Re: [ Clos ] Le Village perdu dans la forêt [Raiyoko/Hako/Mako]

[Mako]

Devant l’inquiétude de Hako, Mako se contenta de hausser les épaules. Les Kabanois avaient pensé à cette solution sans son aide et vu qu’ils vivaient ici, ils devaient savoir ce qu’ils faisaient. La clairière autour du village n’était plus qu’un gigantesque paysage à moitié mort, comme si un maître du feu y avait produit une explosion. Le résultat de la destruction initiée par les fourmis. Dans ces conditions, la jeune femme doutait qu’il reste beaucoup de chose à brûler, et l’huile elle-même, pour que que les terrosiens en utilisent une similaire à celle disponible à Loukai, s’enflammait de manière intense mais également très brève.

Mais elle était d’accord avec sa compagne dompteuse sur un point : le feu n’était pas une arme à manipuler à la légère, surtout en pleine forêt où elle pouvait facilement tout dévaster sur des lieues et des lieues. Les ninjas eux aussi vivaient en pleine forêt, avec la forêt même. Pour autant, Mako savait qu’ils n’hésiteraient pas à utiliser cette arme en ultime recours, si jamais la destruction du village était imminente et totale. Mais avec toutes les hordes qui menaçaient de déferler sur Kabana, n’étais-ce pas déjà le cas ici ? Malgré tout, la remarque d’Hako la fit réfléchir.

Originaire de Midgard, Mako connaissait les Fermite de réputation. L’idée de Hako avait des chances de marcher sans faire de dommage collatéral, mais il restait malgré tout un problème, qu’elle lui exposa :

« Ton plan a des chances de marcher et il est moins risqué que les flammes sur le long terme. Mais les Fermite sont dirigés par une reine, et cette dernière se terre en sous-sol, loin de la bataille. La débusquer ne sera pas chose facile. Si tu veux plus d’informations, demande donc à Jonas, l’homme que ton Lucario et moi avons sauvé. Lui aussi est déployeur et il a entraîné cette reine, ou du moins sa mère. Il saura te dire si ton entreprise est viable ou pas. »

Et la jeune femme repartit à vive allure vers le chef, réfléchissant à ce qu’elle allait lui dire. Elle pouvait lui annoncer que tout était bon et qu’ils pouvaient continuer selon le plan prévu. Ou alors elle pouvait lui demander de suspendre l’attaque. Elle n’arriverait pas assez tôt pour empêcher l’huile d’être versée, mais elle pouvait toujours demander qu’elle ne soit pas embrasée.

Elle pesa donc rapidement le pour et le contre. L’huile était un plan facile à mettre en place, mais les résultats escomptés étaient incertains. Il y avait peu de chance que les flammes, privées d’air, atteignent les tréfonds où nichaient la reine. Et malgré la quasi absence de végétation dans les environs immédiat, il existait toujours un risque de propagation, puisque le feu serait allumé dans une forêt. D’un autre côté, il y avait cette possibilité de couper la tête pour arrêter le corps. Le plan semblait bien plus dur à mettre en œuvre, mais Mako estimait les résultats plus probants, et a priori sans dommages collatéraux. Quand bien même cela ne doucherait pas l’ardeur guerrière des fourmis, elles seraient suffisamment désorientées pour être piégées par l’effondrement des tunnels. De plus, l’absence de souterrain couperait l’unité de la colonie, et sans reine, il y avait de bonnes chances qu’elle soit dissoute… Mais encore fallait-il localiser la reine.

Pour cela, Mako ne pouvait que faire confiance à l’autre fille. Si elle connaissait les Fermite, c’était surtout grâce aux livres de son enfance et aux sombres récits que faisaient naître ces fourmis destructrices. Ignorant tout du mode de vie exact de ces créatures, elle ne serait pas d’une grande aide à la Déployeuse sur ce plan. Mais qui sait, peut-être aurait-elle besoin d’un défenseur ?

Elle termina là son analyse de la situation. Le résultat était sans appel. Pour atteindre son but et enrayer définitivement la menace, brûler quelques fourmis ne suffirait pas. Il fallait atteindre le chef, et la jeune femme se portait volontaire pour aider les fous qui allaient se lancer au-devant d’un tel péril…

A sa grande surprise, elle vit qu’elle n’aurait même pas besoin de convaincre le chef de la garde : Jonas était en plein débat avec lui. Le vieillard semblait avoir repris quelques forces et il n’était pas content du tout !

« Warren, tu es complètement débile ! Garde ton huile je te dis ! Ca ne servira à rien ! Je connais ces fourmis, j’en ai élevé figure-toi ! Tu en tueras peut-être plusieurs centaines, mais tu n’atteindras pas leur chef ! Et leur reine est capable de pondre autant de nouveaux soldats en moins d’une semaine ! C’est cette reine qui est particulièrement hostile aux humains ! Si on s’en débarrasse, le reste de la colonie n’aura plus de raison de nous attaquer ! Ces insectes sont comme ça ! Ils obéissent aveuglément à leur chef ! Comme tous ces imbéciles qui vont bientôt cramer notre forêt sur TON ordre !
-Jonas, on a assez perdu de temps comme ça ! Il n’y a plus assez de végétation dans les parages pour provoquer une catastrophe ! Jetez l’huile !
-NON ! Tonna le vieux. Je vous l’interdis ! »

Visiblement, sa parole semblait avoir un certain poids dans le village car les deux hommes chargés de déverser le chaudron bouillant qui attendait en haut des remparts ne savaient plus sur quel pied danser. Warren fut le premier à apercevoir la jeune femme.

« Ah, vous revoilà ! Dites donc à ce vieil homme que notre plan…
-VOTRE plan ? Coupa Jonas. Vous êtes aussi à l’origine de cette idée géniale, jeune fille ? Je vous aurais cru plus maligne… »

Habituée aux sarcasmes de Kamya, Mako ne prit même pas la peine de feindre la contrition. Elle n’avait plus le temps.

« Après réflexion, j’ai changé d’avis, Warren. Jonas a raison, même avec peu de verdure, en pleine forêt, une catastrophe peut toujours se produire. Mais il y a plus important. Si nous ne tuons pas la reine, comme l’a dit Jonas, vous gâcherez votre meilleure arme pour rien car les fourmis reviendront encore plus nombreuses vous attaquer. Gardez l’huile comme ultime recours. »

Warren finit par capituler après une minute de profonde réflexion, se rangeant aux arguments de la kunoïchi

Elle se tourna ensuite vers Jonas :

« Ma compagne a un plan. Elle pense qu’en s’attaquant au leader de cette colonie, le reste devrait suivre. Elle est déployeuse. Si elle soumet la bête, pensez-vous que ses séides suivront ?
-L’idée est bonne, mais vu la haine instinctive que porte ce Pokémon en particulier aux humaine, j’ignore moi-même si ce sera possible.
-Et si on la tue ?
-La colonie devrait se désolidariser en effet… Mais pas avant d’avoir exterminé l’intrus responsable de la mort de sa mère.
-Dans tous les cas, il y a une chance de les arrêter, c’est le plus important. Peut-on atteindre la reine en passant par les tunnels creusés par les fourmis ?
-Bien sûr même si comme vous pouvez vous en douter, c’est très dangereux. Si vous voulez réussir toutefois, il vous faudra savoir certaines choses au sujet de ces fourmis. Conduisez-moi à votre amie, jeune fille. »

[Hako]

Hako laissa Mako partir devant puis se tourna vers Io, pour lui demander s'il pouvait lui indiquer où était le fameux Jonas auquel elle devait s'adresser. Le Lucario n'eut pas besoin de plus d'une seconde pour détecter son aura, et, un peu amusé, montra à sa maîtresse l'exacte direction dans laquelle était partie son accompagnatrice. La Terrosienne suivit donc sa piste, à quelques dizaines de mètres derrière elle. Elle remarqua que des gens criaient devant elle. Puis, alors que l'étrangère avait atteint son but, les voix se firent plus calmes. En arrivant à proximité, la fille des forêts compris qu'on parlait d'elle.

"Je suis là", signala-t-elle. Les autres se tournèrent vers elle, certains la jaugèrent du regard sans même essayer d'être discrets, comme s'ils se demandaient "c'est ça qui veut aller dans la fourmilière pour soumettre la reine ?". Hako ne payait pas de mine, mais elle n'avait pas peur. Même après avoir entendu cette histoire d'extermination, elle avait confiance en ses capacités pour trouver un moyen de fuir. Ou peut-être était-ce de l'inconscience.  Elle s'avança sans ciller, pour leur demander de reprendre leurs explications. S'il fallait qu'elle sache le plus de choses possibles sur ces bêtes pour les affronter, c'était le moment de lui donner tous les détails.

On lui fit donc le récapitulatif concernant l'espèce, son habitat, et cette tribu en particulier. Les Fermite, comme on les nommait, n'avait qu'une seule faiblesse, le feu, et un bon nombre de résistances. Il était impossible de les empoisonner, par exemple. Ces bestioles étaient extrêmement tenaces, comme le prouvait la situation épineuse actuelle. De plus, elles avaient un comportement sociable à l'extrême. Hako eut du mal à saisir toutes les subtilités de cette partie tant ce qu'on lui expliquait était contraire à sa propre façon de vivre... Oh, et, bien sûr, il fallait savoir que leurs morsures étaient terriblement puissante, et qu'il fallait les éviter à tout prix, sous peine de perdre un bras ou un pied. Le message fut parfaitement reçu par Hako, qui tenait à rester entière. Par ailleurs, comme ils avaient pu en discuter un peu plus tôt, les Pokémon se repéraient dans l’espace et repéraient les cibles ou les intrus grâce aux vibrations du sol. Une fois dans leur repaire, la Déployeuse serait très, très vite découverte.

La reine de cette colonie-ci était en tout cas facilement reconnaissable, car elle était chromatique.

“Chromatique ?”, demanda la Terrosienne, s’attirant les regards étonnés des autres.

“Eh bien, oui… Vous savez. D’une couleur particulièrement différente de celle des autres membres de son espèce.”

Hako regarda Jonas d’un air interdit, et lui la fixait comme s’il n’avait jamais vu quelqu’un ne pas connaître ce terme ou cette particularité rare qu’avaient quelques Pokémon. Mais comme ils n’avaient pas le temps d’insister, il poursuivit ses descriptions.

La reine était donc chromatique, son armure métallique étant plutôt cuivrée, ce qui la rendait repérable et leur simplifierait la tâche. Les Fermite de Kabana aimaient creuser et se créer des cachettes bien abritées, donc elle était probablement au deux ou troisième sous-sol de leur fourmilière.

“Voilà pourquoi tu aurais toujours pu essayer de lancer tes trois gouttes d’huile, il n’y aurait pas eu moyen que tu l’atteignes, Warren.”

L’autre homme haussa les épaules.

La cachette était donc à plusieurs niveaux, et certains passages étaient à la taille des Fermite, c’est-à-dire pas bien grands. Il allait falloir ramper ou creuser. Hako jeta un oeil à sa Grahyena en songeant qu’elle avait peut-être une autre voie utilisable pour ces cas-là. Elle fit le point.

“Est-ce qu’un Maître du Feu ou un Pokémon Feu peut m’accompagner ?”

C’était l’un des points les plus épineux ; la jeune femme n’avait aucun moyen d’utiliser cet élément pour repousser les insectes, et elle ne voyait pas encore dans le noir. Elle pouvait prendre une torche, mais c’était risquer qu’elle s’éteigne en cours de route.

“Vous pourriez aussi faire diversion, comme tout à l’heure, en créant des vibrations au sol pour détourner leur attention de moi.”

Cette idée était cependant un peu hasardeuse… En fait, son efficacité dépendant de la sensibilité des guerrières : si elle pouvait déterminer avec précision d’où venait une vibration, elles seraient sans doute plus inquiètes de celle dont la source se trouvait dans leur cachette, qu’au-dessus.

En tout cas, il n’y avait pas plus de temps à perdre. Hako se mit en route vers l’une des entrées, accompagnée par Io, Léto, et ceux qui avaient accepté de l’accompagner - elle avait demandé l’aide d’un Maître du Feu ou d’un Pokémon Feu, mais personne ne s’était bousculé au portillon… elle avait aussi demandé à Mako si elle souhaitait l’accompagner, ou plutôt l’aider depuis la surface. Occupées ailleurs, les Fermite avaient négligés quelques trous dans le sol via lesquels on pouvait rejoindre leur base. Hako souffla pour chasser l’anxiété… et sauta.

[Quand faut y aller... Je te laisse décrire si Jonas a d'autres choses à m'apprendre si tu le souhaites ? Et puis on verra au post prochain si Hako est seule ou accompagnée ^^
Désolée aussi de t'avoir "oublié" pendant un mois, le staff m'a pris pas mal de temps.]

[Mako]

Avant de sauter dans le trou, Mako regarda Léo, qui était retourné se percher sur son épaule. La jeune femme savait que le batracien avait compris leur périlleuse situation. Mais la grenouille se contenta de hocher la tête, marquant ainsi son assentiment. Lui aussi savait que leur mission actuelle était risquée. Et lui aussi acceptait les risques.

Jonas n’avait rien de plus à leur apprendre, aussi les avait-il simplement laissé partir après leur avoir souhaité bonne chance, ainsi que Warren qui leur avait confié des torches pour se repérer dans le noir et de quoi les allumer. L’information concernant l’aspect chromatique de la fourmi était déjà très précieuse : vu la rareté de ce caractère, elle risquait bien d’être la seule de sa colonie à le présenter, ce qui leur faciliterait la tâche. Mais encore fallait-il la trouver. Et avant cela, il leur faudrait éviter le barrage de fourmis. Mais pour cela, Mako avait peut-être une idée.

Une fois en bas de la galerie, qui avait presque taille humaine, taille curieusement disproportionnée par rapport à celle des insectes. Elle alluma sa torche et apostropha Hako :

« Je passe devant pour le moment, j’aimerais tester une stratégie pour les égarer ».

Et elle avança jusqu’à entendre un bruit caractéristique. On aurait dit des centaines de petites bottes métal. Et c’était plus ou moins ce qui était en train de progresser dans le couloir devant elles, qui était perpendiculaire au leur. Elle fit aussitôt rapidement demi-tour pour se mettre à couvert. Mais in fine, cela ne servirait à rien car ces fourmis-là se lançaient à l’assaut de la surface. En toute logique, elles devraient donc tenter de sortir par le passage que les deux femmes venaient d’emprunter.

Sa torche plantée dans le sol terreux un peu plus loin pour ne pas se faire repérer, et Hako toujours derrière elle, Mako adressa de sa main libre un signe à Léo que ce dernier comprit aussitôt. Il envoya alors un Vibraqua en direction du sol tandis que sa dresseuse renforçait son attaque avec sa propre maîtrise. A eux deux, ils étaient loin de produire l’équivalent d’un Hydrocanon, mais si la stratégie se révélait efficace, alors ils n’auraient pas besoin d’autant de puissance.

Cette ruse, Mako l’avait apprise avec l’armée d’Abyan, lorsqu’elle avait elle-même dû repousser une attaque de Fermite. Mais à l’époque, sa maîtrise de l’eau était bien plus puissante qu’aujourd’hui. Pourtant, il faudrait que cela marche. Le principe était très simple : les Fermite ne savaient ni nager, ni respirer sous l’eau et ils n’aimaient pas beaucoup la pluie qui s’infiltrait dans leurs galeries et les rendaient impraticables.

Pour remédier à cela, ces Pokémon, qui étaient de bons architectes, avaient mis au point des sortes de barrages en pierre destinés à réguler le niveau de l’eau dans les galeries clés de leur colonie. Heureusement, d’après Jonas, l’expansion de ces Fermite-là aux abords du village était très récente, de fait il était probable qu’ils n’aient pas eu le temps de protéger leur infrastructure contre les intempéries. Du moins était-ce ce que Mako espérait. Ainsi, elles seraient obligées de faire un détour pour éviter les dix centimètres d’eau qui s’étaient répandus dans ce tunnel.

A son grand soulagement, elle les entendit faire demi-tour. La stratégie de l’inondation n’était malheureusement pas applicable à l’échelle du village puisqu’elle était le seul maître de l’eau des environs, mais ici, elle leur serait précieuse pour progresser. Mais il y avait un deuxième danger à ne pas sous-estimer : la complexité des ramifications de ces tunnels.

C’était un vrai labyrinthe, et il était tout à fait possible d’y errer sans fin. Inutile de semer des petits cailloux par ici pour retrouver son chemin, mais heureusement, elle connaissait la balise parfaite pour leur permettre de retrouver leur chemin dans ce dédale : au fur et à mesure qu’elles avançaient, Léo lançait la mousse collante de sa collerette en hauteur sur les murs. Cette matière très adhérente et persistante, sauf en cas d’exposition à l’eau, les attendrait ici sagement jusqu’à leur retour.

Dès qu’elles atteignaient une intersection, Mako faisait croître une quelconque racine qui s’y trouvait dès que possible, afin d’éviter qu’elles ne se fassent prendre à revers. Enfin, après de longues minutes de progression sans se faire repérer, la kunoïchi entendit un bruit légèrement dissonant par rapport à ceux qu’elle avait perçu jusque-là.

II s’agissait toujours du cliquètement métallique typique des fermites, mais la cadence de ce dernier était bien plus lente… Une fourmi blessée ? Ou bien transportant une charge lourde qui la ralentissait ? Il n’y avait qu’un moyen de le savoir.

Une nouvelle fois, l’action qu’elle entendait se déroulait fond d’un couloir perpendiculaire au leur, aussi fit-elle demi-tour pour se mettre à couvert tout en guettant le passage de la « fourmi lente ». Et s’il s’agissait d’une fourmi plus lente car plus volumineuse que la moyenne ? Et si c’était… la reine en personne ?

Mako chassa cette idée d’un revers de main. La situation était grave, mieux valait ne pas en rajouter en se berçant d’illusions. Il s’agissait probablement d’une ouvrière qui procédait à une quelconque excavation et qui avançait lentement car chargée d’un gros rocher qui pesait plusieurs fois son poids… Elle fit alors signe à Hako de l’imiter et éteignit sa propre torche en utilisant un peu de sa maîtrise. Désormais, elle ne pouvait compter que sur les minces interstices au plafond pour scruter les alentours… Elle avait toujours le briquet pour la rallumer ensuite.

Enfin, la créature apparut, portant un objet rond sur son dos. Elle était donc bien chargée. Mais par rapport au poids maximum que ces insectes pouvaient porter, ce caillou était ridicule… Mais s’agissait-il bien d’un caillou ? Dans la pénombre, la jeune femme n’y voyait pas bien, mais sa forme lui semblait bien trop régulière pour un simple minéral.

Léo, dont la vision nocturne était meilleure que celle des humains, comprit le premier ce dont il s’agissait et il dessina sur le mur en pierre avec son doigt une drôle de forme ovale. Malgré tout, Mako mit un moment à percuter…

Un œuf ? Cette fourmi transportait un œuf ? Mais alors…

L’ouvrière finit par disparaître de leur champ de vision, mais Mako attendit un peu plus histoire de s’assurer qu’il n’y avait personne. Puis elle prononça un seul mot à l’intention de Hako,
« Œuf » et elle désigna la direction opposée à celle prise par l’ouvrière. L’idée était simple. La reine, comme le leur avait dit Jonas, était la mère de la colonie. Donc c’était elle qui pondait les œufs, œufs qui étaient probablement stockés quelque part après la ponte en attendant leur éclosion. En remontant la piste, elles arriveraient forcément jusqu’à la reine. Mais la simplicité de ce plan ne signifiait en aucun cas que la tâche serait facile ou dénuée de danger…

[Hako]

Mako semblait plus expérimentée qu’elle avec les Fermite et leurs systèmes de nids ; aussi, quand l’étrangère demanda à prendre la tête de leur petit groupe, Hako ne fit pas de remarques et la suivit en observant ses techniques et stra tégies. L’endroit était labyrinthesque, et la Terrosienne regretta de ne pas être encore suffisamment à l’écoute de la terre pour pouvoir s’y repérer sans difficulté. Les deux femmes avançaient à l’aveugle, marquant simplement la route derrière elles pour éviter de tourner en rond.

Le duo ne faisait pas de vague et progressait avec prudence. Les femmes avaient réussi à éviter toute rencontre avec des Pokémon jusqu’alors. Pourtant, alors que de nouveau des bruits de pas de Fermite résonnaient dans les cavités, la maîtresse de l’Eau demanda à Hako d’éteindre sa torche, et fit mine de s’avancer vers le son. La Terrosienne n’était ni motivée, ni convaincue. Sans lumière, elles se retrouveraient complètement aveugles ! Elle n’avait pas la moindre envie de se sentir encore plus à la merci des insectes qu’elles ne l’étaient déjà.

Voyant que sa partenaire n’en démordait pas, Hako s’exécuta sans un mot, mais elle n’était pas en confiance. L’obscurité se fit. La jeune femme eut besoin d’un moment pour adapter sa vue aux faibles lueurs qui arrivaient du plafond. Pendant ce temps-là, sa partenaire lui désigna ce qui attirait son attention : un Fermite portant un oeuf, ralentit et alourdi par celui-ci. Mako semblait trouver ce fait très intéressant, sans que la Terrosienne ne comprenne vraiment pourquoi. Il fallut lui donner plus de détails : seule la reine pondait dans cette colonie, les oeufs venaient forcément d’elle si on les suivait à la source. La fille des forêts ouvrit de grands yeux en acquiesçant. L’idée était bonne ! En revanche, suivre les oeufs signifiaient aussi croiser forcément des adversaires. Io pouvait bien tenter de repérer les ennemis avant qu’ils n’arrivent, mais il risquait surtout d’être dépassé par le nombre. En revanche, s’il s’alliait à Léto, qui était désormais dans son élément, l’obscurité… Ils pouvaient faire des miracles.

L’équipe de Hako prit donc la tête des opérations pour cette partie-là ; le Lucario menait le groupe, usant de sa maîtrise de l’Aura pour les guider dans le souterrain malgré l’absence de plus en plus marquée de lumière, Hako derrière lui, et Léto en troisième. Lorsque le loup bleu détectait qu’un porteur d’oeuf - ou n’importe quel autre Fermite de la fourmilière - arrivait devant eux, il le signalait à sa compagne noire qui, de son côté, créait un abri d’ombre dans lequel se fondaient les cinq intrus, comme s’ils devenaient à leur tour des silhouettes sombres sans volume. La tâche était néanmoins épuisante pour la Grahyena, peu habituée à transporter des groupes entiers dans le monde plat et sans couleur. La troisième fois, ils manquèrent de se faire remarquer lorsqu’elle rata son opération et laissa le Pokémon de Mako seul dans la galerie. De son côté, Io forçait sur ses capacités depuis plusieurs heures maintenant et commençait à fatiguer lui aussi. Sans eux, Hako se retrouverait vite aveugle et incapable d’affronter la Reine, et toute l’opération n’aurait servi à rien.

De plus en plus stressée, la Terrosienne commença à laisser la prudence de côté. Jusqu’à présent, les créatures qu’ils avaient croisées étaient seules et avaient pu être repérées par leur bruit. S’ils parvenaient à en trouver une, ils pouvaient bien la gérer, à cinq ! Hako demanda à ses camarades de faire une pause, et prit la tête, les yeux fermés - de toute façon elle ne voyait rien. Ainsi, elle pouvait mieux se concentrer sur ce que percevaient ses oreilles, même si elle comptait pas mal sur Mako aussi, sans vraiment se l’avouer.

Malheureusement, les choses ne pouvaient pas être aussi simples. Il y eut un bruit énorme qui résonna dans la caverne, suivi de vibrations dans le sol qui menacèrent de faire s’effondrer le plafond. Hako jugeait qu’il y avait peut-être trois mètres de roches et de galeries au-dessus d’eux maintenant, qui risquaient de les écraser. Le groupe s’immobilisa, l’esprit de la Terrosienne travaillait à tout allure pour comprendre ce qui venait de se passer et ce qui allait en découler. Les villageois s’occupaient sans doute de la diversion dont ils avaient parlé avant de partir, attirant les Fermite dans une autre zone, mais derrière elles. Ce qui voulait dire… d’après le bruit qui s’approchait, il y allait y avoir probablement bien plus qu’une fourmi au prochain croisement. Aucun espoir de les affronter toutes en même temps… Léto baissa les oreilles en voyant sa maîtresse se tourner vers elle tandis que le bruit de cliquetis s’amplifiait.

“Une dernière fois. Une fois qu’ils seront tous passés, on pourra foncer sans se cacher.”

La louve souffla et les fit se fondre de nouveau dans l’ombre, le temps que les soldats insectes traversent la zone. Hako sentait bien que l’effort était intense pour la Grahyéna et qu’elle risquait de les rematérialiser à tout moment. Le passage des Fermite sembla durer une éternité pendant laquelle elle avait peur de revenir au milieu de la horde et d’être emportée, écrasée et déchiquetée par des centaines de pattes et mandibules métalliques. Léto tint bon, cependant. Elle les fit réapparaître après que les ennemis soient partis, et s’affala au sol, épuisée. Sa maîtresse l’enferma dans sa sphère et fit signe à Mako de se mettre en route.

En théorie, la majeure partie des soldats ennemis étaient partis vers la source du bruit, ce qui voulait dire que la reine était désormais probablement seule, ou peu protégée. Il fallait profiter de ce laps de temps où il n’y aurait qu’elle à affronter, et pas la moitié de la colonie.

Le groupe arriva finalement au plus profond de la grotte, dans une salle large mais assez basse de plafond. Hako avait demandé à Mako de rallumer les torches avec son briquet, préférant y aller à fond mais avec toutes les chances de son côté, ce qui passait en grande partie par la possibilité d’utiliser ses yeux. Elle avait aussi fait sortir Gaé, s’assurant un maximum d’aide. La reine était là, avec ses reflets de cuivre. Il était difficile de voir si elle était surprise ou si elle les attendait ; en tout cas, elle cliqueta avec colère et violence, probablement assez peu ravie de voir des humains haïs débarquer au coeur de son repaire.

“Mako, ta torche ! Montez la garde !”

Hako tendit le bras pour recevoir la lumière portée par sa partenaire, et ainsi se retrouver avec une arme dans chaque main. Ses alliés s’étaient postés autour de la salle, autant pour empêcher d’autres Fermite de rentrer (ou au moins signaler si d’autres arrivaient, pour effectuer une manoeuvre de repli) que pour s’assurer que la cible de s’enfuyait pas. La Dompteuse commença à tourner autour de la reine, balançant les flammes au bout des bâtons, jouant autant avec la lumière qu’avec la chaleur des objets. La Fermite chromatique était enragée, mais l’élément avec lequel jouait Hako était trop dangereux et lui faisait trop peur pour qu’elle se décide à se lancer à l’attaque. La jeune femme ne la laissa d’ailleurs pas prendre le temps de se décider, et tenta de montrer sa domination le plus tôt possible en donnant un coup de torche vers l’insecte. Il esquiva le coup en sursauta, tachant de s’éloigner du feu autant que possible et laissant du terrain à son adversaire. La femme profita de cette ouverture pour donner un second coup, directement sur la cible cette fois. La Fermite hurla - un hurlement métallique - de douleur, mais ne perdit pas la tête ; elle attrapa dans une pince la torche et l’arracha des mains de la Terrosienne. Quelques coups de pattes plus tard, et la flamme s’était éteinte. Un partout, désormais… Hako avait besoin de reprendre l’avantage rapidement.

[Mako]

Mako laissa sa compagne passer devant lorsqu’elle le lui demanda. Le seul élément utile qu’elle avait à apporter par rapport à la Terrosienne était sa connaissance des Fermite. Maintenant que cette dernière lui avait permis de trouver un moyen d’accéder à la reine, mieux valait laisser passer devant la jeune femme qui semblait au moins aussi bien entraînée qu’elle et dont les Pokémon étaient plus puissants.

Autant elle ne fut pas étonnée par le choix du Lucario pour les accompagner, ses facultés de détection n’étant plus à prouver, autant elle fut un peu plus surprise par le choix de la Grahyena pour les dissimuler. Mako n’avait rien à reprocher au travail de la bête, dont la couverture sombre était efficace, mais il était clair que la louve fatiguait de les transporter d’ombre en ombre, grâce à une maîtrise que la kunoïchi voyait en action pour la première fois et à laquelle elle ne connaissait pas grand-chose.

Sa bouche se déforma en un rictus lorsque Léo fut éjecté des ombres à la suite d’une de leurs réapparitions, mais elle ne lâcha pas le moindre son. Elle avait pleinement confiance en son Pokémon qui saurait se débrouiller et rester discret en attendant leur retour. Mais elle commençait malgré tout à s’inquiéter pour Hako.

Contrairement à ce qu’elle avait cru, la piste jusqu’à la reine se révélait assez longue, et la louve fatiguait de plus en plus, comme le prouvait le départ surprise de Léo. Et la terrosienne semblait à peine s’en rendre compte. Elle semblait énervée et pressée, désireuse d’en finir au plus vite. Mako la comprenait parfaitement sur ce dernier point. Mais ce n’était pas une raison pour épuiser ses Pokémon avant la bataille ou se montrer imprudent.

Elle n’intervint pas tant que Hako se contentait de les faire avancer, mais lorsque leur groupe parvint non loin de ce qui semblait être le repaire de la reine et que Hako parla de « foncer sans se cacher », Mako décida de lui faire part de son point de vue. Aussi, après cet ultime voyage sombre, lorsque la jeune fille lui demanda sa torche, Mako ne la lui donna pas tout de suite. La kunoïchi n’avait rien contre son plan. La Terrosienne était dompteuse, et ce serait à elle de s’occuper de la reine. La ninja n’était là qu’en support, et les deux torches feraient probablement assez de lumière pour illuminer toute la salle devant eux.

Ce qui gênait Mako, c’était le fait que jusqu’ici, Hako s’était comportée certes avec froideur mais aussi en véritable professionnelle de la traque et de la chasse, deux arts que les ninjas connaissaient bien. Mais depuis qu’elles avaient croisé la porteuse d’œuf, le calme de la fille de la terre s’était dangereusement évaporé, au point où elle aurait pu les mettre en danger. Mako n’était ni sa mère, ni sa supérieure, elle n’avait donc aucun droit de lui faire la morale, et elle doutait d’être assez qualifiée pour assumer un tel rôle actuellement. Mais en tant que sa camarade, elle devait malgré tout la rappeler à la prudence ne serait-ce que pour assurer leur survie à eux tous. Et pour cela, un geste valait mieux qu’un long discours.

Aussi, avant de tendre la torche, elle posa sa main sur l’épaule de sa compagne. Mako pouvait se douter de la réaction de la fille. Elle n’apprécierait probablement pas d’être apostrophée de la sorte. Pourtant, le sens de ce geste était assez clair, et les ninjas n’hésitaient pas à y recourir en pleine mission pour calmer un allié un peu trop belliqueux sans attirer l’attention : du calme. Les batailles se gagnent avec la tête, pas avec les tripes, et ce, quel qu’en soit l’enjeu. Il serait vraiment dommage de gâcher tout le chemin qu’elles avaient parcouru à cause de la précipitation.

Mako en était venue à passer que Hako aurait fait une parfaite kunoïchi. Désormais, elle en était moins sûre. Elle en avait certainement les capacités, et probablement les principaux traits de caractère, à l'’exception d’un, capital : la patience. Mais elle chassa rapidement ces pensées de son esprit et lui tendit la torche demandée. Ce n’était pas le moment de réfléchir à cela.

Une fois dans la salle qui ne semblait pas contenir d’autres fourmis que la Fermite chromatique, Mako condamna rapidement l’accès par lequel elles étaient arrivées à l’aide de racines qu’elle fit croître jusqu’à former un mur difficilement franchissable. Il y avait en tout quatre entrées à la salle, malheureusement, deux d’entre elles ne contenaient pas assez de végétaux pour lui permettre de condamner l’accès. Elle allait donc devoir faire avec un mur d’eau. Pour économiser ses forces, elle se contenta dans un premier temps de générer une piste aquatique sur le sol des deux passages encore ouverts. Avec un peu de chance, cela découragerait les fourmis, comme elle en avait déjà fait l’expérience, mais surtout…

Le cri métallique que poussa la reine lorsque Hako la frappa avec ses torches attira l’attention de la jeune femme. Lorsqu’elle se retourna, sa maîtrise ne la trompa pas. Des vaguelettes troublaient le lit d’eau qui s’étalait au sol.

« Les renforts ennemis arrivent » lança-t-elle à Hako. Inutile de rester discrète désormais.

Lorsqu’elle vit apparaitre la première paire d’antennes en acier, elle éleva la longue flaque d’eau qui devint un mur. Puis, tout en évitant le combat entre Hako et la reine, elle se posta le plus possible à équidistance des deux entrées non condamnées et fit apparaitre un deuxième mur afin de bloquer toutes les issues. Sa concentration était au maximum. Faire tenir deux murs en même temps n’avait rien de facile, surtout sous les assauts répétés des fourmis. Mais elle avait malgré tout un message à faire passer :

« Placez-vous derrière les murs », demanda-telle aux Pokémon de Hako. Ainsi, ils formeraient une seconde ligne de défense au cas où un des murs viendrait à céder, ce qui ne manquerait pas d’arriver vu le nombre d’assaillants potentiel dans ses galeries… Mais cela se produirait-il après ou avant que Hako ait réussi à dominer la reine ?

Mako n’eut pas le loisir de réfléchir davantage à la question car les mandibules métalliques s’attaquèrent à cet instant précis à ses deux murs. Yeux fermées, pleinement concentrée, elle effectuait les mêmes gestes à répétition afin de renvoyer à sa place le liquide que les fourmis faisait tomber au sol sous leur attaques.

Elle ne brandissait aucune arme, elle n’attaquait même pas ses agresseurs. Pourtant, son combat avait bien commencé et il était un des plus violents et des plus désespérés auxquels elle avait pris part.

[Hako]

Lorsque Mako lui annonça que les renforts arrivaient, Hako se concentra encore plus fortement et rassembla toute sa détermination. Gaé et Io se placèrent, comme demandé par la femme ninja, face aux issues pour l’aider à empêcher d’autres Fermite d’entrer et d’intervenir dans le combat.

Le combat reprit en même temps de tous les côtés ; Mako bloquait les insectes, Hako frappait et esquivait les tentatives de la reine de voler son arme. L’Ymphect frappa les murs et le plafond de la salle, en des points stratégiques, pour déclencher des éboulements dans les galeries afin de ralentir les ennemis, voire les écraser s’ils avaient de la chance. Le Lucario créa un os bleu de deux mètres de long avec sa maîtrise des auras et commença à frapper les Fermite, à travers le mur d’eau, quand celles-ci s’approchaient trop, appliquant les mêmes techniques qu’Hako lorsqu’elle se battait au bâton. La reine Fermite, excitée par le combat et la présence de ses troupes toute proche, se défendait avec violence et passion.

Jusqu’alors, la Dompteuse n’avait pas vraiment réfléchi au sort à réserver à la cible. Elle n’avait pas spécialement prévu de la tuer - elle le ferait sans hésiter s’il le fallait, mais n’avait pas d’intérêt à tuer gratuitement si c’était évitable. Néanmoins, elle savait que quand un adversaire se battait, lui, pour achever son ennemi (et c’était clairement le cas de ce Pokémon), il était très difficile de ne pas l’occire sans subir de blessures. Et Hako ne tenait pas à se mettre en danger, ou à mettre Mako ou leurs Pokémon en danger. Tandis qu’elle donnait un nouveau coup de torche vers l’avant, ne souhaitant plus laisser la moindre avance à l’opposant, elle réfléchissait pour savoir si elle devait commencer à porter des coups mortels, ou si une autre issue était possible. D’après Jonas, c’était peu probable ; mais elle n’était pas ce Jonas.

La Fermite ne parvenait pas à se mettre à portée de l’humaine sans s’approcher du feu, et n’arrivait ni à la mordre, ni à la griffer. Elle tenta une autre stratégie, et jeta du sable sur la lumière pour l’éteindre. Mais la Terrosienne ne se faisait plus avoir, et protégeait le feu comme un précieux trésor. Il était le garant de leur survie ; si elle perdait cette torche, le groupe n’aurait plus ni lumière ni arme, et les insectes n’auraient plus qu’à les déchiqueter sans que les humaines ne puissent voir venir l’attaque. Affreuse perspective.

Hako s’inquiéta en voyant la bestiole se mettre à creuser dans le sol, se dérobant à son regard. Elle ne pouvait plus la voir, elle n’avait aucune idée d’où elle allait ressortir, et pendant ce temps-là l’autre connaissait probablement son emplacement exact ! La Fermite pouvait s’enfuir, ou frapper. La Déployeuse n’avait que quelques secondes pour réagir.

“Io !”

Se détournant de sa sortie attitrée, le loup bleu fit face à sa maîtresse et comprit rapidement le souci. Maintenant qu’il savait qui était la reine parmi les centaines de Fermite de la colonie, l’Aura pouvait lui permettre de la repérer et de détecter sa position. Le Lucario se positionna au moment où l’ennemie ressortait de terre, et la frappa d’un Charg’Os. Hako lui lança la torche, qu’il attrapa de sa main libre.

“Fais-le.”

Comprenant qu’elle lui demandait de se donner à fond pour achever la bête avant que la situation ne devienne intenable, Io empala la fourmi pour l’empêcher de fuir, et plongea le feu dans le trou au sol pour y faire fondre la Fermite. Ses cris d’agonie résonnèrent dans la salle, agitant encore plus ses troupes qui se mirent à creuser elles aussi un peu partout, pour trouver un moyen de rejoindre leur reine. Gaé se démenait contre les murs pour tenter de bloquer les cavités plus vite que les insectes les creusaient, ce qui était évidemment peine perdue. En plus, cela commençait à fragiliser la pièce qui menaçait de s’effondrer sur eux tous d’un instant à l’autre. Leur boulot était fait ici, de toute façon, il était temps de s’enfuir.

[Mako]

Lorsque le cocon de pierre d’Hako entreprit de faire s’effondrer une des galeries qu’elle protégeait avec ses murs aquatiques, Mako saisit l’occasion au vol pour démanteler sa protection et rediriger toutes ses forces vers le dernier mur restant. Faire s’effondrer les galeries était une excellente idée qui leur ferait gagner du temps, mais l’équilibre de la bataille ne penchait pas en leur faveur pour autant : les fourmis étaient des terrassiers chevronnés et il leur faudrait peu de temps avant de contourner les éboulis par en dessous. De plus, Mako entendait distinctement le bruit des végétaux qui craquaient sous les mandibules des fourmis. Les murs de racines n’allaient pas tarder à céder eux aussi.

Utiliser son katana face aux fourmis ne servirait qu’à détruire son arme. L’armure naturelle des Fermite était bien trop résistante pour être brisée par une simple lame. A vrai dire, hormis le feu, Mako ne connaissait pas d’autres moyens d’en venir à bout, à part peut-être utiliser une arme contondante avec une force digne de Terrakium.

Jusqu’ici, elle était restée dans une position relativement à l’écart des affrontements, mais le duel entre Hako et la reine s’amplifiait et les deux combattantes se déplaçaient de plus en plus dans sa direction ce qui força Mako à bouger…. Et lui fit perdre une partie de sa concentration. Son dernier mur n’allait tarder à céder, de même que le mur végétal duquel elle s’était dangereusement rapproché quoiqu’à dessein. Puisqu’il n’allait bientôt plus leur être utile.

Sortant une dernière fois son briquet, elle passa une précieuse minute à tenter d’enflammer une racine proche tout en maintenant son mur. Si jamais elle parvenait à l’embraser, tout le mur en décomposition prendrait feu. La première flammèche apparut juste avant qu’une horrible tête métallique armée de pinces coupantes ne se montre face à la jeune femme. Mais cette dernière lâcha bientôt un horrible cri de douleur, vite repris en chœur par la reine à qui Mako venait apparemment de régler son compte alors qu’elle allait les attaquer par en dessous au vu du trou qu’elle avait creusé.

Leur travail étant terminé, il était temps de partir… Mais comment ? Les fourmis les encerclaient de tous les côtés, y compris par en dessous, forçant la jeune femme à maintenir son mur. Heureusement, avec la mort de la reine et la protection d’Hako, la kunoïchi ne craignait plus les coups en traître ce qui lui permettait de maintenir son dernier mur qui tenait encore bon… Pour être honnête, Mako avait sous-estimé les forces ennemies en présence. Avec quatre entrées, elle avait cru pouvoir disposer d’au moins une voie de repli libre… Mais ce n’était pas le cas. Cependant, elle avait un plan.

Reprenant son briquet, elle mit le feu au dernier mur de racine qui lui aussi allait bientôt succomber sous les assauts des insectes. L’apparition de l’élément tant haï fit temporairement vaciller les envahisseurs qu’elle entendit bientôt creuser dans le sol. Mako avait désormais un peu de temps pour exposer sa stratégie pour leur fuite :

« Quand elle a vu qu’elle ne pouvait pas t’atteindre de face, la reine a essayé de t’attaquer par surprise par-dessous, c’est ça ? Je pense que les autres vont faire pareil. Elles ont déjà commencé à creuser. Ton Lucario est capable de les localiser à distance, non ? Dès qu’une des voies sera à peu près libre, on y va »

Pour retrouver la sortie, Mako ne s’inquiétait pas trop. Le Lucario pourrait sans doute les aider à localiser Léo qui de son côté leur avait laissé une piste de mousse à suivre pour sortir. Finalement, ce n’était pas plus mal que la grenouille soit restée en arrière.

A cause des flammes et de la fumée, les deux voies comprenant des racines étaient cachées à sa vue, et un éboulement avait bouché la troisième voie, mais Mako pouvait tout de même plus ou moins comprendre ce qu’il se passait en regardant à travers son mur aquatique. Voyant que leur reine avait été vaincue, les fourmis restèrent comme hébétées un petit moment avant de s’enfoncer dans le sol… Pour fuir des assaillants déterminés ou préparer un coup fourré ? la jeune femme n’avait aucune envie de connaître la réponse. Lorsque la dernière fourmi derrière la cascade immobile s’enfouit dans le sol, elle lança :

« Maintenant ! » avant de dissiper son mur et de courir vers l’intersection suivante. Avec un peu de chance, suite à la désorganisation due au décès de la reine, les deux femmes n’auraient pas à combattre pour ressortir, et pas non plus besoin de se dissimuler. Il leur suffirait simplement de suivre la piste pour récupérer Léo et remonter à la surface. Ensuite, elle n’aurait plus qu’à faire son rapport – pour ainsi dire – à Warren et Jonas avant de s’en retourner chez elle, à Loukai. Son sac d’herbes avait miraculeusement survécu à toute cette aventure. Sa mère serait satisfaite. Quant à saluer Hako… Que pouvait-elle donc avoir à lui dire ? La terrosienne était comme elle sur ce point : les mots signifiaient bien peu à leurs oreilles…

[Hako]

Hako s'élança derrière Mako lorsque celle-ci en donna le signal, après avoir rappelé Gaé dans sa balle. Elle avait l'impression que les tunnels tremblaient de partout et s'attendait à voir surgir une horde de Fermite d'un mur ou du sol, à chaque instant. Io guidait les deux femmes, mais trouver une voie libre en plein coeur du domaine des ennemis n’était pas simple, même si les insectes semblaient déboussolés. Ayant perdu leur leader, ils étaient beaucoup plus désorganisés qu’avant, mais pas moins agressifs.

L’un d’entre eux perça la roche du plafond au niveau de la tête de la Terrosienne. En sursaut, elle mit son bras devant son visage, par réflexe. Répondant à ce geste, des racines déferlèrent autour d’elle pour la protéger, et barrer la route à l’Insecte, qui commença à les trancher pour passer. Pour une fois, Hako ne fut pas agacée par l’intervention de cette force qu’elle avait encore du mal à contrôler. Si la végétation alentours voulait lui donner un coup de main, aujourd’hui, ça n’était pas de refus. Elle sentait autour d’elle, plantés dans le sol, les pieds des arbres de la forêt qui la suivait pour offrir à son groupe leur protection.

Ils rejoignirent le Pokémon de Mako, qui les attendait sagement à l’écart de l’agitation. C’était presque un miracle qu’il ait réussi à ne pas se faire voir, vu la marée de fourmis autour de sa position. En revanche, les Insectes avaient réussi à bloquer que la grenouille avait repérée. D’ici quelques minutes, ils seraient probablement encerclés par la masse grouillante et sanguinaire. La Déployeuse réfléchissait à toute vitesse, mais honnêtement, elle n’avait pas vraiment d’idées pour s’en sortir sans dommage. À part attendre un miracle… Et le miracle arriva. Les Kabanois de la surface n’étaient pas restés sans rien faire pendant que la Dompteuse s’attaquait au coeur du problème. Le plafond se perça une fois de plus, mais les racines qui répondaient aux impulsions de Hako restèrent immobiles, comme si elles savaient mieux que l’humaine qu’il ne s’agissait pas d’un signe de danger. La roche s’ouvrit en deux jusqu’à la surface, où les deux femmes purent voir des maîtres de la Terre à l’oeuvre.

“Elles sont bien là !” lança une femme vers des gens que la Terrosienne ne pouvaient pas voir, tandis que des lianes tombaient jusqu’à elles et s’enroulaient autour de leur corps, avant de les remonter. “Tirez ! Et dites à Warren qu’on est bons pour l’huile, maintenant ! Venez”, leur dit l’inconnue une fois qu’elles arrivèrent en haut, leur indiquant une zone de repli. "On va mettre le feu à cette zone pour les disperser. Vous avez eu la reine ? Parfait, elles devraient partir pour de bon, alors.”

Les trois femmes coururent se mettre à l’abri, tandis que la forêt derrière elle (ou ce qu’il en restait) s’enflammait soudainement avec un “vouf !” qui les souffla de quelques mètres en avant. Les Fermite se mirent à piailler et se jetèrent un peu partout dans le plus grand des désordre. En panique, les Insectes oublièrent leurs pulsions meurtrières pour aller se chercher un abri, tandis que l’incendie s’éteignait aussi vite qu’il était allumé.

“Melian !”

Hako reconnut la voix qui criait. C’était l’homme avec qui se disputait Jonas un peu plus tôt.

“Warren !” répondit leur sauveuse. “Je suis là, je les ai récupérées !”

Le stratège les rejoignit en suivant la voix. Il avait l’air inquiet, et fixait Hako.

“Est-ce que vous avez réussi ?”

La Dompteuse hocha la tête, tournant les yeux vers Mako pour qu’elle confirme et rassure le gardien de Kabana. L’homme sembla soulagé. D’ici quelques heures, le temps que les Fermite s’éloignent ou ne soient tués un par un, ça en serait sans doute fini de ce cauchemar. Il souriait presque, relâchant la pression de ces dernières heures, quand il fit son rapport à leur accompagnatrice.

“Jonas est parti avec une équipe pour récupérer son Nidoking… Entier, s’il a de la chance.”

“Il a bien fait de s’éloigner, grogna la femme en fronçant les sourcils. Il a intérêt à faire profil bas pendant les prochaines semaines. Odomar est pire que furieux, et je le comprends !”

Hako n’écoutait qu’à moitié l’échange. Elle était fatiguée, et son Lucario aussi. Tout cela avait été éprouvant pour eux. Elle remarqua d’ailleurs qu’elle avait de belles écorchures, dont une qui saignait encore. La femme le remarqua, et elle passa son bras sous l’aisselle de la Terrosienne avant que celle-ci n’ait pu faire ou dire quoi que ce soit pour l’en empêcher.

“Vous allez venir avec moi et je vais m’occuper de vos blessures. Je m’appelle Melian, je suis médecin. Vous aussi, ajouta-t-elle vers Mako. Warren, tu peux m’aider ?”

L’homme s’avança vers la femme-ninja pour lui offrir de la porter au dispensaire de soin, si elle avait besoin, pendant que Hako se débattait un peu pour faire rentrer Io dans sa sphère. Elle se laissa ensuite porter en lieu sûr, trop fatiguée pour penser ou être méfiante.

[C'est tout pour Hako ! L'intervention de Melian a été faite avec l'accord et la supervision de Kajin'. Je te laisse conclure si tu le souhaites !]

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