

Un son de clochette retentit et Molly coupa leur conversation en mentionnant que cela annonçait le dîner. Avec lenteur, White tenta de se redresser mais voyant sa difficulté à tenir debout en tant normal et là à ce lever de sa pierre, la demoiselle l’aida. Il ne manqua pas de la remercier et à son rythme, les deux jeunes gens retournèrent au manoir. Ils furent accueillis par leurs Pokémon qui devaient sûrement avoir faim eux aussi, surtout après toute cette agitation. Aigual se redressa complètement pour faire face à son dresseur. Voyant l’air inquiet de sa créature, il ne put s’empêcher de poser sa main sur son épaule pour le rassurer que tout allait bien. Mais ce qui étonnait plus le brun fut à quel point son Pokémon était devenu aussi proche de lui ; depuis son épreuve et du coup, son évolution, la grenouille s’était montrée plus fidèle. Elle avait changé, tout comme son dresseur. Les autres créatures du garçon semblaient vouloir aussi prendre des nouvelles de leur dresseur, parti avec cette inconnue.

C’est alors qu’un doux fumet s’échappa de la demeure et fut capté par le brun. Aussitôt, son ventre se mit à gargouiller et dans une immense honte, il baissa la tête tout en rougissant. Il n’avait pas non plus beaucoup mangé ces derniers temps et rien que de penser à un banquet, cela lui mettait l’eau à la bouche… Voyant la gêne que cela avait provoquée chez son dresseur, Kiito se mit aux pieds de son nouveau maître et se mit à émettre des « graou » comme pour accompagner les bruits de ventre de l’humain. Puis Oku s’y mit aussi, croyant sûrement que c’était le moment de jouer. White regarda alors ses Pokémon faire puis se mit à rire comme pour dissiper sa gêne.

[ Hrp : post suivant, à table ! 8D ]

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