[ Clos ] Rencontre avec le Passé [Solo/Contrainte]

[Ayme]

CONTRAINTE N°8 : Retourner dans son passé.

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Les ruelles sombres, malgré le jour, émanaient une impression curieuse de déjà vu. Alors qu’elle s’enfonçait dans la ville des pirates et des brigands, le cerveau d’Ayme ne pouvait s’empêcher d'associer ce qu’elle voyait à ce qu’elle avait vécu, à Omatsu, dans les quartiers pauvres et mal famé, ceux que l’on cache aux touristes et renient en politique. Les mûrs couverts de crasses, l’odeur nauséabonde d’égout, et les gens, aux regards mauvais, qui te dévisagent si tu n’es pas du coin. Marck l’amenait toujours plus loin dans la ville, arpentant le labyrinthe avec une aisance et une fluidité digne d’un léopard urbain. Ayme le suivait de prêt, car sans lui elle serait perdue, toutes les rues se ressemblaient, impossible de savoir où était le nord ou le sud, et depuis combien de temps ils étaient dans la ville.
Une petite créature des ombres attira son regard, un Pokémon, à tous les coups, abandonné et seul dans les masses de la misère. La poubelle bougea légèrement et une boule de suie s’en échappa pour passer entre les jambes de la jeune femme à toute vitesse. Cela lui rappela la première fois qu’elle avait rencontré Nox…

Elle était très jeune, et sa mère l’avait quittée depuis quelques mois. Seule, abandonnée, pauvre, elle avait du mal à survivre et mangeait peu. Et alors qu’elle grignotait luxueusement un bout de pain frais qu’elle avait volé le jour même, une boule noire se jeta sur elle en lui lançant lâchement une attaque Jet de Sable en plein sur le visage, aveuglant la pauvre fillette affamée. Le Pokémon lui vola ensuite sont bout de pain avant de partir à toutes jambes. Ayme, irritée, se lança à sa poursuite. Leur petit tour de passe-passe dura bien une heure, chacun connaissait bien le quartier, les recoins, ils montaient sur les toits, passaient dans des trous, sautaient par dessus les grilles. L’un n’arrivait pas à semer son poursuivant, l’autre à le rattraper. Ce n’est que quand Nox se retrouva pris au pièges dans une impasse que leur petit jeu s’arrêta. Face à face, ils se regardaient droit dans les yeux, la même méfiance dans le regard, mais aussi la même misère et la même solitude. Nox gronda et protégea sont butin au mieux qu’il pouvait, avant de s'effondrer par terre… Il n’avait rien mangé depuis quelques jours et cette course avait pris tout ce qui lui restait d’énergie. Ayme s’empressa alors de reprendre son bout de pain et de partir à toutes jambes…

Mais au bout de trois foulés, alors qu’elle regardait son morceau de pain durement récupéré, son estomac se sera… Si elle ne faisait rien, cette pauvre bête allé mourir… En soit, il faisait ça juste pour survivre lui aussi…
Et c’est ainsi qu’elle fit demi-tour, pris le pauvre animal dans les creux de son bras. Il était si maigre qu’elle crut le broyer rien qu’en le portant. Elle lui chuchota à l'oreille qu’elle allait prendre soin de lui, et qu’il ne serait plus jamais seul. Ce qui fut vrais jusqu’à aujourd’hui…

Ayme se retrouve de nouveau seule, dans des endroits louches et sales, à chercher son ami… A chaque recoin, à chaque impasse, elle espérait le voir galoper à toute allure. Mais rien. Nox n’était plus là, et elle n’avait pas tenu sa promesse…

Sur cette pensée, Marck s'engouffra dans une taverne, ou en tout cas se qui ressemblait à une taverne, et s’installa directement au bar en tapant la discute au propriétaire. Il devait être un habitué, et le barman vient confirmer les doutes de la jeune fille lorsqu’il dit “La même que d’habitude ?” Mais le vieil homme refusa l’offre et commanda une belle bouteille de whisky, enfin la plus bonne qu’ils avaient, criant à tue-tête qu’il était invité de toute manière. Ayme roula des yeux, Marck décidément s’inquiété peu de ce que l’on pouvait penser de lui, elle remarqua quelques regards mauvais épier dans sa direction. Admiré ou haït ? Peut-être que cet homme été un peu des deux…
Elle s’installa à côté du clochard et paya nonchalante la bouteille, à un prix démesuré par sa qualité, mais un deal et un deal, et elle ne revenait jamais sur sa parole. D’ailleurs…

« Bon, maintenant qu’on a la bouteille, on va peut-être commencer à chercher mon Evoli. Par où commencer ici ? »

Elle s’avait bien qu’ici, l'information il fallait la payer, elle se gagnait par la force du poing ou du porte monnaie. Des menteurs et des ratés, il fallait bien qu’ils gagnent leur croute, si ce n’était pas via l’honnête, la piraterie pouvais garder une forme de noblesse. Ayme n’avait pas peur, elle devrait, mais elle ne l’était pas. Cette ville ? C’était son histoire. Ici, il fallait se battre pour survivre. Ici, chacun avait son histoire, son passé, ses cadavres, et finalement, chacun respectait le silence de l’autre. Oui, ici, c’était chez elle, et elle se sentait à l’aise, en danger, mais à l’aise… Etrange non ?
Marck lui jeta un regard d’incompréhension qu’elle se contenta de soutenir. Oui elle n'abandonnerai pas. Au fond de ses yeux émeraude brulaient une flamme, celle de la détermination, de la force et de la loyauté. Un regard dur, intense, difficile à tenir, et familier, si familier… Se vert transperçait son âme et le submergeait tel les vagues de l’océan. Mais pourquoi cette femme lui faisait autant d’effet ? Il dut tourner la tête pour pouvoir répondre.

« Le deal était que je t’aide à sortir des marais. C’est chose faite, t’as payé ton guide, on peut donc aller chacun de son côté »

Il essayait de se convaincre lui même, mais ces paroles étaient creuses et manquées cruellement de détermination. Ayme, désespéré, essaya le tout pour le tout. Il n’allait quand même pas laisser une jeune femme seule dans un repère de brigands ?

« Mais je connais pas la ville ! Je n’ai aucune chance de le trouver sans ton aide ! »

« Pas mon problème », dit-il à contre cœur, en buvant un gorgé.

Mais il pensait vraiment qu’à sa tronche ! Ayme furieuse tapa du poing et haussa la voix. Finalement, elle ne voulait pas l’aide d’un ingrat égoïste comme lui !

« Et bien puisque c’est comme ça, reste dans ton coin à boire tes problèmes ! Je vais me débrouiller seule ! »

Et elle s’enfuit en claquant la porte de la taverne.
Marck serra son verre et fit grincer ses dents, son estomac se tordait sous son malaise. Mince ! Pourquoi se sentit-il obligé de la protéger ? Qu’est que cette gamine avait de si important ? Elle avait rien de plus que les autres pourtant, voire pire avec son caractère bien trempé !
Mais il ne pouvait s’empêcher d’être paternel… Et s’il lui arrivé quelque chose ? Sous sa frustration, il tapa sur la table des deux mains pour canaliser ses humeurs, renversant son verre de liqueur, qu’il ignora avant d’attraper son mentaux et de quitter la taverne à son tour, dépiter. Il scruta la rue de long en large. Il ne vit rien, pas une ombre de rouquine en vue. Il soupira… En espérant qu’elle ne se soit pas déjà mise dans de beau drap…

Puis, plus loin, à quelques rues, une fumée noire et épaisse s’échappait d’entre les toits. Des cris retentirent… “Au feu” pouvait-il distingué… C’était un incendie.
Marck se dirigea vers le lieu de l’accident, le cœur nouer et la gorge serrer. Mais dans quoi c’était elle encore fourré ?