[ Clos ] Flânerie champêtre [Shira]

[Anthere Osarian]

En quittant les plaines où s'était déroulé le match, Anthere et Nina-sama étaient rentrées directement à l’auberge pour un repos bien mérité. Dans son lit, elle repensait aux paroles du Champion, mais d’une nature simple, elle s'endormit vite.

Le lendemain matin, elle retrouva sa coéquipière d’un match dans le petit restaurant de l’auberge, où elles purent échanger un peu sur leurs projets. Ainsi, Nina-sama avait l’intention d’aller chercher le Badge de l’Arène d’Omatsu, bien qu’elle les possédât déjà tous. Anthere avait le même projet, mais pour elle, ce serait son sixième Badge. Le sixième… Cela devenait du sérieux. Les trois premiers, c’était une chose, mais si elle le gagnait lui aussi, il ne lui en manquerait alors que deux, pour pouvoir prétendre au Conseil 4. Elle se rapprochait ostensiblement de son but, au point que c’en devenait presque… Elle ne savait pas trop. Est-ce qu’elle devait l’appréhender ?

Anthere proposa à Nina-sama de faire la route ensemble jusqu’au prochain Badge, tout en évoquant avoir besoin de ramasser quelques herbes dans les Plaines Fleuries, pour ses réserves, car elle faisait ses potions et ses baumes elle-même. Prenant congé, la jeune femme se retrouva vite dans la prairie. Il y avait tellement de fleurs et de couleurs que ses yeux ne savaient plus où se poser !

« Jour de congé pour tout le monde ! Profitez bien de vos petites vacances ! »

Sur ces mots, elle fit sortir les uns après les autres ses Pokémon. Midi était encore loin, le lieu et l’heure étaient paisibles et Anthere n’avait absolument pas envie de réfléchir. Elle s’allongea dans l’herbe, en observant ses Pokémon. Ourasi broutait à quelques mètres de là, détendu sans présence humaine, et Quidam farfouillait. Akasie passait de plante en plante et plus que jamais, l’air était pur autour d’elle. Horizon et Mesmer jouaient ensembles et Khan restait perché sur son épaule. Les yeux gris-vert d’Anthere se posèrent sur Akasie. De tous ses Pokémon, c’était celle qui avait le plus de mérite pour le match, pas seulement pour avoir préparé le terrain pour les autres et permettre à Anthere de jauger un peu du Champion, mais aussi parce qu’elle avait fait des efforts incroyables pour elle. Or, Anthere le savait, la nymphe n’aimait pas se battre. Et puis, elle n’avait pas eu toutes les épreuves de ses compagnons, le combat n’en avait été que plus difficile pour elle.

Elle devait passer plus de temps avec elle, sans quoi, Anthere imaginait qu’elle finirait par se sentir mal-à-l’aise… Sans elle, elle n’aurait pas eu le Badge qu’elle avait épinglé avec les autres. Anthere inspira profondément et soupira, sa main allant fouiller sa poche pour en ressortir son jeu de cartes magique. Une par une, les cartes defilèrent jusqu’à ce que quelque chose d'inattendu se produise. Alors qu’elle tirait l’une d’elle, une qui portait une étrange marque noire en forme de goutte d’eau, ses doigts saisirent une carte invisible, qui apparut d’elle-même quand elle la sépara du paquet. Bouche bée, Anthere vit le motif se dessiner sous ses yeux. Comme sous l’influence d’une élégante plume, les traits se muaient en courbes, se séparaient ou se rejoignaient pour esquisser un profil aux longs cheveux d’un côté et le profil d’un Pokémon bien connu, un Aquali. Les deux profils étaient entrelacés.

Interloquée, Anthere s’assit d’un coup. Elle ne rêvait pas ? La carte, SA carte, venait de se dessiner et se créer toute seule sous son nez ? A gauche, c’était forcément sa silhouette, elle avait la même coiffure et l’Aquali ne tombait pas du ciel… Elle découvrit en même temps le nom de la carte. Mais elle ne voulait pas prendre le risque de se faire prendre, elle ne voulait pas forcément partager ce secret de transformation. Anthere rangea la carte. Il éait peut-être temps de se mettre au travail, si elle voulait finir ses onguents rapidement, aussi, elle détacha la petite serpe ouvragée qu'elle gardait cachée sous le pli de ses vêtements, se leva et entreprit de commencer à choisi avec un soin particulier chaque brin de plante.

Post sous contrainte

[Shira Shôsai]

Après avoir passé une bonne partie de la nuit à s’occuper des bandages et autres premiers soins pour les Pokémon de son équipe, le Champion alla enfin dormir. Le match du soir avait été terriblement éreintant pour tous et il profita d’une courte nuit de sommeil avant de les retrouver à l’enclos et les remettre dans leurs Balls puis partir en direction de Geffen. D’habitude, la plupart des soins qu’il appliquait à ses Pokémon suffisaient après un match. Mais la puissance de feu qu’ils avaient subie avait été telle que, cette fois, il valait mieux les laisser chez l’un des Guérisseurs de la ville. Il y arriva bien vite sur le dos de Haydaim. Cette monture qu’il avait obtenue lors de son passage au rang de Tireur. Le Pokémon s’était plutôt bien habitué à son nouveau chez lui, et il savait être un bon soutien pour les autres comme pour Shira. De plus son pas était mesuré et il savait toujours rester attentif à ce qui l’entourait.

Après quelques minutes de déambulations dans les rues animées, il déboucha enfin devant le bâtiment qui l’intéressait et laissa Haydaim boire dans un abreuvoir mis à disposition avant de passer la porte. Derrière se trouvait une salle assez bien éclairée par le soleil filtrant à travers les fenêtres. Quelqu’un avec un Tarsal sur l’épaule croisa Shira et sorti, ce devait être le précédent patient car le Guérisseur en chef de l’établissement apparu derrière une autre porte au fond de la pièce.

_Oh, fit-il, Mr. Shôsai. Comment allez-vous ?

_नमस्ते [Namasté (boujour)] docteur, répondit Shira. Je vais bien, je vous remercie. En revanche je viens vous apporter six patients qui auraient bien besoin de vos soins.

_Six patients ?

_Toute mon équipe, rien que ça. Mais rassurez-vous j’ai déjà commencé le travail.

Le Guérisseur haussa un sourcil.

_Effectivement, ça va faire du monde. Amenez-les moi dans la salle de gauche.

Le Champion se rendit alors dans la salle en question et libéra Lune, Astre, Neige, Noarfang, Cerfrousse et Tauros, qui bien qu’ils aient été recouverts de bandages pour la plupart, n’en menaient pas large. Le docteur les examina un à un.

_Bon, dit-il, ça va me prendre du temps et je ne pourrais pas tout faire tout seul. Vous me les avez ramené dans un sale état.

_Il est vrai. Nous avons reçu la visite de deux puissantes challengers hier soir.

_Vraiment ? C’étaient donc ça les bruits de cette nuit. Eh bien…vous ne passez pas souvent mais quand vous le faites c’est vraiment pour du sérieux. Vous pouvez me les laisser nous allons nous occuper du reste.

A ses mots, une autre personne entra dans la pièce et vint discuter brièvement avec le Guérisseur. A en juger par sa tenue et la conversation technique qu’ils eurent, il devait en être un aussi. Mais Shira eu pourtant un étrange sentiment envers cette homme. Sa voix lui disait quelque chose. Ce dernier lui adressa d’ailleurs un bref regard avant de se pencher sur les blessures de Neige. Alors que Shira se demandait qui il pouvait bien être, le Guérisseur en chef prit la peine de le raccompagner à la sortie.

_Ils sont entre de bonnes mains. Repassez dans l’après-midi, je vous dirais ce qu’il en est.

_Je vous remercie. Mais dites-moi, vous avez recruté récemment ? Je n’ai pas vu cette personne la dernière fois que je suis passé.

_Oh non, il s’agit juste d’un confrère qui est venu me prêter main forte pour un temps. Avec lui nous aurons finis de nous occuper des patients plus rapidement. Mais il est vrai que je songe à recruter. Les temps sont durs pour certains et beaucoup plus de personne viennent me voir qu’avant.

Après quelques salutations, Shira remonta sur Haydaim et reparti à son Arène. Il aurait préféré rester auprès de ses Pokémon mais le docteur savait ce qu’il faisait, et Shira devait aller patrouiller dans les Plaines Fleuries. Une fois revenu dans ses appartements, il récupéra son équipement puis alla demander à ses Pokémon restants de l’accompagner. Parmi eux se trouvaient Brasio, le Braségali, Laggron, Fina la Feunard, et Aya l’Heledelle. Cette dernière restait quasiment toujours à l’enclos d’habitude car elle servait de messagère lorsque quelqu’un cherchait le Champion et qu’il n’était pas là. Mais la pancarte explicative à l’entrée de l’Arène stipulait que celui-ci se trouvait dans les Plaines Fleuries le matin. Aussi, si quelqu’un le cherchait, il saurait à peu près où le trouver, ou bien l’attendre. Shira rappela donc Haydaim et monta sur le dos de l’oiseau bleu et blanc avant de survoler les Plaines. L’air commençait déjà à être chaud, une bonne journée s’annonçait. Même en altitude le Champion pouvait sentir l’arôme des fleurs se diffuser dans l’air. Après un bon moment passé à quadriller une première zone, Shira passa à la suivante. Il aperçut alors un peu plus loin quelqu’un, entouré de plusieurs Pokémon et entrain de ramasser quelques fleurs.

Puisqu’il devait survoler aussi cette zone, il s’approcha un peu et la reconnue assez vite. C’était Anthère, l’une des deux Dresseuses de la veille. Shira reconnut également les quelques autres Pokémon de son équipe qu’elle avait choisi pour le match. Ravi de voir qu’elle prenait le temps au milieu des fleurs médicinales des Plaines, il voulut aller la saluer avant de continuer sa patrouille. Il demanda donc à Aya de descendre non loin de là et d’atterrir en douceur. Il descendit de son dos et la laissa s’étirer les ailes et picorer un peu le sol tandis qu’il s’approchait de la jeune femme.

_नमस्ते, vous allez bien ? Fit-il avec un sourire.

Pour Anthere, il était probable que l'image du Champion soit quelque peu différente à celle qu'elle avait vu de lui la veille. Shira ne portait pas sa capuche, ses longs cheveux noirs de jais pendaient derrière lui. Il n'était pas arrivé discrètement, et la fatigue d'une nuit courte se lisait sur les légères cernes qui bordaient ses yeux.

[Anthere Osarian]

Installée dans les plaines tranquilles, Anthere cessa de couper les herbes un instant. La chaleur commençait à se faire sentir malgré l’heure matinale et la pleine lune était toujours visible. En fait, son problème était le suivant, comment trouver dans cette prairie luxuriante, les herbes qui avaient été le plus gorgées de soleil et donc, les plus fortes en essence ? Anthere savait que les plants qui avaient le plus manqué d’eau étaient ceux qu’il fallait rechercher. Le problème était plutôt de les trouver… Elle tourna les yeux vers Akasie, mais n’eut pas envie de déranger sa Phyllali, alors qu’elle venait de leur octroyer une journée de jeu et de détente ! La nymphe se roulait dans l’herbe. Elle allait devoir trouver un autre moyen. S’il y avait eu de la rosée, elle aurait pu voir quelle plante l’aurait absorbée le plus vite… Mais elle était arrivée trop tard.

Les yeux dans le vague, elle observa un instant la prairie avant que l’évidence lui saute aux yeux. Elle pensait comme quelqu’un qui n’était pas en mesure d’y remédier, hors, ce n’était pas le cas ! mais elle était restée si longtemps en stase dans son cristal et elle s’était privée si longtemps d’utiliser ses pouvoirs… Elle alla chercher l’étrange Clef en forme d’Arceus. Elle fixa les yeux en pierre fine rose et bleue de la Clef qui la regardait. Son esprit se vida instantanément de toute pensées négatives, un choc électrique la parcourut de part en part et elle eut un sursaut,alors qu’à son insu, une marque étrange marqua ses iris. mais dans son esprit, des images rapides et successives se formèrent. Des vagues, le Lagon Corail, sa main dans l’eau qui laissait une traînée d’eau lumineuse, alorsque tout le reste semblait être en noir et blanc. La vision s’estompa aussi vite qu’elle était venue.

Une vision ! Elle venait d’avoir une vision ! Anthere était si obnubilée par son Empathie et la difficulté de contrôler ses pouvoirs à cause de ce don maudit, qu’elle avait totalement oublié qu’elle était également clairvoyante ! Elle n’eut aucun mal à savoir de quoi parlait cette vision; car elle s’était vue elle-même, fabriquant de l’eau grâce à ses pouvoirs qui venaient de s’activer le jour où elle avait découvert le lagon Corail. L’année où Tenkei était apparu dans le ciel. Anthere regretta ce temps-là, le temps où elle était heureuse d’avoir découvert ses pouvoirs. A la maison, elle avait l’interdiction de les utiliser, mais elle était libre maintenant. Pourtant, cette liberté avait un goût amer.Une truffe humide se posa sur ses mains. Akasie vint la réconforter en agitant ses feuilles et vint fourrer son museau dans son cou, et tirer sur la chaînette qui gardait la Clef. Anthere caressa la fourrure de la phyllali. Elle avait raison. Elle ne devrait pas regretter ses pouvoirs. Si elle parvenait à les maîtriser un jour, comme Akasie qui avait finalement trouvé l’évolution qui lui correspondait.

Anthere se leva, la main légèrement tremblante et  détacha la Clef. Dans sa main la Clef Lunaire Éthérée prit sa taille de bourdon. Dès qu’elle changea, la main de la jeune femme cessa de trembler. Le bâton en argent scintillait au soleil, le cercle à sa tête et son oeil lui donnait un air bizarre, mais la pierre à son autre extrémité, était toujours entièrement bleue. Elle le serait tant que la Lune serait pleine, et petit à petit, en suivant les phases de la Lune, elle noircirait. Akasie poussa sa main du museau. Choisissant parmi ses cartes magiques, Anthere trouva celle qui pourrait l’aider, une carte représentant un pissenlit couvert de gouttelettes. La carte de la Brume lui permettrait de recréer de la rosée.

Dans un geste élégant et assuré, Anthere fit tournoyer son bourdon et concentra son pouvoir. Devant elle, une longue bande de rosée se mit à luire sur les plantes, suivant comme un ruban de gymnaste le mouvement du bâton. En un instant, la prairie brillait de mille gouttes d’arc-en-ciel. Le regard pétillant devant ce spectacle, Anthere vit la phyllali sauter de joie dans les fleurs et elle suivit son mouvement en riant. Les plantes les plus sèches allaient boire toute la rosée en un rien de temps !

Avant qu’elle n’ait eu le temps de poser son bâton, il eut une drôle de réaction : sans signes avant-coureur, le cercle se remplit de bleu, comme un quartier de Lune. Anthere le toucha, ce n’était pas froid, ni chaud, ce n’était pas du verre, ni de la glace… On aurait dit de l’eau durcie. Elle ne voyait pas d’autres explications. Le quartier de Lune se dessinait par le haut, formant une belle courbe et toucha l’oeil reptilien à la base du cercle et à l’extrémité de la hampe. Il ne s’y arrêta pas cependant et la courbe continua en sens inverse et à l’opposé du morceau de lune. Anthere ne comprit pas ce qu’elle avait sous les yeux, on aurait dit, une griffe ou une corne.

La Mizuhanaise resta sans voix. Ça pouvait donc changer de forme ? Elle mit quelques instants à revenir de sa surprise, juste-à-temps pour entendre quelqu’un lui adresser la parole. Un homme venait d’apparaître, ou plutôt, d'atterrir avec son Pokémon, à quelques pas derrière elle.
Elle ne le reconnut pas tout de suite, la veille en pleine nuit, elle n’avait pas vraiment vu son visage, d’autant plus qu’il portait une capuche. Le Champion avait l’air fatigué, mais content, elle en déduisit donc qu’il ne lui en voulait pas d’avoir envoyé au tapis ses Pokémon les uns après les autres, contrairement au Champion de Kabana qui avait été très vexé, au point de lui jeter le Badge en toute mauvaise foi.

«  Namaste. Heu, bien… Comment vont vos Pokémon ? »

Ceux d’Anthere, malgré le combat difficile allaient très bien, ils jouaient dans l’herbe à l’exception d’Ourasi qui paissait voracement et dont les oreilles, jusque-là détendues, se plaquèrent sur son crâne en disparaissant dans ses flammes, dès qu’il vit le Champion. Ses naseaux se pincèrent, lui faisant faire la grimace, signe très clair et lourd de menaces si jamais il osait s’approcher. Deux autres oreilles s’agitèrent dans les hautes herbes : Le Nidorino releva la tête, exhibant ses cornes et ses piques dès qu’il vit le Pokémon étranger. Anthere anticipa.

« Ils ne sont pas très sociaux. Mon Galopa n’aime pas les humains et mon Nidorino ne supporte pas de ne pas défier un Pokémon inconnu. »

Seul l’Azumarill, très sociable et la Phyllali allèrent faire connaissance avec la nouvelle venue. Khan, comme à son habitude, restait perché sur son épaule, figé comme une statue. Mesmer, elle se rapprocha du Champion avec curiosité.

[Shira Shôsai]

Le Champion laissa Aya faire connaissance avec l’Azumarill et la Phyllali. Dans un langage qu’eux seuls pouvaient comprendre, ils commencèrent à converser et à se regarder amicalement. L’Helledelle se coucha au sol et ils passèrent alors un peu de temps ensemble. Pendant ce temps, Shira répondit à sa challengeuse de la veille au sujet de ses deux Pokémon peu sociables.

_Pas d’inquiétude, je comprends.

Il porta ensuite son regard vers la Gardevoir qui s’était rapprochée de lui.

_Bonjour Mesmer. Bravo pour ta performance d’hier.

Puis il reporta de nouveau son attention sur la jeune femme et croisa les bras pour s’empêcher de les garder ballants.

_ Mes Pokémon sont tous chez le Guérisseur, dit-il avec un petit rire. Vous me les avez bien amochés. Mais rassurez-vous, cela fait aussi partie de notre travail après tout. Même si la majorité de ceux qui viennent nous défier sont d’un niveau moindre, il faut bien que des Dresseurs plus expérimentés viennent nous mettre une rouste pour notre Badge. C’est moins fréquent, mais ça arrive.

Il la regarda deux secondes et s’aperçu qu’elle était tendue.

_Je ne suis pas venu pour me venger ou quoi que ce soit, j’effectue juste ma patrouille du matin dans les Plaines Fleuries. Vous n’avez pas à être stressée.

En réalité Shira ne savait pas que quelque chose d’étrange s’était produit sous les yeux d’Anthere juste avant qu’il arrive. Du coup il ne comprit pas vraiment pourquoi le regard de celle-ci trahissait une certaine surprise, mais il n’en chercha pas plus loin la cause.

_D’ailleurs, si vous avez remarqué quelque chose d’anormal concernant la nature alentour, n’hésitez pas à me prévenir. C’est aussi mon rôle ici.

Son regard tomba alors vers le sol. Il remarqua soudain que celui-ci était particulièrement brillant. Curieux, il se pencha pour regarder plus attentivement et vit alors sur les herbes, feuilles et pétales des innombrables fleurs qui constituaient la flore locale, une multitude de gouttelettes perler çà et là au beau milieu de la plaine.

«  De la rosée ? Ah tiens. »

Il se redressa en se demandant bien comment la rosée pouvait-elle encore tenir à cette heure-ci, en cette période chaude de l’année. Shira se rappela alors qu’Anthere était Mizuhannienne. Peut-être était-ce elle qui avait répandu de l’humidité grâce à son pouvoir élémental. Ou peut-être pas…Bah, ça n’avait pas d’importance, au contraire : un peu d’eau pour la plupart des fleurs ne leur ferait pas de mal.

_Dites-moi, reprit-il alors, pour quelle raison votre Galopa ne supporte pas les humains ? Simple curiosité.

C’était effectivement par curiosité uniquement que Shira posait la question. Il n’avait pas l’intention de donner un conseil quelconque à la jeune femme en fonction de sa réponse. Il avait déjà donné la veille. Et de plus, même s’il l’avait voulu, il était trop fatigué et ne se sentait pas la force de débattre sur quoi que ce soit ce matin. Seul un problème urgent aurait pu le réveiller sur place. Mais là, dans une atmosphère aussi bucolique et après une nuit si courte, son esprit n’allait pas jouer à percer dix mille mystères.



[Désolé si le post est pas très inspiré, mais à l’instar de Shira je suis moi-même assez claqué et n’ait pas encore totalement récupéré de mon mois de Juillet ^^"]

[Anthere Osarian]

[Anniversaire d'Érasia, le post compte double !]

Anthere eut à peine le temps de revenir de sa surprise liée à son bâton qu’une conversation se déclencha entre Anthere et le Champion de Geffen. D’un regard, elle garda Ourasi et Khan à distance, l’un ne devant pas manger le Champion et l’autre, ses Pokémon ! Une autre longue paire d'oreilles s’agita dans les hautes herbes, celle de l’aqualapin qui apprécia pour sa part, beaucoup l’échange avec l’Helledelle ! Aux côtés de la jeune femme, Mesmer se contenta d’opiner de la tête, sans prononcer une parole mentale. Mais dès les paroles du Champion, Anthere se sentit mal-à-l’aise. Le duel avait été un peu plus brutal que prévu, beaucoup plus que ce qu’elle faisait d’habitude et cela ne lui plaisait pas trop. En fait, elle s’en voulu. La violence ne faisait pas partie de ses habitudes, sportivement ou non.

« J’en suis désolée. La violence n’a jamais fait partie de mes habitudes. Je n’ai pas pensé que ce duel a été aussi violent. »

Peu fière d’elle sur ce point, elle se promit que cela n’arriverait plus. Il y avait d’autres moyens de gagner un badge d’arène que de les estropier… Mais bizarrement, le Champion ne sembla pas lui en tenir  rigueur… Il le confirma de lui-même, avec quelques paroles rassurantes.

« Non, bien sûr... »

Il y eut un instant de flottement étrange où elle ne trouve rien à dire. Elle se rendit compte, subitement, qu’elle tenait sa Clef Lunaire Éthérée à la main, fraîchement transformée et que Shira n’avait rien remarqué; ou alors, n’en faisait pas cas. Il remarqua cependant la présence de la rosée. Signe qu’il ne mentait pas en disant patrouiller dans la plaine le matin, et pas seulement une ou deux fois… Il fallait du temps pour connaître parfaitement un biome et ses réactions naturelles.

« Je n’y manquerai pas. » Dit-elle un peu précipitamment.
« Je pense qu'il n’a pas été bien traité, quand il était poulain. J’ai mis du temps à l’apprivoiser. »

Il avait mis du temps à lui faire confiance et les épreuves qu’ils avaient traversées avaient solidifié leurs liens, mais cette simple question lui rappela qu’elle n’avait jamais su le passé de son cheval. Elle aurait pu bien sûr demander à Khan ou Mesmer de jouer les interprètes,mais elle ne l’avait jamais tenté. Elle aurait pu aussi essayé de déclencher une vision. mais elle préférait attendre le jour où il lui dirait, à sa manière, ce qu’il avait pu vivre. Cela n’arriverait sans doute jamais, et cela lui était égal: Ourasi était devenu son ami et c’est avec elle que son cheval voulait être. Cela lui suffisait.

Finalement, après des années à prendre soin de son étalon, celui-ci lui faisait entièrement confiance et en avait le contrôle, et pour le reste des humains, il ne les attaquait plus à vue. n’était-ce pas le principal ?

Voyant que le grand étalon ne quittait pas Shira du coin de l'œil, Anthere se dirigea vers lui et posa une main sur son encolure en lui murmurant des paroles apaisantes. Il n’avait rien à craindre du Champion… Brusquement, Ourasi fit un écart et s’échappa au galop sur quelques foulées, puis fit face à Anthere, redressé et les muscles tendus, soufflant bruyamment à travers ses naseaux. Anthere n’eut aucune réaction à son vis-à-vis : elle venait de prendre une décharge électrique qui lui traversa le corps, sans signe avant-coureur. Cette sensation, elle la connaissait, même si elle ne l’avait que peu expérimentée ! Aussitôt, dans son esprit, quelques images furtives et saccadées défilèrent. Ourasi se cabrait, furieux. Des gens enroulés dans des capes essayaient de se rapprocher de lui. l’un d’eux tomba.

La vision et le signe fugace qui s’inscrivit dans sa pupille au même moment disparurent aussi vite qu’ils s’étaient imposés. la décharge lui avait coupé le souffle, comme la dernière fois. Sauf que, contrairement aux autres fois où elle avait eu des visions, celle-ci la concernait directement et était bien plus alarmante ! Immobile, retrouvant un souffle normal, la réalité revint, mais son esprit était toujours saisi par ce qui venait de se produire.

[Shira Shôsai]

Shira écouta l’explication très brève de la jeune femme au sujet de son Galopa et fit la moue. Ce genre de problème était malheureusement fréquent : des Pokémon traumatisés par le passé qui en avaient encore des cicatrices et dont le comportement leur mettait les nerfs à vif très facilement. Cependant, si Ourasi avait trouvé une Dresseuse aussi calme qu’Anthere, il ne pourrait aller que mieux avec le temps. Mais à en juger par le regard furieux et méfiant qu’il adressait au Champion, il y avait encore du travail à faire. C’était un travail long de toute façon.

Anthere se leva et alla voir son Pokémon pour le rassurer. Shira se demanda ce qu’il se serait passé s’il avait combattu hier soir. Peut-être n’aurait-il pas supporté toute l’action autour de lui, peut-être aurait-il attaqué à tout bout de champ et avec violence les Pokémon du Champion comme ses alliés. Shira l’ignorait, mais il se dit tout de même que c’était une sage décision de ne pas l’avoir envoyé combattre. Tout à coup, alors que la jeune femme s’était mise à lui chuchoter quelques mots, le Galopa s’éloigna un peu avant de se retourner vers elle, campé sur ses sabots. Quelque chose se passa, Anthere resta figée, et pour le coup Shira aussi. Ils se regardaient tous les deux étrangement, comme si l’un allait soudainement bondir sur l’autre. Le Champion ne comprit pas tout de suite et resta là à les regarder avant de se souvenir d’un détail.

« Oh c’est vrai. Elle a des capacités psychiques. Auraient-ils une discussion ? »

Shira imagina alors qu’Ourasi lançait psychiquement des messages (imagés ou en parole) de colère à Anthere du genre "Je ne veux pas qu’il s’approche plus, chasse-le !" ou encore "Si tu le laisses rester ici je l’immole !". Mais il n’accorda pas beaucoup d’importance à ces hypothèses, car il ne pouvait en avoir aucune certitude. En effet qui pouvait savoir ce qui se passait dans la tête d’un ou d’une adepte du psychisme ? Devant lui, Shira ne voyait qu’une Dresseuse et son Pokémon qui se fixaient avec des regards étranges, mais rien de plus. Hier il avait employé les Ténèbres pour jouer sur le mental des adversaires afin notamment de les désorienter et rendre leur psychisme moins opérant. Par ses actions il analysait les réactions, et donc en déduisait les pensées. Mais là il n’agissait pas et ne pouvait rien déduire. Une chose cependant lui paraissait assez certaine : Ourasi était tendu, difficile à dire si c’était par la colère ou la peur, mais il était tendu. Ne sachant pas si sa Dresseuse aurait des difficultés à le calmer ou non, Shira songea qu’il pouvait peut-être lui donner un coup de pouce. Il eut une idée et passa une main à sa sacoche de Pokéballs.

« Hm…Je tente ou pas ? Pensa-t-il pendant quelques secondes avant de se décider. Je tente. »

Il sortit une sphère rouge et blanche classique et l’ouvrit. Dans la lumière blanche qui en sortit apparu Fina, la Feunard. Il la caressa tranquillement avant de lui chuchoter à l’oreille.

_Approche-toi doucement. Vois si tu peux le rassurer, sauf si sa Dresseuse s’y oppose.

Et la belle renarde se dirigea doucement vers Anthere et Ourasi avant de s’assoir à une certaine distance tout de même. Il était inutile de mettre la pression en s’approchant trop près d’un Galopa méfiant. Le Champion pensait que peut-être la présence d’un autre Pokémon de type feu, comme Fina, calmerait un peu Ourasi et aiderait Anthere dans ce sens. De plus, Fina était une fantastique renarde calme et délicate qui se mettait rarement en colère. Quand elle n’était pas "méditative" comme la plupart des autres Pokémon de Shira, elle était d’une tranquillité et d’une affection parfois assez maternelle. C’était d’ailleurs la mère de Shira qui le lui avait offert lorsqu’il avait terminé de s’installer dans son Arène. Bien qu’elle savait être sérieuse quand il le fallait, Fina n’était pas l’un des Pokémon le plus puissant du Champion. Il ne la faisait presque jamais combattre, et ce n’était d’ailleurs pas son but premier. D’ordinaire elle l’accompagnait dans l’Arène pour gérer l’unique lanterne qui était accrochée au plafond : lorsque le match passait en mode Ténèbres, c’était elle qui était chargée de l’éteindre à distance et de la rallumer quand il prenait fin. Le reste du temps elle veillait sur la pension et ses occupants, et maintenait une ambiance calme et sereine.

Elle saurait donc être à l’écoute du Galopa et pourrait aider Anthere si celui-ci deviendrait incontrôlable. Néanmoins, Shira ignorait toujours ce qui se passait réellement dans leurs têtes, et la Dresseuse n’aurait peut-être pas besoin d’aide. C’est pourquoi la Feunard resta dans l’immédiat à distance et attendit patiemment la suite.

[Anthere Osarian]

« Mon pauvre Ourasi, tu l’a senti toi aussi ! »

Anthere en était désolée. Le cheval tremblait des pieds à la tête et renâclait si fort qu’il allait s’en détacher les naseaux ! Tendu, Ourasi se laissa néanmoins approcher. Anthere avait sorti un petit tube dont elle avait versé quelques gouttes de son contenu sur ses mains. Dès qu’il sentit l’odeur de la valériane officinale, Ourasi tendit le nez et se laissa caresser. En lui massant les naseaux avec l’huile essentielle, Anthere sentit le calme les regagner tous les deux, l’encolure raide de l’entier se détendit, ainsi qu’elle-même, après le choc de sa vision. La jeune femme n’était pas très sûre de ce qu’elle avait vu. Ce pouvoir très particulier s’était déjà manifesté à d’autres occasions, mais il lui était impossible de dater sa vision, qui semblait surgir du passé, comme de débarquer du futur !

Dans le cas présent, Anthere était incapable de dater l’événement, il faisait si sombre dans sa vision et les images avaient défilé si vite qu’elle ne pouvait dire si cela était arrivé avant qu’il ne devienne son cheval, pendant sa disparition ou bien… Anthere préférait ne pas y penser… Il était évident qu’Ourasi avait été dressé, ou que quelqu’un avait essayé en tout cas (mal, mais c’était une autre histoire). Il était possible qu’un jour, son ancien propriétaire cherche à le reprendre. D’un autre côté, comment pourrait-il le différencier parmis tous les autres Galopa du monde entier ? Il avait évolué depuis. La jeune femme se rassura en se disant qu’il y avait peu de chance pour qu’une telle chose arrive. Elle se trouvait à Flamen et elle ne pouvait pas jurer que sa vision se passait ici. Tout ça, c’était du passé, Ourasi était son cheval… C’est avec elle qu’il vivait depuis qu’elle avait quitté Yiling et personne d’autre qu’elle ne pouvait le monter, ni même l’approcher sans risquer l’accident.

Pour la sortir de sa rêverie, Ourasi lui donna un petit coup avec son nez en poussant un petit grognement. Sa surprise était passée et même si ses oreilles restaient orientées en arrière, il était redevenu lui-même. Plongeant ses yeux vert de gris dans ceux, incandescents, de son cheval, Anthere lui glissa une main à la base de l’oreille et massa en petits cercles légers. L’effet fut immédiat, Ourais baissa la tête, redressa les oreilles et laissa échapper un soupir et des petits grognements d’aise. Il adorait ces petites attentions. Anthere posa son front sur le chanfrein de son cheval et oublia totalement le reste. Ce n’est que lorsqu’elle sentit une tension infime, qu’Anthere rouvrit les yeux. Elle prit alors conscience qu’un Feunard la regardait, à quelques pas. D’un coup d’oeil, elle se rendit compte que Shira était toujours là et par la même occasion qu’il ne devait sans doute rien comprendre à ce qui=’il venait de se passer !

Son don d’Empathie lui permit de le sentir incertain. Comme elle lui tournait le dos, il n’avait probablement pas vu sa drôle de réaction, mais seulement celle de son cheval. Avec un petit effort psychique, elle pourrait effectivement savoir à quoi il pensait exactement, mais ce n’était pas sa façon de se comporter. Anthere ne se montrait jamais intrusive. Elle préférait de loin que l’on se confie à elle, plutôt que d’aller chercher par elle-même les informations, car elles avaient alors, bien plus de valeur… Anthere se retourna.

« Tout va bien, il a seulement été surpris. » Affirma t-elle en souriant.

Cherchant à avoir l’attention de sa maîtresse, Ourasi posa son nez dans son dos et souffla, commençant à jouer avec ses longs cheveux. Comme elle ne réagissait pas, il commença à flairer la poche où elle avait rangé son flacon.

« Vous avez eu peur qu’il vous attaque ? » demanda t-elle naïvement, en avisant le Feunard.

Vu de l’extérieur, il pouvait avoir l’air méchant et elle le savait. Tout comme il pouvait être dangereux si on insistait un peu trop.

[Shira Shôsai]

Shira fut soulagé en voyant Anthere adoucir le Pokémon à l’aide de petits soins bien à elle. Le Galopa se calma assez vite, et il retrouva un air attendrissant. Le Champion ne savait toujours pas ce qui s’était passé, mais cela importait peu car il avait constaté que sa Dresseuse avait fait le nécessaire sans que cela soit dur ou violent pour lui. C’était tout ce qui importait. Celle-ci se tourna tout de même vers lui et le rassura en lui disant que le cheval de feu avait seulement été surpris. Puis, alors qu’il posa sa tête sur son épaule avant de renifler ses poches, elle demanda si Shira avait craint une attaque.

_Pas forcément non, répondit-il avec un sourire et en s’avançant jusqu’aux côté de la Feunard. Mais il avait l’air tellement nerveux et tendu que j’ai pensé qu’une aide supplémentaire pour l’apaiser aurait pu vous être utile.

Il caressa le dos de la grande renarde à neuf queues.

_Fina ici présente n’est pas une combattante, c’est une tendre nounou et un exemple typique de la méditation chez mes Pokémon. Je pensais que son calme et sa tendresse auraient pu servir. Mais finalement ce n’était pas nécessaire, vous savez mieux que quiconque vous occuper de votre Galopa et je vous en félicite.

Shira fit alors signe à la belle renarde de rester un peu ici si jamais d'autres Pokémon d'Anthere souhaitaient faire connaissance avec elle. Puis il reprit sa conversation tandis que Fina s'éloigna un petit peu et se coucha au sol, observant le paysage et tous les autres Pokémon présents.

_De ce que je vois, vous avez avec vous quelques baumes utiles. Vous vous y connaissez en herboristerie ? Si vous cherchez des plantes utiles pour beaucoup de choses, vous êtes dans la bonne région. Les Plaines Fleuries abritent quelques plantes rares qui ne poussent pas ailleurs dans tout Erasia.

Il désigna alors le paysage alentour en montrant de-ci de-là des fleurs éparpillées au milieu des autres.

_Si cela vous intéresse, vous trouverez dans ces environs proches des Passiflores, reconnaissables par leurs pétales particulières, à la fois vertes, violettes et blanches. On s’en sert contre les troubles du sommeil et pour calmer l’anxiété. Il y a aussi de l’Euphraise un peu partout. Celle-là aide en revanche à soigner les problèmes oculaires, les sinusites et le rhume des foins au niveau des yeux. On peut en faire des compresses, de la tisane ou des lotions, ça agit comme un tonique antiseptique.

Puis il montra du doigt une direction.

_Un peu plus au sud en direction du Désert, le sol est plus sec, vous pourrez tomber sur de la Lavande, très connue, et de l’Ashwagandha. Une plante au feuilles légères avec une sorte de petit fruit orange dedans. Celle-ci est utile pour l’anxiété et l’insomnie. Elle agit comme un tonique et un anti-inflammatoire. Vous pouvez utiliser les racines pour en faire de la tisane, mais par contre faites attention aux effets secondaires : à trop forte dose cela peut causer des troubles intestinaux et de sommeils. Vous devez la modérer.

Enfin, il se frotta légèrement ses yeux fatigués avant de poser une question à la jeune femme.

_Dites-moi, parmi les plantes d’ici, lesquelles connaissez-vous déjà ?



[J'ai essayé de trouver des plantes qui pouvaient pousser dans la région des Plaines Fleuries de la manière la plus réaliste possible, mais évidemment ce n'est pas exhaustif. Voici le site internet où je me suis renseigné :
https://www.creapharma.ch/pl-plantes.htm#horizontalTab2]

[Anthere Osarian]

Évidemment que non. Anthere se sentit un peu bête d’avoir posé la question. En fait, en bon Champion, du moins c’est ce qu’elle pensait, elle n’avait connu qu’un seul d’entre eux qui se soit montré prompt à aider, en dehors de Shira, maintenant, c’est à Tyla qu’elle pensait; l’ex-Championne d’Arkan à qui elle avait ravi le Badge et qui s’était installée comme éleveuse depuis plusieurs années à présent. Anthere laissa glisser sa main sur les naseaux de son cheval, qui finalement alla brouter ailleurs. Attirée par l’odeur de la valériane, la Phyllali sortit d’une touffe d’herbe grasse et vint lui lécher les mains. Anthere la prit dans ses bras, sentant l’air infiniment pur de la renarde verdoyante l’englober. Intéressé par la renarde, l’Azumarill vint faire connaissance et se lier d’amitié.

« Je comprends.  Mais Ourasi n’est pas mon Pokémon le plus difficile. »

Ses yeux vert-de-gris, se voilèrent de tristesse. La terreur de son équipe n’était pas là.

« C’est mon Altaria, mais il a décidé de s’entraîner seul de son côté... »

Avec un sourire d’excuse, Anthere espérait se dédouaner de toute explication. Ceci dit, cela n’avait pas empêché le dragon de venir à son secours. Avec un frisson d’émotion, elle se rappela ce jour, où un inconnu s’était joint à sa cause en trouvant le moyen de briser sa cristallisation… Persik était venu ce jour-là. Ce souvenir rappela à Anthere qu’elle devait faire le maximum pour mériter d’être le Dresseur de Persik, le convaincre lui, qu’elle était à la hauteur. Mais pour l’instant, même avec deux Badges supplémentaires en poche, le dragon de coton n’avait pas reparu. Elle devait faire encore plus d’efforts.

« Oui… Ma mère avait une serre avant la Catastrophe. Nous avions beaucoup de variétés de plantes, de simples notamment. La lavande est ma préférée, avec le tea tree et le miel de lavande aussi. Elles sont utiles pour beaucoup de choses, pas seulement les blessures physiques… »

En effet, les deux plantes permettaient de soigner autant les blessures diverses que l’anxiété. Le miel quant à lui était très utile pour les  égratignures, les piqûres et même les profondes blessures, là où d’autres remèdes s’étaient révélés inefficaces.

« Oui, c’est pour ça que je suis venue en cueillir, enfin, celles que je connais. »

Écoutant attentivement les explications du Champion, Anthere pensa, d’après ses descriptions, qu’elles pourraient se montrer utile ; elle n’avait presque plus de lavande et les “problèmes oculaires" étaient assez fréquents dans les matches Pokémon, beaucoup d’entre-eux pouvaient émettre des poudres ou projeter des piquants. Et comme le soulignait Shira, dans cette région, les insectes étaient très nombreux.

« Il devrait y avoir de l’Aloe vera. » commenta t-elle, lorsque Shira évoqua le désert. « Les plantes grasses aiment ce genre de climat.
Je connais principalement celles que j’utilise. De celle que vous avez citées, la Lavande bien sûr, je connaissais la Passiflore, mais je ne l’ai jamais utilisée, ni l’Euphraise. Mais je ne connaissais pas l’Ashawaga...»

Anthere rentra la tête dans les épaules avec un sourire d’excuse, ce nom était bien trop compliqué !

« Il y en a beaucoup que j’utilise. Par exemple, mes Pokémon ont une ration d’herbes séchées pour leur état général, je la fabrique avec du Calendula, de l’Ortie, du Gaillet gratteron, du Chardon-Marie, de la Reine-des-prés, du Cynorrhodon, de la Menthe, de la Camomille, du Pissenlit, de la Bardane et de l’Algue. Ces plantes sont plutôt faciles à trouver. J’aime aussi ajouter du vinaigre de cidre dans leur eau, quand j’en ai l’occasion. A certaine période, j’en utilise aussi pour les détoxifier un peu, sinon j’utilise de l’ail en été pour repousser les insectes, et ils ont une ration de Lin et de Fenugrec en hiver, ça aide à les maintenir en état. »

Car après tout, l’hiver à Mizuhan était rigoureux… Mais cette année, elle avait de bonnes raisons de penser qu’ils pourraient s’en passer ! Sur le sujet, Anthere était intarissable, mais elle se tut en se rendant compte qu’elle tenait la jambe du Champion, qui avait probablement autre chose à faire !

« C’est moi qui vous ennuie ? » dit-elle en surprenant le geste du Champion. « Quand je commence à parler de remèdes, je ne peux plus m’arrêter ! »

Elle eut un rire gêné.

[Shira Shôsai]

« Un Altaria ? Pensa Shira soucieux. Hm…Bon courage. Les Dragons n’ont jamais été des créatures faciles. »

La jeune femme lui parla de la serre de sa mère et de quelques autres plantes qu’elle connaissait. Shira lui sourit, il était content de rencontrer quelqu’un d’autre qui soit aussi intéressé par la botanique. Non pas que Shira l’était lui-même, mais les plantes étaient un élément précieux pour tous ceux qui résidaient dans les Plaines Fleuries. Qu’ils soient Geffeniens ou habitant les alentours. A ce titre, lui aussi avait été touché tout comme les gens du coin lorsque la Catastrophe avait eu lieu justement. De même que la mère d’Anthere avait certainement dû perdre toutes ses plantes, les plaines avaient également perdu beaucoup de leur fleurs.

_Je comprends, dit-il désolé. Ici aussi nous avons souffert. Certaines plantes auraient pu disparaitre si quelques botanistes de la ville ne s’étaient pas évertué à en conserver quelques spécimens.

Anthere lui parla des différentes plantes qu’il avait cité, et il eut un petit rire quand elle n’arriva pas à prononcer le nom de la dernière plante.

_Ash-wa-gan-dha, ou अश्वगंधा [prononcer "ashvagandha" avec l’accent Hindi]. Il est normal que vous ayez du mal à le dire, c’est une plante qui ne pousse qu’à Flamen. Son nom est tiré d’un ancien dialecte flamennois qui mélange les termes अश्व [Ashv] qui signifie "cheval" et गंध: [gandh] qui signifie plus ou moins "odeur". Donc "odeur de cheval", en référence à l’odeur de ses racines qui ferait penser à un Galopa ou un Bourrinos transpirant un peu. D’autres peuples l’ont appelé "feuille de guérison", d’autres encore "plante somnifère" en référence à ses vertus anti-insomnie. Elle vous serait très utile, mais là encore attention à la dose. Et n’en cueillez pas trop non plus, elles n’ont pas finis de recoloniser leur habitat d’avant la Catastrophe.

La jeune femme lui présenta ensuite les différentes plantes qu’elle avait l’habitude d’utiliser. Shira hocha la tête d’un air entendu. Il reconnaissait la plupart des plantes en question. Sa challenger de la veille savait très bien ce qu’il fallait utiliser et comment. Mieux encore, elle savait quoi donner à ses Pokémon en fonction de la saison. Cela dit, quoi de plus normal pour une Mizuhanienne originaire d’une région glacée où l’hiver était presque permanent. Elle s’interrompit soudain et demanda timidement si le Champion l’ennuyait.

_Hm ? Oh non ! Pas du tout. Je me frotte les yeux surtout parce que je suis fatigué. Je vous l’ai dit j’ai très peu dormi cette nuit. Il fallait que je m’occupe des Pokémon que vous avez mis hors combat. Je compte retourner chez le Guérisseur cet après-midi, mais la matinée n’est pas terminée, j’ai encore un peu de temps avant de repartir en patrouille.

Il s’étira le cou pour paraître moins voûté et continua.

_Certaines des plantes que vous avez nommées sont trouvables ici aussi, notamment dans un petit bois à deux kilomètres à l’Est de là où nous sommes.

Il désigna alors du doigt la direction.

_D’autres plantes poussent là-bas, comme la Moringa ou le Lis Blanc. La première aide à purifier une eau souillée. Mais je suppose que peu de Mizuhanien s’en servent vu votre affinité avec l’élément eau. La deuxième en revanche sert de cicatrisant. N’hésitez pas à y faire un tour. Sinon évidemment, il y a aussi les plus communes comme le plantain et ses vertus aussi cicatrisantes ou le lierre pour fabriquer un savon qui nettoie les vêtements. Pratique quand on se déplace sur plusieurs jours. Mais vous devez les connaître je suppose.

Il mit une main sur une hanche pour se détendre un peu.

_Enfin si cela vous intéresse, je vous conseille également de vous pencher sur le Safran, la Sauge et le Patchouli. Ce sont toutes les trois des plantes médicinales très utiles. Les religieux utilisent surtout la dernière pour leurs encens, mais peu de gens savent qu’elle est aussi un excellent anti-inflammatoire. Ces plantes-là poussent dans des endroits très secs et chaud. Vous les trouverez vers le désert au Sud, mais vous pouvez tout aussi bien en acheter à Geffen. Elles sont assez communes d’utilisation ici.





[On peut faire un dernier tour si tu veux.]

[Anthere Osarian]

En ce qui concernait les dragons, Anthere ne pouvait pas contredire le Champion. Persik avait commencé à se montrer difficile, dès le moment où il avait évolué et en particulier en présence de Khan. En fait, le dragon n’avait jamais accepté que le petit oiseau vert soit plus puissant que lui, sans avoir évolué. Persik n’avait jamais aimé être un petit oiseau. La jeune femme préféra ne pas s’étendre sur les malheurs qui avaient frappé le monde (pas seulement elle) et passer à autre chose. Elle émit un rire gêné quand Shira la reprit. Anthere n’avait jamais été bonne élève… Elle parlait la langue commune Erasienne et le Mizuhanien, mais ne comprenait pas un mot des autres langues. Heureusement, dans les autres cas, Khan lui faisait la traduction.

« C’est dommage, ce n’est pas notre direction...»

En effet, Anthere se dirigeait vers Omatsu et n’avait pas l’intention de faire du tourisme.

« Mais je garde l’info en tête, j’en trouverai certainement dans des herboristeries !
Je me dirige vers Omatsu...J’ai encore des Badges à conquérir, avant d’atteindre le Conseil 4… »

Et aussi d’autres épreuves, probablement… Elle préférait ne pas y penser et se concentrer sur son objectif, sans quoi, elle ne serait jamais efficace. Elle avait aussi en tête que, si le Champion lui avait demandé la veille au soir pourquoi elle souhaitait le défier, elle ne lui avait pas répondu, éludant simplement la question. Évidemment, maintenant qu’elle savait qu’elle n’avait rien à craindre, elle pouvait se permettre de répondre. Anthere savait que rares étaient les Dresseurs à oser aller affronter le Conseil 4, bien que de nombreux Dresseurs espéraient affronter tous les Champions. Mais sur la route des Badges, bon nombre d’entre-eux abandonnait en cours de route.

Malgré le combat d’Arène de la veille, Anthere se sentait fraîche comme une rose. Mais il lui restait encore beaucoup de travail. Il commençait à se faire tard. Or, elle devait encore extraire les huiles essentielles de toutes les plantes qu’elle avait cueillies. Le processus, qui se faisait normalement avec le bel alambic ouvragé qu’elle possédait encore, était très long. Heureusement, avec sa maîtrise, elle commençait à pouvoir l'accélérer. Anthere avait cependant conscience qu’elle ne pouvait être pleinement efficace sans avoir la maîtrise des plantes… Anthere y pensait. Outre ses pouvoirs psychiques qui lui posaient problème, elle savait qu’elle devrait, tôt ou tard, les maîtriser eux aussi. Elle ne savait pas quel genre de pouvoirs l’habitait en secret, ni même si elle pouvait en influencer un plutôt qu’un autre, mais c’était celui qu’elle aimerait avoir.

« Dans ce cas, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. » Dit-elle au Champion de Geffen.

Elle aussi devait ne pas traîner, car elle devait rendre sa chambre et partir tôt, si elle voulait atteindre au plus vite l’auberge qui était sur la route. Elle avait aussi des courses à faire.

Saluant le Champion à la Mizuhannienne, elle plia les genoux pour ramasser son bourdon à la forme nouvelle et son panier. La voyant ramasser ses affaires, bâton dans une main et panier au bras opposé, ses Pokémon rappliquèrent en quelques secondes.

« Je vous remercie pour cette discussion, j’espère que nous nous reverrons. »

Sur ces paroles, Anthere salua encore le Flaminois et prit la direction de l’auberge de la ville.

Merci pour le Rp et à bientôt ! n.n

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